Archive for mai, 2011

Saison historique pour les Red Devils, celle du dix-neuvième titre, tant convoité depuis le célèbre vœu de Fergie en 2002 de « faire tomber Liverpool de son putain de perchoir ». Certes, le United version 2010-2011 n’est pas un grand cru millésimé. Pour autant, ce n’est pas une piquette non plus.

Qui dit fin de saison, dit examen des performances pour chacun des vingt-neuf joueurs utilisés en championnat, ainsi que leur manager, le prof principal de la classe 2010-2011. Une évaluation de fin d’année qui prend forcément des allures de bulletin scolaire.

Dernière partie aujourd’hui (voir deuxième partie ici, et troisième partie ici – seules les prestations Premier League ont été prises en compte dans la notation. Légende : P = participations en classe – apparitions. B = buts. N = note – sur 20).

Voici les appréciations du Conseil de classe.

 

Gabriel Obertan     P : 7     B :  0     N : 9

Gabriel, avec tous ses camarades

Gabriel, avec tous ses camarades

Gabriel a disputé son tout premier match sous l’uniforme Red en octobre 2009 contre Barnsley et pourrait bien y finir aussi s’il ne met pas un gros coup de collier très rapidement. Depuis son arrivée dans l’établissement il y a deux ans, il n’a pas su saisir les diverses opportunités qui se sont présentées à lui. N’est plus apparu dans le groupe que deux fois depuis cinq mois. A surtout évolué en réserve le mercredi après-midi avec l’UNSS, en coupe et en Ligue des Champions. En technologie, s’est amélioré dans le module « cadrage » mais attention aux déchets. En orthographe et expression technique, ne maîtrise par encore l’art (certes difficile) de la virgule mais affiche de la bonne volonté. Mais tout cela suffira-t-il ? Gabriel doit s’extraire de cette spirale négative et davantage croire en lui. En premier lieu, il doit se montrer plus régulier. Dynamique, rapide, technique, en théorie, il a tout pour faire une honnête carrière dans le foot anglais, mais probablement pas dans cet établissement. Avertissement du Conseil.

 

Michael Owen     P : 11     B :  2     N : 9,5

Un cas délicat que le Conseil a dû aborder avec précaution mais sans états d’âme. Michael a débarqué chez nous été 2009 à grand renfort de publicité, accompagné d’un dossier scolaire aussi étrange que fascinant. Michael n’est pas un élève comme les autres. A lui seul, il génère toute une industrie et, après son exclusion de Newcastle, sa société de management (Wasserman Media Group) a produit une extraordinaire brochure de 32 pages sur le phénomène afin de convaincre les candidats à la reprise. Certes, une démarche inhabituelle mais pourquoi pas. C’était surtout hautement comique, en particulier les sections surréalistes telles que « Michael Owen : The Athlete, The Ambassador, The Icon » et « Michael Owen –  Brand values ». Les atouts de Michael étaient tous listés : « good-looking », « cool », « charismatic and aspirational » et même « clean and fresh »… Il était également décrit comme « young » et « fit and healthy » (à voir absolument ! Version complète ici, et résumé ici). Wasserman comptait ainsi vendre son poulain à un grand établissement européen. Cette année, Michael atteint péniblement la moyenne et on aimerait savoir quel genre de brochure Wasserman Media Group va produire. Les adjectifs « Cool, healthy, fit and young » pourraient passer à la trappe. Optera-t-on pour « uncool, unheathy, unfit and old » ? Sait-on jamais, ça pourrait intéresser West Ham (cf Benni McCarthy & Kieron Dyer).

Michael fait un exposé devant ses camarades

Michael fait un exposé devant ses camarades

L’année n’a pas été de tout repos pour Michael. En musique, un peu juste physiquement, il a parfois avalé la trompette. En biologie, doit mieux juger la physionomie des parties pour espérer de meilleurs résultats. Doit mettre à profit ses nombreuses périodes d’inactivité pour s’améliorer en orthographe et cesser d’être obnubilé par les bolides (ne pas systématiquement épeler « convalescence » par « convoi d’essence » dans les dictées). Pris en flagrant délit de tentative de pompage sur son camarade Owen Hargreaves (qu’il essaie d’émuler – ou « des mulets », comme il écrirait probablement), ce qui explique ses incessants séjours à l’infirmerie. S’est signalé cependant positivement une ou deux fois (notamment à Bolton en début d’année) dans le peu de temps de présence dont il a bénéficié, mais a glissé dans l’ordre établi et se retrouve pas loin du coin réservé aux bonnets d’âne. Ne devrait pas voir son contrat avec l’établissement être renouvelé. Orientation probablement à revoir (destinations exotiques évoquées, dont Derby County). Avertissement du Conseil.

 

Ji-Sung Park     P : 15     B :  5     N : 14,5

Ji-Sung, en plein rasage le matin à l'internat
Ji-Sung, en plein rasage le matin à l’internat

Elève calme, studieux, vif, altruiste et énergique. A collectionné les bons points malgré un exercice perturbé par les blessures et interrompue par la Asian Cup. Souvent surnommé le « unsung hero » du collectif mancunien, l’infatigable Sud-Coréen qui sait mouiller l’uniforme comme personne a continué de prouver tout au long de la saison qu’il est bien plus qu’un vulgaire avaleur de kilomètres sauce Duracell. En musique, a donné quelques récitals de haut niveau. Consciencieux, il rend du travail soigné avec une finition propre, nette et sans bavures. Excellent dans les grandes occasions, comme contre Chelsea début mai (homme du match). Encouragements du Conseil.

 

 

Wayne Rooney    P : 28     B : 11     N : 15

Première moitié de saison difficile
Première moitié de saison tendue

Encore un lourd et épineux dossier à traiter. Wayne est un élève talentueux mais son attitude a continué à le desservir durant cet exercice. Grand chahuteur et parfois violent, Wayne a donné du fil à retordre à une quantité impressionnante d’intervenants au cours de l’année. Toutefois, du strict point de vue de ses performances, l’ensemble reste encourageant et ce brillant élément semble être revenu près de son meilleur niveau (voir clip du dossier 2011). Excellent dernier tiers de saison, ce qui rattrape une première partie d’exercice anonyme, marquée par des affaires et déclarations glauques d’août à octobre (multiples distractions extra-scolaires, le renvoi fut évoqué). Période pénible pour tout le monde pendant laquelle une pléthore de services pédagogiques fut mise à rude épreuve, du psychologue scolaire au médiateur de quartier, en passant par le conseiller d’orientation et l’inspecteur académique (sans parler des calculettes et du personnel service comptabilité).

Wayne excelle en mathématiques et il a parfaitement assimilé l’ensemble des nouveaux outils de repérage et évaluation du calcul d’un contrat.

La suite fut bien plus réjouissante

La suite fut bien plus réjouissante

Au vu d’un premier trimestre décevant (méforme et toujours aucun but en open play à la fin décembre), le Conseil avait adressé à Wayne un avertissement sans frais. Force est de constater que Wayne a su réagir et cela est à son honneur. Excelle en mathématiques où il a parfaitement assimilé l’ensemble des nouveaux outils de repérage et évaluation du calcul d’un contrat. Très doué également en travaux manuels et sa maîtrise du ciseau contre Man City lui a valu les louanges de tous (également doué en couture, jolie confection express du coup du chapeau – 14 minutes – contre West Ham début avril). A également activement participé aux corrections (notamment contre Birmingham et Blackburn, respectivement 5-0 et 7-1). Wayne commet peu de fautes mais il est encore trop indiscipliné dans l’ensemble (24 seulement cette saison, et 5 jaunes – contre 115 et 10 jaunes pour le leader du hit-parade bourrin, Kevin Davies). Pour employer le langage de la cour de récré, Wayne cultive une fâcheuse propension au « pétage de plombs » et doit apprendre à se maîtriser en toute circonstance. Ses vilaines tendances à l’emportement mode gamin gâté-pourri et surprotégé ont refait surface. Peut présenter un danger en classe (cf l’agression gratuite sur James McCarthy, Wigan) et a alourdi un casier disciplinaire trop chargé. Tweete encore trop en cours et a tendance à en rajouter (exemple : « Un Scouser a fait descendre Liverpool de leur piédestal. Un Evertonian en plus. Ce soir, je suis aux anges. »). A cependant répondu présent dans les moments cruciaux. Le Conseil recommande un stage d’anger management cet été chez Sven-Goran Eriksson et décerne les Encouragements.

 

Paul Scholes     P : 22     B : 1     N : 11,5

Paul avec deux copines, traînant dans les couloirs

Paul avec deux copines, traînant dans les couloirs

Ensemble convenable mais sans plus. Début de saison fort encourageant suivi d’un gros relâchement qui explique sa baisse de participation par la suite, surtout lors du dernier trimestre (quatre présences seulement en championnat depuis le 1er mars). Côté positif, il est certain que Paul surveille admirablement bien ses affaires et ne connaît pas de problèmes de possession. A de bonnes idées et sait prendre l’initiative. Créativité en baisse mais des progrès en écriture, d’ailleurs, son autobiographie sort en septembre. Son expérience et sa vista ont sauvé quelques situations délicates. A sa décharge, Paul manque parfois de maîtrise de soi et certaines de ses interventions musclées (et spatio-temporellement ratées) ont pénalisé le groupe. N’a pas comblé ses grosses lacunes dans le tacle. A connu trop de moments d’absence. Il plane parfois et a la tête dans les nuages, d’où il redescend souvent sous forme de perturbations (neuf jaunes en championnat – et exclu contre Man City en FA Cup – des problèmes d’indiscipline récurrents, jamais résolus). Le Conseil a recommandé l’arrêt de cursus, mais Paul a décidé de persister encore un an. Passable.

 

Chris Smalling     P : 16     B : 0     N : 15

De Maidstone United (D7) à Old Trafford, en 20 mois

De Maidstone United (D7) à Old Trafford, en 20 mois

Bilan très satisfaisant pour ce petit nouveau que Fulham acheta une misère (10 000 £) en 2008 à un club amateur et n’aligna qu’une poignée de fois (barré par Bred Hangeland et Aaron Hughes) avant de faire un beau numéro de gymnastique vingt mois plus tard (superbe culbute à la revente, x 1 000). Incontestablement l’une des révélations de l’année. Très calme, posé, déterminé et fort en lecture (du jeu). Déterminé et accrocheur, il sait organiser rapidement ses idées et fait preuve de créativité. Malgré son jeune âge, il participe aux débats avec rigueur et vigueur. Grande maturité. A superbement suppléé Vidic ou Ferdinand. Félicitations.

 

Antonio Valencia     P : 10     B :  1     N : 14

En étude et en soutien personnalisé

Antonio, en étude et en soutien personnalisé

La saison a commencé par un coup dur pour ce véloce élève équatorien. Le 14 septembre, contre les Rangers de Glasgow dans la « Battle of Britain » (Ligue des Champions), Antonio s’est gravement blessé : fracture de la cheville qui le mit hors service six mois. Superbement revenu mi mars, par sa fraîcheur et son énergie, il a prouvé en fin de saison qu’il pourrait bien faire partie du cercle des indispensables l’an prochain. Son raisonnement logique et séquentiel est admirable. Sait prendre des risques dans la manipulation du ballon, précis et appliqué. Encouragements.

 

 

Edwin van der Sar     P : 33     B :  0     N : 18

Quarante ans mais toujours au top, immanquablement présent dans les grands matchs ou son immense expérience et sa force de caractère ont rassuré (hormis un ou deux bémols, surtout contre WBA en octobre dernier a domicile). Sa dernière saison avec les Red Devils conclut merveilleusement une carrière professionnelle entamée en 1990 à l’Ajax. Le jeune David De Gea pourrait avoir la lourde tache de le remplacer (pourvu qu’il ne fasse pas une Taïbi). A aussi été élu dans l’équipe PFA de l’année. Félicitations, mention « Bravo et merci pour l’ensemble de son œuvre ».

 

Nemanja Vidić     P : 35     B :  5     N : 19

Toujours le premier à répondre présent

Toujours le premier à répondre présent

Inamovible bloc de granit serbe, celui que le prof principal, l’été dernier, a nommé délégué de la classe (fait capitaine à la place de Gary Neville) n’a rendu quasiment que des copies irréprochables tout au long de l’année. Logiquement élu dans l’équipe PFA de la saison. Sans doute le meilleur défenseur de la PL, malheureux de n’avoir reçu ni la récompense du PFA Players’ Player of the Year (Gareth Bale) ni celle du Football Writers’ Association Footballer of the Year (décernée à un crack parmi les cancres, Scott Parker, West Ham). En travail du bois et de la matière, Nemanja a excellé dans la fabrication et solidification des charnières, Vidić-Ferdinand étant probablement la meilleure de l’ère Ferguson (avec Bruce-Pallister pas loin derrière). L’art de la tenaille et le maniement de l’étau ont également été admirablement maîtrisés. Seule mini ombre au tableau, Nemanja manque peut-être parfois d’un brin de mobilité. Félicitations d’un Conseil tout excité, avec mention « quasiment parfait ».

 

Même la DDE chambre

Même la DDE chambre

Alex Ferguson (professeur principal). 18.

Très fort en gestion (a bien géré Ryan Giggs tout au long de l’année) et a excellé en science (a trouvé la bonne formule pour tirer le maximum du groupe). Tactiquement au sommet de son art cette année (cf match contre West Ham). Parfois victime du complexe de persécution « londonien » et roi des « mind games » (intox), Sir Ferguson aime chambrer ses collègues et a piqué quelques colères mémorables contre les officiels, les instances et nombre de journalistes. Sir Alex est déterminé à continuer, et à passer peut-être la barre symbolique des vingt titres de champion d’Angleterre. Félicitations.

Kevin Quigagne.

Saison historique pour les Red Devils, celle du dix-neuvième titre, tant convoité depuis le célèbre vœu de Fergie en 2002 de « faire tomber Liverpool de son putain de perchoir ». Certes, le United version 2010-2011 n’est pas un grand cru millésimé. Pour autant, ce n’est pas une piquette non plus.

Qui dit fin de saison, dit examen des performances pour chacun des vingt-neuf joueurs utilisés en championnat, ainsi que pour leur manager, le prof principal de la classe 2010-2011. Une évaluation de fin d’année qui prend forcément des allures de bulletin scolaire. Le Conseil de classe a rendu sa copie. Aujourd’hui, deuxième partie (2/3). De Darren Fletcher à John O’Chie, comme on dit sur TF1.

(seules les prestations Premier League ont été prises en compte dans la notation. Légende : P = participations en classe – apparitions. B = buts. N = note – sur 20)

 

Darren Fletcher     P : 26     B :  2     N : 14

Sérieux, appliqué, volontaire et courtois, Darren est un élément fort apprécié qui a contribué positivement tout au long de l’année. Il a joué un rôle prépondérant dans la conquête du titre, hormis deux mois d’indisponibilité en mars et avril (virus à l’estomac, dû vraisemblablement aux fayots de la cantine – non, pas Gary et sa bande, les haricots). Son travail de reprise a porté ses fruits et on a pu constater que Darren a manqué au groupe lors de son absence (plusieurs défaites). Si son point fort demeure la lecture (du jeu), Darren excelle en science, il est d’ailleurs l’auteur de nombreuses passes de laboratoire. En musique, on le surnomme « le métronome ». Encouragements mérités du Conseil.

 

Darron Gibson     P : 12     B :  0     N : 9

Darron lève souvent la main mais n'y arrive pas

Darron lève souvent la main mais n'y arrive pas

Le Conseil a eu fort à faire avec ce dossier épineux. En théorie, il ne reste plus à Darron qu’un an dans l’établissement et le consensus est qu’il devra redoubler d’effort s’il souhaite y conserver sa place. Elément volontaire mais limité, peut-être manque-t-il de confiance en lui, peut-être s’est-il trop identifié à la daube servie au réfectoire. S’est signalé tout au long de l’année par un grand gaspillage de matériel (frappe de mule – mais Darron, attention de ne pas blesser, l’établissement a reçu de nombreuses plaintes de riverains). Plus inquiétant, en biologie animale (dans le module « Nos amis les bêtes souterraines »), Darron a semblé avoir un pied incontrôlable et a révélé des troubles du comportement (sado-psychotique ?) en mutilant quelques taupes. A surveiller. Toutefois, il s’est rattrapé en Sciences de la Vie et de la Terre, qu’il connaît intimement bien.

Malgré des cours de soutien, Darron doit urgemment progresser en mathématiques. En trigonométrie, tout semble encore très confus dans son esprit et il ne parvient toujours pas à bien discriminer entre triangles, losanges, diagonales, points, lignes et trajectoires. En musique, doit encore faire ses gammes. En histoire-géographie-physique (nouveau module de résolution de la problématique du placement spatio-temporel), s’est montré parfois incapable de se situer dans les différentes zones et coordonnées et a trop souvent flotté dans une sorte de flou peu artistique (cours de rattrapage ou stage Larqué édu-foot fortement recommandés cet été). En clair, Darron est apparu souvent totalement paumé. Encore très brouillon, il a rendu trop de copies imparfaites pour espérer approcher la moyenne. Pour couronner le tout, fin avril, alors qu’il bullait en étude, Darron s’est fait éjecter de la Twittersphere deux heures après avoir ouvert un compte. Peut-il encore rattraper son retard ? Le Conseil préconise un redoublement en réserve, prêt ou échange d’élève, et en dernier ressort un aiguillage en RASED. Avertissement sans frais.

 

Ryan Giggs     P : 25     B : 2     N : 16,5

La lecture, c'est son truc
La lecture, c’est vraiment son truc à Ryan

A 37 ans et demi, Ryan est toujours aussi motivé, virevoltant et indispensable à l’équilibre du groupe. Il est à l’origine de nombreuses actions d’école cette année et enregistre son douzième titre de champion d’Angleterre avec United (record anglais – et pour très longtemps). Polyvalent, il a évolué avec réussite à divers postes et a été utilisé un peu plus défensivement cette année ; il a même fait la moitié d’un cours comme latéral gauche à West Ham, et avec succès (entrée d’Hernandez, coaching payant puisque menés 2-0 à l’heure de jeu, United l’a emporté 4-2, avec une combinaison Giggs-Hernandez en fin de match). A répondu présent dans les moments cruciaux (et de danger), comme à West Ham ou à Blackpool (United mené 2-0 à la 70è avant que Ryan ne sonne la charge, victoire 3-2 au final). Elu Plus Grand Joueur de l’histoire du club par les lecteurs du magazine officiel de Man United (Inside United) en début d’année 2011. En février, son livret a été prolongé d’une année supplémentaire. Tout se conjugue en superlatifs chez cet élément hors norme qui fait preuve d’une incroyable longévité au plus haut niveau. Son premier contrat pro date de novembre 1990 et il compte 875 apparitions (159 buts) pour United, pulvérisant ainsi le vieux record de Bobby Charlton (758) ; il affiche 613 matchs de championnat (Bobby, 607). Spectaculaires progrès en droit en fin d’année où, en quelques semaines, sa moyenne sur le module « Injonctions et Superinjonctions » a explosé. C’est avec grand plaisir que nous accueillerons de nouveau Ryan à la rentrée. Félicitations du Conseil.

 

Owen Hargreaves     P : 1     B :  0     N : non applicable

Elève discipliné mais qui s’est signalé par une grande oisiveté cette année, d’où un carnet de notes désespérément vide. Ferait presque passer Bogarde pour omniprésent. Cependant, Owen ne fait ni l’école buissonnière ni ne pratique la politique du terrain brûlé chère à Winston (le Néerlandais, pas Churchill). Depuis trois ans, il connaît une série de pépins physiques à rendre jaloux Ledley King (genoux, ischio-jambiers, mollet, dos, etc.). A souvent été envoyé faire du soutien chez le Professeur Steadman dans le Colorado. Quand Owen a enfin foulé la pelouse en novembre dernier contre Wolves, il a tenu cinq minutes et s’est aussitôt foulé autre chose. Est alors retourné illico à l’infirmerie retrouver son fidèle compagnon d’infortune, Michael. Très fort en allemand, avec toutefois un barème généreux, mais ses absences chroniques ne peuvent justifier son maintien à ce niveau. En fin de contrat avec l’établissement. Avec regret, le Conseil de classe s’est vu dans l’obligation de prononcer une exclusion et recommande un arrêt d’activité (une reconversion dans le staff médical est un possible débouché, ses compétences en biologie y seraient fort appréciées). Dans ces conditions, le Conseil a considéré toute évaluation impossible.

 

Javier Hernandez     P : 27     B :  13     N : 18.5

Avec ses camarades de Seconde

Avec ses camarades de Seconde

Nouvel élément exceptionnellement doué. A 7,4 M de £, son ancien établissement devrait réclamer le reste (cf Fernando Torres : 50M ; Andy Carroll : 35M ; Edin Dzeko : 27M). Aucune période d’adaptation pour ce jeune Mexicain qui communique de façon spontanée sur le terrain et s’exprime avec une aisance insolente. Débordant d’activité, il a donné autant de mal aux défenseurs qu’aux consultants TF1 qui en bavent avec la prononciation de son surnom écolo (pourtant pas compliqué, bon sang). Mouvement, vivacité, accélération, jeunesse, le Petit Pois n’est pas un pote âgé et il a gagné nombre de bons duels. A relégué Berbatov sur le banc du préau.

 

A été patient, sans jamais se plaindre ou se laisser distraire par le chahut ambiant créé en permanence autour de son proche camarade Wayne. A activement participé aux leçons de football données par le collectif, surtout les leçons de réalisme : il a converti plus d’un quart de ses tentatives sur le but ! (son taux buts / tentatives est de 27 % et son taux tirs cadrés / tentatives de 62 % ! – chiffres du rectorat ; OPTA – Office Pour la Traçabilité Académique confirme grosso modo, avec 54,6 %). A formé un tandem explosif avec Wayne Rooney. Le Conseil délivre ses Félicitations, mention « rapport qualité-prix imbattable ».

 

Tomasz Kuszczak     P : 5     B :  0     N : 7

Il n’est pas dans les habitudes du Conseil d’établir des comparaisons avec d’anciens élèves (par respect pour les familles) mais Tomasz a parfois rappelé Massimo Taïbi, c’est tout dire. Son seul match correct de la saison a été le jubilé Gary Neville il y a trois jours où il a repoussé un tir d’Aquilani, si tant est que cela puisse être pris en considération. En géométrie, a régressé dans l’évaluation des trajectoires et le calcul des angles. La problématique des surfaces n’a pas non plus été assimilée. Trop farceur en cours, Tomasz doit absolument se ressaisir s’il veut éviter le renvoi. Malgré cinq années (décevantes) passées dans l’établissement, l’acquis des compétences ne peut être mesuré, et encore moins validé. Rétrogradation conseillé. Blâme du Conseil.

 

Federico Macheda     P : 7     B :  1     N : 10

Quelques fulgurances avant d’être envoyé à la Sampdoria début janvier 2011, mais insuffisant dans l’ensemble par rapport aux espoirs placés en Federico en fin de saison 2008-2009 (voir ce superbe but) où il décrocha la récompense Jimmy Murphy de « Academy Player of the Year » (signalons toutefois que Darron Gibson aussi l’a reçue, ainsi que Paul Tierney, Alan Tate, etc. – un audit sur les méthodes et critères d’attribution est en cours). Toutefois, Federico n’a que 19 ans ½ et n’est pas encore mûr. Il a d’ailleurs failli s’étrangler à la récré en tentant le coup du foulard, jeu ô combien dangereux, est-il besoin de le rappeler. A parfois peur du tableau noir et mange la craie. Encore insuffisamment organisé en art graphique, Federico a connu des problèmes avec ses marqueurs. Atteint péniblement la moyenne, à la faveur de quelques éclairs de génie. Il est en principe dans l’établissement jusqu’en 2014, mais devra s’activer pour faire ses preuves s’il veut un avenir diaboliquement rouge. Passable.

 

Nani     P : 33     B :  9     N: 17,5

Nani affectionne le travail de groupe
Nani affectionne plus que tout le travail de groupe

Une grosse saison pour cet autre élève portugais. Nani est en forte progression, sait mieux utiliser les supports et soutiens proposés. Il a gagné en régularité et efficacité (jeu de tête encore perfectible). L’un des titulaires indispensables du groupe, où il fait souvent figure de source d’inspiration auprès de ses camarades. Très fort en mathématiques, surtout en géométrie ; sait parfaitement calculer et trouver des angles impossibles ainsi qu’effectuer des passes millimétrées. En cours de cuisine, grâce à un liant sans égal, il a souvent fait prendre la mayonnaise, tâche ô combien difficile. Auteur de nombreuses performances époustouflantes, a souvent décroché la note maximale (maintes fois homme du match). Spécialiste des centres bien travaillés. Un épanouissement personnel réussi est aussi un gage de succès, et le comportement à la cantine fait partie intégrante de l’intégration dans un groupe. Dans ce domaine, Nani n’a pas déçu. Souvent mort de faim, surtout dans les matchs au couteau, il s’est superbement servi de la louche face à des adversaires qu’on a souvent dû ramasser à la petite cuillère après avoir été mangés tout cru. Il figure aussi dans l’équipe PFA de l’année et a fini en tête du classement des passes décisives (18). Félicitations du Conseil.

 

Gary Neville     P : 3     B : 0     N : 3,5

Gary et ses copains dans le coin lecture

Gary et ses copains dans le coin lecture

Le corps enseignant dans son ensemble exècre utiliser des termes stigmatisants de nature à réduire aussi bien les bouchés que les débouchés. Toutefois, une exception doit être faite pour Gary. Il était en effet temps que ce grand fayot devant l’éternel interrompe son cursus, ce qu’il fit à contrecœur en début janvier 2011, après, il faut le reconnaître, une longue scolarité réussie (602 apparitions en classe depuis 1992). Mais Gary faisait de plus en plus vieille école, et ce fut pour lui l’année de trop (il a redoublé). Il n’a, au mieux, rien apporté rien au collectif et au pire, bien failli lui coûter des points. A plus usé du redoublement que du dédoublement. Ce grand serviteur de l’établissement a en effet tiré sa révérence sur une saison particulièrement ratée. Par ailleurs, a tenté de tricher et a fait preuve d’insolence envers les arbitres. Ses prestations de boulet contre Stoke et WBA l’ont probablement incité à retrouver son éco-maison Teletubby plus tôt que prévu (voir ici). Il pourra aussi continuer d’écrire pour le Sunday Times… of Malta. Finalement, c’est lors de son jubilé mardi soir contre la Juventus qu’il a le mieux joué, avec la Classe de 1992, les fameux « Fergie’s Fledglings » (débutants). Exceptionnellement, le Conseil, d’habitude grand saigneur, ne décerne par le blâme qui s’imposerait en la circonstance eu égard aux services rendus et délivre les Félicitations, mention « pour l’ensemble de son œuvre ».

 

John O’Shea     P : 20     B : 1     N : 12,5

Bilan globalement positif pour cet élève que les consultants de TF1, toujours à la pointe du progrès linguistique, persistent comiquement à appeler « O’Chie » (John se prononce et secoue comme un hochet). Non, l’Irlandais n’en bave pas plus que ça et a signé une honnête performance d’ensemble cette année, peut-être un brin irrégulière. Ses qualités de polyvalence se sont avérées, une nouvelle fois, fort utiles. On l’a vu en défense (surtout latéral droit) mais aussi au milieu, où il s’est montré relativement fiable et serviable. John compte à son actif plus de quatre cents apparitions sous l’uniforme United, mais manque encore d’un petit quelque chose pour revendiquer une place de titulaire à part entière. Encouragements du Conseil.

Kevin Quigagne.

Saison historique pour les Red Devils, celle du dix-neuvième titre, tant convoité depuis le célèbre vœu de Fergie en 2002 de « faire tomber Liverpool de son putain de perchoir ». Certes, le United version 2010-2011 n’est pas un grand cru millésimé. Pour autant, ce n’est pas une piquette non plus.

Qui dit fin de saison, dit examen des performances pour chacun des vingt-neuf joueurs utilisés en championnat, ainsi que de leur manager, le prof principal de la classe 2010-2011. Une évaluation de fin d’année qui prend forcément des allures de bulletin scolaire. Le Conseil de classe rend sa copie aujourd’hui (partie 1/3, les dix premiers, par ordre alphabétique).

Voici le bulletin des joueurs cette saison (seules les prestations en Premier League ont été prises en compte dans la notation. Légende : P = participations en classe. B = buts. N = note – sur 20)

 

Anderson     P : 18     B : 1     N : 13,5

Anderson a pas mal traîné dans les couloirs

Anderson a pas mal traîné dans les couloirs

Une intersaison chaotique a perturbé son début de saison – blessure en juillet, immédiatement suivi d’un accident de la route au Portugal début août (parti acheter ses fournitures scolaires là-bas, bien moins cher –  des qualités de débrouillardise fort louables). Ces mésaventures lui ont fait manquer nombre de tests préliminaires ainsi que la rentrée des classes. Bien revenu en milieu d’exercice. A alterné l’excellent et le moins bon. Lors des Travaux pratiques de technologie, a parfois eu du mal avec l’entonnoir. En géométrie, a connu des problèmes avec le calcul des angles. Quelques superbes prestations où il a su allier puissance, vivacité et technique. Assez bien dans l’ensemble, mais peut mieux faire. Encouragements du Conseil de classe.

 

 

 

 

Bébé     P : 2     B : 0     N : 4,5

Bébé, pas un coup fin

Bébé, pas un coup fin

Un lourd dossier que le Conseil a longuement et patiemment examiné. En premier lieu, l’énigme Bébé semble s’être transformée en l’un des flops majeurs de la longue ère Fergie. En second lieu, les résultats et le manque d’implication de Bébé sont un sujet de préoccupation, ainsi que ses fréquentations douteuses (avec le petit caïd Jorge Mendes). Peut-être a-t-il mal été orienté ? (aligné souvent sur l’aile, en coupe par exemple, alors que l’on voit mieux en attaquant). Toujours est-il que ce Bébé est encore loin de faire penser à un coup fin et qu’il en a remis une couche en FA Cup et Coupe de la Ligue où il a été léthargique, même sur les poussettes (cependant, il a marqué contre Bursaspor, l’équipe des boursiers). Bébé en a bavé. Le Conseil refuse toutefois de porter un jugement définitif sur cet élément qui semble déceler un certain potentiel. Indéniablement, de nombreux points d’interrogations et zones d’ombre demeurent au sujet de ce mystérieux et coûteux transfuge venu d’un obscur établissement de D3 portugaise (recommandé par Carlos Queiroz, ex adjoint du surgé). Soit ce cancre a falsifié son dossier façon Daniel Auteuil dans les Sous-doués, soit il se plaît au fond, près du radiateur, à attendre que ça se passe.

Les griefs sont nombreux. Participation quasi inexistante. Aucun effort en dessin (s’emmêle souvent les crayons). En technologie, est-il besoin de rappeler que toucher l’équerre ne sert à rien si ce n’est pas suivi d’effet ? En sciences, s’est rapidement liquéfié et doit absolument améliorer sa connaissance des solides. Par ailleurs, en physique-chimie, sait faire des étincelles mais pas encore faire parler la poudre. En outre, Bébé a sous-estimé la problématique des changements climatiques, raison pour laquelle il confond souvent vitesse et précipitations (1 000 mm/an sur Manchester – tout le programme de science et géographie est de toute manière à revoir). A trop souvent rendu un travail bâclé et il ne figure même plus dans la réserve. Des lacunes maintes fois évoquées, mais est-il seulement prêt à les combler ? Son avenir dans l’établissement est très incertain. Le Conseil délivre un Blâme, avec mention « en transit, mais pour quelle destination ? » (réorientation SES proposée ou renvoi considéré, les parents et agents ont été convoqués).

 

Dimitar Berbatov     P : 32     B : 20     N : 15

Les filles de Seconde craquent toutes pour lui

Les filles de Seconde craquent toutes pour lui

Elément indubitablement brillant et compétent mais qui a cependant parfois donné l’impression de se reposer sur ses lauriers, même s’il soigne la finition. Entretient cependant d’excellentes relations avec le personnel, surtout les pions (20). Décroche le titre envié de « Top goal scorer « (avec Tévez), acquis surtout à la faveur de ses fulgurances et grâce à la précieuse assistance de Pascal Chimbonda, voir ce compte-rendu édifiant (quintuplé contre Blackburn – coups du chapeau contre Liverpool et Birmingham). Le sentiment demeure que Dimitar n’a pas encore réalisé tout son potentiel. S’est heureusement débarrassé de cette image de doux rêveur nonchalant qui lui collait à la peau mais a trop souvent été absent dans les grandes occasions (a séché les cours ou fait banquette, au profit de Monsieur Hernandez). Des progrès sont à faire en physique où le chapitre sur le rôle d’électron libre a été assimilé de travers. Toutefois, les statistiques plaident en sa faveur (ainsi que son élection dans l’équipe PFA de l’année) et le Conseil délivre volontiers les Encouragements, avec mention « Merci Pascal »  

 

Wes Brown     P : 7     B : 0     N : 8

Wes a monstrueusement mal commencé l’année : il aurait traité le prof principal (Monsieur Ferguson) de « gros con » lors d’une altercation d’intersaison aux Etats-Unis (au sujet d’une permission de sortie à caractère non pédagogique). Résultat : exclusion de trois mois, et il a fallu attendre le 24 octobre pour le voir en championnat. A trop souvent paru emprunté dans les confrontations qui ont tourné à l’explication de texte et a semblé se reposer sur ses acquis des années précédentes. De surcroît, il est parfois trop rigide et maîtrise mal l’art du coulissement en technologie. D’évidents problèmes de concentration lui ont fait commettre quelques piètres prestations (notamment à Aston Villa et Liverpool). A son crédit, il a mieux réussi en contrôle continu que lors des examens de passage. En Travaux pratiques, le maniement de l’étau n’a pas du tout été assimilé. A l’air également de bien comprendre la théorie du programme de science, mais doit absolument bûcher sur la partie « Coordination et mouvements du corps ». Après quinze ans dans l’établissement, peut-être est-il venu temps pour Wes de voler de ses propres ailes ? (c’est aussi l’avis du directeur). Le Conseil ne saurait faire du sentiment et délivre un Avertissement.

 

Michael Carrick     P : 28     B : 0     N : 14,5

Michael, en cours de langues orientales

Michael, en cours de langues orientales

Premier gros tiers de saison poussif (à court de forme et manque de confiance). Cependant, par la suite, Michael s’est montré soigné et a rendu une impressionnante série de copies propres, ponctuée de quelques performances de très haute volée (parmi ses meilleures sous l’uniforme rouge depuis trois ans qu’il est dans l’établissement). Discret, consciencieux, ne se fait pas remarquer mais incontestablement Michael est un élément clé du dispositif et l’un des trois meilleurs éléments sur le dernier trimestre. Seul bémol, il doit se viriliser et progresser en EPS, en particulier dans les domaines suivants : musculation et lancement du poids. Une attitude exemplaire tout au long de l’année. Bravo, Michael, tu as bien mérité les Encouragements du Conseil.

 

Fábio da Silva     P : 11     B : 1     Note : 14

Fabio, serviable, aide souvent la secrétaire le midi au bureau des objets trouvés

Fabio, serviable, aide souvent la secrétaire le midi au bureau des objets trouvés

A excellé dans plusieurs domaines (notamment ceux à caractère offensif, à droite comme à gauche), et a dûment été récompensé de ses efforts en fin de saison même s’il lui est arrivé de rendre quelques copies brouillonnes. Peut s’imposer comme le futur Gary Neville. N’écoute pas toujours les consignes du professeur et il lui arrive de manger la craie (ce qui pose des problèmes). Toutefois, Fábio semble sur la bonne voie dans l’acquisition des fondamentaux à ce niveau. Contrairement à d’autres, ne traîne pas dans les couloirs, il fonce.

 

 

Rafael da Silva     P : 16     B :  0     N : 14

Rafael, en cours de soutien individualisé

Rafael, en cours de soutien individualisé

A connu des problèmes physiques, mais Rafael est un véloce latéral droit offensif qui peut, lui aussi, s’affirmer comme le successeur attitré de Gary Neville. Sait tirer les enseignements des diverses expérimentations mais doit gagner en maturité (encore un peu dissipé et bavardages excessifs avec l’homme en noir). A engrangé de l’expérience mais devra gommer de son répertoire un excès d’agressivité qui a parfois pénalisé le collectif (notamment contre Tottenham en janvier). A rendu nombre de copies propres. Le Conseil a plus que jamais du mal à le différencier de son frère jumeau et rend donc une appréciation commune aux jumeaux : Encouragements.

 

Jonny Evans     P : 13     B :  0     N : 10

Jonny excelle en dessin et en EPS

Jonny excelle en dessin et en EPS

Une année mitigée et des performances erratiques pour Jonny. Aurait pu accrocher bien mieux qu’un 10/20 mais quelques prestations désastreuses l’empêchent de dépasser la moyenne (a raté trop d’examens de passage). Les points critiques sont les suivants : a) n’a pas assimilé tous les fondamentaux même s’il a progressé dans le dernier trimestre b) trop grande passivité et parfois trop fébrile c) degré d’acquisition des compétences basiques encore insuffisant d) a peiné pendant les séances d’orientation et ne sait pas toujours se repérer sur un plan quadrillé. Par ailleurs, en Travaux pratiques, Jonny a du mal à bien évaluer les distances. Il s’est cependant bien repris en milieu et fin de saison. Le Conseil note qu’il sait aller de l’avant et qu’il a su démontré sa grande polyvalence, notamment contre Chelsea (aligné latéral gauche). Devra toutefois faire de gros progrès l’an prochain, s’il veut cimenter son avenir dans cet établissement prestigieux. Après de longues délibérations, le Conseil délivre un Passable, avec mention « par la peau des fesses » que Jonny doit interpréter comme une ultime chance qui lui est accordée de prouver sa valeur.

 

Patrice Evra     P: 35     B : 1     N : 13

Patrice se fait accompagner à l'école en voiture depuis ses problèmes avec la société de bus scolaire
Patrice se fait accompagner à l’école en voiture depuis ses problèmes avec la société de transport

Après un début de saison marqué par quelques fausses notes et d’alarmants problèmes de ponctualité (gros retard sur les tacles), Patrice a graduellement réglé ses obscurs problèmes de bus qui le perturbaient tant depuis le début d’année (très dissipé et frondeur, lors des sorties, il empêchait ses camarades de descendre de l’autocar et bloquait l’issue de secours en criant mystérieusement « Que le traître se dénonce » – et il se réveillait fréquemment en sursaut au beau milieu de la nuit en hurlant cette même phrase énigmatique, ce qui terrorisait son camarade de chambrée). Jusqu’en novembre, a parfois aussi trop tenté de garer le bus avec ses petits camarades de la ligne arrière. Quand cette obsession du bus l’a enfin quitté, vers la fin du premier trimestre, Patrice s’est bien ressaisi et a alors souvent porté le danger dans le camp adverse sur son flanc gauche. Peu inspiré en rédaction (« ce qui ne tue pas rend plus fort » est certes profond Patrice, mais ne pas en abuser), il s’est rattrapé sur le terrain où il s’exprime avec facilité, et parfois élégance. A toutefois semblé émoussé ou à court de forme par moment. A servi de souffre-douleur à plusieurs reprises (notamment contre Man City à Eastlands, malmené par Adam Johnson). Année somme toute satisfaisante, après un démarrage aussi poussif qu’un vieux Daf (le bus, pas l’ex Sochalien). Encouragements du Conseil.

 

Rio Ferdinand     P : 19     B : 0     N : 14,5

Rio, en sport

Rio, en sport

Saison marquée par les blessures, mais Rio est bien revenu sur le dernier trimestre. A souvent manqué quand il a été indisponible. A excellé en travail de groupe et, associé à son camarade serbe Nemanja Vidić, il demeure un élément indispensable (buts encaissés sans Rio en classe : 26 – en 19 rencontres. Buts encaissés avec Rio : 13 – en 19). A compensé ses fréquentes absences sur blessures par un activisme tous azimuts sur les réseaux sociaux (attention aux bavardages intempestifs sur Twitter). Des cours de soutien en orthographe seraient utiles cet été. Encouragements du Conseil.

 

Kevin Quigagne.

Le sujet de la semaine, c’est le 19ème titre de champion d’Angleterre gagné par Manchester United. Pour en savoir davantage, nous avons demandé à Mike Phelan, premier assistant d’Alex Ferguson, de nous donner le pouls côté coulisses. Révélations.

J'ai beaucoup de respect pour Didier et son passage à Chelsea.

J'ai beaucoup de respect pour Didier et son passage à Chelsea.

« Salut le TK,

J’ai regardé un peu  votre blog avant de vous écrire. Gros boulot, mais vous n’avez pas encore parlé de ce magnifique club de Burnley. Je vous enverrai quelques pdf, à l’occasion.

En ce moment, vous imaginez bien que l’ambiance est à la fête. Mais notre saison n’est pas finie, et tout le monde reste concentré pour la finale du 28 mai. On va même décider du sort de Blackpool, ce week-end. Il n’y aurait que moi, je dirais aux joueurs de lever le pied. Ian [Holloway, le manager de Blackpool, NDLR] m’a appelé, l’autre jour.

– Hey, Mike. Tu sais, ce serait bien qu’on gagne, dimanche. Si je te proposais une petite valise…

– Non, Ian, c’est ridicule.

– Une petite contrepartie, c’est le moins que je puisse faire.

– Vous êtes complètement à sec. Vous avez même recruté Grandin.

– Il collait bien avec notre étiquette de loser.

– Bon, par curiosité, combien tu comptes mettre dans ta valise ?

– Euh… Mike, on s’est mal compris : la valise est vide ! En revanche, elle a des roulettes.

Ah, ce Ian. Je pourrais lui offrir la victoire s’il me filait l’une de ses sublimes cravates orange. Mais Alex [Ferguson, NDLR] est un compétiteur, il refuse la défaite.

Moi, je suis arrivé en 1989 à United, presque trois ans après Alex. Ca grinçait déjà des dents, puisque le club n’avait pas gagné le championnat depuis plus de vingt ans. Alex lui-même n’avait encore rien gagné. C’est pour ça qu’il m’a recruté, vous pensez bien. De fait, quatre ans plus tard, on avait accumulé cinq titres, dont une coupe d’Europe. Mes cinq premiers et mes cinq derniers, c’est dire s’ils me sont chers.

Je suis parti lorsque la génération dorée commençait à éclore, un peu vexé qu’un petit con de vingt ans nommé Ryan ne me dribble puis m’humilie à la course.

Je suis devenu coach ici ou là, avant de revenir à Manchester en 1999. Alex m’a placé au Centre of Excellence, en me promettant qu’il ferait appel à moi dès qu’il y aurait un désistement. Je coulais des jours heureux, au Centre. Je participais à quelques réunions, j’allais voir des matchs. Je n’ai jamais su la teneur précise de ma mission. Au moment où je commençais à m’y intéresser un peu plus sérieusement, Alex m’a demandé de le rejoindre sur le banc.

Carlos [Queiroz, NDLR] et Alex formaient un couple très efficace. La presse résumait, un peu hâtivement, la situation en réduisant Carlos au cerveau et Alex à la gestion humaine. Bullshits, si vous me permettez l’expression. Alex possède un génie tactique hors du commun. Son problème, c’est qu’il vieillit et préfère donc minimiser les risques pour sa santé. Je tente bien de lui faire comprendre que la victoire sourit aux audacieux, mais je n’ai, hélas, pas beaucoup d’influence à ce point de vue. Excepté ces derniers mois, comme lors du match à Chelsea en Ligue des Champions qui m’a fait marquer des points. J’évite cependant de me glorifier sur ce fait, il est facilement irritable.

J’ai remplacé Carlos en 2008. Croyez-le ou non, je n’ai pas eu besoin d’une blowjob pour avoir son poste. Carlos avait d’ailleurs oublié son cerveau à Manchester, à l’époque. Je l’ai immédiatement prévenu, mais il n’est venu le chercher qu’il y a quelques semaines. Entre temps, il y a eu le Real Madrid, le Portugal et le transfert de Bébé. Sans cerveau, c’est toujours plus compliqué. Mais pour Bébé, on ne lui en veut pas. Acheter un ancien sans-abri, ça nous donne bon conscience.

Voilà, les gars, je vous ai à peu près tout dit. J’ai été un peu bavard, non ? J’aurais bien aimé parler un peu de votre championnat de France, mais je vois trop peu de matchs. Si, j’ai vu Brest-Lyon, hier soir. Je susurre souvent le nom d’Hugo Lloris à l’oreille d’Alex, mais il fait la moue. Il laisse les français à Arsène, c’est un accord plus ou moins tacite.  En échange, il nous laisse le championnat. C’est un good guy, Arsène.

(Sinon, j’ai pas l’habitude de critiquer trop vertement, mais pour ce que je comprends du français, le duo de commentateurs à l’œuvre hier soir était insupportable.)

Allez, je vous laisse, je dois déplacer ma voiture : Gibson va bientôt commencer son entrainement de frappes.

A bientôt,

Mike »

(Traduction : Bernard-Henri Lévy)

Le tour de force réussi par Matt Bigg et ses trois compères le week-end dernier (voir première partie) est l’occasion idéale de présenter le mythique Ninety-Two Club, une institution aussi anglaise que la Marmite ou le Five O’clock tea.

La passion des Britanniques pour les stades n’a sans doute pas d’équivalent au monde. Peut-être la nécessité a-t-elle forgé cet amour, les supporters anglais se déplaçant souvent par centaines ou milliers pour soutenir leur club, qu’il évolue en Premier League ou en League Two (D4), qu’on soit un beau samedi après-midi d’août ou un mardi soir de décembre.

Des dizaines de livres et publications pratiques ou historiques (ainsi que suppléments, fanzines, etc.) célèbrent et font connaître les stades. L’Ecossais Archibald Leitch, l’architecte de stade le plus renommé au monde, est tout autant vénéré au Royaume-Uni que Le Corbusier dans les pays francophones.

Parallèlement, plusieurs sites uniquement consacrés aux stades se sont créés, tel que www.footballgroundguide.com, devenu un must pour tout supporter. A voir aussi cette page, impressionnante, une sorte d’annuaire pour « ground-hopper » averti (visiteur acharné de stades). L’art est souvent aussi de la partie et des expositions sur les stades sont régulièrement organisées, dont celle-ci, intitulée « 92 Stadiums », qui a récemment présenté des photos de tous les stades de League football (voir aussi ce slideshow). Ce culte du stade doit un peu sa naissance au « Daddy » du genre : le Ninety-Two Club.

Archibald Leitch, plus de quarante stades à son actif

Archibald Leitch, plus de quarante stades à son actif

 

Le mythique Ninety-Two Club

Logo de la FL vers 1985

Logo de la FL vers 1985

En juin 1978, Gordon Pearce fonde le Ninety-Two Club. Condition d’entrée de ce club hyper select : assister à un match (de compétition) dans chacun des stades de la Football League, soit quatre-vingt-douze clubs (de la First à la Fourth Division). En apparence, une tache longue et ardue mais pas insurmontable. Cependant, les règles du jeu, strictes et contraignantes, rendent l’obtention du sésame compliqué (voir ci-dessous). Gordon Pearce avait lui-même accompli la prouesse, au milieu des années 60.

L’idée de la fondation du club vient d’un supporter de Bristol City qui, en 1974, suggère à un magazine de foot l’idée d’offrir une cravate, spécialement créée pour l’occasion, à toute personne ayant assisté à un match dans les quatre-vingt-douze stades de Football League.

Le 12 novembre 1977, deux supporters de Colchester United complètent leur visite des quatre-vingt-douze clubs (à Ashton Gate, Bristol City) et reçoivent les honneurs du journal local. Puis, un autre supporter (de Bristol Rovers) va même plus loin. Non seulement il fait tous les stades, mais ajoute aussi à son tableau de chasse le nouvel entrant à la Football League : Wimbledon FC.

Wimbledon FC, petit nouveau de la Football League en 1978

Wimbledon FC, entrée fracassante dans la Football League en 1977. Le Crazy Gang ne va pas tarder...

Début 1978, Gordon Pearce se dit qu’il serait bon d’officialiser ces exploits et braquer le projecteur sur ces marathons anonymes. Il y voit une manière d’aider logistiquement les vrais supporters et souder cette communauté de passionnés qui sympathisent au gré des rencontres sur les aires d’autoroutes du pays. Il présente l’idée d’un Ninety-Two Club à la Football League. Alan Hardaker, le célèbre pilier de la Football League (et l’homme présenté parfois comme indirectement responsable de la tragédie de Munich du 6 février 1958), approuve l’idée et suggère à Pearce de contacter la presse. Peu à peu, ce projet insensé prend de l’ampleur, à la faveur de la publicité faite dans les médias et sur les programmes de match.

... faire parler de lui.

... à faire parler de lui.

 

En juin 1978, Pearce décide que le projet est suffisamment solide pour être officiellement lancé. Le club enregistre alors une quarantaine d’inscriptions. Les membres fondateurs vont définir ensemble les règles et critères d’entrée au Ninety-Two Club (voir le règlement complet ici). La condition principale d’adhésion ne facilite pas les choses. En effet, toute nouvelle membership ne peut être validée que si, le jour de la visite du quatre-vingt-douzième et dernier stade, le candidat a visité les quatre-vingt-onze autres clubs disputant les quatre championnats professionnels de la League de la saison en cours (voir la liste pour 2010/2011).

Si, comme c’est quasiment toujours le cas, le compétiteur a commencé son périple des années auparavant, il sera forcément obligé de continuer sa quête car il y a peu de chance que les quatre-vingt-douze stades sur sa liste correspondent aux quatre-vingt-douze clubs de Premier League et Football League au moment où il atteint le Number 92… Une loi un tantinet sadique qu’acceptent sans rechigner ceux qui rêvent d’accéder au club.

Une fois adoubé, l’impétrant reçoit alors une cravate du club (ou une écharpe, au choix) et un badge en émail qu’il se doit de porter avec fierté (ainsi qu’une lettre d’information annuelle). La cotisation est de 18 £ (paiement unique), voir membership package. Le petit rayon marchandise vaut également le coup d’œil. Ce site ami, www.doingthe92.com, donne des informations et aides précieuses aux candidats.

 

Quand 92 veut souvent dire 120

Evidemment, comme évoqué ci-dessus, la liste des clubs ou stades de Premier League et Football League n’est pas inscrite dans le marbre. Au gré des montées et descentes, les changements de noms sont légion. Tout aspirant au Graal a pour obligation de visiter les nouveaux entrants sur la liste. Le premier club à faire son entrée après la création du Ninety-Two Club est Wigan Athletic, qui rejoint la Football League en août 1978 (montée en D4). Tous les ground-hoppers doivent alors se rendre à Springfield Park pour ajouter le petit dernier à leur liste.

Springfield Park, fallait mettre le Full Metal Trousers

Springfield Park, fallait mettre le Full Metal Trousers

Et ils ont du mérite, car Springfield Park à l’époque est assurément l’un des stades les plus vétustes d’Europe de l’Ouest. Une caravane déglinguée (« sponsorisée » par l’entreprise de maçonnerie Keith Lightfoot) tient lieu de bureau du club… Barry Worthington, fondateur de wigan.vitalfootball.co.uk, nous fait faire le tour du propriétaire (extrait tiré d’un Spécial Wigan du Four Four Two # 200) :

« Springfield Park, en 1978, est un cloaque infâme. Les toilettes, c’est un long mur avec un trou, pour trente personnes. Un ruisseau de matières et d’eau dégueulasses coule en permanence. On baigne dans tellement de pisse qu’il faut remonter son pantalon jusqu’aux genoux avant d’uriner. Quant à la « tribune de presse », elle consiste en une cabane exiguë avec une vitre en plexiglas, pas nettoyée depuis cinquante ans et tellement opacifiée par les excréments d’oiseaux que les journalistes se plaignent de ne rien voir du match. Si bien que souvent, les deux ou trois reporters présents se partagent le boulot : l’un reste au micro, et l’autre est à l’extérieur de la cabane et relaie l’action et les incidents au premier avec le moins de différé possible. »

Dans les années 80 et 90, instables et mouvementées, « faire les 92 » n’est pas une sinécure. La liste des clubs étant en fluctuation constante, si l’on veut devenir membre, il faut en réalité visiter largement plus d’une centaine de stades. C’est ce que relate avec humour ce prétendant au club dans son blog ; il tente en vain d’y rentrer depuis vingt-cinq ans, et ce, malgré son superbe palmarès : il a déjà visité cent dix stades ! Pour lui, la quête sur la route du Ninety-Two Club a un arrière-goût de « Groundhog experience », d’éternel recommencement. Lui parle de « tache sisyphéenne »… Il ne peut en effet « techniquement » justifier que de soixante-seize visites, à cause principalement des montées / relégations, des déménagements de clubs ainsi que des créations et disparitions de stades.

Ces années-là sont propices au chamboulement (rapport Taylor, création de la Premier League, etc.) et de nombreux clubs doivent élire domicile ailleurs (une trentaine de changements de stades entre 1983 et 2005). Si les membres veulent pouvoir entrer ou rester au club, ils doivent visiter toutes ces nouvelles enceintes. Toutefois, loin de décourager les candidats, ces obstacles supplémentaires les excitent et le Ninety-Two Club suscite un engouement grandissant dans les Nineties : il double le rythme de ses admissions, acceptant plus d’une soixantaine de nouveaux entrants chaque année.

Le partage de stade, façon Liverpool et Everton

Le partage de stade, façon Liverpool et Everton

Le règlement prend également en compte le « ground-sharing », le partage de stade. Dans ces Eighties et Nineties, plusieurs clubs se voient obligés de faire ménage ensemble, ce qui en Angleterre, dit-on, est pire que de partager sa femme (citons Charlton, qui doit déménager à Selhurst Park – stade de Crystal Palace). Il y a aussi les drames, les incendies, comme au Bristol Stadium, en 1980, ce qui force Bristol Rovers à émigrer vers Ashton Gate (stade de Bristol City). Ou, tragiquement, Bradford City (incendie de mai 1985, 56 morts, 265 blessés) qui utilisera Elland Road, puis trois autres stades, le temps de la reconstruction de Valley Parade.

 

Comme un album Panini pour adultes

Le Ninety-Two club compte aujourd’hui plus de mille cinq cents membres, dont Roger Titford (depuis 1989), écrivain du football, historien du Reading FC  et contributeur régulier du mythique mensuel When Saturday Comes, avec lequel Les Cahiers s’est récemment associé pour publier en Une les meilleurs articles de WSC (qui fête ses vingt-cinq ans cette année). Titford, à propos du Ninety-Two Club :

« Le Ninety-Two Club, c’est l’album Panini pour adultes. Pour beaucoup d’hommes passionnés de football, il y a cet aspect album de vignettes qui pousse à finir, on veut pouvoir se dire « j’ai coché toutes les cases « . Ce qui motive, c’est la satisfaction de l’accomplissement, et aussi celle de joindre un petit groupe de passionnés. »

When Saturday Comes s'est récemment associé aux Cahiers du Football

When Saturday Comes s'est récemment associé aux Cahiers

Titford et d’autres 92-clubbers ajoutent que l’on décide rarement de se lancer dans l’aventure par hasard, sur un coup de tête, en partant de zéro. L’idée germe et fait son chemin. Elle vient souvent après des dizaines de déplacements, que l’on peut bien sûr valider rétrospectivement. Il explique :

« Pour beaucoup de supporters, le charme du défi ne naît pas comme ça subitement. Parfois, quand l’idée de faire partie du club vient, on se rend compte qu’on s’est déjà rendu dans 60 ou 65 stades, surtout si le club qu’on supporte a passé des années à faire l’ascenseur entre les divisions. C’est à ce moment-là qu’on commence à penser à faire le reste. »

Il ajoute, à propos du « profil type » du membre :

« Il est certain qu’un tel niveau de dévouement et sacrifice attire davantage un certain type de personnalité. On voit plus souvent des hommes jeunes et célibataires. Ce sont probablement des passionnés de football qui s’intéressent aussi aux aspects plus obscurs du football, comme le genre de snack qu’on sert dans tel ou tel stade, ou le type de pylônes utilisés pour l’éclairage… Des gens amateurs de stades anciens, qui ont plus de personnalité que les enceintes construites aujourd’hui. » 

Non que cette passion soit limitée à l’Angleterre, comme l’explique Ian Plenderleith, écrivain et également journaliste à When Saturday Comes :

« En Allemagne, ils publient un gros magazine mensuel luxueux, sur papier glacé, intitulé Stadionwelt – Les stades du monde. C’est bourré d’infos et autres, c’est fascinant, mais pas très marrant. »

Il n’existe aucune limite de temps pour valider l’exploit. Une période de trente ans n’est pas rare. Certains ont fait le grand tour en vélo, tel Steve Hall en 2010, en quatre mois, pour la bonne cause (il voulait sensibiliser la population et attirer l’attention du public sur le sort des quarante-cinq millions de réfugiés à travers le monde, voir ici). D’autres, plus pressés, ont pris une année sabbatique et l’ont bouclé en un an. Plusieurs membres l’ont fait deux fois.

 

Gordon Pearce est décédé en avril 2010. Depuis, Mike Kimberley a repris le flambeau. La flamme anglaise de la passion des stades n’est pas près de s’éteindre.

Kevin Quigagne.

 

Visiter 92 clubs en 92 heures, un truc de dingue auquel seuls des Anglais pouvaient penser. Ce tour de force est l’occasion idéale aussi de parler du mythique Ninety-Two Club (dans la deuxième partie), une institution aussi anglaise que la Marmite ou le Five O’clock tea. Plongée au cœur de l’Angleterre des stades.

Octobre 2010, quatre copains discutent dans un pub de la meilleure façon d’aider le club amateur du coin, le Harvesters FC, pour le 25è anniversaire de sa fondation en 2012. Ces Mousquetaires de la redistribution veulent frapper un grand coup. L’un deux a un moment Eureka : visiter les 92 stades de la League en 92 heures ! (Premier League et Football League). Malgré son côté insensé, l’idée en forme de défi impossible séduit. Banco…

Six mois plus tard, le mercredi 27 avril 2011 à six heures du matin, Matthew Bigg et ses trois compères quittent Watford pour débuter leur incroyable périple. On the road, et pour quatre jours de pérambulation non-stop. En fait, il leur faudra moins de temps que prévu. 92 stades et 74 heures 56 minutes plus tard [temps officiel, le TK a contacté Matt Bigg], ils arrivent à Brighton, le samedi 30 avril, à neuf heures du matin. Juste à temps pour déguster l’affiche de D3 Brighton & Hove Albion – Huddersfield à 15 h au Withdean (2-3), le dernier match de football à se jouer dans ce stade d’athlétisme inhospitalier, pendant douze ans l’antre « temporaire » de Brighton et régulièrement élu l’un des pires stades du Royaume-Uni. Les Seagulls, promus en D2, auront la merveille ci-dessous comme « Home sweet home » dès le mois d’août.

Le nouveau stade de Brighton & Hove Albion

Le nouveau stade de Brighton & Hove Albion

Au-delà du simple défi, cette aventure témoigne de l’attachement indéfectible, presque fusionnel, qui unit nombre de supporters anglais à leurs stades.

2509 miles au total (4 036 kms), effectués un week-end férié, qui plus est en plein retour de vacances de Pâques, bref, la totale. Même si cet exploit n’est pas le premier du genre en Angleterre, il a été réalisé dans des conditions particulièrement épiques. Au-delà du simple défi, cette aventure témoigne de l’attachement indéfectible, presque fusionnel, qui unit nombre de supporters anglais à leurs stades.

 

Le but de l’opération : faire vivre les petits clubs

Le but de ce long pèlerinage express, qui a obligé l’équipée à zigzaguer à travers une Angleterre embouteillée, était double : rehausser le profil du « foot d’en bas » (grassroots football) tout en aidant financièrement le club du fils de Matt, Alfie, âgé de 8 ans.

Ce club, c’est Harvesters FC, situé à Saint-Albans, à trente kilomètres du centre de Londres. Créé en août 1987 avec seulement deux équipes au départ. Depuis, il prospère et se développe, essentiellement grâce à des bénévoles, souvent des parents. Harvesters compte 400 garçons et filles âgés de 6 à 18 ans, et, depuis 2005, une section handicapés forte d’une quarantaine d’enfants, la « Harvesters Inclusive Disabilities section », la plus importante du comté de Hertfordshire. On y donne le goût du football aux jeunes ayant des difficultés motrices ou mentales.

La Big Society de Cameron va vite se transformer en Big Démerde-toi

La Big Society du Premier Ministre David Cameron va vite se transformer en Big Démerdez-vous

Harvesters est un club innovateur, en pleine expansion et dont le budget devient de plus en plus lourd. Le club compte entièrement sur les licences, la collecte de fonds (animations) et les dons pour couvrir les nombreux frais (tenues, équipements, coûts de gestion, rémunération des arbitres et des entraîneurs – ils ne sont pas tous volontaires). Même si les licences, comme partout ailleurs en Angleterre, sont chères et permettent de renflouer les caisses (170 £ pour les 11-18 ans, 145 £ pour les 8-10 ans), équilibrer les comptes relève de l’exploit. Inutile de compter sur les subventions municipales, elles sont inexistantes (ce qui est courant en Angleterre où les municipalités et Conseils Généraux n’aident pas ou peu – les responsables d’associations n’ont parfois d’autre recours que de déposer une demande de subvention auprès… du Loto national, la National Lottery).

Le football amateur anglais croisent les doigts

Le football amateur anglais croise les doigts

Quant aux aides de la fédération, elles se font de plus en plus rares, malgré l’obligation de la FA d’aider au financement du football amateur. Cette année, par exemple, la FA a dû détourner la majorité de son budget « Grassroots Football » (censé soutenir la Football Foundation) pour combler le trou béant causé par Wembley (emprunts écrasants, lire ici). Le foot d’en bas doit donc se débrouiller seul.

Matt explique :

« Nous faisons cela pour aider le football de base, pour aider notre club de village, le Harvesters FC. Ce club devient une vraie pépinière de talents, mais, en ces temps difficiles économiquement, il faut en faire toujours plus pour assurer le bon fonctionnement du club, où un travail magnifique est accompli. Il y a aussi le fait que beaucoup d’adultes craignent que les jeunes perdent un peu de leur passion pour le football, les désillusions de la Coupe du Monde, les coupes budgétaires, le manque de moyen, etc. Bref, on a senti qu’il fallait faire quelque chose, pour rehausser le profil du foot amateur et pour qu’on parle de tous ces clubs et de ces jeunes. Cela encouragera peut-être d’autres petits clubs à suivre notre exemple. »

L’un des responsables des équipes de jeunes, Ted Moody :

« Matt est un homme courageux ! Nous lui sommes extrêmement reconnaissants, pour tout ce qu’il fait dans l’intérêt du club avec ses trois copains, et nous espérons que cette formidable aventure aura des répercussions positives, quelles qu’elles soient, pour tous les jeunes du club, pour qui le football est une passion. »

 

Présentation de l’équipe et de l’itinéraire

Plusieurs sponsors, dont le concessionnaire Volkswagen local, ont accepté de couvrir tous les frais, notamment d’essence (environ 400 £). La couverture médiatique a été relativement discrète, surtout régionale (The Independent leur a cependant consacré un article).

Un seul club, sur 92, a carrément interdit au groupe de prendre des photos de l’extérieur du stade, à trois heures du matin, alors que l’endroit était désert. Ce club fait partie du Big Four, et vient de recruter à prix d’or un buteur encore moins prolifique que Franco Di Santo ou Ade Akinbiyi en son temps.

Cette fois, c'est officiel, on peut les haïr en toute bonne conscience

Cette fois, c'est officiel : on peut les haïr en toute bonne conscience

Pour valider la prouesse, il leur a fallu prendre des photos de chaque stade, ainsi que, si possible, ramener quelques bricoles en rapport avec les stades visités. Matt a contacté les clubs (au préalable et au fur à mesure), notamment par Twitter, et la réponse fut très positive, certains clubs offrant même des souvenirs, des maillots signés et même des billets de match ! Plusieurs clubs ont même laissé Matt et sa bande fouler la pelouse (dont Man City). Un seul club a joué les mauvais coucheurs et a carrément interdit au groupe de prendre des photos de l’extérieur du stade, au beau milieu de la nuit, alors que l’endroit est habituellement désert (les clubs avaient connaissance des horaires d’arrivée prévus, voir ici). Ce club évolue en Premier League, fait partie du Big Four, et vient de recruter à prix d’or un buteur encore moins prolifique que Franco Di Santo ou Ade Akinbiyi en son temps… (voir Day 4 sur leur blog).

 

Le groupe a ouvert un compte Twitter (1 400 followers) et a publié les photos des stades au fur et à mesure des pérégrinations, les voici. Ils ont pu également, tout en roulant, brièvement raconter leur aventure sur ce blog.

 

Meet the mad parents 

Matthew Bigg

Fan des Spurs, père de deux enfants, c’est l’instigateur de ce projet fou, qu’il a appelé le « 92 Challenge ». Designer graphiste dans la publicité, c’est un habitué des déplacements footeux entre copains en Angleterre et Europe continentale.

Colin Bigg

Le père de Matt et l’expérimenté du groupe. Inconditionnel des Spurs depuis le milieu des années 50. Il est le grand planificateur de l’itinéraire.

Kris Babb

38 ans, supporter de Liverpool (aucun lien de parenté avec Phil). Dit avoir attrapé le virus Red après les avoir vus affronter West Ham (l’équipe de son père) lors de la finale de la Coupe de la Ligue en 1981. Il avait alors dit à son pater qu’il supporterait à vie l’équipe victorieuse. Connu dans la région pour être rentré chez lui écoeuré à la mi-temps du Milan-Liverpool en finale de Ligue des Champions 2005 alors qu’il regardait le match chez des amis…
Simon Dickerson

Comme plus d’un million d’Anglais, Simon vit en Espagne. Supporter de Leeds. N’est guère fan du football français, une mystérieuse aversion liée à de mauvais souvenirs de l’Eurostar lors d’une visite en France, apparemment. Ça ou alors il ne connaît que le HAC.

 

L’itinéraire

Il a exigé une sacrée dose de préparation. Pas d’hôtel bien sûr (pas le temps), les quatre hommes se sont relayés au volant et ont dormi dans leur people carrier. Décortiquons l’itinéraire pris (voir détails des horaires, calculé à la minute près, en principe 79 h 59). Des hauts, des bas et beaucoup de frissons…

Départ de Watford mercredi 27 à 6 h, chez les Frelons – Caribous chers à Elton John.

Enfin, le grand tour peut démarrer, par l’est du pays (East Anglia) et East Midlands, on commence piano :

Stevenage
Barnet
Dagenham & Redbridge
Gillingham
Southend United
Colchester United
Ipswich Town
Norwich City
Peterborough United
Leicester City
Burton Albion
Derby County

Puis, les deux stades de Nottingham (ci-dessous), le City Ground de Forest (18 h 11), suivi du Meadow Lane de Notts County (18 h 22) – simplement séparés par le fleuve Trent – avant de reprendre la route vers le Yorkshire.

Lincoln City
Chesterfield
Sheffield United

Moment fort à Hillsborough, antre des mighty Owls de Sheffield Wednesday, aujourd’hui en D3 (tout ça, c’est de la faute à Blondeau et Jeffers).

Et c’est reparti pour un tour, avec du menu fretin pour finir la soirée :

Rotherham United
Doncaster Rovers
Barnsley
Huddersfield Town
Bradford City
Avant les frissons nocturnes et l’arrivée à Elland Road (ci-dessous) sur le coup de 2 h 10 du matin :

Calme plat dans les heures qui suivent :

Scunthorpe United
Hull City
Middlesbrough
Hartlepool United

Avant de connaître, au petit matin, à 8 h 07, incontestablement l’un des moments forts du voyage : la vision céleste du Stadium of Light de Sunderland.

Avant de s’en aller photographier Saint-James’ Park (8 h 37), banal abri pour vulgum pecus désoeuvrés, et de poursuivre vers la façade nord-ouest du pays :

Carlisle United
Morecambe
Blackpool

Grosse émotion en pénétrant dans le cœur du Lancashire, berceau du football anglais :

Preston North End
Blackburn Rovers
Accrington Stanley
Burnley
Rochdale
Oldham Athletic

Puis l’excitation va crescendo en arrivant sur Greater Manchester, aux alentours de 16 h.

Stockport County
Macclesfield Town
Manchester City
Manchester United (17 h 06)

Une heure plus tard, gros coup de mou… Pas vraiment les clous du voyage (sinon rouillés), mais il faut les faire, ils comptent tous :

Bury
Bolton Wanderers
Wigan Athletic

Avant la pure extase, le jeudi soir, 19 h 48, Anfield, You Will Never Drive Alone…

Ensuite, on enchaîne avec du tout-venant :

Everton (19 h 58)
Tranmere Rovers
Crewe Alexandra
Stoke City
Port Vale
Shrewsbury Town

Pour entrer vendredi, sur les coups d’1 h du matin, dans une autre Terre sainte du football : les West Midlands, et ses clubs mythiques, fondateurs de la Football League en 1888 :

Walsall
Wolverhampton Wanderers
West Bromwich Albion
Aston Villa
Birmingham City

Coventry City

Aston Villa, l'un des douze clubs fondateurs de la Football League

Aston Villa et son stade mythique, l'un des douze clubs fondateurs de la Football League

En tout début de matinée, cap sur le centre du pays :
Northampton Town
Milton Keynes Dons
Wycombe Wanderers
Oxford United
Reading

Avant d’amorcer un gros crochet vers le Grand Ouest, Pays de Galles et  côte sud :

Swindon Town
Cheltenham Town
Hereford United
Swansea City
Cardiff City
Bristol City
Bristol Rovers
Plymouth Argyle
Torquay United
Exeter City
Yeovil Town
Bournemouth
Southampton
Portsmouth
Aldershot Town

Pour conclure avec les onze clubs londoniens, vers 6 h samedi, voir carte :

Craven Cottage, une merveille

Craven Cottage, antre de Fulham, une merveille...

Brentford
Chelsea
Fulham
Queens Park Rangers
Arsenal
Tottenham Hotspur
West Ham United
Leyton Orient
Charlton Athletic
Millwall
Crystal Palace

 

Même avec le nouveau occupant...

même avec le nouvel occupant des lieux...

Avant d’atteindre le terminus, le Withdean de Brighton & Hove Albion, en principe à 13 h 26 précise. En fait, le groupe arriva dans la festive cité du Sussex vers 9 heures, piqua un mini roupillon et fila au pub avant de se rendre au Withdean pour 15 h (Brighton-Huddersfield), où, épuisés, ils faillirent bien s’endormir, malgré l’ambiance de folie (montée de Brighton en D2).

Samedi, la deuxième partie, sur le Ninety-Two Club, une institution unique et on ne peut plus anglaise.

Kevin Quigagne.

[PS : si vous voulez faire votre B.A comme Teenage Kicks et y aller de votre don pour soutenir Matt Bigg et son club, voir ici. Paiement par Paypal. Nous, on est horriblement old-fashioned et on a envoyé un chèque]