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Focus – Moins connu mais plus chevelu que son homonyme de Chelsea, Sergio Torres s’est fait une place en Football League. Un long chemin pour l’Argentin, qui évoluait encore en quatrième division dans son pays natal, il y a une dizaine d’années.

« Je travaillais dans une usine de briques avec mon père quand je me suis dit : « Je ne veux pas faire ça toute ma vie ». Je savais qu’en Argentine, à 21-22 ans, si on ne joue pas en première division, il était impossible de gagner sa vie. Alors j’ai économisé pour me payer des billets pour l’Angleterre. »
Ainsi commence la folle aventure de Sergio Torres. En 2004, il quitte la chaleur argentine pour tenter sa chance à Brighton, lors d’un essai de deux semaines, avec £180 dans ses poches, et des rêves plein la tête.

Squats, « Goal! » et empilage de cartons

Mark McGhee, l’entraîneur de Brighton, qui l’a pourtant fait traverser l’Atlantique, est loin d’être convaincu par le talent du jeune Argentin.
« Tu es trop lent pour le football anglais, tu ne perceras jamais dans le milieu », lui déclare t-il.

« Chaque fois que je regarde le film « Goal! », ça me rappelle mes débuts en Angleterre. Je me suis fait jeter de Brighton pour le plaisir, il pleuvait, c’était tellement Anglais. Je ne pouvais pas le supporter. », se souvient Torres.
Un coup de massue pour l’Argentin, sans le sou, et obligé de squatter avec une pelletée de Camerounais (sans le sou également) dans une maison du sud de Londres.

« Bouge-toi de là, je dors ici aussi. »

« Un agent camerounais – je ne me souviens que de son prénom, Roland – m’a récupéré à l’aéroport à mon arrivée, puis m’a emmené dans une de ses maisons. J’étais si fatigué que je suis allé me coucher de suite. Une heure plus tard, quelqu’un m’a réveillé et m’a dit « Bouge-toi de là, je dors ici aussi ».
J’ai regardé par la fenêtre en pensant « Que suis-je venu foutre ici ? En Argentine, j’avais ma famille, mon travail, mon propre lit. Maintenant, je dois partager mon lit avec un parfait inconnu, à 15000 km de chez moi, et je ne parle pas un mot de la langue. »
Cette nuit-là, je n’ai pas dormi. Je me suis contenté de fixer le plafond, des heures durant.
»

Ceci n'est pas un montage.

Ceci n'est pas un montage.

Pourtant, Torres ne lâche pas son rêve. Il signe à Molesey, une obscure équipe de neuvième division, où il évolue pendant deux mois avant de partir pour Basingstoke Town (D7), où il restera deux ans.
Pour pouvoir vivre, Torres travaille à mi-temps chez Boots (une chaîne nationale de produits de beauté, d’hygiène et de pharmacie), où il empile les cartons dans la réserve.

« Je me levais à 5h du matin, prenais mon vélo pour aller travailler toute la journée, puis remontais à vélo pour aller disputer mes matchs à Basingstoke.
La première fois, j’étais tellement crevé que je me suis endormi dans les vestiaires, pendant le discours du coach. Ce jour-là, j’ai été élu homme du match.
»

Cependant, Torres ne parvient toujours pas à joindre les deux bouts, aussi s’installe t-il pendant plusieurs mois, avec un de ses coéquipiers et compatriotes, Cristian Levis, dans la maison d’un fan de Basingstoke.

« Il s’était marié deux mois auparavant. On a rencontré sa femme, et elle n’était pas impressionnée du tout. Son regard était loin d’être amical.
Ils ont laisser deux Argentins squatter chez eux comme ça, pendant plus ou moins quatre mois. On est devenus amis depuis, c’était assez fun.
»

Le Maradona du Buckinghamshire

La vista et la technique du jeune Argentin ne lui sert à rien dans les tréfonds de la Non-League.
« J’aime jouer à terre, mais ce n’était pas possible à Basingstoke. C’est là que j’ai appris le côté physique du football. En tant que milieu central, je voyais tous les ballons passer au-dessus de moi et je devais me battre pour récupérer les seconds ballons, c’était très dur. »

Le déclic a lieu en 2005, lorsque Basingstoke affronte les Wycombe Wanderers (D4, et un des blasons les plus moches du football professionnel anglais), lors d’un match amical de pré-saison.
Malgré la lourde défaite 8-2, Torres impression l’entraîneur adverse, John Gorman, qui décide de lui faire signer un contrat de deux ans.
« Il était au duel avec Rob Lee [Ancien mileu de Newcastle et des Three Lions, 21 capes], et n’a jamais lâché.
Personne n’aurait parié sur lui. Il avait juste besoin que quelqu’un croie en lui, et c’est ce que j’ai fait
», se souvient Gorman.

Ses longs cheveux bouclés font sensation à Wycombe, où il gagne un surnom, le Maradona du Buckinghamshire.
Au total, Torres restera trois ans chez les Chairboys et se paiera le luxe de disputer une demi-finale de League Cup contre le Chelsea de Mourinho.

En 2008, il rejoint Peterborough (D3), pour un montant de £150.000. Malheureusement, il n’y dispute que des bouts de matchs, et est mis sur la liste des transferts à la suite de la promotion du club.

« Je n’arrivais pas à assumer le montant du transfert, c’était trop. J’en suis arrivé au point où je ne voulais plus me rendre aux entraînements, et j’avais peur de toucher le ballon. »

S’ensuit alors un prêt tout aussi décevant à Lincoln (D4), avant, enfin, un transfert, chez les nouveaux riches de Crawley Town (D5).

Le théâtre des rêves

Retour en bas de l’échelle pour Torres, qui s’impose de suite comme un maillon essentiel des ambitieux Red Devils.
L’objectif affiché du club est d’accéder à la Football League dès la fin de la saison, ce qui sera fait avec brio, Crawley remportant la division avec 15 points d’avance sur le second, et plus de 100 points au compteur.

Mais c’est surtout l’épopée du club en FA Cup qui marque les esprits.
Torres inscrit dans les arrêts de jeu le but de la victoire 2-1 contre Derby County (D2) au troisième tour, plongeant ses supporters dans la liesse la plus totale. Au tour suivant, les Red Devils se débarrassent facilement de Torquay, pourtant une division au-dessus, et accèdent ainsi à une affiche de rêve en huitième de finale : un déplacement à Old Trafford, pour y affronter Manchester United (voir l’article de Kevin Quigagne, Red Devils v Red Devils).

« C’est ma plus grande réussite, avoue Torres. Le premier match que je suis allé voir en arrivant en Angleterre était à Old Trafford. Je rêvais de jouer là-bas un jour, mais je venais de signer à Basingstoke.
Quand, finalement, nous avons affronté Manchester, j’ai repensé à mes débuts à l’usine de briques. C’était l’achèvement d’un long voyage.
»

Crawley s’inclinera 1-0 sur un but de Wes Brown, devant ses 9000 et quelques fans ayant fait le déplacement, manquant d’un cheveu le replay (la tête de Richard Brodie heurtera la barre à la 93e minute).
C’était la première fois depuis 1994 qu’un club de Non-League accédait aux huitièmes de finale de la FA Cup.

Depuis, Crawley a repris son petit bonhomme de chemin (promotion en D4 en 2011 donc, puis promotion en D3 en 2012, avant une 10ème place la saison dernière).
Torres, lui, joue de moins en moins, la faute à des blessures récurrentes. Peut-être l’heure d’un nouveau départ pour une nouvelle belle histoire ?

Comme dans Pokémon, Torres possède deux évolutions.

Comme dans Pokémon, Torres possède deux évolutions.

La carrière de Torres

Saison Club Division Matchs Buts
2002-2004 Club Atletico Bansfield D4 Arg.
2004 Molesey D9
2004 Basingstoke Town D7 69 matchs 10 buts
2004-2005 D6
2005-2006 Wycombe Wanderers D4 24 matchs 1 but
2006-2007 Wycombe Wanderers D4 20 matchs 0 but
2007-2008 Wycombe Wanderers D4 44 matchs 5 buts
2008-2009 Peterborough United D3 15 matchs 1 but
2009-2010 Lincoln City (prêt) D4 9 matchs 2 buts
Peterborough United D2 9 matchs 0 but
2010-2011 Crawley Town D5 45 matchs 6 buts
2011-2012 Crawley Town D4 45 matchs 3 buts
2012-2013 Crawley Town D3 28 matchs 0 but
2013-2014 Crawley Town D3 11 matchs 0 but

Sources : ici, ici et ici.

Demain, devant les caméras d’ITV, Crawley Town, D5 (les « Red Devils »), tentera de créer l’exploit pour atteindre les quarts de finale de la FA Cup : éliminer Manchester United. Un pari insensé. Mais si des non-Leaguers sont capables de réaliser ce tour de force, c’est bien les Red Devils du Sussex, un vrai club déjanté. Eux croient dur comme fer au miracle.

Au sommaire du dossier :

  • Man United en bave plus contre les D5 qu’en Ligue des Champions
  • Un Cendrillon de Cup « bastard child » de Man City et Millwall
  • Un club punk-viking au passé sulfureux
  • Bruce Winfield, le nouveau propriétaire, més que un Messie
  • L’extraordinaire aventure anglaise de l’Argentin Sergio Torres, le « Maradona du Buckinghamshire »
  • Un effectif armé pour la Football League. Et Shearer dans les buts.
  • Le manager le plus controversé d’Angleterre
  • Un speaker du stade bien allumeur… qui rend fou Robbie Savage !
  • Le génial clip des supps (chant de pour la Crawley FA Cup) : « A message to you Rooney »
  • Fiche du club
  • Dix raisons de supporter Crawley… et quelques unes de les siffler

En atteignant les quarts, Crawley deviendrait ainsi le premier club de non-League (D5 et en dessous) à réaliser cet exploit. Depuis la deuxième guerre mondiale, seuls cinq autres clubs de non-League ont atteint les huitièmes, sans toutefois  parvenir à se hisser en quart. Ils sont : Colchester United, 1948 ; Yeovil Town, 1949 ; Blyth Spartans, 1978 ; Telford United, 1985 ; et Kidderminster Harriers en 1994 (éliminé par West Ham, 1-0).

Crawley, le petit poucet de la coupe, ne craint personne et le passé récent leur donne raison. Par deux fois ces dernières années, Manchester a bien failli se faire sortir de la Cup par des équipes de D5. Et personne en Angleterre n’a oublié l’élimination de Newcastle United (D1) en février 1972 par Hereford United (D5), lors d’un replay de 32è de finale. A ce jour, considéré comme le plus grand exploit de la FA Cup.

 

Man United souffre plus contre les non-Leaguers qu’en Champions’ League

La non-League, ce sont les divisions hiérarchiquement inférieures à ce que l’on appelle traditionnellement « League Football », c’est-à-dire les 92 clubs 100 % professionnels qui composent la Premier League et la Fooball League (D2 à D4). Avant le démarrage de la PL en 1992, ce club des 92 évoluait dans la même structure, la Football League (quatre divisions à l’époque), et ce, depuis 1888. Voir ce wiki sur la structure des divisions en Angleterre.

Au sommet de la pyramide non-League (dix-neuf divisions en tout), se trouve la Conference National (D5), Blue Square Premier ou BSP pour les intimes (une poule nationale à 24 clubs, à 75 % professionnelle). La non-League est très cotée et suivie. Elle a le droit à son propre hebdomadaire et même à un superbe mensuel de 120 pages (ainsi qu’à plusieurs émissions de radio). Depuis cette saison, le club (nouvellement) argenté de Crawley fait sa loi en BSP, en compagnie des deux autres caïds de la division, l’AFC Wimbledon et Luton Town (les Red Devils sont 2è mais comptent quatre matchs de retard sur le leader, Wimbledon).

Deux clubs de D5 ont bien failli sortir Man United de la FA Cup ces dernières années. Exeter City, en 2005, qui tient en échec les Red Devils 0-0. Et Burton Albion en 2006, qui frôle l’exploit, 0-0, alors qu’ils avaient dominé les Red Devils.

Tombeur successivement de Swindon (D3) en 64è, puis Derby (D2) en 32è et Torquay (D4) au tour précédent (16è), Crawley, surnommé « Le Man City de la D5 » n’avait pas gagné un seul match de FA Cup depuis huit ans !

Aussi déséquilibré que puisse paraître cette confrontation, plusieurs exploits accomplis au détriment de Man United donnent espoir au « minnow » (cendrillon) de la coupe. Tout d’abord, en septembre 1995, York City, mal classé de D3, bat les Mancuniens 3-0 à Old Trafford en Coupe de la Ligue, une confrontation mémorable ! Puis en janvier 2010, en 32è de FA Cup, Leeds (D3) élimine MU sur ses terres, 1-0.

Plus près du niveau de Crawley, deux clubs de D5 ont sacrément donné du fil à retordre à MU ces dernières années. En janvier 2005, en 32è, Exeter City tient en échec les Red Devils 0-0, avant de perdre le replay 2-0 à Old Trafford. Les Grecians empochent un gros chèque de plus de 700 000 £ qui leur permet de rembourser une partie des dettes laissées par l’effroyable gestion du surréaliste trio Uri Geller-John Russel-Michael Jackson (Honorary Director), et David Blaine, « Special Board guest » (une ardoise de 4,5M de £, avec redressement judiciaire, relégation et tribunal à la clé, voir le Show Michael Jackson à Exeter City).

Puis, en janvier 2006, c’est au tour de Burton Albion, à domicile, de frôler l’exploit, 0-0, alors qu’ils avaient dominé les Mancuniens (ils s’inclineront 5-0 lors du replay 5-0). L’énorme chèque reçu (1M de £) finança largement la montée des Brewers en Football League trois ans plus tard.

 

La devise du Cendrillon de la coupe : No one likes us, we don’t care

Crawley, ville nouvelle de cent mille habitants située entre Londres et Brighton n’est pas une place forte du football, contrairement à ses principaux rivaux de D5, Luton et Wimbledon (tous deux ex pensionnaires de D1). Le club n’a jamais évolué en Football League et l’affluence moyenne cette saison n’est que de 1 936 spectateurs. Leur stade, Broadfield Stadium, est à trois kilomètres de Gatwick à vol d’Airbus à 150 décibels et le raffut incessant des réacteurs au-dessus des tribunes a tendance à casser l’ambiance. Aucune « Cup Fever » notable non plus dans cette ville mi-dortoir, mi-parking d’aéroport. Pour le côté « romance de la coupe », on repassera.

On a du mal à s'entendre au-dessus du stade

On a du mal à s'entendre au stade de Crawley

Ce match sera l’occasion d’un face-à-face entre deux Glasvégiens, Sir Alex, (pro-Rangers) et le manager de Crawley, le très décrié Steve Evans. Un pro-Celtic au sang chaud qui n’hésite pas à faire le coup de poing sur la ligne de touche pour un oui ou pour un non, et qui colle bien à l’image de mal-aimé du club.

Crawley est le grand paria de la non-League, un club souvent affublé de l’étiquette « que les autres aiment détester ». Le chant favori des adversaires de Crawley est : « You’re just a car park for Gatwick ». Les Diables Rouges bis sont aussi parfois dépeints comme un croisement entre Man City et Millwall, aussi bien pour leur train de vie de nabab que leur style agressif, sur et en dehors du terrain (ainsi que pour leur entraîneur, voir plus bas). Mais aussi car, à l’instar des Lions de Millwall, leur devise non-officielle est « No one likes us, we don’t care ».

Crawley, le « Bastard child » de Man City et Millwall

Et ce n’est pas la visite discourtoise chez les Gulls de Torquay au tour précédent qui aura amélioré leur image. Ce 16è de Cup tint plus de la descente de vikings que d’un match censé perpétuer la « magie de la Cup ». En l’espace de quelques heures, les incidents furent légion. Entre le refus de respecter les consignes du club hôte ne pas s’échauffer dans la surface, et les altercations entre membres du staff avant le match (deux jardiniers du club expulsés du terrain manu militari par des Crawleysiens, dont l’entraîneur-adjoint, Paul Raynor), en passant par les actes antisportifs et grossières simulations de plusieurs joueurs Reds, la fée de la coupe n’osa pas pointer le bout de son nez.

Bilan de cette rencontre aussi dingue que houleuse : 2 expulsions, 10 cartons jaunes, 2 bagarres générales, 2 pénaltys ratés (par Crawley) et deux épisodes chiqué dignes de Rivaldo pour couronner le tout ! Ce raid punk dans le paisible Devon déclencha l’ire de l’habituellement flegmatique Chris Coleman, l’ex Cottager aujourd’hui consultant télé, et alimenta une mini polémique dans la presse tabloïd. Le Gallois, sur ITV :

« Autant il faut saluer l’exploit sportif de Crawley, autant leur comportement à Torquay a été déplorable. Ils ont créé des tensions et provoqué des altercations avec le staff de Torquay, et ces simulations, c’est lamentable ! Crawley a vraiment manqué de professionnalisme et de respect vis-à-vis de leurs adversaires. »

Réponse de Ben Smith, milieu de terrain de Crawley :

« Coleman a prouvé à quel point il est ignorant. Le problème, c’est qu’on a monté le résumé de telle manière que Crawley se retrouve dépeint sous un mauvais jour, simplement pour raconter encore des histoires sur notre compte. C’est totalement injuste. »

Evans, en pleine crise de zénitude

Evans, en pleine crise de zénitude

 

Un club au passé récent sulfureux

Il faut dire que le passé récent du club ne plaide guère en sa faveur. En 2005, Crawley, alors en D6 avec un statut semi-pro, est racheté par les Frères Majeed, Chas (président) et Azwar (propriétaire), qui décident de professionnaliser entièrement l’effectif du jour au lendemain. Plusieurs joueurs clés, qui ont de bons boulots dans le civil se trouvent alors dans l’impossibilité de combiner activité professionnelle et entraînement quotidien. Entre un statut pro précaire et un emploi stable bien payé, le choix est vite fait pour cinq d’entre eux qui raccrochent les crampons. Rapidement, l’ambiance se détériore et les résultats deviennent catastrophiques, vite suivis de problèmes financiers insurmontables.

En cours de saison, les Majeed imposent une solution radicale… les contrats seront divisés par deux ! Trois mois plus tard, Les Bruise Brothers mettent toute l’équipe en vente… L’été 2006, Crawley est placé en redressement judiciaire et se voir retirer  dix points. La situation financière est tellement grave que le club échappe de peu à la liquidation pure et simple, synonyme de disparition du paysage footballistique. Il ne s’en faut littéralement que de 24 heures pour que ce club ne soit rayé de la carte, et disparaisse (ou recommence à zéro dans les bas-fonds de la non-League).

Les instances interdisent alors aux Majeed de diriger le club mais ces derniers se dégotent une responsabilité quelconque au sein du club et continuent à tirer les ficelles. Aussitôt, les supporters organisent des manifestations de pression pour les évincer, dont une « Red Card Campaign ». Entre temps, la police enquête sur les douteuses activités d’Azwar Majeed, aussi bien sur ses nombreux business que ses magouilles au club (entre autres, évasion fiscale et détournements de fonds). La brigade financière met à jour une impressionnante collection de délits et autres malversations impliquant directement le club. Majeed sera condamné en avril 2009 à trois ans et demi de prison.

Azwar Majeed, l'ex boss véreux de Crawley

Azwar Majeed, l'ex boss véreux de Crawley

Surnommé le « Booze Baron » (il a fait fortune dans la vente d’alcool), ce multi-récidiviste, qui compte dix condamnations à son casier, menait grand train de vie. Il possédait de multiples biens immobiliers et commerciaux et raffolait des bolides, il n’en avait pas moins de trente-cinq ! (dont une Ferrari Enzo, des Bentley, Lamborghini et Ducati). Le gros hic c’est que Majeed ne se contentait pas d’une ou deux niches fiscales plus ou moins légales, lui, c’est la totalité du chenil qu’il lui fallait. Ses nombreuses affaires généraient au bas mot 40M de £ annuels (surtout du liquide) mais Majeed ne payait que 3 155 £ d’impôts par an !

La police confisque une partie de ses biens, et déniche même 505 000 £ en cash planqués dans un coffre du magasin londonien Harrods, non déclarés bien sûr. Cet argent sert à rembourser partiellement les dizaines de créanciers (1,8M de dettes) mais le club perd toujours 400 000 £ par an. Les administrateurs mettent même le club en vente mais personne ne se manifeste… sauf un membre de la famille Majeed ! (éconduit par l’administrateur judiciaire). Le club démarre la saison suivante à moins dix au classement, et un effectif squelettique.

 

Le sauveur arrive au printemps 2008

En avril 2008, Bruce Winfield (Prospect Estates Holdings) et le couple Carter, des hommes d’affaires du coin et supporters de Crawley depuis toujours, reprennent le club et commencent l’entreprise de réhabilitation. Les choses sérieuses démarrent, vu que la majorité des clubs de cette division sont devenus professionnels. L’ex comptable à British Airways fait les choses dans l’ordre. D’abord, entre 2008 et mars 2010 (menaces de nouveau redressement judiciaire), aidés d’investisseurs (anglais) basés à Hong-Kong et dans le Golfe Persique, il rembourse toutes les dettes. Ensuite, l’été 2010, une fois le club stabilisé, Winfield recrute malin, et gros. Il sort le chéquier et explose le record de la non-League : un demi million de £ !

Bruce Winfield, le messie

Bruce Winfield, le messie

Winfield le passionné, qui aurait tenté de faire venir Robert Pirès à Crawley, déclare dans les colonnes du Daily Telegraph deux jours avant le 16è contre Torquay :

« Effectivement j’aurais pu investir mon argent dans des actions British Telecom ou Marks & Spencer, j’aurais sûrement gagné au change ! Mais j’ai pris une décision émotionnelle quand j’ai repris ce club en 2008. Je le supporte depuis 50 ans. Et sur mon certificat d’action, y’aurait pas marqué « victoire contre Derby County en 32è de FA Cup ». Vous savez, je vis modestement, toutes ces rumeurs me comparant à Sheikh Mansour sont amusantes mais infondées, je roule en Toyota Prius, pas en Ferrari. »

Néanmoins, même le « squeaky clean » Bruce Winfield n’échappe pas à la controverse, beaucoup d’autres clubs et supporters de Crawley le soupçonnant d’avoir associé Steve Evans à la reprise du club (alors qu’il était interdit de gestion de club), ce que Winfield a toujours démenti.

 

Le seul Torres en FA Cup

Sergio Torres, la vedette médiatique du club, ex joueur de D2 à Peterborough et darling des tabloïds comme des « broadsheets » (presse dite de qualité). D’ailleurs, le beau Sergio vient de signer un « exclusive deal » avec The Sun. Le logo de la feuille de chou murdochienne figure aussi sur le short des joueurs depuis les 32è. Torres, sur cette association, dans le Sun du 31 janvier :

 « Avoir le logo du Sun sur le short nous rend plus rapide »

Espérons que ça n’ait aucun effet sur le cerveau. Torres, c’est d’abord un vrai conte de fée, comme il sied tant à Dame Coupe.

Au début des années 2000, cet Italo-Argentin originaire de Mar del Plata évolue à Banfield (D4). Il poursuit des études d’EPS mais ne rêve que d’une chose : être professionnel. Après un essai infructueux à Boca Juniors, il se dit que cela lui sera impossible en Argentine. Un agent lui conseille de tenter sa chance en Angleterre, et envoie des clips de Torres à plusieurs clubs anglais. Bingo. Brighton (D2) lui offre un essai de deux semaines.

Sergio, le seul Torres en FA Cup

Sergio, le seul Torres en FA Cup

En avril 2004, Torres a 20 ans et débarque sur la Riviera anglaise avec trois sous en poche. L’entraîneur des Seagulls, Mark McGhee, un Ecossais amateur de jeu musclé, le met à l’essai pendant deux semaines mais n’est pas convaincu. Fidèle à sa réputation d’homme direct, McGhee n’y va pas par quatre chemins au moment du bilan final :

« Sergio, t’es un bon joueur, c’est indéniable, mais t’es pas assez costaud, ni assez rapide, et physiquement, c’est pas ça, tu m’as l’air hors de forme. Je ne vais pas te raconter d’histoires, à mon avis, tes chances de devenir pro en Angleterre sont infimes. »

Torres accuse le coup. Sur cette période noire de sa vie, l’Argentin raconte, dans son Sun :

« Moi, je pensais avoir donné satisfaction. J’étais extrêmement déçu de ne rien décrocher, pas même un petit contrat, il m’avait fallu deux ans en Argentine pour économiser l’argent du billet d’avion et des formalités, plus de 1 000 £. J’avais le bourdon mais je me suis accroché, j’ai payé pour prolonger mon billet d’avion car je me voyais pas rentrer chez moi sur un tel échec. J’ai été blessé par les mots de McGhee mais ça m’a aussi galvanisé, même si sur le coup, il avait raison, il fallait que je m’endurcisse et travaille ma condition physique. »

C’est alors le début d’une longue odyssée anglaise qui va lui faire découvrir six clubs dans cinq divisions différentes, à la dure.

 

Des années de galère pour le « fucking Argie »

Torres atterrit à Molesey, sud de Londres (D8, l’ex club de Cyrille Regis), et découvre la dure réalité des tréfonds de la non-League. Il partage une maison bondée – et même un lit – avec des immigrés plus ou moins clandestins, surtout des Camerounais qui, comme lui, vivotent de petits boulots.

Avec ses chaussures brillantes, son énorme serre-tête blanc, sa tignasse, ses retournés acrobatiques et ses gris-gris, Torres ne passe pas inaperçu en non-League. En juin 2005, il décroche un contrat semi-pro, à Basingstoke Town (D6), dans l’Essex. Semi-pro… quel joli « misnomer » ! Un terme glamour des plus trompeurs ; semi-amateur serait plus près de la réalité. Le plus souvent, ça signifie toucher 100 £ par semaine et évoluer devant 300 spectateurs. En plus de ses entraînements quasi journaliers, Torres bosse comme magasinier pendant un an et demi. Il en bave sérieusement :

 « L’argent que je touchais couvrait à peine mes dépenses. C’était très difficile pour moi, je n’avais même pas de logement, rien. Mais un supporter de Basingstoke, John Gray, m’a accueilli chez lui et m’a aidé à trouver un boulot de magasinier à Boots. Je me levais tous les jours à 5 h du mat’ et je me rendais au boulot en vélo, par tous les temps. Et ensuite, fallait jouer, le samedi, c’était dur, j’étais rincé. La première fois, j’étais tellement claqué que je me suis endormi pendant la causerie d’avant-match ! Tout me manquait terriblement, ma famille, mes amis, ma culture, le climat, la  plage… J’ai détesté cette période de ma vie. »

La guerre des Malouines a laissé des traces en Angleterre

La guerre des Malouines a laissé des traces en Angleterre

En plus de ces difficultés, il doit endurer la xénophobie. Les « fucking Argie » (= Argentin) sont monnaie courante. Torres se rend compte que son pays n’a pas toujours la cote en Angleterre. Il se remémore ces moments douloureux dans une interview Guardian de 2008 :

« Certains adversaires n’arrêtaient pas de m’injurier, par rapport à la guerre [des Malouines], et insultaient ma famille. C’était dur, fallait encaisser. J’ai failli me faire expulser plusieurs fois. »

A Basingstoke, il dispute une quantité phénoménale de matchs (69 en une saison et demie !), marque une dizaine de buts mais ne voit toujours pas se profiler à l’horizon ce fameux contrat pro pour lequel il a tout sacrifié. Et il ne peut pas rester éternellement en Angleterre à faire du couch surfing et se faire pourrir en D6. Mais, à l’intersaison 2005-2006, la chance lui sourit. A l’occasion d’un match amical contre une équipe de Football League, Wycombe Wanderers (D4), Basingstoke gagne 7-2 et Torres impressionne John Gorman le nouvel entraîneur des Wanderers, qui a succédé à Tony Adams (yes, l’ex Gunner).

 

Le « Maradona du Buckinghamshire »

Wycombe (Buckinghamshire) le recrute sur le champ et lui offre son premier vrai contrat de deux ans. Pas le Pérou, même pour un Sud-Américain, il ne touche que 1 300 £ par mois, mais il se dit qu’il a peut-être mis le pied à l’étrier. Après un début tonitruant du club cette saison (21 matchs invaincus), Torres accumule les pépins physiques au mauvais moment.

Saison 2006-2007, Wycombe réalise l’exploit de se hisser en demi-finale de Coupe de la Ligue, après avoir éliminé deux équipes de PL, Charlton et Fulham (ils seront sortis par Chelsea après un 1-1 à domicile). Malheureusement, Torres est blessé…

Décembre 2007, le moral est au plus bas. Il est immobilisé depuis cinq mois (tendon) et veut retourner en Argentine. Ses parents lui rendent visite et le poussent à rester. Il revient, s’arrache et cette saison-là, le magazine Four Four Two élit Torres « 76ème meilleur joueur en dehors de la Premier League ». En Football League, sa belle technique impressionne, on l’appelle « Le Maradona du Buckinghamshire ». Voir clip. Le Guardian sort les dithyrambes. Dont ce clin d’oeil :

« Il ne fait aucun doute que Sergio Torres est unique à ce niveau, et sur un plan général. Il est le seul Argentin qui se soit retrouvé magasinier à Boots après avoir eu un essai avec Boca Juniors. »

En juillet 2008, il signe pour Peterborough (surnommé Posh, club de D3) pour 100 000 £, alors dirigé par Darren Ferguson. Posh finit 2ème et monte en D2. mais il ne parvient pas à se faire une place de titulaire. Nottingham Forest se manifeste mais ne donne pas suite. L’ambitieux Crawley Town le recrute l’été dernier pour 50 000 £, probablement l’une des affaires de la saison dans le foot anglais.

Le 10 janvier, d’un beau tir du gauche, il marque le but victorieux contre Derby County (D2) dans les arrêts de jeu et envoie les Diables Rouges en 16è dans le délire le plus total.

Victoire de Crawley sur Torquay, plus chaud que le derby River Plate - Boca Juniors

La victoire de Crawley sur Torquay, plus chaud que le derby River Plate - Boca Juniors

Au tour suivant, contre Torquay, après la féroce bataille, Torres, déclare :

« Ça m’a rappelé le derby River Plate – Boca Juniors, un match dingue. Moi, j’ai joué les Javier Mascherano ! Mon but est digne du grand Torres ! J’espère qu’un jour je jouerai avec lui, même dans un parc, ça me suffirait. A peine le match fini, j’ai appelé mes parents, ils avaient regardé le match sur internet, c’était intense, on pleurait tous au téléphone. »

 

Des joueurs armés pour la Football League

Outre Torres, il y a… Shearer ! Scott Shearer, le gardien remplaçant. Mais la vedette de l’équipe est incontestablement Matt Tubbs. Surnommé le « Berbatov de la D5 », 25 buts en 26 matchs de championnat cette saison, l’ex maître-nageur est chaud comme la braise en ce moment, auteur d’un hat-trick le week-end dernier.

Cet ex stagiaire de Bolton est la révélation non-League de l’année et compte une cape en équipe d’Angleterre C (sélection des meilleurs non-Leaguers). Le mois dernier plusieurs clubs de D2 se seraient montrés intéressés mais Crawley a refusé de discuter, l’objectif obsessionnel étant la montée. Tubbs a inscrit presque 200 buts en 308 matchs de non-League.

Richard Brodie (attaquant) est une autre pièce maîtresse de l’effectif. Cet ex ébéniste attaquant de 23 ans est la recrue la plus chère du club et le nouveau record entre deux clubs de non-League : 200 000 £ payés à York (D5).

Parmi les autres cadres, citons le bouillonnant latéral gauche Dean Howell, un « journeyman » de 30 ans et déjà quinze clubs (presque tous de non-League).

Sans oublier l’excellent milieu central et capitaine Pablo Mills, 26 ans, qui évolue parfois arrière central et qui a joué pendant trois ans en D2, à Derby County. Signalons aussi Ben Smith, milieu offensif, formé à Arsenal ; ainsi que Craig McAllister, un athlétique attaquant écossais de 30 ans qui posséde une solide expérience de la Football League, notamment à Exeter City.

Tubbs, Brodie, Torres et quelques autres : des joueurs achetés à la concurrence l’été dernier pour environ 500 000 £, somme énorme pour la non-League. De quoi se faire des jaloux, et quelques ennemis, surtout quand votre manager est le personnage le plus décrié du football anglais.

Dean Howell, Matt Tubbs, Craig McAllister, Pablo Mills, Sergio Torres, Kuipers

Dean Howell, Matt Tubbs, Craig McAllister, Pablo Mills, Sergio Torres, Michel Kuipers

Steve Evans, le manager le plus controversé d’Angleterre

Steve Evans est un Ecossais de Glasgow qui traîne plus de casseroles que le rayon Arts Ménagers du BHV n’en stocke. Même la photo de son Wiki le montre escorté par un Bobby. Une « hot head », souvent flanquée de son fidèle adjoint Paul Raynor. Un duo habitué des confrontations musclées avec le staff adverse et le corps arbitral (innombrables suspensions et amendes). Les arbitres de non-League détestent arbitrer Crawley, il n’est pas rare qu’Evans tambourine à la porte de leur vestiaire bouclé à double tour…

Evans est le vilain de la pièce, et à ce titre, il est souvent la cible des supporters adverses. Il endosse avec plaisir le costume du méchant :

« Comme le dit mon compatriote Sir Alex, si les supps adverses s’en prennent à un entraîneur comme moi, c’est que je les dérange, et c’est tant mieux, ça veut dire que je fais bien mon boulot. »

Mais ce n’est pas vraiment pour ses nombreux écarts sur la ligne de touche ou ses déclarations provocantes qu’Evans irrite tant que cela. Beaucoup ont le sentiment qu’Evans s’en est tiré à trop bon compte dans le retentissant scandale Boston United du début de la décennie 2000, y compris les propres supporters du club du Lincolnshire, parfois appelé le « sleeping giant of the non-League ».

Les arbitres de non-League prient pour ne pas arbitrer Crawley. Il n’est en effet pas rare que leur manager, Steve Evans, tambourine à la porte de leur vestiaire bouclé à double tour… Un jour, la police est même obligée d’escorter Evans hors du stade car il menaçait le quatrième arbitre.

Quand Evans arrive à Boston United en 1998, les Pilgrims végètent en D7. En l’espace de quatre saisons seulement, l’Ecossais les catapulte en D4 ! Problème, cette progression en flèche s’est faite dans l’irrégularité la plus totale : falsifications de contrats et documents, malversations financières, évasion d’impôts, bidouillages de comptes, etc. Nombre de clubs de non-League ont le sentiment que Boston a faussé le championnat pendant toutes ces années et, au final, a privé certains d’entre d’eux d’une légitime place en Football League, synonyme de prestige et statut professionnel garanti.

En janvier 2003, la FA suspend Evans pour vingt mois. Puis, le club lui casse son contrat… avant de le prier de revenir deux ans plus tard ! Un retour qui s’accompagne de deux nouvelles affaires de fraude en 2005 et 2006 (évasion de fonds, 250 000 £, prison avec sursis), auxquelles d’ajoutent des amendes et suspensions pour insultes et menaces envers le corps arbitral.

Le 11 février 2006, la police est même obligée de l’escorter hors du stade de Grimsby à la mi-temps à la suite d’une conduite violente envers le quatrième arbitre… Evans reste cependant en place, protégé par le président du club, qui accuse ses détracteurs de « conspiration ».

Finalement, en mai 2007, Boston est relégué de deux divisions (de D4 à D6), en banqueroute totale et placé en redressement judiciaire. Evans, quant à lui, en a profité pour s’éclipser à Crawley deux jours après avoir démissionné de Boston, laissant derrière lui colère et chaos [ndlr : en 2010, Boston remontait tout juste de D7]. Il emmène dans ses bagages son fidèle lieutenant Paul Raynor. Le duo a été recruté par Azwar Majeed, celui aux trente-cinq bolides et comptes frelatés. Entre escrocs, commentent les observateurs de la non-League, ces deux-là avaient toutes les chances de s’entendre. Malgré ses déboires, Evans est loin de s’être assagi. Au cours de la saison 2007-2008, il est expulsé du banc six fois ! La saison suivante, il écope d’une suspension de banc de dix matchs.

Steve Evans, souvent marqué à la culotte par la marée chaussée

Steve Evans, souvent marqué à la culotte par la marée chaussée

Récemment interrogé par le Daily Telegraph sur les talents de gestion très particuliers d’Evans, Winfield, le propriétaire de Crawley, rassure :

« C’est vrai que nommer Steve comme entraîneur a pu être perçu comme un risque. Mais ici, c’est moi qui gère les contrats, le recrutement et les finances. Steve ne s’occupe que du terrain et de la détection. »

Et c’est vrai qu’Evans est calé pour dénicher des perles rares, telles Matt Tubbs, qui ne coûta que 70 000 £ mais risque d’en rapporter cent fois plus si le club monte en Football League. Il est forcément beaucoup question d’argent dès qu’on évoque Crawley, et ça ne plaît pas à tout le monde…

 

Un speaker original qui allume Robbie Savage

C’est cette opulence qui fit dire à Robbie Savage (consultant BBC et à 36 ans, toujours milieu de Derby County, adversaire de Crawley en 32è) que « plusieurs joueurs de Crawley étaient mieux payés que certains à Derby. » (grosse cylindrée de D2). Ce que démentit aussi Winfield, en précisant que le plus gros salaire du club (Sergio Torres) n’est que de 3 000 £ / mois.

Un Robbie Savage comiquement annoncé par Steve Leake, le speaker du stade de Crawley :

 « […] Et portant le numéro 8, l’homme que nous attendions tous avec impatience, Robbie « I can’t get near the ball anymore » Savage. »

Le fantasque Gallois, autant vexé par l’élimination nette et sans bavure de Derby que par la pique du speaker, attendit le lendemain pour piquer sa crise à la radio (et dans son billet du Mirror). Il menaça de « lui coller le micro à ce speaker là où le soleil ne brille pas. ». Déclarations immédiatement suivies d’une mini polémique, puis d’excuses de Robbie.

Robbie "I can't get anywhere near the ball anymore" Savage

Robbie "I can't get near the ball anymore" Savage

En tirant au sort Man United, Crawley s’assure un chèque de plus d’1,5M de £ (partage des recettes d’Old Trafford et droits télévisuels –  plus 90 000 £ de la FA pour leur victoire en seizième, manne qui s’ajoutera aux 140 000 déjà versés par la fédération). Et bien plus encore si Crawley l’emporte… Un espoir fou qu’entretiendront les 9 200 Crawleysiens présents à Old Trafford. Des supporters qui entonneront sûrement leur chant fétiche :

 We are the pride of all Sussex

The cock of the South

We hate the Dover

Coz they are all mouth

(on est la fierté de tout le Sussex, le coq du sud, nous détestons Douvres, ils n’ont que d’la gueule).

La fierté de tout le Sussex ? Pas si sûr. Pour la première fois depuis la création de la FA Cup en 1871, deux clubs du Sussex seront en huitièmes, Crawley et Brighton-le-métamorphosé qui affrontera Stoke City.

Crawley jouait mardi soir en BSP contre le Wrexham de Dean Saunders (0-0), un match encore houleux (entraîneur assistant de Crawley expulsé) disputé devant 4 630 spectateurs, dont un invité de marque : Sir Alex Ferguson. L’Ecossais s’était déplacé jusqu’au Pays de Galles pour observer les énergumènes. Lui aussi les prend au sérieux, très au sérieux. Sir Alex se méfie des miracles.

 

LA FICHE DU CLUB

Division : Conference National (D5)

Classement actuel : 2è (mais 4 matchs en retard sur le 1er – seuls deux clubs montent en D4)

Fondation : 1896

Surnom : The Red Devils (ou The Reds)

Statut professionnel: obtenu en 1962 (mais souvent semi-pro) 

Couleurs : bas, short et maillot rouge

Domicile : Broadfield Stadium (depuis 1997), 4 996 places

Affluence saison en cours : 1 938 (la moyenne de la D5 est de 2 000, de Luton Town, 6 376 à Hayes & Yeading, 370).

Propriétaires : Bruce Winfield et Susan Carter (actionnaires majoritaires)

Entraîneur : Steve Evans

Prix d’une place (adulte) : 14-17 £

Prix abonnement (adulte) : 240-300 £

Employés à temps plein : 4

Palmarès : diverses coupes locales, dont la Sussex Professional Cup en 1970, et la Sussex Floodlight Cup ; 32è de FA Cup en 1992 ; 8è en 2011

Highlights : 2003-2005 et depuis 2009 (7è de D5 la saison passée)

Lowlights : redressement judiciaire en 1999 et difficultés entre 2005 et 2008 qui faillirent faire disparaître le club

 

Dix raisons de supporter Crawley

1) Sergio Torres. Le nom le plus cool de la non-League 

2) La ville a vu naître le groupe The Cure, qui ont traîné leurs guêtres et amplis au collège-lycée St Wilfrid’s et dans les pubs de la ville avant de conquérir la planète

3) Leur jardinier en chef (Head groundsman), Clinton Moore, est un ancien champion d’Angleterre de kickboxing en lourds légers. Il jouait autrefois en semi-pro dans feu la Doc Martens League (D7)

4) Leur speaker-chambreur

5) leur goal-machine Matt Tubbs

6) C’est l’heure la plus glorieuse de la ville depuis 1980, quand son fiston préféré, l’ex champion du monde des mi-lourds Alan Minter, tenta de défendre son titre. Malheureusement pour lui, il tomba sur Marvin Hagler qui régla l’affaire en trois rounds

7) Quand on sert de parking d’aéroport, on a droit de temps en temps à un peu de « TLC » (tender loving care)

8) Leur boss, Bruce Winfield, un « propriétaire-supporter » passionné

9) Ils pourraient bien empêcher Luton Town de remonter en terre promise (Football League)

10) La géniale FA Cup song de Mike Dobie et d’une centaine de supps du club (sur l’air de la célèbre reprise des Specials). La version originale de ce clip fut interdite il y a deux semaines, après diffusion, car un Mancunien s’était plaint que, sur le clip, on voyait un supp de Crawley faire le mouvement d’un avion qui tombe, en référence au crash de Munich en 1958 qui coûta la vie à 23 personnes, dont 8 joueurs de Man United. Le type en question, 19 ans, a été interdit de stade à vie et vient d’être arrêté par la police (relâché sous caution. Son geste tombe sous le coup de la loi sur l’ordre public  – Public Order Act –  « suspicion of causing harassment, alarm or distress »). Voir articles de la BBC et de The Independent.

 

… et quelques raisons de les siffler

1) Ils sont soutenus par le Sun. Qui a « recruté » Sergio Torres en exclusivité

2) Kevin Muscat est originaire de Crawley

3) Leur entraîneur, Steve Evans. Ne mentionnez jamais son nom à un Pilgrim ! (Boston)

4) Ils pourraient bien empêcher l’AFC Wimbledon de rejoindre la terre promise (Football League) qu’ils n’auraient jamais dû quitter (cf affaire Milton Keynes)

5) cette épopée lucrative va encore plus les engraisser et risque de retarder la montée de l’AFC Wimbledon en Football League

 Kevin Quigagne.

Quatrième et dernière partie des évènements et futilités du mois dans le football anglais, un mois déchaîné… Du 24 au 31 janvier (première partie ici, la deuxième ici, et la troisième ici).

Au Sommaire :

  • Scandale à Sky : dossier complet et analyses sur le limogeage des présentateurs vedettes Andy Gray et Richard Keys
  • Le clan Murdoch, en marche vers la World Domination
  • Messi & le Barça n’arrivent pas à la cheville de Stoke City (pour Andy Gray)
  • La taupe « stevesimons409 » frappe à Sky
  • Rio Ferdinand, nouvel apôtre de la rectitude morale
  • L’Olympic Park Legacy Company temporise : va-t-on vers un « Stratford Hotspur » ?
  • Blackpool écope d’une amende et Holloway démissionne
  • Tragédie au Dulwich Hamlet FC, l’ex club de Peter Crouch
  • 16è de finale de FA Cup
  • Crawley (D5) : les Cure, Kevin Muscat et un 8è de FA Cup contre Man United
  • Deadline Day du mercato d’hiver : the madness has returned

Lundi 24 janvier

Scandale retentissant à Sky. La chaîne « propriétaire » de la Premier League annonce le limogeage d‘Andy Gray, son présentateur football vedette (salaire annuel : 1,7M de £), officiellement pour une série de propos sexistes tenus contre Sian Massey, l’arbitre assistante du Wolves-Liverpool du week-end. Richard Keys, son confrère-siamois, est suspendu, mais ses heures sont comptées. Il ne présentera pas le Bolton-Chelsea de ce soir (le veinard). Depuis 1990, l’inséparable duo a commenté plus de deux mille matchs sur Sky. Un couple dont l’égo avait enflé à mesure que l’incestueux tandem Premier League-Sky grossissait exponentiellement. L’explosion en vol était donc aussi imminente qu’inévitable.

Sky Sports, pour le grand public, c’est les innovations techniques, les « Super Sundays » hyperboliquement présentés d’un immense studio James Bondien où tous les matchs sont « massive » ou à « six points », et le moindre attaquant un peu doué est une « Legend ». Avec Gray & Keys, même un Wigan-Burnley disputé devant 14 000 frigorifiés un lundi de décembre devenait l’affiche de l’année

D’un statut de simples présentateurs lambda il y a vingt ans, petit à petit, du studio hi-tech Sky Sports d’où ils présentaient leurs « Super Sundays » et autres mégashows dans une explosion de superlatifs, Gray et Keys s’étaient transformés en pipoles cotoyant les puissants du football international, en se donnant l’apparence de personnages investis d’une mission quasi churchillienne. Avec la célébrité, le pouvoir et l’argent, étaient venues l’arrogance, le sentiment d’invincibilité, l’isolation et le refus d’évoluer avec le monde extérieur.

On top of the world

Richard Keys et Andy Gray : on top of the world

Sky Sports, pour le grand public, c’est la palette, les innovations techniques, un déluge de pyrotechnie, les « Super Sundays » et les Monday Night shows hyperboliquement présentés d’un immense studio James Bondien où tous les matchs sont « massive », cruciaux ou à six points, et le moindre attaquant un peu doué est une « Legend ». Avec Gray et Keys, même un Wigan-Burnley par un lundi de décembre pluvieux, devant 14 000 frigorifiés, devenait l’affiche de l’année.

Petit aparté machiavélique et politico-judiciaire sur les possibles raisons réelles de ce limogeage express. Ce carton rouge coïncide étrangement avec l’action en justice intentée par Andy Gray contre le groupe News Corporation du clan Murdoch (actionnaire à 39 % de BSkyS) et propriétaire du torchon dominical News of The World qui, pendant des années, jusqu’en 2009, mit sur écoute trois mille personnalités, dont Andy Gray (et Alex Ferguson, Paul Gascoigne, les princes William & Harry, etc.). Une affaire aux multiples ramifications politiques qui s’est immiscée dans de nombreux secteurs de la vie publique anglaise, jusqu’à éclabousser le gouvernement récemment. Cette interminable saga à tiroirs connaît depuis cinq ans des rebondissements aussi cocasses qu’insensés, des « affaires dans l’affaire ». Dont celle d’Andy Hayman, ce patron de Scotland Yard en charge de l’enquête pendant longtemps qui démissionna de son poste… pour se faire embaucher dans l’un des journaux du groupe Murdoch !

Les Murdoch, proches du Premier Ministre David Cameron (qui essaie cependant de prendre ses distances avec l’envahissante famille), sont actuellement en guerre contre Ofcom, l’autorité régulatrice des télécoms et médias depuis 2004 (« diabolique » création de son ex grand ami Tony Blair, qu’il avait stratégiquement et tardivement soutenu par le biais de son Sun en mars 1997 lorsqu’il il réalisa que les Conservateurs n’avaient aucune chance aux General Elections – « Aucune décision majeure du gouvernement Blair n’était validée sans consulter trois personnages clés : Gordon Brown, John Prescott et Rupert Murdoch. En fait, il était le 24ème ministre du gouvernement », écrivit Lance Price en 2006, ex conseiller de Tony Blair).

L’effroyablement influent Américano-Australien tente depuis des mois d’acquérir à la hussarde la totalité du groupe BSkyS. L’affaire est actuellement entre les mains d’Ofcom, et pourrait passer devant la « Competition Commission ». Toutefois, il paraît probable que Murdoch arrive à ses fins, au moins dans les grands traits de son projet (lire ici).

Vous avez bien compris, je veux tout, TOUT

Vous m'avez bien compris, je veux tout, TOUT

Revenons à Gray & Keys. Ces deux commentateurs aux émoluments de footballeurs, sont souvent présentés dans les tabloïds comme ayant « révolutionné la manière dont on regarde le football en Angleterre ». Ailleurs, on les décrit plutôt comme de grands potaches sexistes et attardés, à l’égo surdimensionné et rompus dans l’art du débitage de clichés. Des opportunistes qui ont su utiliser et s’approprier des avancées technologiques et méthodes inventées par d’autres. Ils ont surtout su profiter de l’extraordinaire ascension hégémonique de Sky, sans qui la Premier League ne serait qu’un championnat parmi d’autres. At the right place at the right time.

Un scandale étiqueté « sexism row » qui prend rapidement une ampleur nationale et sociétale, glissant sur les terrains de la place de la femme dans la société et de la sous représentation des « minorités » dans le football et les médias en général.

Les faits

Avant le Wolves – Liverpool, en « off », les inséparables Gray & Keys (ainsi qu’un reporter, Andy Burton) s’étaient permis une série de commentaires aussi sexistes qu’ignorants sur Sian Massey, la juge de touche, mettant en doute ses compétences professionnelles (Massey a bien sûr passé les mêmes examens et tests que les hommes). Comme si un cerveau féminin avait été privé à la naissance de la capacité à juger un hors-jeu… (voir plus bas « les deux faits de jeu à l’origine du scandale »).

Sian Massey, une entrée fracassante dans la profession

Sian Massey

Les personnages

Andy Gray, 55 ans, est un ancien avant-centre international écossais, à Sky depuis les débuts de la chaîne (1990). Donc, selon Sky, depuis les débuts du football anglais. Gray est l’ex pro du duo, vieille école, grande gueule et peu indulgent avec ceux « qui parlent de foot sans avoir jamais été pro ». On le dit dogmatique et dur, mais avec un côté jovial et abordable (dans les bons jours).

Au début des années Sky-Premier League, 1990-1992, Gray avait introduit toute une série d’innovations et de gadgets (dont une sorte de palette), à l’époque forcément « révolutionnaires ». Gray parlait tactique quand ce n’était pas encore sexy et discutait Prozone quand la plupart des amateurs de football pensaient encore que c’était un gimmick pour zones érogènes.

Pas assez bon pour Stoke City

Lionel Messi, trop juste pour Stoke City

Il sait parfois sortir des commentaires inouïs, comme celui sur Lionel Messi récemment, probablement la perle de l’année 2010 en Angleterre. Il y a deux mois, en discutant avec Keys des candidats au Ballon d’Or, Gray n’avait pas hésité à déclarer :

« Je ne sais pas si Barcelone a déjà joué dans un stade comme le Ewood Park ou le Britannia Stadium, et a eu à endurer le genre de traitement infligé par Blackburn Rovers ou Stoke City, rugueux, tout en coups de pied arrêtés, longs ballons et touches-missiles […]. Franchement, je ne pense pas que Lionel Messi réussirait en Premier League. C’est une chose d’enquiller les buts à Barcelone, c’est plus facile en Espagne, la Liga n’est pas aussi bonne que la PL. Je crois que Messi aurait beaucoup de mal à s’exprimer contre des équipes comme Stoke City, au Britannia Stadium, un soir de décembre. »

Extraordinaire. On aurait eu envie de lui répondre : « Andy, on ne s’exprime pas contre Stoke un soir de décembre au Britannia, on tente de survivre, de ressortir en un morceau et de ne pas faire partie des dommages collatéraux causés par les bombardements aériens de Delap & co. »

Richard Keys, 53 ans, est le journaliste du duo, un ex présentateur du Télématin d’ITV fin années 80. Il s’est forgé une place dorée dans le commentaire football à l’ombre de Gray. Sympathique en public mais qu’on dit tyrannique et imbuvable aussi bien professionnellement qu’en privé. Il a la réputation de traiter ses subordonnés comme des moins que rien.

Keys, payé 1,6M de £ par an, sur Theo Walcott : « Walcott, relève-toi, espèce de stupide petit gamin, t’as été nul à chier avec tes chaussures roses à la noix, t’es une nullité »… Sur les îles Féroé : « Petit stade zéro, match sans intérêt, allez vous faire foutre. »

Keys s’est souvent « lâché » par le passé, mais les multiples avertissements reçus (pour la forme) n’ont jamais eu raison de ce personnage jugé « indispensable », donc intouchable, et jusque là très protégé par son supérieur direct, Andy Melvin, le principal artisan du phénoménal succès de Sky. Parmi les nombreuses bévues, Keys (payé 1,6M de £ par an), avait insulté Theo Walcott lors d’un match de Ligue des Champions (en « semi off », un micro traînait) :

« Walcott, relève-toi, espèce de stupide petit gamin, t’as été nul à chier avec tes chaussures roses à la noix, t’es une nullité. »

Il avait aussi envoyé du lourd contre… les îles Féroé ( !) qui affrontait l’Ecosse (voir le clip) :

« P’tit stade zéro, match sans intérêt, allez vous faire foutre. »

Keys « l'expert » ne kiffe pas les grolles de Theo

Richard Keys « l'expert » ne kiffe pas les grolles roses de Theo

Un journaliste du milieu résume ainsi Richard Keys et sa formidable ascension dans le paysage audiovisuel anglais :

« Keys, sous un aspect extérieur raffiné et courtois, est devenu tellement imbu de sa personne que même la partie de son cerveau censée le protéger contre de potentiels accidents d’antenne s’est arrêtée de fonctionner. »

Roy Keane (qui avait fait une pige express sur Sky en 2008), disait de son expérience avec Richard Keys :

« Plus jamais ça ! Je préférerais encore aller chez le dentiste. S’asseoir à côté de type comme Richard Keys et autres et les entendre inventer des trucs qui ne se déroulent pas dans le match, c’est insupportable. »

Le scandale et les mœurs Sky

Un scandale sur fond de misogynie, de préjugés imbéciles, de méthodes professionnelles d’un autre âge et d’habitudes importées tout droit du vestiaire et du « Old Boys’ Club » et jamais réactualisées. Au cours des jours suivants, de nombreux témoignages (et clips) laisseront entrevoir de l’intérieur une culture figée dans un passé lointain (« stuck in a timewarp »), et des pratiques douteuses, aux relents de harcèlement, peu en phase avec le zeitgeist. Mais surtout, pour Sky, des pratiques antagoniques à l’image et aux « valeurs » de la chaîne, familiales, saines et consensuelles. On peut légitimement supposer que si tout cela était resté confiné au studio, Gray et Keys seraient toujours fidèles au poste, grâce notamment à la protection de leur supérieur, Andy Melvin. Avant l’incident de samedi 22, des insiders décrivaient Keys et Gray comme « bombproof ».

Ces deux articles du New Statesman et du Guardian dépeignent les mœurs Sky Sports, et révèlent l’extraordinaire influence que ces deux présentateurs vedettes exerçaient dans le milieu par le biais du tout puissant Sky. De leurs avant-postes, Sky Sports et ses présentateurs phares entretenaient des relations commerciales et professionnelles de dominant à dominé avec les chaînes majeures, ITV (diffusion de la Ligue des Champions), la BBC (Match of the Day), et ESPN (Premier League). De fait, indirectement, Gray et Keys faisaient un peu la pluie et le beau temps sur la répartition des droits de diffusion du football en Angleterre.

Les deux faits de jeu à l’origine du scandale et la taupe

Deux conversations (filmées, prouvant si besoin était que rien n’est jamais « hors antenne », ce dont Ron Atkinson pourrait témoigner) ont immédiatement été portées à la connaissance des patrons de Sky par une taupe (visiblement par un employé peu fan du duo, un mystérieux youtubeur qui s’est inscrit le jour même sous le pseudo stevesimons409).

1) D’abord, une conversation sur la ligne de touche (voir le clip), entre Andy Gray et principalement Andy Burton (reporter ligne de touche) :

BURTON : « Apparemment Andy, d’après Steve [caméraman] c’est une femme ligne de touche qu’on a aujourd’hui, et elle est bien foutue ! »

GRAY (moue dubitative) : « Une femme ligne de touche ? »

BURTON : « C’est ce que Steve m’a dit. Il me dit qu’elle est pas mauvaise, mais bon, je sais pas si on doit lui faire confiance là-dessus [au caméraman] »

GRAY : « Nan, moi je lui ferais pas confiance, certainement pas ! »

STAFF SKY (hors champ) : « Une femme juge de ligne… Et Andy, t’approuves, toi ? »

GRAY : « Non… tiens, je la vois d’ici, qu’est-ce que les femmes connaissent à la règle du hors-jeu ? Elles sont nulles à chier » [le fucking hopeless est couvert par un bip]

2) En studio. Gray et Keys, hors antenne, juste avant le match, en parlant de Sian Massey (voir le clip) :

KEYS : « Ouais, ben, quelqu’un ferait bien de descendre [au niveau de la ligne de touche] et lui expliquer la règle du hors-jeu »

GRAY : « Ouais, j’y crois pas, une femme juge de touche ! C’est ce que je disais, les femmes ne connaissent pas la règle du hors-jeu »

KEYS : « Bien sûr qu’elles la connaissent pas ! » […] « Ça, c’est certain qu’il va y avoir une grosse erreur de commise aujourd’hui, Kenny [Dalglish] va pêter un cable ! C’est pas la première fois qu’on voit une femme juge de touche, y’en avait pas une avant ? »

GRAY : « Ouais… »

KEYS : « Wendy Toms, non ? »

GRAY : « Ouais, Wendy Toms, ou un nom comme ça »

KEYS : « Le foot marche sur la tête ! T’as entendu la charmante Karren Brady ce matin se plaindre du sexisme [dans le foot] ? S’il te plaît, arrête ton cinéma ! »

Mardi 25 janvier

Blackpool 2 – 3 Manchester United, match en retard de la 16è journée.

Deux équipes qui ne s’étaient pas affrontées parmi l’élite depuis 1971. Et de vingt-huit matchs sans défaite pour les Red Devils, invaincus en PL depuis avril 2010… Man United signe là le comeback de l’année. Les Diables Rouges étaient menés 2-0 à vingt minutes de la fin par un Blackpool étincelant, entreprenant et inventif. Buts de DJ Campbell et Cathcart (ex stagiaire à MU). Puis, dans le dernier quart, terrible réveil de MU, trois buts signés Berbatov, 72ème et 88è et Hernandez, 74è (superbe enchaînement contrôle-frappe). Berbatov en est à dix-neuf réalisations.

Hernandez, entré à la 66è, est devenu un super sub, et malgré l’insolente réussite du duo Rooney-Berbatov, il devrait engranger plus de temps de jeu dans les semaines à venir. C’est surtout grâce à l’entrée de Giggs en deuxième mi-temps que United a pu renverser la vapeur. Dix minutes d’arrêt de jeu furent sifflées, un record.

Toujours aussi décisif à 37 ans

Toujours aussi décisif à 37 ans

Sky, again. Le scandale se transforme en affaire nationale. Le limogeage de Richard Keys (suspendu) semble inévitable. Les langues se délient à Sky, les témoignages contre lui en interne sont accablants, et certaines chutes de programme sont envoyées à la direction, et d’autres mis sur Youtube (ce stevesimons409 a vraiment une dent !).

Ce clip-ci (cliquez ici), sans être particulièrement atterrant, est révélateur, et amusant. Keys tente d’être « one of the lads », de faire partie de la bande exclusive des ex-pros.Avant un match de Ligue des Champions à Chelsea, sont présents dans le studio : Jamie Redknapp, Ruud Gullit, Graeme Souness et Richard Keys.

Tandis que Gullit joue avec son téléphone, une personne (hors caméra) mentionne une femme, Louise (pas la même Louise actuelle épouse de Redknapp Jr).

REDKNAPP : « Ah, cette Louise, ah oui… tu l’as déjà rencontrée Graeme ? »

SOUNESS : « Non, juste ses parents »

KEYS : « Tu l’a sautée ? »

[ndlr : le « it » = her !]

REDKNAPP : « Ouais ouais, ben, j’ suis sorti avec elle »

KEYS : « Ouais, évidemment, stupide question de ma part, si t’étais dans le coin, effectivement, aucun doute, tu te l’ai faite ! »

[Souness, visiblement gêné, tente de changer de conversation… en vain]

KEYS : « J’suis sûr que si tu t’étais pointé chez elle n’importe quel soir, t’aurais trouvé mon Redknapp pendu à l’arrière du truc »

Pas un fan de l'humour Keysien

Graeme Souness, pas un fan de l'humour Keysien

(hilarants coups de pied de Souness sous la chaise, l’air de dire : « Du respect imbécile, t’es pas au pub avec Andy Gray. »).

La Louise en question, Louise Glass, une ancienne petite amie de Jamie et aujourd’hui âgée de 38 ans, aurait l’intention de poursuivre Keys en diffamation…

Les blagues et clips pastiches sur les analyses tactiques du duo ressortent sur la toile. Celui-ci est particulièrement amusant. Ainsi que ce dessin, la règle du hors-jeu expliquée aux femmes, par Andy Gray et Richard Keys.

Parmi les prétendants les plus cités pour la succession de Gray & Keys, il y a Lee Dixon (ex Arsenal, actuellement sur la BBC) et Jamie Redknapp (Liverpool, Spurs, Thomas Cook, Nintendo, Marks & Spencer, etc.), déjà consultant sur Sky.

Redknapp en pole-position... avec Gary Neville

Redknapp en pole-position... avec Gary Neville

Mercredi 26 janvier

Liverpool 1 – 0 Fulham, match (assez quelconque) en retard de la 18è journée. Les Reds sont désormais 7è au classement.

Birmingham bat West Ham 3-1 en demi-finale de la Coupe de la Ligue et affrontera en finale Arsenal (le 27 février), vainqueur d’Ipswich 3-0.

Suite et fin du scandale Sky : Richard Keys est limogé. Ce dernier avait désespérément tenté de sauver sa peau sur TalkSport l’après-midi, pendant une bonne heure (dont 45 minutes de pub), en évoquant notamment des mystérieuses « dark forces ». En fait, il avait accumulé les boulettes et davantage aggravé son cas qu’autre chose.

Keys, selon le mot d’un journaliste : « The anchorman who puts the W in anchor. » (= wanker : connard).

Par ailleurs, l’organisation Professional Game Match Officials annonce que Sian Massey est temporairement « withdrawn » des deux matchs où elle devait officier fin janvier – sur la touche, au propre comme au figuré (un de D4 et l’autre de D6). Et ce, pour lui « éviter toute pression inutile », selon le PGMO.

Rio Ferdinand, le nouvel apôtre anglais de la rectitude morale, commente ce scandale sur Twitter :

« Je suis à fond pour les femmes arbitres dans le foot, la discrimination ne devrait pas exister dans notre sport… si vous pensez autrement, c’est que vous avez des opinions préhistoriques. »

Vendredi 28 janvier

Le « Olympic Park Legacy Company », comité qui gère l’après Jeux Olympiques de Londres 2012, reporte sa nomination de l’occupant du Olympic Stadium après les J.O de Londres. Devant l’extrême confusion régnant sur Londres au sujet de l’avenir du stade olympique, principalement entre West Ham et Tottenham (mais impliquant aussi Crystal Palace, divers Conseils municipaux d’arrondissements, et Leyton Orient ! ainsi que Chelsea, indirectement), le OPLC a décidé d’accorder plus de temps aux candidatures en lice pour peaufiner leur dossier.

Le dossier West Ham prévoit de garder la piste d’athlétisme (et coûterait au minimum 100M de £), tandis que Tottenham transformerait l’enceinte en vrai stade de football… et adopterait le nom « Stratford Hotspur » (coût : 250M – Lamine Diack, président de la fédération internationale d’athlétisme, critique vivement le projet Spurs car les engagements pris par les Anglais étaient de conserver le stade en l’état).

Bref résumé de la situation, ainsi qu’une présentation complète des forces en présence : lire la rubrique Post-Olympics. Un dossier sur lequel nous reviendrons quand l’heureux sera décidé (aucune date annoncée).

Les instances de la Premier League infligent une amende de 25 000 £ à Blackpool FC pour avoir aligné un XI soi-disant « affaibli » contre Aston Villa le 10 novembre dernier (défaite 3-2 – dix changements par rapport au match précédent). La PL avait prévenu qu’elle sévirait, comme elle l’avait fait un an auparavant contre Wolves (25 000 £ d’amende, en sursis).

On peut légitimement se demander ce qu’il serait arrivé si James Collins, l’arrière central de Villa, n’avait pas marqué à la dernière minute. Il aurait été très difficile pour la Premier League d’infliger une amende à un promu qui venait de tenir en échec le sixième de PL de la saison écoulée !

Comme il l’avait promis, Ian Holloway offre immédiatement sa démission au Chief exec du club, Karl Oyston (qui la refuse, bien évidemment).

Le coup de gueule de l'année, contre la FA

Le coup de gueule de la saison, contre les instances

Cette incompréhensible posture de la PL avait déclenché une réaction cinglante d’Holloway qui avait promis de démissionner s’il écopait d’une amende. Un coup de gueule aussi justifié que mémorable en conférence de presse à Villa Park où Ollie s’étrangla de rage. A (ré)écouter !

Le courroux passionné d’Ollie s’explique par les modifications opérées cette année dans le règlement PL par rapport à 2009-2010. Quand Wolves avait été sanctionné, la fameuse « Liste des 25 » n’existait pas. Ce qui rend les fameuses règles B13 et E20 de la Premier League caduques : « In every League Match each participating club shall field a full-strength team » (chaque club doit aligner sa meilleure équipe possible).

On peut cependant se demander ce qu’il serait arrivé si James Collins, l’arrière central de Villa, n’avait pas marqué à la dernière minute. Il aurait été très difficile pour la Premier League d’infliger une amende à un promu qui venait de tenir en échec le sixième de PL de la saison écoulée !

La Football League (D2 à D4) et la FA (les deux autres instances du football anglais) ont déjà sanctionné des clubs dans des cas similaires… mais seulement quand ces équipes ont perdu. Il existe plusieurs cas d’équipes totalement modifiées et « affaiblies » (notamment par l’inclusion de jeunes) mais tout de même victorieuses (Swindon Town ou Millwall dans les années 90). Aucune sanction ne fut prise contre elles, « in the interest of the game », déclara-t-on à l’époque.

La question qui reste en suspend et que la Premier League a soigneusement éludé : à quoi sert l’établissement de la règle des 25 si cette même PL décide de facto que certains joueurs ne sont pas « dignes » d’y figurer ?

Vendredi 28 / Samedi 29 janvier

Tragédie dans le sud londonien, au Dulwich Hamlet Football Club, où une violente bagarre dégénère après une fête dans les locaux du club. Un jeune de 18 ans, Daniel Thompson-Graham, meurt de ses blessures (sauvagement poignardé par d’autres jeunes). Un garçon de 13 ans s’est aussi servi d’un revolver pour tirer sur l’assemblée, faisant au moins deux blessés. Des rivalités entre gangs semblent être à l’origine de ce drame. Dulwich Hamlet était surtout connu jusqu’à présent pour avoir accueilli en 2000… Peter Crouch (prêt des Spurs). Ce jeune est le quatrième adolescent tué à Londres depuis le début de janvier (dont trois victimes de la tristement notoire et absurdement nommée « knife culture »).

Samedi 29 et dimanche 30 janvier

16è de finale de FA Cup. Tous les résultats, résumés et stats de match ici. Parmi les scalps et autres surprises du chef :

Fulham 4 – 0 Tottenham

Notts County (D3) 1 – 1 Man City

Swansea (D2) 1 – 2 Leyton Orient (D3)

Watford (D2) 0 – 1 Brighton (D3)

Torquay (D4) 0 – 1 Crawley Town (D5)

Excellent match de Huddersfield (D3) contre Arsenal, qui se sauve dans les dernières minutes (pénalty), ainsi que de Southampton (D3) contre Man United. Reading (D2) a aussi difficilement battu Stevenage (promu de D4), 2-1.

Dans le match Birmingham 3 – 2 Coventry, à signaler. But victorieux pour les Blues du grand joueur qu’est Kevin Phillips, Sunderland Legend, et toujours dynamiteur de surfaces à presque 38 ans. Il avait permis aux Brummies de rester dans la Coupe de la Ligue en marquant à la 90è contre Brentford. Résultat : Birmingham affrontera Arsenal en finale le 27 février.

Kevin Phillips, 37 ans passés, 250 buts et toujours la pêche

K. Phillips, 37 ans passés, 250 buts et toujours la pêche

Comme tant de grands joueurs anglais, Phillips commença en non-league (D5 et en dessous). Repéré par Watford alors qu’il avait 21 ans, ce joueur complet d’1m69 qui s’épanouit sur le tard n’en finit pas d’étonner. Même si le Londonien est barré par Zigic et maintenant Obafemi Martins, il est toujours là, et bien là, onze ans après avoir obtenu le Golden Boot européen en 2000 pour ses 30 buts en Premier League avec les Black Cats, pour sa première saison de PL ! (tournant en ridicule la prédiction de Rodney Marsh : « Kevin Phillips aura du mal à marquer six buts cette saison »).

Son entraîneur, Alex McLeish, rend hommage à celui qu’il appelle affectueusement « the wee man » (le petit homme) :

« Que dire sur lui ? Si j’ai la chance d’entraîner encore vingt ans, il est fort possible que je ne cesse jamais de le recruter. »

Crawley Town (surnom : « The Red Devils », ou simplement « The Reds ») sera donc le petit poucet des huitièmes. Ce club argenté qui évolue en Conference National, D5 (ou Blue Square Premier, pour les intimes) a successivement éliminé Swindon Town (D3), Derby County (D2) et Torquay United (D4). Crawley, parfois étiqueté « Le Man City de la D5 », n’avait pas gagné un seul match de FA Cup depuis huit ans ! Cette formidable épopée rapportera au club environ 1,5M de £.

Crawley, ville de 100 000 habitants qui vit à l’ombre de l’aéroport de Gatwick, a eu l’honneur de voir naître le groupe The Cure. Ils ont eu moins de chance avec leur autre célébrité, Kevin Muscat. Crawley est seulement le sixième club de non-League (D5 et en dessous) depuis l’après-guerre à atteindre ce stade de la compétition. Aucune de ces équipes cependant ne parvint à se hisser en quart. La dernière, Kidderminster, en 1994, perdit 1-0 contre West Ham.

Chant favori des adversaires de Crawley : « You’re just a car park for Gatwick »

Le hasard du tirage les fera affronter les autres Red Devils, ceux de Man United… Ce match sera l’occasion d’une rencontre entre deux Glasvégiens, Sir Alex et le manager de Crawley, le très controversé Steve Evans, un ancien attaquant au sang chaud qui n’hésite pas à faire le coup de poing sur la ligne de touche et qui colle bien à l’image de mal-aimé du club. Crawley, « the club others love to hate », lit-on souvent à leur sujet. Chant favori des adversaires de Crawley : « You’re just a car park for Gatwick ».

Un dossier spécial sur Crawley Town sera publié avant leur match contre Manchester United le 19 février prochain, live sur ITV. Il y a tant à dire sur ce petit club étrange… (et absolument détesté de Robbie Savage !).

Le tirage des huitièmes (19 et 20 février) :

West Ham v Burnley (D2)

Manchester City ou Notts County (D3) v Aston Villa

Stoke City v Brighton (D3)

Birmingham City v Sheff Wednesday (D3)

Leyton Orient (D3) v Arsenal

Chelsea or Everton v Reading (D2)

Manchester United v Crawley Town (D5)

Fulham v Bolton Wanderers ou Wigan Athletic

Lundi 31 janvier

Le Sun nous apprend que Leroy Lita, l’attaquant puncheur de Middlesbrough, a mis soixante litres d’essence… dans sa Range Rover diesel ! L’attaquant de Middlesbrough a réalisé son erreur à la caisse et s’est fait remorquer sa voiture au garage le plus proche.

Le même jour où Charlie Adam se fend d’un dîner romantique pour demander en mariage sa fiancée, Sophie-Leigh Anderson, ex Miss Blackpool & Miss England. Pas à Blackpool évidemment, mais dans un restaurant de Manchester. Les combos fish & chips & mushy peas sont bien meilleurs en terre mancunienne.

A part ces deux nouvelles d’une importance extrême, c’est Deadline Day pour les transferts. Une folle journée qui fait titrer au Guardian : « The day the madness returned to football ». 155M de £ ont changé de main en ce lundi (dont la moitié à Chelsea), concluant un mois de janvier où les dépenses ont approché les 230M. L’adage minimaliste « Money talks » vient à l’esprit… La croisade de Michel Platini pour un semblant de fair-play financier ressemble de plus en plus à une « losing battle ».

Un responsable de l’UEFA se déclare (faussement ?) « surpris » des dépenses de Chelsea, car (je cite cet insider) :

« le président de Chelsea, Bruce Buck, a récemment déclaré qu’il soutient les initiatives de l’UEFA en matière de contrôle financier et a même proposé de les étendre à l’introduction d’un plafond salarial. Tout cela est inquiétant. »

Le plus inquiétant serait plutôt que l’UEFA commence à croire les sornettes que les argentés du football anglais débitent à longueur d’année.

Là-dessus, Richard Scudamore, indéboulonnable chief exec de la Premier League et jamais en retard d’un « soundbite » superflu, déclare sur un ton mi faussement catastrophé, mi exalté: « Un transfert à 100M est désormais inévitable. »

Une journée d’anthologie sur laquelle notre spécialiste Transferts reviendra plus en détail dans quelques jours. En attendant, cliquez ici pour consulter la liste des principaux mouvements conclus aujourd’hui (ainsi que ceux de janvier en Premier League). Il est d’ailleurs intéressant de comparer avec celle de 2010, ici (dont le total s’élevait à… 33M de £).

Le mercato d’hiver en chiffres (en £) :

230M : montant total dépensé en Premier League ce mois-ci. Le plus élevé, devant janvier 2009 (181) et 2008 (175). L’année de son introduction (2003), 35M furent dépensés.

250 000 : offre faite, l’avant-veille de la clôture, par Tottenham à Everton pour Phil Neville (34 ans, 59 capes pour l’Angleterre – qualifiée de « insulting » par David Moyes).

115M : montant échangé entre clubs de PL. Le reste avec l’étranger (100), et la Football League (15).

50M : nouveau record entre deux clubs britanniques (pour F. Torres).

6 : le nombre de deals qui éclipsent le précédent record (Andrey Arshavin, 15M). Fernando Torres, 50M, Andy Carroll, 35M, Edin Dzeko, 27M, Luis Suarez, 22,8M, Darren Bent, 18-24M, David Luiz, 21,4M (plus Nemanja Matic).

14 : nombre de clubs de PL qui ont enregistré des pertes l’an dernier.

726M : total dépensé par Roman Abramovich depuis son rachat du club à Ken Bates et d’autres actionnaires en 2003.

515M : total dépensé par Sheikh Mansour depuis son rachat du club en 2009.

71M : pertes de Chelsea pour la saison 2009-2010

3 milliards : total des dettes des vingt clubs de Premier League.

Kevin Quigagne.