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Il y a dix-huit ans cette semaine, le 9 novembre 1996, Ali Dia faisait ses débuts anglais, en D6. Deux semaines plus tard, ce parfait inconnu sera aligné en Premier League. La légende du plus grand magicien du football britannique était née.

Ali Dia, un braqueur de génie plus qu’un magicien diraient certains. Un Spaggiari qui aurait réussi son magistral bluff au culot pur, sans haine ni violence, mais surtout sans talent et dans l’improvisation quasi totale. Retour sur le plus extraordinaire tour de passe-passe de l’histoire du football.

De remplaçant en D6 à l’élite en quelques jours

Mi novembre 1996, Graeme Souness, manager de Southampton, reçoit un appel enthousiaste de George Weah (voir clip). Le Libérien lui recommande chaudement un vrai crack, son cousin, un certain Ali Dia. La carte de visite de l’attaquant en jette un max : récemment titulaire au Paris Saint-Germain et international sénégalais, 13 capes. Et mieux ajoute Weah, le cousin est en confiance et chaud comme la braise, il vient de marquer deux buts en sélection nationale. Cerise sur le pudding, il est gratos. Seule légère anomalie dans ce tableau idyllique, Dia est licencié dans un club de D6 (près de Newcastle) où il n’a disputé qu’un bout de match. Un poil étrange a priori pour un international sénégalais chevronné mais si on commence à s’arrêter sur ce genre de détail, hein…

Aussi excité qu’un dirigeant Magpie encaissant le chèque de Liverpool pour Andy Carroll, « Souey » (surnom de Souness) oublie les fondamentaux au vestiaire. Il ne vérifie rien et ne se demande ni ce que fait un tel joueur dans un obscur club de non-League ni pourquoi ce Sénégalais est le cousin d’un Libérien… Non, rien de rien, zilch de zilch. Le bourru Ecossais convoque illico le présumé prodige pour un essai.

En fait de crack, le sosie de Tom Selleck récupère une pipe d’une trentaine d’années, qui n’a pas plus évolué pour le PSG qu’il n’est de la famille de Weah, et encore moins bien sûr Lion de la Téranga. Et, évidemment, ce n’était pas Weah au bout du fil…

A son arrivée, le jeudi 21 novembre, des reporters locaux interrogent Souey sur ce petit nouveau à la dégaine singulière (il court vraiment bizarrement). L’ex Red leur en met plein la vue : « Dia est un international sénégalais qui a joué avec Weah au Paris Saint-Germain et qui évoluait en D2 allemande l’an dernier. Il est à l’essai quelque temps, on va voir ce qu’il vaut. »

La veille, Dia aurait dû être aligné dans un match de réserve contre Arsenal mais la rencontre fut reportée pour cause de terrain inondé. Au grand dam du canard local, le Daily Southern Echo : « Ali Dia, ex vedette du Paris Saint-Germain est actuellement à l’essai chez les Saints. Ce rapide attaquant sénégalais a été recommandé par George Weah, FIFA World Footballer of the Year 1995. Las, un terrain impraticable l’a privé de cette occasion d’impressionner le public. »

Enregistré d’urgence, sorti en catastrophe

Pressé par la cascade de blessures qui décime les rangs Saints, le club lui fait signer un contrat d’un mois et l’enregistre d’urgence auprès de la Premier League (Premiership à l’époque). Et zou, c’est parti, Souey lui confirme qu’il sera remplaçant dès le lendemain contre Leeds. A peine 48 heures après son arrivée, Dia est déjà officiellement joueur de PL et s’apprête à affronter le Leeds de Lucas Radebe, Ian Harte, Lee Bowyer, Tony Yeboah et Ian Rush.

Matt Le Tissier : « Hallucinant. On aurait dit Bambi sur glace quand il courait. »

A la 32è minute, Matt Le Tissier doit sortir, claquage. Entrée de Dia. Il disputera une cinquantaine de minutes et aura même une occasion de but (mi vendangée) avant que Souey ne le sorte en fin de match. Soton perd 2-0 et l’Ecossais se pique la honte de sa vie. Verdict de Matt le Tissier dans le FourFourTwo # 214 d’avril 2012 (ainsi que – un peu – dans ce court article):

« Je n’ai rien compris au sketch Dia, hallucinant. On aurait dit Bambi sur glace quand il courait. J’ai été hyper surpris qu’il me remplace contre Leeds. La veille à l’entraînement, il avait été mauvais. On pensait en fait que c’était un anonyme qui avait gagné un concours avec comme premier prix le droit de s’entraîner dans un club pro, un truc comme ça. Le samedi, on le voit dans notre vestiaire et on se dit : « Ah ben c’est sympa comme cadeau, le gars a aussi gagné le droit d’assister à notre préparation de match. » Mais non, le mec faisait partie de notre effectif !

Quand je suis sorti sur blessure contre Leeds, il était censé me remplacer poste pour poste mais il se baladait sur le terrain sans discernement aucun. Le plus étrange c’est qu’il courait partout comme un poulet sans tête mais n’allait jamais où le ballon se trouvait… Il n’a quasiment pas touché un ballon du match, c’était presque comique. Je crois qu’il essayait d’éviter le cuir en pensant que s’il ne touchait jamais la balle, au moins on ne pourrait pas lui reprocher d’avoir été mauvais. »

Sujet tabou à Southampton, dindon de la farce

L’idole de Xavi continue :

[…] Le lundi, il était censé être à l’entraînement mais on ne l’a plus jamais revu. C’est là qu’on a appris qu’il avait été recommandé par George Weah, enfin quelqu’un se faisant passer pour lui. C’était franchement très embarrassant pour le manager et c’est vite devenu un sujet tabou dans le vestiaire. Au final, Dia a débarqué le vendredi, s’est blessé le samedi en étant nul, s’est fait soigner le dimanche par le kiné et s’est barré le lundi, en nous laissant une belle note d’hôtel et d’autres frais. »

Le 3 décembre 1996, le Daily Southern Echo publie l’entrefilet suivant : « Suite à l’essai non concluant d’Ali Dia et sa piètre performance contre Leeds, le joueur sénégalais a été libéré par Southampton FC. »

On apprend alors que juste avant Southampton, Dia avait réussi à décrocher un essai dans plusieurs clubs professionnels, dont Port Vale, Gillingham, Bournemouth et Coventry City (alors en Premier League). Les Sky Blues s’étaient vite rendus compte qu’il n’avait aucune chance de devenir pro et encore moins d’évoluer en PL (« Vraiment médiocre » fut en substance le retour des entraîneurs à la hiérarchie du club). Harry Redknapp à West Ham reçut également un coup de fil de « l’agent de Dia » mais le madré ‘Arry renifla l’entourloupe (et puis il venait de se faire avoir avec Marco Boogers – qu’il avait acheté 1 million £ sans le voir jouer –, alors chat échaudé etc.).

Souey n’a jamais voulu trop élaborer sur le sujet. Interrogé là-dessus par FourFourTwo en 2004, il a simplement déclaré qu’il n’était pas responsable de son inclusion dans le groupe des 16. Propos contredit par l’un de ses adjoints d’alors, Terry Cooper, qui lui affirme avoir essayé de dissuader Souey de l’aligner mais que ce dernier l’ignora et justifia sa décision par une pénurie de joueurs opérationnels.

PSG, Ginola, grosse Mercedes et Coupe d’Afrique des Nations

Après Southampton, Dia retourna dans le North-East où il disputa huit matchs sous les couleurs de Gateshead FC, petit club de D5 situé en banlieue de Newcastle. L’incroyable Dia réussit même à toucher une prime à la signature de 1 500 £, payée par les supporters Heed ! (surnom du club). Paul Thompson, l’un des joueurs Heed de l’époque se souvient (dans le même FourFourTwo) :

« C’est sûr qu’il était unique… A son arrivée, il n’arrêtait pas de nous parler de sa super Mercedes, mais sans nous préciser que c’était un modèle tout pourri vieux de 15 ans. Et pis un jour, il s’est pointé à l’entraînement au volant de cette fameuse Merc et là, on était tous pliés de rire. Une autre fois aussi,  il nous a tous invités royalement à venir le voir jouer en Coupe d’Afrique des Nations ! Il nous racontait avoir joué au Paris Saint-Germain avec David Ginola et nous avait montrés une photo de lui et Ginola apparemment ensemble dans une boîte de Newcastle. Notre entraîneur fréquentait un peu Ginola [alors à Newcastle United] et lui a parlé de Dia mais le Français ne le connaissait absolument pas. Les supps ont un peu regretté de s’être cotisé pour payer sa prime à la signature mais Dia est vite devenu un brin culte, il a même eu un chant à son honneur, peu élogieux* certes mais dès qu’il l’entendait, il se sentait fier et souriait. Pis un nouveau manager est arrivé et l’a viré, après l’avoir aligné à peine dix minutes, sur un match : il l’a fait rentrer à la 78è pour le sortir à la 86è ! Dia a quitté le club en février 1997 et on n’a plus jamais entendu reparler de lui. »

[*« Ali Dia, is a liar, is a liar » Contrairement aux apparences, ça rime. Faut prononcer Dia à l’anglaise et avec une pointe de malice : « Daï-a (comme l’adjectif dire = médiocre dans ce contexte, comme dans Dire Straits – mais là, il s’agit de l’expression in dire straits = dans une situation très difficile/désespérée. En fait, un chant des supps de Soton récupéré par les ceux de Gateshead. Petite astuce mnémotechnique innocente : pensez à Kieron Dyer, même prononciation…]

Un aigle royal dans un monde de buses

Il y a quelques années, un mini « culte Dia » est né et nombreux sont ceux aujourd’hui qui aimeraient retrouver le phénomène, histoire d’actualiser cet extraordinaire chapitre du football anglais, trop brutalement clos. Un autre motif plus nostalgique se cache aussi sans doute derrière cette traque soft :  l’envie de donner une suite à ce fabuleux épisode du folklore footeux, devenu entre-temps bien immatériel du patrimoine footballistique mondial. Un épisode que l’on sait aujourd’hui, ère Internet oblige, à jamais inédit.
En 2001, précise FourFourTwo, Dia obtient un diplôme en commerce à la Northumbria University de Newcastle puis on perd sa trace. Natalie Heath, la Responsable des Anciens Etudiants de l’université, a elle aussi joué les détectives mais sans succès : « Tout comme vous [FourFourTwo], on a aussi essayé de le localiser mais en vain. Aucune idée d’où il se trouve. » Même constat d’échec côté médias britanniques. Toutes les pistes ont été explorées, de la fédération sénégalaise aux ambassades du Senégal et Libéria à Londres en passant par les journalistes sportifs de Dakar (« Ali Dia ? Désolé, inconnu au bataillon »), chou blanc sur toute la ligne. Une lueur d’espoir est apparue en 2008 quand FourFourTwo a réussi à lui parler un bref instant au téléphone mais Dia ne s’est pas livré et a illico changé de numéro.

La presse british, du Guardian au Daily Mail en passant par le Sun ou le Times, catalogue aujourd’hui systématiquement Ali Dia dans le pigeonhole (case) « Pires footballeurs ayant foulé les pelouses du pays » (voir Legacy & References). Mais ces journaux font gravement fausse route, Dia ne saurait être réduit à je ne sais quel classement déshonorant censé se prononcer doctement sur le vertigineux manque de talent de tel ou tel flop. Et puis, on sait tous ce qui sort des pigeon holes… Le pigeon dans l’histoire, ce n’est sûrement pas ce bon Ali.

L’affabulateur hors pair qu’était Ali Dia plane bien au-dessus de cette obstination malsaine à vouloir l’enfermer dans une médiocrité éternelle. Céleste, insaisissable, inclassable, Dia est un artiste de l’imposture dont l’étoile brille de mille feux dans la galaxie des sublimes orfèvres de la mystification. Et en filant à la vitesse de la lumière, sa bonne étoile adresse un magistral bras d’honneur à tous, à commencer par les journalistes qui n’ont rien pigé au film. Dia, c’est le canular du siècle, un putain de hoax qui restera à jamais inégalé. Ali Dia est le plus grand génie de l’histoire du football. Point barre.

Kevin Quigagne.

Le football, science occulte diablement inexacte, a érigé la prophétie fumeuse au rang d’art. De quoi rendre jaloux les économistes, politologues et autres bullshitologues, longtemps les maîtres en la matière. Mais surtout de quoi faire notre bonheur.

Les fanzinards-branquignols que nous sommes aimons jouer les Madame Irma dans notre chambre de bonne, sans grand succès ma foi. Cela dit, c’est bien plus marrant quand ce sont les vrais « experts » qui se vautrent magistralement. Dans aucun ordre particulier, voici donc ma sélection des plus belles prédictions en papier mâché du football anglais.

N’hésitez pas à tenter votre chance avec le jeu-concours # 6, cadeau sympa à gagner (promis, c’est pas une boule de cristal).
Même si vous n’avez aucune idée, allez, soyez sympas et miséricordieux, donnez un nom au hasard que j’ai pas l’air d’un con avec mon jeu-concours sans participants et me retrouve avec un cadeau péteux formidable sur les bras. Si aucun vainqueur, on prendra le plus près journalistiquement ou philosophiquement (ou alphabétiquement) de la réponse. Je suis généreux, je vous donne 72 heures pour trouver quel journaliste et visionnaire français a sorti l’énormité # 6.

# 1. « On ne peut rien gagner avec des gamins. »

Alan Hansen, consultant dans Match of The Day, le 19 août 1995 au sujet de la jeune équipe de Man United, vouée à un abject échec selon lui (le clip).

19.08.1995, première journée de championnat. Un Man United acnéique (composés des Fergie’s Fledglings, les grands ados Beckham, Butt, Scholes et Neville brothers – Giggs était absent) s’incline 3-1 face à Aston Villa. A l’intersaison, trois cadres sont partis, Mark Hughes, Paul Ince et Andrei Kanchelskis. Pour quelques experts, dont le soporifique Alan Hansen, c’est la grosse cata.

Pourtant, s’il s’était creusé la cervelle un chouia, l’ex Liverpool legend se serait souvenu que les Busby Babes remportèrent le titre national avec Man United en 1956 et 57 (21 et 22 ans de moyenne d’âge !). Huit d’entre eux disparaîtront tragiquement dans le crash de Munich du 6 février 1958, sinon les kids auraient probablement continué à cartonner.

Neuf mois plus tard, Man United (24 ans de moyenne d’âge) est champion d’Angleterre et remporte la FA Cup face à Liverpool…

Quant à notre devin écossais préféré, il est malheureusement resté cloué à son fauteuil BBC de Match Of The Day encore 19 ans (avec son triste compère Mark Lawrenson*), payé 40 000 £ par émission avec notre redevance alors que la BBC a licencié des milliers d’employés depuis dix ans. Alléluia, l’an dernier, la Beeb a enfin entendu la vox populi et décidé de le congédier (il arrêtera juste après la Coupe du monde 2014 ; putain, plus que trois mois à tenir).

Hansen, c’est aussi le mec qui, juste avant l’Euro 2012, avait prédit sur le site de la BBC (ici) que l’Allemagne, les Pays-Bas, le Portugal et l’Espagne atteindraient les demi-finales. Euh, plutôt duraille vu que les trois premiers cités étaient dans la même poule à deux qualifiés…

Evidemment, la phrase est devenue cultissime (Fergie s’en servira souvent pour motiver ses jeunes troupes) et a été décliné sous toutes les formes possibles et imaginables (t-shirts, merchandising, titres d’émissions de foot et fanzine, etc.).

[*Lawrenson, dit Lawro, également une ex Liverpool legend qui fait comater le peuple (éjecté du sofa de MOTD l’an dernier lui – remplacé par Alan Shearer), est aussi un fin voyant. Au début de la saison 2009-10, alors que Norwich City avait raté son début de championnat de D3, dont une raclée 7-1 à domicile contre le petit Colchester (d’ailleurs managé par… Paul Lambert, lequel désertera pour Norwich juste après ce match !), l’assommant Lawro avait eu cette illumination céleste : « Je crains pour les Canaries, je les vois descendre en D4. » Loin de dégringoler je ne sais où, Norwich aligna deux montées d’affilée pour atteindre la Premier League en 2011…].

# 2. « Mais pourquoi tu veux recruter Zidane alors qu’on a Tim Sherwood ? »

Feu le propriétaire de Blackburn, Jack Walker, à Kenny Dalglish, manager du club (été 1995). Certes, pas une prédiction pur jus mais une telle réplique aux faux airs prophétiques se devait de figurer ici.

En 1990, le magnat de l’acier et exilé fiscal Jack Walker vend sa boîte Walkersteel à British Steel pour 360m £ et rachète Blackburn Rovers, D2, son club de coeur (qu’il dirigera de Jersey), où il injecte quelques grosses pépettes.

La progression est fulgurante : montée en 1992, 2è en 1994 et titre un an plus tard, grâce notamment à son duo offensif de feu Shearer And Sutton (surnommé SAS) et Tim Sherwood, capitaine (citons aussi Colin Hendry, David Batty et Graeme Le Saux). Au printemps 1995, le Bordelais Richard Witschge, en prêt express à Blackburn, parle de Zidane à Dalglish et l’Ecossais flashe sur le duo Zizou-Dugarry. Las, quand il en cause à son boss il se prend un rateau des familles, avec, en bonus, la phrase immortelle. Zidane coûte pourtant moins que ce que Rovers a déboursé pour Sherwood en 1992 (5m £).

Pour la petite histoire, Ray Harford, l’adjoint et successeur de Dalglish en 1995-96, réessaya la saison suivante (Bordeaux atteint la finale de la C3) et faillit arracher le morceau. Les Girondins acceptèrent 5m £ pour Zidane, avant de le vendre 4m £ à la Juventus une semaine plus tard ; quant à Dugarry, il se montra trop gourmand au final (il voulait 20 000 £/semaine net, énorme salaire pour l’époque où la moyenne PL n’était que de 2 500 £/sem. et les mieux payés – Shearer, Sutton, Cantona, etc. – touchaient 10 000-15 000 £/sem. brut). Ce ne ne fut toutefois que partie remise pour voir du cador frenchie chez les Rovers, Chimbonda et Givet fouleront majestueusement la pelouse d’Ewood Park une bonne décennie plus tard.

# 3. « On ne fera jamais rien avec une équipe de James Milner. »

Graeme Souness, 20 avril 2005, déclaration au Daily Mirror.

L’ex hardman de Liverpool manage alors Newcastle United et Milner, 19 ans et acheté 3m £ à Leeds neuf mois plus tôt, a été discret avec les Mags (mais avec seulement 6 titularisations, guère étonnant que ce joueur très prometteur ne puisse s’épanouir). L’Ecossais a succédé à Bobby Robson et veut inverser la politique jeune du club – les Jenas, Bramble, etc. surnommés les « Bobby Babes » – en achetant de l’expérimenté et du vieux grognard.

Depuis, pour un loser, on peut dire que Milner (28 ans) a fait du chemin : 46 capes Espoirs, 45 capes Seniors avec les Trois Lions, champion d’Angleterre 2012 avec Man City et j’en passe. Quant à Souness, il a fini par trouver refuge sur Sky après une piètre carrière de manager (soyons quand même fair-play, le mec a failli recruter Ali Dia, il a planté le drapeau de Galatasaray sur la pelouse du Fener et il a viré Déco à Benfica pour le remplacer par Marc Pembridge. Alors rien que pour ça : Respect).

La citation de Souness ci-dessus est un résumé de l’originale, un peu longue pour mettre en exergue mais que voici :

« Même si j’adorerais manager ce club pour longtemps, je ne me vois pas faire de vieux os si je commence à bâtir une équipe de James Milner. Sans vouloir être critique à son égard, on ne construit pas une équipe avec des jeunes de 18 ou 19 ans. Ce ne sont pas eux qui vont me faire garder mon boulot. »

# 4. « Kevin Phillips aura du mal à marquer six buts cette saison. »

Rodney Marsh, consultant Sky, août 1999.

Eté 1999, Sunderland monte en Premier League, avec Kevin Phillips comme avant-centre vedette. L’ex Hornet (Watford), 26 ans, vient de marquer 14 buts en 34 matchs de championnat. Un rendement plus qu’honnête pour ce « joueur de Football League » (D2 à D4) qui affiche de belles qualités techniques et a même été capé par les Trois Lions en avril 1999. Mais au diable l’analyse prudente et étayée, pour Rodney Marsh, ex bellâtre bambocheur du foot anglais des années 60 & 70 (principalement QPR et Man City), Phillips est à l’évidence très limité et peinera à suivre le rythme.

Ce qui est priceless mec, ce      30 pions et Soulier d’or européen. Pas dégueu pour un loser
sont surtout tes pronostics

Plus la saison s’écoule, plus le pro-fête Marsh va manger son bob Ricard, coutures incluses. Sunderland sort une putain de saison et finit 6è ex-aequo, grâce surtout au duo Kevin Phillips-Niall Quinn, 44 buts PL à eux deux (l’Irlandais Quinn dans le rôle du remiseur, Phillips dans celui du finisseur). Super Kev a explosé les compteurs : 30 buts PL ! Pas mal pour un novice de l’élite révélé sur le tard et qui jouait encore en D7 à 21 ans. Consécration suprême, on lui remet le Soulier d’or européen (seul Anglais à l’avoir jamais reçu) et il continue à être sélectionné en équipe nationale (8 capes au total).

Aujourd’hui, l’increvable Phillips (41 ans en juillet prochain) claque toujours, à Leicester City, promu en PL.

Quant à Marsh, il n’est plus consultant depuis belle lurette après son limogeage de Sky en 2005 pour cette blague (?) bizarre censée amuser : «  David Beckham a rejeté une offre de Newcastle après les problèmes causés par la Toon Army en Thaïlande. » (crétin jeu de mot hyper approximatif entre Tsunami et Toon Army, l’un des surnoms de NUFC). Quand il trouve un média encore prêt à le faire taffer (rare), il sévit dans des émissions du style Celebrity Come Dine with me (« Un dîner presque parfait » pour has-beens fauchés) où il balance ses vannes grasses et sexistes admirablement conservées dans le formol des Sixties (les femmes à la cuisine et tout le tremblement).

# 5. « Si Dwight Yorke est un footballeur de D1, alors moi je m’appelle Mao Tse-toung. »

Tommy Docherty, 1990.

L’Ecossais, personnage haut en couleur du football britannique – ex manager de l’Ecosse, Chelsea et Man United – est consultant télé quand il sort cette perle (TK évoquait quelques fameux déboires du Doc dans cet article).
Pour nos lecteurs/trices les plus jeunes ou les plus incultes, le Trinitéen Dwight Yorke disputa son premier match de D1 en mars 1990 avec Aston Villa, et son dernier avec Sunderland dix-neuf ans plus tard. Entre-temps, il accomplit une formidable carrière anglaise. En point d’orgue, ses quatre saisons à Man United (acheté 13m £) où il forma un duo légendaire avec Andy Cole (67 buts en 65 matchs PL ensemble).

Bilan du raté qui devait végéter aux étages inférieurs : 19 saisons en D1, 3 titres de Champion d’Angleterre, 1 Ligue des champions + une chiée de coupes et récompenses individuelles (Premier League Player of the Season 1998-99, Golden Boot Premier League 1999, Champions League Top Goalscorer 1999, etc.).

Le Doc ne s’est jamais fait rebaptiser Mao mais a paraît-il longuement médité ce mot de Confucius : « Nul n’est prophète en son empire, surtout le Nul. » Z’étaient super philosophes ces Orientaux quand même, Joey Barton en raffole.

# 6. « Je ne vois vraiment pas David Silva réussir en Angleterre. Il n’a pas du tout le jeu et le profil pour faire grand chose dans le foot anglais. »

Jeu concours avec cadeau sympa à la clé : quel grand mage français (journaliste connu) a fait cette comique prophétie ?

Répondez dans les commentaires svp. On se revoit dans trois jours.

Kevin Quigagne.

(Quand on a le temps, on est sur Facebook et sur Twitter).