Archive for décembre, 2014

C’est la méga teuf dans la chambre de bonne du quatuor Teenage Kicks après la victoire historique de Sunderland dans ce 152è derby Tyne-Wear placé sous le signe de l’apaisement. Ergo, on est trop pistachés pour vous faire un topo sur le match. Avant d’assécher les pubs du coin, on a quand même pu vous caler ces photos.

Historique car jamais Sunderland n’avait battu son ennemi juré quatre fois d‘affilée, dont trois victoires à St James’ Park s’il vous plaît.

(D’autres chouettes photos & compte-rendu du match ici, + ce clip à voir. Et à ne surtout pas rater : le clip très comique de ce supporter Magpie qui invective les supps Black Cats restés en tribune Extérieur, tout en haut de SJP).

[Comme d’hab’, cliquez sur les photos pour les agrandir]

Et si vous calez niveau cadeau de dernière minute, le t-shirt sur cet exploit historique est déjà sorti :

ainsi que le jeu de société :

Allez, on vous laisse, on part s’acheter le t-shirt « 4 in a row », vendu dans la boutique A Love Supreme et ici si ça vous dit de le commander. TK reviendra quand on aura consolé tous les Magpies dans les pubs de supps, ça chiale dur ce soir et certains sont désespérés (faut bien les consoler hein, c’est Noël, on fait cette p’tite B.A avec notre pote Hatem). Bonnes fêtes et à 2015.

Série sans (trop de) bla bla, juste quelques photos cultes et leurs légendes.

Ouais enfin, un peu de bla bla quand même, mais juste ce qu’il faut. Ces perles sont tirées directement du Net ainsi que de plusieurs livres-photos style coffee-table books.

Vous avez de la chance, on refait un Concours cadeau, ça se passe aux # 9 et # 10 en fin d’article. Faut dire qu’il nous reste le joli cadeau England du dernier concours sur les bras, Dageek – le gagnant – n’est pas un grand fan des Three Lions et a préféré recevoir autre chose.

Pourtant, qu’il est beau notre cadeau England (état neuf, dans l’emballage d’origine), le kit du parfait supporter des Three Lions, idéal pour se faire agresser ou vandaliser sa voiture pendant l’Euro 2016 dans la joie et la bonne humeur, avec :

– 1 drapeau England 91 x 61 cms

– 2 drapeaux 38 x 25 cms avec hampe plastique pour accrocher aux rétros extérieurs de votre voiture, ou à vos oreilles si bourré ou sans caisse

– 1 pin’s England et 1 pin’s ballon, tous deux luminescents avec, s’il vous plaît, effet clignotant à la con (enfin, le fabricant décrit ça ainsi : « with dramatic blinking effect »)

Petit avertissement aux familles, surtout les plus respectables : Teenage Kicks est un blog pédagogique, ludique, pudique, plein d’autres -diques et même familial. Et oui, plein de lecteurs/trices bien sous tout rapport nous félicitent régulièrement pour nos concours sains et équilibrés à faire en famille, après l’église, autour d’une grande table ou d’une belle crèche. Ah, ces grands moments de complicité qui resserrent les liens tout en s’éveillant au monde merveilleux du football britannique, on en redemande. Toutefois, ce quatrième concours cadeau Noël Teenage Kicks est un poil plus festif et hardcore que les précédents. Bref, on vous conseille d’éloigner fissa p’tits Jésus, enfants et grands-mères si vous comptez participer.

[Comme d’hab’ : cliquer sur les photos peut rapporter gros]

# 1. Mister Gadget

Mike Summerbee, vedette de Man City de la grande époque (brève fenêtre triomphale entre 1968 et 1972) et meilleur pote de George Best, se la pète avec ses gizmos dernier cri (Best, avec lequel il ouvrit notamment une boîte et des boutiques de mode, voir article).

# 2. Titi et sa boombox XL

Ah, ces excitants gadgets préhistoriques… Les jeunes d’aujourd’hui ne savent pas ce qu’ils ont raté. Et ouais, c’était comme ça avant l’Ipod, fallait se faire installer un manche-disque dans son tableau de bord ou se trimballer un ghetto-blaster des familles. Petit clin d’oeil en forme de mini hommage pour cet immense joueur qui vient d’annoncer sa retraite sportive. Allez, faisons le pari, je suis sûr que même nos lecteurs irlandais apprécieront la photo.

# 3. La banderole la plus malavisée de l’histoire du foot ?


« 3 ans d’excuses et c’est toujours nul à chier. Au revoir Fergie »

Il y a 25 ans ce mois-ci, Man United est au plus mal et dégringole vers la zone rouge. Fin décembre, c’est la crise. La vraie, la dure, la tatouée. La saison précédente à été inquiétante (11è place, sandwiché entre deux minots, Wimbledon et le promu Millwall) et le bilan depuis la mi-novembre est catastrophique : 6 défaites et 2 nuls. Même le promu et grand rival Man City les a corrigés, 5-1 à Maine Road. Hors-champ, c’est tout aussi désastreux. Les affluences sont mauvaises (36-38 000, dix mille de moins que trois ans auparavant), le club est sur le point d’être vendu (bradé même) et les médias se délectent de rappeler que Man United n’a plus été champion d’Angleterre depuis 22 ans. Et pour rien arranger, l’ennemi juré Liverpool affiche une santé insolente. Alex Ferguson, en poste depuis trois ans, est très menacéThe knives were out », dira-t-il plus tard sur cette période).

Après une nouvelle défaite, à Crystal Palace, un supporter sort la fameuse banderole. La tribune extérieur l’acclame. D’autres supps sortent une bâche « Fergie Out ». On applaudit et approuve bruyamment. La presse mitraille le maudit bout de drap et Match Of The Day relaie la protestation le soir même.

De l’autre côté de Manchester, Howard Kendall, fraîchement nommé manager des Citizens, est pressenti pour succéder à Fergie. Il se dit que le propriétaire-président, Martin Edwards, a lancé l’ultimatum suivant à l’Ecossais pour le 7 janvier 1990, en 32è de FA Cup : « Si l’équipe ne bat pas Nottingham Forest la semaine prochaine, tu seras remercié. » Un Forest alors managé par Brian Clough et qui a fini 3è de PL la saison précédente. Bref, le défi est relevé.

Ce fameux 7 janvier 1990 arrive. Et le mini-miracle se produit. United bat Forest 1-0 au City Ground au terme d’un match très engagé. But de la tête de Mark Robins, un jeune inconnu issu du centre de formation qui n’avait que 180 minutes de foot dans les jambes cette saison-là. Le pion de Robins est immédiatement baptisé par les journaux « Le but qui sauve la peau de Fergie » (et aussi sa carrière de manager ? Possible car pas sûr que Siralex aurait continué – en Angleterre en tout cas – après cet échec).

Man United remportera la FA Cup quatre mois plus tard, finira 13è de Division One et gagnera la Coupe des Vainqueurs de Coupe la saison suivante. La suite, on la connaît. Comme quoi, les carrières tiennent souvent à peu de chose. Un but de la doublure du remplaçant en 32è de coupe…

Pete Molyneux, le supp à l’origine de la banderole, est devenu un people local. Mais la célébrité, c’est parfois dur à porter car comme il le dit dans cet article, « on n’a pas arrêté de me chambrer après ça ». On le croit volontiers.
Quand Fergie a raccroché en mai 2013, ce bon Pete a choisi l’auto-dérision à Old Trafford pour marquer le coup :

Dans la foulée, il a aussi sorti un bouquin, sur ses 50 saisons (plus de 2 000 matchs) à suivre son club adoré.

# 4. Ça s’éclate de partout

Sunderland-Leicester, 1er octobre 2000. Darren Eadie et Kevin Phillips (à droite) ont opté pour l’éclate soft tandis que Niall Quinn et Gerry Taggart préfèrent la version musclée.

Ce même week-end, Thierry Henry marquait le plus beau but de sa carrière, clip.

# 5. L’Avenir du foot anglais, selon le Daily Mail…

Photo de novembre 2007 paru dans le DM, sous un article intitulé : « 60 raisons de croire que l’avenir du foot anglais n’est pas aussi sombre qu’on pourrait le penser… »

Nul besoin d’être un grand connaisseur du foot anglais pour constater que peu de ces jeunes (alors âgés de 17-18 ans) ont réussi à ne serait-ce que s’imposer en Premier League et encore moins à continuer sur leur lancée internationale (seuls Theo Walcott et Micah Richards ont été capés chez les A). La plupart de ces ex futurs cracks évoluent aujourd’hui dans les divisions inférieures, surtout D3, quand ils jouent encore.

Ce qui n’est plus le cas de Michael Johnson, l’ex wonderkid pour lequel Liverpool voulait offrir 10m £ en 2007 et qui a raccroché début 2013, à 24 ans (carrière à la Lee Sharpe, en accéléré. Voir son superbe premier but en Premier League, à 19 ans). Ni du Citizen Scott Sinclair pourrait-on ajouter, disparu des radars depuis plus de deux ans (pourrait partir ou être prêté au mercato d’hiver).

A découper et à coller gentiment à la face du prochain mec qui vous assure mordicus que tel crack est destiné à une « énorme carrière ». Si seulement c’était aussi simple que ça…

# 6. Crowdsurfing

La foule aide un ado à accéder aux premiers rangs lors de ce Chelsea-Arsenal à Stamford Bridge, novembre 1947.

# 7. Eh Arsène, cherche plus, on t’a trouvé la solution : la Tufspin

Les problèmes d’Arsenal et les blessures ne datent pas d’hier. Bertie Mee, le légendaire manager Gunner (1966-1976) qui redora le blason des Canonniers après presque deux décennies de disette ventremouiste, se plaignait déjà de son infirmerie trop remplie et du nombre élevé de joueurs blessés, surtout au genou (souvent synomyme d’arrêt de carrière à cette époque).

Mee, kiné de formation, commanda de suite des caisses de Tufspin. Particularité de cette grolle « révolutionnaire et unique » lancée sur le marché britannique en 1971 (l’année du doublé historique championnat-FA Cup d’Arsenal) : les crampons de devant tournaient, ce qui permettait au joueur de pivoter sans effort et ainsi s’économiser physiquement (enfin, en théorie…).

Bertie Mee kiffa tellement qu’il en vanta les mérites dans un magazine sportif : « Grâce à ses crampons avants montés sur un disque rotatif, Tufspin réduit les risques de blessures au genou, surtout au niveau du cartilage, et accroît la vivacité du joueur. »

# 8. Youpi, c’est Noël

Il y a trois jours, à l’Emirates (vs Newcastle). Je veux pas cafter mais au vu de ces images, le coupable semble être Mathieu Debuchy.

Il y a trois jours, devant le Stadium of Light (Sunderland vs West Ham). Putain, je pars en commander un tout pareil à Papa Noël, idéal pour négocier les sorties de pubs.

La joyeuse troupe Harry & ses Chèvres vous souhaitent un joyeux Noël, sur l’air du Merry Xmas Everybody du groupe Slade (1973, ça nous rajeunit pas). Enfin, c’est surtout nous qui devrions leur souhaiter un joyeux Noël car les Hoops sont 18è et affronteront Arsenal à l’Emirates le lendemain de Noël. Bon courage les gars, on espère que vous resterez en PL, vous nous divertissez follement.

Ne ratez surtout pas le clip de QPR… Et dire que cette p’tite connerie (très diffusée au Royaume-Uni) rapporte chaque année à Slade environ 750 000 £ en royalties !

# 9 & 10 : Concours cadeau TK Spécial Noël en famille

Voici les questions du Concours cadeau TK Spécial Noël en famille :

1) Qui sont les deux pères Noël sur la photo ci-dessus ? (tous deux très connus)

Niveau gâteries en duo, on n’a toujours pas fait plus hardcore que le Roo et Cristiano (août 2006, Man United v Sunderland). On en a vu pourtant de drôles sur les terrains depuis :

2) C’est quoi qu’est mieux ? Se faire…

a) fister par El Apache ?
b) sucer par CR7 ?
c) embrocher par Lamps ?

Je me suis réuni devant un huissier de justice et j’ai décidé de quoi qu’était le mieux, sur des critères précis que je ne peux malheureusement vous divulger. A vous de jouer. Fournir une raison à vos choix augmenterait vos chances de remporter notre fabuleux cadeau kit England. Vous avez une semaine.

Kevin Quigagne.



Dans la même série :
Photos insolites du foot british (1)
Photos insolites du foot british (2)

Le football grand-breton, ses instances nous répètent à l’envi depuis vingt ans, est un modèle d’intégration pour les non-Whites. Et il est indéniable que le  chemin parcouru cer dernières décennies est colossal. Mais terre d’accueil, le Royaume-Uni ne l’a pas toujours été et on a peine à mesurer à quel point la gravité de la situation il n’y pas si longtemps.

Voir introduction de ce dossier.

On estime qu’entre 1875 et 1914, les années formatives du football britannique, une vingtaine de joueurs noirs ou métis/non-blancs évoluèrent dans des clubs de Football League anglaise et écossaise (D1 et D2). Parmi eux, Andrew WatsonArthur Wharton et Walter Tull sont, de loin, les plus connus. L’histoire du football britannique antérieure à la Première Guerre mondiale n’a malheureusement gardé aucune ou peu de trace des autres (hormis John Walker, les Frères Cother à Watford, Fred Corbett et Hassan Hegazi), simplement quelques noms (et encore) dans les listes de joueurs.

Nous continuons notre voyage à travers l’histoire du football noir britannique (liens des volets précédents en bas d’article) avec deux pionniers de la période des années 1900 à l’avant-guerre : John Walker et Walter Tull.

[Comme d’hab’, cliquez sur les photos pour les agrandir]

# 3. John Walker (1875 ou 1878-1900)

[Ni photo disponible sur Internet, ni fiche Wikipedia]

John Walker est le premier professionnel noir du football écossais et le premier Noir et premier joueur de champ noir de Football League anglaise (Andrew Watson, # 1, n’évolua pas en Football League).

C’est au début des années 2000 que des recherches établissent avec certitude que Walker (de père trinidéen et mère écossaise) joua professionnellement comme ailier pour le club de Leith Athletic (D2 écossaise, près d’Edimbourg), en mars 1898. L’arrivée de Walker ne passa pas inaperçue, les journaux de l’époque écrivant par exemple, en titre ou en commentaire :

« Belle prestation de « Darkey » Walker »

[le terme Darkie/Dark(e)y – bronzé, basané – fut l’épithète systématiquement collé par une partie de la presse à beaucoup de joueurs noirs jusqu’aux années 50, sans que cela ne dénote nécessairement une hostilité particulière. De fait, John Walker était très populaire parmi les supporters écossais, voir plus bas].

« Leith Athletic nous offre le spectacle unique d’un joueur de couleur évoluant dans l’équipe, un transfuge de Leith Primrose [petit club local] originaire d’Afrique noire ou ses environs. Ce nouveau joueur de couleur constituera une attraction à lui seul. »

En octobre 1898, Walker est recruté pour 50 £ par les voisins de Heart of Midlothian (D1). A Hearts, cet ailier gauche virevoltant touche un bon salaire (7 £/mois, soit le double d’un ouvrier) mais perd sa place après une dizaine de matchs et se retrouve réserviste.

En juin 1899, Lincoln City  (D2 anglaise) l’achète 25 £. Joueur technique (un poil croqueur, notent les journaux de l’époque), excellent centreur et souple (utile pour composer avec l’extrême rudesse du jeu), ce showman doté d’une grosse frappe des deux pieds ne pourra pleinement exprimer son talent bien longtemps. Pour raisons de santé, celui que les supporters surnomment « Wilkie » n’est guère aligné avec l’équipe première et, comme à Hearts, il doit jouer les coiffeurs. Une suspension pour un sérieux écart de conduite (dont on ignore la nature) le contraint à retourner en Ecosse fin 1899. La tuberculose l’emporte dans la fleur de l’âge en août 1900 (officiellement à 22 ans mais probablement 25).

Dans ses travaux séminaux sur John Walker, David Speed, historien de Hearts et du football écossais, note que Walker était très populaire auprès des supporters, aussi bien en Ecosse qu’à Lincoln, et eut même un fan club à Hearts ! La presse de l’époque, friande de sondages et autres classements de popularité (déjà !), ainsi qu’une gazette sportive écossaise le placèrent deuxième joueur le plus aimé des supporters Hearts, et ce malgré son faible nombre d’apparitions.

# 4. Walter Tull (1888-1918)

Walter Tull est le premier joueur de champ professionnel noir/métis à avoir évolué en D1 anglaise.

Né en 1888 dans le sud de l’Angleterre d’un père barbadien (fils d’esclave) et d’une mère anglaise. Avant même sa préadolescence, sa courte vie est déjà marquée par le malheur : ses deux parents sont décédés à deux ans d’intervalle et sa tante ne peut plus s’occuper des six enfants Tull. A 8 ans, il est envoyé dans un orphelinat de l’est londonien.

D’abord amateur dans un club local (Clapton FC), Tottenham, promu en D1, lui offre un contrat professionnel en 1909 alors qu’il finit son apprentissage en imprimerie. Il dispute une dizaine de matchs pour Spurs comme inside-forward (« inter » – sorte d’attaquant de soutien placé entre l’avant-centre et l’ailier dans ce dispositif, populaire jusqu’en 1925 et l’avénèment du WM).

Rapidement, il subit le racisme de la part de spectateurs. Cet article de la BBC rapporte un extrait de compte-rendu d’un Bristol City-Tottenham paru dans Football Star début octobre 1909. Le journaliste est révolté par ce qu’il a entendu dans les tribunes :

« Une partie du public a lâchement attaqué Walter Tull verbalement, dans un langage répugnant. Je voudrais dire à ces hooligans de Bristol (une minorité parmi les presque 20 000 spectateurs)  que  Walter Tull est un homme irréprochable et un modèle pour tout footballeur blanc, amateur ou professionnel. Aujourd’hui, il a été le meilleur avant-centre sur le terrain. »

Ce match contre Bristol City marquera un tournant dans la carrière de Tull. Après cet incident, il sera surtout aligné avec la réserve Spurs. Les raisons de cette soudaine mise à l’écart restent mystérieuses mais pour Dan Lyndon (enseignant et auteur de Walter Tull, Footballer, Soldier, Hero), Tottenham fut embarrassé par l’embryon de controverse qui se développa et voulut ainsi éviter toute fâcheuse redite.

Eté 1911, le club décide de le transférer. Il ne rejouera plus jamais en Football League. En octobre 1911, Tull part à Northampton Town, un club semi-pro ambitieux de Southern League, située directement sous la Football League professionnelle (alors juste D1 et D2). Les Cobblers sont dirigés par un grand innovateur qui deviendra un manager légendaire : Herbert Chapman. Tull y joue milieu jusqu’au début de la première guerre mondiale (111 matchs, 9 buts) et y devient une figure populaire. Les Glasgow Rangers s’intéresseront même à lui mais la guerre éclate et il se porte illico volontaire pour partir au front.

C’est chose faite en novembre 1914 (il s’engage avec le fameux Footballers’ Battalion). En 1917, il devient le premier officier noir de l’infanterie [1] (lieutenant), malgré un réglement militaire interdisant l’accession à ce rang à tout « nègre ou personne de couleur » (« seuls les hommes de pure descendance européenne peuvent devenir officier », stipulait le Code des Armées) car, voulait la croyance de l’époque, des Blancs n’auraient jamais accepté de se faire commander par un Noir.

Un corps d’armée où, dans des correspondances officielles, on utilisait des expressions telle que woolly-headed nigger (nègre aux cheveux crépus) pour parler de l’homme noir. Par sa grande compétence, son humanité et son courage, Tull avait fait tomber quelques barrières que l’on croyait immuables.

Il meurt au combat dans le nord de la France le 25 mars 1918, à 29 ans. Le commandant de son bataillon écrit ces mots au frère de Walter Tull :

« Walter était aimé de tous dans le bataillon. Il était très courageux et conscientieux. Le bataillon et la compagnie ont perdu un officier loyal et, à titre personnel, j’ai perdu un ami. »

Pendant très longtemps, jusqu’à la fin des années 1990, la seule trace de Walter Tull fut un simple nom, noyé parmi 36 000 autres sur ce mémorial d’Arras.
En 1999, le club de Northampton Town a érigé un mémorial près de son stade de Sixfields (à 5’20 dans ce clip sur W. Tull [2]) et obtenu de la mairie que l’avenue qui mène à Sixfields soit rebaptisée en son nom. Une statue serait également (vaguement) en projet près du futur stade de Tottenham.

Kevin Quigagne.

Les volets précédents :
(1) Introduction. Les premiers Blacks du football britannique
(2) Andrew Watson. Les premiers Blacks du football britannique
(3) Arthur Wharton. Les premiers Blacks du football britannique

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[1] A noter que contrairement à ce qui se lit sur ce sujet, Walter Tull ne fut pas le premier Noir officier de l’armée de terre, mais le premier dans l’infanterie. En effet, l’armée de terre avait promu deux officiers noirs dans sa division médicale avant lui. Merci à Rob Wickens pour cette précision (historien de Northampton Town et auteur de From Claret to Khaki: The Life of Walter Tull).

[2] A voir également sur W. Tull :

a) ce passionnant documentaire signé de BBC Four, le Arte anglais.

b) Walter’s War, téléfilm réalisé par BBC Four en 2008 et régulièrement rediffusé sur la BBC.

(ces deux productions BBC Four se sont directement inspirées du livre de Rob Wickens précité).

c) ce fascinant clip où Ian Hislop raconte l’histoire de W. Tull (Hislop est très célèbre au Royaume-Uni, comme homme des médias et journaliste – notamment rédac’ chef de Private Eye). Phil Vasili, historien du football noir britannique (voir volets précédents), apporte sa contribution ainsi qu’un éclairage sur les préjugés de l’époque.

d) ce court clip où l’auteur Michael Morpurgo parle également de W. Tull.

Enfin, la vie et carrière de Walter Tull en photos.

Je finis l’année vénère. Il est temps de cracher mon fiel.

L’an dernier, mes dix trucs à bannir étaient plutôt mœlleux. Mais l’époque se radicalise alors cette saison, j’ai sorti la Kalach et j’arrose.

[Cliquez sur les photos pour les agrandir]

# 5. Les médias qui big up les clubs lambda qui s’la pètent

[…] La réponse principale au concours cadeau est : Daniel Riolo.

Les réponses subsidiaires : Brisbois, Auclair, Pauwells (sûrement conditionné par son compatriote Philippe Albert).

Les gagnants sont : Bastien, Xavier, Sonic et Incendie Paillot qui font un 2/5 (40%), score assez minable mais les autres participants faisant 1/5 ou 0/5, ces petits compétiteurs l’emportent par défaut.

J’ai toujours pas décoléré, donc, comme promis, pas de cadeau. De toute manière, 40 % mériterait plutôt deux heures de colle qu’une récompense alors estimez-vous heureux et remerciez-moi de ne pas vous censurer temporairement ou à vie.

Vous pourrez vous rattraper au merveilleux Concours de Noël TK dans quelques semaines, avec un vrai cadeau à la clé. Je préfère vous prévenir : ça sera peut-être un cadeau-reject de mon Christmas anglais, vous savez, l’un de ces trucs stupides qu’on reçoit et qu’on cherche à refiler le plus vite possible. Ça ou un livre/magazine de foot anglais (mais n’allez pas cracher dessus pour autant, y’a des millions de petits pauvres qui rêvent de recevoir ne serait-ce qu’une mandarine à Noël, alors commencez pas à chouiner).

Nb : ça ne sera pas du style « Concours de Noël en famille autour du sapin et de la crèche » hein mais un truc hardcore où votre sagacité sexuelle sera testée. Vaudra donc peut-être mieux éloigner les p’tits Jesus, enfants et grands-mères avant d’y participer. Enfin, vous faites comme vous voulez.

Total Respect.

Total Respect.

# 6. Les supporters de la « BPL »

BPL = Barclays Premier League. BPL, c’est comme ça qu’une chiée de néo-Footix dangereusement contaminés par le virus corporate l’appellent. Exemple de phrases navrantes trouvées sur google :

« Les joueurs sud am déchirent tout en BPL cette saison »

« Mignolet et Cech c’est le top en BPL »

« La BPL est la ligue de soccer anglaise de première division » (sic)

« La BPL est un championnat avec ses leaders et ses relégables, mais avant tout un championnat ou voir Sunderland battre manchester utd est chose (presque) courante »

(euh, pas vraiment non – seulement deux fois depuis le lancement de la PL – mais passons).

Je ne vous cache pas mon inquiétude pour la nouvelle génération qui a grandi à coup d’acronymes, de hashtags et de foot virtuel. Je refuse cependant de condamner. Il faut avant tout écouter, dialoguer et éduquer. Ces jeunes Padawans ont probablement simplement péché par ignorance. Peut-être se sont-ils simplement égarés et attendent avec anxiété une lanterne pour éclairer leur chemin, une lumière pour les inspirer, une main pour les guider, un doigt pour leur indiquer la voie. Je peux être cette lanterne, cette lumière, cette main, ce doigt.

En attendant de trouver mon doigt et tout le reste les gars, si vous lisez mon message pédagogique, sachez qu’il n’y a QU’UNE seule Premier League au monde, c’est l’anglaise, et donc la seule abréviation possible est PL, ou, à l’extrême extrême limite, EPL (English Premier League).

BPL, sans déconner…


La seule vraie BPL                                                   Virez-moi tous ces guignols

# 7. Les consultants/journalistes dinosaures

Comprendre : le vieil « expert » ex-pro qui nous les brise menu à longueur d’année avec son foot à papa. Le gus a joué dans les années 60, 70 ou 80, bien avant le Big bang (l’arrivée de la Premier League) et n’a pas actualisé son disque dur depuis des décennies. Enfin, façon de parler car l’ordi n’existait pas quand il jouait.

Tantôt amer, tantôt nostalgique, mais souvent archaïsant, on jurerait le consultant/journaliste dinosaure tout droit extrait d’une capsule temporelle enterrée dans les Seventies et que l’on vient de déterrer. Il utilise le langage du passé et tend à tout juger à l’aune de ce « bon vieux temps » ultra folklorisé et sublimé, une espèce d’Arcadie footballistique idéalisée et figée dans un passé mythifié qui n’a jamais existé ailleurs que dans son imagination.

Ce Zemmour du ballon rond, qui ferait presque fait passer feu Thierry Roland pour un progressiste enragé, aime commencer la semaine sur les ondes en tartinant sur les inévitables « polémiques » du week-end et en se demandant tout haut, sur l’air du « Ah, elle est belle l’Angleterre du foot, tiens ! », ce qu’auraient dit/fait/pensé Bill Shankly ou Brian Clough à la place de X ou Y (en général, un manager étranger dézinguable en toute sécurité), sans intégrer dans son questionnement-raisonnement la légère évolution des choses depuis Shanks et Old Big ‘Ead (surnom de Clough).

Au travers des inflexions et tics langagiers du consultant/journaliste dinosaure, transparaît une influence marquée de cette rhétorique politique de type passéiste qui revient en boucle dans les débats d’actualité ou sociétaux, cf ces nombreuses références mélancoliques diffuses des uns et des autres aux figures tutélaires d’antan (Churchill, Thatcher, Scargill, Michael Foot, etc. – De Gaulle, Jaurés ou Blum en France, voire même Jeanne D’Arc pour les plus obscurantistes. Sont aussi probablement mentionnés : les Plantagenêts, Guillaume le Conquérant, Clovis et ce bon Pépin le Bref).

# 8. Les publicités de partis politiques dans les stades

Si le réglement de la fédération anglaise interdit aux spectateurs de brandir des affiches/banderoles à caractère politique ou syndical dans les stades anglais, il laisse en revanche aux clubs toute latitude en ce domaine. Et dans les clubs de D4 et non-League (sous la Football League – D2 à D4), là où le financement est souvent problématique, il n’est pas rare de voir des partis ou députés se faire mousser sur les panneaux publicitaires ou dans les encarts du programme de match (ainsi que des syndicats sponsoriser des petits clubs, surtout par le passé).

La plupart du temps, on ne fait guère attention à ces incursions. Mais UKIP, c’est différent, on les remarque et ça fait un peu couiner les dents. Perso, je mettrais tout le monde d’accord en boutant tous ces partis hors des stades, z’ont rien à y faire. Surtout UKIP.

En mai 2015, se tiendront les General Elections, on élira les 650 députés britanniques et le leader du parti vainqueur sera nommé Premier Sinistre. Une nouveauté : l’arrivée fracassante sur la scène politique de UKIP, UK Independence Party.

UKIP c’est le new kid on the block qui inquiète les trois Gros (Labour, Conservatives & Lib Dems), surtout les deux premiers, qui se partagent 86 % des députés de la House of Commons. UKIP est le premier acteur politique depuis un bail à pouvoir tailler des croupières au duopole précité. Enfin, en théorie car UKIP n’a jamais eu de député* et ne risque pas d’en avoir des masses en mai prochain, une poignée au maximum (because le système électoral british, le first-past-the-post, scrutin uninominal majoritaire à un tour). Leur présence obligera tout de même Travaillistes et Conservateurs à durcir leur programme et composer avec eux (et plus si affinités –  ententes, magouilles), surtout évidemment dans les 200 circonscriptions étiquetées swing seat ou marginal seat, là où l’avance du député sortant ne dépasse pas 10 %. Avec UKIP dans le rôle d’arbitre et Conservateurs & Travaillistes au coude à coude, la baston promet donc d’être chaude (ci-dessous la 15-day average trend line of poll results from 6 May 2010 to 7 November 2014. En rouge, les Travaillistes ; bleu, Conservateurs ; jaune, Lib Dem ; violet, UKIP).

UKIP, c’est nouveau, c’est europhobe, c’est caricaturalement populiste, ça défouraille tous azimuts sur l’étranger, l’immigré, Bruxelles, l’establishment politicard britannique, la mondialisation, les impôts, donc ça cartonne dans les sondages : approx. 33 % de « capital sympathie » et 16 % d’intention de vote. Et ça commence à bien s’engraisser (merci les généreux donateurs ex Conservateurs, tel le businessman Paul Sykes qui a leur déjà filé 7m £) et donc à s’offrir des espaces pub un peu partout, comme ci-dessus à Aggborough, le stade de Kidderminster Harriers FC (D5), voir article.

Le leader de ce parti férocement eurosceptique est Nigel Farage, ci-dessous, un ancien de la City scolarisé dans une école à 30 000 £ l’année, un mec qui connaît donc bien la vraie vie quoi.
Derrière la façade perma-bronzée de ce bateleur hors pair au demeurant sympathique (dans un style chiraquien : proximité, picole, goût des campagnes électorales), aux antipodes de son prédécesseur (le très coincé Robert Kilroy-Silk), se cache en réalité un dangereux politicien, qui rêve de tout privatiser, de quasi supprimer la BBC TV (qu’il considère probablement comme horriblement « gauchiste »), un type qui admire Putin et fricote au parlement européen avec le parti polonais d’extrême droite Nowa Prawica, dont le Führer est le grand démocrate Janusz Korwin-Mikke (anti état, anti système électoral, raciste, sexiste et négationniste). Apercu de ses idées dans ce clip intitulé « What the Ukip leader really thinks« ).

Starifié par les tabloïds quand il insulta Herman Van Rompuy, alors président de l’UE (clip), Farage semble prôner un « modèle » de type libertarien, l’anarchie économique quoi. Je dis « semble » car le discours UKIP est très fluctuant, sans doute une stratégie pour ratisser le plus large possible (mais pas forcément car pas sûr qu’ils aient de quelconque stratégie hormis leur axe anti-EU, anti-immigrés. Faut dire que la cohérence et UKIP, ça fait deux, ils s’adaptent au gré des opportunités et humeurs populaires en un temps record. Dès qu’on leur pose des questions précises et argumentées, ça se décompose vite. Enfin, passons car si on commence à s’attarder sur les apories du discours UKIP, on y sera encore à Noël).

Bref, UKIP n’est pas franchement très rassurant et on peut déplorer, en dehors de toute considération politique (sort of), qu’un club de football ait jugé judicieux de les accueillir. Alors évidemment, comme beaucoup de petits clubs pros, « Kiddy » est dans le rouge et le Trust des supporters (KHIST) a même dû leur filer une rallonge à l’intersaison pour payer les salaires. OK, hormis quelques clubs financés par un sugar daddy généreux, personne ne roule sur l’or dans ces divisions, mais bon UKIP, ça fait sacrément tache.

[*enfin si, deux depuis peu – élections partielles – mais c’était des transfuges du parti conservateur déjà députés, des Frondeurs qui ont utilisé un trou de souris juridique pour démissionner du parlement et se représenter sous l’étiquette UKIP. Par ailleurs, UKIP compte 24 eurodéputés, dont Nigel Farage]

# 9. Les supporters girouettes

Bon, prenons un exemple précis et parlant… qui pourrais-je donc bien choisir en toute objectivité-neutralité-impartialité… des supps d’un club passe-partout qui changent souvent d’avis et avec fortes amplitudes… Oh la la la, y’en a pas mal de ces clubs avec supps girouettes mais bon faut en choisir un, donc… je sais pas, au hasard, voyons… euhhhhhhhhh… je sais pas, mettons Newcastle United, mais vraiment au hasard alors.

Depuis 2011, leurs supps sont plus volages qu’une horde de Don Juan hyper testostéronés. Because Pardew bien sûr. Un vrai conte footballistique des temps modernes en multiples actes, voici les principaux :

Décembre 2010 : Pardew remplace Chris Hughton, à la surprise générale puisque le club est 11è. Le Londonien est accueilli très froidement, because : a) c’est un Londonien, comme Mike Ashley et Dennis Wise, l’ex bras droit d’Ashley et poil à gratter de Kevin Keegan deux ans plus tôt b) il n’a pas prouvé grand-chose.

Saison 2011-12 : encensé après la 5è place des Magpies. Est surnommé « Pardiola » sur les bords du Tyne et élu Manager Premier League de l’année par la LMA (League Managers Association).

Saison 2012-13 : Avant d’être flingué en 2012-13 (Newcastle 16è) puis définitivement achevé en 2013-14 avec moultes protestations anti-Pardew dans le stade et la ville (manifs, bus anti-Pardew & Mike Ashley). On entend un max de « Pardew est fini », « Pardew est mort », « Pards est grillé, il n’a plus d’avenir en PL », etc.

Début de saison 2014-15 : déchaînement sur les réseaux sociaux, avec notamment le fameux sackpardew.com. C’est officiel : le mec est un bon à rien et sa tête doit tomber.

Et pis, à partir de mi octobre 2014, miraculeux regain de forme : Newcastle aligne 5 victoires de suite en PL et passe de la dernière place ex-aequo au haut de tableau. Du jour au lendemain, Pardew est réhabilité et redevient le messie qu’il était en 2011-12 (« Vraiment un super manager, son coaching est impressionnant, il faut qu’il reste » ai-je entendu plusieurs fois… après avoir entendu le contraire des mêmes personnes deux mois avant). Etonnant que personne n’ait créé Pleasedon’tsackpardew.com.

# 10. Les prédictions à la con des « experts »

Surtout de ceux qui « awfulise » sans arrêt comme disent les psychiatres anglais, les Cassandre, les catastrophistes professionnels, les adeptes de la dystopie permanente, les fanas de l’Apocalypse, les doom merchants. Cas d’école : Southampton FC. A l’intersaison, les Saints perdent la moitié de leur ossature et là, grosse panique chez TOUS les observateurs du foot anglais (les Cahiers feront livrer une Dacia haut de gamme à celui qui, preuves à l’appui, nous trouve un gars qui était serein sur leur saison à venir à l’intersaison). Bim, les mecs passent l’été à noircir papier ou écran sur le thème du « Mon Dieu, quel terrible exode, Soton va se vautrer, les Saints ne s’en remettront jamais, ils vont descendre » etc. Koeman arrive, recrute malin et on connaît la suite.

Y’a même un mec spécialisé dans le football anglais et qui se vante de bien le connaître depuis un bail qui écrivait début juin : « Bref, il risque de plus rester grand monde au 31 août. Le dernier sorti éteint la lumière… »

Ah, ah, quel blaireau, un vrai Footixón comme pourraient dire les Espagnols.

J’imagine que vous mourez d’envie de savoir qui est ce Footix de troisième zone, hein ?

Ben c’est…






































































































… Kevin Quigagne…






























Kevin Quigagne (KQ qui a la honte et qui va aller se cacher sous un pouf et y rester jusqu’à Noël).

Je finis l’année vénère. Il est temps de cracher mon fiel.

L’an dernier, mes dix trucs à bannir étaient plutôt moelleux. Mais l’époque se radicalise alors cette saison, j’ai sorti la Kalach et j’arrose.

Bon, pis y’a un Concours cadeau aussi, le cadeau est pas génial (si Kdo y’a) mais vous aurez sûrement une idée alors autant y participer.

Concours cadeau TK

C’est bientôt Noël et faut fêter ça paraît-il. Alors, forcé et contraint, on organise le quatrième concours cadeau TK. La question est au # 5, faut deviner le nom d’un célèbre et remarquable journaliste/consultant de foot français, un mec exceptionnel. Plutôt piégeux à mon avis mais je ne veux pas vous influencer.

Bon, j’viens de réfléchir, pour le cadeau en fait c’est pas sûr du tout, ça dépendra de mon humeur, j’verrai si j’ai décoléré d’ici jeudi. Ça dépendra aussi de quel club anglais vous supportez bien sûr, on offre pas nos beaux cadeaux comme ça à n’importe qui, normal.

# 1. Le Wenger bashing


Banderole déployée lors du WBA-Arsenal d’avant-hier (0-1)

Marre des chouineries d’un tas de supps Gunners depuis des années, en évidence dans les phone-ins des stations de radios anglaises, à commencer par les animateurs eux-mêmes, tel Adrian Durham sur Talksport (présentateur vedette d’obédience trollesque) qui ne jouit jamais autant que quand il allume Arsène, dans sa quotidienne The Daily Arsenal par exemple. On sature vraiment là…

Certes, on pourrait sûrement reprocher pas mal de choses à Wenger ; son agaçante cécité sélective, qui se déclenche quand l’arbitre avantage son équipe (« Sorry, I didn’t see it« ), le fait qu’il ne sache toujours pas zipper sa doudoune (elle lui a encore foutu la honte ce week-end) et ses occasionnelles erreurs digne d’un entraîneur corpo. Mais il fait ce qu’il peut avec ce qu’il a (un board longtemps radin et vraiment bizarre) et ce qu’il a accompli devrait forcer le respect permanent. Au lieu de ça, la moitié des supps Gunners semble passer leur temps à chouiner et se lamenter.

Mais peut-être les supps Gunners préféreraient-ils échanger leur standing et jouer à Vis ma vie de raté avec leur dispendieux voisin et éternel loser Tottenham, hein ?

Bande d’ingrats va, vous méritez à peine de supporter MK Dons tiens*.

[*petite anecdote marrante : j’ai tweeté ça hier soir (« Bande d’ingrats etc. ») et ça a été RT par les mecs de MK Dons, ces cons n’ont pas capté que je me foutais d’eux. Quelle bande de nases alors].

# 2. Les supps qu’encouragent l’adversaire

L’an dernier, je pouffais sur ces risibles « écharpes de l’amitié » (# 4). Cette année, c’est une nouvelle mode inquiétante qui m’irrite les poils de partout : les mecs qu’encouragent leur adversaire du jour.

Comme sur le fil Twitter des supps français de Sunderland (ouais ouais, ça existe, y’a vraiment des Français qu’habitent en France, qu’ont jamais foutu les pieds à Sunderland et qui supportent les Black Cats ; j’ai pas encore encore décidé si c’est classe ou grotesque. Pour moi qui supporte Sunderland, c’est un vrai cas de conscience auquel il me faut réfléchir, je suis partagé, faut que j’appelle SOS Philosophes – mais je pencherais plutôt pour la 2).

Exemples relevés sur ce fil Sunderland : « Bon match aux Spurs » (13 sept.) et « Bon match aux Toffees » (9 novembre).

Allez, encore des clap clap et une poignée de main. Notre foot suivra-t-il ce triste chemin ?

Et oh les Bisounours, c’est quoi ce délire, vous vous croyez où là ? On dirait Questions pour un Champion avec ses candidats qui s’applaudissent non-stop les uns les autres et jouent à qui va faire exploser le premier le salamalèkomètre (après avoir fait exploser le pauvre buzzer sur lequel ils tapent comme des bûcherons shootés au crack).

Arrêtez-nous illico ces courbertinages hein, on vous a jamais appris les mauvaises manières de stade ? On n’encourage JAMAIS ses adversaires, au mieux on les ignore, au pire on les déteste. Au moins le temps d’un match évidemment, car après, rien n’empêche de trinquer ensemble (même avec ceux de MK Dons, eh ouais, même avec eux, ben ouais, on est comme ça les vrais supps, on se pourrit mais on sait aussi fraterniser – bon après, rien n’interdit de glisser un peu de mort aux rats dans les pintes des MKistes mais bon, c’est de bonne guerre. De toute manière ils n’auraient jamais dû voir le jour, alors bon, c’est pas comme s’ils avaient une existence légale, hein).

# 3. La prolifération de titres niais et farpaitement inutiles

Dans la presse je veux dire, je parle pas des titres style « Vainqueur de la Coupe des villes de foires » que certains clubs insignifiants ont décroché, parfois sur un gros malentendu (pas de nom mais bon, suivez mon regard).

Titres qu’on trouve même dans les journaux dits « de qualité », les broadsheets (souvent appelés quality newspapers). Du genre :

« Prochaine journée de championnat : le manager de X déclare que son équipe peut battre Y »

(A-ton déjà entendu un manager dire le contraire dans toute l’histoire du football ?)

ou

« Michael Owen pense que Chelsea a une bonne chance de finir champion »

(un grand prophète ce Michael Owen).

# 4. Les supps qui s’ font leur sandwich en tribune


Un Glory Hunter se tartine un casse-dalle peanut butter pendant le Man City-CSKA Moscou du mois dernier. C’est nouveau, ça vient de sortir et ça file le bourdon.

L’an dernier, je vous présentais un nouveau profil de supporter particulièrement navrant, le spectateur-Thermos (# 6). Cette saison, une nouvelle race encore plus déprimante a fait son apparition : le supp-qui-sort-le-matos-pour-se-préparer-leur-sandwich-en-plein-match.

Là, j’avoue que les mots me manquent pour commenter cette photo, ces cons m’ont scotché. Je sais pas moi, si le mec a vraiment faim, il peut pas sortir une pomme ou une banane ? Ça serait plus rapide et pratique que d’ sortir son sac pique-nique, non ?


Rigolez pas, c’est probablement déjà dans un stade près d’chez vous.

What next bordel ?… Des coins cuisines en tribune pour s’faire sa popote à la mi-temps ? Des hôtesses, en attendant les robots, qui passeront dans les travées avec des chariots McDo ? Des superettes dans les coursives ? On peut franchement se demander si les buvettes existeront encore dans dix ou quinze ans. Les amateurs de la pause jambon-beurre-pinard des buvettes d’antan (dont bibi) commencent franchement à flipper.


On manque justement de faiseurs de sandwichs en G-B, cool pour le mec sur la photo.

Une déliquescence qui aurait rendu vénère Raoul Volfoni (Bernard Blier) dans les Tontons flingueurs. Raoul et son mythique : « On n’est quand même pas venus pour beurrer les sandwichs. »

Et ben si Raoul, et ben si, te répondrait effrontément le type sur la photo, « Je suis bien venu assister à ce match hyper important de Ligue des Champions pour beurrer mes sandwichs, au beurre de cacahuète en plus. Et alors, ça te fait hyperventiler ? »

(Non, Raoul, non, du calme, repose cette mitraillette, non Raoul, range ton porte-avion, fais pas un carnage, ne ventile pas aux quatre coins du stade à cause de ce demi-sel, ce n’est qu’un cave).

# 5. Les médias qui big up les clubs lambda qui s’la pètent

Prenons un exemple au hasard de club ordinaire qui, pour d’obscures raisons, se retrouve bigged up comme pas possible dans les médias et qu’on nous présente régulièrement comme un Real Madrid en puissance.

Allez, au hasard, prenons, je sais pas moi, qu’est-ce qu’on pourrait prendre… voyons voir… un club lambda qui se la pète bien… qui pourrais-je donc bien choisir… allez, je sais pas, mettons Newcastle United, mais vraiment au hasard. Que n’entend-on pas, sans arrêt, sur ce club qui attirait 6 000 spectateurs y’a pas si longtemps (j’invente rien) et qui a gagné des queues d’ navet depuis 1969 (et encore, leur Coupe des villes foireuses c’était sur un énorme malentendu, voir ici). Florilège : a) « Immense club », b) « Grand club historique », c) « Un grand stade », d) « Un stade toujours plein » e) « Club encore en Ligue des Champions y’a pas si longtemps », etc. Pulvérisons ces grotesqueries avec des FACTS :

a) Un immense club ? … Aucun titre national de D1 depuis 1927.

b) Grand club historique ? … Argument ridicule : tous les clubs sont historiques.

c) Un grand stade ? … Ouais, et alors, ça prouve quoi ? Le National FC de Manaus joue aussi dans un grand stade. Idem pour MK Dons, Sheffield United, Coventry, FC Bari et des dizaines d’autres à travers le monde.

d) Un stade toujours plein ? … Ouais, comme 90 % des clubs de PL.

e) Club encore en Ligue des Champions y’a pas si longtemps ? … Euh, « y’a pas si longtemps », Blackburn aussi était en Champions’ League, Liverpool dominait le football européen, Luton et Wimbledon faisaient régulièrement trembler l’élite, Forest et Aston Villa était champion d’Europe avec des anonymes, on pouvait finir vice-champion d’Angleterre avec d’illustres inconnus (Watford, 1983) et Carlisle United était 1er de D1 (1974).

Pffff.


Avant la méga hype, y’avait pas grand monde à Saint James’ Park dis donc.

Et tout ça juste parce que Newcastle était blindé y’a vingt ans (record du montant de transfert battu en 1996 avec Alan Shearer), que pas mal de Frenchies y ont joué, que Ginola y a flambé, et que comme El Magnifico est sympa, célèbre et toussa, alors on adule NUFC pavloviennement en réécrivant l’histoire au passage. Et comme par miracle NUFC, anonyme club habitué à la D2 jusqu’au début des Nineties, devient un superclub devant lequel on devrait tous se prosterner dans une admiration béate et servile.

Ben moi je dis Non, Non, Non, basta, y’a des gens qui souffrent en silence à cause de ces mensonges, il faut dénoncer haut et fort ce scandale. Dénoncer ce lavage de cerveau permanent, cette mascarade, ces tartufferies orchestrées par les ayatollahitos de la pensée unique. Je suis pas nombreux dans ma bande mais j’ai un allié de poids, un soutien inattendu, un journaliste/consultant très connu qui n’est autre que _______.

Et ouais, étonnant mais c’est le seul journaliste/consultant qu’est jamais tombé dans ce piège grossier. Parce qu’on la lui fait pas à ce grand connaisseur, on le dupe pas comme ça lui, oh non. Alors quand B________, ________, ________ (sûrement conditionné par son compatriote ________  _______t) ou un auditeur-Footix nous entonnent leur désolante antienne du « Newcastle-immense-club-historique-avec-des-supporters-uniques », ben mon ________ il les tacle, il leur fait une ordonnance sévère, il les ventile aux quatre coins du studio.

Félicitations ________, merci et continue à refuser cette soupe infâme servie en boucle par les Driblous de tous poils, les Super Victor des médias foot aveuglés par la hype et autres rhéteurs révisionnistes. Et si décides un jour d’écrire un bouquin sur les grands mythes du football ou, mieux, de prendre les armes sur ces questions pour bouter ces Goalix hors des ondes, tu peux compter sur moi, je serais à tes côtés dans ton juste combat. Jusqu’à la mort.

¡No pasarán! ¡Hasta la Victoria Siempre!

Question Concours cadeau* : Qui est donc ce merveilleux journaliste/consultant ?

Et pis donnez-moi svp le nom des 3 autres journalistes/consultants + celui de l’ex joueur pro pendant que vous y êtes (surtout les deux derniers noms car bel indice, les 2 derniers ne sont pas français).

Résultat dans moins de 48 heures (*Euh, pour le cadeau, je promets rien…).

A suivre.

Kevin Quigagne.