Archive for février, 2014

Focus – Moins connu mais plus chevelu que son homonyme de Chelsea, Sergio Torres s’est fait une place en Football League. Un long chemin pour l’Argentin, qui évoluait encore en quatrième division dans son pays natal, il y a une dizaine d’années.

« Je travaillais dans une usine de briques avec mon père quand je me suis dit : « Je ne veux pas faire ça toute ma vie ». Je savais qu’en Argentine, à 21-22 ans, si on ne joue pas en première division, il était impossible de gagner sa vie. Alors j’ai économisé pour me payer des billets pour l’Angleterre. »
Ainsi commence la folle aventure de Sergio Torres. En 2004, il quitte la chaleur argentine pour tenter sa chance à Brighton, lors d’un essai de deux semaines, avec £180 dans ses poches, et des rêves plein la tête.

Squats, « Goal! » et empilage de cartons

Mark McGhee, l’entraîneur de Brighton, qui l’a pourtant fait traverser l’Atlantique, est loin d’être convaincu par le talent du jeune Argentin.
« Tu es trop lent pour le football anglais, tu ne perceras jamais dans le milieu », lui déclare t-il.

« Chaque fois que je regarde le film « Goal! », ça me rappelle mes débuts en Angleterre. Je me suis fait jeter de Brighton pour le plaisir, il pleuvait, c’était tellement Anglais. Je ne pouvais pas le supporter. », se souvient Torres.
Un coup de massue pour l’Argentin, sans le sou, et obligé de squatter avec une pelletée de Camerounais (sans le sou également) dans une maison du sud de Londres.

« Bouge-toi de là, je dors ici aussi. »

« Un agent camerounais – je ne me souviens que de son prénom, Roland – m’a récupéré à l’aéroport à mon arrivée, puis m’a emmené dans une de ses maisons. J’étais si fatigué que je suis allé me coucher de suite. Une heure plus tard, quelqu’un m’a réveillé et m’a dit « Bouge-toi de là, je dors ici aussi ».
J’ai regardé par la fenêtre en pensant « Que suis-je venu foutre ici ? En Argentine, j’avais ma famille, mon travail, mon propre lit. Maintenant, je dois partager mon lit avec un parfait inconnu, à 15000 km de chez moi, et je ne parle pas un mot de la langue. »
Cette nuit-là, je n’ai pas dormi. Je me suis contenté de fixer le plafond, des heures durant.
»

Ceci n'est pas un montage.

Ceci n'est pas un montage.

Pourtant, Torres ne lâche pas son rêve. Il signe à Molesey, une obscure équipe de neuvième division, où il évolue pendant deux mois avant de partir pour Basingstoke Town (D7), où il restera deux ans.
Pour pouvoir vivre, Torres travaille à mi-temps chez Boots (une chaîne nationale de produits de beauté, d’hygiène et de pharmacie), où il empile les cartons dans la réserve.

« Je me levais à 5h du matin, prenais mon vélo pour aller travailler toute la journée, puis remontais à vélo pour aller disputer mes matchs à Basingstoke.
La première fois, j’étais tellement crevé que je me suis endormi dans les vestiaires, pendant le discours du coach. Ce jour-là, j’ai été élu homme du match.
»

Cependant, Torres ne parvient toujours pas à joindre les deux bouts, aussi s’installe t-il pendant plusieurs mois, avec un de ses coéquipiers et compatriotes, Cristian Levis, dans la maison d’un fan de Basingstoke.

« Il s’était marié deux mois auparavant. On a rencontré sa femme, et elle n’était pas impressionnée du tout. Son regard était loin d’être amical.
Ils ont laisser deux Argentins squatter chez eux comme ça, pendant plus ou moins quatre mois. On est devenus amis depuis, c’était assez fun.
»

Le Maradona du Buckinghamshire

La vista et la technique du jeune Argentin ne lui sert à rien dans les tréfonds de la Non-League.
« J’aime jouer à terre, mais ce n’était pas possible à Basingstoke. C’est là que j’ai appris le côté physique du football. En tant que milieu central, je voyais tous les ballons passer au-dessus de moi et je devais me battre pour récupérer les seconds ballons, c’était très dur. »

Le déclic a lieu en 2005, lorsque Basingstoke affronte les Wycombe Wanderers (D4, et un des blasons les plus moches du football professionnel anglais), lors d’un match amical de pré-saison.
Malgré la lourde défaite 8-2, Torres impression l’entraîneur adverse, John Gorman, qui décide de lui faire signer un contrat de deux ans.
« Il était au duel avec Rob Lee [Ancien mileu de Newcastle et des Three Lions, 21 capes], et n’a jamais lâché.
Personne n’aurait parié sur lui. Il avait juste besoin que quelqu’un croie en lui, et c’est ce que j’ai fait
», se souvient Gorman.

Ses longs cheveux bouclés font sensation à Wycombe, où il gagne un surnom, le Maradona du Buckinghamshire.
Au total, Torres restera trois ans chez les Chairboys et se paiera le luxe de disputer une demi-finale de League Cup contre le Chelsea de Mourinho.

En 2008, il rejoint Peterborough (D3), pour un montant de £150.000. Malheureusement, il n’y dispute que des bouts de matchs, et est mis sur la liste des transferts à la suite de la promotion du club.

« Je n’arrivais pas à assumer le montant du transfert, c’était trop. J’en suis arrivé au point où je ne voulais plus me rendre aux entraînements, et j’avais peur de toucher le ballon. »

S’ensuit alors un prêt tout aussi décevant à Lincoln (D4), avant, enfin, un transfert, chez les nouveaux riches de Crawley Town (D5).

Le théâtre des rêves

Retour en bas de l’échelle pour Torres, qui s’impose de suite comme un maillon essentiel des ambitieux Red Devils.
L’objectif affiché du club est d’accéder à la Football League dès la fin de la saison, ce qui sera fait avec brio, Crawley remportant la division avec 15 points d’avance sur le second, et plus de 100 points au compteur.

Mais c’est surtout l’épopée du club en FA Cup qui marque les esprits.
Torres inscrit dans les arrêts de jeu le but de la victoire 2-1 contre Derby County (D2) au troisième tour, plongeant ses supporters dans la liesse la plus totale. Au tour suivant, les Red Devils se débarrassent facilement de Torquay, pourtant une division au-dessus, et accèdent ainsi à une affiche de rêve en huitième de finale : un déplacement à Old Trafford, pour y affronter Manchester United (voir l’article de Kevin Quigagne, Red Devils v Red Devils).

« C’est ma plus grande réussite, avoue Torres. Le premier match que je suis allé voir en arrivant en Angleterre était à Old Trafford. Je rêvais de jouer là-bas un jour, mais je venais de signer à Basingstoke.
Quand, finalement, nous avons affronté Manchester, j’ai repensé à mes débuts à l’usine de briques. C’était l’achèvement d’un long voyage.
»

Crawley s’inclinera 1-0 sur un but de Wes Brown, devant ses 9000 et quelques fans ayant fait le déplacement, manquant d’un cheveu le replay (la tête de Richard Brodie heurtera la barre à la 93e minute).
C’était la première fois depuis 1994 qu’un club de Non-League accédait aux huitièmes de finale de la FA Cup.

Depuis, Crawley a repris son petit bonhomme de chemin (promotion en D4 en 2011 donc, puis promotion en D3 en 2012, avant une 10ème place la saison dernière).
Torres, lui, joue de moins en moins, la faute à des blessures récurrentes. Peut-être l’heure d’un nouveau départ pour une nouvelle belle histoire ?

Comme dans Pokémon, Torres possède deux évolutions.

Comme dans Pokémon, Torres possède deux évolutions.

La carrière de Torres

Saison Club Division Matchs Buts
2002-2004 Club Atletico Bansfield D4 Arg.
2004 Molesey D9
2004 Basingstoke Town D7 69 matchs 10 buts
2004-2005 D6
2005-2006 Wycombe Wanderers D4 24 matchs 1 but
2006-2007 Wycombe Wanderers D4 20 matchs 0 but
2007-2008 Wycombe Wanderers D4 44 matchs 5 buts
2008-2009 Peterborough United D3 15 matchs 1 but
2009-2010 Lincoln City (prêt) D4 9 matchs 2 buts
Peterborough United D2 9 matchs 0 but
2010-2011 Crawley Town D5 45 matchs 6 buts
2011-2012 Crawley Town D4 45 matchs 3 buts
2012-2013 Crawley Town D3 28 matchs 0 but
2013-2014 Crawley Town D3 11 matchs 0 but

Sources : ici, ici et ici.

Matchbox vintage – Leicester City 3 – 3 Arsenal (27 août 1997)

C’est bientôt les Césars. L’occasion de rendre hommage aux films qui ont reçu la récompense suprême, à travers l’une des fins de matchs les plus jouissives des années 90.

Buts : Heskey (84′), Elliot (93′), Walsh (96′) ; Bergkamp (9′, 61′, 94′)

Le point sur le classement au coup d’envoi (statto.com)

Le onze de Leicester

Coach : Martin O’Neill (en place depuis un an et huit mois)

O’Neill est parvenu à faire monter Leicester en Premier League (2-1 en play-offs face à Crystal Palace), puis à y faire maintenir l’équipe (9ème en 96/97). Le début de saison est encourageant. C’était le temps où Emile Heskey apparaissait encore comme un prophète capable d’affoler les défenses adverses.

Le onze d’Arsenal

Coach : Arsène Wenger (en place depuis onze mois)

« Arsène who? » s’est fait un nom. Arsenal termine à sa meilleure place depuis 1991 (période pré- Premier League), derrière l’intouchable Manchester United et à égalité de points avec Newcastle et Liverpool. Les arrivées d’Emmanuel Petit et de Marc Overmars font valeur de tesst pour le titre.

La première mi-temps

Après une première occasion d’Heskey sans grand danger, les Gunners prennent rapidement l’avantage grâce à Bergkamp. Sur un corner frappé par Overmars, le Néerlandais hérite du ballon à l’angle gauche de la surface, contrôle et enroule un amour de ballon dans la lucarne opposée. Keller le voyait dehors. 0-1.

La providence a décidé de ne pas aider Keller, dont le dégagement raté entraine un tir puissant d’Overmars. Keller repousse, mais dans les pieds de Wright, qui frappe à côté.

Sur son aile gauche, Guppy n’est pas ridicule et livre quelques ballons intéressants à Heskey. Qui, hélas, n’en fait pas grand-chose.

Leicester multiplie les occasions pour revenir à la marque, mais le bal des maladroits se poursuit : sur une remise en retrait d’Izzet, Matt Elliott reçoit le ballon aux vingt mètres et envoie une cartouche. Mais le vieux fusil est rouillé et la balle effleure un spectateur du virage sud.

Une ultime frappe de Bergkamp clôt une première mi-temps agréable, pendant laquelle la balance a plutôt penché du côté d’Arsenal.

On espère que ces supporters ont pu repartir avec le dernier métro

On espère que ces supporters ont pu repartir avec le dernier métro

La deuxième mi-temps

La seconde période met du temps à démarrer. Les gardiens ne sont pas inquiétés outre-mesure. Jusqu’à cette contre-attaque menée par Vieira, qui donne à Bergkamp dans l’axe aux 30 mètres. On connait la chanson : celui-ci élimine le dernier défenseur puis trompe le gardien. 0-2.

Leicester ne baisse pas la tête pour autant. Sur un centre astucieux d’Heskey, Seaman glisse et Guppy est à deux doigts de réduire la marque. Mais Dixon veille, et dégage en corner.

Leurs efforts sont finalement récompensés, à la faveur d’un dégagement raté de Bould. La touche est rapidement jouée, Parker centre et Dixon se troue. Heskey pousse dans le but vide. 1-2.

Leicester continue de pousser, et Arsenal de reculer. Sur un corner repoussé par Arsenal, Elliott hérite du ballon aux 20 mètres, dans la même position que Bergkamp sur son premier but. Il esquive le défenseur venu à sa rencontre. Son tir dévié termine dans le petit filet de Seaman. 2-2.

Leicester croit avoir fait le plus dur, mais c’est mal connaître the artist Dennis Bergkamp. Un ballon aérien de David Platt,  le reste se passe de mots. 2-3.

O’Neill a la haine, mais ses hommes ont de la ressource. Corner de Parker, concours de têtes bleues dans la surface, et c’est Steve Walsh qui reprend victorieusement. 3-3.

Au revoir les enfants

Au revoir les enfants

This is the end

Matthew Dymore