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C’est bientôt la fin de l’été et chez TK, on a décidé d’égaler les plus grands médias en faisant une série d’été. Mais comme on a un peu trop glandé près de la piscine quand il faisait beau ou devant une Guiness dans le pub d’à côté lorsqu’il faisait moche (c’est vous dire si on n’a pas beaucoup profité de la pistoche), on a adapté notre projet en série de fin d’été. Et quoi de mieux que raconter alors ces footballeurs qui, comme l’été, ont vu leur carrière prendre fin prématurément alors qu’ils étaient plein de promesses. Pour commencer cette dépression collective : Michael Johnson, l’homme qui voulait qu’on le laisse tranquille.

4 ans dans une carrière, c’est assez court. Mais pour certains, cela équivaut à un long et fastidieux chemin de croix. Pour Michael Johnson, ces quatre années infernales entre blessures à répétition et problèmes mentaux se sont enfin terminées lors de sa rupture de contrat avec Manchester City et le plus haut niveau, le 25 décembre 2012. Un deal gardé secret par le club pour protéger le joueur mais qui fut révélé moins d’un mois plus tard. « Je suis déçu plus que n’importe qui d’autre, mais c’est la vie », répondit Johnson au Manchester Evening News, qui lui demandait s’il avait un message pour les fans déçus de ne le voir réaliser son potentiel.

Car durant longtemps, Michael Johnson fut surnommé « FEC » : Future England Captain. Né à Urmston, dans les quartiers grisonnants de la banlieue sud de Manchester, le jeune milieu de terrain ne signa pas tout de suite chez les Citizens. Grand fan de Leeds United, il rejoint d’abord le centre de formation de l’équipe du Yorkshire à 10 ans* avant de faire un détour assez surprenant au Feyenoord, peu concluant. Il décrit alors être comme « emprisonné ». « Je vivais avec une brésilienne qui s’appelait Norma et sa fille. Je ne veux rien dire de mal sur elle parce qu’elle veillait sur moi, mais ce n’était pas la personne la plus sympa du monde », dira-t-il ensuite au Daily Mail. Il n’y reste qu’un an, frustré de ne connaître personne à l’école et de devoir se taper deux trams et un bus pour y aller. Mais il apprend pas mal. « Le football était bien. Mieux qu’ici (ndlr : en Angleterre of course!). Plus technique. Regardez les équipes nationales et vous verrez à quel point c’est plus technique en Hollande ». Il y côtoie notamment Jonathan De Guzman et Royston Drenthe à l’Academy. « Je pense, en m’y repenchant, que ça m’a aidé sur certains points. Je peux mieux gérer les choses maintenant. Mais je ne le referais pas ».

De retour de l’autre côté de la Manche à Everton, il signe finalement à Manchester City en 2004 et connaît deux ans plus tard sa première titularisation lors d’une lourde défaite face à Wigan (4-0). Auparavant, il est le capitaine de l’équipe jeune des Skyblues durant la campagne 2005-2006, accompagné par Daniel Sturridge, Micah Richards ou Adam Clayton (mais aussi Ched Evans, le taulard de Sheffield, ou Kelvin Etuhu). Les jeunots vont jusqu’en finale où ils s’inclinent face à Liverpool (3-2 sur l’ensemble des deux matches).

En 2007, sa performance à l’Emirates contre Arsenal est « ahurissante » pour son manager d’alors, Stuart Pearce, dithyrambique malgré la défaite 3-1. « Nous avons de très grandes espérances pour Johnno, et plus il obtient de l’expérience contre des adversaires comme Arsenal ou Liverpool, plus il progresse. Ça ne peut que l’aider ! ». Car l’arrivée de cadors comme Elano, Martin Petrov ou Geovanni à Manchester City (on est encore loin des Aguëro, David Silva ou Yaya Touré) n’a pas freiné la progression du jeune milieu blond. « Le niveau de ses performances m’a surpris mais je savais à quel point il était fort mentalement avant même que je ne le sélectionne en équipe première, surenchérit Stuart Pearce dans le Manchester Evening News. Michael s’occupe juste de ce qu’il doit faire et c’est un professionnel dans tous les sens du terme ». Les comparaisons fusent alors : futur Paul Scholes ou Ray Parlour, successeur de Colin Bell à Manchester City et de Steven Gerrard comme capitaine de l’Angleterre. Et peut-être même de Liverpool, une offre de 10 millions de livres étant dans les tuyaux.

Sa première saison pleine, en 2007-2008, est toutefois marquée par une vilaine blessure à l’abdomen qui l’écarte des terrains trois mois durant et l’amène sur le billard. Sans que cela ne remette en cause ses qualités. « Michael jouait beaucoup et était un élément clé de mon équipe, s’est souvenu Sven Goran Eriksson, entraîneur de City lors de cette saison, pour la BBC. Il était vraiment excellent et tout le monde était sûr qu’il serait la prochaine grande star pour l’Angleterre ». « Il ne parlait pas beaucoup mais se comportait toujours de la bonne manière et c’était un grand joueur d’équipe, abonda Dietmar Hamann, son ex-coéquipier. Je dis toujours qu’un milieu spécial doit avoir comme attributs principaux : une capacité de passe, un bon moteur, un tacle ravageur, une vision de jeu et l’intelligence. Et il doit être remarquable au moins dans l’un d’eux. Je peux honnêtement dire que Michael était remarquable dans tous ces domaines. Il me rappelait Michael Ballack, avec toutes ces capacités ».

Avec de telles qualités, les propositions affluent. Une offre de 8 millions de Newcastle (qui a encore un semblant d’intelligence dans son recrutement) est refusée par City, qui contre-attaque en faisant signer au prodige un contrat de 5 ans de l’ordre de dix millions de livres. Las, c’est au moment où l’on est le plus proche du soleil que vos ailes commencent à foutre le camp, demandez à Icare. Il rechute au niveau de l’abdomen et reste absent pendant sept mois. En octobre 2009, les emmerdes sont enfin terminées, Michael Johnson inscrit son 1er but en League Cup, un an après le dernier. Moins de deux mois plus tard, c’est le coup de massue : blessure au genou qui l’écarte pour le reste de la saison. Alors que les recrues sont de plus en plus 5 étoiles chez les Citizens, Michael Johnson fait des écarts et connaît des problèmes de poids. Un penchant trop prononcé pour les fast-foods, dit-on dans la presse et sur les forums. Après coup, il jugera au Telegraph que la pression lié à son statut « est une partie de la raison pour laquelle il n’a pas été en mesure de tirer le meilleur de [ses] capacités, avec les blessures ».

Après deux passées hors des terrains, il revient pourtant s’entraîner en 2010 pour faire mentir les critiques. Patrick Viera, qui effectue sa deuxième saison à City, ne tarit alors pas d’éloges sur le phénomène : « Je l’ai vu travailler chaque jour, et lorsque quelqu’un travaille aussi dur, je suis sûr qu’il sera couronné de succès ». Même si le milieu british n’a joué que quatre matches en deux saisons. « Le futur est brillant pour lui. Sa détermination le ramènera à son meilleur niveau, assure « le grand Pat’ ». Il travaille plus que n’importe qui, et il est encore jeune donc il a le temps de revenir ».

Il ne reviendra pas. Plus jamais avec les Citizens en tout cas. En 2011, Leicester City et son ancien coach, Sven-Goran Eriksson, tentent de le relancer. Il joue 9 matches avant que les blessures ne le rattrape. Son prêt est annulé. Son contrat suit dans l’année. Avant cela, il est arrêté deux fois pour conduite en état d’ivresse. Son permis est confisqué pour 3 ans. Tous les médias se demandent comment il a pu en arriver là. La réponse est fatale : Michael Johnson souffre de dépression. « J’ai lutté contre cette maladie pendant un certain nombre d’années dans une clinique et maintenant je serais reconnaissant si on pouvait me laisser tranquille jusqu’à la fin de mes jours », indique le joueur au Manchester Evening News après que des photos de lui, méconnaissable, fuite sur le web. Il arrête définitivement le football à 24 ans.

Après / Avant

Un environnement qu’il juge « toxique » après coup au Telegraph. « Les gens dans ce jeu oublient parfois que les footballeurs sont humains, mais, malheureusement, c’est une industrie assez machiste, donc c’est difficile. Le football est un environnement dur et les gens le gèrent d’une manière différente. Certains aiment sa structure et surfent sur la pression. Mais d’autres personnes, introverties, n’aiment peut-être pas ça ou ne l’embrassent pas de la même manière. Ça m’a affecté d’une manière négative donc c’est pour cela qu’il a fallu que j’en sorte ». Pour lui, les problèmes mentaux dans le football sont « un tabou ». « Mais les gens sont plus au courant maintenant », concède-t-il. Aujourd’hui, il s’est relancé en devenant agent immobilier et souhaite investir dans un restaurant à Urmston. Loin de Manchester et du football.

Christophe-Cécil Garnier. 

*En 2010, il réaffirme malgré la déchéance de Leeds son amour pour les Peacocks : « J’ai toujours été un fan de Leeds et j’adorerais jouer pour eux ».

Teenage Kicks démarre sa cinquième saison avec une preview des championnats de Football League (D2 à D4) et Premier League. Aujourd’hui, place au plus grand championnat du monde. Le championnat qui aura consacré certains des plus grands footballeurs de l’histoire, entre David N’Gog, Gael Givet et William Prunier.

Le classement après trois journées

Les candidats au titre

Souvenirs de mai 2014

Souvenirs de mai 2014

Favori à sa propre succession, Manchester City ne devrait pas être trop loin de la couronne en mai prochain. Souverain l’an dernier grâce à une attaque de feu (102 buts inscrit), City a cette fois évité d’acheter 18 attaquants. Pour voir des recrues, c’est en défense et au milieu qu’il faut se rendre. Tout d’abord, l’arrivée dans les cages du très bon Caballero en provenance de Malaga. Un choix pas anodin pour Pellegrini, puisque le portier argentin était un des hommes de base du technicien chilien lors de son passage sur le banc du club pensionnaire de la Rosaleda. En défense, on notera les arrivées de Mangala et de Sagna. Enfin, au milieu de terrain, on signalera les signatures de Fernando et de Franck Lampard, ce dernier ayant été prêté depuis New-York. Notons qu’après trois matchs, les Citizens s’en tirent avec deux victoires, mais aussi une défaite à domicile face à Stoke City.

Toujours emmenés par le controversé Mourinho, les Blues de Chelsea comptent bien retrouver un titre qu’ils n’ont plus vu depuis 2010. Pour ça, il faudra s’appuyer sur leur très bonne défense, seulement 27 buts encaissés l’an dernier, mais aussi améliorer l’attaque. Car oui marquer 71 buts en Premier League est désormais insuffisant pour pouvoir espérer quoi que ce soit. Pour ça, le board a fait venir du très très lourd. Bienvenue donc à Diego Costa, Loic Remy et Didier Drogba. Dans les bois, il faut croire que Petr Cech ne suffisait pas, alors Thibault Courtois a été prié de revenir prestement de son prêt à l’Atletico. Il a été suivi de son compère de la défense madrilène, le latéral Filipe Luis. Au milieu de terrain, on notera le refus poli de Tiago, mais la signature controversée de Cesc Fabregas. On parle quand même d’un type qui a été fabriqué par Arsenal et qui avait déclaré en 2010 « Si je porte un jour le maillot de Chelsea, vous pourrez me tuer ». On prend les paris pour le prochain but de Ramsey ?
Au rayon des départs, c’est la fin d’une époque pour Chelsea, Mourinho s’étant séparé de Lampard et d’Ashley Cole. Exit également Demba Ba, mais également David Luiz et Lukaku avec de beaux coups financiers en prime, pour un total de 75M£.
Pour le moment, tout va bien, trois matchs et autant de victoires, dont une très probante sur le terrain d’Everton, sur le score assez fou de 6-3.

Souvenir de mai 2014

Souvenirs de mai 2014

Tout proche de renouer avec la couronne nationale, Liverpool a finalement flanché sur la fin en concédant une défaite à Anfield face à Chelsea et un match nul à Palace. Si le jeu pratiqué par les Reds était spectaculaire, pas moins de 101 buts inscrits, leur défense était souvent catastrophique, avec 50 buts encaissés. Les lacunes en matière d’effectif ayant été maintes et maintes fois évoquées, Rodgers a décidé de faire sortir le chéquier et d’acheter à tout va. Tout d’abord, il a été débauché trois joueurs de Southampton, Adam Lallana, Dejan Lovren et Rickie Lambert. Il est ensuite aller taper dans du jeune prometteur, avec Emre Can, Divock Origi (bien que prêté directement à Lille), Alberto Moreno et Lazar Markovic. Enfin, il va tenter de relancer, une énième fois, Mario Balloteli. Coût total des opérations : 133 millions de pounds.

Bon, il faut tout de même dire que Liverpool a dû se séparer de Luis Suarez. Vous savez celui qui voulait se barrer, mais qui n’a pas pu. Alors après il a dit qu’il voulait passer sa vie à Liverpool. Puis une fois le mercato revenu, il a subitement eu des envies de départ.Reste que son départ est une énorme perte pour Liverpool, mais également pour la Premier League.

La réussite de la saison de Liverpool tiendra pour beaucoup dans l’adaptation de ses recrues, mais si la défaite du côté de Manchester City a permis de montrer un écart assez important entre les deux équipes, l’éclatante victoire (3-0) sur la pelouse de Tottenham a fait du bien au vestiaire des Reds.

Les équipes qui risquent d’avoir besoin d’un concours de circonstances pour être titré sur la fin

Là, on rentre dans les équipes qui risquent d’avoir besoin d’un concours de circonstances pour être titré sur la fin.

Hype de la première moitié de saison l’an dernier, à tel point que certains se sont mis à rêver du titre, les Gunners ont eu du mal à digérer l’hiver. Wenger a fait péter le larfeuille pour ramener Alexis Sanchez, qui ne s’était jamais acclimaté au Barça. Enfin, ne t’emballe pas jeune fan des Gunners, Sanchez il joue surtout ailier. Toutefois, le mercato d’Arsenal reste assez intéressant, avec les signatures du jeune et très prometteur Callum Chambers, en provenance de Southampton, et de deux valeurs sûres du championnat anglais, à savoir Danny Welbeck et Matthieu Debuchy. Notons également l’arrivée du solide David Ospina, qui va essayer d’amener un peu de sérénité dans les cages.

Au niveau des départs, on signalera les départs de Thomas Vermaelen pour le FC Barcelone et de Bacary Sagna pour Manchester City. Oui bon d’accord, il y a aussi ceux de Nicklas Bendtner et de Chu Young Park.

Après s’être tiré, de façon assez poussive, du barrage de Ligue des Champions face au Besiktas (1-0 sur les deux matchs), Arsenal a confirmé ses difficultés à l’extérieur, en concédant deux matchs nuls sur les pelouses d’Everton et de Leicester. Malgré tout, l’équipe a montré une certaine forme de caractère, en arrachant la victoire dans les toutes dernières secondes, lors de l’ouverte face à Palace et en revenant de nul part face à Everton.

Un résumé de la situation de United

Un résumé de la situation de United

Nouvelle révolution de palais à Manchester United. Après moult et moult années sous le règne de Sir Alex Ferguson, la monarchie a vacillé sous David Moyes Ier. Comme pour Edouard II, les sages du royaume ont décidé de l’assassiner et de chercher un nouveau favori. Après leur court intérim, c’est un certain Louis Van Gaal, de la maison Oranje, qui vint prendre la place.

Le nouveau roi amène avec lui une philosophie qui a fait ses preuves à peu près partout, mais qui a aussi eu tendance à user les esprits de ses anciens disciples. Faisant face à des troupes quelque peu rabougries, Van Gaal a également estimé qu’il était important de sortir les deniers royaux afin de combler quelques manques. C’est ainsi que débarquent Angel Di Maria, Daley Blind, Marcos Rojo, Ander Herrera, Luke Shaw ou encore Falcao, et tout ça pour la modique somme de 170M£.

Pour autant recruter, il fallait également tailler dans les dépenses superflues. Au revoir donc au Evra, Vidic, Ferdinand, Büttner, Kagawa, Welbeck, Chicharito, mais surtout la légende locale, le Chevalier au Lion, Ryan Giggs.

Alors vu que Manchester ne jouera pas de Coupe d’Europe, même pas une coupette, on serait tenté de dire que l’effectif est suffisant pour retrouver le top 3 l’an prochain, sauf que ça ne paraît pas très équilibré, et la récente humiliation en League Cup face aux Milton Keynes Dons (4-0) combinée à un début de championnat ultra-poussif (défaite à domicile face à Swansea, nuls à Sunderland et à Burnley), n’incite pas à l’optimisme non plus.

Ouh la grosse cote ! Avec l’arrivée du très demandé Pochettino, Tottenham peut espérer faire quelques bonnes choses cette année. Alors que les fans pensaient sans doute voir arriver un gros contingent de joueurs de Southampton, il n’en fut rien. Malgré tout, le recrutement a été de qualité, avec les signatures de Ben Davies, Fazio, Stambouli, Vorm, Dier et Yedlin (prêté directement aux Seattle Sounders). Du côté des départs, on notera ceux de Sandro, Sigurdsson, Livermore et Dawson.

La saison avait démarré assez joliment, avec une qualification en Ligue Europa face à l’AEL Limassol (5-1 sur les deux matchs), puis avec une victoire du côté du Boleyn Ground face à West Ham (0-1), un massacre de QPR à White Hart Lane (4-0), mais c’était avant le drame bien entendu. Le 31 août, Liverpool se présente à WHL et colle trois bastos dans le buffet des Spurs. Bref, va falloir profiter de la trêve internationale pour se remobiliser et répondre à Sunderland.

Lukaku dans une brillante imitation de Fabrice Fiorèse

Lukaku dans une brillante imitation de Fabrice Fiorèse

Deuxième saison à la tête des Toffees pour Roberto Martinez, qui après avoir réussi une première saison historique, 72 points soit le meilleur total d’Everton depuis l’avènement de la Premier League, essaiera de confirmer. Pour cela, il peut toujours s’appuyer sur ses cadres de la défense, c’est-à-dire Howard, Distin, Jagielka, Baines et Coleman, auxquels on peut désormais associer John Stones. Au milieu de terrain, il a réussi à conserver Barkley (malheureusement blessé depuis), Gareth Barry et en se faisant prêter Christian Atsu. Enfin, en attaque, il a craqué son slip pour faire signer Lukaku, en signant un chèque de 31M£, soit le plus gros transfert de l’histoire du club. Et pour ajouter un peu de concurrence, il a fait venir Samuel Eto’o. Qu’il paraît loin où les attaquants se nommaient Yakubu, Jô et Anichebe…

Le plus fort dans tout ça, c’est qu’au rayon des départs, on ne retrouve pas de joueur clé, excepté éventuellement Deulofeu. Everton se présente donc avec un effectif inchangé et même renforcé, ce qui laisse augurer de belles petites choses…

Pourtant, comme l’an dernier le début de saison est plus que poussif. Après avoir concédé le nul à Leicester, Everton s’est fait remonter comme un bleu à domicile face à Arsenal, avant de livrer un match fou à Goodison, mais néanmoins perdu, face à Chelsea.

Les candidats à la descente

La dernière fois qu’on les avait vus ici, c’était franchement comique. Harry Redknapp, le Patrick Balkany du foot anglais, est toujours aux commandes et est bien décidé à réussir sa mission. Ou à se faire virer pour toucher des indemnités, on ne sait plus à TK.

Or, pour une fois le recrutement des QPR passerait presque pour moyen plus. Bonjour à Alex McCarthy, le portier de Reading, au très bon Steven Caulker, au vieux Rio Ferdinand, à l’espoir Jack Robinson, au paumé Mauricio Isla, à l’inconstant Leroy Fer, à l’utile Jordan Mutch, à l’expérimenté Sandro, à l’éternel espoir Niko Kranjcar et au mal exploité Eduardo Vargas. Avec tout ça, Harry pourra compter sur le retour d’Adel Taarabt, de retour de son prêt à l’AC Milan.

En ce qui concerne les départs, QPR a vu partir définitivement Loic Remy vers Chelsea, mais également Esteban Granero, Danny Simpson et Yossi Benayoun. On notera également la retraite de ce poète de Luke Young et du super coréen Park Ji-Sung.

Avec tout ça, la saison a mal débuté, avec des défaites en Coupe de la Ligue à Burton (1-0) et d’autres revers en championnat, à domicile face à Hull (1-0) et à White Hart Lane (4-0), avant de finir par se ressaisir à Loftus Road face à Sunderland (1-0).

C'est un conceot

C'est un concept.

Ils y sont enfin parvenu. Après avoir échoué de très peu, et de façon dramatique, à la promotion en 2013, les Foxes de Leicester retrouvent une Premier League qu’ils avaient quitté en 2004. Emmenés par un très bon Knockaert, un Nugent de folie et un Schmeichel de plus en plus intéressant, ils devraient tout de même lutter pour se maintenir, petite revue du mercato.

Pearson a décidé de renforcer son effectif, mais sans tout chambouler. Il a donc fait venir Leonardo Ulloa, déjà auteur de deux buts, en provenance de Brighton, le latéral droit de QPR, Danny Simpson, deux milieux de terrain de United, avec la signature sèche de Tom Lawrence et le prêt de Nick Powell et puis le gros coup médiatique avec la signature d’Esteban Cambiasso. Si l’Argentin n’est plus tout jeune, il pourrait apporter toute son expérience.

Pour les départs, on notera ceux de Sean St Ledger et de Kevin Philips. Pour ce dernier, c’est vers la caisse des retraites qu’il faudra désormais se rendre. Une minute de silence pour la mémoire du héros de Kevin Quigagne.

Pour le moment, les Foxes ont limité la casse, dans un début de championnat qui s’annonçait comme très galère. Il a fallu recevoir Everton (2-2), puis se déplacer à Chelsea, avec une défaite à la clé (2-0), puis accueillir Arsenal (1-1). Costaud le calendrier. La déception vient de Coupe de la Ligue et de l’élimination à domicile face à Shrewsbury (1-0).

Les Lego sont parmis nous !

Les Lego sont parmis nous !

Burnley dispose sans doute de l’effectif le plus faible de cette Premier League. Le manager, Sean Dyche, ne disposant pas de ressources exceptionnelles pour son recrutement, il a fallu jouer intelligemment. Tout d’abord en conservant sa colonne vertébrale, Tom Heaton dans les cages, Jason Shackell et Michael Duff en défense, David Jones et David Marney au milieu et le duo d’attaquants Danny Ings et Sam Vokes, 47 buts à eux deux.

A cela, il a ajouté George Boyd, Lukas Jutkiewicz, Michael Kightly, Marvin Sordell, les expérimentés Steven Reid, Matthew Taylor, Matthew Gilks. Enfin, il faut noter les prêts de Michael Keane en provenance de United et celui de Nathaniel Chalobah depuis Chelsea.

Une saison qui s’annonce difficile donc, qui a démarré par deux défaites en championnat, à Stamford Bridge (3-1) et à domicile face à Swansea (1-0), avant de chopper le match nul (0-0) face à United. Il faut également noter l’élimination en Coupe de la Ligue face à Sheffield United et à domicile s’il vous plaît.

En décembre dernier, les observateurs avaient tous condamné Crystal Palace au Championship. Sauf que Pulis est arrivé et a tout changé. Celui qui était décrié à Stoke, a réussi à créer une petite hype autour de son équipe, remontant le classement comme Froome le Ventoux et accumulant les bons résultats face à des équipes de haut de tableau. Sauf que patatras, Pulis s’est barré. Malky Mackay était pressenti pour lui succéder, mais une sombre affaire de SMS à tendance raciste, l’a poussé à renoncer à revenir dans l’arène. Finalement, c’est ce bon vieux Neil Warnock qui a pris place sur le banc, mais franchement on ne voit pas trop comment il pourrait s’y prendre…

Pas vraiment de départ, mis à part celui de Dikgacoi, mais plusieurs arrivées. Tout d’abord celle de James McArthur, le milieu écossais débarquant contre presque 8M£. Ensuite, celles de Zeki Fryers, de Martin Kelly et de Frazier Campbell. Il a également été privilégié l’expérience, avec les arrivées de Hangeland, Andy Johnson et le prêt de Kevin Doyle. Enfin, le retour de l’enfant chéri, décevant à United, à savoir Wilfried Zaha, en prêt lui aussi.

La saison de Palace aura démarré par deux défaites. La première sur le terrain d’Arsenal (2-1), la seconde à domicile face à West Ham (3-1). Après cela, Palace parvint à accrocher le nul à Saint James Park (3-3). Au contraire, ça roule en Coupe de la Ligue avec une qualification sur le terrain de Walsall (3-0) et le prochain tour verra le déplacement de Newcastle.

Mais où est Charlie ?

Mais où est Charlie ?

Bon, ça ne va pas faire plaisir à Kevin, mais les Black Cats font partie des légitimes favoris pour descendre voir comment ça se passe en Championship. Si Gustavo Poyet avait réussi l’exploit de sauver Sunderland l’an dernier, et franchement c’était mal engagé, dur de savoir s’il pourra trouver les ressources pour le faire une deuxième fois d’affilée.

Le technicien uruguayen a décidé de renouveler une grosse part de son effectif afin d’entreprendre cette difficile mission, alors attention y a du départ : Scocco, N’Diaye, Diakité, Cuellar, Ba (prêt), David Vaughan, Bardsley, Craig Gardner, Westwood, Ustari, Roberge (prêt) et Dossena. Mais le départ le plus emblématique de tous, reste celui de Jack Colback. Le rouquin, formé au club a filé sans indemnité chez le voisin honni, à savoir Newcastle. Bref, la trahison ultime et l’équipe de TK était très inquiète concernant Kevin, mais il semble avoir surmonté sa peine.

Alors avec ces nombreux départs, il fallait bien recruter un peu. Les habitués du Stadium of Light ont donc vu débarquer l’éternel espoir Jack Rodwell, Will Buckley, Patrick van Aanholt, Ricardo Alvarez, Costel Pantilimon, Billy Jones, Jordi Gomez et Sebastian Coates.

Pas top. Voilà comment on pourrait qualifier le début de saison de Sunderland. Après avoir été chercher le nul à West Brom (2-2), United a été tenu en échec à Sunderland (1-1), avant que les hommes de Poyet ne tombent dans l’antre des QPR.

En Coupe de la Ligue par contre, ça roule tout seul, après avoir écrasé Birmingham (3-0) au St Andrews, il y aura la réception de Stoke.

Les joueurs à suivre

Courtois surveillant sa surface

Courtois surveillant sa surface

Après un prêt de deux ans dans la capitale espagnole, Courtois revient comme un prince souhaitant se faire couronner roi à la place du roi déjà en place, le vénérable Petr Cech. Ce dernier ne semble rien pouvoir faire pour empêcher le jeune belge de monter sur le trône. En tout cas, avec deux gardiens pareils dans l’effectif, Mourinho peut voyager tranquille.

Idole du Frioul, Alexis Sanchez n’a jamais réussi à s’adapter totalement à la Catalogne. Toutefois, il dispose des qualités pour faire mal en Premier League et devrait s’avérer un renfort de choix pour Wenger. Surtout, il devrait pouvoir déplacer l’attention des suiveurs sur lui, permettant à un Mesut Ozil de jouer un peu plus libéré.

Ouh le gros chèque ! Van Gaal le voulait et contre 66M £ le Real se sera laissé faire. Il faut dire que Di Maria voulait bien prolonger au Real, mais uniquement si l’on augmentait son salaire pour le placer derrière celui de Cristiano Ronaldo. Perez aura refusé et Di Maria a été obligé de quitter Bernabeu avec le cœur gros. L’achat paraît intéressant, car en plus de pouvoir jouer sur l’aile gauche ou droite, Di Maria a de plus en plus évolué dans l’entrejeu, notamment au Real mais surtout en équipe d’Argentine. Reste que son arrivée précipite de plus en plus Juan Angel Mata vers un départ. Oui, le même Mata qui était arrivé en janvier dernier contre une trentaine de millions. Quand on vous dit qu’ils ont des sous à United.

Lukas qui essaie de faire comme Courtois, mais le résultat n'est guère concluant

Lukas essaie de faire comme Courtois, mais le résultat n'est guère concluant

Une histoire bien tortueuse que celle de Lukas Jutkiewicz. Né à Southampton, il intègre l’académie des Saints, mais se barre à Swindon ne voyant pas de contrat pro arriver. Il débute alors en équipe première à l’âge de 17 ans et inscrit 5 buts en 38 apparitions. Suffisant pour attirer l’œil d’Everton. Dans la cité portuaire, le jeune attaquant a du mal à se faire une place et enchaîne les prêts, Plymouth, Huddersfield et Motherwell. C’est justement là-bas qu’il se révèle, en inscrivant 12 buts en 33 apparitions. Coventry le recrute, mais Lukas n’est pas ce que l’on appelle un buteur prolifique. Après une saison et demie, une soixantaine de matchs et 18 buts, le voilà qui plie bagages pour se rendre à Middlesbrough. Pour l’anecdote, il fut d’abord prêté afin de pouvoir lui faire jouer un match le jour même. Une fois le match joué, les dirigeants de Middlesbrough achevèrent de le recruter définitivement. Deux ans plus tard, il part en prêt à Bolton et réalise une bonne demi-saison avec 7 buts en 20 apparitions. Suffisant pour attirer le regard du manager de Burnley et revenir en Premier League avec comme ambition de s’y imposer. À 25 ans, il est temps d’y penser sérieusement…

C’est simple, c’était l’un des seuls joueurs de Norwich à mériter de rester en Premier League. En signant Snodgrass, Hull a fait un très beau coup. Percutant, buteur, infatigable cavaleur sur son côté, il va encore s’amuser sur les prés et Hull espérer qu’il continue sur sa lancée de l’an dernier où il avait inscrit 6 buts en 30 apparitions.

On va avoir droit à notre petite pause chauvinisme. Lorsqu’il était à Guingamp, Knockaert c’était le joueur frisson, capable de faire des gestes fous, mais aussi de disparaître pendant 10 matchs. Contre toute attente, il s’engage avec Leicester et rate ainsi la remontée fantastique du club breton en Ligue 1. Or à Leicester, Knockaert s’amuse et fait le tour des zappings avec ses buts aussi fous les uns que les autres. Il y a un an de ça, alors que Leicester affronte Watford en demi-finale des barrages d’accession à la Premier League, Knockaert provoque balle au pied et obtient un penalty assez généreux. On joue les dernières secondes du match, s’il marque Leicester va en finale. Sauf que son tir est repoussé et que dans la foulée, Watford marque et se qualifie. Le Français aura beaucoup de mal à se remobiliser et va mettre du temps à revenir à la hauteur de son véritable talent, mais ce sera chose faite lors de la seconde moitié du championnat. Cette année, Knocky’ a tout pour régaler les observateurs, participer au maintien des Foxes et pourquoi ne pas rêver d’un transfert dans un club plus huppé.

No comment...

No comment...

« Hey Jack ?! It’s Kevin Quigagne ! Shame on you bastard ! », voilà le message laissé par notre maître vénéré à tous sur le répondeur de Jack Colback. Le pauvre Kevin s’était bien résolu à voir partir son rouquin favori, mais le voir rejoindre Newcastle…. D’autant plus que Colback a avoué avoir toujours été fan de Newcastle ! Toujours est-il que Colback dispose d’une carte à jouer, autant chez les Magpies qu’en équipe nationale. Il a d’ailleurs été récemment appelé par Roy Hodgson pour le match face à la Suisse. À Newcastle, il va tomber dans un effectif fourni, mais va pouvoir user de sa polyvalence pour se faire une place au soleil. Enfin, le soleil… ça reste Newcastle tout de même.

Méconnu en Italie, Pellè a été consacré à Rotterdam en inscrivant 50 buts en 57 matchs sous le maillot du Feyenoord et peut légitimement avoir de belles ambitions. Cette grande tige d’1m93 devra tout de même passer derrière Rickie Lambert. Pas simple, il faut le reconnaître. Heureusement pour lui, il n’est pas seul à passer de Rotterdam à Southampton, puisque son coach, Ronald Koeman vient d’effectuer le même chemin. À 29 ans, il est désormais temps pour Pellè de confirmer au plus haut niveau et pourquoi pas de taper à la porte de la Squadra Azurra.

Le Barça vivait bien à l'époque

Le Barça vivait bien à l'époque (Piqué + Bojan)

Annoncé comme un futur crack, je suis formé à la Masia. Évoluant au poste d’attaquant ou d’ailier, je débute en équipe première à l’âge de 17 ans, mais ne parviens finalement pas à m’imposer durablement. En 2011 je rejoins mon ancien entraîneur de la réserve barcelonaise, Luis Enrique, du côté de la Roma, mais une nouvelle fois je n’arrive pas à m’y imposer. Un an plus tard, je suis prêté au Milan AC, mais une fois de plus je ne suis pas transcendant. Le FC Barcelone me tend alors la main et en profite pour me prêter à l’Ajax Amsterdam. Aux Pays Bas je revis un peu, mais je ne suis toujours pas la machine à buts que j’étais lors de mes jeunes années en Catalogne. En juillet 2014 je signe à Stoke City, je suis le cousin de Lionel Messi, je suis….

BOJAN !

Des fans de WBA invoquant l'esprit de Samaras

Des fans de WBA invoquant l'esprit de Samara

Dieu. Pour son portrait, vous pouvez voir l’article sur les Grecs du foot anglais. West Brom a été très actif sur le marché des transferts, mais le beau coup, il est là. Samaras, l’idole du Celtic. Que fout-il à West Brom ? On sait juste que six ans après son échec à Manchester City, le revoilà en Angleterre. En tout cas il va encore cavaler, monter, descendre, dribbler, énerver, faire preuve d’un peu (beaucoup) de nonchalance, puis finalement se décider à jouer un petit peu. Au final Georgios c’est un peu le footballeur du dimanche un peu technique. Il sait qu’il est costaud techniquement, alors il fait de temps en temps preuve d’un peu de facilité. Ce qui, fatalement, le dessert lui et son équipe. Allez Georgios, amuses-toi et mets du rêve dans les yeux des Baggies.

Zarate is back ! Six ans après son prêt à Birmingham, Mauro revient en Angleterre, mais cette fois il a mûri. Finit l’époque de la Lazio ou de l’Inter où il semblait n’en faire qu’à sa tête. Son retour dans son club formateur, le Velez Sarsfield, semble avoir été un déclic. À 27 ans, il n’a plus de temps à perdre, et peut profiter du virage étonnant pris par le West Ham de Big Sam, pour continuer sa mue et pourquoi ne pas enfin décrocher une sélection en équipe nationale.

Allez bonne lecture et à demain pour la suite de cette preview,

Didier Feco

La saison 2012-2013 de Premier League terminée, TK dégaine son bilan club par club.

Rédaction légère assurée par le quatuor Teenage Kicks suivant :

  • Didier Féco (QPR, Reading, Stoke, Swansea, West Ham)
  • Kevin Quigagne (Aston Villa, Norwich, Newcastle, Sunderland, Tottenham, WBA)
  • Matthew Dymore (Everton, Fulham, Man City, Man United, Wigan)
  • Pan Bagnat (Arsenal, Chelsea, Liverpool, Southampton).

Fulham (12è, 43 points, G-A -10 / 50 buts pour / 60 contre)

Résumé de la saison
Une saison qui ressemble aux précédentes, à Craven Cottage. Cinq défaites de rang (dont quatre à domicile) pour conclure l’exercice n’ont pas été de trop pour faire monter l’adrénaline des spectateurs, plus habitués depuis dix ans aux Prozac qu’aux bêta-bloquants (hors période européenne sous Hodgson, riche et inattendue). Depuis leur retour en Premier League, le Manchester United of the South est un club discret qui se maintient bon gré mal gré. Une saison pour rien ?

Satisfactions/Déceptions/Objectifs
Berbatov est incontestablement l’homme fort de l’attaque, quoiqu’il ait eu tendance à inhiber ses coéquipiers (tel Rodallega, qui fut décevant). Ailleurs, Steve Sidwell et Sascha Riether ont réussi leurs saisons, Martin Jol priant pour que ce dernier, prêté par le 1. FC Cologne, puisse rester au club.
Les objectifs demeurent simples, en apparence : garder Berbatov et compter sur les jeunes pousses qui poussent (Frei, Kačaniklić, etc.).

L’homme invisible
Simon Davies, rongé par les blessures depuis la mi-2011, n’a pas été vu sur un terrain de Premier League depuis le 4 mars 2012 et un match contre Wolverhampton (victoire 5-0). Fin janvier-début février, il était remplaçant sur deux matchs, un oasis entre deux traversées du désert. Le Gallois aura 34 ans cette année.

Highlights
Première journée, 5-0 face à Norwich et première place (ex aequo) du championnat. Ils l’auront été une fois.

Lowlights
S’il n’y a pas grand-chose de positif à se mettre sous la dent, on peut retenir plusieurs choses négatives : les séries de sept matchs sans victoire entre fin octobre et début décembre et de six matchs sans victoire (six défaites, dont quatre à domicile) entre début avril et mai.

Le manager
De ce que nous avons pu lire ici ou là, les supporters ont tendance à imputer la saison moyenne du club au manque de moyens, amnistiant de fait Martin Jol. Son passé parle pour lui, mais rien n’indique une évolution notable sur les deux années qu’il vient de passer à Fulham. D’ailleurs, on parle de le remplacer.

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Photo de la saison

Keep calm and pass me the ball.

Keep calm and pass me the ball.


Si vous êtes fan de Berbatov et de son goût pour le collectif, vous pouvez acheter le tee-shirt.

Liverpool (7è, 61 points, G-A +28 / 71 buts pour / 43 contre)

Résumé de la saison
Encore une saison de transition pour les Reds, ça commence à faire beaucoup. Le début de saison a été catastrophique, et Liverpool s’est surtout montré incapable d’enchaîner les victoires cette saison (leur plus longue série de victoires consécutives est de… trois). Une première moitié de saison au-delà de la dixième place, puis une timide remontée pour finalement assurer une place de septième, loin de l’Europe mais peut-être en accord avec leur niveau réel.

Satisfactions/Déceptions/Objectifs
Du côté des satisfactions, outre l’incorrigible Luis Suarez, détesté de tous les fans de football, sauf ceux des Reds, il aura fallu attendre le mercato d’hiver pour voir souffler un vent de fraîcheur sur la Mersey. Les arrivées de Coutinho et Sturridge (10 buts en 14 matchs pour l’international anglais) ont fait énormément de bien au jeu offensif jusqu’alors stérile et peu inventif de Liverpool. En plus, ils aiment jouer ensemble (et ça va dans les deux sens) Le retour de Lucas a également énormément apporté au collectif, et (on trouve les satisfactions où l’on peut) même Downing s’est mis à marquer.

La plus grande déception de la saison est sans conteste Joe Allen. Arrivé dans les bagages de Rodgers, on attendait du Gallois qu’il soit la nouvelle plaque tournante de l’équipe. Il n’en fut rien. Rarement dans le tempo et peu enclin à se projeter vers l’avant, le milieu a déçu, malgré des premières prestations encourageantes (nommé Joueur du mois de Liverpool en Août), pour finir la saison blessé, et avec un compteur de buts et de passes décisives vierge (en Premier League).

On attendra certainement plus de lui la saison prochaine, comme on a hâte de revoir Coutinho et Sturridge, et peut-être d’assister à l’éclosion de Suso et Sterling, en qui le club fonde beaucoup d’espoirs, comme en Robinson, Flanagan ou Coady pour le secteur défensif. L’Academy a encore de beaux jours devant elle.

L’homme invisible
Très souvent blessé, Fabio Borini a joué de malchance cette saison. Première recrue du club l’été dernier, l’Italien a enchaîné les pépins physiques et n’a pu disputer que 13 matchs de Premier League, dont seulement 5 titularisations, durant lesquels il a néanmoins montré pourquoi Rodgers tenait à le recruter.

Highlights
L’inconstance de cette équipe a conduit à quelques coups d’éclat (victoire 3-2 contre Tottenham, deux fois 2-2 contre Manchester City) et surtout à quelques belles raclées (5-0 à Anfield contre Norwich et Swansea, et surtout 6-0 à St. James’ Park conte les Magpies) qui font regretter à ses supporters qu’elle n’ait pas joué à ce niveau toute l’année.

Lowlights
Il y a également eu beaucoup de désillusions. Si les fans sont habitués à s’incliner de justesse contre l’ennemi mancunien (cette saison encore, 2-1 à Old Trafford et Anfield), les défaites à Stoke ou WBA et surtout à Anfield contre Aston Villa (1-3) et encore WBA (0-2) ont dû faire mal au fondement.

Le manager
Précédé par sa réputation d’entraîneur tourné vers le jeu, Rodgers est arrivé l’été dernier avec deux objectifs à court terme : faire de Liverpool une équipe plaisante à voir jouer, et rajeunir l’équipe première. Les deux objectifs n’ont été qu’à moitié respectés. Si l’équipe a, par moments, marché sur l’eau, elle s’est beaucoup noyée dans son manque d’imagination sur le plan offensif. Et quand bien même on ne peut pas discuter l’apport de monstres sacrés comme Carragher ou Gerrard, les recrutements de Coutinho, Borini ou Sturridge, et les apparitions répétées de Wisdom, Sterling ou Shelvey ont contrebalancé les prestations délicates des « vieux » comme Downing ou Enrique.
Il va juste falloir penser à gagner des titres maintenant.

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Photo de la saison

Coutinho et Sturridge, l'avenir des Reds

Coutinho et Sturridge, l'avenir des Reds

Parce qu’il aurait été trop facile de prendre le bouffage de bras de Suarez.

Manchester City (2è, 78 points, G-A +32 / 66 buts pour / 34 contre)

Résumé de la saison
Une saison décevante au regard des attentes du club. Avec trois nuls sur les cinq premiers matchs, City ne partait pas sur les meilleures bases. En novembre, à la suite d’une bonne série, l’équipe parvenait à chiper la première place à United, mais l’abandonnait au match suivant (voir illustration ci-dessous). Pour ne plus jamais la revoir. Alors solidement accroché à leur deuxième place, ils ont surtout pêché en attaque (64 buts marqués cette saison contre 93 l’an passé).

Satisfactions/Déceptions/Objectifs
On ne veut pas devenir Newman à la place de Newman. Allez donc lire son article, et notamment son passage sur le Club des Cinq. Place aux experts.

L’homme invisible
Micah Richards, blessé d’octobre à avril à cause de son genou. Une préparation tronquée par une sélection aux Jeux Olympiques, puis une blessure. Résultat : seulement sept matchs cette saison, dont un en Coupe d’Europe (à Amsterdam, perdu 3-1). Son contrat court jusqu’en 2015. Une saison de Coupe du Monde, c’est l’occasion de remonter la pente.

Highlights
Bon début de saison, tout de même, avec quinze premiers matchs sans défaite. Et même avec 15 points de retard, la victoire à Old Trafford, début avril, réjouit les supporters en compensant (un peu) la défaite de l’aller.

Lowlights
Cette défaite à l’Etihad Stadium qui les relègue justement à 6 points, début décembre. Puis la fin janvier-début février (deux points en trois matchs) enterre leurs espoirs. Plus récemment, la défaite en finale de FA Cup écorne un peu plus l’image déjà un peu pâle de leur saison. Mancini, qui voulait partir sur un accord majeur, termine sur une note dissonante (ce qui ne l’empêchera pas, dans six mois, d’aller se plaindre auprès de Rybolovlev du manque de moyens mis à sa disposition).

Le manager
Mancini avait trois ans pour convaincre. Il a été renvoyé avant même la fin du championnat, signe qu’il n’était plus du tout en odeur de sainteté. David Platt le suit. Pelligrini se chargera sans doute de tourner la page. A vous de juger.

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Photo de la saison

Mario avait réussi à mettre correctement sa chasuble, mais il doit désormais se faire aider pour l'ôter.

Drame du quotidien : Mario avait réussi à mettre correctement sa chasuble, mais il doit désormais se faire aider pour l'ôter.

Mancini/Balotelli. Une relation je t’aime moi non plus, ponctuée par un départ du joueur au Milan AC. Et, de façon plus générale concernant Mancini, une relation très tendu avec ses joueurs, que ce soit Nasri, Tevez ou Hart, des propos publics qui ne respirent pas la confiance.

Manchester United (1er, 89 points, G-A +43 / 86 buts pour / 43 contre)

Résumé de la saison
United n’avait pas connu la défaite en match inaugural depuis 2004 et Chelsea (0-1). A la fin de cette saison-là, Mourinho avait emmené ses hommes au sommet du pays en comptant 95 points. Un record qu’aurait pu battre United s’ils avaient gagné leurs quatre derniers matchs.

Le titre déjà en poche, les mancuniens ont logiquement relâché la pression à l’issue d’une saison solide, au prologue délicat (deux défaites, une victoire miraculeuse à Southampton) mais acquis grâce à un rythme infernal jusqu’en mars (25 victoires en 30 matchs).

Satisfactions/Déceptions/Objectifs
Si l’on devait dégager un joueur par ligne : De Gea, qui confirme tout le bien qu’on pensait de sa première saison ; Rafael, dont les progrès accomplis cette saison sont remarquables ; Carrick, dont la présence dans l’entrejeu est devenu indispensable à l’équilibre de l’équipe ; Van Persie, dans la lignée de sa saison précédente à Arsenal (25 buts et 8 passes décisives). Signalons en outre l’excellente saison de Jonny Evans et de Danny Welbeck.

La première partie de saison de Giggs fut pénible, avant de trouver du souffle à partir de février. Kagawa n’a pas (encore) exprimé tout son potentiel, et les ailiers (Young, Nani, Valencia) n’ont pas brillé outre mesure.

L’homme invisible
De retour titulaire à la compétition, Darren Fletcher marquait un but contre QPR, fin novembre. De bon augure pour l’écossais, en proie à une maladie intestinale qui le tenait éloigné des terrains depuis 2011. Mais la malchance le poursuivant, il doit dès la mi-janvier tirer un trait sur sa saison. Dans son discours d’adieu, Ferguson eut un mot envers son ancien protégé et a semblé optimiste.

Highlights
Le triplé de Van Persie contre Southampton (3-2), la première mi-temps contre Reading (4-3), les deux victoires contre Liverpool, la déviation de Samir Nasri, les sept victoires d’affilée entre fin janvier et fin mars (treize buts marqués, un encaissé) qui assurait le titre à 95% (cinq points d’avance fin janvier, quinze fin mars).

Lowlights
Le non-match à Norwich (0-1), les errements défensifs du début de saison (plus gros nombre de buts encaissés depuis la saison 01/02) et l’élimination en FA Cup contre Chelsea alors que l’équipe avait le premier match en main (2-0).

Le manager
Comme Ferguson entra à Old Trafford avec son cortège de railleries sous la pluie anglaise, entre ici, David Moyes, avec ton admirable cortège. Avec ceux qui t’ont accompagné depuis le début, les Mikel Arteta, les Tim Cahill, les Tim Howard, les Victor Anichebe. Avec ton accent écossais qui ne dépaysera pas tes nouveaux protégés. Avec ta virginité en Ligue des Champions, avec tes craintes et tes ambitions, avec ton désir de gagner un titre collectif, et plus seulement individuel. Entre parmi le peuple né à Newton Heath et plus nombreux que jamais à t’accueillir dans la caste des grands.

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Photo de la saison

la parfaite panoplie du beau gosse.

Regard au loin, col roulé à zip, bras croisés : la parfaite panoplie du beau gosse.

Dévoilée en novembre, la statue de Ferguson sonne a posteriori comme les premières prémices de son départ, qui n’était, si l’on en croit l’intéressé, pas à l’ordre du jour. 1500 matchs sur le banc d’Old Trafford toutes compétitions confondues depuis 1986, et une moyenne de six victoires sur dix matchs environ. Sa retraite fut multi-commentée. Ajoutée à celle de Jimmy Davies, ce sont 76 années de coaching qui s’achèvent. Soit 700 fois plus que la carrière managériale de Paul Gascoigne.

À suivre…

Etihad Stadium, le 13 mai 2012 vers 17 h 30. Manchester City est en train de s’incliner devant Queens Park Rangers. Et si Roberto Mancini se résout à faire rentrer Mario Balotelli, pourtant placardisé depuis quelques semaines, c’est qu’il a beaucoup à perdre. Le titre de champion évidemment mais aussi probablement son job de manager [1].

Quand Agüero évite le tacle de Taiwo pour frapper, ce n’est pas qu’un but qu’il plante mais l’arbre qui cache toute la forêt d’échecs que le club mancunien a laissé pousser depuis quelques saisons.

A ce moment précis le club a dépensé 580M £ dans des mercatos cacophoniques depuis son rachat par un fond d’investissement émirien en 2008. Il possède alors la plus grosse masse salariale du championnat en ayant gagné uniquement une FA Cup au terme d’une campagne assez ennuyeuse. Même en sachant les investisseurs du Golfe Persique excellents dans l’art d’écraser des mouches avec un marteau, on peut tout de même avancer que la perte du titre aurait sérieusement remis en question la gestion du club.

Les lendemains qui déchantent

En effet, si la défaite reste amère en toutes circonstances, celle-ci serait restée dans la gorge des Sky Blues un bon moment. Véritable rouleau compresseur jusqu’à sa première défaite début décembre et doté d’une capacité à marquer aussi impressionnante que sa solidité défensive, Manchester City file vers le titre à grand pas et semble enfin avoir l’allure d’un très grand club, comme en témoignent les spectateurs de l’humiliation infligée au rival dans sa propre demeure. Las, l’équipe se prend les pieds dans le tapis quand United prend sa revanche en FA Cup ; ce ne sont que l’étrange concordance entre les faux pas du leader, le retour inespéré de Tevez et l’énergie du désespoir qui permettent à City de s’offrir le cadeau qui lui était promis depuis le début de saison. A côté de cela, on aura vu les hommes de Mancini échouer sans gloire sur la scène européenne et surtout peiner à convaincre dans le jeu avec une équipe dont l’équilibre tenait à la bonne volonté de quelques joueurs.

Du côté d’Abu Dhabi, on était donc confronté à un cruel dilemme pour préparer la saison suivante : si l’on considérait la victoire du championnat, la logique voulait que l’on ralentisse les investissements pour stabiliser le club autour d’une formule qui semble porter ses fruits. Au contraire, si l’on considérait les réelles difficultés du club il fallait de nouveau chercher autre chose, amenant un nouveau problème : que faire de plus quand l’argent ne suffit pas ? Il faut croire que nos chers Emiriens n’ont pas voulu se frotter à une question si épineuse car l’été 2012 fut assez calme de ce côté de Manchester, seuls quelques achats de dernière minute – surpayés évidemment – venant agiter l’effectif.

Nous sommes aujourd’hui aux trois quarts de la saison, la plupart des compétitions sont bien avancées et l’on peut donc tenter d’établir un début de bilan : comment City digère-t-il son couronnement tant attendu ? Eliminé en Europe et distancé en championnat, le seul trophée que peut encore gagner Manchester City est une FA Cup. Plutôt maigre pour un club qui pensait enfin faire partie du gotha des clubs européens. Pour être tout à fait honnête, Manchester City n’a jamais vraiment paru en position de gagner quoi que ce soit depuis le début de la saison au regard de ses performances au mieux efficaces sans être impressionnantes, au pire très laborieuses. Cette gueule de bois – par rapport aux ambitions du club évidemment – est assez classique mais pourtant relativement complexe à analyser tant elle découle d’un ensemble de facteurs pas forcément prévisibles.

Le Club des Cinq est à la peine

La différence la plus frappante avec la saison du titre est sans doute la régularité de l’équipe dans ses performances individuelles. Une grande partie du succès de l’an dernier était due à quelques joueurs clés qui formaient l’ossature de l’équipe et sur lesquels Roberto Mancini pouvait réellement s’appuyer : Joe Hart, Vincent Kompany, Yaya Touré, David Silva et Sergio Agüero (voir article So Foot). Tout le travail de Mancini au club se concrétise dans ces cadres qui ont progressivement fait de City un des effectifs les plus compétitifs d’Europe. Sans surprise, l’équipe type de cette année ne bouleverse pas cette stabilité au point d’être dans une continuité assez rare pour un club de ce standing.

Toutefois, si l’on observe de plus près les performances de ces cinq piliers cette année, on constate que leur solidité est mise à l’épreuve.

1) Joe Hart tout d’abord, l’espoir de toute une nation à son poste depuis plusieurs saisons s’est fait remarquer cette saison par quelques belles boulettes parfois coûteuses. Ses sorties médiatiques lui ont valu d’être plusieurs fois rappelé à l’ordre par un Mancini que l’on a connu plus indulgent. Si ses qualités de gardien ne sont pas à remettre en cause, sa confiance et sa place au sein de l’effectif pourraient bien être à l’origine de ses quelques contre-performances.

2) Vincent Kompany a connu des blessures qui l’ont écarté des terrains et avec lui son charisme de capitaine, tandis que l’hésitation récurrente au début de saison sur son partenaire de défense centrale l’a régulièrement conduit à prendre des responsabilités que sa condition physique ne lui permettait pas toujours d’endosser.

3) Yaya Touré, considéré à juste titre comme celui qui fait tenir toute la baraque, ne connaît pas véritablement de baisse de forme, mais son importance au sein de l’effectif devient parfois si importante qu’il accuse le coup sur certains matches. Son absence durant la CAN n’a pas coïncidé avec de mauvais résultats (2 victoires et 2 nuls), mais sa titularisation immédiate lors de son retour a été un des plus mauvais matches de la saison des Sky Blues (défaite 1-3 contre Southampton).

4) David Silva, stratosphérique sur les matches aller de la saison dernière est dans la continuité de son année 2012 : précieux, mais moins décisif. Lui aussi semble parfois souffrir physiquement et peiner à trouver sa place dans le dispositif tactique changeant de Mancini, quand bien même il lui arrive de retrouver une position d’électron libre qui correspond le mieux à ses capacités.

5) Enfin, Sergio Agüero, peut-être la plus grande déception. Sa première saison en Premier League restait comme l’une des plus grandes réussites pour un attaquant depuis l’arrivée de Fernando Torres. Il était non seulement plus adroit dans le but, mais également plus altruiste. Sa blessure lors du match d’ouverture et ses problèmes personnels [2] l’ont freiné dans son ascension fulgurante, et aujourd’hui il n’est « que » l’attaquant le plus complet de l’effectif, ce qui le conduit à être baladé un peu partout en attaque, pour des réussites inégales : c’est principalement dans sa position d’attaquant de soutien qu’il s’exprime le mieux, et lui aussi semble peu à l’aise dans les expérimentations tactiques de son entraîneur.

Autour d’eux, les anciens tiennent leur rôle (Barry, Zabaleta), certains surprennent par leur bonne forme (Tevez, Milner) tandis que d’autres semblent avoir du mal à confirmer (Nasri). Hormis Dzeko ou Kolarov, on voit assez peu de remplaçants faire la différence et les principales qualités de Manchester City semblent contenues dans une petite quinzaine de joueurs. Les recrues qui avaient été enrôlées comme potentiels titulaires n’ont pas vraiment gagné leur place, et les jeunes ne paraissent pas en mesure de bousculer la hiérarchie, à l’exception notable de Nastasic qui s’est fait une place de titulaire pour former l’une des meilleures charnières de Premier League. Une belle affaire pour Mancini, point qui doit être relevé.

Mancini brillant, ni pertinent

On peut néanmoins considérer que Roberto Mancini porte une grande part de responsabilité dans les performances de son équipe cette saison, et pas seulement parce qu’il est commode de pointer du doigt l’entraîneur. Lui aussi était tiraillé entre la stabilité et le changement et il a décidé de couper la poire en deux en changeant de tactique avec le même effectif.

La première sortie de la saison lors du Community Shield a ainsi vu les Mancuniens évoluer dans un 3-5-2 séduisant et efficace sur le papier, mais moins convaincant sur le terrain. Dispositif hybride entre le 3-5-2 à l’italienne et le 3-4-3 de Guardiola-Kolarov jouant le rôle de Dani Alves – ce schéma n’a jamais donné tout ce qu’on était en droit d’espérer, mais n’a jamais été complètement abandonné non plus, Mancini l’utilisant à plusieurs reprises comme plan B [3]. Utilisé dès le départ, il présente le bilan assez médiocre d’une victoire, deux nuls et une défaite. Utilisé en cours de match, c’est déjà mieux, avec six victoires, un nul et deux défaites.

Ces chiffres positifs sont toutefois à pondérer : le changement tactique n’a conduit que deux fois à renverser le score (notamment contre Tottenham), étant la plupart du temps inoffensif pour l’adversaire. Le recrutement de Maicon a été réalisé dans cette optique : chacune de ses entrées sur le terrain avait pour but de passer dans une défense à trois. Cependant, Maicon ne semble jamais s’être remis de sa rencontre avec Gareth Bale et en défense centrale seul Kompany est à l’aise dans ce dispositif. Tout n’est pas perdu pour le 3-5-2 pour autant, car Javi Garcia a certainement été recruté pour son profil lui permettant de descendre au niveau des défenseurs, assez utile avec une telle tactique. Il reste néanmoins une solution de rechange, ce qui laisse penser que le championnat anglais demeure assez hermétique à certains systèmes et profils.

Au-delà de cette innovation qui ressemble davantage à une manœuvre de Mancini pour se donner une image de coach créatif que comme une réflexion tactique sur son effectif et sur ses adversaires, c’est un ensemble de décisions qui peut être pointées du doigt. A commencer par son obsession ridicule pour les attaquants, qui a pu le conduire à finir un match contre Fulham dans un 4-3-3 si offensif et bling-bling que la valeur totale des attaquants présents sur le terrain était quasiment égale au budget annuel du club. Il peut remercier Dzeko de savoir marquer sur une demi-occasion, sans quoi le ridicule eut été total. On peut aussi parler de sa gestion d’effectif, dont le cas Balotelli cristallisait les contradictions [4].

Plus récemment, ses interventions médiatiques mourinhesques ont été  désastreuses : « Ceux qui me critiquent ne comprennent rien au football », « Je suis le meilleur coach d’Angleterre » ou encore « Pour l’instant Manchester United a été très chanceux », estimant que l’écart avec le voisin ne reflétait pas les performances de son équipe. Toute cette agitation de surface rappelle que Roberto Mancini n’est pas, au contraire d’autres entraîneurs, rompu aux titres et à leur gestion. Champion d’Italie dans un championnat qui se remettait du Calciopoli, il a remporté ses titres dans un contexte plutôt favorable – sans retirer quoi que ce soit à ses réussites – et peine à garder la barre de son navire dans l’adversité.

Manque d’expérience ?

Finalement, le principal facteur d’explication des difficultés mancuniennes cette saison n’est peut-être pas à chercher à l’intérieur du club mais à l’extérieur. En effet, si Manchester City marque beaucoup moins que la saison dernière, sa défense reste tout de même l’une des meilleures d’Europe. Et s’il est vrai que l’équipe semble fébrile, ses résultats sont globalement dans la continuité de la saison dernière.

Ce que Manchester City n’avait pas prévu, c’était que ses adversaires l’affronteraient désormais le couteau entre les dents. Manchester United en premier lieu, car les Red Devils avancent à un rythme plus vu en Premier League depuis le Chelsea de Mourinho, une cadence beaucoup plus soutenue que celle de City l’an dernier. De même, en Ligue des Champions, l’expérience de clubs comme le Real et l’Ajax s’est ressentie, tout comme le talent d’un coach tel Jurgen Klopp.

Les dirigeants de Manchester City se sont crus déjà arrivés avec le titre de champion de Premier League. Seulement, les lignes du palmarès ne sont qu’une condition nécessaire mais non suffisante pour devenir un grand club. Il ne s’agit pas de dire qu’il aurait mieux valu tout bouleverser, simplement il était naïf de ne rien changer, comme si le club avait déjà atteint le sommet.
Premier club racheté par des investisseurs du Golfe et premier club à traduire cette puissance par un titre, Manchester City est désormais en quête d’expérience, chose que seul le temps peut lui offrir. Reste désormais à savoir si les Emiriens sauront apprécier à leur juste valeur les années à la fois frustrantes et excitantes durant lesquelles un bon club devient un grand club, lorsqu’un échec cachera une forêt de réussites [5].

George T. Newman.

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[1] Lire ici.

[2] Bénéficiant du statut privilégié de gendre de Maradona depuis plusieurs années, sa relation avec la fille du Pibe de Oro s’est achevée cette année, cela s’ajoutant à quelques remarques -assez tristes à entendre pour les supporters- qui laissaient entendre que le Kun aurait préféré rester en Espagne s’il avait pu.

[3] Lire cet article de Zonal Marking écrit juste après le Community Shield, mais dont les réflexions englobent tout ce que l’on peut dire au sujet du projet de Mancini. Tout juste pourra-t-on ajouter une question sur l’intérêt d’utiliser un tel dispositif dans un championnat comme la Premier League.

[4] Lire cet article qui pointe l’échec de Mancini à stabiliser le joueur, ce que d’autres entraîneurs ont réussi par la suite, affectant très négativement l’image du club et de son entraîneur : « The transfer robs the Premier League of one of its great eccentrics but also reflects poorly on coach Roberto Mancini, whose various management methods – lurching between carrot and stick, defending and then attacking the player […] have failed. »

[5] Certains membres du club l’ont déjà bien compris : « We must grow as a group and in mentality, United have built a winning culture over the last 20 years, while City’s project is at the start. » Pablo Zabaleta (The Express)

En Angleterre, pendant la période des fêtes, le championnat continue. Des matchs à trois points la victoire, un point le match nul et zéro point la défaite. Si l’on se permet de rappeler ce point de règlement, c’est moins par condescendance que par souci de précision, tant subsiste l’idée que cette dizaine de jours serait cruciale pour la suite, que l’équipe qui marquerait davantage de points que ses poursuivants obtiendrait un avantage (moral ?) déterminant.

Alors, vrai ou faux ? Nos petits graphiques révèlent une corrélation surprenante entre le niveau de forme au moment des fêtes et le classement final. Mais il ne se fait sans doute pas de différence plus flagrante entre la bûche de Noël et la galette de l’Épiphanie qu’entre l’Assomption et la rentrée des classes, ou encore qu’entre le Mercredi des Cendres et Pâques. La quasi-sacralisation de ces matchs incite seulement à les ranger dans une case à part, et à créer pour elle des statistiques exclusives.

[Note : les graphiques incluent les matchs s’étant déroulés du 26 décembre jusqu’à début janvier – la date varie en fonction des années. Le classement indiqué est celui au 25 décembre. Est signalé entre parenthèses le nombre de points inscrits par l’équipe. Le nombre de matchs étant rarement similaire, il a fallu créer une échelle commune, de 0 (soit une équipe qui a vomi la dinde) à 1 (soit une équipe qui a eu la fève). Pour obtenir des points de comparaison, nous avons comptabilisé le parcours d’au moins trois équipes pour chaque année, voire davantage suivant la place qu’occupait au 25 décembre le vainqueur final de l’exercice. C’est aussi clair qu’une relance de Mertesacker, non ?]

Saison 01/02

Classement Noël : Newcastle (36 pts), Arsenal (33), Liverpool (-1)(33)

Classement final : Arsenal (1er, 87 pts), Liverpool (2ème, 80), Newcastle (4ème, 71)

Saison 02/03

Classement Noël : Arsenal (39 pts), Chelsea (37), Manchester United (35)

Classement final :Manchester United (1er, 83 pts), Arsenal (2ème, 78), Chelsea (4ème, 67)

Saison 03/04

Classement Noël : Manchester United (40 pts), Arsenal (39), Chelsea (39)

Classement final : Arsenal (1er, 90 pts), Chelsea (2ème, 79), Manchester United (3ème, 75)

Saison 04/05

Classement Noël : Chelsea (43 pts), Arsenal (38), Everton (37)

Classement final : Chelsea (1er, 95 pts), Arsenal (2ème, 83), Everton (4ème, 61)

Saison 05/06

Classement Noël : Chelsea (46 pts), Manchester United (37), Liverpool (-2)(31)

Classement final : Chelsea (1er, 93 pts), Manchester United (2ème, 83), Liverpool (3ème, 82)

Saison 06/07

Classement Noël : Manchester United (47 pts), Chelsea (45), Liverpool (34)

Classement final : Manchester United (1er, 89 pts), Chelsea (2ème, 83), Liverpool (3ème, 68)

Saison 07/08

Classement Noël : Arsenal (43 pts), Manchester United (42), Chelsea (37)

Classement final : Manchester United (1er, 87 pts), Chelsea (2ème, 85), Arsenal (3ème, 83)

Saison 08/09

Classement Noël : Liverpool (39 pts), Chelsea (38), Aston Villa (34), Manchester United (-2)(32)

Classement final : Manchester United (1er, 90 pts), Liverpool (2ème, 86), Chelsea (3ème, 83), Aston Villa (6ème, 62)

Saison 09/10

Classement Noël : Chelsea (41 pts), Manchester United (37), Arsenal (-1)(35)

Classement final : Chelsea (1er, 86 pts), Manchester United (2ème, 85), Arsenal (3ème, 75)

Saison 10/11

Classement Noël : Manchester United (-1)(34 pts), Arsenal (32), Manchester City (+1)(32)

Classement final : Manchester United (1er, 81 pts), Manchester City (3ème, 71), Arsenal (4ème, 68)

[Merci à l’indispensable statto.com]

Un peu de légèreté pour conclure la saison Teenage Kicks : le bilan club par club, mode Twitter, en 140 mots (enfin, pour ce qui est du résumé de la saison quoi).

Voir introduction dans la première partie, avec tous les jolis liens (clips grands moments de la saison, plus beaux buts, photos, etc.). Par ailleurs, la Premier League a publié ce matin son calendrier pour la saison à venir, la liste club par club ici et la liste de tous les matchs ici.

Aujourd’hui, troisième partie : de Fulham à Manchester City (deuxième partie ici).

[nb : les chiffres de la rubrique financière sont en £ et portent sur la période 2009-2010. Les dettes (nettes) : emprunts bancaires, propriétaires ou autre provenance. Source Companies House et Guardian].

 

FULHAM (8è, 49 points. G-A + 6 / 49 buts pour / 43 contre)

Résumé de la saison

Première partie de saison difficile, avec notamment une série de huit matchs sans victoire de la 11è à la 18è journée (indisponibilité de Zamora et Johnson – ce dernier revenu fin octobre, mais pas à 100 %), suivie d’une bonne deuxième partie. Bilan positif pour cette dixième saison consécutive parmi l’élite (deuxième meilleur classement de l’histoire du club – 7è en 2009).

Satisfactions

Deuce a bien rapé les défenses aussi
Deuce a bien rapé les défenses gruyère

Yo! Clint Dempsey, rapper à ses heures perdues (nom de scène, « Deuce », voir cool clip). L’Américain, profitant de l’absence de Zamora une bonne partie de saison, y est allé de ses douze réalisations et a logiquement été élu Fulham Player of the Year par les supporters. S’est particulièrement distingué dans les matchs difficiles. Avec 33 buts pour les Cottagers depuis 2007, il devient le meilleur buteur de l’histoire du club en PL (devançant son compatriote Brian McBride et Steed Malbranque, tous deux 32 buts). Citons aussi Salcido, A. Hughes, Hangeland, Dembélé, S. Davies et Zamora (retour de longue blessure encourageant), ainsi que Duff et Murphy, par intermittence.

Déceptions

Peu nombreuses, mais Pantsil n’a pas réédité sa belle saison passée (et pas que pour ses trois buts contre son camp, record de PL égalé). Après le début février, Chris Baird lui a été préféré.

L’homme invisible : Rafik Halliche ou Bjørn Helge Riise

Highlights

Le retour de Bobby Zamora en février (jambe cassée par Karl Henry en septembre) ainsi que celui, graduel, d’Andy Johnson en octobre après des blessures à répétition en 2009-2010 (genou, adducteurs, clavicule) même s’il n’a pas eu l’impact escompté. Qualification pour la Ligue Europe (4è au classement anglais Fair Play de la Premier League, derrière trois clubs déjà qualifiés pour l’Europe). Victoire 4-0 sur Tottenham en FA Cup.

Lowlights

Les terribles corrections à domicile : rossés 4-1 par Man City en novembre, fessés 3-1 par les Hammers à Noël et étrillés 5-2 en mai par un Liverpool déchaîné.

Les enseignements à tirer / secteurs à renforcer

Mohamed Al-Fayed a vendu son Harrods aux incontournables Qatariens pour 1,5 milliards de £ en mai 2010, ça servira à rembourser la dette et peut-être aussi à recruter costaud, surtout que le nouveau manager, Martin Jol, voudra bâtir sa propre équipe. Un milieu créatif serait un bon début. Selon les médias anglais, Dembélé et Dempsey pourraient partir (ce dernier en quête de Ligue des Champions). Robbie Keane est annoncé comme possible arrivée (le contraire eut été surprenant) ainsi que des joueurs de l’Ajax ou d’Hambourg (connections Jol), tel Mounir El Hamdaoui.

Devant Craven Cottage, Johnny Haynes… et Michael Jackson

 

Trucs bizarres / marrants 

Une imposante statue de Michael Jackson, ex buddy d’Al-Fayed, trône désormais devant Craven Cottage, pas loin de celle de Johnny Haynes, Fulham Legend. Guère du goût de Hugh Grant, supporter du club de longue date (il aurait versé les 60 000 £ du transfert de Robbie Herrera en 1993, voir ici) : « Hmm, Michael Jackson, pas vraiment une recrue de choix à mon avis. » Les supporters ont protesté, ce à quoi le toujours aussi charmant Al-Fayed a répondu : « If they don’t like it, they can go to hell. » Voir ce clip et celui-ci.

Le Manager

Mark Hughes, toute la saison. Il lui restait un an de contrat mais a démissionné le 2 juin. Martin Jol l’a remplacé.

In / Out (le point sur les mouvements au 17 juin)

In : Dan Burn (Darlington, montant élastique non révélé mais, selon les informations TK, le versement initial est de 350 000 £ – record de la non-League battu – et le maximum serait 2M, lié principalement à ses apparitions, sa progression et prime à la revente)

Out : Zoltan Gera, Diomansy Kamara, Eddie Johnson, John Pantsil, Matthew Saunders (tous libérés)

Retours de prêt : Lauri Dalla Valle, Kagisho Dikgacoi, Keanu Marsh-Brown

Les toutes dernières rumeurs ici.

Chiffre d’affaires / masse salariale et autres stats financières

77M / 49M. Perte avant impôts : 19M. Dette : 190M*

(*dont la quasi-totalité – 187M – de prêts à 0 % d’Al-Fayed)

 

LIVERPOOL (6è, 58 pts. G-A + 15 / 59 / 44)

Résumé de la saison

A season of two halves. Et pas mal placée sous le signe de la Joke. Saison de transition très mouvementée mais au final réussie. Départ cauchemardesque (sur et en dehors du terrain) puis léger frémissement et enfin décollage à l’arrivée de Dalglish ; deuxième partie de saison sur les chapeaux de roues. L’avenir s’annonce souriant mais la barre des objectifs a été placée haute (minimum retour dans le Big Four).

Satisfactions

Le héros est incontestablement Kenny Dalglish. Parmi les artistes de la renaissance : Lucas (élu Joueur de la saison du club, 40 % des votes), Kuyt, Maxi Rodriguez (2 hat-tricks), Meireles (élu PFA fans’ Player of the Year ), Spearing, Shelvey, Suárez, peut-être Agger (saison minée par les blessures). Citons aussi le latéral droit Martin Kelly (avant que des blessures lui écourtent sa saison fin février) ainsi que les jeunes de l’Academy (Flanagan et Robinson) qui se sont distingués en deuxième partie de saison. A signaler aussi l’exploit de Škrtel : avec Baines, il est le seul joueur de champ à avoir disputé l’intégralité de la saison de championnat, de la première à la dernière minute (3 420 – et 53 matchs toutes compétitions confondues).

Le trio perdant
The Joke Trio

Déceptions

Citons Konchesky, Poulsen et N’Gog, ce dernier encore trop juste à ce niveau. Mais la palme du flop Red de l’année revient évidemment au duo M. Jovanovic-J. Cole, qui émargent respectivement à 260 000 et 480 000 £ / mois (soit 9M de £ annuels à eux deux). Remettons-nous en bouche la déclaration de Steven Gerrard, à l’annonce de l’arrivée au club de Joe-le-freestyler, priceless :

« Messi est capable de trucs incroyables mais Joe peut faire aussi bien, sinon mieux. Il nous sciait des fois à l’entraînement avec l’équipe nationale, il faisait de d’ces trucs avec une balle de golf, wow, certains joueurs ne pourraient même pas les faire avec un ballon ! Cette saison, je le vois vraiment bien remporter la récompense du Joueur de l’année. »

L’homme invisible : le duo fantôme Jovanovic-Cole (qui figure en bonne place dans la galerie des Europe’s Most Unwanted du Guardian).

Highlights

Le départ de Tom & Jerry (Hicks & Gillett). Rachat du club par des repreneurs ambitieux (Fenway Sports Group). La renaissance de l’Academy (voir détails). Le 15 octobre, après six mois traumatisants (début officiel de la mise en vente du club en avril 2010), la fête devant la High Court de Londres, symbole du renouveau de cette institution du foot international. La victoire 3-1 sur Man United, le 3-0 contre City. Signalons aussi que Liverpool a marqué dans tous les matchs de PL du 1er janvier au 9 mai (dix-huit de suite, la plus longue série en championnat cette saison).

Lowlights

La première moitié de saison, sous Roy Hodgson, LMA Manager of the Year en 2010. Quelques faibles affluences (relativement parlant), dont celle du 3 janvier, seulement 35 400, la pire à Anfield pour une journée du New Year’s Day depuis… la réception de Notts County en 1983 ! (voir ici, entrée du 1er & 2 janvier). La terne performance d’ensemble en Ligue Europe (éliminés en huitième par Braga, finaliste). Les blessures de Steven Gerrard. Oh, et la nouvelle troisième tenue du club dévoilée cette semaine, 70 % des supporters seraient contre, faut dire que y’a pas mal de bleu, ça fait très blue nose (Everton). Certes, la tenue originelle du club était majoritairement bleue (de 1892 à 1896) mais tout de même, shocking.
Un Third très blue nose
The Joke Third

Les enseignements à tirer / secteurs à renforcer

Saison trop atypique pour en tirer de quelconques enseignements. Disons simplement qu’avoir un centre de formation en bonne santé, c’est chouette. Côté recrutement, idéalement, il faudrait renforcer le flanc gauche avec un latéral offensif et un ailier. Un attaquant d’appoint ne serait pas de trop non plus (si départ de N’Gog).

Selon les médias anglais, LFC reniflerait autour de (valeur approximative entre parenthèses) : un gardien expérimenté pour être la doublure de Reina (Doni ?), Clichy (7M), Adam (8M), Dann (8M), Chamberlain (10M), Wickham (10M), Enrique (10M), N’Zogbia (12M), Gago (12M), Zapata (14M), G. Cahill (16M), Downing (20M). Agger pourrait partir si Cahill, Dann ou Zapata arrivait. Le club est déterminé à recruter au moins six joueurs et serait prêt à faire chauffer le chéquier comme jamais (et ainsi dépasser les 62M dépensés par Rafa en 2007 pour Torres, Babel et Mascherano).

Par ailleurs, Sylvain Marveaux (gratuit) a passé un examen médical jeudi et devrait conclure son transfert dans les jours qui viennent (260 000 £ mensuels). Quant à Ashley Young, l’une des (ex) cibles des Reds, il fait durer le suspense, huit jours après avoir annulé son mariage (et sa sobre cérémonie à 200 000 £) qui devait avoir lieu le week-end dernier. Au lieu de se marier, Young s’est envolé à Las Vegas et pourrait signer pour Man United dès son retour. Une mystérieuse malédiction anti-mariage semble frapper Birmingham car dimanche dernier, Liam Ridgewell, le défenseur de Birmingham City, annulait lui aussi son mariage huit jours avant le jour J.

Trucs bizarres / marrants

Année riche en moments drolatiques. La saga de la pré-vente en août et septembre avec une belle brochette de personnages kashkariens, dont Kenny Huang et l’impayable Yahya Kirdi (sa candidature fut vite surnommée « The Joke Bid », voir détails), soi-disant ex magnat dans l’aéronautique doublé d’un puissant homme d’affaires. Le Syrien a en fait vendu deux coucous d’occasion dans un lointain passé et posséde pour tout bien… une épicerie et une pizzeria au Quebéc ! (la Pizza Da Tony, établissement qui devait donc financer le Liverpool FC ! voir détails). Voir Hicks et Gillett se faire pourrir par la High Court, et à deux reprises s’il vous plaît (octobre et février), fut également jouissif. Autres bizarreries, les Tweets de Ryan Babel et le sketch Facebook de la môman de Paul Konchesky :

« Les Scousers sont des pourritures et l’équipe d’Hodgson c’est de la merde. Arrêtez de vivre dans le passé Liverpool. » […] : « De toute manière, notre famille ne déménagera jamais à Liverpool, on aime pas leur façon de causer. »  (ici et ici).

Que Môman Konchesky se rassure, nul besoin de déménager sur Merseyside. Fin janvier, le fiston a été prêté à Nottingham Foret (D2 – bilan moyen) et sera sans doute re-prêté. Konchesky apparaît dans la galerie du Guardian des Europe’s Most Unwanted.

La fameuse pizzeria qui devait financer Liverpool FC...
The Joke Bid

Le Manager

Kenny Dalglish, a accompli un boulot remarquable après onze ans d’inactivité (brève pige en tant que manager intérimaire du Celtic, de février à mai 2000). Récompensé par un contrat de trois ans.

In / Out (au 17 juin)

In : Jordan Henderson (Sunderland, 16-20M – le montant exact de la transaction varie d’une source à l’autre et l’addition finale dépendra du départ ou non de Ngog vers Sunderland, affaire qui sera discutée dès le retour de vacances du Français)

Out : Jason Banton, Deale Chamberlain, Alex Cooper, Sean Highdale, Steven Irwin, Nikola Saric (tous libérés)

Retours de prêt : Philip Degen, Alberto Aquilani, Emiliano Insua, Daniel Ayala, Daniel Pacheco, Nabil El Zhar, Chris Mavinga, Brad Jones

Les dernières rumeurs ici.

Chiffre d’affaires / masse salariale et autres stats financières

185M / 121M. Perte avant impôts : 20M. Dette : 123M*.

[*La société du propriétaire John Henry, Fenway Sports Group, a remboursé les 200M de dettes dûs à la Royal Bank of Scotland]                                    

 

MANCHESTER CITY (3è, 71 pts. G-A + 27 / 60 / 33)

Résumé de la saison

Mission accomplie, City décroche une place en Ligue des Champions. Saison commencée dans la tourmente (voir ici), achevée en fanfare, double Arsenal pour la place directement qualificative en Ligue des Champions. Les Citizens finissent sur le podium, ça ne leur était pas arrivé depuis 1977 (2è, à un point de Liverpool).

Satisfactions

Vincent Kompany (dans l’équipe PFA de l’année) et Carlos Tévez, avec Berbatov le meilleur buteur de la saison (20 buts – dont cinq doublés). A noter que depuis Kevin Phillips (2000, Sunderland, 30 buts), tous les Souliers d’or de PL sont des étrangers. Le soulier d’or n’avait pas été partagé depuis 1999 (Hasselbaink, York, Owen, 18 pions). Egalement : Hart, de Jong, Richards, Silva, A. Johnson, Yaya Touré (débuts poussifs pour ce dernier mais bien plus en vue une fois qu’il fut enfin encouragé à tenir un rôle plus offensif). Et puisqu’on est dans les chiffres, Joe Hart : ratio arrêts sur tirs le plus élevé de PL cette saison, 76,4 %. Le cas Balotelli. A mettre dans les satisfactions ou la rubrique ci-dessous ? Disons qu’il est entre les deux mais il nous a tellement fait rire qu’il mérite sa place ici (joli hat-trick contre Villa à Noël – le plus jeune hat-tricker depuis Luke Moore en 2005-2006).

 

 

Déceptions

Barry, Milner, Dzeko, Kolarov, Boateng. Et Kolo Toure. Comment un joueur aussi expérimenté que lui a-t-il pu tester positif à cause de pilules amaigrissantes ? (six mois de suspension, il pourra rejouer à partir du 2/09).

L’homme invisible : Roque Santa Cruz (25 minutes en novembre avant son prêt à Blackburn en janvier)

Highlights

La FA Cup, premier trophée Citizen depuis la Coupe de la Ligue 1976, alléluia. Les victoires 4-0 sur Aston Villa à Noël, 4-3 sur Wolves (beau jeu déployé) et 5-0 sur Sunderland en avril. L’emballage final leur assurant la troisième place (21 points de pris sur les dix derniers matchs). La défense, elle n’a encaissé que 33 buts, plus faible total avec Chelsea.

Lowlights

Les quatre premiers mois, minés par les crises larvées, les secousses diverses et les vives critiques (jeu sans relief). La défaite 3-0 à domicile contre Arsenal et contre Liverpool à Anfield, sur le même score. La terne campagne de Ligue Europe.

Enseignements à tirer / secteurs à renforcer

Après les 160M de £ dépensés en transfert cette saison, on est de nouveau prêt à faire chauffer le sheikhier du côté d’Eastlands, avec dans le viseur du gros gibier. Idéalement, il faudrait un latéral gauche qui trace, un milieu créatif et un ailier. Il faut aussi régler la situation d’une palanquée de prêtés, d’indignados, d’olvidados et de mis en cave. Voir liste rubrique in/out (et vu la taille de la ménagerie, il doit en manquer, on se demande comment le club lui-même fait pour s’y retrouver). Parmi ces prêtés ou éternellement entre-deux-prêts, mention spéciale au trio S. Wright-Phillips, Bridge et Jô, qui figurent dans la galerie des Europe’s Most Unwanted du Guardian.

City serait sur la piste de (entre autres) : Leighton Baines, Gareth Bale, Gary Cahill, Wesley Sneijder, Guiseppe Rossi, Daniele De Rossi, Javier Pastore, Luka Modric et Alexis Sanchez (voir diaporama des cibles City).

Face au policier qui ne reconnaît pas Balotelli et lui demande pourquoi il a 5 000 £ qui lui tombent de la poche arrière du jean, Mario hausse les épaules et répond : « Parce que je suis riche. »

Trucs bizarres / marrants

Les frasques de Mario Balotelli, il nous a comblés pour sa première saison. A peine arrivé sur le sol anglais, il plante son bolide. Sonné par l’accident, et avec 5 000 £ qui lui tombent de la poche arrière du jean, au policier qui ne le reconnaît pas et lui demande pourquoi il a autant de cash sur lui, Mario hausse les épaules et répond : « Parce que je suis riche. » Puis, il y eut les enfantillages, les bagarres, les provocations, les actions de bon Samaritain, l’entrée par effraction dans une prison pour femmes (ici), l’allergie au gazon, le lancer de fléchettes sur des stagiaires (d’une fenêtre du centre d’entraînement), etc. L’irrépressible Balotelli, sur lequel le Guardian a récemment titré « Le nouveau bouffon du pays », exaspère Mancini, qui déclarait il y a peu : « Tous les jours, je me bats contre Mario et parfois j’aurais envie de lui filer un pain. » Réponse de Mario : « Bah, il pourrait pas, je fais du kick-boxing. » Liam Gallagher, en connaisseur, adoube le phénomène : « Mario est malin, j’aime bien la façon dont il joue le taré. » Son sketch du chasuble restera mythique, surtout quand raconté par Robbie Savage, hilarant, voir clip.

Le Manager

Roberto Mancini. « The jury is still out » comme on dit en Angleterre (il faudra attendre pour se prononcer). Prône un style encore trop défensif (et pourquoi diable sous-utiliser Adam Johnson ?).

In / Out (au 17 juin)

In : personne

Out : Felipe Caicedo (Levante a récemment converti le prêt en achat). D. Gonzalez, S. Kay, S. Logan, J. Poole, A. Tutte, J. Vidal, J. Wood (tous libérés)

Retours de prêt : E. Adebayor, C. Bellamy, R. Santa Cruz, N. Onuoha, V. Weiss, S. Wright-Phillips et W. Bridge

- Allez Rob, t' me gardes hein, s'il te plaît ? - Ma che te garder Pat, t'as pas une maison ou oune famille qui t'attend in Francia ?
– Allez Rob, tu m’gardes hein, allez s’il te plaît – Ma ché te garder Pat, t’as pas une maison, une famille, un job de consultant qui t’attendent en France ?
A enfilé les pantoufles (arrêt de carrière) : le nom de Patrick Vieira a été cité dans les médias mais, selon les infos de notre taupe au Manchester Evening News, Pat négocierait un prolongement au club comme joueur-mentor. Selon City, son inclusion parmi les 123 joueurs de la « Free Transfer List » publiée jeudi par la Premier League serait dûe à une erreur (tout comme celle de Javier Garrido, à la Lazio depuis 2010). Si l’option joueur n’aboutit pas, Pat pourrait alors être conservé comme « entraîneur-ambassadeur », sans licence joueur. Joueur de vestiaire, super-sub de Coupe de la Ligue, mentor, motivateur de troupe, entraîneur, formateur, ambassadeur, ambianceur, animateur French cancan, on ne sait trop quel contrat Pat finira par décrocher mais il compte bien se ventouser aux parois de la mine d’or. Réflexe Citoyen ? Hmm, pas sûr. Alors, quelle est donc cette mystérieuse force qui pousse notre Pat national à tant vouloir se fixer chez les über-zillionnaires ? Non, la réponse n’est pas dans la question. L’amour des supporters en est la raison, bien évidemment. Après la victoire en finale de FA Cup, il leur déclare sa flamme : « J’ai ressenti une réelle affinité avec les supporters, surtout ces dernières semaines. Ils ont été fantastiques avec moi toute cette saison. »

Les dernières rumeurs ici.

Chiffre d’affaires / masse salariale et autres stats financières

125M / 133M. Perte avant impôts : 121M. Dette : 41M

Kevin Quigagne.

Manchester City. Hier, club prolétaire de troisième division ; aujourd’hui, silo à Galactiques en herbe. En ces temps de fortes turbulences à City, nous avons souhaité revenir en détail sur la métamorphose du club depuis juillet 2007, ainsi que sur leur début de saison (la troisième partie est ici).

Quatrième et dernière partie : d’octobre 2010 à la mi-novembre 2010. Et un mois d’octobre très agité.

3 octobre. Manchester City–Newcastle (2-1). De Jong découpe Hatem Ben Arfa, à la 3ème minute du match. On est en Angleterre, donc l’arbitre laisse jouer. Ben Arfa est évacué, double fracture tibia-péroné.

De Jong est un habitué des coups tordus. L’amateur de kung-fu avait cassé la jambe de l’Américano-Ecossais Stuart Holden en mars dernier lors d’un match exhibition USA-Pays-Bas. Voir le clip.

Holden, miné par les problèmes sérieux ces dernières années, tentait de revenir dans le foot anglais après avoir été sauvagement agressé à la sortie d’une boîte de nuit de Newcastle en 2005, ce qui l’avait forcé à retourner aux USA jusqu’en 2009. Et bien sûr, il y a eu ce tacle thoraxien sur Xabi Alonso en finale de coupe du monde, où l’Espagnol y laissa la moitié d’une cote.

72ème minute du match. Le semi-placardisé Adam Johnson entre et illumine instantanément un match terne où la plupart des Citizens sont à la peine. A la 75ème, le surdoué anglais réalise un numéro de virtuose sur l’aile et débloque la situation d’un superbe tir croisé. Johnson en action.

Victoire 2-1 pour City. Une victoire quasi miraculeuse qui tient à deux décisions arbitrales controversées. Un pénalty imaginaire accordé à City, contre un pénalty indiscutable refusé à Newcastle. Ajouté à l’attentat non sanctionné sur Ben Arfa, ça fait beaucoup pour un match. Une énième polémique sur les « bouchers » et autres équarrisseurs du football anglais est déclenchée.

L’honorable confédération des bouchers ne le remercie pas

L’honorable confédération des bouchers ne le remercie pas

5 octobre. On apprend que la hache de guerre est définitivement déterrée entre Mancini et Tévez. Les insultes ont fusé dans les vestiaires de City dimanche, à la mi-temps du Man City-Newcastle (alors qu’il y avait 1-1). Tévez, le nouveau boss, rentre aux vestiaires. Très énervé, l’Argentin se lance dans une vigoureuse causerie de mi-temps (Mancini n’est pas encore arrivé). Il se plaint du manque d’organisation et du dispositif ultra-défensif de l’équipe. Mancini pénètre dans le vestiaire au moment où Tévez, vociférant et gesticulant, est en pleine critique tactique. La réaction de l’Italien est cinglante :

 « Shut up. I am the boss »

L’Argentin, surpris, s’assoit, et marmonne dans sa barbe. Ce qui déclenche une grosse altercation scarfacienne en globish. Mancini explose :

« Go fuck your mother ».

Le natif de Fuerte Apache bondit alors vers l’Italien. Le staff et les joueurs interviennent et les séparent. Mancini engueule ses joueurs, puis sort en claquant la porte, suivi de près par Tévez. Les deux hommes partent s’expliquer dans le bureau de Mancini. Tévez dispute la deuxième mi-temps avant d’être remplacé par Vieira à la 85ème.
 
L’idylle n’aura duré qu’un été

L’idylle n’aura duré qu’un été


5 octobre. Le club annonce, par la voix de Brian Marwood, l’influent administrateur du club, que les étés dépensiers, c’est fini.

Mancini nie avoir insulter Tévez. Et déclare que tout ce qu’on a lu dans la presse à ce sujet, c’est « a lot of bollocks ». Hmm, c’est vrai qu’il a fait des progrès en anglais Roberto.

7 octobre. Quatre jours après l’agression sur Hatem Ben Arfa, on apprend que De Jong renégocie son contrat. Ne comptant pas rester tricard toute sa vie (il ne touche qu’un dérisoire 80 000 £ par semaine), il demande 120 000 £. Il s’écrit aussi dans les journaux (de qualité) que Ben Arfa aura refusé de recevoir De jong à l’hôpital de Manchester.

Patrick Vieira annonce qu’il finira sa carrière à City. A 650 000 £ par mois, Pat devrait pouvoir ainsi compléter ses trimestres de retraite tranquillement.

10-17 octobre. Le furoncle du « journalisme » anglais, The News of the World (bourrin dominical de l’écurie News International des Murdoch), sort son traditionnel « scoop du dimanche ».

Joe Hart a été filmé, en compagnie de Gareth Barry, lors d’un week-end à Puerto Banus, faisant innocemment la fête au bar Lineker’s (propriété de Wayne Lineker, frère de), la veille de rejoindre le camp d’entraînement anglais en vue du Angleterre-Montenégro.

 

Au Lineker’s, on sait faire la fête

Au Lineker’s, on sait faire la fête

Rien de bien shocking, mais dans le climat actuel mancunien, cela suffit à déclencher une nouvelle polémique sur la fameuse « drinking culture » si chère aux Britanniques. Mancini livre ses impressions culturelles (dans l’Observer du 17 octobre) :

« Malheureusement, cela fait partie de la culture anglaise. Quand je jouais à Leicester [bref passage en 2001], on allait boire au pub après l’entraînement, mais sans se bourrer, enfin, pas moi. Je dois dire que je ne comprends pas les joueurs qui boivent jusqu’à l’ivresse. En Italie, nous n’avons pas cette culture de boire jusqu’à tomber par terre. Chez nous, on préfère sortir avec les filles ! Et c’est ce que je faisais quand je jouais, et c’est ce que je dis à mes joueurs maintenant : sortez avec des femmes, c’est beaucoup mieux que de se saouler ! »

L’Italien oublie qu’en Angleterre, les joueurs, polyvalents, font les deux. Le Don Juan ajoute :

« Le problème c’est qu’après un certain âge, le corps ne supporte plus ces excès. Dès 28 ou 29 ans, on commence à payer le prix. Si on ne boit pas, on peut jouer très longtemps. Regardez Pietro Vierchowod, il a joué jusqu’à 40 ans, et à 100 %. Et Zanetti est toujours au top à 37 ans »

14 Octobre. Malcolm Allison (surnommé Big Mal), figure mythique du club et du foot anglais, décède à 83 ans. Ce personnage haut en couleurs (ancien vendeur de voitures d’occasion, parieur professionnel et propriétaire de boîte de nuit) a été l’entraîneur-adjoint du grand Joe Mercer à City, de 1965 à 1972 (puis brièvement manager de City en solo, en 1973, et 1979). Mais Allison était bien plus qu’un simple adjoint, c’était un pionnier, qui avait des responsabilités clés à City. Avec Mercer, il est l’artisan de la plus glorieuse période du club, le bref intermède à coupes, de 1968 à 1972, quatre trophées en deux ans – Champion d’Angleterre, FA Cup (1969), Coupe de la Ligue (1970) et Coupe des Vainqueurs de coupe (1970), ainsi qu’une place de quatrième en 1972, à égalité de points avec le deuxième. Il conduisit les vedettes du club, les Mike Summerbee, Francis Lee et Colin Bell au succès national et européen. Un trio international qui faisait alors la nique à celui d’en face, la triplette magique des Red Devils, Best-Chartlon-Law (ce dernier signera même à City en 73), en nette perte de vitesse (descente en D2 en 1974).

L’excentrique et pionnier Malcolm Allison

L’excentrique et pionnier Malcolm Allison

L’excentricité de Malcolm Allison est légendaire. En 1968, cet original au look de mafioso italo-new-yorkais, et play-boy notoire, persuade le club de changer de tenue pour… le rouge et noir du AC Milan ! Et ça marche, l’équipe devient victorieuse avec la tunique rossonera (puis reprend ses couleurs traditionnelles).

La veille d’un derby à Old Trafford, l’année du titre pour City (1968), Big Mal va même jusqu’à payer un complice pour escalader un mur du stade, et mettre le drapeau de United en berne ! (qui restera comme cela pendant trois jours).

Changement de tenue correcte exigé

Changement de tenue correcte exigé

En 1972, déterminé à éclipser les voisins de Man United, il rejette une offre de la Juventus. Quelques années plus tard, il connaîtra le succès à l’étranger, avec le Sporting (doublé titre-coupe en 1982).

Allison était surtout un entraîneur innovateur aux méthodes révolutionnaires, en particulier en matière de tactique et fitness (secteurs du jeu qu’il avait observés en Autriche au moment de son service militaire, il en avait aussi profité pour étudier la tactique des Magyars Magiques). Il fut le premier à imposer deux séances d’entraînement par jour, et, en 1965, introduisit les salles de gymnastique. Il obligeait aussi ses joueurs à s’entraîner avec les rugbymen de Salford !

L’image de Big Mal, celle qui restera à jamais gravée dans les mémoires, c’est aussi celle de l’homme exubérant, portant élégamment borsalino et manteau de fourrure, fumant un énorme cigare d’une main, tout en buvant au goulot d’une bouteille de Champagne de l’autre.

 

Le George Best des managers de l’époque

Le George Best des managers de l’époque

Parmi les nombreuses citations de Big Mal, celle-ci, en forme de pied de nez autant au système qu’à son successeur à City, en 1980 :

« John Bond a sali mon nom avec toutes ses insinuations sur ma vie privée. Mes deux femmes ont été terriblement choquées ».

Et celle-ci, sur son président de l’époque (Peter Swales), lors de son grand retour à City, en 1979 (soldé par un échec) :

« Dès que j’ai rencontré Peter Swales, et que j’ai vu sa coupe code-barre et ses deux mèches cache-misère à la Bobby Charlton, son blazer England, ses chaussures en faux cuir de daim, j’ai pensé : « ça va pas marcher cette histoire«  ».

Bien vu, l’attelage improbable entre l’homme à la coiffure PPDA et Malcolm Allison atterrit vite dans le fossé.

Hommage à Malcom Allison

Hommage à Malcom Allison

17 octobre. Blackpool–Man City (2-3). Match engagé et un peu fou (41 tacles, 25 occasions des deux côtés, quatre buts marqués dans le dernier quart-d’heure), gagné largement grâce à l’emblématique Tévez, auteur de deux buts. En toute fin de match, Silva inscrit le plus beau but du match.

City a bénéficié d’un arbitrage très favorable. Deux des trois buts de City sont entachés d’irrégularité (hors-jeu et faute), tandis qu’un but refusé aux Seasiders était valable.

Peu convaincant sur ce match, et sur ce début de saison, City occupe tout de même la deuxième place au terme de cette huitième journée, à deux points du leader Chelsea.

23 octobre. Mancini reparle de « problème culturel » touchant les joueurs britanniques (la fameuse drinking culture). Brian Marwood acquiesce. Parmi les joueurs britanniques, seul James Milner semble trouver grâce aux yeux des responsables du club. Marwood sur l’ex Villan, dans le Daily Telegraph du 23 octobre :

« Milner, je lui fais totalement confiance. Je sais que s’il sort, il fera un bowling, ou ira au cinéma, mais sera au lit à 22 heures. Mais d’autres joueurs ne sont pas aussi responsables, et cela nuit à leurs performances. On fait sans cesse passer des tests de salive aux joueurs. Les joueurs étrangers, comme Kolo et Yaya éduquent nos jeunes joueurs. Ils sont musulmans et ne boivent pas. David Silva ne boit pas non plus, il ne fume pas et sort rarement. Il faut que nos jeunes joueurs anglais apprennent à s’amuser sans boire à l’excès ».

C’est sûr que quand il y en a qu’un ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes (des buveurs anglais, bien sûr).

23 octobre. A la veille de la réception d’Arsenal, Micah Richards, international anglais (22 ans), livre une interview à l’Observer. Malgré son jeune âge, Richards fait figure de vétéran à City. Il est le seul réel titulaire survivant de l’ère « ordinaire » (pré-2007), et seul joueur à être présent au club, sans interruption, depuis l’âge de 15 ans.

Micah Richards, jeune vétéran du club

Micah Richards, jeune vétéran du club

Dans cette interview, il y est question de Steven Ireland, arrivé au club en même temps que lui (2003) et vendu à Aston Villa dans des conditions controversées. Le journaliste, David Conn, nous livre un extrait des propos d’Ireland au moment de son départ forcé :

« Ce club a perdu son âme. Il n’y a plus de culture de club ici. Mancini est froid et ne communique pas. Les jeunes joueurs n’ont aucun respect, se pavanent et portent des montres à 10 000 £ ».

Micah Richards tente de rester diplomatique avec son ancien copain aigri mais se lâche un peu :

« Le départ de Steven pour Aston Villa est devenu très médiatisé, on le pressait de questions et ses paroles ont dépassé sa pensée. Aucun jeune ici ne porte des montres si chères ici ! De toute manière, l’argent fait partie intégrante du foot, et c’est un peu fort de la part de Steven de dire cela ! »

L’ex gamin de Chapeltown, quartier chaud de Leeds, en remet une couche :

« De toute manière Steven n’est pas vraiment le mieux placé pour faire la morale sur ce point, il venait à l’entraînement en Bentley à 300 000 £ ! Et il avait fait peindre les jantes en rose pour sa femme ! Et pis il venait aussi en Audi R8 blanche avec un logo Superman… Steven adore le bling, alors bon, il a peut-être perdu une occasion de se taire ».

Ireland, amateur de bling bling, et moralisateur

Ireland, amateur de bling bling, et moralisateur

24 octobre. Man CityArsenal (0-3). Bentley rose ou pas, Man City se fait battre à domicile par les Gunners, 3-0, dans un match musclé qui tourne vite à l’avantage des Gunners, en cruise control après l’expulsion express de Boyata (préféré à Lescott), dès la 5ème minute. City s’est bien battu, mais certains cadres, dont James Milner et Yaya Touré, n’ont pas été à la hauteur. Rien que le banc de Man City dans ce match coûtait 96M de £ ! (Given, 6, Bridge, 12, Lescott, 22, Johnson, 7, Vieira, 0, Adebayor, 25 et Balotelli, 24).

Au terme de cette neuvième journée, Man City occupe la 4ème place, à égalité de points avec Arsenal et Man United, 17.

26 octobre. Etonnantes images du Daily Mail et du Sun sur une extraordinaire nouba la veille, entre joueurs… et étudiants de l’université de Saint Andrews en Ecosse lundi soir ! (où les joueurs faisaient un break golf). Un étudiant raconte à la radio (voir le clip de cette fête) :

« On était tranquillos dans un pub, le Lizard, et on a vu débarquer Gareth Barry, Joe Hart, Adam Johnson et Shay Given ! On a tous cru qu’on avait trop forcé sur la bouteille, mais c’était bien eux. Ils nous ont payés plein de coups. Joe Hart s’est tout de suite imposé en patron, il et a commencé à sortir les billets de 50 £ et à les distribuer comme des confetti, pour que tout le monde se paie un coup. Puis on est allé faire la fête dans un appart. A un moment, Hart est monté sur la table et a dansé, on avait tous peur que la table bascule et qu’il se blesse ! »

Un autre, dans le Sun :

« Les joueurs faisaient des Jägerbombs [cocktail à base de Jägermeister], et s’envoyaient les shots. A une heure du mat, les joueurs ont suivi tout le monde dans un petit appart’ d’étudiant, et Barry a gueulé « on est venu de loin, il fait du vent, il pleut, on est à Saint Andrew’s, maintenant on fait la fête ! ». Là-dessus, il s’est envoyé une rasade de Triple Sec. Finalement, les quatre joueurs sont partis vers 2h30. Ils étaient super sympas, disponibles et ont signés des dizaines d’autographes »

Vive la démocratisation des fêtes du Crous avec footeux milliardaires.

27 octobre. Tévez s’envole pour Buenos-Aires, en principe pour 4 jours, officiellement juste pour récupérer d’une blessure (à la cuisse) et voir sa famille. Le Guardian parle d’un mal du pays aigu. Il se dit aussi que l’Argentin a besoin de mettre un peu de distance entre lui et Mancini. Ce dernier déclare dans le Times :

« Je ne sais rien sur sa situation familiale, on n’en a pas discuté. Tout ce que je sais, c’est que sa famille lui manque beaucoup. Il n’y a aucun problème Tévez ».

30 octobre. Wolverhampton–Man City (2-1). Mancini répond par un gros coup de gueule aux accusations de « décadence généralisée » (fêtes, démobilisation, perte d’autorité, vestiaire en révolte). « The party is over », titre le Daily Telegraph du jour. Voici le message de l’Italien à ses joueurs, rapporté par le DT, avant le déplacement à Wolverhampton :

« Fini de faire la fête. Dorénavant, je ne tolérerai aucun débordement de ce genre. Vous avez le droit de sortir et jouer au golf pendant votre jour de congé mais les cuites comme celle de lundi soir à Saint-Andrews, basta. De lourdes sanctions tomberont si vous dépassez encore les bornes. Certains ici ne sont plus concentrés ni sur les objectifs ni sur leur jeu et vont le payer cash. On joue tous les trois jours en ce moment et récupérer est primordial ».

En attendant, City perd 2-1, sans combattre, contre l’avant-dernier Wolves. Karl Henry, de retour parmi les Loups après son attentat contre le Wiganais Jordi Gómez, met Yaya Touré sous l’éteignoir au milieu. L’un des problèmes de fond de City, son manque de cohésion et d’esprit d’équipe, saute aux yeux lors de ce match. Adebayor et Kompany s’accrochent sur le terrain. Au contraire des Wolves, une équipe soudée qui se connaît parfaitement : sept des onze Wolves alignés contre City faisaient partie de l’effectif lors de la montée en 2009.

La saison dernière, à ce moment précis de la saison (dix journées), le City de Mark Hughes avait deux points d’avance (et était encore en lice en Coupe de la Ligue). La crise s’intensifie. Les deux prochaines semaines pourraient être cruciales pour Mancini. Et le derby mancunien qui approche…

1er novembre. Au surlendemain de la piteuse défaite chez les avant-derniers, The Independent confirme que les problèmes s’accumulent à City. On apprend que Yaya Touré est rentré directement chez lui après avoir été remplacé à la mi-temps du match contre Arsenal (et après en être venu aux mains avec Milner dans le tunnel !). La réaction officielle du club est aussi singulière que comique :

« Yaya Touré a quitté le stade afin d’éviter les embouteillages. C’est ce qui se fait habituellement ».

Par ailleurs, le Sun publie des extraits de déclaration d’une « source » au club :

« Personne dans le vestiaire n’aime Mancini. Y’a des fois où il essaie de jouer les durs, mais personne n’y prête attention. Il n’y a aucun esprit d’équipe ici car le manager n’a aucun respect auprès des joueurs, et certains parient déjà sur sa date de limogeage. Ils ne savent pas qui ils préféreraient, tout ce qu’ils savent, c’est qu’ils ne veulent plus du manager. Ce club, c’est le bazar total ».

Une situation qui fait penser au destin des trois supporters les plus connus de City : les frères Gallagher, Ricky Hatton (boxeur cocaïnomane parti en vrille cette année, en rehab) et Nick Leeson (le Kerviel anglais, responsable à lui seul de la faillite de la banque d’investissement Barings – lors de son arrestation, Leeson portait un maillot de City, immortalisé dans le film Rogue Trader, avec Ewan McGregor).

 

Ricky Hatton, dans les cordes

Ricky Hatton, dans les cordes

Tevez croit encore au Père Noël

Tevez croit encore au Père Noël

3 novembre. Tévez est enfin de retour d’Argentine, mais ne pourra pas être aligné contre Poznan en Ligue Europe le lendemain. La presse parle d’une grosse dispute entre Mancini et les frères Touré. Aucun des deux n’est du voyage en Pologne.

Mancini réagit aux rumeurs incessantes selon lesquelles il aurait « perdu le vestiaire ». Il affirme qu’il n’y a aucun problème avec les Touré ou tout autre joueur et qu’il a l’adhésion et la confiance de tous au club.

4 novembre. Poznan Man City (3-1). Troisième défaite de City d’affilée, ce qui n’était pas arrivé depuis dix-neuf mois. Certes, le quatorzième du championnat polonais a été chanceux, mais, côté City, on note encore trop d’approximations pour espérer mieux (avec Vieira, Boyata, Richards, et Bridge dans la catégorie « peut mieux faire »). Tévez, souffrant toujours d’une douleur à la cuisse droite, n’a pas été aligné.

Mancini devient parano, et ses rapports avec la presse se compliquent. Il réaffirme sa détermination de rester en place et, visiblement touché par les critiques, il déclare :

« La presse se déchaîne contre moi simplement parce que je suis italien. Je suis désolé de dire cela, mais les Anglais sont très nationalistes quand il s’agit de football ».

Sauf, quand on s’appelle Roberto, et qu’on a beaucoup de succès. Comme Roberto… Matteo, manager du prochain club que City doit affronter, et la success story de ce premier quart de championnat (6ème au classement).

6 novembre. Vingt-quatrième anniversaire de la prise de pouvoir d’Alex Ferguson à Man United. Et bientôt le premier anniversaire de l’ère Mancini à City, si on lui laisse le temps de souffler sa bougie. Les bookmakers donnent l’Italien à 13/8 comme premier entraîneur de PL de la saison à se faire limoger.

Vingt-quatre ans déjà pour Ferguson. C’est en effet le six novembre 1986 qu’il débuta sa révolution, après le chaos laissé par Ron Atkinson. Le Daily Telegraph en profite pour faire le parallèle entre les situations des deux clubs, et rappelle les propos de l’Ecossais au moment de la nomination de l’Italien, le dix-neuf décembre 2009, quand on lui apprit que Mancini était le dix-septième manager depuis son début de règne :

« 17 ? C’est tout ? Ah bon, je pensais qu’il y en avait eu plus. Vivement le vingtième ! Ce nouveau manager [Mancini], c’est un coup de poker, hein ? Enfin, seul l’avenir nous le dira, ce n’est pas un championnat facile »

Le DT rappelle les propos crus de Garry Cook, chief exec de City, après le limogeage de Hughes :

« Mark Hughes a payé le prix pour la trajectoire de ses récents résultats »

Le message est clair, si la « trajectoire » de ceux de Mancini ne se redresse pas vite fait, à commencer par WBA demain, ça sera la porte pour l’Italien. Si City perd ce match, cette troisième défaite de rang en championnat constituerait leur pire série depuis novembre 2008.

7 novembre. West Bromwich AlbionMan City (0-2). Match de bonne facture des Citizens, bien supérieurs aux Baggies. City était aligné en 4-2-3-1, avec Barry et De Jong positionnés devant la défense, Balotelli, Silva et Yaya Touré dans un rôle offensif, et Tévez devant, semblant moins esseulé qu’a l’accoutumée. L’apport de Balotelli et Silva, préférés à Milner et Johnson, a porté ses fruits.

Balotelli marque deux fois, ses premières réalisations en championnat (avant de se faire expulser bêtement à l’heure de jeu). C’est la première victoire des Blues sans un but de Tévez… depuis janvier 2010 ! Match monstrueux de Yaya Touré (élu Homme du match), ainsi que Kompany, impressionnant de solidité. Belle prestation également de David Silva, l’une des rares satisfactions de ce premier tiers de saison.

8 novembre. Un peu de tendresse dans un monde de brutes. Micah Richards, celui qui avait acheté – avec Adam Johnson – le droit de passer une soirée avec Katie Price (voir troisième partie), déclare finalement qu’il renonce à ce privilège :

« Finalement, je vais laisser ça à Adam, moi, ça me dit rien, de toute manière, c’est pas moi qui avait fait monter les enchères, et vous avez vu la carrure du copain à Katie ? [Alex Reid, un cage-fighter]… Alors, bon, je fais gaffe, quoi ! ».

9 novembre. La tension monte sur Manchester avant le 166ème derby mancunien. Cette année, ce match que les journaux appellent « The battle of Manchester », revêt une signification particulière. D’une part, la suprématie United est menacée, pour la première fois depuis 1991 (la dernière fois que City a fini devant United au classement), les deux équipes étant au coude à coude au classement. D’autre part, le centre de gravité financier s’est déplacé vers Eastlands.

Question sécurité, la police a interdit la vente d’alcool du centre-ville au COMS, à l’est de la ville (d’où le surnom du stade). Deux mille policiers et stadiers ont été mobilisés, et ce, pour éviter la répétition des scènes de violence qui avaient marqué le dernier derby à Eastlands (avril 2010). Une vingtaine de hooligans avaient été arrêtés lors d’échauffourées (le frère de Mame Biram Diouf avait même été frappé).

Dans les médias, Mancini ne s’enflamme pas. Il déclare simplement que son équipe n’a peur de personne et qu’elle peut « battre United n’importe quand », tout en prenant bien soin de souligner son respect pour les clubs tels Man United, même si ajoute l’Italien, « ce qui compte ce n’est pas le nombre de trophées, mais le respect et l’histoire du club, et la nôtre est riche ».

Alex Ferguson, lui, est d’humeur provocatrice en conférence de presse et se moque de ce qu’il appelle « l’habitude qu’a City de crier sur tous les toits ».

Au-delà de cette soudaine profusion d’argent (aspect qui a le don d’énerver Ferguson) qui a fait de City un club à part, et qui tel un geyser pétrolier intarissable sème la zizanie à tous les niveaux, cette pique a pour cible principale le braillard Number One du club, Garry Cook (chief exec), qui a souvent déclaré aux supporters sa volonté de bâtir « ce qui sera incontestablement le plus grand et le meilleur club de football au monde ».

Fergie se demande si les supporters Citizens ne sont pas « embarrassés » par les méthodes d’auto-promotion du club. Il fait aussi référence au poster « Welcome to Manchester », affiché un peu partout dans la ville pour célébrer l’arrivée de Tévez à City [en référence au fait que City serait géographiquement le seul vrai club de la ville].

La stupidité s’affiche

La stupidité s’affiche

Il déclare :

« Je ne sais pas qui a eu l’idée de sortir cette affiche « Welcome to Manchester », probablement un publicitaire, mais, à mon avis, City ne doit pas en être bien fier, c’était une idée stupide. Beaucoup des supporters de ce club ont dû se sentir gênés. Certains se sont laissés déborder par l’occasion. J’en ai même vu un qui s’est fait tatouer « City, vainqueur de la Coupe d’Europe ». Enfin, voyons ! […] Je crois surtout que beaucoup de leurs supporters préféreraient voir la couleur d’un trophée avant de crier victoire sur tous les toits »

10 novembre. Man CityMan United (0-0). Le derby tant attendu accouche d’une souris boiteuse, et du premier nul dans un derby mancunien depuis 1993. Les rares attaques de City se sont cassées les dents sur ce bloc de granite serbe qu’est Nemanja Vidic. Sans un Tévez à 100 % (il en est visiblement loin), City semble incapable de faire la différence.

Rafael et Tévez

Rafael et Tévez

Derby Manculnien

Derby Manculnien

La traversée du Rio Grande

La traversée du Rio Grande

13 novembre. Man CityBirmingham City (0-0). Match terne contre le dix-septième du championnat, qui n’a pas gagné à l’extérieur depuis huit mois. Une purge de plus à Eastlands où les supporters n’ont rien eu à se mettre sous la dent cette saison, hormis les deux victoires sur Liverpool (en août) et sur Chelsea, fin septembre. Mancini n’a même pas daigné s’adresser à la presse après le match et a envoyé au charbon son « tactical coach » à sa place, David Platt.

A la 85ème minute, Eastlands n’en revient pas, Tévez est remplacé par un milieu défensif (Gareth Barry) alors que les Citizens doivent au contraire faire le forcing pour faire plier Birmingham et sa défense tenace, symbolisée par le gardien Ben Foster, excellent, et l’héroïque Stephen Carr (élu Homme du match). Incompréhensible.

Carlos Tévez, c’est « Monsieur 50 % » (des buts inscrits en PL cette saison). Avec 30 buts en 44 titularisations pour City, et ses efforts incessants sur le front de l’attaque, Tévez est celui sur qui on compte le plus pour débloquer les situations. En sortant du terrain, l’Argentin hoche la tête d’incompréhension, tandis que les supporters, médusés, chantent « What the fuck is going on? ». Certains entonnent un chant de soutien à Craig Bellamy.

Bordées de sifflets à la mi-temps et à la fin du match, la tête de Mancini est réclamée. Les Citizens n’ont plus marqué à domicile depuis six semaines et n’ont inscrit qu’un famélique quinze buts en championnat, soit moins que les trois promus, Newcastle (21), WBA (16) et surtout Blackpool (19), au budget équivalent à une jambe d’Adebayor.

Tévez n’en revient pas

Tévez n’en revient pas

15 novembre. Au terme de cette treizième journée, Man City occupe toujours la quatrième place du championnat (un peu par défaut) et sauve ainsi les apparences. City compte quatre nuls, dont trois 0-0. Mark Hughes en avait accumulé cinq sur les treize premières journées, avant de se faire éjecter un mois plus tard. L’expression de Garry Cook justifiant le limogeage du Gallois (« la trajectoire des récents résultats »), semble plus que jamais d’actualité.

City continue sa plongée dans la spirale de la morosité. L’équipe la plus frustrante de Premier League a cependant l’occasion de se rattraper dans les semaines à venir. D’ici le premier anniversaire de l’ère Mancini (19 décembre), City affrontera Fulham, Stoke, Bolton, West Ham et Everton. Toute la question est de savoir si Roberto Mancini sera encore là pour souffler sur la bougie.

La situation de Manchester City est unique. La métamorphose du club, la transition si brutale, les salaires, les ambitions, un effectif sans cesse renouvelé ; seule une poignée d’entraîneurs sur la planète pourrait mener à bien le « Project » du Sheikh Mansour. Le sentiment général reste que Mancini ne fait pas partie de ce groupe.

The Blues Brothers

The Blues Brothers

Kevin Quigagne.

 

Manchester City. Hier, club prolétaire de troisième division ; aujourd’hui, silo à Galactiques en herbe. En cette semaine de derby mancunien, nous avons souhaité revenir sur la métamorphose City depuis juillet 2007, ainsi que sur le premier tiers de saison de City, ce club plus comme les autres (la deuxième partie est ici).

Troisième et avant-dernière partie : de juillet 2010 au 30 septembre 2010.

C'est fini la lose, Man City a décidé de vaincre

C'est fini la lose, Man City a décidé de vaincre

Juillet 2010. Manchester City prête le rebelle Craig Bellamy aux Bluebirds de Cardiff. Mancini ne supportait plus la grande gueule de l’équipe. Sur ses 85 000 £ de salaire hebdomadaire, Man City en prend 50 000 à sa charge.

Craig Bellamy dit au revoir à City

Craig Bellamy dit au revoir à City

Fin juillet 2010. Afin de pacifier Carlos Tévez, qui n’a ni apprécié son année sous Mancini, ni le départ de son grand ami Bellamy, Mancini lui confie le brassard de capitaine (jusqu’ici confié à Kolo Touré). L’Argentin devient de facto le nouveau patron du vestiaire. Mancini espère-t-il, avec Tevez, refaire le coup Maradona à Naples ?

Début août 2010. Grosse campagne de publicité sur Manchester, avec un beau slogan optimiste qui s’affiche en bleu ciel au cul des bus : This is gonna be our season. Ce que Sheikh Mansour avait appelé « The Project » peut enfin commencer. Cette fois, c’est du sérieux.

Sheikh Mansour, le « Project » est en marche

Sheikh Mansour, le « Project » est en marche

Par ailleurs, Man City, bien décidé à innover sur tous les fronts, lance un centre de formation en ligne, pompeusement appelé online football skills academy, avec clips de démonstration et tout le nécessaire pour devenir pro à distance. Au vu de la végétation (palmiers), rien n’a été filmé sur Manchester… Entre autres bonus, le site internet propose trois sections : la technique, un spécifique gardiens, et l’aspect physique. De jong s’est proposé pour illustrer cette dernière, mais on a pris un stagiaire à la place, pour ne pas effrayer les enfants. Tévez, en revanche, est omniprésent.

12 août 2010. Par la voix de son administrateur et grand orchestrateur général, Brian Marwood, un ancien de Nike, Manchester City révèle le nouveau nom de son équipe réserve. Surprenant.

« Notre équipe réserve ne s’appelle plus Reserves. Ça sonnait trop insipide. Elle porte désormais le nom de Elite development squad ».

Que l’on raccourci volontiers en Elite Squad. Cette équipe au nom de commando S.A.S joue devant 200 spectateurs (contre souvent 1 500 pour les réserves des rivaux, Liverpool et Manchester United). Elite Squad… Le nom choisi fait bien rire outre-Manche.

13 août 2010. De l’autre côté de Manchester, Wayne Rooney, qui tient absolument à rester Top dog sur Manchester, a suivi avec grand intérêt le remue-ménage Citizen. Tout ce battage autour des salaires City tombe à merveille car justement, le Roo vient de débuter la renégociation de son contrat, qui se termine le 30 juin 2012 (Wayne est prévoyant). Constatant qu’une bonne moitié de l’équipe de City, dont une ribambelle d’inconnus (de Rooney), touche plus que lui, le natif de Liverpool se juge « under-appreciated », les dernières propositions du club étant insultantes à ses yeux (un minable 130 000 £ / semaine, soit à peine mieux que le smic City).

Vexé, il ordonne à Paul Stretford, son agent, de rejeter l’offre du club (on connaît la suite, à force de bouderies et chantages, deux mois plus tard, le Roo obtiendra encore mieux que Yaya Touré, 250 000 £).

Un mot sur ce Paul Stretford, l’homme « qui a créé la Rooney Brand », agent de joueur et personnage sulfureux du football anglais, très lié à la hiérarchie City (surtout à Brian Marwood). Stretford est surnommé « Monsieur 40 % » (sa commission sur certains deals, dit-on) et nage depuis plus de deux décennies dans les eaux souvent troubles des contrats et commissions de joueurs. Ancien vendeur d’aspirateurs, Stretford fonde Proactive Sports Management en 1987. Son premier client est Frank Stapleton (qu’il fait passer du Havre à Blackburn Rovers en 1989, puis il se brouillera avec l’Irlandais).

Dès 2002, Stretford prend Rooney sous son aile (Rooney gagne alors 75 £ par semaine en tant que stagiaire à Everton). Les années 2000 seront aussi lucratives qu’agitées pour Stretford. Elles seront notamment marquées par de fortes amendes, une interdiction d’exercer de dix-huit mois en 2008, ainsi qu’une affaire (très médiatisée) d’agression et menaces mettant en cause un rival, Peter McIntosh (qui l’accusait de lui avoir « piqué Rooney »). Affaire qui donna lieu en 2004 à un procès resté célèbre, avec pour cadre le Crown Court de Warrington, mêlant agents de joueurs, promoteurs de boxe véreux et gangsters (dont les Adams, notoires malfrats londoniens – non, rien à voir avec Tony !). Ces derniers avaient tenté, sous la menace d’une arme, de faire signer à Stretford un renoncement à ses droits sur Rooney. Voir article de The Independent.

Non, le bleu clair ne lui va pas

Non, le bleu clair ne lui va pas

14 août. Pour marquer la première journée de PL, le Daily Mirror publie un Spécial Mancini dans son supplément Foot. Man City se rend… à Tottenham, ceux-là même qui les avait privés de Ligue des Champions cent jours auparavant. Mancini déclare :

 « Récolter 72 ou 73 points ne m’intéresse pas. Notre objectif, c’est le titre. Cette année, c’est la bonne ».

L’Italien confirme également le départ de Craig Bellamy. Le Gallois est sur le point d’être prêté à Cardiff City, une grosse écurie de D2 qui nourrit l’ambition de monter. Par ailleurs, Bellamy, rapporte dans une interview parallèle qu’il n’a pas communiqué avec Mancini… depuis six mois !

Tandis que Shay Given déclare dans Four Four Two :

« Les gens sont jaloux de City. Avant, personne ne s’intéressait à nous, maintenant notre salle de conférence de presse est trop petite, et on a même des journalistes cachés dans les arbres, avec des téléobjectifs ! On veut un titre. Finir 4ème serait décevant ».

Les bookmakers sont de son avis, la plupart offrant Man City champion à 5 contre 1.

Mi août 2010. Le énième arrivage de vedettes est sorti du four et présenté à la presse. Yaya Touré (26M), James Milner (26M, moins S. Ireland, en partance pour Aston Villa), Mario Balotelli (24M), David Silva (24M), Aleksandar Kolarov, (16M), Gareth Barry (12M) et Jérôme Boateng (10,5M). Montant de la facture de la dernière commande : près de 150M de £. Robinho est de retour du Brésil.

Les salaires des joueurs sont publiés. Ils sont encore plus effarants qu’à Chelsea. Yaya Touré touche 220 000 £ par semaine. David Silva, Carlos Tevez, Manu Adebayor, 160 000, Patrick Vieira 150 000. Le salaire hebdomadaire moyen dépasse allégrement les 100 000 £.

Le nouveau City, saison 2010-2011

Le nouveau City, saison 2010-2011

23 Août 2010. Pour la première fois depuis son rachat du club, Sheikh Mansour assiste à un match à domicile. Il est en veine, les visiteurs sont Liverpool, une proie facile. Les Citizens l’emportent 3-0.

28 août 2010. A peine arrivé en Angleterre et sa conduite à droite, Mario Balotelli se plante au volant de son Audi R8. Il sort indemne de la collision avec une BMW. Il a reçu le bolide…la veille. Les quelques témoins en ont profité pour prendre des photos et faire signer des autographes. L’un d’eux dit :

« Il était seul dans sa voiture, y’avait un max de fumée, la voiture n’arrêtait pas de tourner sur elle-même et je n’en reviens pas que personne n’ait été blessé »
Super Mario déclare « Je m’en fiche de la voiture, je ne l’ai reçue que hier soir ».
 
Côté terrain, il s’est blessé au genou contre Timişoara en Ligue Europe la semaine précédente et sera indisponible pour quelque temps (il ne fera ses grands débuts en Premier League que le 24 octobre, contre Arsenal).

1 septembre 2010. En conformité avec la nouvelle règle de la Premier League du « joueur formé localement » (Home Grown Player rule), le club doit rendre une liste de maximum 25 joueurs utilisables en championnat, avec, au maximum, 17 joueurs ne remplissant pas les critères de cette règle. Est considéré comme formé localement tout joueur, quel que soit sa nationalité ou son âge, ayant été licencié dans un club anglais ou gallois pendant au moins trois saisons, de manière continue ou non, avant ses 21 ans. La liste s’établira sans Robinho, vendu la veille au AC Milan.

La liste des 25 de Man City comporte douze noms de joueurs remplissant les critères : Joe Hart, Shay Given, Stuart Taylor, Shaleum Logan, Micah Richards, Joleon Lescott, Wayne Bridge, Adam Johnson, Gareth Barry, James Milner, Michael Johnson et Shaun Wright-Phillips.

Pour comparaison, celle d’Arsenal en comporte 7 (Walcott, Vela, Wilshere, Ramsey, Gibbs, Frimpong and co étant dans la liste annexe, joueurs utilisables de moins de 21 ans, sous contrat et stagiaires), Chelsea, qui n’a sélectionné que 19 joueurs, en compte 4 seulement, Liverpool, 8, Man United, 13, et Tottenham, 11.

L’annexe de la liste de Man City compte 44 joueurs, dont Mario Balotelli et Dedryck Boyata. En théorie, le club peut donc s’appuyer sur 69 joueurs (moins que Liverpool ou Arsenal, 75 et 76 respectivement).

Voir toutes les listes complètes ici.

3 septembre. Les médias sortent les photos de la redoutable « Hill from hell » du centre d’entraînement de Carrington. Une colline construite à la demande de Mancini. Elle ne paie certes pas de mine, mais les médias rapportent que les joueurs sont forcés de sprinter en cote à maintes reprises… en tractant des pneus de poids-lourds ! Le Daily Mail relaie la grogne parmi les joueurs. Mécontentement qui fait écho aux plaintes de Tevez, Bellamy et quelques autres, au printemps dernier.

10 septembre 2010. C’est Manchester-sur-Hollywood. Le club et les médias locaux parlent d’un « star-studded premiere » (première avec plein de vedettes) pour le lancement officiel du film de l’année, à la gloire de City, « Blue Moon rising ». Le tapis bleu est de sortie, ainsi que les stars. En fait de vedettes, on a le droit à Noel Gallagher, et l’équipe de Coronation Street, téléroman mancunien qui colle le bourdon à l’Angleterre depuis cinquante ans. Pardon, j’oubliais, il y a Keegan aussi. Ce mythe vivant du foot anglais et ex-entraîneur de Man City se serait-il déplacé ? Pas de chance, il s’agit de Michelle Keegan, de Coronation Street, une légende à part entière également, mais plutôt parmi les névrosés et neurasthéniques accros au soap. Sont aussi présents une ancienne Miss Manchester et des DJs totalement inconnus.

Le film raconte la saison 2009-2010 de City, vue par cinq supporters fanatiques, qui suivent l’équipe partout, au volant de leur Renault Espace déglinguée. Dès le générique, on nous sert la propagande spécieuse : « Manchester City a un passé glorieux ».

Propos immédiatement suivis par la phrase qui tue : « En 1976, le club a gagné la Coupe de la Ligue ».

Blue Moon Rising, sortie nationale. Dans 13 salles.

Blue Moon Rising, sortie nationale. Dans 13 salles.

On ne voit quasiment pas de football dans ce film qui entend « raconter le foot différemment », sauf quelques bouts de match, contre les équipes du Big four, évidemment. Avec en « climax » du film, subtilement, cette fameuse demi-finale de Coupe de la Ligue de janvier 2010 (et l’incident Gary Neville-Tevez), présentée comme « le plus grand match de l’histoire de City ». Ce match est raconté dans la deuxième partie. La fameuse célébration d’Adebayor contre Arsenal en septembre 2009, très controversée car elle entraîna des violences dans les tribunes, est décrite comme « absolute class », et les provocations de Tevez contre Gary Neville (taxé au passage de fourbe) élève l’Argentin au statut de « Legend ».

Adebayor, la classe absolue selon Blue Moon Rising

Adebayor, la classe absolue selon Blue Moon Rising

La jeune enfant de l’un des cinq supporters du film semble déjà avoir subi un lavage de cerveau, de couleur bleue. La fillette n’a que quatre ans mais a d’ores et déjà décrété que le rouge est une couleur « dégoûtante ». Du coup, elle balance tous ses objets rouges à la poubelle, des barrettes de cheveux aux crayons de couleur. L’un des supporters déclare voter Conservateur, « à cause du bleu » [couleur du parti de David Cameron]. Un autre, Steve, se vante d’avoir couru nu comme un ver dans les rues de Dusseldorf.

Plus la machine relations publiques du film cherche à glamouriser « l’évènement », plus cela attire l’attention de tous sur ce non événement. Il faut dire que la fine équipe de publicité accumule les boulettes. Stuart Brennan, journaliste local, déclare que le film devrait plaire « à tout le monde, même aux supporters de Man United »

Le directeur commercial du film, David Pullan, va jusqu’à déclarer :

«Le film Blue Moon Rising confirme que l’histoire de Man City est la plus fascinante du monde du football».

On met en exergue les nombreuses interviews « exclusives » du film, dont celles de Roberto Mancini, du président Khaldoon al Mubarak, et du chief exec du club, Garry Cook, sorte de Musclor du foot anglais, qui nous gratifie de ses observations mesurées, telle que celle-ci :

« Quand je suis arrivé [en mai 2008], les infrastructures étaient pires que celles de l’école de ma fille. On aurait dit un vrai club corpo ici ».

Le message en filigrane du film est clair : City est un club prestigieux au passé glorieux, presque une institution, proche de sa base et en parfaite osmose avec ses supporters, un club moralement supérieur destiné à un destin stratosphérique.

Sur le principal site des supporters, bluemoon-mcfc, un supporter inquiet poste :

« Avec ce film, ne va-t-on pas devenir la risée des autres supporters qui vont bien se foutre de notre poire, quotidiennement ? Je ne vois pas l’intérêt d’un film sur cette saison ratée, c’est d’un embarrassant ! Vu que pour l’instant on a rien gagné, sauf un effectif à peu près correct, mais qui doit encore faire ses preuves »

Un autre, tout aussi lucide, lui répond :

« Rien d’embarrassant, c’est un documentaire sur les supporters de City. Il y a un truc similaire sur youtube, du temps où on était nul à chier »

17 septembre 2010. Après la première du film, passée quasiment inaperçue, le film sort officiellement, cette fois « dans toute l’Angleterre ». Sortie nationale donc… dans 13 salles ! Trois sur Manchester, deux à Londres, une à Wigan, à Swindon, Warrington, Rochdale… sans oublier l’Odeon de Blackpool. Que du glamour hollywoodien donc.

Four Four Two (numéro 194) se moque gentiment, en publiant des extraits d’une interview avec Stewart Sugg, le réalisateur. Titre de l’entretien, en énormes caractères : « J’ai mangé des toasts et un yaourt avec Carlos Tevez ».

Blue Moon Rising, sur un plateau

Blue Moon Rising, sur un plateau

Le réalisateur, Stewart Sugg, nous promet une foultitude de « révélations » glanées dans les coulisses du club. En guise d’exemple, il confie, en exclusivité, qu’il a communiqué librement avec l’Argentin (par le biais d’un interprète), en prenant son petit déjeuner avec lui, dans sa gigantesque « maison écolo ». Sugg nous parle aussi de Craig Bellamy, « un gars fascinant, très intelligent, mais incompris » ; et promet de nous révéler les « vraies raisons » de la venue d’Adebayor à City. Et ajoute que Noel Gallagher, est super marrant, décontracté, et les a conseillés pour la bande-son.

En outre, Sugg dit s’être principalement inspiré de deux films, « Any Given Sunday » et « Raging Bull ». Ça ne serait pas Raging Bullshit, plutôt ?

21 septembre 2010. Il se murmure que certains joueurs de City, tels Micah Richards ou Adam Johnson, passeraient beaucoup de temps en ville à jouer les pipoles et se seraient dispersés ces derniers temps.

Les deux joueurs ont notamment participé à des soirées caritatives avec enchères et ont acheté le droit de… passer une soirée avec Katie Price (appelée aussi Jordan), une célébrité anglaise, plus siliconée que la Valley du même nom, et « famous for being famous ». Price est polyvalente ; selon son wiki, elle est mannequin glamour topless, présentatrice, femme d’affaires, personnalité médias et TV, philanthrope, auteure et chanteuse.

Adam Johnson, Micah Richards et Katie Price

Adam Johnson, Micah Richards et Katie Price

Tout excité par ce rendez-vous galant, Adam Johnson, gamin formé à Middlesbrough (coin morose où la jeunesse grandit à l’ombre des citernes géantes des complexes pétrochimiques), part illico s’acheter une montre Frank Muller incrustée de diamants, d’une valeur de 20 000 £. Dans la foulée, Adam Johnson se fait plaquer par sa petite amie, Sophie Reade, une ancienne gagnante du dernier Loft anglais, une wagabee spécialisée dans la capture de pipoles en herbe (dont George Lineker, fils de). Sophie se dit « fashion and glamour model ». En clair, elle s’est fait mettre des implants partout et elle pose à poil dans les magazines anglais pour lads.

22 septembre. Sentant que la moitié de son équipe part en vrille rolexo-showbiz, Mancini pousse un gros coup de gueule. Dans le Daily Telegraph, il peste contre ses stars chouinantes et peu motivées :

« Les joueurs doivent arrêter de se plaindre et, au contraire, se concentrer sur les matchs. Il y a trop de joueurs ici qui, au lieu d’avoir en tête la date du prochain match, ne pensent qu’à leur prochain jour de congé ».

Joe Hart, Micah Richards, Adam Johnson et Emmanuel Adebayor sont particulièrement visés (Mancini serait brouillé avec le Togolais). Les deux derniers sont est mis à l’écart, temporairement.

Roque Santa Cruz, Shaun Wright-Phillips et Shay Given, mécontents, ronchonnent dans leur coin et parlent de départ. L’Irlandais déclare : « Ça me démoralise de devoir être la doublure de Joe Hart ». Sentant son horizon City réduit à la Coupe de la Ligue, l’Irlandais avance ses pions pour retourner à Newcastle (mais les Magpies font immédiatement savoir qu’ils ne veulent pas du vétéran).

24 septembre. A la veille du choc Manchester City-Chelsea, pétro-dollars contre gaziers, le Daily Telegraph publie un dossier spécial sur les deux « moneybags » du foot anglais. Grosse controverse sur la préparation physique, une de plus.

Mancini est accusé par le préparateur physique Raymond Verheijen (ex fitness coach de City sous l’Italien et préparateur de la Corée du Sud à la dernière coupe du monde), de contribuer à la cascade de blessures dont City est victime (12 joueurs sont à l’infirmerie – soit 120M de £ en marchandises indisponibles, calcule la presse).

Verheijen, dans FC Business magazine :

« A l’arrivée de Mancini, les choses ont changé du jour au lendemain. Il a d’abord fait organiser des doubles séances quotidiennes d’entraînement plusieurs fois par semaine. Et ce qui devait arriver arriva, pas mal de joueurs se sont retrouvés blessés. Rien que sur les deux premières semaines, on a compté huit blessures ! (musculaires). Dans la deuxième partie de saison, le bilan blessures de City fut catastrophique, ce qui a coûté au club un argent fou. Alors qu’à l’intersaison 2009-2010, avec Mark Hughes [l’ex manager], tout l’effectif était opérationnel, et on disposait de l’équipe la plus affutée physiquement, et cela dans le meilleur championnat du monde »

25 septembre. Man City accueille Chelsea, Mancini déclenche les hostilités polies à coup de « mind games » (intox) et déclare à l’envi que Chelsea gagnera le titre facilement. Man City bat les Blues 1-0, grâce à un but rageur de Tévez, que Chelsea avait rejeté quand El Apache quitta Man United. Valeur du XI de départ de City : 167 millions de £.

Dans une interview au Daily Telegraph, Tévez déclare tout son « respect » pour Mancini, et ajoute que l’Italien l’a fait mûrir en lui confiant le brassard de capitaine.

« Roberto et moi, on a discuté à l’intersaison. On s’est parlé franchement, ouvertement et on a réglé nos différends. Tout va bien entre nous maintenant. Cela m’a surpris qu’il me confie le brassard car le problème, c’est mon faible niveau d’anglais qui complique la communication avec les joueurs. Mais cette responsabilité m’honore et me permet d’évoluer. Avant, il m’arrivait d’avoir des passages à vide pendant un match. Maintenant, je dois rester concentré à 100 % »

Ti amo Carlos. Te quiero too, Roberto

Ti amo Carlos. Te quiero too, Roberto

On nage en plein « Feux de l’amour ». Mais Carlos a toujours le blues. Il faut dire qu’il en pinçait pour le ténébreux Mark Hughes, et avait mal vécu l’irruption du volage Roberto dans leur idylle. L’Argentin dit avoir aussi longuement regretté le départ de son grand copain Bellamy à Cardiff :

« J’ai été très triste de le voir partir, on s’entendait super bien, sur le terrain comme dans la vie. Il me manque ».

L’article rappelle les propos amusants de l’Argentin sur Ferguson, tenus peu après son départ de Man United :

« Ça ne sert à rien d’essayer de discuter avec lui [Ferguson]. Ce n’est pas quelqu’un avec qui on peut discuter. Il est… il est… il est comme le Président de l’Angleterre ».

Alex Ferguson, le vrai Président anglais

Alex Ferguson, le vrai Président anglais

30 septembre. Manchester City annonce une perte de 121M de £ pour la saison 2009-2010, le deuxième montant le plus élevé jamais enregistré en Premier League (seul Chelsea 2004-05 avait fait « mieux », 141M de pertes). Le club a dépensé plus en salaires (133M) que le montant total de ses revenus (125M, dont 48 de revenus télévisuels, versés par Sky). La masse salariale a explosé, plus 43 % par rapport à la saison précédente. Le fameux ratio salaires/chiffre d’affaires culmine à 107 %. Platini n’en dort plus. Le Jovicien, lui, recommande un maximum de 70 %.

Platini, 70 % maximum

Platini, 70 % maximum

Les comptables du club sortent leur gris-gris pour mystifier la loi UEFA du Financial fair-play (mise en application à partir de 2012-2013). Le site footballeconomy.com et la presse anglaise presse rapportent que le club prend les devants, et travaille à convertir les dettes du club en « equity » (capitaux propres, équité), et ainsi habilement contourner les lois UEFA à venir, qui s’appliqueront bientôt aux clubs évoluant dans les compétitions européennes.

En janvier 2010, Sheikh Mansour avait transformé 305M de dettes en equity (actions – apport personnel nécessaire pour l’achat du club plus le financement des nombreux transferts). Ce tour de passe-passe effaçait du même coup toutes les dettes du club. Chelsea avait réalisé la même opération le mois d’avant, sur 340M. Techniquement, ces deux clubs n’ont donc plus de dettes.

Kevin Quigagne

Lundi 15, quatrième et dernier épisode : un mois d’octobre très agité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manchester City. Hier, club prolétaire de troisième division ; aujourd’hui, silo à Galactiques en herbe. (la première partie est ici)

De l’intersaison 2008 à la fin de la saison 2009-2010.

20 mai 2008. L’ex joueur de City Joey Barton est envoyé en prison pour 6 mois (il fera 74 jours), pour une agression violente filmée ici sur vidéo-surveillance commise le 27 décembre 2007 sur un adolescent, devant un Mac Do de Liverpool où lui et sa bande s’étaient rendus à 5 heures du matin après avoir bu toute la nuit (10 pintes pour Barton).

En août 2008, il écopera de 4 mois de prison avec sursis pour l’agression sur Ousmane Dabo du premier mai 2007. Le parquet dira que cette agression est le résultat d’une « combinaison explosive de football et de violence« .

2 juin 2008. Eriksson est limogé. Pour la première fois depuis des lustres, le public anglais éprouve un chouia de compassion pour Eriksson (l’ex sélectionneur des Trois Lions, de 2001 à 2006). Shinawatra et son intransigeance aveugle ont réussi à faire du Suédois un martyr, au moins chez les supporters Blues, car son passage à City est considéré par beaucoup comme un succès, surtout la première partie de saison (et les dix victoires à domicile d’affilée, sans oublier le « doublé » sur Man United). Noel Gallagher prend la défense du Ice King scandinave :

« Son limogeage est scandaleux. Il a transformé le club et nous a donné un peu de style, de dignité, de classe, et une certaine grâce aussi. Il a également restauré la fierté des supporters dans ce club »

Eriksson abandonne ces querelles de clocher aux Anglais et, tel un Red Adair jet-set, part répandre sa bonne parole au Mexique, qui a besoin de lui pour éteindre le feu.

Mark Hughes (dit « Sparky ») arrive, de Blackburn Rovers. L’ex buteur des Red Devils et du Barca, a été préféré à Zico et Scolari.

Août 2008. Acculé financièrement (biens gelés), Shinawatra se voit dans l’obligation de vendre le club. Il est en négociation avec trois investisseurs du Moyen-Orient.

Fin août 2008. L’effectif s’est étoffé. Parmi les nouveaux arrivés : (16M), Shaun Wright-Phillips (8,5M), Pablo Zabaleta (6,5M), Vincent Kompany (6M) et Tal Ben-Haim (5M). Sans oublier « l’international » brésilien Gláuber Leandro Honorato Berti, appelé Gláuber (ou pas appelé du tout – il ne jouera qu’un seul match pour City, lors de la dernière journée, le 24 mai 2009, rentrant à la 84ème minute… Il fera ensuite un essai à Hull, mais même l’ex club de Bernard Mendy n’en voudra pas).

1 septembre 2008. L’une des journées les plus extraordinaires de l’histoire du club. Le conglomérat Abu Dhabi United Group for Development and Investment (AGUP) achète le club au Thaïlandais, pour 210M de £. Shinawatra réalise ainsi une plus-value de 130M de £.

Sheikh Mansour

Sheikh Mansour

Le nouveau Big boss est son Altesse Sheikh Mansour bin Zayed bin Sultan Al Nahyan, un richissime Emirien de 39 ans qui se dit passionné de football « depuis toujours » et décidé à faire de Man City « un grand d’Europe« .

Un petit jeune qui aurait aussi accès direct et prioritaire à la Maison Blanche. Sa fortune personnelle est estimée à 22 milliards de £. Cependant, au cas où il aurait besoin d’une rallonge pour les primes, il peut plonger la main dans le bas de laine familial : le clan Al Nahyan pèse 560 milliards de £. Mansour bin Zayed Al Nahyan est né en 1970. Ça tombe bien, c’est l’année où Man City retomba dans sa torpeur après un très bref passage sous les sunlights.

Le même jour, le club annonce l’arrivée de Robinho (du Real Madrid), pour 33M de £, record anglais (il devient ainsi le joueur le mieux payé de Premier League : 160 000 £ / semaine). On s’étonne. Est-ce le même Robinho qui avait annoncé la veille qu’il était super excited de jouer… pour Chelsea ? Peu regardant sur la nature de l’écusson, il déclare : « City est un grand club et la présence de et Elano a beaucoup compté dans ma décision de venir ici. »

En fait, ce fut une journée aussi folle que confuse. Le matin, les médias rapportaient en effet qu’à 11 h 00, Chelsea floquait des maillots Robinho. A midi, on annonçait que City venait d’être repris par Abu Dhabi United Group. A 18 h 45, on apprenait que City voulait recruter Robinho, qui pourtant avait quasiment signé pour Chelsea quelques heures plus tôt. A minuit cinq, on recevait la confirmation officielle du transfert de Robinho à City. Le Brésilien fait un départ canon (9 buts en 14 matchs) puis disparaîtra aussi inexplicablement qu’il était arrivé.

20 décembre 2008. City est reléguable.

Janvier 2009. Janvier et son Mercato d’hiver. Les noms qui circulent font encore plus fantasmer qu’un an auparavant : Buffon (Juventus), Podolski et Ribéry (Bayern Munich), Kaká (Milan), K. Touré (Arsenal), A. Cole et Bridge (Chelsea), Aguero (Atletico Madrid), Alves (Barcelona), A. Diarra ( Bordeaux), L. Diarra (Portsmouth) et David Villa (Valencia). Et Turner (Hull). Sans oublier Michael Owen (Newcastle) évidemment, qui est au mercato d’hiver entre clubs riches ce que le fauteuil électrique est au salon : l’utilité de ce coûteux gadget ne saute pas aux yeux, mais vaut mieux l’activer de temps en temps, sans ça il se coince.

Finalement, pas de Michael ou David (Villa), mais Nigel de Jong (18M), Craig Bellamy (14M), Wayne Bridge (10M), et Shay Given (6M).

Kaká reste finalement au AC Milan (sous la pression des supporters milanais, et aussi car Berlusconi craint pour son image). Le Brésilien avait été annoncé dans un tourbillon médiatique sans précédent lors d’un mercato d’hiver (les chiffres les plus fous circulaient, 100M de livres en frais de transfert et un salaire de 500 000 £ par semaine). Deux semaines plus tard, est prêté à Everton, sans aucune agitation médiatique.

Mai 2009. Man City finit 10ème de PL, coincé entre West Ham et Wigan au terme d’une saison décevante. La saison 2008-2009 en images.

Été 2009. Grosse vague de départ, définitifs ou en prêt : Dunne, Fernandes, Mills, Hamann, Garrido, Bojinov, Elano, Ball, Ben-Haim, Vassell, K. Schmeichel, Glauber, Hart. Une chose est sûre : l’équipe 2009-2010 ne ressemblera pas du tout à celle de la saison écoulée.

Fin août 2009. La nouvelle fournée de stars est dûment livrée. Carlos Tévez (25M), Emmanuel Adebayor (25M), Joleon Lescott (22M), Roque Santa Cruz (17,5 M), Kolo Touré (16M) et Gareth Barry (12M). Facture totale des transferts de l’été : 130M de livres. On annonce aussi Samuel Eto’o, pour 30M de livres, qui toucherait 200 000 £ / semaine.

Septembre 2009. La mayonnaise semble prendre, l’équipe flirte avec les premières places, même si le jeu proposé ne convainc pas tout le monde.

12 septembre 2009. Man City–Arsenal (4-2). Adebayor marque le troisième but de City à la 80ème minute, au terme d’une seconde mi-temps houleuse. L’ex Gunner, passé d’Arsenal à City dans des circonstances controversées, sprinte sur 80 mètres vers la tribune Gunner, glisse sur la pelouse en célébration et gesticule vers les 3 000 supporters londoniens. Des centaines d’entre eux déferlent alors vers le bas de la tribune, provoquant des échauffourées avec les stadiers. L’un d’entre eux s’écroule, touché par un projectile. Le calme revient difficilement. Peu avant, durant ce match musclé, Adebayor avait essuyé ses crampons sur le visage de Van Persie.

19 décembre 2009. Coup de théâtre. Mark Hughes est limogé. Le Gallois, très apprécié des joueurs et du personnel, ne semble pas assez prestigieux pour le Sheikh Mansour qui veut un « nom ». Exit donc Hughes, qui, malgré la 6ème place actuelle de l’équipe, ne peut pas faire valoir un bilan en béton. Surtout sur les dernières semaines. Les résultats, depuis fin septembre, sont jugés insuffisants : 2 victoires sur les 9 derniers matchs, et beaucoup de nuls (8 sur les 11 derniers matchs). Les reproches officiels se focalisent sur le manque de solidité tactique affiché, et une défense poreuse. Hughes met en avant la situation difficile de son arrière-garde, Joleon Lescott est blessé et Wayne Bridge n’est pas dans son assiette (il semble avoir des préoccupations extrasportives – qui éclateront au grand jour au moment du Terrygate quelques semaines plus tard).

Décembre 2009. Roberto Mancini est nommé entraîneur. Il est le 18ème manager de City en 23 ans. La période correspondant au règne de Fergie à Man United. Mancini : un nom qui en jette. L’Italien vient de remporter trois titres de Série A avec l’Inter (2006, 2007, 2008). Il est épaulé par Brian Kidd et David Platt, son ancien coéquipier du temps de la Sampdoria.

Début janvier 2010. Fortement désireux de mondialiser l’embryonnaire « City Brand« , surtout dans les pays du Moyen-Orient et du Golfe Persique, le club ouvre un compte Twitter en langue arabe. Peu après le rachat du club, Man City avait créé un site en arabe. A l’instar de leurs deux illustres rivaux, Man United et Liverpool, Man City veut conquérir la planète. Liverpool avait lancé deux sites en chinois, l’un basé à Hong-Kong, l’autre en Chine (laissés un peu à l’abandon depuis). Man United avait été le précurseur en ce domaine, les Red Devils ayant lancé un site en chinois en 2002, avant d’ajouter le japonais, le coréen, et l’arabe à leur écurie, dans le but principal de conquérir les marchés d’Asie du sud-est (il faut bien éponger les dettes). Ailleurs en Angleterre, Chelsea a lancé des versions de son site en russe et en italien.

Côté petits nouveaux, le 8 janvier, Patrick Vieira arrive (de l’Inter), histoire de compléter ses trimestres de retraite (150 000 £ / semaine). Arrivée également (le premier février) de l’international Espoir anglais, Adam Johnson, de Middlesbrough (pour 7M) où Gordon Strachan, nouvellement installé, prend bien soin de vider l’équipe de tous ses meilleurs éléments.

15 Janvier 2010. Grosse embrouille entre Carlos Tevez et Gary Neville avant un match important, Man City-Man United, match aller de la demi-finale de la Coupe de la Ligue.

Tout commence quelques jours avant. Le déclencheur de la brouille est un article paru dans ce grand quotidien international qu’est le Times… of Malta, où, bizarrement, Gary Neville écrit un éditorial (en échange de vacances tout frais payés à Gozo ?). Dans ce papier, Neville déclare que Tevez est surcoté et sous-entend qu’il a quitté Man United car il était devenu trop gourmand (et non pas parce qu’il ne jouait pas assez, la raison la plus communément avancée). Selon Neville, par ailleurs représentant des joueurs professionnels anglais (!), Tevez « ne valait pas 25 millions » [ce qu’aurait coûté un nouveau contrat au club]. Les piques gratuites de l’écolo Neville (voir sa nouvelle maison souterraine Teletubby qui chagrine les voisins) font enrager Tevez. Ce dernier déclare à la radio argentine :

« On était à l’hôtel, au déjeuner, j’étais le premier à la réception, tous les journaux étaient étalés, j’en ai remarqué un en particulier, car il y avait des photos de Gary Neville et ça parlait de moi. Je l’ai lu, enfin, non, pas lu, évidemment car je ne lis pas l’anglais, mais j’ai demandé à des coéquipiers de me traduire. Mes partenaires m’ont demandé ce que j’en pensais. Je leur ai dit que je voyais pas ce que ce tarado [retardé/abruti] avait à l’ouvrir sur moi et me manquer de respect comme ça, à moi, un compañero [collègue] »

La question qui vient immédiatement à l’esprit de tous : mais que diable faisait le Times of Malta dans un hôtel de Salford ?! Gary Neville oblige-t-il les hôteliers mancuniens à stocker ce canard des îles ?

19 Janvier 2010. C’est donc sur fond de polémique que se dispute ce Man City-Man United. Tension certes habituelle avant tout derby mancunien (fléchettes, balles de golf et autres confisquées avant le match aller). Des tensions que ne cherchent guère à calmer le chief exec de Man City, Gary Cook, loin de là. Depuis le Mad Hatters Bar de New-York, Cook déclare à Sky :

« Les gens n’aiment pas entendre ça, mais je le dis quand même : ce club [Man City] va devenir le plus grand et le meilleur au monde. Nous allons commencer par éliminer Man United de la coupe, et la gagner à Wembley »

Man City gagne ce match 2-1, avec deux buts de Tevez. Après le premier but, Tevez se précipite vers la ligne de touche, où s’échauffe Gary Neville, quelques paroles douces sont échangées, Tevez se tourne vers le dugout de Man United et se permet quelques provocations, fait signe à Gary Neville de la fermer, avec insistance. Neville lui répond par un doigt d’honneur (et, semble-t-il, des crachats vers le banc de Man City).

Le duel Neville – Tevez sur la ligne de touche

Le duel Neville – Tevez sur la ligne de touche

Après le match, Tevez se défoule sur ESPN Argentine :

« Gary Neville est un abruti, un crétin de lécheur de bottes, un fayot qui ne pense qu’à faire plaisir à son manager. Il a dit ça juste pour faire plaisir à Sir Alex Ferguson, que je respecte, je n’ai rien contre lui. Mais je ne sais pas ce qui lui a pris à ce retardé de parler de moi comme ça, de me manquer autant de respect, je ne lui ai jamais rien fait, ni rien dit sur lui, je l’ai toujours respecté. Cette victoire est une revanche pour moi« 

Les journaux en font bien entendu leur cabbage gras.

28 janvier 2010. Tevez, qui rêvait de Wembley, devra attendre. Le match retour tant attendu est remporté par Man United, 3-1 (United qui remportera la Coupe de la Ligue un mois plus tard). Un superbe match, des buts et émotions fortes, conclu en beauté par les célébrations acrobatiques de Rooney.

Un City qui, en fin de match a fait rentrer un Adebayor tout juste remis de sa CAN togolaise avortée par la fusillade du bus. Mais pas de Robinho, prêté à Santos, pour 6 mois. Ce qui fait écrire à Tony Cascarino, dans le Times : « Au revoir et bon débarras. Robinho est la pire recrue de l’histoire de la Premier League« 

Fin janvier 2010. L’équipe tourne bien, les médias ne tarissent pas d’éloges sur Mancini, qui flotte sur son petit nuage. On aime souligner son « élégance toute latine », et le fait qu’il porte de banales écharpes avec classe et panache. Il ne parle pas un mot d’anglais mais on le trouve aimable, fin et charmant. Quelques esprits chafouins osent cependant faire remarquer que le spectacle proposé n’est pas des plus gais. Ils sont accusés de tous les maux et tares footballistiques de la terre.

Début mars 2010. Les premières fissures apparaissent au fur et à mesure que les joueurs se plaignent, à mots couverts. Tout compte fait, on trouve cet Italien hautain et trop sûr de lui. Les options tactiques de Mancini (hyper défensives) sont jugées « cagey » (frileuses). Les joueurs goûtent aussi moyennement les doubles rations d’entraînement, ainsi que les nombreux tests physiques. Mais, par la voix de leur porte-parole et vétéran Shay Given, les joueurs soulignent « qu’ils ont beaucoup de respect pour Mancini« . Seul Carlos Tevez ose l’ouvrir en grand. Selon lui, les doubles rations quotidiennes rendent le vestiaire « misérable« .

24 mars 2010. Manchester City-Everton. A cinq minutes du coup de sifflet final, l’imperturbable Mancini pète un câble sur la ligne de touche. Considérant que David Moyes, son homologue, prend trop de temps pour renvoyer le ballon, le fougueux Italien va lui-même la chercher en bousculant au passage l’Ecossais. Grosse prise de bec entre les deux hommes, leur staff est obligé d’intervenir. Voir le clip de l’incident.

L’Italien présente ses excuses durant la conférence de presse d’après-match. Ce qui ne masque pas la piteuse défaite de City 2-0 (zéro tir sur le but adverse, à domicile !).

L'accrochage entre Mancini et Moyes

L'accrochage entre Mancini et Moyes

Avril 2010. Le magazine When Saturday Comes, dans son numéro 278, présente un premier bilan de l’opération World Domination de Man City dans les pays arabes. Plutôt décevant… seuls 24 followers ont signé sur Twitter@CityArabia en 3 mois ! Des mordus, à n’en pas douter, mais vingt-quatre combattants, pour se lancer à la conquête de la planète, ça fait pas beaucoup quand même.

5 mai 2010. Manchester City-Tottenham : the Decider. Enorme match à 40 millions de £ entre Roberto et Harry (Redknapp). La victoire donnera la quatrième place au vainqueur et le droit de jouer le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Le milieu des Spurs (Lennon, Huddlestone, Modric et Bale) écrase celui de City, et la charnière Ledley King-Michael Dawson ne laisse rien passer. Crouch met la tête et qualifie Spurs vers la terre promise de la Champions’ League. Victoire 1-0 pour Spurs, au terme d’un match moyen, où City a été ridiculement défensif, 4-2-3-1 (deux milieux défensifs, et Bellamy quasiment en défense), avec des leaders absents (Adebayor et Bellamy surtout).

Gros échec pour Mancini et ses troupes, qui manquent leur entrée dans le Big Four et ses inépuisables richesses.

Fin de la saison 2009-2010. City finit cinquième de Premier League, avec 67 points. Et avec en poche, le record (de Premier League) de tentatives de but sur des contre-attaques (46), ainsi que le plus grand nombre de buts sur contres (10) et sur corners (15).

Contrairement à Tottenham, son principal rival pour la quatrième place, qui a souvent offert du beau jeu, grâce notamment à Gareth Bale, Jermaine Defoe, Luka Modric ou même Michael Dawson (élu Tottenham Hotspur’s Player of the Year), Man City a déçu cette saison. Une saison tout en catenaccio servi par une formation sur la défensive, même à domicile, évoluant souvent avec deux milieux défensifs.

La saison 2009-2010 en images, ainsi que des centaines de superbes photos Coupe de Monde, où jouait nombre de joueurs de Man City – dont Joe Hart, Wright-Philipps, Barry, Boateng (Allemagne) Weiss (Slovaquie), Santa Cruz (Paraguay), Tevez (Argentine), K Touré (Côte d’Ivoire), De Jong (Pays-bas) et… Robinho (Brésil). Avec aussi d’ex vedettes, telles Elano (Brésil), Samaras (Grèce) et Fernandes (Suisse).

Une nouvelle saison peut commencer. Celle de l’avènement. Roberto Mancini l’a promis dans les médias. Une saison qui, nous le verrons dans la deuxième partie, prendra vite des allures de Coronation Street, le plus célèbre et le plus vieux soap opera au monde. Et aussi le plus mauvais probablement. 7 500 épisodes et cinquante ans d’horreurs et de révélations sordides à l’heure du dîner. Justement, « Corrie » est une production locale, tournée à quelques kilomètres seulement d’Eastlands…

Kevin Quigagne

Manchester City. Hier, club prolétaire de troisième division ; aujourd’hui, silo à Galactiques en herbe. L’argent fait peut-être le bonheur, mais il charrie aussi avec lui son lot de mirages, de stress et de défis improbables. Avec la fortune soudaine, sont venues l’urgence, l’écrasante surexposition médiatique, les ambitions démesurées ainsi qu’une bonne dose de mégalomanie. Et pas mal de dérapages comiques. Une transition douloureuse vers la gloire, constellée par des dommages collatéraux qui font souvent les gros titres.

Le club l’a annoncé haut et fort : cette saison 2010-2011 est celle de l’avènement pour City. Il ne s’agit pas de se rater. L’injection financière du Sheikh Mansour depuis deux ans est pharaonique, pas loin du milliard de £. Alors, forcément, les espérances cette année sont à la hauteur de l’investissement. 2010-11 est l’exercice le plus attendu depuis 1970, celui du titre européen (Coupe des Vainqueurs de coupe), l’époque des mythiques entraîneurs Joe Mercer et son célèbre adjoint, Malcolm Allison. 1968-1972 : c’est LA référence, la seule période glorieuse du club.

Cependant, les Citizens ne sont plus zen. On dit City en crise. En pleine décadence même. Le vestiaire ne serait plus que cliques et claques. Personne ne respecterait plus Roberto Mancini. Les égos seraient devenus incontrôlables et les disputes, en match, à la mi-temps et à l’entraînement, rythmeraient la vie du club show-biz (bille). Carlos Tevez vient seulement de rentrer d’Argentine où il s’était mystérieusement exilé pendant dix jours. Tandis que les jeunes internationaux anglais (Gareth Barry, Adam Johnson et Joe Hart) se saoûlent dans les fêtes étudiantes en se laissant filmer. Sans parler de la troisième défaite d’affilée de City avant-hier soir, contre Poznan. La devise latine du club « Superbia in Proelio » (la fierté dans la bataille) sonne davantage comme « Dedecus in Cladis » en ce moment (la honte dans la défaite). Mancini est sur la sellette. Tel l’empire romain, celui de l’Italien semble s’effriter à la vitesse grand V.

La fierté dans la bataille

La fierté dans la bataille

Et ce film sur City, « Blue Moon Rising » (voir la bande annonce), encensé par le club, éreinté par la critique. Un long métrage nanarisable, déjà culte. Annoncé avec fanfare et trompettes il y a trois mois, suivi d’une sortie nationale le 17 septembre dernier… dans 13 salles. La glamourisation du club et l’établissement planétaire de la « City Brand » s’avèrent plus compliqués que prévu. A quelques jours du derby mancunien (mercredi prochain), une exploration dans les entrailles de la bête s’imposait. Faisons donc plus ample connaissance avec ce « noisy neighbour » (dixit Ferguson) qui prit un incroyable virage en juillet 2007, passant du statut d’anonyme sympa à freak mal aimé.

Première partie. Du virage à 180 degrés de juillet 2007 à mai 2008.

Juin 2007. Manchester City est un ventre-mouiste bas de gamme de Premier League. Ce club laisse tout le monde indifférent, une sorte de Wigan avec un plus grand stade. Yes Wigan. Le grand voisin de Manchester United ne remarque même pas ce petit roquet de faubourg, la vraie rivalité étant avec le Liverpool FC, entre winners.

Les Citizens viennent de finir 14ème, à 4 points du 18ème, après une saison dominée par les superlatifs négatifs. L’attaque a été effroyablement muette, et la colonne « Buts pour » de City fait peine à voir : 29 buts ! (dont seulement 10 à domicile, un record). C’est le troisième plus faible total jamais enregistré en League Football (92 clubs) par un club non relégué.

Si les Georgios Samaras, Paul Dickov, Darius Vassell et autres Bernardo Corradi ont été shocking, la défense, elle, s’est mieux défendue : 44 buts contre. Elle se compose de Nedum Onuoha, Richard Dunne, Sylvain Distin et Micah Richards. Sylvain Distin vient toutefois de signer dans le Portsmouth de Harry Redknapp, à la recherche « d’un nouveau défi ». When Sylvain meets Harry. La percée du jeune Micah Richards, excellent pour sa première saison pleine, fait cependant augurer des lendemains défensifs meilleurs, mais il va falloir recruter à tour de bras. Après son premier entraînement, le nouvel entraîneur, Sven-Göran Eriksson (nommé en remplacement de Stuart « Psycho » Pearce) déclarera qu’il lui faut au moins dix nouveaux joueurs.

Le club peut compter sur de fidèles supporters, mais, sans « projet financier » (lire, un richissime mécène), il est voué à l’anonymat éternel. Le club n’est pas vraiment à vendre, pas plus qu’un autre, quoi. Toutefois, un nom exotique commence à revenir avec insistance, Thaksin Shinawatra. Il se dit que ce Thaïlandais, qui a fait fortune dans les Télécoms, et fraîchement débarqué d’urgence en Angleterre, s’est beaucoup penché sur les comptes du club ces derniers temps…

Un maillot thaï patron

Un maillot thaï patron

6 juillet 2007. Shinawatra officialise le rachat du club, pour 81 millions de £ (on apprendra plus tard que ce « politicien multi-milliardaire » avait tenté six mois auparavant d’acquérir Fulham et Liverpool, sans succès – c’est Hicks et Gillett qui avaient remporté le gros lot).

L’Asiatique est accueilli en sauveur du club, moribond depuis presque 20 ans (5ème de l’élite en 1991 et 1992, avant une longue dégringolade et un atterrissage en D3 – saison 1998-1999). Les supporters, désabusés et notoirement fatalistes, reprennent même les vieux chants déprimants du club, dont le célèbre We never win.

Paroles de We Never Win

We never win at home,
And we never win away,
We lost last week and we lost today,
But we don’t give a fuck,
Cos we’re all pissed up,
MCFC OK…

(on ne gagne jamais chez nous, et on ne gagne jamais à l’extérieur ; on a perdu la semaine dernière, et on a perdu aujourd’hui. Mais on s’en branle, parce qu’on est tous bourrés).

Le dernier trophée, une misérable Coupe de la Ligue, remonte à 1976, ce que leur rappelle souvent les voisins et ennemis jurés de Man United avec une banderole aussi courte qu’éloquente : 34. Trente-quatre ans sans voir le moindre bout de métal (les Citizens répliquent avec une longue banderole tout en zéros, indiquant le montant de la dette MU).

Le club est même maudit. Leur superbe succès européen de 1970 n’a même pas été télévisé ! Les Blues ont gagné la Coupe d’Europe des Vainqueurs de Coupe dans l’indifférence générale. Hormis la population Blues de Manchester, personne n’a rien remarqué. En effet, ce soir-là, le 29 avril 1970, Leeds et Chelsea s’affrontaient dans un replay de la finale de FA Cup, à Old Trafford, devant 62 000 spectateurs et la BBC avait bien sûr choisi de diffuser la FA Cup final. D’ailleurs, cette finale de coupe d’Europe entre Man City et le Górnik Zabrze, disputée au Prater Stadium de Vienne, n’avait pas attiré les foules : 7 968 spectateurs.

Cette banderole 34 a le don de faire sortir de ses gonds le chief exec du club, Garry Cook, une sorte de mini Richard Scudamore de club (l’indétrônable et féroce patron de la Premier League plc). S’il était pape, Cook décréterait la Premier League religion obligatoire pour tous. Interrogé sur la réputation douteuse de Shinawatra, le Monsieur Muscle du foot anglais déclare : « On dit qu’il est coupable de quelque chose là-bas, en Thaïlande. Bof, je dois dire que cela ne m’inquiète pas vraiment… Moralement, je suis à mon aise dans cet environnement« 

Sur les ambitions du club, il est direct : « Il faut reconquérir le terrain, cette banderole des 34 ans nous rend dingues« .

Effectivement, ce Shinawatra est un propriétaire de club « atypique ». On apprend qu’il est en fuite (exil forcé) et sous le coup d’une peine de prison en Thaïlande où il a été Premier Ministre de 2001 à 2006 (avant d’être renversé par un coup d’état militaire, à la suite duquel la moi martiale sera instaurée). Les charges contre lui sont lourdes. Entre autres : abus de pouvoir, corruption, fraudes électorale, trahison, évasion fiscale, graves atteintes aux droits de l’homme et à la liberté de la presse. Un personnage sulfureux qui ne gêne cependant pas le moins du monde les décideurs de la Premier League.

Eloignant tout désagrément et mauvaise odeur d’un revers de chéquier, la Premier League accueille Shinawatra les bras ouverts et lui fait passer sans encombre son fameux « Fit and proper person test » (examen de probité instauré en 2004 pour tout acquéreur de club potentiel). Shinawatra est donc officiellement reconnu comme offrant toutes les garanties d’honorabilité, de respectabilité et comptabilité nécessaires. Yep.

Manchester City, mieux qu'un soap

Manchester City, mieux qu'un soap

Homme d’une probité absolue doublée d’un bon cuisinier qui met la main à la patte. Pour le premier match de la saison, au lieu du traditionnel fish and chips d’avant-match, les supporters auront le droit au grand jeu. Shinawatra organisera, devant le City of Manchester Stadium (appelé Eastlands, ou COMS), un gigantesque buffet thaïlandais pour les supporters. Il s’y montre en compagnie des « pipoles » supporters du club (les frères Gallagher, Ricky Hatton, et d’autres rock stars anglaises et célébrités de soap opera). Pas encore de massages gratuits devant Eastlands, mais ça ne saurait tarder si les résultats sont là.

Le Thaïlandais nomme le Citoyen du monde Sven-Goran Eriksson à la tête de l’équipe. Le Suédois devient ainsi le premier étranger à manager le club. En arrivant, Eriksson déclare  « I don’t feel I have a point to prove« . Peut-être, mais la tranquille arrogance du Suédois agace les médias. En tous les cas, il ne fait aucun doute qu’Eriksson hérite d’un effectif limité.

Mi-juillet 2007. Certains médias s’inquiètent, ce rachat n’ayant l’air ni très catholique, ni très bouddhiste. D’une part, la justice thaïlandaise recherche Shinawatra pour toute une série de délits et malversations graves. D’autre part, tous les biens de l’énigmatique ex-PM ont été gelés (plusieurs milliards d’€). Au-delà du dilemme moral (bien vite évacué), on s’interroge sur l’existence réelle des fonds. Toutefois, Keith Harris (Seymour Pierce Investment Bank), le facilitateur du deal, rassure son monde :

« L’argent est propre. Il vient d’être légitimement transféré au Royaume-Uni, et de façon transparente« .

(Harris sera l’un des leaders des fameux Red Knights, le groupe de supporters-Mousquetaires qui avaient tenté de racheter Manchester United au printemps dernier).

Les principaux actionnaires du club se veulent rassurants (dont le groupe Sky et Francis Lee, l’ancienne star du club – période glorieuse –, reconvertie dans la fabrication de rouleaux de papier toilette). Eux, ne se posent pas autant de questions futiles. Il faut dire qu’ils ont vendu leurs parts au Thaïlandais au prix fort, et au bon moment (la crise commence à faire vaciller l’Angleterre). Le directoire de la Premier League est également serein : « Monsieur Shinawatra ayant réussi le « fit and proper person test », le rachat du club est donc officialisé« 

Shinawatra s’exprime enfin : « Les accusations lancées contre moi sont fausses et infondées. Les autorités thaïlandaises et mes adversaires politiques cherchent régler leurs comptes en me discréditant. Tout cela provient du nouveau pouvoir en place [militaire] et leurs motivations sont uniquement politiques« 

Tout le monde est donc rassuré, le club a été vendu à un type bien sous tout rapport, simplement victime d’une horrible junte.

La couverture du numéro 247 (septembre 2007) du magazine When Saturday Comes («The Half Decent Football Magazine ») résume bien l’absence totale de gêne. Elle montre Sven-Goran Eriksson et sa nouvelle recrue, l’Italien Rolando Bianchi, en pleine discussion sur le degré d’honorabilité du nouveau propriétaire :

« Monsieur Eriksson, dites-moi, Thaksin est-il est une personne « fit and proper » ? »

« Bien sûr Rolando, c’est un multi-milliardaire »

When Saturday Comes aime City

When Saturday Comes aime City

Fin août 2007. Eriksson a dépensé 50 millions de £ en recrues exotiques, dont Rolando Bianchi (9M), Elano (8M), Vedran Ćorluka (8M), Valeri Bojinov (6M), Felipe Caicedo (5M), Martin Petrov (5M), Gelson Fernandes (4M) et Javier Garrido (1,5M). Le Suédois assure aux sceptiques que la mayonnaise va prendre. Elano, milieu offensif, décrit Manchester comme « une superbe ville dotée d’un climat qui lui convient« . Tout est relatif : Elano arrive d’Ukraine (Shaktar).

L’international brésilien fera un début de saison canon, puis la langueur de l’hiver le frappant de plein fouet, il hibernera profondément (suivra l’inévitable transfert vers la Turquie, été 2009, au Galatasaray, après avoir passé sa deuxième saison au club à jouer les divas en s’embrouillant avec Mark Hughes, l’entraîneur).

Fin Août-Septembre 2007. Début de rêve pour City. L’assemblage hétéroclite fonctionne au-delà de toutes espérances. Les Elano, Geovanni, Bojinov, Ćorluka et autres Bianchi mettent le feu et enchaînent les prestations victorieuses. En particulier Bianchi. L’Italien marque son premier but anglais lors de la première journée, après seulement 18 minutes ! (il lui faudra attendre quatre longs mois avant de remarquer en championnat et il sera vite refourgué à la Lazio en janvier 2008).

30 novembre 2007. Malgré une déroute 6-0 à Chelsea fin octobre, Man City fait un excellent premier tiers de saison, et occupe la troisième place fin novembre.

Début janvier 2008. City peine mais est toujours 4ème. Une vague de noms clinquants déferle à l’ouverture du mercato d’hiver : Luis Fabiano (FC Séville), Diego Milito (Real Zaragoza), Miguel Angulo (FC Valence), Djibril Cissé (OM), Vágner Love (CSKA Moscou), Mancini (Roma) et Lukas Podolski (Bayern Munich). Et Fred (OL).

20 Janvier 2008. Les huit recrues de l’été fatiguant, et le reste de l’effectif « international » déclinant rapidement (Darius Vassell, Emile M’penza, Michael Ball et autres Sun Jihai), Eriksson se renseigne sur Benjani Mwaruwari.

Ousmane Dabo, et Rolando Bianchi partent pour la Lazio. Le Français, après un son séjour anglais pourri (peu de matchs, blessures et violente agression de Joey Barton), est ravi de retrouver sa Botte. Paul Dickov va à Blackpool et Georgios Samaras est prêté au Celtic, véritable grenier à pipes du foot britannique.

31 janvier 2008. Les recrues du mercato débarquent. Ni Milito, Fabiano ou Mancini mais Felipe Caicedo (Basle, 5M) et Benjani (Portsmouth, une fortune). Caicedo, un attaquant de 19 ans, est présenté comme ‘l’un des grands talents sud-américains » et on n’hésite pas à le comparer à Adriano, naturalmente. Benjani est Benjani. Il est présenté comme un « regular goalscorer« . Eriksson a finalement réussi à recruter le Zimbabwéen après des tractations compliquées, et comiques. Benjani doit arriver sur Manchester (de Southampton) vers 16 h 00. Il y a urgence, après minuit, plus de deal possible.

Vol BMI1396 Southampton-Manchester, 15 h 15. Celui que Benjani doit prendre. Il est d’ailleurs bien présent à l’aéroport en temps et en heure. Il le rate.

Vol BMI590 Southampton-Manchester, 17 h 00. Benjani, toujours sur place, le rate aussi.

Vol BMI592 S-M, 18 h 45. Annulé.

Vol BMI594 S-M, 20 h 00. Retardé.

Fin de soirée, toujours pas de Benjani. Finalement, à 23h20, après avoir raté deux avions de suite pour Manchester, Benjani arrive au centre d’entraînement de Carrington. Il s’excuse : il s’est endormi dans le departure lounge de l’aéroport et a laissé passer deux vols pour Manchester ! Il arrive donc trop tard pour passer la visite médicale, remplir et envoyer tous les papiers à temps.

Portsmouth et Harry Redknapp sont furieux. Pompey risque de perdre gros car le club avait déjà imprudemment confirmé l’achat de Jermaine Defoe aux Spurs (9M), acquisition dépendante de la vente de Benjani qui devait financer Defoe.

5 février 2008. Après maintes difficultés, le deal Benjani est finalisé, mais pour moitié moins que prévu… 4M au lieu des 8M initialement convenus (le reste, 4M, dépendra du nombre de matchs joués). Benjani et ses siestas à l’aéroport viennent de coûter 5 millions d’€ à Portsmouth. Peter Storrie, le chief exec de Portsmouth, déclare dans le Times :

« Nous aimons tous Benji, c’est un garçon à la personnalité unique, mais ce transfert qui s’est éternisé s’est fini en fiasco. L’avion de 19 h 00 a été annulé, et le suivant retardé. Et le fait que Benji se soit endormi à l’aéroport n’a pas facilité les choses« 

Sur le terrain, prenant exemple sur la nouvelle recrue, l’équipe continue de piquer du nez.

28 février 2008. Shinawatra retourne en Thaïlande après 17 mois d’exil (pour « laver son nom« ). Parmi la foule de ses supporters présents à l’aéroport Suvarnabhumi, six cents policiers prêts à cueillir le nouvel ami des Gallagher Brothers. Il est immédiatement arrêté, puis libéré sous caution. Son procès doit se tenir le 12 mars 2008. Mais Shinawatra s’étant éclipsé, le procès est reporté à août 2008. Shinawatra sera finalement condamné à deux ans de prison. Cependant, dix jours avant sa condamnation, Shinawatra avait quitté le pays pour demander l’asile politique au Royaume-Uni (refusé). Shinawatra collectionnera alors les passeports, dont celui de Panama et du Monténégro. Il partage aujourd’hui son temps entre Londres et Dubaï, tout en demeurant politiquement très actif (il est l’un des leaders des Chemises Rouges).

Avril 2008. Le frère de Ronaldinho, Roberto de Assis est repéré dans les tribunes d’Eastlands, les spéculations vont bon train. Les rumeurs du limogeage imminentes d’Eriksson abondent. A season of two halves. Si la première partie a été réussie, la deuxième a été médiocre. Garry Cook, ex directeur marketing de Nike, et personnage influent dans l’industrie du sport depuis vingt ans, est nommé Chief exec du club.

Garry Cook, le Monsieur Muscle de City

Garry Cook, le Monsieur Muscle de City

11 mai 2008. City finit la saison piteusement contre Middlesbrough, les fesses rougies par une tannée monumentale, 8-1. City termine 9ème de Premier League. Par le biais de la Fair Play League, les Blues décrochent tout de même une qualification en Coupe UEFA (ils se feront sortir par Hambourg en quarts). La saison 2007-2008 en images.

Kevin Quigagne