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Lors de la saison 2014-2015, un incident raciste avait entaché le match Paris-Chelsea. L’occasion de rappeler une partie sulfureuse de l’histoire des Blues et celle du premier joueur noir à avoir évolué sous leurs couleurs : Paul Canoville.

« We’re racist, we’re racist, and that’s the way we like it ». Une scène filmée dans le métro parisien l’année dernière, quelques heures avant un match de Ligue des champions contre Chelsea. Des fans anglais qui repoussent un passager noir et l’empêchent de rentrer. La séquence fait le tour du web, provoque la condamnation de quatre supporters anglais et procure des trémolos dans la voix de Paul Canoville. Paul Canowho ? Paul Canoville. Le premier joueur noir de l’histoire de Chelsea.

« J’aurais adoré être dans cette position, déclarait-il au moment des événements, il y a un an au Telegraph. J’aurais adoré confronter ces idiots, leur dire qui j’étais, et voir s’ils pourraient me faire cela. Ça aurait pu être une histoire différente dans ce cas-là ». Mais ce natif de Southall – un quartier de la banlieue ouest de Londres, surnommé Little India pour ses communautés indiennes et pakistanaises, arrivées dans les années 50-60 – a déjà été confronté à ces énergumènes. Et à l’époque, ils étaient plus que quatre.

Arrivé du club d’Hillingdon Borough en décembre 1981, Paul Canoville fait ses débuts sur la feuille de match des Blues quatre mois plus tard, lors d’un déplacement à Crystal Palace. Chelsea est loin de ses succès (à l’époque, le club possède un titre de champion, acquis il y a plus de vingt ans, une FA Cup, une coupe de la Ligue et une Coupe des coupes) et végète en deuxième division. Lors de son échauffement, des cris individuels démarrent par-dessus la clameur du stade: « Rassieds-toi, salopard de black ». L’ailier ose à peine se retourner et aperçoit les auteurs, bardés de maillots et d’écharpes bleutés. « Des fans de Chelsea, des fans de mon équipe, le visage tordu par la haine et la colère, les deux dirigées vers moi. Je me suis senti physiquement malade. J’étais absolument terrifié », témoigne le joueur dans son autobiographie. Une banane tombe juste à côté de ses pieds, alors que les fans commencent à chanter : « On ne veut pas du nègre, on ne veut pas du nègre, la la la la ».

Pour ce fils d’immigrés caribéen, dont le père quitta le domicile familial lorsqu’il avait deux ans, l’antipathie et le racisme des supporters de Chelsea à son égard n’étaient pas des situations qu’il avait imaginées. « Je ne savais rien des fans de Chelsea. Je ne suivais pas Chelsea. Je n’allais pas les voir jouer. Quand je m’entraînais ou jouais avec la réserve, je ne les voyais toujours pas. » Et il ne vit pas jouer l’équipe première avant d’être choisi par John Neal lors du match contre Palace. « Vous êtes dans le vestiaire, pensant : « Ouais, je vais faire un bon match ». Jusqu’à ce que vous sortiez dehors et que vous vous échauffiez et c’est genre : « C’est quoi ce bordel ? » ».

Lors des quelques minutes où il reste sur le terrain, Canoville se fait huer par ses propres fans à chaque fois qu’il touche le ballon. « Je suis resté plus ou moins sur la ligne de touche, détaille-t-il à la version anglaise de Vice Sports. Je ne cessais d’entendre les critiques dans mon dos. La balle arrivait jusqu’à moi, je la redonnais directement. Je n’ai rien fait, ma confiance était envolée. Je me vidais au fur et à mesure que je recevais des insultes. Je n’attendais qu’une chose, que l’arbitre siffle. »

Des joyeux larrons vous dit-on !

Des joyeux larrons vous dit-on !

En désuétude sportive à l’époque, Chelsea rattrapait alors cet affront avec la virulence de ces hooligans. En avril 1977, le ministre des Sports Denis Howell avait même interdit les supporters de Chelsea de se rendre aux matches à l’extérieur [1]. Le groupe des Chelsea Headhunters (ou Chelsea Shed Boys) gangrénait les tribunes par ses chants provocateurs et beaucoup d’entre eux furent recrutés par le British National Front, le parti d’extrême-droite (quelques-uns iront même jusqu’à s’acoquiner avec les néo-nazis de Combat18). Lors des matches, les Headhunters attendaient dans un pub de connaître la composition de l’équipe des Blues. Si elle n’était pas totalement blanche, ces joyeux larrons restaient dans le pub. Ce qui n’empêcha pas Canoville d’entendre leurs insultes au fil de son passage à Stamford Bridge. Un but marqué le satisfaisait à peine puisque c’était synonyme de chants à son encontre : « On est toujours à 0-0, le nègre a marqué, cela ne compte pas ».

« Je me demande encore comment j’ai fait pour supporter tout ça, indique dans ses récits celui qu’on surnomme « Canners ». Normalement, je suis le genre de personne qui dirait les choses directement si elles ne me plaisent pas, mais je l’ai juste fermé. Être un footballeur était un rêve pour moi. C’était ma chance. »

Peu de personnes prirent sa défense au club. John Neal lui fendit quelques mots d’encouragements mais ce fut surtout l’ailier Pat Nevin (recruté pour lui faire concurrence et qui avait de très bons rapports avec les supporters) qui aida Canoville en estimant le traitement réservé « dégueulasse ». Une partie des chants racistes finit par cesser vers 1983, au moins à domicile, où son nom était désormais synonyme d’une clameur positive. Mais les insultes continuaient à l’extérieur. Toujours de ses propres fans. Et parfois même de ses propres coéquipiers. La carrière de l’ailier à Chelsea prit fin après quatre ans et demi passés au club, après quelques coups de clubs de golf envoyés lors de la pré-saison dans la face d’un joueur de Chelsea, qui l’avait traité de « black cunt » après six pintes de trop. Au lieu de soutenir Canoville, les dirigeants négocièrent un transfert à Reading pour 50.000£, sous prétexte qu’il était au club depuis moins longtemps que son comparse (qu’il s’est toujours refusé de nommer).

Vu comme un nouveau départ, Reading ne fut que le cimetière de ses espoirs et d’un de ses genoux. Une rupture des ligaments croisés au mois d’octobre 1986 l’éloigna des terrains pour la saison. Un an plus tard, sa blessure ne s’étant jamais vraiment dissipée, il annonça la fin de sa carrière professionnelle. La suite de sa vie ressembla très souvent à une tragédie : une addiction à la cocaïne, deux combats contre un lymphone non hodgkinien, une forme très agressive de cancer, et la mort quelques jours après sa naissance d’un de ses onze enfants. Autant d’événements qu’il a finis par surmonter, tout comme Chelsea avait fini par vaincre le racisme dans ses rangs. Sur un lit d’hôpital, Canners avait regardé le triomphe des Blues en FA Cup lors de la saison 97, menés par un entraîneur noir : Ruud Gullit. Du moins le pensait-il. « Avec tout ce par quoi je suis passé à Chelsea, avec tout ce que le club a fait et nous avons fait un travail colossal pour essayer de virer le racisme du football. Je peux voir la différence. Mais clairement, le racisme est toujours là. Voir quelque chose comme ça relié à Chelsea nous a renvoyé en arrière », concluait-il au Telegraph l’année dernière, sans jamais se montrer abattu.

Christophe-Cécil Garnier. 

Lire aussi le dossier de Kevin Quigagne sur les premiers blacks du football britannique.

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[1] C’est de cette interdiction que naquit le célèbre « You can’t ban a Chelsea fan » (en gros, vous ne pouvez rien interdire à un fan de Chelsea). Comme l’explique Colin Ward dans son livre Armed for the Match, le match à l’extérieur après cette interdiction vit un amas de supporters de Chelsea aux stations de train. Un journaliste (« débile », comme le qualifie Ward) demanda à certains fans pourquoi ils se préparaient à partir, ce qui engendra la fameuse réplique (qui fut arborée en t-shirt et en badge). Lors de Wolverampton-Chelsea, le 7 mai 1977, 3.000 supporters des Blues étaient présents dans les tribunes…

Cher Danny,

Je ne me remets pas de ton départ. Il m’attriste profondément et bouscule mes certitudes. Il est devenu le facteur déclenchant de mes récentes inquiétudes. Celles, notamment, de devoir supporter un club banal. Il y avait eu le limogeage de David, en avril dernier, mais je refusais d’y voir un signe avant-coureur. Je me disais que c’était un cas isolé, un faux-pas sans conséquence. Je me trompais.

Je suis d’autant plus attristé que je comprends les raisons qui t’ont poussé à partir. Tu te baladais tranquillement dans les couloirs de l’hôtel Overlook, Danny, on t’a vu grandir et progresser. Et soudain, cette année, deux frères jumeaux font face à toi et t’obligent à t’arrêter : Angel et Radamel. Ils te regardent en souriant. Tu as peur. Tu ne peux pas reculer. Mais tu ne peux plus attendre. Il y a d’autres enjeux. L’amour de ton club a des limites. Alors, tu fuis par une porte dérobée. Chambre 263. Celle d’Arsenal. Mieux que rien. Tu prétends avoir toujours regardé les Gunners à la télévision avec intérêt. Personne n’y croit, mais qu’importe. A Londres, on te fait confiance.

A Manchester, Alex a toujours compté sur toi. Il connaissait ton potentiel, il t’a couvé, chéri et a patiemment attendu ton éclosion. Si l’on s’en réfère aux standards actuels, elle est venue tardivement, mais c’est la force de Manchester United : former les jeunes, les prêter, les protéger, les faire jouer progressivement, et ne cesser de croire en eux. Au club depuis une quinzaine d’années, tu symbolisais toute la qualité de la formation mancunienne.

Je ne veux pas voir revenir Alex ; je souhaite seulement que les valeurs du club, dont il a hérité et qu’il a renforcées, soient perpétuées. Ton départ ne laisse rien augurer de bon dans ce sens, Danny. Le club est parmi les plus riches de la planète, et tend à le rester. Une deuxième année sans Coupe d’Europe serait vécue comme une catastrophe. Pléthore de pseudo-supporters se tourneraient alors vers des gagnants, le voisin City ou l’honni Chelsea. Les ventes de maillots dégringoleraient et, horreur !, le cours plongerait en Bourse. Pour anticiper, l’équipe dirigeante actuelle s’est mise en tête d’acheter des joueurs à prix d’or, dont le recrutement ne se justifie pas toujours sportivement et dont l’arrivée surprend en cette année de transition. Tout cela ne me dit rien qui vaille. Et le surnom de Van Gaalacticos, encore moins. Nous ne sommes pas une somme d’individualités, nous sommes censés être un collectif.

Tu sais, Danny, il y a encore peu de temps, supporter une équipe étrangère était mal perçu, en France. On t’accusait d’opportuniste ou de traître à la patrie. Les contempteurs ne comprenaient pas mon choix ; or, ce n’en est pas un. Ça m’est tombé dessus, sans que je me l’explique de manière rationnelle et datée. Sans doute ma passion pour Manchester United est-elle née au fil des images vues à la télévision et a-t-elle évoluée au gré des années et des joueurs qui ont arboré le diable rouge sur leur poitrine. Au fond de moi, et un peu bêtement, je préfère Cristiano Ronaldo à Messi, Veron à Riquelme, Van Nistelrooy à Inzaghi, et même Prunier à Thuram.

Je suis bien conscient que cette passion produit des sentiments très ambigus, et que ces griefs adressés aux nouveaux visages de mon équipe ne résisteront pas longtemps aux résultats positifs futurs. Mais toi, tu resteras à part, Danny. Bien qu’ils en retrouveront très vite, les gens qui t’ont poussé dehors ont perdu du crédit à mes yeux. Et je tâcherai de ne pas l’oublier.

Bonne route et à bientôt,

Matthew

Invité[1] : khwezi
L’histoire de Don Revie, le quatrième membre du trio de génies formé par Matt Busby, Bill Shankly et Brian Clough. Le mec que tout le monde fait mine d’oublier. Sauf à Leeds. Et pour cause. Les grandes heures de ce club, sa notorieté même, la raison pour laquelle ils ont pu avoir des mecs comme Cantona et Strachan, c’est lui. La légende du « Dirty Leeds ».

Je m’appelle Don Revie. Sir Donald Georges Revie en fait, mais appelez-moi Don. J’ai un des plus beaux palmarès du football anglais au XXe siècle, et pourtant peu de gens en dehors de Leeds, quasiment personne en fait, ne se rappelle vraiment de moi. J’aurais dû être LA foutue légende de ce 20e siècle. Et ben non. Tout le monde se souvient de cet ignare de Shankly ou de ce salopard de Clough ou de ce bouddha en plâtre de Busby. Mais personne se souvient de moi. Fichu Karma, foutue vie injuste. Oh, si, pardon. Les gens se souviennent parfois de moi. Enfin, surtout de mon équipe. Ouais, MON équipe. Le « Dirty Leeds ». Attendez que je vous cause de moi et de mon équipe.

Dickens, arrivisme et mauvaise étoile

Je suis né à Middlesbrough. Le premier qui dit « Comme Brian Clough » je lui colle une balle dans le genou. En 1927, moi. Ma mère meurt quand j’ai 12 ans. A quelques décennies près, Dickens aurait écrit « Don Revie » au lieu de « Oliver Twist ». Mon père n’est pas très présent, et l’entraîneur de foot du quartier me fait m’entraîner avec des ballots de fringues usagées en guise de balle. Working Class Hero je vous dis.

En 1949, je suis à Leicester. Pour en arriver là, j’ai ramé. J’ai galéré pour devenir footballeur. Vraiment. J’avais la classe pourtant. La grande classe. Milieu offensif avant l’heure – à l’époque on est attaquant, ailier ou milieu. Pas les trois en même temps – on disait de moi que si l’équipe voulait bien jouer comme je l’entendais, j’avais tout d’un match winner, un golden kid. Et le premier qui dit « oh comme Brian Clough » je lui colle une prune dans le foie. j’ai été un temps le joueur le plus cher de l’histoire en cumul de transferts ! Et toi Brian Clough ? Ah ben non. Toi t’as pas joué assez longtemps.

Le problème au fond, c’est que l’équipe le voulait rarement. Et comme je suis têtu, j’ai passé pas mal de temps sur un terrain, à parler, râler, réclamer, ordonner, intimer, supplier et demander. Assez peu à tacler.
« Il savait pas tacler. Même si sa vie en avait dépendu… » dixit Jack Charlton (frère de, champion du monde 66 et défenseur central de Leeds United).

Que ce soient mes coéquipiers, mes anciens coachs ou les commentateurs de l’époque tout le monde semble d’accord sur moi : le foot, chez moi, c’était cérébral. Et le problème en tant que joueur c’est que les dix autres n’avaient pas le même cerveau que moi. En toute modestie. Pour dire : j’ai fait partie de ces rares Anglais heureux de l’historique leçon de football total reçue par la sélection contre les Hongrois de Puskas, parce que bon sang: la tactique, la tactique, la tactique ! L’intelligence dans le jeu. J’ai aimé ça. Et le premier qui dit « oh, comme Brian Clough » je lui colle une balle dans le rein.

A Leicester, en 1949 donc, j’épouse la fille du manager, et le capitaine Septimus Smith est mon mentor. Leicester atteint la finale de F.A. Cup. La gloire est devant moi. Et elle le restera : pour une hémorragie nasale qui a failli me coûter la vie – Dickens, je vous dis – j’ai loupé cette foutue finale et on a perdu. Karma est une traînée.

Stale bread, French toast

Bref, Leicester, club de nuls. Le manager ne veut pas vraiment faire de moi son dépositaire de jeu. C’est trop lent, pas assez vertical, je défends pas, je râle. Et alors ? Je le vaux bien. Je me suis barré écœuré, à Hull, en D2 pour rebondir. A Hull, ça a marché. Parfois. Moyennement. Pas si mal. Et surtout pas longtemps. Les McDowall, récent manager à City, me veut, en souvenir de mes promesses entrevues à Leicester. Le club a besoin d’argent. J’ai fini par atterrir à Manchester City. On est en 1951. J’arrive dans une équipe promue en première division, et huée dans tout le pays pour son gardien allemand, un ancien prisonnier de guerre qui combattait en face même pas dix ans avant. Cela m’a appris des choses…

Et les choses démarraient mal. Pour faire court, l’équipe avait recruté une flèche devant, un certain Broadis, jouait bas, et vite vers l’avant en défendant beaucoup. Tout ce que je ne sais pas faire. Mais comme les choses marchent mal, le boss teste plusieurs formules. Il m’a même fait jouer half back – demi défensif – alors que je veux jouer meneur, inside forward. Broadis est sélectionné en équipe nationale, et moi je finis ma première saison blessé. Karma’s a bitch.

Les choses commencent à tourner à partir de 53, et le 6-3 subi à Wembley par la sélection face au major Puskas et le football total des Hongrois. Pendant que McDowall refuse de changer le jeu de l’équipe première, la réserve, sous l’impulsion de Johnny Williamson, expérimente un jeu avec un inside forward, et enchaîne 26 matchs sans défaite. McDowall commence à réfléchir. Et décide de me tester dans ce rôle. Avec l’expérimentation du jeu en mouvement.

Là, il a bien fallu que le monde reconnaisse mon talent : j’ai été sélectionné en 1954 pour la première fois en équipe d’Angleterre, puis élu joueur de l’année par la F.A. en Juin 1955. J’ai même publié une autobiographie à ce moment là, Soccer’s Happy Wanderer. Je m’y croyais un peu, oui.

Las, deux mois plus tard, City me fichait au placard – tout ça parce que ce foutu manager trouvait qu’avec moi sur le terrain, l’équipe était moins bien organisée qu’avec les singes savants qui me servaient de coéquipiers. Tous des ânes bâtés. On m’a ressorti du placard une seule fois en fin de saison pour participer à la victoire en F.A. Cup. Et j’ai été le foutu homme du match. Ouais ma pomme. Moi.

Down the hill, to the top.

Du coup, je pars à Sunderland. Ouais ma gueule. T’es pas content ? Je vais voir ailleurs, tiens, et je suis même sélectionné en équipe nationale pour la sixième fois. Et accessoirement la dernière. Moi, un des plus brillants milieux offensifs de l’après-guerre.

En 1958, devenu obscur parmi les obscurs, je quitte Sunderland pour l’obscure et morne ville de Leeds, Yorkshire, décidé à y descendre la colline dans l’anonymat. Sauf qu’en 1961, le coach est viré, l’équipe n’a pas un rond et traîne en fond de D2. Et comme y’a pas des masses de mecs ayant un passé d’international dans une équipe fauchée de fond de D2, on me propose le poste. Entraîneur-joueur de Leeds. Ce coup-ci, l’équipe ne va plus trop avoir le choix : ils vont devoir jouer comme je le veux. Pour moi.

Mais ça marche pas. Le club continue de s’enfoncer.

En Mars 62, un an après ma prise de poste, les choses empirent et le club se retrouve quasi-relégable en 3e division. C’est alors que je dégaine une arme fatale: le chéquier du club. Bobby Collins, Ecossais, quasi-nain, milieu de terrain, chausse du 37, mais tassé comme un buffet Victorien. Avec en prime la particularité d’avoir inventé le free fight, les combats de pitbulls, voire même une douzaine de techniques d’étranglement. Et accessoirement, j’arrête de jouer. Et le premier qui dit « en même temps que Brian Clough » je lui mets une balle dans le coude.

Bobby jouera 5 saisons à Leeds. Lorsqu’il quittera l’équipe, un peu avant sa fin de carrière, Leeds sera l’équipe la plus crainte et la plus sanctionnée de toute l’Angleterre. Ouais. C’est comme ça que tout a démarré. Bobby Collins, le mangeur d’enfants.

Et pendant que Bobby favorisait la vente d’anxiolytiques chez les joueurs, j’ai ajouté par petites touches mon football, ma façon. Et surtout mes âmes damnées : Bremner et Giles. William « Billy » Bremner, mon milieu de terrain, mon métronome, mon régulateur, mon organisateur. Et Johnny Giles, mon provocateur, mon emmerdeur, mon tombeur mon truqueur, mon buteur. Mon fils rêvé et désigné comme tel : mon successeur, un jour. Ouais, ces deux là, y’a deux choses qu’ils détestent dans la vie : les voleurs de chevaux et les décisions d’arbitre.

A ce Leeds, mon Leeds, je vais inculquer quelques principes: mises au vert systématiques. Jeu de cartes et loto obligatoires; ça développe le cerveau, la réflexion et l’instinct de compétition, de contestation, de protestation, mais aussi les liens, l’amitié, l’habitude. La discipline aussi. Et la condition physique. Pour ça, j’avais mon adjudant, Les Cocker. La répétition, la tactique, la technique, c’était moi. Et Owen. Syd Owen. Owen, c’était mon assistant. Ma banque de données.

Ah oui. Un dernier point : Karma est une trainée, le hasard est son maquereau. Le hasard, c’est un truc de loser. Alors j’ai noté, consigné, espionné, discuté. Emmagasiné. Sur tous les coachs. Tous les arbitres. Les principaux joueurs. Les failles et forces de chaque équipe. Les tactiques, toutes les tactiques. Les adresses, les noms, les lieux de naissance, les histoires troubles et les fils cachés. Tout. Chaque détail. Sur mon équipe, ça c’était moi. Et surtout sur tous les autres. Et ça c’était Syd.

Et j’ai gagné. Bordel, j’ai tout gagné. Ou presque. League 2 (1964), League 1 (1969 et 1974), League Cup (1968) et FA Cup (1972), et deux Coupes d’Europe: deux Coupes des Villes de Foires (1968 et 1971). Et je te parle pas des deux Community Shield. Ouais mon gars. Cream of the crop.

The half empty glass

Mais le souci, c’est que j’ai été deuxième. Plus souvent. Finaliste malheureux. La place du con. Je la connais. Je la connais tellement bien qu’on m’en a même érigé comme symbole. Ben ouais. J’ai deux fois le palmarès de Shankly quasiment, et j’ai tout fait avant lui. Et lui, il a une statue, c’est un dieu dans son royaume, et une star dans l’inconscient collectif. Et moi ? Je suis le deuxième. Vice Champion d’Angleterre à cinq reprises (65, 66, 70, 71 et 72), perdant malheureux de pas moins de six finales, et même d’une septième alors que j’avais quitté Leeds ! Foutu Clough qui a refusé d’être sur le banc pour le Community Shield 74… J’ai raté une Coupe d’Europe, une League Cup, 3 coupes d’Angleterre et un Community Shield.

Et mon équipe râlait. Elle frappait aussi. Dans le dos, car c’est beaucoup plus efficace, et l’efficacité prime. Et les enveloppes de Syd circulaient. Vers des joueurs. Vers des arbitres. Rien n’a jamais pu être prouvé. Pas de hasard, je vous dis. Dirty Leeds. C’est comme ça qu’on nous a surnommés. Nobody ever liked us. And we never cared. Petit à petit, j’ai appris à respecter Shankly. Le mec m’a trop battu. Je l’ai trop battu. On s’est trop regardé dans les yeux. Il a lu dans les miens. Par contre, j’ai jamais appris à respecter Clough. Petit con. Ce mec m’a chié dans les bottes jusqu’à mon dernier souffle. Salopard. Tout ça parce qu’un jour je ne lui ai pas serré la main.

Faut me comprendre: alors même que je suis au top du football anglais, pendant toutes les années soixante, et même après, quand vous demandiez aux gens: « C’est qui le mec né à Middlesbrough, joueur prometteur super classe devenu international puis coach à succès, entraîneur de génie, charismatique et destiné à devenir sélectionneur ? », 99% de la planète répondait « Brian Clough ». Putain de Brian Clough. Alcoolique fourbu et fragile, irrationnel et insolent. Moi j’ai toujours porté le blazer. Et on me donne du Sir maintenant.

En 1974, je suis au top. Et vu le fiasco en sélection, la place est libre depuis le printemps. Clough est pressenti pour le poste. En tout cas il le croit. Le Pays le croit. Mais c’est moi qui aurai le poste. Je quitte Leeds en laissant des instructions pour ma succession, mon testament. Et ils m’ont chié dans les bottes. Clough, putain, Clough ! Le mec qui crachait sur mes titres en les appelant « sales ». C’est lui qu’ils ont recruté pour me succéder au lieu de Johnny, mon fils ma bataille. Tout ça pour 44 putains de jours, et un fiasco historique.

Et ouaip. L’a dû en faire une tronche Clough en l’apprenant par la radio.

Sans doute la même que celle des patrons de la fédé, trois ans plus tard, quand ils ont appris que j’avais quitté le poste. Ouais. J’ai quitté le poste. Comme ça. Depuis la défaite contre l’Italie fin 76, je le sentais venir. Le vidage. Et on vide pas Don Revie. Don Revie part, il quitte le poste. Il donne une interview pour s’expliquer au Daily Mail. Ensuite ses anciens employeurs apprennent la nouvelle. Et c’est seulement APRES, qu’ils reçoivent la lettre de dem’. Ils en ont fait un de ces foins : ils ont d’abord voulu me bannir à vie du foot anglais, puis pour dix ans. Je les ai traînés devant la haute cour de justice qui a cassé leur sanction. Foutez-la vous ou je pense. Et ouais.

La classe selon Don. A partir de là, que dire ? Je signe un nouveau contrat aux Emirats Arabes Unis (ouais, j’ai VRAIMENT été un précurseur dans beaucoup de domaines). Mais c’est la fin. Je ne dure guère. Je diminue. Et je m’éteins, en 1989. J’ai même pas vu tomber le mur. Je l’ai raté. A rien. Comme plein de choses dans ma vie, apparemment.

Et le prochain qui me parle de Brian Clough, je lui introduis cette bouteille dans le fondement.

[1] L’auteur de cet article est un de nos lecteurs[2] de la première heure, mais aussi une figure emblématique des Cahiers du Football. Il est l’une des 37 personnes dans le monde à avoir cru à un titre de Liverpool dès le début de la saison.

[2] Comment ça ? Toi aussi, fidèle lecteur, tu veux écrire pour TK ? Rien de plus simple, envoie-nous un mail à teenagekickscdf(at)gmail(dot)com, et découvre la gloire, l’argent sale et les filles faciles.

Focus – Moins connu mais plus chevelu que son homonyme de Chelsea, Sergio Torres s’est fait une place en Football League. Un long chemin pour l’Argentin, qui évoluait encore en quatrième division dans son pays natal, il y a une dizaine d’années.

« Je travaillais dans une usine de briques avec mon père quand je me suis dit : « Je ne veux pas faire ça toute ma vie ». Je savais qu’en Argentine, à 21-22 ans, si on ne joue pas en première division, il était impossible de gagner sa vie. Alors j’ai économisé pour me payer des billets pour l’Angleterre. »
Ainsi commence la folle aventure de Sergio Torres. En 2004, il quitte la chaleur argentine pour tenter sa chance à Brighton, lors d’un essai de deux semaines, avec £180 dans ses poches, et des rêves plein la tête.

Squats, « Goal! » et empilage de cartons

Mark McGhee, l’entraîneur de Brighton, qui l’a pourtant fait traverser l’Atlantique, est loin d’être convaincu par le talent du jeune Argentin.
« Tu es trop lent pour le football anglais, tu ne perceras jamais dans le milieu », lui déclare t-il.

« Chaque fois que je regarde le film « Goal! », ça me rappelle mes débuts en Angleterre. Je me suis fait jeter de Brighton pour le plaisir, il pleuvait, c’était tellement Anglais. Je ne pouvais pas le supporter. », se souvient Torres.
Un coup de massue pour l’Argentin, sans le sou, et obligé de squatter avec une pelletée de Camerounais (sans le sou également) dans une maison du sud de Londres.

« Bouge-toi de là, je dors ici aussi. »

« Un agent camerounais – je ne me souviens que de son prénom, Roland – m’a récupéré à l’aéroport à mon arrivée, puis m’a emmené dans une de ses maisons. J’étais si fatigué que je suis allé me coucher de suite. Une heure plus tard, quelqu’un m’a réveillé et m’a dit « Bouge-toi de là, je dors ici aussi ».
J’ai regardé par la fenêtre en pensant « Que suis-je venu foutre ici ? En Argentine, j’avais ma famille, mon travail, mon propre lit. Maintenant, je dois partager mon lit avec un parfait inconnu, à 15000 km de chez moi, et je ne parle pas un mot de la langue. »
Cette nuit-là, je n’ai pas dormi. Je me suis contenté de fixer le plafond, des heures durant.
»

Ceci n'est pas un montage.

Ceci n'est pas un montage.

Pourtant, Torres ne lâche pas son rêve. Il signe à Molesey, une obscure équipe de neuvième division, où il évolue pendant deux mois avant de partir pour Basingstoke Town (D7), où il restera deux ans.
Pour pouvoir vivre, Torres travaille à mi-temps chez Boots (une chaîne nationale de produits de beauté, d’hygiène et de pharmacie), où il empile les cartons dans la réserve.

« Je me levais à 5h du matin, prenais mon vélo pour aller travailler toute la journée, puis remontais à vélo pour aller disputer mes matchs à Basingstoke.
La première fois, j’étais tellement crevé que je me suis endormi dans les vestiaires, pendant le discours du coach. Ce jour-là, j’ai été élu homme du match.
»

Cependant, Torres ne parvient toujours pas à joindre les deux bouts, aussi s’installe t-il pendant plusieurs mois, avec un de ses coéquipiers et compatriotes, Cristian Levis, dans la maison d’un fan de Basingstoke.

« Il s’était marié deux mois auparavant. On a rencontré sa femme, et elle n’était pas impressionnée du tout. Son regard était loin d’être amical.
Ils ont laisser deux Argentins squatter chez eux comme ça, pendant plus ou moins quatre mois. On est devenus amis depuis, c’était assez fun.
»

Le Maradona du Buckinghamshire

La vista et la technique du jeune Argentin ne lui sert à rien dans les tréfonds de la Non-League.
« J’aime jouer à terre, mais ce n’était pas possible à Basingstoke. C’est là que j’ai appris le côté physique du football. En tant que milieu central, je voyais tous les ballons passer au-dessus de moi et je devais me battre pour récupérer les seconds ballons, c’était très dur. »

Le déclic a lieu en 2005, lorsque Basingstoke affronte les Wycombe Wanderers (D4, et un des blasons les plus moches du football professionnel anglais), lors d’un match amical de pré-saison.
Malgré la lourde défaite 8-2, Torres impression l’entraîneur adverse, John Gorman, qui décide de lui faire signer un contrat de deux ans.
« Il était au duel avec Rob Lee [Ancien mileu de Newcastle et des Three Lions, 21 capes], et n’a jamais lâché.
Personne n’aurait parié sur lui. Il avait juste besoin que quelqu’un croie en lui, et c’est ce que j’ai fait
», se souvient Gorman.

Ses longs cheveux bouclés font sensation à Wycombe, où il gagne un surnom, le Maradona du Buckinghamshire.
Au total, Torres restera trois ans chez les Chairboys et se paiera le luxe de disputer une demi-finale de League Cup contre le Chelsea de Mourinho.

En 2008, il rejoint Peterborough (D3), pour un montant de £150.000. Malheureusement, il n’y dispute que des bouts de matchs, et est mis sur la liste des transferts à la suite de la promotion du club.

« Je n’arrivais pas à assumer le montant du transfert, c’était trop. J’en suis arrivé au point où je ne voulais plus me rendre aux entraînements, et j’avais peur de toucher le ballon. »

S’ensuit alors un prêt tout aussi décevant à Lincoln (D4), avant, enfin, un transfert, chez les nouveaux riches de Crawley Town (D5).

Le théâtre des rêves

Retour en bas de l’échelle pour Torres, qui s’impose de suite comme un maillon essentiel des ambitieux Red Devils.
L’objectif affiché du club est d’accéder à la Football League dès la fin de la saison, ce qui sera fait avec brio, Crawley remportant la division avec 15 points d’avance sur le second, et plus de 100 points au compteur.

Mais c’est surtout l’épopée du club en FA Cup qui marque les esprits.
Torres inscrit dans les arrêts de jeu le but de la victoire 2-1 contre Derby County (D2) au troisième tour, plongeant ses supporters dans la liesse la plus totale. Au tour suivant, les Red Devils se débarrassent facilement de Torquay, pourtant une division au-dessus, et accèdent ainsi à une affiche de rêve en huitième de finale : un déplacement à Old Trafford, pour y affronter Manchester United (voir l’article de Kevin Quigagne, Red Devils v Red Devils).

« C’est ma plus grande réussite, avoue Torres. Le premier match que je suis allé voir en arrivant en Angleterre était à Old Trafford. Je rêvais de jouer là-bas un jour, mais je venais de signer à Basingstoke.
Quand, finalement, nous avons affronté Manchester, j’ai repensé à mes débuts à l’usine de briques. C’était l’achèvement d’un long voyage.
»

Crawley s’inclinera 1-0 sur un but de Wes Brown, devant ses 9000 et quelques fans ayant fait le déplacement, manquant d’un cheveu le replay (la tête de Richard Brodie heurtera la barre à la 93e minute).
C’était la première fois depuis 1994 qu’un club de Non-League accédait aux huitièmes de finale de la FA Cup.

Depuis, Crawley a repris son petit bonhomme de chemin (promotion en D4 en 2011 donc, puis promotion en D3 en 2012, avant une 10ème place la saison dernière).
Torres, lui, joue de moins en moins, la faute à des blessures récurrentes. Peut-être l’heure d’un nouveau départ pour une nouvelle belle histoire ?

Comme dans Pokémon, Torres possède deux évolutions.

Comme dans Pokémon, Torres possède deux évolutions.

La carrière de Torres

Saison Club Division Matchs Buts
2002-2004 Club Atletico Bansfield D4 Arg.
2004 Molesey D9
2004 Basingstoke Town D7 69 matchs 10 buts
2004-2005 D6
2005-2006 Wycombe Wanderers D4 24 matchs 1 but
2006-2007 Wycombe Wanderers D4 20 matchs 0 but
2007-2008 Wycombe Wanderers D4 44 matchs 5 buts
2008-2009 Peterborough United D3 15 matchs 1 but
2009-2010 Lincoln City (prêt) D4 9 matchs 2 buts
Peterborough United D2 9 matchs 0 but
2010-2011 Crawley Town D5 45 matchs 6 buts
2011-2012 Crawley Town D4 45 matchs 3 buts
2012-2013 Crawley Town D3 28 matchs 0 but
2013-2014 Crawley Town D3 11 matchs 0 but

Sources : ici, ici et ici.

Invité[1] : leogooner
Si Norwich est invaincu en championnat depuis le 6 octobre et une défaite à Chelsea à la 7ème journée[2], les performances de l’ailier anglo-irlandais Anthony Pilkington ne sont pas étrangères à cette belle série. Des prestations qui attirent les convoitises des Three Lions et des Verts irlandais.
(Article initialement mis en ligne sur OurPremierLeague.com)

Non, ce n'est pas Tony Vairelles.

Non, ce n'est pas Tony Vairelles.

Passé par Manchester United (2004-2005) à l’âge de 16 ans, le natif de Blackburn a écumé les divisions inférieures avant d’entrevoir les lumières de la Premier League. Un parcours peu ordinaire qui a façonné à la fois l’homme et le joueur. Première étape à Atherton, où il avait l’habitude de jouer devant à peine plus de 30 spectateurs. A la suite d’un triplé contre le FC United of Manchester (club dissident du grand MU) et sur les conseils d’Alan Lord, le manager d’Atherton, il s’engage à Stockport County en League Two (4ème division).
Deux ans et demi plus tard, en janvier 2009, il part découvrir l’échelon supérieur à Huddersfield Town. Lors de sa dernière saison (2010-2011) du côté du Yorkshire, Pilkington est d’ailleurs élu dans l’équipe type de League One (3ème division) et ce malgré une grave blessure survenue en mars. Suffisant pour attirer le regard des dirigeants de Norwich qui concluent le transfert pour un peu plus de 3.5 millions d’euros. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a bien rendu cette confiance en marquant 8 buts pour sa première saison en Premier League.

Carrow Road, son royaume

Non, ce n'est pas Bastian Schweinsteiger.

Non, ce n'est pas Bastian Schweinsteiger.

Cette année, l’ailier gauche prend une autre dimension et Norwich flirte avec le top 5. Avec ses compères Holt et Hoolahan, Pilkington et les Jaune et Vert semblent intouchables et restent sur une série incroyable de 10 matchs sans défaite. Arsenal, Tottenham et Manchester sont tombés dans l’antre des Canaries (excusez du peu !), et Carrow Road est devenue une forteresse où King Anthony règne en maître. Un royaume dans lequel il conduit Norwich vers le haut du tableau, là où la lutte pour le Big Four fait rage.
Sur chacun des trois derniers matchs de Premier League à domicile, Pilks a fait parler la poudre, dont tout récemment contre Wigan d’une superbe frappe du gauche sous la barre, même si son but inscrit contre les Red Devils a davantage marqué les esprits. Comme quoi, d’un Manchester à un autre la réussite est toujours la même. Sans jamais oublier ses passages dans les divisions inférieures anglaises, Pilkington savoure sa bonne forme actuelle, même si, comme il l’assure, « qu’importe la division, rien ne fait plus vibrer que de marquer en Premier League ». Mais une question se pose aujourd’hui : pour quelle sélection nationale va-t-il connaître cette sensation ?

Irlande ou Angleterre ?

La question est sur toutes les lèvres et anime les conversations dans les instances des deux fédérations. Lui dont la grand-mère maternelle est irlandaise – ce qui lui permet d’avoir la double nationalité – a évolué une fois sous la tunique verte avec les U21. Avec les nouvelles règles de la FIFA, il est aujourd’hui en mesure de choisir l’Angleterre ou l’Irlande.

« Je serais plus qu’heureux de jouer pour l’Irlande. »

D’un côté, le sélectionneur des Boys in Green, Giovanni Trapattoni et son adjoint Marco Tardelli qui mettent tout en œuvre pour convaincre le joueur, bien aidés par la fédération qui accélère les démarches administratives. De l’autre, Roy Hodgson, présent lors du match contre MU en Novembre, qui pourrait réfléchir sérieusement à convoquer Pilkington pour le match amical du 6 février 2013 contre le Brésil. Pour l’heure, Pilks s’est contenté de déclarer que « des démarches de naturalisation avaient été lancées par l’Irlande. Mais le prochain match n’aura pas lieu avant février donc il faut attendre la suite des opérations. Une fois les papiers réglés, nous aviserons ». Une chose est sûre, il sera ravi de défendre les couleurs de sa grand-mère : « Je suis sélectionnable et je serais plus qu’heureux de jouer pour eux si je suis sélectionné ».

Le vert lui va si bien.

Le vert lui va si bien.

À 24 ans, le voilà devant un choix difficile mais mérité tant il s’est battu pour en arriver là. Et à Norwich, son manager pourrait bien avoir une influence notable. En effet, Chris Hughton, avait décidé de jouer pour l’Irlande. Une décision qu’il n’a jamais regrettée, bien au contraire. Alors de quel côté sera Pilks pour l’Angleterre-Irlande de mai 2013 à Wembley ?

[1] L’auteur de cet article est un tout nouvel inscrit sur les Cahiers du Football, passionné de football et contributeur occasionnel du site OurPremierLeague.com. Par contre, nous ne connaissons ni sa taille de pantalon, ni la couleur de ses chaussures.
[2] Cet article a été écrit juste avant la défaite de ce week-end à WBA, décidément, on ne peut plus faire confiance à personne.

Bien avant les chinoiseries de Nicolas Anelka, un autre pékin de renom défricha le terrain chinois pour tous les cadors pré-retraités : un certain Paul Gascoigne. Un séjour court mais ô combien mémorable.

Fin 2002, Gazza est un retraité de 35 ans. Après deux saisons quelconques à Everton (2000-02) et une pige de prêté à Burnley au printemps 2002, on pense que le « Clown Prince of football » a définitivement clos une longue et tortueuse carrière commencée en avril 1985 à Newcastle sous Jack Charlton, alors manager des Zébrés. L’été 2002, le Geordie a refusé des offres provenant de D4 anglaise, de Malte et du Pays de Galles. Et, cerise sur le cocktail, des essais en MLS (D.C. United) et en D3 écossaise (Berwick Rangers) se sont avérés non concluants.

Paul a aussi joué les consultants sur ITV pendant la Coupe du monde 2002. Une expérience « mitigée » dont les Britanniques se souviennent bien (il avait parfois l’air bien pompette à l’antenne). Tout comme le service Notes de frais de la célèbre chaîne télé : Paul leur a laissé une facture bar d’hôtel de 9 000 £. En trois semaines de présence sur le sol japonais, soit une bonne petite moyenne de 450 £ par jour (il avancera pour sa défense que ses confrères Ally McCoist et Andy Townsend l’avaient bien aidé à drink the bar dry mais que, grand seigneur, il avait tout mis son ardoise).

Pour beaucoup, la fabuleuse épopée de Gazza-le-joueur est donc terminée. C’est alors que L’Empire du Milieu a la bonne idée de le contacter…

[propos de Gazza tirés principalement de son autobiographie My Story, ainsi que d’interviews d’époque, tirées essentiellement de l’Observer, de l’Independent et du Daily Telegraph. Gazza en Chine : galerie de photos]

Pékin express

Novembre 2002, Paul reçoit un coup de fil enthousiasmé de son agent qui lui apprend que plusieurs clubs chinois voudraient s’attacher ses services. Parmi eux, le Liaoning FC, dont l’un des ex protégés, Li Tie, porte les couleurs d’Everton, que Paul a quitté six mois plus tôt. Les Chinois semblent vouloir Gazza pour les mêmes raisons qu’ils ont déroulé le tapis rouge pour Nico : rehausser le profil de leur football. Ou en jargon média optimiste, « to put Chinese football on the map ».

Vu de 2012, cette opération de profile-raising paraît éminement saugrenue et vouée à un cuisant échec. Dans quel sens les Chinois tenaient-ils cette foutue carte ? Le recrutement d’Anelka montre aussi combien les Chinois ont appris depuis 2003 en matière de marketing et brand awareness. Hier, on fait venir un Gazza titubant et esquinté (3 cures de désintoxication, 27 opérations) ; aujourd’hui, on choisit un Nicolas Anelka frais et dispo. En attendant Drogba & co.

Face aux scandales qui secouent régulièrement le foot chinois – corruption, matchs truqués, dirigeants suspendus, etc. – la Chine, qui sera absente de la Coupe du Monde 2014, avait besoin de frapper un grand coup (après les arrivées médiatiques de Jean Tigana, Dario Conca et d’une poignée d’Occidentaux relativement cotés – tel le serbo-brésilien Cléo ou le Français Matthieu Manset, prêté par Reading).

Décembre 2002, Paul part effectuer plusieurs essais en Chine. Il déclare à l’Independent :

« C’est un défi pour moi et je me rends là-bas sans idée préconçue. Je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre mais j’ai hâte de découvrir ce football chinois et de retrouver le terrain. Tout ce qu’on m’a dit, c’est que leur bière est bonne […] Ce que je veux surtout, c’est de jouer, en Chine où ailleurs. »

Gazza arrive gonflé d’espoir (une lager à 8 %, le pied) mais les clubs de D1 le trouvent vieillissant et dans un état physique alarmant. C’est finalement Gansu Tianma, ou plus précisèment Gansu Tianma Agricultural Land Reclamation Flying Horses, qui le recrute comme joueur-entraîneur après trois jours d’essai. Gansu est un club englué dans les profondeurs de la D2 mais financé par un multi-milliardaire basé à Hong-Kong. Les « Chevaux Volants » sont persuadés d’avoir réalisé un bon coup, même à 500 000 $ l’année (325 000 £ de l’époque). Gazza signe un contrat d’un an, renouvelable.

Un Noël bien arrosé

L’ex Laziale retourne en Angleterre pour Noël. Fin janvier 2003, il repart en Chine, sans trop savoir où il va. Ce qui l’amuse follement :

« Je n’arrive toujours pas à situer Lanzhou sur une carte… [ville où Gansu Tianma est basé]. Surtout si c’est épelé dans leur langue bizarre avec tous ces griffonnages et ces foutues lignes. De toute manière, peu importe où je me retrouve, tout ce qui m’intéresse et me rend heureux c’est de jouer au foot. »

Les festivités de Noël et autres Foires de la bière ayant fait leur effet, c’est en petite forme que notre Gazza se pointe à l’entraînement fin janvier 2003. Malgré son manque de fitness Adrianoesque et l’alcoolisme chronique qui le mine, Paul se dit très confiant. En le voyant en chair et en os, ses nouveaux coéquipiers le sont moins. L’un deux : « Quand j’étais gamin, Paul Gascoigne était mon idole. Mais je dois dire qu’en vrai, il fait bien plus vieux qu’à la télé. »

A peine débarqué, Paul déchante. Pas niveau football, mais bouffe :

« Dès que j’ai posé le pied en Chine et aussi pour mon premier entraînement, y’avait plein de reporters chinois et anglais. J’étais partout dans la presse sportive. On racontait que je n’avais pas l’air d’être en forme, que j’avais l’air lessivé au possible, etc. Ce qui était vrai bien sûr mais bon, je venais de passer trois jours à voyager aussi. Au début, j’ai détesté ce pays, surtout la bouffe. On mangeait de la tête de canard, des yeux de canard, des pieds de poulet et pas mal de chauve-souris. »

Niveau communication, tout n’est que chinois pour Gazza :

« Je ne parlais pas la langue et personne là-bas ne causait anglais, même le personnel de l’hôtel où je logeais. Quand je voulais un verre d’eau, fallait que je montre le frigo en mimant une bouteille d’eau. »

De l’eau pour Paul ? Pas étonnant que les Chinois ne comprirent rien à ses gesticulations.

Côté nourriture, Paul finit par trouver quelque chose à son goût : des calamars sêchés. Il en devient même accro, jusqu’à s’en enfiler trente paquets par jour. Et bonjour la soif avec ces calamars, des beer snacks au poil pour Paul.

La déconne pour s’évader

Le culture shock ne s’arrête pas là :

« Une fois installé, le gros problème c’est que je m’ennuyais ferme. Hormis les entraînements, y’avait rien à faire. Dès le départ, je me suis dit qu’il fallait vite partir de Chine, sinon j’allais mourrir. C’était comme d’être enfermé dans une grotte. A cause du décalage horaire, quand je téléphonais à mes proches pour tuer le temps, je les réveillais. Ils me disaient « Putain, enfoiré, pourquoi tu nous reveilles à c’t heure-là ? » »

Il décide alors de tuer l’ennui en déconnant. Et ça marche :

« Un jour où je m’ennuyais encore plus que les autres, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec le bassin plein de carpes Koi devant l’hôtel. J’ai dit à Wes Saunders [son agent], « Allez viens, on va à la pêche« . Il m’a répondu que j’étais timbré et que de toute manière je n’avais pas de materiel. […]

Là je lui ai fait : « attends, tu vas voir« . Je retourne dans ma chambre et, avec le kit de couture qu’on file dans les hôtels, je commence à bidouiller un truc. J’envoie Wes chercher un morceau de bamboo tandis que je dégote un appat de mon côté, un morceau de biscuit chinois. Une fois la canne montée, on est allé pêcher dans ce bassin. Et là, ça mord, je chope une carpe ! J’étais aux anges. Après ça, j’ai commencé à mieux me sentir là-bas. »

Nous sommes mi février 2003 et la saison ne débutera que dans un petit mois. Pas une éternité mais 25 jours en Gazza time, ça peut faire des dégâts. Wes et son fidèle compagnon de déroute Jimmy « Five Bellies » Gardner, s’apprêtent à repartir au pays après avoir installé Paul dans sa nouvelle vie.

Jimmy (à gauche sur la photo), ce vieux poteau inséparable. Un phénomène ce Jimmy. Adolescent, il laissait Gazza lui dégommer des fruits sur la tête à l’arbalète et l’encourageait à lui tirer dans les fesses à la carabine à air comprimé pour quelques livres sterling par hit. « Son cul ressemblait souvent à un arrosoir ! » en rigola Gazza quand un journaliste lui remit en bouche les bonnes frasques d’antan.

Mais l’heure n’est plus à la rigolade. Paul sent l’angoisse monter. Bientôt, ni Wes ni l’imposant Jimmy ne seront là pour lui tenir compagnie. Le « Clown Prince of football » va se retrouver seul, dangereusement livré à lui-même et de plus en plus oisif.

A suivre…

Kevin Quigagne.

Euro 1992, 17 juin 1992. Tomas Brolin signale son entrée fracassante sur la scène internationale en éliminant l’Angleterre d’un but classieux. Quelques années plus tard, le golden boy du foot suédois deviendra l’un des transferts les plus calamiteux de l’histoire du football anglais. Avant l’Angleterre-Suède de ce soir, retour sur les années fish & chips du poupin suédois.

Veni, vidi, floppi. Il est venu, il a vu, il a coûté la peau du cul et il a spectaculairement déçu. Brolin, c’est l’histoire d’un mec qui, à force de malbouffe et d’embrouilles ahurissantes avec le staff de Leeds United, a fini par se crasher dans la vitrine Hall of Shame du foot briton, la bedaine la première. L’Angleterre devait être sa consécration, elle sera son tombeau. Une consolation : Brolin mettra à profit ses foireuses années anglaises pour accoucher d’une après-carrière baroque ‘n’ roule.

Suite et fin de la mini-saga Brolin. Pour le premier épisode, cliquez à droite.

Brolin, interdit de stade

Quand Brolin arrive enfin à Elland Road, l’irascible George Graham n’est pas d’humeur à lui demander des nouvelles du pauvre caribou suédois. L’Écossais confisque son passeport et l’enferme dans le coffre-fort du club ! Le Suédois réussit toutefois à obtenir un passeport de remplacement et repart illico au pays pour se remettre du choc psychologique. Graham l’apprend et vire au vert. Au retour de l’opprimé, l’ex manager d’Arsenal refuse de lui donner une tenue d’entraînement et l’interdit de stade. Comble de l’humiliation, Brolin doit désormais payer sa place pour voir Leeds jouer à domicile ! En prime, il ne figurera pas non plus sur la photo d’équipe de début de saison.

Bien entendu, Brolin ne sera pas de la tournée en Suède. Au retour de Scandinavie, Leeds tente désespérément de le refourguer en prêt. Graham, pas le plus finaud des entraîneurs, se tire une balle dans le pied en vendant l’article comme un mauvais camelot :

« Si quelqu’un veut Brolin, qu’il me téléphone ! Si un footballeur ne veut pas rester ici, OK. Moi, je veux des joueurs talentueux qui ont la gnaque. »

Évidemment, personne ne veut du boulet nordique. Son manque criant de fitness et ses dispositions à l’embrouille tarabiscotée effraient. Même l’Écosse ignore le cri de désespoir des Whites.

Brolin est alors envoyé perdre du poids avec la réserve mais les relations se dégradent à vitesse grand V avec le club. Tubby continue à vertement critiquer Graham dans les médias et zapper les entraînements. Un jour, il « oublie » même de se pointer à un match, préférant aller faire la nouba en famille. Le club le mitraille d’amendes mais rien n’y fait.

Yes ! Yes ! Yes ! il s'est barré, enfin !!!

Yes ! Yes ! Yes ! il s'est barré, enfin !

Au contraire, la situation s’envenime. Brolin menace de poursuivre Leeds en justice pour « harcèlement » et parle en interne de « révéler les pratiques du club à la BBC » (le Suédois déclarera plus tard que le club admit ses erreurs et lui reversa une partie des amendes, le tout accompagné d’une compensation et d’une lettre l’exonérant de toute responsabilité).

Le 28 octobre 1997, Leeds United casse son contrat et lui verse 140 000 £ d’indemnités (économisant ainsi plus de 400 000 £ sur le reste du contrat). Pour fêter son grand départ, Brolin invite les médias à une farewell party organisée dans un hôtel de Leeds. George Graham n’est pas invité, mais il n’aurait probablement pas dit non.

Pas l’as attendu

Brolin n’en a pas cependant pas fini avec l’Angleterre. Début janvier 1998, c’est gavé de mince pies qu’il roule-boule dans un Crystal Palace en perdition (saison apocalyptique pour les Eagles). Il arrive en même temps que Valérien Ismaël, acheté à Strasbourg pour presque 3M de £. Le manager, l’étrange Steve Coppell, lui fait cependant confiance après un match amical de son équipe en Suède, où Brolin tentait de maintenir sa forme entre deux Smörgåsbord XL. Le ridiculement optimiste Coppell n’hésite pas à déclarer :

« Physiquement, c’est sûr qu’il n’est pas encore prêt, mais je suis certain que dès qu’il aura quelques semaines d’entraînement dans les jambes, il redeviendra le grand joueur qu’il a été. Il y a deux ans, il coûtait 5 millions, et on l’a eu pour pas un sou. On aurait tort de se plaindre ! »

Brolin ne se plaint pas non plus. Son rebondissement à Palace était inespéré. Il signe un contrat de six mois et dispute 13 matchs – 11 défaites, zéro but – en position d’avant-centre (tous les attaquants sont blessés). Il pèse bien sur la défense, mais dans le sens Weightwatchers du terme. Mi mars, à l’ébahissement général, il est même bombardé adjoint du nouvel entraîneur-joueur (!), Attilio Lombardo, lui-même scié de se retrouver si subitement aux commandes. Brolin lui sert aussi d’interprète-factotum.

Un tandem aussi comiquement expérimental qu’affreusement inexpérimenté (installé dans l’extrême urgence par le notoirement incompétent Ron Noades, propriétaire-président surtout connu en Angleterre pour son sens inné de la magouille et ses opinions Atkinsonesques sur les joueurs noirs. Noades, en 1991 : « Les joueurs noirs dans ce club [Crystal Palace] apportent leur forte technique et leur talent à l’équipe ; mais le collectif a aussi besoin de joueurs blancs pour équilibrer les choses et injecter de l’intelligence et du bon sens dans le jeu. »).

Le duo Lombardo-Brolin est l’illustration parfaite du blind leading the blind, selon l’expression anglaise consacrée. Un drôle d’attelage qui navigue à vue et va vite finir dans le fossé.

Le 27 avril 1998, Brolin dispute son dernier match professionnel contre Manchester United (0-3). Malgré la relégation en D2, il empoche une mystérieuse prime de 70 000 £ (réservée aux « vedettes » du club). Ses partenaires lambda enragent, eux qui doivent encaisser sèchement la descente, sans liquide pour faire passer l’amère pilule.

Un après-football à la hauteur

Une fois rentré au bercail, Brolin troque sa femme pour une Miss Suède et se reconvertit en homme d’affaires multi-cartes. Il investit tous azimuts : immobilier avec le daron, crèmes de beauté, entreprise de traiteur, chevaux de course, vente de chaussures à son nom sur internet… Il met même des billes dans Twinnovation AB (ici) un brevet d’aspirateur censé faire un malheur grâce à ses embouts révolutionnaires (et se fait dûment sucer son investissement).

En 2001, fatalement, il assouvit sa vocation : il ouvre un restaurant, le Undici (Onze, son numéro à Parme). Cuisine italo-scandinave, salades mozzarella-phoque, pizzas au renne, pâtes au bœuf musqué, dans ce style. Il déclare (extrait de l’Observer) :

« C’est un grand moment pour moi, c’est un vieux rêve que j’avais, en fait depuis l’Italie. J’ai tout choisi ici, même les couverts, et j’en suis fier. Quand je vivais en Italie, j’ai dégusté des plats merveilleux et c’est comme ça que l’idée a germé. J’ai aussi mis des plats du nord de la Suède au menu, des mets que ma maman m’a fait découvrir. »

Touchant. Brolin fait aussi dans le créatif lourdingue. Avec le groupe Doctor Alban et Björn Borg, il sort un morceau intitulé « Friends in need » (voir clip, funeste mais immanquable) et apparaît dans des publicités, dont une pour une marque de jacuzzi.

En 2006, il s’achète une grosse paire de lunettes noires et s’étale autour des tables de poker, où il croise souvent le fer avec d’anciens footeux, comme Tony Cascarino et Teddy Sheringham. Encore une histoire de chips, servis sans le poisson cette fois.

Début 2010, on reparle de lui dans les médias foot. Bizarrement, il réclame la paternité d’un but contre la Norvège attribué à un autre joueur (Roland Nilsson, Sheffield Wednesday Legend), erronément à ses yeux. Et peu importe que le match (amical) date d’août 1991, pour un gambler, un pion, c’est un pion.

Un panel d’experts de la déviation involontaire du dos a promis de se réunir un jour pour réparer cette flagrante injustice (il y a bien eu déviation de Brolin). « Bon, faudra qu’on discute de ça avec les statisticiens et on verra », a mollement commenté un membre de la fédération suédoise.

Il manque donc un but à sa belle vendange internationale (26 réalisations en 47 matchs avec la Suède). Il ne manquerait plus que le spectre de Tomas Brolin, honni et bouté hors d’Angleterre, plane ce soir sur la pelouse de l’Olympic Stadium de Kiev et plante ce pion manquant. Et, tout comme il y a vingt ans, scelle le sort des Anglais.

Kevin Quigagne.

Euro 1992, 17 juin 1992. Tomas Brolin signale son entrée fracassante sur la scène internationale en éliminant l’Angleterre d’un but classieux. Quelques années plus tard, le golden boy du foot suédois deviendra l’un des transferts les plus calamiteux de l’histoire du football anglais. Avant l’Angleterre-Suède de vendredi, TK revient sur les années fish & chips du poupin suédois.

Veni, vidi, floppi. Il est venu, il a vu, il a coûté la peau du cul et il a spectaculairement déçu. Brolin, c’est l’histoire d’un mec qui, à force de malbouffe et d’embrouilles ahurissantes avec le staff de Leeds United, a fini par se crasher dans la vitrine Hall of Shame du foot briton, la bedaine la première. L’Angleterre devait être sa consécration, elle sera son tombeau. Une consolation : Brolin mettra à profit ses foireuses années anglaises pour accoucher d’une après-carrière baroque ‘n’ roule.

Le nouveau Billy Bremner

Euro 1992. L’Angleterre s’incline face à la Suède (2-1), sur un joli but d’un minot de 22 ans, très technique et extrêmement prometteur : Tomas Brolin. Ce dernier évolue à Parme et finit co-meilleur buteur de la compétition, avec trois réalisations. Le Guldbollen (meilleur joueur suédois) 1990 et 1994 brillera également à la Coupe du Monde états-unienne (où la Suède finira troisième) et figurera dans l’équipe Fifa du tournoi (ici).

En Italie, Brolin permet aux Parmesans d’atteindre les sommets européens (deux coupes européennes en 1993 et 1995, une finale en 1994, ici).

L’ambitieux Leeds United flashe alors sur l’élégant et combatif Scandinave et, le 7 novembre 1995, l’affaire est dans le (gros) sac. Les supporters des Whites s’emballent et certains journalistes lui collent l’étiquette facile du « nouveau Bremner » (élu Leeds United Greatest Player il y a quelques années). Un label-fardeau qui fait aujourd’hui sourire.

Certes, on se dit bien dans le Yorkshire que quelques séances au WeightWatchers local ne feraient pas de mal au boudiné Scandinave (les blessures aidant, il a dégusté toutes les variétés de prosciutti di Parma) mais on semble sûr de tenir l’affaire du siècle. Même si Brolin traîne divers pépins physiques (dont les séquelles d’une sérieuse blessure à la cheville de novembre 1994 qui l’immobilisera cinq mois), les dirigeants du club se disent que quelques entraînements bien ciblés corrigeront tout ça.

C’est donc un Howard Wilkinson (manager) radieux qui récupère Brolin, en espérant l’associer à Tony Yeboah. Wilko déclare :

« C’est un joueur de grande classe et je suis sûr qu’il s’avérera être une superbe acquisition pour Leeds. Je suis persuadé qu’il sera un excellent partenaire pour Tony Yeboah. »

L’attaquant ghanéen surenchérit :

« Je suis certain que Tomas et moi, on s’entendra super devant. C’est véritablement un joueur de classe mondiale. Il sait tout faire, combiner, marquer et faire le lien avec les autres joueurs. Nos adversaires auront beaucoup de mal à défendre contre nous. »

Homard ‘n’ chips m’a tué

Les deux premiers mois sont conformes aux prévisions, même si sa première réalisation, un but gag, pourrait laisser planer le doute. Brolin joue en 10 derrière Yeboah et les supporters Whites chantent son nom. Le 24 décembre 1995, Leeds bat Manchester United 3-1, avec un Brolin de feu, impliqué dans les trois buts. Il marque aussi, dont un beau doublé contre West Ham le 13 janvier 1996 (Homme du match).

Tout se présente donc idéalement. Sauf que pendant les fêtes, Tomas a découvert le fish ‘n’ chips. Il a d’abord fait connaissance avec le cabillaud-frites de base, puis, en fin gourmet, il s’est mis à la version upmarket. Les ennuis sérieux commencent alors pour celui que les supporters surnomment désormais « Tubby » (le potelé). C’est le début d’une invraisemblable saga.

Le club essaie de le mettre à la diète mais rien n’y fait. Leeds-Bradford est LA mecque du combo cabillaud-frites-purée de petits pois (la célèbre chaîne Harry Ramsden’s est née ici) et notre Brolin devient accro aux produits du terroir.

La forme déclinant, Brolin s’embrouille régulièrement avec l’intransigeant Howard Wilkinson, surtout pour des histoires de positionnement. Le Suédois rechigne à jouer milieu excentré. En janvier 2012, revisitant son passé, il déclare au magazine Suédois Offside :

« A Leeds, au bout de six ou sept matchs, Wilkinson m’a dit de coulisser à droite et faire la mobylette comme un idiot. Je n’aimais pas ça alors j’avais décidé d’être nul à chier le match suivant, contre Liverpool. »

Un défi largement réussi, Leeds se prend 5-0 contre les Reds et Brolin, comme il l’avait rêvé, sort un vrai shocker (prestation de boulet).

Le divorce est consommé (avec beaucoup de rab)

Entre autres critiques, Wilkinson lui reproche son manque de travail défensif. Brolin réplique qu’il est milieu offensif créatif et lui fait comprendre qu’il ne sera jamais trop partant pour participer aux vulgaires besognes défensives. Wilko insiste mais rien n’y fait. Les deux hommes vont au clash.

Leeds perd patience et, en fin de saison 1995-96, le club décide de le prêter, non sans que Brolin ait voulu jouer au plus malin lors d’un poisson d’avril qui s’est mordu la queue… Brolin avait en effet arrangé une fausse interview avec une télé suédoise où il annonçait son prêt au IFK Norrköping (la hiérarchie de Leeds n’avait guère goûté le gag).

Problème : on ne se bouscule pas au tourniquet pour le récupérer. Leeds, exaspéré, arrête carrément de lui verser son salaire (60 000 £ / mois). Finalement, le 20 août 1996, le FC Zurich prend pitié et lui offre gîte et gros couvert, dans le cadre d’un court prêt (initialement prévu pour durer six semaines). Mais la miséricorde se paie cash, son salaire hebdomadaire dégringole au Smic suisse du footballeur : 800 £. Brolin en est arrivé à un point de non-retour avec Leeds et veut rester chez les Helvètes, au moins jusqu’à la trêve hivernale.

Début octobre 1996, après avoir fini à une décevante treizième place (en Premier League) la saison précédente, Leeds flirte désormais avec la zone rouge. L’heure est aux mesures de desperado et George Graham, le nouvel entraîneur, a besoin de toutes les forces vives et molles pour améliorer la situation. Localement, la grogne monte. Après un début de décennie fulgurant (dont le titre en 1992), Leeds est en perdition et il faut reconstruire l’édifice.

Le seul élan qu’il prend, c’est dans le pare-brise

Même si Graham nourrit de sérieux doutes sur le niveau de commitment de Brolin, l’Écossais souhaite lui donner sa chance. Il compte l’associer à Tony Yeboah et au vieillissant Ian Rush. Quelques joueurs clés sont partis (dont Gary Speed et Gary McAllister) et Graham s’agite pour récupérer Brolin. Mais ce dernier fait de la résistance en Suisse où il a découvert l’Emmental et les joies de la raclette (il ne joue quasiment pas).

Pendant des semaines, Leeds ne parvient pas à contacter directement le joueur (tout passe par son agent) et le club, qui veut lui faire passer un examen médical approfondi, menace de le poursuivre en justice s’il ne rapplique dans le Yorkshire avant le 6 novembre. Toutefois, au lieu de prendre la direction du nord, Brolin file en Italie pour un examen médical en vue d’un prêt à la Sampdoria (recalé). Décembre arrive et toujours pas de Brolin dans le « Comté de Dieu » (God’s own county, surnom occasionnel du Yorkshire).

Brolin, au téléphone avec son entraîneur : « Désolé coach, impossible de vous rejoindre, un oiseau m’a éclaté le pare-brise en allant prendre mon avion. »

Oui, oui coach, je vous assure, un gros oiseau...

« Si, si coach, je vous assure, énorme l'oiseau, on aurait dit un wapiti... »

Noël 1996, Le Suédois se signale enfin, lourdement : il sort 500 000 £ de sa poche pour retourner à Parme (en prêt) au lieu de regagner Leeds. Il ne jouera qu’une dizaine de matchs en Italie. Le torchon (et toute la cuisine) brûle désormais entre lui et George Graham (Brolin, sur l’Écossais : « Il est encore plus con que Wilkinson. »).

Fin juin 1997, son prêt transalpin expiré, Brolin est dans l’obligation contractuelle de retourner à Leeds pour être de la tournée suédoise des Whites. Mais à la reprise de l’entraînement au premier juillet, point de Tomas…

Ce dernier explique avoir raté son avion à cause d’un oiseau qui lui a éclaté le pare-brise en se rendant à l’aéroport (ce qui semblera se vérifier). Les tabloïds anglais, guère portés sur la zoologie analytique, rapportent que Brolin est entré en collision avec un élan…

Un incident qui déclenche l’hilarité générale. Sauf à Elland Road. Au bout du fil, George Graham n’est ni d’humeur à lui refiler le numéro du Carglass local ni enclin à prendre des nouvelles du pauvre caribou distrait. L’irascible Scot est au bord de l’explosion.

A suivre…

Kevin Quigagne.

Le costume, marque d’élégance et de pouvoir, a-t-il une quelconque influence sur les joueurs d’une équipe dirigée par un entraineur qui en porte un ?

Il y a plus de trois ans, quelques lignes de la défunte gazette du TK (1) évoquaient, sur un ton potache, le rapport qu’entretenait le manager anglais avec le costume. Si l’on creuse un peu la réflexion, qu’en est-il de ce choix vestimentaire ? Que veut-il dire et quel effet produit-il ?

Avant toute chose, retraçons l’origine du costume-cravate tel qu’il est porté aujourd’hui, grâce au livre sinon exhaustif, du moins très complet de François Boucher, Histoire du costume en Occident. « Sans avoir subi de très grandes transformations, le costume masculin s’est pourtant rapproché, sous le Second Empire, de ce qu’il restera désormais. (…) C’est à la fin du règne qu’apparaît le complet – veston, pantalon et gilet de même tissu – mais cet ensemble restera lui aussi, jusqu’aux dernières années du siècle, considéré comme négligé, c’est-à-dire mettable seulement pour les sorties du matin, la campagne ou le voyage.

« L’éclat du régime relance le souci du costume, aussi bien à la cour qu’à la ville, par des détails changeants qui distinguent l’homme du monde : col de velours, basques allongées ou raccourcies, revers de soie, cravate étroite ou nœud assez large, faux-col soit évasé, soit droit et ride, soit encore rabattu.

« Les changements qui surviendront par la suite dans le costume masculin ne porteront que sur des détails de forme et de couleur : l’emploi de certaines parties de cet habillement se modifiera lui aussi, mais l’essentiel n’en sera pas sensiblement affecté.

« (…) L’un des changements les plus notables après 1850 a été le remplacement de l’habit de couleur par l’habit noir, porté avec des pantalons à carreaux moulant étroitement la jambe. (…) Quant à la cravate, sous les noms de régate ou plastron, elle se maintient dans les tons effacés et ne conserve qu’une place discrète, pâle souvenir de son rang d’autrefois. » (2)

« L’essentiel du costume masculin étant fixé depuis le début du XIXème siècle, seul le détail des formes évolue, sans qu’il soit possible d’étudier ses fluctuations autrement que par l’image. (…)

« Le veston devient d’un usage plus fréquent après 1870 et le complet – veston, gilet et pantalon de même tissu – entre en faveur après 1875, sans être toutefois considéré comme vêtement paré ; la jaquette et surtout la redingote sont seules admises pour les visites ou cérémonies de la journée.

« (…) C’est à Monte-Carlo que serait apparu, vers 1880, le dinner-jacket, dit smoking, adopté par les joueurs qui trouvaient fatiguant de rester toute la soirée en habit. Jusqu’à la mort du roi Edouard VII en 1910, il n’était pas admis en public : on le portait surtout à la campagne et dans les réunions d’hommes ; l’habit restait la tenue obligatoire en soirée ou au théâtre. » (3)

« Si nous survolons l’évolution du costume entre 1960 et 1980, la première impression est celle d’un appauvrissement. Les tenues d’apparat sont de moins en moins revêtues ; l’habit noir porté avec la chemise blanche et le col empesé n’apparait plus guère que dans les grandes cérémonies. (…) La cravate, bien que n’étant plus de rigueur avec les chemises polo, tend à devenir le symbole de la tenue de bureau contraignante, et est de plus en plus abandonnée aux heures de loisir. » (4)

Ainsi, si la symbolique du costume-cravate (distinction et domination) demeure aujourd’hui, celui-ci n’est toutefois réservé qu’aux fêtes cérémonieuses et aux grandes responsabilités. Une large majorité des managers de Premier League, quand bien même leur pouvoir s’est accru au fil des décennies, pourraient donc très bien s’en passer les jours de matchs et opter pour des vêtements plus souples et plus larges, dans lesquels ils pourraient davantage respirer.

Il se trouve cependant qu’une étude valide leur choix. Des scientifiques du sport de l’Université de Portsmouth ont étudié l’effet que peut avoir l’apparence de l’entraineur sur ses joueurs. Ils ont remarqué que les managers qui portent des costumes les jours de matchs et des survêtements les jours d’entrainement  sont les plus enclins à tirer le meilleur de leur équipe. Dr Richard Thelwell, responsable de l’étude (5) « Nous nous sommes aperçus que le vêtement porté par l’entraineur peut avoir un effet direct sur la perception de ses compétences par les joueurs. Un entraineur en costume laisse supposer une grande habileté, ce qui est, de toute évidence, idéal pour un match. Dans notre étude, les entraineurs portant un costume étaient perçus comme étant plus compétents sur le plan stratégique que ceux portant une tenue sportive, mais moins compétents sur le plan technique que ces derniers. » Ce qui viendrait justifier la tenue sportive des entraineurs adjoints, juste milieu entre le costume du manager et le maillot du joueur. On aurait donc, sur un même banc, le cerveau stratégique et les petites mains techniques.

Car, au fond, le costume-cravate n’est-il pas l’avatar moderne du sceptre royal ? Il représente la fonction si ce n’est suprême, du moins supérieur. Et le pouvoir doit impressionner, se faire admirer. Il use donc de stratagèmes, vestimentaires inclus, pour toucher les consciences. La hiérarchie d’un club de football ne contredit pas ce système.

Même s’il semble que, concernant certains managers, le costume ne fasse pas illusion de leur incompétence très longtemps. Peut-être un problème de coupe.

Tandis que, dans d’autres cas, nul besoin de porter la cravate pour se révéler être un brillant tacticien.

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(1) Leurs auteurs sont toujours les bienvenus parmi nous.

(2) p.367

(3) p.393

(4) p. 416

(5) Parue dans la revue International Journal of Sport Psychology, et qui a ciblé 97 hommes et femmes à qui on a demandé d’observer et de donner leur avis sur des images de quatre entraineurs différents.

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BONUS

Huit costumes différents, huit managers de Premier League. Retrouvez Martin Jol (Fulham), Alan Pardew (Newcastle), Mark Hugues (QPR), Alex Ferguson (MU), Steve Kean (Blackburn), Alex McLeish (Aston Villa), Andre Villas-Boas (Chelsea) et Roberto Martinez (Wigan) et inscrivez vos résultats en commentaires.

(Première ligne : 1-2-3 ; Deuxième ligne : 4-5-6 ; Troisième ligne : 7-8) (cliquez sur l’image pour agrandir)

Au sortir d’une première partie de saison médiocre ou simplement faible en temps de jeu sur le plan personnel, bon nombre de joueurs profitent du mercato d’hiver pour se faire la malle afin de donner un nouvel élan à leurs carrières, que ce soit sous forme de prêt ou de transfert définitif. Chimbonda, Konchesky, Carew, Boselli ou encore Bridge font partie de ceux qui n’étaient plus en odeur de sainteté dans leurs clubs respectifs et qui ont probablement bien fait de changer d’air. Au lendemain du 31 janvier, alors que l’encre des signatures apposées sur le contrat flambant neuf de David Luiz ou d’Andy Carroll n’étaient pas encore sèche, d’autres pros des clubs de PL n’avaient par contre que de maigres aspirations pour la suite de leur saison 2010/2011.

Un mois et demi plus tard, flashback et prise de température pour vingt prisonniers de PL (un par club), ces soutards cireurs de banc qu’on ne s’attendait plus à trop revoir avant la saison prochaine.

ARSENAL : Manuel Almunia – Le Rebus de Retour

Gardien de but espagnol, 33 ans

Au club depuis juillet 2004, ex-Celta Vigo, Albacete, Recreativo Huelva, Eibar, Sabadell, Cartagène et Osasuna Pampelune

Une très longue seconde partie de saison se profilait à l’horizon pour l’ancien portier titulaire des Gunners. Les blessures des jeunes Polonais Fabianski et Szczesny, qui lui avaient grillé la priorité depuis octobre dernier, lui offrent de nouvelles perspectives d’avenir sportif à moyen terme (pour au moins six semaines). Déjà annoncé partant l’été dernier, alors qu’Arsène Wenger tentait de recruter le Socceroo de Fulham Mark Schwarzer, Almunia aurait aussi pu prendre la tengeante cet hiver une fois son poste de titulaire envolé. Le Galatasaray et Osasuna s’étaient timidement renseignés mais l’Espagnol, blessé à l’époque, s’était résigné à attendre la fin de saison. Vito Mannone est en prêt à Hull City, et de toutes manières blessé pour encore six semaines, tandis que le jeune espoir anglais James Shea évolue lui aussi en prêt à Southampton. Arsenal n’a donc pas d’autres alternatives que de refaire d’Almunia son homme de base. Ironie du sort, Arsène Wenger lui cherche une doublure temporaire et expérimenté. La rumeur du moment? Le retour du ‘jeune’ retraité Jens Lehmann (41 ans) pour une pige de doublure jusqu’au terme de la saison. Le sulfureux Allemand est d’ailleurs sur place, en stage au club dans le cadre de son apprentissage du métier d’entraîneur. Son embauche ne manquerait pas de rendre Almunia complètement dingue, vu le passif pour le moins électrique entre les deux hommes (ndlr. Lehmann avait perdu le poste de titulaire chez les Gunners au profit d’Almunia, qu’il avait vertement critiqué à l’époque).

ASTON VILLA : Habib Beye – Le Paria

Arrière droit international sénégalais, 33 ans, 33 sélections, 1 but

Au club depuis août 2009 (3.4M€), ex-Newcastle, Olympique de Marseille, Strasbourg et PSG

L’ancien capitaine de l’OM est régulier dans l’effort minimal: six matchs disputés pour sa première saison de PL avec Villa en 2009/2010 et 3 cette saison à ce jour (2 matchs pleins et une apparition de 2mn). Il n’est pas blessé mais n’a plus joué en équipe première depuis le 23 octobre dernier. Barré par Carlos Cuellar et Luke Young, il cire le banc et aurait logiquement pu ou dû chercher à partir cet hiver. Paul Jewell avait apparemment le désir de le recruter en prêt pour le compte d’Ipswich Town mi-février. En attendant, le joueur s’entraîne en compagnie d’un autre banni, Stephen Warnock, avec l’équipe-réserve des Villains; selon son entraîneur Gérard Houllier, il ne s’agirait nullement d’une punition, mais d’une opportunité de se remettre en selle qui s’offrirait à des joueurs d’expérience qui n’auraient pas suffisamment fait montre de leur amour du club et de leur envie de jouer. Et toc!

BIRMINGHAM CITY : Stuart Parnaby – Le Béni-Oui-Oui

Arrière droit anglais, 28 ans

Au club depuis juin 2007 (gratuit), ex-Middlesbrough

Qu’il semble loin le temps où Parnaby était titulaire en finale de Coupe de l’UEFA avec Middlesbrough (2006). Ce joueur polyvalent est dans sa quatrième saison de rang chez les Blues, mais a de moins en moins l’occasion de jouer. Zéro minute de PL dans les pattes et quatre titularisations en matchs de coupe cette saison. Il a assisté à la victoire de son équipe en League Cup contre Arsenal depuis le banc, mais a marqué son premier but pour Birmingham City fin janvier contre Coventry City en FA Cup. Le fait est qu’il reste bien caché dans l’ombre de Steven Carr, capitaine indéboulonnable des Blues qui a enfin mis ses habituels pépins physiques derrière lui. Une seconde partie de saison encore plus terne que la première lui tendent les bras.

BLACKBURN : Vincenzo Grella – Le Touriste

Milieu défensif international australien, 31 ans, 46 sélections

Au club depuis août 2008 (4M€), ex-Torino, Parme, Ternana, Empoli, Carlton et Canberra Cosmos

Ca fait déjà un moment que Vince ne sert plus que de pote à son compatriote Brett Emerton dans l’effectif des Rovers. Il n’a jamais vraiment été titulaire indiscutable depuis son arrivée en 2008 et semble vouloir se la couler douce pour ses 18 mois de contrat restants. On ne l’avait plus revu en équipe première depuis octobre, mais Steve Kean lui a redonné sa chance en PL contre Aston Villa fin février. Un match qui s’était soldé par une belle fessée à l’extérieur (4-1) avec un Grella quelconque, sorti à 25mn du terme. Bilan 2010/2011: 309mn de PL sur cinq matchs, plus deux apparitions en matchs de coupe.

BLACKPOOL : Jason Euell – Le Fugitif

Milieu de terrain international jamaïcain, 34 ans, 9 sélections, 1 but

Au club depuis juillet 2009 (gratuit), ex-Southampton, Middlesbrough, Charlton et Wimbledon

Cet ancien meilleur buteur de Wimbledon (époque Crazy Gang) a dépanné mais peu joué pour les Tangerines depuis leur accession miraculeuse à l’élite. 15mn symboliques dès la première journée de la saison, 70mn quand Ollie avait décidé d’aligner ses coiffeurs contre Villa en novembre, puis 20mn en début d’année 2011 contre Birmingham City. En début de mercato, on croyait Euell prêt à rejoindre son ancien pote de Wimbledon Chris Powell, récemment devenu entraîneur à Charlton Athletic (League One), mais rien de concret n’avait vu le jour avant la cloture du mercato. Il faut dire que l’ancien binôme de Carl Cort avait la tête ailleurs en janvier. Jason Euell a en effet dû se déclarer en faillite personnelle après avoir été victime de fraude (sa signature aurait été forgée) dans le cadre d’un business immobilier dans lequel il avait investi une bonne partie de ses économies. Le joueur a pu se remettre à penser football mi-février et s’est dégoté un prêt initial d’un mois en Championship avec les Doncaster Rovers (hors mercato mais en D2). Trois participations en matchs plus tard et Euell a ouvert son compte but pour Donny, d’un tir à raz-de-terre qui a touché les deux montants avant de passer la ligne. Un but synonyme de point pour son équipe face à Watford. Il est fort probable que l’ancien Reggae Boyz finisse du coup sa saison à Doncaster. Réponse aux alentours du 18 mars.

BOLTON : Tamir Cohen – L’Endeuillé

Milieu de terrain international israélien, 26 ans, 21 sélections

Au club depuis le 1er janvier 2008 (50k€), ex-Maccabi Netanya et Maccabi Tel-Aviv

Une première saison d’apprentissage, une seconde bien pleine (27 matchs de PL disputés) et cette saison des miettes seulement (deux fois 8mn en PL plus les matchs de coupe). L’arrivée d’Owen Coyle comme entraîneur a mis un coup d’arrêt net à sa carrière, alors que l’on était justement en droit de penser que son profil de joueur technique et plein de punch allait se révéler pleinement sous l’égide d’un entraîneur qui prone un jeu porté sur l’offensive. Dommage. On s’attendait alors à ce que le nom de Tamir Cohen garnisse les rumeurs de transfert à l’approche du mercato, mais un drame personnel le toucha le 20 décembre. Avi Cohen, père du joueur et ancien défenseur international israélien passé notamment par Liverpool et les Glasgow Rangers, s’était gravement blessé dans un accident de moto. Il succomba à ses blessures une semaine plus tard, à l’âge de 54 ans. On excusera le joueur de ne pas avoir donné la priorité à sa poursuite de carrière en début d’année. En lui souhaitant qu’il retouve du temps de jeu cette saison, ou qu’il puisse encore partir en prêt loin du Reebok Stadium.

CHELSEA : Fabio Borini – Le Pétard Mouillé

Attaquant italien, 19 ans

Au club depuis l’été 2007 (gratuit), ex-Bologne

Borini a montré le bout de son nez en équipe première la saison passée (8 bouts de matchs dont 4 en PL) au sortir de performances exceptionnelles avec la réserve des Blues, dont il est le capitaine et meilleur buteur. Las, Ancelotti n’a pas une seule fois fait appel à lui avec la Une cette saison. Regulièrement annoncé en instance de depart, notamment direction Parme pendant le mercato, le jeune capitaine de la sélection espoir italienne (25 sélections, 5 buts) ronge son frein à Stamford Bridge, contrairement à Daniel Sturridge qui marque quasimment un but par match depuis le début de son prêt à Bolton. Un Sturridge numériquement remplacé dans l’effectif des Blues par Fernando Torres, qui devrait définitivement confiner Borini au banc jusqu’à nouvel ordre. Un changement de club estival est vivement conseillé, histoire d’espérer pouvoir faire une ‘Giuseppe Rossi’ (intermittent du banc à MU avant d’éclore à Parme puis Villarreal).

EVERTON : Magaye Gueye – L’Arme Secrète

Milieu offensif international espoir français, 20 ans

Au club depuis juin 2010 (1.2M€), ex-Strasbourg

Sur le banc lors de 15 des 20 premiers matchs de championnat des Toffees, il est incroyable que le Bleuet n’ait pas pu grapiller la moindre minute de jeu avec l’équipe senior à ce jour. Ses débuts, il a dû les effectuer contre Huddersfield Town en match de coupe (3 apparitions cette saison, mais aucun but inscrit). Mi-octobre, son entraîneur David Moyes lui avait confié qu’il voulait faire de lui son ‘arme secrète’ (sic) et façonner sa manière de jouer sur celle de Steven Pienaar, qui a d’ailleurs récemment quitté le club pour Tottenham. Yakubu, Joao Silva, Vaughan, Agard et Tompson ont quitté le club en prêt cet hiver, mais toujours pas de place pour Magaye Gueye. Comble de la louse, le Français d’origine sénégalaise est au coude-à-coude pour une place de quatrième choix offensif au club avec Jose Baxter (19 ans), formé au club et qui a effectué ses débuts en équipe première contre Bolton mi-février (13mn). Sauf blessure d’au moins deux joueurs entre Saha, Beckford et Anichebe, on peut d’ores et déjà lui donner rendez-vous pour des bouts de matchs la saison prochaine.

FULHAM : Rafik Halliche – La Doublure Doublée

Défenseur central international algérien, 24 ans, 21 sélections, 1 but

Au club depuis août 2010 (1.5M€), ex-Benfica de Lisbonne, Nacional de Madère et Hussein-Dey

Brede Hangeland et Aaron Hughes ne sont jamais blessés, expulsés ou foncièrement mauvais. Halliche l’a appris à ses dépends en acceptant de devenir leur doublure numéro un à Fulham depuis l’été dernier. C’est donc fort logiquement que Mark Hughes ne lui a jamais proposé d’aller voir ailleurs, ne serait-ce que temporairement, mais on l’excusera donc de se sentir plus troisième gardien voué au banc que DC prêt à rentrer sur le terrain au moindre petit bobo de ses concurrents internes. Il a quand même pu goûter à ses 16 premières minutes de PL à domicile contre Stoke mi-janvier (2-0), mais depuis, c’est la dèche. Sa situation ne semble pas en voie d’amélioration, puisque Philippe Senderos, blessé depuis le début de la saison et qu’on n’avait plus vu à l’oeuvre depuis la Coupe du Monde sud-africaine, vient de reprendre l’entraînement et pourrait donc lui disputer son rôle d’Iznogoud de la chanière centrale des Cottagers. Et si Londres, plus connu pour ses renards errants, n’était finalement qu’une erreur d’orientation dans la carrière de ce Fennec?

LIVERPOOL : Milan Jovanovic – L’Erreur de Casting

Attaquant international serbe, 29 ans, 33 sélections

Au club depuis juillet 2010 (gratuit), ex-Standard de Liège, Lokomotiv Moscou, Chaktior Donetsk et Vojvodina Novi Sad

De dieu vivant en Ligue Jupiler à flop anglais, il n’y a qu’un pas. Le grand Serbe l’a franchi allègrement en s’entendant sur une poursuite de carrière à Anfield avec Rafa Benitez, qui n’a jamais eu le loisir de le manager. Il a vaguement eu sa chance en début de saison sous l’ère Roy Hodgson, mais n’a jamais convaincu. Le récent mondialiste n’a disputé que 96mn de PL en deux matchs depuis fin octobre. L’arrivée de Kenny Dalglish à la tête du club n’a pas changé le statut de l’ex-Standardman, qui doit toujours se contenter d’un statut de réserviste et d’un temps de jeu de plus en plus famélique. Plus tôt dans la saison, Jova pouvait se consoler avec des participations en Ligue Europa, mais Dalglish ne l’a pas invité au recent naufrage à Braga (défaite 1-0 au Portugal). Les embauches de Luis Suarez et Andy Carroll ont réduit ses chances de sélection à néant et ont été confirmées bien trop tard au cours du mercato pour que l’éventualité de son départ ne soit envisageable.

MANCHESTER CITY : Shaun Wright-Phillips – Le Mal-Aimé

Milieu droit international anglais, 29 ans, 36 sélections. 6 buts

Au club depuis août 2008 (10M€), ex-Chelsea et Manchester City (formé à Nottingham Forest)

Le fils adoptif du génial Ian Wright a effectué son retour en PL le week-end dernier dans l’indifférence générale lors des 5 dernières minutes d’une victoire routinière des Citizens (début février contre West Brom). On ne l’avait plus vu à telle fête depuis les 3 minutes qu’il avait disputés… mi-septembre! Une lueur d’espoir lors de la journée suivante via 38mn de jeu à Old Trafford (défaite 2-1) mais depuis les deux matchs de PL suivants se sont déroulés sans lui. Ses apparitions en matchs de coupe ne sont qu’un cache-misère (130mn de PL cette saison!). A Eastlands, la tentation serait grande de signaler Adam Johnson comme fonciérement sous-utilisé, mais le cas Wright-Phillips dépasse tout simplement l’entendement. Réclamé par Mark Hughes qui voulait le relancer à Fulham, il semble partie pour continuer à blanchir sa saison. Ces derniers jours, on annonce même qu’il pourrait être amener à s’expatrier en fin de saison… du côté du PSG! L’important c’est pas l’attérissage…

MANCHESTER UNITED : Bébé – L’Inconnu

Ailier ou attaquant international espoir portugais, 20 ans

Au club depuis août 2010 (8.5M€), ex-Vitoria Guimaraes (zéro match joué), Estrela da Amadora et Grupo Sportivo de Loures

Beaucoup ont pensé tout haut que Sir Alex avait perdu la boule quand il a accepté de dépenser une somme folle pour cet inconnu, sur les conseils de son ancien aide de camp Carlos Queiroz. A moins qu’il ne s’agisse d’une fixette sur le Cap Vert, la belle île d’origine de Tiago Manuel Dias Correia d’où Nani et Henrik Larsson (à moitié) sont aussi originaires. Force est de constater que pour l’instant, l’énigme Bébé reste entière. Peu convaincant avec la réserve des Red Devils, ses rares sorties en équipe première – 75mn en deux apparitions en championnat plus quelques matchs de coupes – n’ont permis à personne de s’apercevoir du bien-fondé d’un transfert aussi onéreux. Plutôt que de l’envoyer en prêt tel un vulgaire Manucho, le vieux sorcier écossais a probablement dans l’idée de façonner en interne ce talent brut. Son athlétisme, sa jeunesse, sa vitesse et le fait que MU ait déjà un effectif plus que suffisant lui permettent de prendre le temps d’éclore. N’empêche que les assidus de PL auraient bien aimé le voir un peu plus souvent à l’oeuvre dès cette saison, et qu’un prêt bien senti en division inférieure où à l’étranger l’aurait probablement aidé à grandir plus vite. Difficile de savoir si le conte de fée que vit Bébé trouvera sa ‘Happy End’.

NEWCASTLE : James Perch – Le Surclassé

Arrière droit ou milieu défensif anglais, 25 ans

Au club depuis juillet 2010 (1.7M€), ex-Nottingham Forest

Transféré pour la première fois de sa carrière l’été dernier, Perch a débuté son séjour chez les Magpies en trombe avec huit titularisations de rang. Objectivement trop limité et brouillon pour le plus haut niveau anglais, Chris Hughton l’a ensuite logiquement confiné aux oubliettes de St James Park. L’arrivée d’Alan Pardew à la tête du club début décembre lui a brièvement donné l’occasion de retrouver le devant de la scène (3 matchs de championnat sur 13 possibles pour 120mn de jeu), mais les retours de longues blessures en février de Steven et Ryan Taylor (aucuns liens de parenté) devraient transformer sa fin de saison en long fleuve tranquille. Il serait bon de miser une piécette ou deux sur un éventuel retour en Championship en fin de saison.

STOKE CITY : Salif Diao – Le Porteur D’Eau

Milieu défensif international sénégalais, 34 ans, 28 sélections, 4 buts

Au club depuis octobre 2006 (prêt puis gratuit), ex-Liverpool, Portsmouth, Birmingham City, Sedan et Monaco

Pour avoir le droit le faire partie de la bande à Pulis chez les Potters, il faut être athlétique, grand, dur sur l’homme, tendance bourrin. Diao coche tous ces paramètres mais semble avoir le malheur d’être l’élément le moins talentueux d’un effectif pourtant unidimensionnel (exception faite des ailiers volants Etherington et Pennant). Etrange carrière en somme que celle de l’ancien grand espoir africain, qui fut le fer-de-lance des errances de recrutement de Gérard Houllier chez les Reds, avec Igor Biscan ou Bernard Diomède, pour ne citer qu’eux. Employé par Stoke depuis 2006, son contrat chez les Potters était arrivé à son terme en fin de saison passée. Il a finalement été renouvelé faute de mieux quelques semaines plus tard, contre toute logique sportive et alors que le club lui avait préalablement fait savoir qu’il pouvait se brosser pour une prolongation. L’ancienne armoire à glace sedanaise joue donc les faire-valoir sans trop se faire remarquer, et n’est apparu que deux fois en PL cette saison. Une fin de carrière sans histoires avant de prendre sa retraite?

SUNDERLAND : Marcos Angeleri – L’Enigme

Arrière droit ou défenseur central international argentin, 27 ans, 3 sélections

Au club depuis juillet 2010 (2M€), ex-Estudiantes de la Plata

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la carrière anglaise de ce joueur a un mal fou à décoller. Recruté pour environ 2M€ l’été dernier, Angeleri commence tout juste à grapiller quelques minutes de jeu de ci de là : neuf en deux rencontres de PL pour être précis, tandis qu’il a été titularisé pour la première fois en match de coupe contre Notts County fin janvier. Les Black Cats s’étaient à cette occasion inclinés contre les anciens protégés de Sven-Goran Eriksson, qui évoluaient encore en League Two sous sa houlette la saison passée. Il y avait beaucoup de bois mort dans l’effectif à la disposition de Steve Bruce en cet hiver 2010/2011 et la flambée fut donc belle. Reid, Healy, McCartney, Kilgallon ou encore Paulo da Silva ont réussi à quitter le navire, mais Angeleri est resté à quai en compagnie des Riveros, Anton Ferdinand ou autre John Mensah. Etonnant qu’un retour en Argentine sous forme de prêt n’ait pas vu le jour en toute fin de mercato, pour ce joueur en situation d’échec total à l’occasion de sa première expatriation en Europe.

TOTTENHAM : Stipe Pletikosa – Le Quatrième pour la Belote

Gardien de but international croate, 32 ans, 80 sélections

Au club depuis août 2010, prêté par le Spartak Moscou pour la saison 2010/2011, ex-Hadjuk Split et Chaktior Donetsk

Il est un peu facile de tomber à bras raccourcis sur un gardien recruté comme doublure me direz-vous? Oui mais bon, pourquoi donc l’un des meilleurs portiers de l’EURO 2008 est-il venu s’enterrer comme trois ou quatrième choix chez les Spurs? Heurelho Gomes a pêché par le passé mais demeure titulaire indiscutable, Carlo Cudicini, même à 37 balais, reste vert et ne devrait pas se viander en moto tous les quatre matins, tandis que l’Espoir anglais Ben Alnwick est prometteur (et vient de filer en prêt chez les Doncaster Rovers). Ca sentirait presque l’année sabbathique bien payée, au chaud  dans les quartiers chics de Londres pour faire la fête avec ses compatri-potes Modric, Kranjcar et Corluka, non? Sportivement bien dommage, puisque Pletikosa n’a évolué qu’une seule fois cette saison en équipe première, lors d’une mémorable baffe infligée par le voisin honni d’Arsenal en FA Cup (4-1). Un retour-express à l’envoyeur s’impose, sachant que le Spartak n’a pas mieux à proposer en ce moment dans ses cages que l’anonyme international ukrainien Andrey Dikan (33 ans, 3 sélections, ex-Terek Grozny et Tavria Simferopol). Ouste feignasse!

WEST BROMWICH ALBION : Abdoulaye Méïté – Double Face

Défenseur central international ivoirien, 30 ans, 48 sélections, 1 but

Au club depuis août 2008 (2.6M€), ex-Bolton, Olympique de Marseille et Red Star 93

Clairement pas dans les petits papiers de Roberto di Matteo, l’ancien Olympien n’a été aligné que trois fois cette saison par son coach italien, qui plus est en matchs de coupes domestiques. Ne pas pouvoir grapiller la moindre minute de jeu au sein de la plus mauvaise défense de son championnat ça fait quand même un peu désordre. Rude pour le moral. Méïté cherchait ardemment la porte de sortie pendant le mercato et pensait l’avoir trouvée. Un prêt au Celtic de Glasgow, où il aurait tenté d’émuler l’ancien tracteur local Bobo Baldé était à l’étude, mais… Patatras! Di Matteo saute en plein mercato et se fait remplacer par Roy Hodgson, fraîchement congedié par Liverpool. L’ancien coach de Fulham ne veut laisser partir personne afin de jauger les forces en présence pour sauver le club d’une relégation qui lui pend au nez. Plus question de transfert au Celtic. On est en droit de penser que la saison de notre homme, mal engagée, va prendre un virage pour le pire avec confinement aux oubliettes… Et la lumière fut! Titularisé lors des deux derniers matchs de PL, Méïté a non seulement joué l’intégralité de ces deux rencontres à l’extérieur, mais aussi grandement contribué au renouveau de son équipe, qui vient de glaner 4 points en sa présence (1-1 à Stoke fin février puis victoire 3-1 à Birmingham City) alors qu’elle avait perdu 13 de ses 18 matchs toutes compétitions confondues avant l’arrivée d’Hodgson. Méïté est indubitable « ze success story » de cette liste de « prisonniers ».

WEST HAM : Benni McCarthy – Le Boulet

Attaquant international sud-africain, 33 ans, 79 sélections, 31 buts

Au club depuis janvier 2010 (3M€), ex-Blackburn, Porto, Celta Vigo, Ajax Amsterdam et Seven Stars

Attention phénomène! Les Hammers ont le mois dernier proposé 1.2M€ à l’ancien Bafana Bafana pour qu’il recouvre sa liberté contractuelle et déguerpisse au plus vite. Refus catégorique de l’intéressé, qui compte aller au bout de son contrat, en juin 2012, ce qui lui permettrait d’empocher environ 3M€ supplémentaires. Ses 326 minutes de jeu sur les 12 derniers mois pour un retour de zéro but défrayent la chronique, surtout vu son salaire hebdomadaire de 60.000 euros (il avait été recruté de Blackburn en janvier dernier pour 3M€). Neil Warnock l’avait bien mis à l’essai pour le compte des Queens Park Rangers (Championship) en janvier mais sans lendemains. Sheffield Wednesday se serait ensuite rencardé à son sujet pour un prêt, mais là encore refus du joueur, qui ne souhaite pas évoluer à un tel niveau (League One soit D3). Cette saison, Benedict a récolté cinq amendes de son club pour n’avoir pas atteint ses objectifs de perte de poids. Il lui en a coûté déjà près de 240.000 euros pour pouvoir pleinement assumer ses quelques 95 kilos. Cerise sur le gateau et les chicken nuggets qui vont avec, il s’est fait éjecter de la liste de 25 joueurs que le club souhaite utiliser d’ici la fin de saison en championnat. Winston Bogarde n’était finalement qu’un petit joueur !

WIGAN ATHLETIC : Daniël de Ridder – Le Plot

Milieu offensif néerlandais, 26 ans

Au club depuis juillet 2008 (gratuit), ex-Hapoel Tel-Aviv, Birmingham City, Celta Vigo et Ajax Amsterdam

Everton avait Andy van der Meyde et Wigan a son de Ridder. Au sortir d’une demi-saison 2009/2010 blanche, cet ancien international espoir hollandais (30 matchs, 2 buts) s’était rendu en prêt en Israël (12 matchs, 2 buts). Cette saison, il n’a eu les grâces de Roberto Martinez que le temps d’une apparition du banc en FA Cup; ça sent la fin de saison Playstation et un départ estival vers de nouveaux horizons en qualité d’agent libre.

WOLVERHAMPTON : Steven Mouyokolo – La Roue de Secours

Défenseur central français, 24 ans

Au club depuis juin 2010 (environ 3.4M€), ex-Hull City, Boulogne, Gueugnon et Châteauroux

Au sortir d’une première saison parmi l’élite anglaise encourageante (21 matchs disputés, 1 but), l’ancien Boulonnais aurait peut-être mieux fait de suivre les Tigers en Championship. Barré par les pourtant peu convaincants Berra ou autre Stearman, il n’a pris part qu’à 4 matchs pour 159 minutes de jeu cette saison. Les retours imminents de blessure de Michael Mancienne et du peintre et capitaine emblématique du club, Jody Craddock, n’arrangeront certainement pas ses affaires déjà mal engagées. Rien de mieux qu’une relégation de son club pour qu’il relance sa carrière anglaise en Championship?

Claude Lemourinho