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Manchester City. Hier, club prolétaire de troisième division ; aujourd’hui, silo à Galactiques en herbe. En cette semaine de derby mancunien, nous avons souhaité revenir sur la métamorphose City depuis juillet 2007, ainsi que sur le premier tiers de saison de City, ce club plus comme les autres (la deuxième partie est ici).

Troisième et avant-dernière partie : de juillet 2010 au 30 septembre 2010.

C'est fini la lose, Man City a décidé de vaincre

C'est fini la lose, Man City a décidé de vaincre

Juillet 2010. Manchester City prête le rebelle Craig Bellamy aux Bluebirds de Cardiff. Mancini ne supportait plus la grande gueule de l’équipe. Sur ses 85 000 £ de salaire hebdomadaire, Man City en prend 50 000 à sa charge.

Craig Bellamy dit au revoir à City

Craig Bellamy dit au revoir à City

Fin juillet 2010. Afin de pacifier Carlos Tévez, qui n’a ni apprécié son année sous Mancini, ni le départ de son grand ami Bellamy, Mancini lui confie le brassard de capitaine (jusqu’ici confié à Kolo Touré). L’Argentin devient de facto le nouveau patron du vestiaire. Mancini espère-t-il, avec Tevez, refaire le coup Maradona à Naples ?

Début août 2010. Grosse campagne de publicité sur Manchester, avec un beau slogan optimiste qui s’affiche en bleu ciel au cul des bus : This is gonna be our season. Ce que Sheikh Mansour avait appelé « The Project » peut enfin commencer. Cette fois, c’est du sérieux.

Sheikh Mansour, le « Project » est en marche

Sheikh Mansour, le « Project » est en marche

Par ailleurs, Man City, bien décidé à innover sur tous les fronts, lance un centre de formation en ligne, pompeusement appelé online football skills academy, avec clips de démonstration et tout le nécessaire pour devenir pro à distance. Au vu de la végétation (palmiers), rien n’a été filmé sur Manchester… Entre autres bonus, le site internet propose trois sections : la technique, un spécifique gardiens, et l’aspect physique. De jong s’est proposé pour illustrer cette dernière, mais on a pris un stagiaire à la place, pour ne pas effrayer les enfants. Tévez, en revanche, est omniprésent.

12 août 2010. Par la voix de son administrateur et grand orchestrateur général, Brian Marwood, un ancien de Nike, Manchester City révèle le nouveau nom de son équipe réserve. Surprenant.

« Notre équipe réserve ne s’appelle plus Reserves. Ça sonnait trop insipide. Elle porte désormais le nom de Elite development squad ».

Que l’on raccourci volontiers en Elite Squad. Cette équipe au nom de commando S.A.S joue devant 200 spectateurs (contre souvent 1 500 pour les réserves des rivaux, Liverpool et Manchester United). Elite Squad… Le nom choisi fait bien rire outre-Manche.

13 août 2010. De l’autre côté de Manchester, Wayne Rooney, qui tient absolument à rester Top dog sur Manchester, a suivi avec grand intérêt le remue-ménage Citizen. Tout ce battage autour des salaires City tombe à merveille car justement, le Roo vient de débuter la renégociation de son contrat, qui se termine le 30 juin 2012 (Wayne est prévoyant). Constatant qu’une bonne moitié de l’équipe de City, dont une ribambelle d’inconnus (de Rooney), touche plus que lui, le natif de Liverpool se juge « under-appreciated », les dernières propositions du club étant insultantes à ses yeux (un minable 130 000 £ / semaine, soit à peine mieux que le smic City).

Vexé, il ordonne à Paul Stretford, son agent, de rejeter l’offre du club (on connaît la suite, à force de bouderies et chantages, deux mois plus tard, le Roo obtiendra encore mieux que Yaya Touré, 250 000 £).

Un mot sur ce Paul Stretford, l’homme « qui a créé la Rooney Brand », agent de joueur et personnage sulfureux du football anglais, très lié à la hiérarchie City (surtout à Brian Marwood). Stretford est surnommé « Monsieur 40 % » (sa commission sur certains deals, dit-on) et nage depuis plus de deux décennies dans les eaux souvent troubles des contrats et commissions de joueurs. Ancien vendeur d’aspirateurs, Stretford fonde Proactive Sports Management en 1987. Son premier client est Frank Stapleton (qu’il fait passer du Havre à Blackburn Rovers en 1989, puis il se brouillera avec l’Irlandais).

Dès 2002, Stretford prend Rooney sous son aile (Rooney gagne alors 75 £ par semaine en tant que stagiaire à Everton). Les années 2000 seront aussi lucratives qu’agitées pour Stretford. Elles seront notamment marquées par de fortes amendes, une interdiction d’exercer de dix-huit mois en 2008, ainsi qu’une affaire (très médiatisée) d’agression et menaces mettant en cause un rival, Peter McIntosh (qui l’accusait de lui avoir « piqué Rooney »). Affaire qui donna lieu en 2004 à un procès resté célèbre, avec pour cadre le Crown Court de Warrington, mêlant agents de joueurs, promoteurs de boxe véreux et gangsters (dont les Adams, notoires malfrats londoniens – non, rien à voir avec Tony !). Ces derniers avaient tenté, sous la menace d’une arme, de faire signer à Stretford un renoncement à ses droits sur Rooney. Voir article de The Independent.

Non, le bleu clair ne lui va pas

Non, le bleu clair ne lui va pas

14 août. Pour marquer la première journée de PL, le Daily Mirror publie un Spécial Mancini dans son supplément Foot. Man City se rend… à Tottenham, ceux-là même qui les avait privés de Ligue des Champions cent jours auparavant. Mancini déclare :

 « Récolter 72 ou 73 points ne m’intéresse pas. Notre objectif, c’est le titre. Cette année, c’est la bonne ».

L’Italien confirme également le départ de Craig Bellamy. Le Gallois est sur le point d’être prêté à Cardiff City, une grosse écurie de D2 qui nourrit l’ambition de monter. Par ailleurs, Bellamy, rapporte dans une interview parallèle qu’il n’a pas communiqué avec Mancini… depuis six mois !

Tandis que Shay Given déclare dans Four Four Two :

« Les gens sont jaloux de City. Avant, personne ne s’intéressait à nous, maintenant notre salle de conférence de presse est trop petite, et on a même des journalistes cachés dans les arbres, avec des téléobjectifs ! On veut un titre. Finir 4ème serait décevant ».

Les bookmakers sont de son avis, la plupart offrant Man City champion à 5 contre 1.

Mi août 2010. Le énième arrivage de vedettes est sorti du four et présenté à la presse. Yaya Touré (26M), James Milner (26M, moins S. Ireland, en partance pour Aston Villa), Mario Balotelli (24M), David Silva (24M), Aleksandar Kolarov, (16M), Gareth Barry (12M) et Jérôme Boateng (10,5M). Montant de la facture de la dernière commande : près de 150M de £. Robinho est de retour du Brésil.

Les salaires des joueurs sont publiés. Ils sont encore plus effarants qu’à Chelsea. Yaya Touré touche 220 000 £ par semaine. David Silva, Carlos Tevez, Manu Adebayor, 160 000, Patrick Vieira 150 000. Le salaire hebdomadaire moyen dépasse allégrement les 100 000 £.

Le nouveau City, saison 2010-2011

Le nouveau City, saison 2010-2011

23 Août 2010. Pour la première fois depuis son rachat du club, Sheikh Mansour assiste à un match à domicile. Il est en veine, les visiteurs sont Liverpool, une proie facile. Les Citizens l’emportent 3-0.

28 août 2010. A peine arrivé en Angleterre et sa conduite à droite, Mario Balotelli se plante au volant de son Audi R8. Il sort indemne de la collision avec une BMW. Il a reçu le bolide…la veille. Les quelques témoins en ont profité pour prendre des photos et faire signer des autographes. L’un d’eux dit :

« Il était seul dans sa voiture, y’avait un max de fumée, la voiture n’arrêtait pas de tourner sur elle-même et je n’en reviens pas que personne n’ait été blessé »
Super Mario déclare « Je m’en fiche de la voiture, je ne l’ai reçue que hier soir ».
 
Côté terrain, il s’est blessé au genou contre Timişoara en Ligue Europe la semaine précédente et sera indisponible pour quelque temps (il ne fera ses grands débuts en Premier League que le 24 octobre, contre Arsenal).

1 septembre 2010. En conformité avec la nouvelle règle de la Premier League du « joueur formé localement » (Home Grown Player rule), le club doit rendre une liste de maximum 25 joueurs utilisables en championnat, avec, au maximum, 17 joueurs ne remplissant pas les critères de cette règle. Est considéré comme formé localement tout joueur, quel que soit sa nationalité ou son âge, ayant été licencié dans un club anglais ou gallois pendant au moins trois saisons, de manière continue ou non, avant ses 21 ans. La liste s’établira sans Robinho, vendu la veille au AC Milan.

La liste des 25 de Man City comporte douze noms de joueurs remplissant les critères : Joe Hart, Shay Given, Stuart Taylor, Shaleum Logan, Micah Richards, Joleon Lescott, Wayne Bridge, Adam Johnson, Gareth Barry, James Milner, Michael Johnson et Shaun Wright-Phillips.

Pour comparaison, celle d’Arsenal en comporte 7 (Walcott, Vela, Wilshere, Ramsey, Gibbs, Frimpong and co étant dans la liste annexe, joueurs utilisables de moins de 21 ans, sous contrat et stagiaires), Chelsea, qui n’a sélectionné que 19 joueurs, en compte 4 seulement, Liverpool, 8, Man United, 13, et Tottenham, 11.

L’annexe de la liste de Man City compte 44 joueurs, dont Mario Balotelli et Dedryck Boyata. En théorie, le club peut donc s’appuyer sur 69 joueurs (moins que Liverpool ou Arsenal, 75 et 76 respectivement).

Voir toutes les listes complètes ici.

3 septembre. Les médias sortent les photos de la redoutable « Hill from hell » du centre d’entraînement de Carrington. Une colline construite à la demande de Mancini. Elle ne paie certes pas de mine, mais les médias rapportent que les joueurs sont forcés de sprinter en cote à maintes reprises… en tractant des pneus de poids-lourds ! Le Daily Mail relaie la grogne parmi les joueurs. Mécontentement qui fait écho aux plaintes de Tevez, Bellamy et quelques autres, au printemps dernier.

10 septembre 2010. C’est Manchester-sur-Hollywood. Le club et les médias locaux parlent d’un « star-studded premiere » (première avec plein de vedettes) pour le lancement officiel du film de l’année, à la gloire de City, « Blue Moon rising ». Le tapis bleu est de sortie, ainsi que les stars. En fait de vedettes, on a le droit à Noel Gallagher, et l’équipe de Coronation Street, téléroman mancunien qui colle le bourdon à l’Angleterre depuis cinquante ans. Pardon, j’oubliais, il y a Keegan aussi. Ce mythe vivant du foot anglais et ex-entraîneur de Man City se serait-il déplacé ? Pas de chance, il s’agit de Michelle Keegan, de Coronation Street, une légende à part entière également, mais plutôt parmi les névrosés et neurasthéniques accros au soap. Sont aussi présents une ancienne Miss Manchester et des DJs totalement inconnus.

Le film raconte la saison 2009-2010 de City, vue par cinq supporters fanatiques, qui suivent l’équipe partout, au volant de leur Renault Espace déglinguée. Dès le générique, on nous sert la propagande spécieuse : « Manchester City a un passé glorieux ».

Propos immédiatement suivis par la phrase qui tue : « En 1976, le club a gagné la Coupe de la Ligue ».

Blue Moon Rising, sortie nationale. Dans 13 salles.

Blue Moon Rising, sortie nationale. Dans 13 salles.

On ne voit quasiment pas de football dans ce film qui entend « raconter le foot différemment », sauf quelques bouts de match, contre les équipes du Big four, évidemment. Avec en « climax » du film, subtilement, cette fameuse demi-finale de Coupe de la Ligue de janvier 2010 (et l’incident Gary Neville-Tevez), présentée comme « le plus grand match de l’histoire de City ». Ce match est raconté dans la deuxième partie. La fameuse célébration d’Adebayor contre Arsenal en septembre 2009, très controversée car elle entraîna des violences dans les tribunes, est décrite comme « absolute class », et les provocations de Tevez contre Gary Neville (taxé au passage de fourbe) élève l’Argentin au statut de « Legend ».

Adebayor, la classe absolue selon Blue Moon Rising

Adebayor, la classe absolue selon Blue Moon Rising

La jeune enfant de l’un des cinq supporters du film semble déjà avoir subi un lavage de cerveau, de couleur bleue. La fillette n’a que quatre ans mais a d’ores et déjà décrété que le rouge est une couleur « dégoûtante ». Du coup, elle balance tous ses objets rouges à la poubelle, des barrettes de cheveux aux crayons de couleur. L’un des supporters déclare voter Conservateur, « à cause du bleu » [couleur du parti de David Cameron]. Un autre, Steve, se vante d’avoir couru nu comme un ver dans les rues de Dusseldorf.

Plus la machine relations publiques du film cherche à glamouriser « l’évènement », plus cela attire l’attention de tous sur ce non événement. Il faut dire que la fine équipe de publicité accumule les boulettes. Stuart Brennan, journaliste local, déclare que le film devrait plaire « à tout le monde, même aux supporters de Man United »

Le directeur commercial du film, David Pullan, va jusqu’à déclarer :

«Le film Blue Moon Rising confirme que l’histoire de Man City est la plus fascinante du monde du football».

On met en exergue les nombreuses interviews « exclusives » du film, dont celles de Roberto Mancini, du président Khaldoon al Mubarak, et du chief exec du club, Garry Cook, sorte de Musclor du foot anglais, qui nous gratifie de ses observations mesurées, telle que celle-ci :

« Quand je suis arrivé [en mai 2008], les infrastructures étaient pires que celles de l’école de ma fille. On aurait dit un vrai club corpo ici ».

Le message en filigrane du film est clair : City est un club prestigieux au passé glorieux, presque une institution, proche de sa base et en parfaite osmose avec ses supporters, un club moralement supérieur destiné à un destin stratosphérique.

Sur le principal site des supporters, bluemoon-mcfc, un supporter inquiet poste :

« Avec ce film, ne va-t-on pas devenir la risée des autres supporters qui vont bien se foutre de notre poire, quotidiennement ? Je ne vois pas l’intérêt d’un film sur cette saison ratée, c’est d’un embarrassant ! Vu que pour l’instant on a rien gagné, sauf un effectif à peu près correct, mais qui doit encore faire ses preuves »

Un autre, tout aussi lucide, lui répond :

« Rien d’embarrassant, c’est un documentaire sur les supporters de City. Il y a un truc similaire sur youtube, du temps où on était nul à chier »

17 septembre 2010. Après la première du film, passée quasiment inaperçue, le film sort officiellement, cette fois « dans toute l’Angleterre ». Sortie nationale donc… dans 13 salles ! Trois sur Manchester, deux à Londres, une à Wigan, à Swindon, Warrington, Rochdale… sans oublier l’Odeon de Blackpool. Que du glamour hollywoodien donc.

Four Four Two (numéro 194) se moque gentiment, en publiant des extraits d’une interview avec Stewart Sugg, le réalisateur. Titre de l’entretien, en énormes caractères : « J’ai mangé des toasts et un yaourt avec Carlos Tevez ».

Blue Moon Rising, sur un plateau

Blue Moon Rising, sur un plateau

Le réalisateur, Stewart Sugg, nous promet une foultitude de « révélations » glanées dans les coulisses du club. En guise d’exemple, il confie, en exclusivité, qu’il a communiqué librement avec l’Argentin (par le biais d’un interprète), en prenant son petit déjeuner avec lui, dans sa gigantesque « maison écolo ». Sugg nous parle aussi de Craig Bellamy, « un gars fascinant, très intelligent, mais incompris » ; et promet de nous révéler les « vraies raisons » de la venue d’Adebayor à City. Et ajoute que Noel Gallagher, est super marrant, décontracté, et les a conseillés pour la bande-son.

En outre, Sugg dit s’être principalement inspiré de deux films, « Any Given Sunday » et « Raging Bull ». Ça ne serait pas Raging Bullshit, plutôt ?

21 septembre 2010. Il se murmure que certains joueurs de City, tels Micah Richards ou Adam Johnson, passeraient beaucoup de temps en ville à jouer les pipoles et se seraient dispersés ces derniers temps.

Les deux joueurs ont notamment participé à des soirées caritatives avec enchères et ont acheté le droit de… passer une soirée avec Katie Price (appelée aussi Jordan), une célébrité anglaise, plus siliconée que la Valley du même nom, et « famous for being famous ». Price est polyvalente ; selon son wiki, elle est mannequin glamour topless, présentatrice, femme d’affaires, personnalité médias et TV, philanthrope, auteure et chanteuse.

Adam Johnson, Micah Richards et Katie Price

Adam Johnson, Micah Richards et Katie Price

Tout excité par ce rendez-vous galant, Adam Johnson, gamin formé à Middlesbrough (coin morose où la jeunesse grandit à l’ombre des citernes géantes des complexes pétrochimiques), part illico s’acheter une montre Frank Muller incrustée de diamants, d’une valeur de 20 000 £. Dans la foulée, Adam Johnson se fait plaquer par sa petite amie, Sophie Reade, une ancienne gagnante du dernier Loft anglais, une wagabee spécialisée dans la capture de pipoles en herbe (dont George Lineker, fils de). Sophie se dit « fashion and glamour model ». En clair, elle s’est fait mettre des implants partout et elle pose à poil dans les magazines anglais pour lads.

22 septembre. Sentant que la moitié de son équipe part en vrille rolexo-showbiz, Mancini pousse un gros coup de gueule. Dans le Daily Telegraph, il peste contre ses stars chouinantes et peu motivées :

« Les joueurs doivent arrêter de se plaindre et, au contraire, se concentrer sur les matchs. Il y a trop de joueurs ici qui, au lieu d’avoir en tête la date du prochain match, ne pensent qu’à leur prochain jour de congé ».

Joe Hart, Micah Richards, Adam Johnson et Emmanuel Adebayor sont particulièrement visés (Mancini serait brouillé avec le Togolais). Les deux derniers sont est mis à l’écart, temporairement.

Roque Santa Cruz, Shaun Wright-Phillips et Shay Given, mécontents, ronchonnent dans leur coin et parlent de départ. L’Irlandais déclare : « Ça me démoralise de devoir être la doublure de Joe Hart ». Sentant son horizon City réduit à la Coupe de la Ligue, l’Irlandais avance ses pions pour retourner à Newcastle (mais les Magpies font immédiatement savoir qu’ils ne veulent pas du vétéran).

24 septembre. A la veille du choc Manchester City-Chelsea, pétro-dollars contre gaziers, le Daily Telegraph publie un dossier spécial sur les deux « moneybags » du foot anglais. Grosse controverse sur la préparation physique, une de plus.

Mancini est accusé par le préparateur physique Raymond Verheijen (ex fitness coach de City sous l’Italien et préparateur de la Corée du Sud à la dernière coupe du monde), de contribuer à la cascade de blessures dont City est victime (12 joueurs sont à l’infirmerie – soit 120M de £ en marchandises indisponibles, calcule la presse).

Verheijen, dans FC Business magazine :

« A l’arrivée de Mancini, les choses ont changé du jour au lendemain. Il a d’abord fait organiser des doubles séances quotidiennes d’entraînement plusieurs fois par semaine. Et ce qui devait arriver arriva, pas mal de joueurs se sont retrouvés blessés. Rien que sur les deux premières semaines, on a compté huit blessures ! (musculaires). Dans la deuxième partie de saison, le bilan blessures de City fut catastrophique, ce qui a coûté au club un argent fou. Alors qu’à l’intersaison 2009-2010, avec Mark Hughes [l’ex manager], tout l’effectif était opérationnel, et on disposait de l’équipe la plus affutée physiquement, et cela dans le meilleur championnat du monde »

25 septembre. Man City accueille Chelsea, Mancini déclenche les hostilités polies à coup de « mind games » (intox) et déclare à l’envi que Chelsea gagnera le titre facilement. Man City bat les Blues 1-0, grâce à un but rageur de Tévez, que Chelsea avait rejeté quand El Apache quitta Man United. Valeur du XI de départ de City : 167 millions de £.

Dans une interview au Daily Telegraph, Tévez déclare tout son « respect » pour Mancini, et ajoute que l’Italien l’a fait mûrir en lui confiant le brassard de capitaine.

« Roberto et moi, on a discuté à l’intersaison. On s’est parlé franchement, ouvertement et on a réglé nos différends. Tout va bien entre nous maintenant. Cela m’a surpris qu’il me confie le brassard car le problème, c’est mon faible niveau d’anglais qui complique la communication avec les joueurs. Mais cette responsabilité m’honore et me permet d’évoluer. Avant, il m’arrivait d’avoir des passages à vide pendant un match. Maintenant, je dois rester concentré à 100 % »

Ti amo Carlos. Te quiero too, Roberto

Ti amo Carlos. Te quiero too, Roberto

On nage en plein « Feux de l’amour ». Mais Carlos a toujours le blues. Il faut dire qu’il en pinçait pour le ténébreux Mark Hughes, et avait mal vécu l’irruption du volage Roberto dans leur idylle. L’Argentin dit avoir aussi longuement regretté le départ de son grand copain Bellamy à Cardiff :

« J’ai été très triste de le voir partir, on s’entendait super bien, sur le terrain comme dans la vie. Il me manque ».

L’article rappelle les propos amusants de l’Argentin sur Ferguson, tenus peu après son départ de Man United :

« Ça ne sert à rien d’essayer de discuter avec lui [Ferguson]. Ce n’est pas quelqu’un avec qui on peut discuter. Il est… il est… il est comme le Président de l’Angleterre ».

Alex Ferguson, le vrai Président anglais

Alex Ferguson, le vrai Président anglais

30 septembre. Manchester City annonce une perte de 121M de £ pour la saison 2009-2010, le deuxième montant le plus élevé jamais enregistré en Premier League (seul Chelsea 2004-05 avait fait « mieux », 141M de pertes). Le club a dépensé plus en salaires (133M) que le montant total de ses revenus (125M, dont 48 de revenus télévisuels, versés par Sky). La masse salariale a explosé, plus 43 % par rapport à la saison précédente. Le fameux ratio salaires/chiffre d’affaires culmine à 107 %. Platini n’en dort plus. Le Jovicien, lui, recommande un maximum de 70 %.

Platini, 70 % maximum

Platini, 70 % maximum

Les comptables du club sortent leur gris-gris pour mystifier la loi UEFA du Financial fair-play (mise en application à partir de 2012-2013). Le site footballeconomy.com et la presse anglaise presse rapportent que le club prend les devants, et travaille à convertir les dettes du club en « equity » (capitaux propres, équité), et ainsi habilement contourner les lois UEFA à venir, qui s’appliqueront bientôt aux clubs évoluant dans les compétitions européennes.

En janvier 2010, Sheikh Mansour avait transformé 305M de dettes en equity (actions – apport personnel nécessaire pour l’achat du club plus le financement des nombreux transferts). Ce tour de passe-passe effaçait du même coup toutes les dettes du club. Chelsea avait réalisé la même opération le mois d’avant, sur 340M. Techniquement, ces deux clubs n’ont donc plus de dettes.

Kevin Quigagne

Lundi 15, quatrième et dernier épisode : un mois d’octobre très agité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manchester City. Hier, club prolétaire de troisième division ; aujourd’hui, silo à Galactiques en herbe. (la première partie est ici)

De l’intersaison 2008 à la fin de la saison 2009-2010.

20 mai 2008. L’ex joueur de City Joey Barton est envoyé en prison pour 6 mois (il fera 74 jours), pour une agression violente filmée ici sur vidéo-surveillance commise le 27 décembre 2007 sur un adolescent, devant un Mac Do de Liverpool où lui et sa bande s’étaient rendus à 5 heures du matin après avoir bu toute la nuit (10 pintes pour Barton).

En août 2008, il écopera de 4 mois de prison avec sursis pour l’agression sur Ousmane Dabo du premier mai 2007. Le parquet dira que cette agression est le résultat d’une « combinaison explosive de football et de violence« .

2 juin 2008. Eriksson est limogé. Pour la première fois depuis des lustres, le public anglais éprouve un chouia de compassion pour Eriksson (l’ex sélectionneur des Trois Lions, de 2001 à 2006). Shinawatra et son intransigeance aveugle ont réussi à faire du Suédois un martyr, au moins chez les supporters Blues, car son passage à City est considéré par beaucoup comme un succès, surtout la première partie de saison (et les dix victoires à domicile d’affilée, sans oublier le « doublé » sur Man United). Noel Gallagher prend la défense du Ice King scandinave :

« Son limogeage est scandaleux. Il a transformé le club et nous a donné un peu de style, de dignité, de classe, et une certaine grâce aussi. Il a également restauré la fierté des supporters dans ce club »

Eriksson abandonne ces querelles de clocher aux Anglais et, tel un Red Adair jet-set, part répandre sa bonne parole au Mexique, qui a besoin de lui pour éteindre le feu.

Mark Hughes (dit « Sparky ») arrive, de Blackburn Rovers. L’ex buteur des Red Devils et du Barca, a été préféré à Zico et Scolari.

Août 2008. Acculé financièrement (biens gelés), Shinawatra se voit dans l’obligation de vendre le club. Il est en négociation avec trois investisseurs du Moyen-Orient.

Fin août 2008. L’effectif s’est étoffé. Parmi les nouveaux arrivés : (16M), Shaun Wright-Phillips (8,5M), Pablo Zabaleta (6,5M), Vincent Kompany (6M) et Tal Ben-Haim (5M). Sans oublier « l’international » brésilien Gláuber Leandro Honorato Berti, appelé Gláuber (ou pas appelé du tout – il ne jouera qu’un seul match pour City, lors de la dernière journée, le 24 mai 2009, rentrant à la 84ème minute… Il fera ensuite un essai à Hull, mais même l’ex club de Bernard Mendy n’en voudra pas).

1 septembre 2008. L’une des journées les plus extraordinaires de l’histoire du club. Le conglomérat Abu Dhabi United Group for Development and Investment (AGUP) achète le club au Thaïlandais, pour 210M de £. Shinawatra réalise ainsi une plus-value de 130M de £.

Sheikh Mansour

Sheikh Mansour

Le nouveau Big boss est son Altesse Sheikh Mansour bin Zayed bin Sultan Al Nahyan, un richissime Emirien de 39 ans qui se dit passionné de football « depuis toujours » et décidé à faire de Man City « un grand d’Europe« .

Un petit jeune qui aurait aussi accès direct et prioritaire à la Maison Blanche. Sa fortune personnelle est estimée à 22 milliards de £. Cependant, au cas où il aurait besoin d’une rallonge pour les primes, il peut plonger la main dans le bas de laine familial : le clan Al Nahyan pèse 560 milliards de £. Mansour bin Zayed Al Nahyan est né en 1970. Ça tombe bien, c’est l’année où Man City retomba dans sa torpeur après un très bref passage sous les sunlights.

Le même jour, le club annonce l’arrivée de Robinho (du Real Madrid), pour 33M de £, record anglais (il devient ainsi le joueur le mieux payé de Premier League : 160 000 £ / semaine). On s’étonne. Est-ce le même Robinho qui avait annoncé la veille qu’il était super excited de jouer… pour Chelsea ? Peu regardant sur la nature de l’écusson, il déclare : « City est un grand club et la présence de et Elano a beaucoup compté dans ma décision de venir ici. »

En fait, ce fut une journée aussi folle que confuse. Le matin, les médias rapportaient en effet qu’à 11 h 00, Chelsea floquait des maillots Robinho. A midi, on annonçait que City venait d’être repris par Abu Dhabi United Group. A 18 h 45, on apprenait que City voulait recruter Robinho, qui pourtant avait quasiment signé pour Chelsea quelques heures plus tôt. A minuit cinq, on recevait la confirmation officielle du transfert de Robinho à City. Le Brésilien fait un départ canon (9 buts en 14 matchs) puis disparaîtra aussi inexplicablement qu’il était arrivé.

20 décembre 2008. City est reléguable.

Janvier 2009. Janvier et son Mercato d’hiver. Les noms qui circulent font encore plus fantasmer qu’un an auparavant : Buffon (Juventus), Podolski et Ribéry (Bayern Munich), Kaká (Milan), K. Touré (Arsenal), A. Cole et Bridge (Chelsea), Aguero (Atletico Madrid), Alves (Barcelona), A. Diarra ( Bordeaux), L. Diarra (Portsmouth) et David Villa (Valencia). Et Turner (Hull). Sans oublier Michael Owen (Newcastle) évidemment, qui est au mercato d’hiver entre clubs riches ce que le fauteuil électrique est au salon : l’utilité de ce coûteux gadget ne saute pas aux yeux, mais vaut mieux l’activer de temps en temps, sans ça il se coince.

Finalement, pas de Michael ou David (Villa), mais Nigel de Jong (18M), Craig Bellamy (14M), Wayne Bridge (10M), et Shay Given (6M).

Kaká reste finalement au AC Milan (sous la pression des supporters milanais, et aussi car Berlusconi craint pour son image). Le Brésilien avait été annoncé dans un tourbillon médiatique sans précédent lors d’un mercato d’hiver (les chiffres les plus fous circulaient, 100M de livres en frais de transfert et un salaire de 500 000 £ par semaine). Deux semaines plus tard, est prêté à Everton, sans aucune agitation médiatique.

Mai 2009. Man City finit 10ème de PL, coincé entre West Ham et Wigan au terme d’une saison décevante. La saison 2008-2009 en images.

Été 2009. Grosse vague de départ, définitifs ou en prêt : Dunne, Fernandes, Mills, Hamann, Garrido, Bojinov, Elano, Ball, Ben-Haim, Vassell, K. Schmeichel, Glauber, Hart. Une chose est sûre : l’équipe 2009-2010 ne ressemblera pas du tout à celle de la saison écoulée.

Fin août 2009. La nouvelle fournée de stars est dûment livrée. Carlos Tévez (25M), Emmanuel Adebayor (25M), Joleon Lescott (22M), Roque Santa Cruz (17,5 M), Kolo Touré (16M) et Gareth Barry (12M). Facture totale des transferts de l’été : 130M de livres. On annonce aussi Samuel Eto’o, pour 30M de livres, qui toucherait 200 000 £ / semaine.

Septembre 2009. La mayonnaise semble prendre, l’équipe flirte avec les premières places, même si le jeu proposé ne convainc pas tout le monde.

12 septembre 2009. Man City–Arsenal (4-2). Adebayor marque le troisième but de City à la 80ème minute, au terme d’une seconde mi-temps houleuse. L’ex Gunner, passé d’Arsenal à City dans des circonstances controversées, sprinte sur 80 mètres vers la tribune Gunner, glisse sur la pelouse en célébration et gesticule vers les 3 000 supporters londoniens. Des centaines d’entre eux déferlent alors vers le bas de la tribune, provoquant des échauffourées avec les stadiers. L’un d’entre eux s’écroule, touché par un projectile. Le calme revient difficilement. Peu avant, durant ce match musclé, Adebayor avait essuyé ses crampons sur le visage de Van Persie.

19 décembre 2009. Coup de théâtre. Mark Hughes est limogé. Le Gallois, très apprécié des joueurs et du personnel, ne semble pas assez prestigieux pour le Sheikh Mansour qui veut un « nom ». Exit donc Hughes, qui, malgré la 6ème place actuelle de l’équipe, ne peut pas faire valoir un bilan en béton. Surtout sur les dernières semaines. Les résultats, depuis fin septembre, sont jugés insuffisants : 2 victoires sur les 9 derniers matchs, et beaucoup de nuls (8 sur les 11 derniers matchs). Les reproches officiels se focalisent sur le manque de solidité tactique affiché, et une défense poreuse. Hughes met en avant la situation difficile de son arrière-garde, Joleon Lescott est blessé et Wayne Bridge n’est pas dans son assiette (il semble avoir des préoccupations extrasportives – qui éclateront au grand jour au moment du Terrygate quelques semaines plus tard).

Décembre 2009. Roberto Mancini est nommé entraîneur. Il est le 18ème manager de City en 23 ans. La période correspondant au règne de Fergie à Man United. Mancini : un nom qui en jette. L’Italien vient de remporter trois titres de Série A avec l’Inter (2006, 2007, 2008). Il est épaulé par Brian Kidd et David Platt, son ancien coéquipier du temps de la Sampdoria.

Début janvier 2010. Fortement désireux de mondialiser l’embryonnaire « City Brand« , surtout dans les pays du Moyen-Orient et du Golfe Persique, le club ouvre un compte Twitter en langue arabe. Peu après le rachat du club, Man City avait créé un site en arabe. A l’instar de leurs deux illustres rivaux, Man United et Liverpool, Man City veut conquérir la planète. Liverpool avait lancé deux sites en chinois, l’un basé à Hong-Kong, l’autre en Chine (laissés un peu à l’abandon depuis). Man United avait été le précurseur en ce domaine, les Red Devils ayant lancé un site en chinois en 2002, avant d’ajouter le japonais, le coréen, et l’arabe à leur écurie, dans le but principal de conquérir les marchés d’Asie du sud-est (il faut bien éponger les dettes). Ailleurs en Angleterre, Chelsea a lancé des versions de son site en russe et en italien.

Côté petits nouveaux, le 8 janvier, Patrick Vieira arrive (de l’Inter), histoire de compléter ses trimestres de retraite (150 000 £ / semaine). Arrivée également (le premier février) de l’international Espoir anglais, Adam Johnson, de Middlesbrough (pour 7M) où Gordon Strachan, nouvellement installé, prend bien soin de vider l’équipe de tous ses meilleurs éléments.

15 Janvier 2010. Grosse embrouille entre Carlos Tevez et Gary Neville avant un match important, Man City-Man United, match aller de la demi-finale de la Coupe de la Ligue.

Tout commence quelques jours avant. Le déclencheur de la brouille est un article paru dans ce grand quotidien international qu’est le Times… of Malta, où, bizarrement, Gary Neville écrit un éditorial (en échange de vacances tout frais payés à Gozo ?). Dans ce papier, Neville déclare que Tevez est surcoté et sous-entend qu’il a quitté Man United car il était devenu trop gourmand (et non pas parce qu’il ne jouait pas assez, la raison la plus communément avancée). Selon Neville, par ailleurs représentant des joueurs professionnels anglais (!), Tevez « ne valait pas 25 millions » [ce qu’aurait coûté un nouveau contrat au club]. Les piques gratuites de l’écolo Neville (voir sa nouvelle maison souterraine Teletubby qui chagrine les voisins) font enrager Tevez. Ce dernier déclare à la radio argentine :

« On était à l’hôtel, au déjeuner, j’étais le premier à la réception, tous les journaux étaient étalés, j’en ai remarqué un en particulier, car il y avait des photos de Gary Neville et ça parlait de moi. Je l’ai lu, enfin, non, pas lu, évidemment car je ne lis pas l’anglais, mais j’ai demandé à des coéquipiers de me traduire. Mes partenaires m’ont demandé ce que j’en pensais. Je leur ai dit que je voyais pas ce que ce tarado [retardé/abruti] avait à l’ouvrir sur moi et me manquer de respect comme ça, à moi, un compañero [collègue] »

La question qui vient immédiatement à l’esprit de tous : mais que diable faisait le Times of Malta dans un hôtel de Salford ?! Gary Neville oblige-t-il les hôteliers mancuniens à stocker ce canard des îles ?

19 Janvier 2010. C’est donc sur fond de polémique que se dispute ce Man City-Man United. Tension certes habituelle avant tout derby mancunien (fléchettes, balles de golf et autres confisquées avant le match aller). Des tensions que ne cherchent guère à calmer le chief exec de Man City, Gary Cook, loin de là. Depuis le Mad Hatters Bar de New-York, Cook déclare à Sky :

« Les gens n’aiment pas entendre ça, mais je le dis quand même : ce club [Man City] va devenir le plus grand et le meilleur au monde. Nous allons commencer par éliminer Man United de la coupe, et la gagner à Wembley »

Man City gagne ce match 2-1, avec deux buts de Tevez. Après le premier but, Tevez se précipite vers la ligne de touche, où s’échauffe Gary Neville, quelques paroles douces sont échangées, Tevez se tourne vers le dugout de Man United et se permet quelques provocations, fait signe à Gary Neville de la fermer, avec insistance. Neville lui répond par un doigt d’honneur (et, semble-t-il, des crachats vers le banc de Man City).

Le duel Neville – Tevez sur la ligne de touche

Le duel Neville – Tevez sur la ligne de touche

Après le match, Tevez se défoule sur ESPN Argentine :

« Gary Neville est un abruti, un crétin de lécheur de bottes, un fayot qui ne pense qu’à faire plaisir à son manager. Il a dit ça juste pour faire plaisir à Sir Alex Ferguson, que je respecte, je n’ai rien contre lui. Mais je ne sais pas ce qui lui a pris à ce retardé de parler de moi comme ça, de me manquer autant de respect, je ne lui ai jamais rien fait, ni rien dit sur lui, je l’ai toujours respecté. Cette victoire est une revanche pour moi« 

Les journaux en font bien entendu leur cabbage gras.

28 janvier 2010. Tevez, qui rêvait de Wembley, devra attendre. Le match retour tant attendu est remporté par Man United, 3-1 (United qui remportera la Coupe de la Ligue un mois plus tard). Un superbe match, des buts et émotions fortes, conclu en beauté par les célébrations acrobatiques de Rooney.

Un City qui, en fin de match a fait rentrer un Adebayor tout juste remis de sa CAN togolaise avortée par la fusillade du bus. Mais pas de Robinho, prêté à Santos, pour 6 mois. Ce qui fait écrire à Tony Cascarino, dans le Times : « Au revoir et bon débarras. Robinho est la pire recrue de l’histoire de la Premier League« 

Fin janvier 2010. L’équipe tourne bien, les médias ne tarissent pas d’éloges sur Mancini, qui flotte sur son petit nuage. On aime souligner son « élégance toute latine », et le fait qu’il porte de banales écharpes avec classe et panache. Il ne parle pas un mot d’anglais mais on le trouve aimable, fin et charmant. Quelques esprits chafouins osent cependant faire remarquer que le spectacle proposé n’est pas des plus gais. Ils sont accusés de tous les maux et tares footballistiques de la terre.

Début mars 2010. Les premières fissures apparaissent au fur et à mesure que les joueurs se plaignent, à mots couverts. Tout compte fait, on trouve cet Italien hautain et trop sûr de lui. Les options tactiques de Mancini (hyper défensives) sont jugées « cagey » (frileuses). Les joueurs goûtent aussi moyennement les doubles rations d’entraînement, ainsi que les nombreux tests physiques. Mais, par la voix de leur porte-parole et vétéran Shay Given, les joueurs soulignent « qu’ils ont beaucoup de respect pour Mancini« . Seul Carlos Tevez ose l’ouvrir en grand. Selon lui, les doubles rations quotidiennes rendent le vestiaire « misérable« .

24 mars 2010. Manchester City-Everton. A cinq minutes du coup de sifflet final, l’imperturbable Mancini pète un câble sur la ligne de touche. Considérant que David Moyes, son homologue, prend trop de temps pour renvoyer le ballon, le fougueux Italien va lui-même la chercher en bousculant au passage l’Ecossais. Grosse prise de bec entre les deux hommes, leur staff est obligé d’intervenir. Voir le clip de l’incident.

L’Italien présente ses excuses durant la conférence de presse d’après-match. Ce qui ne masque pas la piteuse défaite de City 2-0 (zéro tir sur le but adverse, à domicile !).

L'accrochage entre Mancini et Moyes

L'accrochage entre Mancini et Moyes

Avril 2010. Le magazine When Saturday Comes, dans son numéro 278, présente un premier bilan de l’opération World Domination de Man City dans les pays arabes. Plutôt décevant… seuls 24 followers ont signé sur Twitter@CityArabia en 3 mois ! Des mordus, à n’en pas douter, mais vingt-quatre combattants, pour se lancer à la conquête de la planète, ça fait pas beaucoup quand même.

5 mai 2010. Manchester City-Tottenham : the Decider. Enorme match à 40 millions de £ entre Roberto et Harry (Redknapp). La victoire donnera la quatrième place au vainqueur et le droit de jouer le tour préliminaire de la Ligue des Champions. Le milieu des Spurs (Lennon, Huddlestone, Modric et Bale) écrase celui de City, et la charnière Ledley King-Michael Dawson ne laisse rien passer. Crouch met la tête et qualifie Spurs vers la terre promise de la Champions’ League. Victoire 1-0 pour Spurs, au terme d’un match moyen, où City a été ridiculement défensif, 4-2-3-1 (deux milieux défensifs, et Bellamy quasiment en défense), avec des leaders absents (Adebayor et Bellamy surtout).

Gros échec pour Mancini et ses troupes, qui manquent leur entrée dans le Big Four et ses inépuisables richesses.

Fin de la saison 2009-2010. City finit cinquième de Premier League, avec 67 points. Et avec en poche, le record (de Premier League) de tentatives de but sur des contre-attaques (46), ainsi que le plus grand nombre de buts sur contres (10) et sur corners (15).

Contrairement à Tottenham, son principal rival pour la quatrième place, qui a souvent offert du beau jeu, grâce notamment à Gareth Bale, Jermaine Defoe, Luka Modric ou même Michael Dawson (élu Tottenham Hotspur’s Player of the Year), Man City a déçu cette saison. Une saison tout en catenaccio servi par une formation sur la défensive, même à domicile, évoluant souvent avec deux milieux défensifs.

La saison 2009-2010 en images, ainsi que des centaines de superbes photos Coupe de Monde, où jouait nombre de joueurs de Man City – dont Joe Hart, Wright-Philipps, Barry, Boateng (Allemagne) Weiss (Slovaquie), Santa Cruz (Paraguay), Tevez (Argentine), K Touré (Côte d’Ivoire), De Jong (Pays-bas) et… Robinho (Brésil). Avec aussi d’ex vedettes, telles Elano (Brésil), Samaras (Grèce) et Fernandes (Suisse).

Une nouvelle saison peut commencer. Celle de l’avènement. Roberto Mancini l’a promis dans les médias. Une saison qui, nous le verrons dans la deuxième partie, prendra vite des allures de Coronation Street, le plus célèbre et le plus vieux soap opera au monde. Et aussi le plus mauvais probablement. 7 500 épisodes et cinquante ans d’horreurs et de révélations sordides à l’heure du dîner. Justement, « Corrie » est une production locale, tournée à quelques kilomètres seulement d’Eastlands…

Kevin Quigagne