Troisième et dernière partie de l’historique du maillot anglais commencé vendredi dernier en page d’accueil des Cahiers.

Le consensus est unanime : le pire maillot de football jamais créé est le Rodeo Fringe. Instantanément identifiable à ses immondes lanières en cuir, il fut porté par les éphémères Colorado Caribous en 1978 (club de NASL formé et déformé cette même saison). In-dé-trô-na-ble.

Néanmoins, ne nous gaussons pas trop. Des horreurs, le football anglais en produisit aussi des wagons, surtout dans les années 90, la décennie de tous les massacres. Au cours de cette longue série qui promet d’être fertile, nous présenterons et analyserons des dizaines de spécimens tous plus affligeants les uns que les autres. Mais avant de plonger dans le Hall of Shame du maillot anglais, un peu de culture. Dernier volet de l’historique du maillot anglais : de la fin des Seventies à aujourd’hui (pour le reste, voir parties 1 et 2).

 

Emballement dès la fin des Seventies

La fin des années 70 voit une évolution des styles, en partie grâce à Admiral qui concurrence désormais le duopole Umbro-Bukta. Les designers s’enhardissent et de nombreux clubs sortent des maillots qui rompent timidement avec la tradition (et frilosité) des deux décennies précédentes. Il s’agit aussi pour ces clubs de se démarquer du reste.

Outre l’écusson du club sur le maillot qui se généralise, les manches sont plus profilées et comportent parfois de fines rayures (Man United). Le design devient plus audacieux ; des bandes apparaissent sur la poitrine et des rayures sont modifiées ou imprimées sur un côté seulement. C’est également au sortir des Seventies que les premières créations loufoques font leur apparition (que nous étudierons en détail dans notre prochaine série « Les pires maillots du football anglais »).

Mais la grande nouveauté de la décennie est que, dix ans après l’Europe continentale, le sponsoring apparaît enfin sur les maillots anglais. Il était temps, les clubs avaient un grand besoin d’argent frais. Même Liverpool, Champion d’Angleterre et d’Europe en 1977, dégage des bénéfices dérisoires cette saison-là : 71 000 £…

Le club qui ouvre le bal des sponsors est… Kettering Town ! Le 24 janvier 1976, les « Kettles » (bouilloires) de D7 deviennent le tout premier club britannique à oser s’afficher avec une marque sur la tunique, défiant l’interdiction de sponsoring décrétée par la FA en 1972.

Même si le partenaire des Bouilloires n’est qu’une petite entreprise locale (Kettering Tyres), la FA se fâche et menace le club amateur d’une forte amende. Kettering Town rentre dans le rang, non sans avoir tenté au préalable de feinter la réglementation, peu subtilement ! (avec un Kettering T_____ censé faire penser à Town…).

En juin 1977, la FA autorise finalement le sponsoring maillot mais la Football League refuse d’entériner cette décision.

 

Liverpool, pionnier du sponsoring en 1979

Début saison 1977-78, Hibernian devient le premier club britannique à porter un maillot sponsorisé. Le 3 août 1978 c’est Derby County qui lui emboite le pas en Angleterre avec Saab… mais seulement le temps d’une photo de pré-saison. Le partenariat est restreint aux matchs amicaux (deal conclu pour la belle somme de 300 000 £, comprenant une flotte de rutilantes suédoises pour les joueurs).

En 1979, les deux instances accouchent finalement d’un accord (lesté de sévères restrictions de taille, les lettres ne devant pas dépasser cinq centimètres de haut).

Saison 1979-80, Liverpool devient le premier club anglais à jouer légalement sponsorisé, grâce à Hitachi, qui débourse environ 200 000 £ par saison (Standard Chartered verse actuellement 20 millions par an à LFC). Le maillot rouge et blanc avec écusson jaune est devenu collector et la marque japonaise accompagnera les Reds de Kenny Dalglish, Graeme Souness et Ian Rush jusqu’en 1982. En 1983, les télévisions anglaises autorisent les maillots sponsorisés à l’écran.

Dans la foulée, le reste des troupes de l’élite suivra, souvent sponsorisé par des géants nippons de l’électronique (Nottingham Forest, Panasonic 1980 ; Arsenal, JVC 1981 ; Ipswich, Pioneer 1981 ; Man United, Sharp 1982). Mais parfois aussi par d’obscures entreprises, inconnues hors des limites de la ville (citons Norwich et son hyper local Withey Windows en 1983). Le fait est que tout le monde n’est pas égal devant le sponsoring, et nombre de clubs n’attireront que du menu fretin commercial pendant longtemps.

Le président de feu Scarborough FC : « Notre sponsor, Black Death Vodka, jouit d’une excellente réputation. La Football League a peut-être réagi avec excès en interdisant ce partenariat. »

L’avènement du sponsoring va donner lieu à des situations comiques ou ubuesques au fil des années, les clubs manquant parfois de « discernement » dans leur chasse effrénée au sponsor. De 1984 à 1986, un West Bromwich Albion sans partenaire affiche un gros No Smoking sur son maillot. En 1990, feu Scarborough FC se fait parrainer par… Black Death Vodka ! (sous-titré : « drink in peace »). Un deal vite annulé par les instances – plaintes de parents affolés -, au grand dam du club : « Cette marque jouit d’une excellente réputation. La Football League a peut-être eu une réaction excessive », s’étonnera Geoffrey Richard, président des Seadogs.

Toujours dans le registre du choix douteux, en 1994, Clydebank (D2 écossaise) se fait sponsoriser par le groupe pop Wet Wet Wet ! En 2001, Fulham débarque en Premier League arborant fièrement sur sa tunique Pizza Hut, et ses formules all you can eat à 5 £. Et en 2009, comble de l’ironie amère, c’est Jobsite (recrutement) qui sponsorise… Portsmouth, justement la saison où Pompey sera placé en redressement judiciaire (dettes phénoménales) et devra licencier à tour de bras.

Les sponsors dans la place, le maillot acquiert un nouveau statut. De bout de tissu sans grande valeur qui ne servait guère qu’à différencier une équipe de l’autre une décennie auparavant, il va devenir autant véhicule publicitaire qu’objet de culte.

L’invention du replica shirt par Admiral en 1973 et la présence des sponsors sur le maillot (même la Football League est désormais sponsorisée, par une marque de photocopieurs) signifient aussi que ces partenaires de poids ont désormais voix au chapitre dans les discussions sur le choix du design, même si le club a toujours le dernier mot.

 

La révolution des Eighties

Au cours des Eighties, le football anglais prend un virage à 180 degrés. De pestiféré et quasi invisible sur les écrans nationaux, le beautiful game va progressivement devenir omniprésent, surtout en fin de décennie. Cette percée dévastatrice bouleversera la dynamique financière de ce sport, ainsi que les rapports entre les acteurs du football (clubs, designers, médias, sponsors et supporters).

A point nommé, un nouveau matériau émerge : le polyester. Non seulement il est peu coûteux mais il permet une meilleure impression et un flocage parfait. Il favorise aussi l’éclosion de nouvelles idées et designs. Revers du progrès, il va aussi rendre plus facile le genre d’effets spéciaux, dégradés surréels et autres motifs géométriques foireux qui rendront tant de maillots des années 90 si comiques (voir les spécimens ci-dessous, pris au hasard parmi des dizaines).

En ce sens, le côté brash (clinquant, criard) de la société anglaise des Eighties, symbolisée par le yuppie de la City et l’argent décomplexé, va progressivement déteindre sur le maillot.

Côté mode, le col en V (plus élaboré) fait un grand retour en force. Grâce à la foultitude de styles et combinaisons différentes, les clubs, qui avaient commencé à se démarquer les uns des autres dix ans auparavant, portent tous désormais une tenue relativement individuelle.

Autre originalité des Eighties : le maillot Fourth ! Il fait une brève apparition à la fin de la décennie dans une poignée de clubs, notamment à Leicester City (1987-88) et Crystal Palace (1989-90 – avec un étrange design « abeille » pour les Aigles palaciens). Toutefois, le Fourth ne fera jamais recette et sera vite remisé au grenier. Son spectre hantera néanmoins le football britannique encore longtemps, avec notamment le Pays de Galles qui osera l’expérience du quatrième (en 1998), imité vers 2009 par d’obscurs clubs de Football League tels Carlisle ou Rochdale, en retard de vingt ans.

Tous ces développements et cette effervescence attirent une pléthore de petits nouveaux sur ce marché jusqu’ici trusté par le Big Three composé de Umbro, Admiral et Bukta (même si ce dernier est décroché). Parmi les principaux arrivants : Adidas, Le Coq Sportif, Hummel, Matchwinner, Ribero et Scoreline. Citons aussi Asics, Ellgren, Henson, Hi-Tec, Hobott, Gola, Osca, Patrick, Skill ou Spall dans la liste des ventre-mouistes.

Dans un univers aussi concurrentiel, il s’agit surtout de se démarquer. Autant dire que ce bouillonnement commercial et créatif va accoucher de beaucoup de surprises et pas mal d’horreurs !

 

Les Nineties, l’âge d’or du maillot pourri

Au début des Nineties (1992), la Premier League débarque avec fracas, annonciatrice de la renaissance du football anglais amorcée triomphalement au Mondial 1990. L’élite du football anglais s’est enfin affranchie de la poussiéreuse et rétrograde Football League. L’argent coule soudain à flot et les designers surfent sur le zeitgeist du moment, exhibitionniste et parfois pontifiant, surtout dans le domaine « artistique ».

Ces créateurs comptent bien hurler à la face du monde qu’ils existent. En cherchant coûte que coûte à rompre avec l’amateurisme et le « classicisme » des décennies précédentes, on va inexorablement sombrer dans le très flashy. Ce sont ces quelques années du début des Nineties qui vont concentrer les pires abominations jamais créées.

Le monde du design voulait-il effacer, dans une sorte de déni esthétique doublé d’une purification vestimentaire, l’épouvantable décennie qu’il venait de subir ?

Toujours est-il que tous les grands designers de l’époque réfléchissent à de nouvelles voies, radicales et « avant-gardistes ». Et eurêka, la lumière jaillit : on va associer le design aux modes naissantes, principalement celles du leisurewear et du streetwear. Le but étant de créer des maillots portables en toute circonstance, à la ville comme en vacances, pour, in fine, créer un marché gigantesque. Si l’idée est astucieuse, la réalisation sera laborieuse et farfelue (les principales victimes seront les maillots à bandes ou rayures, style plus vulnérable à la torture et aux déclinaisons à l’infini en polos…).

L’un des obstacles que rencontrent les designers est l’obligation de travailler étroitement avec les tout-puissants propriétaires ou présidents de clubs (ou même les sponsors, qui veulent parfois imposer les couleurs de leur marque). Les présidents se voient proposer une dizaine de designs, et le directoire choisit. Vu l’âge moyen parfois canonique de ces derniers, les bizarreries et monstruosités sont légion. Les gardiens en particulier paieront un lourd tribut à cette vogue de la tenue tape-à-l’œil et bigarrée.

Toutefois, rejeter la faute sur de seuls boards vieux-jeu serait simpliste et caricatural. Certains designers succombent corps et âme aux modes de l’époque, en particulier celles des formes géométriques alambiquées, des abstractions post-modernes ou éclaboussures artistiques prétentieuses.

Après la tempête, le calme

Les supporters ont beau désapprouver (et les médias foot aussi, dont When Saturday comes, qui s’émeut longuement en 1991 d’une « détérioration graduelle du design maillot »), les fans sont devenus clientèle captive et même les pires maillots s’arrachent. A leurs détracteurs, les fabricants rétorquent : « Personne ne s’est jamais plaint et nos maillots se vendent très bien. » Imparable.

En 1993, la Premier League autorise le nom du joueur sur le maillot. Le double flocage numéro-nom, en associant les supporters à l’équipe dans une fusion sérigraphique, fait flamber les ventes.

Parallèlement, post Mondial italien, le maillot Third se fait de plus en plus présent, grâce à un marketing tous azimuts. Pour les uns, il est devenu un prétexte pour faire vendre ; pour les autres, un moyen pour le club d’expérimenter ou remettre au goût du jour les designs d’antan. La frénésie de l’Euro 1996 en Angleterre (« Football’s coming home ») achève de consacrer le replica shirt. Ce dernier change d’ailleurs avec une régularité inquiétante (souvent annuellement) et parfois de façon déconcertante.

On remarque aussi une augmentation des tailles durant les Nineties. Finis les maillots serrés des décennies précédentes, le large s’impose (retour aux sources), reflétant à la fois les modes baggy de la rue et l’évolution morphologique du supporter moyen (permettant aussi aux plus enrobés de ne pas nourrir trop de complexes vis-à-vis de leur idoles souvent taillées comme des dieux grecs).

 

Les années 2000, l’ère du classique

L’étourdissant tourbillon des 90s passé, les Noughties verront un retour vers plus de sobriété et minimalisme, surtout au début de la décennie. Les professionnels du design reprennent la main (ainsi que leurs esprits) après le traumatisme des années précédentes. Les études de marché font ressortir que les supporters souhaitent un retour au traditionnel, des maillots simples au design classieux et épuré.

De nouveaux designers investissent le marché anglais, parmi lesquels Diadora, Kappa, Nike, Puma et Reebok. Certains viennent du rugby et tentent d’apporter des touches originales.

Au milieu des années 2000, la Premier League se fait globale. Des propriétaires étrangers débarquent en nombre, le « produit » Premier League s’internationalise considérablement et déferle aux quatre coins de la planète, tel un rouleau-compresseur on steroids. Les fabricants doivent composer avec cette nouvelle dimension. Inutile de prendre des risques, on la jouera sobre, tout en touches discrètes. Les quelques tentatives de dévier du classique (avec notamment une réinjection de formes géométriques) seront accueillies froidement.

En revanche, dans les divisions inférieures, on s’éclate bien. L’apparition de concepteurs relativement audacieux (citons Errea ou Vandanel) donne lieu à une féroce bataille créatrice, avec des designs asymétriques et davantage d’originalité que chez les cadors du genre. Des cracks conventionnels mais qui savent tirer du sponsoring maillot des sommes excentriques ; DHL versera par exemple à Manchester United 40 M de £ de 2011 à 2015… juste pour figurer sur la tenue d’entraînement des Red Devils !

Si les maillots sont redevenus simples et sans fioritures, le reste de la tenue en a profité pour s’émanciper. Les designs chaussettes sont plus élaborés que par le passé, avec écusson de club, inscriptions verticales ou rayures de toutes sortes. La fin des années 2000, c’est aussi le retrait du fabricant Bukta du marché (pionnier mondial du sportswear, voir première partie), ainsi que l’émergence d’un Big Four : Adidas, Puma et Nike/Umbro. Ces grosses cylindrées détiennent presque la moitié du marché en termes de chiffre d’affaires. 

Les Noughties, c’est aussi l’apparition du florissant business « nostalgie ». Toute une gamme de maillots heritage et rétros devient disponible sur internet ou dans les boutiques des clubs. Ces mêmes clubs qui cultivent parfois un goût pervers pour les atrocités du passé, redevenues soudain cultes ! La boucle est bouclée : les horreurs kitsch d’antan s’arrachent dans les rayons et la mode du vintage fait rage. Et des monstruosités, ce n’est pas ce qui manquera dans notre prochaine série « Les pires maillots du football anglais ». Attendez-vous à souffrir…

Kevin Quigagne.

[Kevin recommande le site www.historicalkits.co.uk, ainsi que True Colours 1 & 2, les deux excellents livres généreusement illustrés de John Devlin].

24 commentaires

  1. jepigepo dit :

    Quel bonheur ce maillot des Iron !!!

    Il s’ en est fallut de peu pour retrouver KK sous ce beau maillot…là je crierai au génie , le collector…

    Je me demande quelle sera la tendance des années à venir…

  2. Cantona pour un il y en a pour deux dit :

    J’adore ce genre d’article. Merci Mr Quigagne.

  3. piticoujou dit :

    Kevin, un très grand merci. Ce triple papier est à la fois érudit et désopilant. J’ignorais l’existence des maillots fourth – magnifique idée, ça… 😉

  4. Fred dit :

    Dear Mr Quigagne,

    Merci pour cet article très intéressant sur la maille qui m’a appris plein de choses 🙂

    Néanmoins, je me dois d’apporter un petit bémol, oh, rien de bien grave. Si la tenue « cow girl » des Caribous est en effet du plus mauvais goût, je trouve que le pire maillot de l’histoire reste celui de Shimizu, cuvée 93-94. Le pire exemple des pires mélanges de Word Art et autres formes Powerpoint obscures. Un travail élaboré à grands renforts de saké et de sushis périmés. Mais ce n’est que mon avis :

    (Attention, masque de soudure obligatoire pour éviter tout décollement de la rétine)

    http://www.classicfootballshirts.co.uk/rest-of-the-world/japanese-clubs/1993-94-shimizu-s-pulse-away-shirt-l.html

  5. GWorst dit :

    Merci Kevin, pour ces articles toujours aussi plaisants et documentés.

    Un petit bémol cependant : si la vue des maillots de Hull ou Scunthorpe est un spectacle difficile mais dont il est possible de se remettre, l’évocation de Wet Wet Wet au détour d’un paragraphe nécessiterait un Parental Advisory.

  6. Kevin Quigagne dit :

    Merci à tous. Bon, pas mal à dire. Prenons tout ça dans l’ordre d’apparition à l’écran.

    Ce sujet est passionnant car il touche à tant d’autres évolutions et secteurs du football (tactique, sponsoring, design, finances/revenus, etc.).

    @ Jepigepo.

    Certes, l’immense Kevin (ou Ray Clemence !) aurait pu le porter… mais il aurait fallu qu’il reste bien plus longtemps à Scunny, vu que ce maillot extérieur des Iron date de 1994-95, un produit typique des années 90.

    Dans le même style (moquette de lounge d’aéroport), y’a eu celui de Birmingham 1992-93, glorieusement hideux, et qui ne fit qu’une demi saison tellement il choqua !

    C’est le duo David Sullivan–Karren Brady (aujourd’hui à West Ham) qui le dégagèrent à leur arrivée en cours de saison. Voici l’horreur, sponsorisé par les Douches Triton (comique) :

    http://www.oldfootballshirts.com/img/shirts/23/birmingham-city-for-sale-vintage-football-shirt-1992-1993-s_11542_1.jpg

    Jepi, tu seras content de savoir que je n’ai pas oublié Liverpool, j’ai dégoté non pas un affreux maillot LFC mais DEUX ! Dûment sélectionnés pour figurer dans série « Les pires maillots du football anglais », dont la première fournée sera envoyée ici lundi soir.

    Rassure-toi, y’aura aussi un spécimen Everton, l’extérieur 94-95, celui que les Toffees surnommèrent le maillot « Tractor tyre » car, dirent-ils, on l’aurait cru conçu par les roues d’un véhicule de ferme sur un bout de tissu. Une horreur absolue :

    http://www.oldfootballshirts.com/img/shirts/8/everton-away-football-shirt-1994-1995-s_6339_1.jpg

  7. Kevin Quigagne dit :

    @ piticoujou

    Pour le Fourth, j’ignorais aussi son existence avant de lire abondamment sur le sujet, c’est très peu connu (sur des centaines de pages avalées lors de mes recherches – livres, magazines, sites, etc.
    – l’existence de ce Fourth n’est signalée que de rares fois, j’ai relevé sa mention dans When Saturday Comes et True Colours).

    Les rares clubs / sélections qui ont sorti un Fourth ne l’ont porté qu’une seule fois.

    Ce qui s’est développé ces quelques saisons c’est un quatrième maillot « Special », soit un « charity kit » (argent versé à des œuvres caritatives), soit un maillot
    « commémoratif ».

    Comme par exemple le quatrième de l’AFC Wimbledon cette saison (maillot étiqueté « Special »), qui s’inspire de celui que les Dons portèrent la saison de leur montée en Football League en 1977.
    Ce maillot blanc Special ne fut utilisé qu’une fois, en août, pour l’ouverture de la saison (pour célébrer la remontée des Dons 2.0 en Football League).

    Citons aussi celui de Brighton y’a 3 ou 4 ans pour marquer la fin du long partenariat avec le sponsor Skint Records (le label du « celebrity fan » le plus connu du club, Fat Boy Slim – Skint = fauché, donc ça sonnait assez marrant, surtout vu la situation financière de Brighton fin années 90). Là aussi, le maillot de Brighton ne fut porté qu’une fois, lors du dernier match de la saison.

    Ou encore celui de Norwich City y’a 4 ans, qui sortit un quatrième original : les noms des milliers d’abonnés furent imprimés sur le tissu (là encore, porté qu’une fois).

    Pas mal de clubs (de Football League) sortent aussi des tenues « alternate » (domicile alternate et extérieur alternate). Le maillot est souvent le même en fait, mais le short et les chaussettes sont différentes.

    A ma connaissance, aucun club de PL n’a jamais sorti de Fourth. Ce dernier est surtout l’apanage des clubs de Football League.

    Il est possible que le nombre élevé de clubs dans chaque division de FL (24) fait que certains, aux couleurs peut-être plus répandues, se disent qui leur faut un Fourth au cas où. C’est en tous cas ce qui est arrivé à Brighton y’a 3 ou 4 saisons, les Seagulls sortirent même SIX tenues différentes !
    Brighton qui a aussi fait fort par le passé avec deux maillots début années 90 restés dans les annales, que l’on découvrira dans notre prochaine série sur les pires maillots anglais.

  8. Kevin Quigagne dit :

    @ Fred.

    Effectivement, énorme ton Shimizu (celui de 1999-2000 est pas mal non plus !). Il m’a choqué et même fait vaciller dans mes certitudes. Un court moment, je me suis demandé : « Ce Shimizu mérite-t-il la médaille d’or à la place du Rodeo Fringe ? ».

    Après une brève remise en cause et coup d’œil sur les critères de sélection, j’ai décidé que non. Si ton Shimizu assure indéniablement sa place sur le podium, il ne peut déloger le Rodeo Fringe.

    Pour moi, le Rodeo Fringe l’emporte en Toutes Catégories, pour les raisons suivantes :

    – Le Rodeo Fringe est un pionnier, et ça compte (en terme de points). Il n’a pas été pollué par des années de design tordus : il a inventé le design tordu (on croirait du Raydo).

    – Le Shimizu, aussi immonde soit-il, est une synthèse de la vogue colorée et grand n’importe quoi-iste du début / milieu des années 90.
    Concentré de monstruosités formidablement réussi, mais dans un style tellement vu et revu en Angleterre et ailleurs sûrement, que ça atténue l’horreur. Ton Shimizu, aussi immonde soit-il, est plus « classique », disons qu’il s’inscrit bien dans la mouvance de l’époque, qu’il représente à merveille.

    – Les lanières en cuir, façon martinet, lui confère une aura assez unique, valeur ajoutée incommensurable.

    Cela dit, ton Shimizu l’emporterait dans la catégorie « expression artistique », c’est sûr.

    On redébattra de tout ça pour la sortie de la 1ère partie de la série « Les Pires maillots du foot anglais » dans quelques jours.

    Vous aurez alors l’occasion de sortir vos horreurs des 4 coins de la planète et tenter de rivaliser avec ma sélection anglaise, peut-être quelques écossais aussi, en guest stars (les maillots gardiens feront l’objet d’un classement particulier, sinon, c’est pas du jeu, c’est eux qui ont le plus souffert).

    @ Gworst.

    Oui, effectivement, j’en aurais bien mis un peu plus sur les 3 Wet mais bon, j’ai déjà dépassé de 30% la limite « signes » autorisée sur cet article…
    Disons que c’est plus une recommandation qu’une obligation mais je fais de gros efforts pour m’y tenir. J’ai d’ailleurs respecté religieusement ces « guidelines » pour les 1ère et 2ème parties. Sur la dernière, y’avait plus à dire, donc j’ai un peu dépassé (il fallait aussi préparer le terrain pour le sujet suivant et faire le lien – les pires maillots anglais).

    Ce qu’on peut dire sur wet Wet Wet, c’est que l’un des membres venait de ce coin d’Ecosse (ville de Clydebank). Avec le succès de « Love is all around » (reprise des Troggs), ils décidèrent de sponsoriser Clydebank, alors en D2.

    Je sais plus combien ils ont versé au club (j’ai tellement lu de chiffres lors de mes recherches), soit 25 000 ou 50 000 £, une somme de cet ordre il me semble.

    Clydebank fut dissous en 2002 (faut dire que les ex-proprios avant carrément vendu le stade en 1996, gênant). Le club dut s’exiler un peu partout dans le coin, on parla même d’une relocalisation à Carlisle ou en Irlande.

  9. Fred dit :

    Face à une analyse si brillante, je ne peux qu’être à 100% sur la même longueur d’ondes 😉 Avant les autres, il y a eu le Rodeo Fringe, le père fondateur, le Dieu de tous les maillots improbables. C’est absolument vrai, le côté pionnier – dans tous les sens du terme, jusqu’aux lanières en cuir – prévaut. Le Shimizu aurait peut-être une petite place dans un « hall of worse » (« hall of fail » ?) mais arriverait juste aux franges des Caribous. Heureusement, on a échappé aux serre-têtes avec les bois du même animal, mais peut-être que les Cheerleaders y ont eu droit ?

    Il va être très difficile de rivaliser avec les designers anglais du début de années 90. Mon petit doigt me dit que Norwich va occuper une place d’honneur au moins 🙂 Peut-être que les brésiliens et autres esthètes d’Amérique du Sud pourront lutter à armes égales ?

    Les Douches Triton ! Culte ! Si en plus les sponsors s’y mettent, mais où est-ce qu’on va mon bon m’sieur ?

  10. Kevin Quigagne dit :

    Hall of Shame », c’est l’expression consacrée (variante du traditionnel « Hall of Fame »).

    Je ne peux trop dévoiler sur ma sélection mais je confirme que Norwich sera de la fête. Mais pas sur le podium…

    Première fournée demain soir.

    Quelques spécimens non anglais pour la route :

    1) Ajax extérieur 1989-90

    https://www.vintagefootballshirts.com/avactis-images/ajx89as_s.jpg

    2) Australie 1991

    http://www.beautifulgear.com/wp-content/uploads/2011/06/australia-home-football-shirt-1991.jpg

    3) Cerezo Osaka 1998-99

    http://4.bp.blogspot.com/_0JAJz-0erOg/SWchcCtGfdI/AAAAAAAAAXg/0NF1MEDQrRg/s320/Cerezo+Osaka+away+Mizuno+front.jpg

    4) FC Lorient Third 2009-10

    http://media.photobucket.com/image/FC%20Lorient%20third%20shirt%202009/footballer2011/1246527379Maillotchocolat.jpg

    5) Santos Laguna extérieur 2004-05

    http://cdn.priceprobe.net/i/4391933.82984d915ef3622e88.54192975

    6) Shimizu S-Pulse 1999-2000

    http://i.ebayimg.com/t/SHIMIZU-S-PULSE-J-LEAGUE-1999-HOME-SHIRT-JERSEY-PUMA-/12/!B8te5Vw!mk~$(KGrHqMOKkUEzJ0iNWzeBM304MpEB!~~0_35.JPG

  11. Fred dit :

    Merci pour la correction orthographique 😉

    On attend la sélection avec impatience ! Avec celui de l’Australie on a encore un merveilleux exemple de ce que tu appelles la moquette de lounge d’aéroport !

    (PS : Le dernier lien, celui de Shimizu, n’est pas entièrement pris en compte et ne fonctionne pas)

  12. Kevin Quigagne dit :

    Tu as raison, j’en mets un plus court, ça serait dommage de ne pas le faire connaître :

    http://i30.twenga.com/sports/football-shirts/99-00-shimizu-s-tp_3343425991273120332b.jpg

    Et en bonus (Fiorentina, extérieur, 1992-1993)

    http://www.oldfootballshirts.com/img/shirts/360/fiorentina-borta-fotbollstr%C3%B6ja-1992-1993-s_787_1.jpg

    Et dire que Batigol le porta…

  13. Tich dit :

    En tant que supporter de Shimizu (oui ça existe en France, la mondialisation fait des merveilles), je me refuse à posséder ce modèle Mizuno des premiers jours. Par contre, le maillot 99-01 est assez original, et le qualificatif « moche » ne fait pour moi pas l’unanimité : pour l’avoir dans ma collec’, je le trouve assez chouette en vrai. On peut dire qu’il est difficilement « portable », quoi. Ceci est celui de 2001, avec un contour blanc autour du sponsor (faites pas gaffe à l’année de l’URL, je devais avoir bu ce jour-là) :

    http://paumwal.free.fr/osga/images/maillots/shi02_front.png

    A la limite, je trouve le modèle 98-99 plus « moche », en tout cas moins bien effectué dans l’idée :

    http://paumwal.free.fr/osga/images/maillots/shi99_front.png

    Par ailleurs, si Shimizu se doit de voir son modèle Mizuno mentionné ci-dessus dans le hall of shame des maillots, je pense que le club peut se targuer de posséder dans son histoire l’un des plus beaux (pour moi le plus beau) maillots, à savoir le modèle 2002-2004 :

    http://paumwal.free.fr/osga/images/maillots/shi04_front.png

    Un peu paradoxal. Après, les gouts et les couleurs hein… enfin c’était histoire de participer au débat vu que ça concerne mon club. :p

  14. Kevin Quigagne dit :

    Merci pour ces précisions Tich. Ton boycott du maillot de Fred t’honore.

    Mon bouquin « The worst football kits of all time » me dit que le Shimizu 1999-2000 fut choisi pour célébrer le plus célèbre produit local : le mikan (qu’on appelle satsuma en Europe). Il ajoute que le globe sur le maillot est un élément très utilisé par Shimizu à cette période-là, il aurait été suggéré par le sponsor, la compagnie aérienne JAL. Intéressant, car ça rejoint ce que j’écrivais (dans le dossier sur l’historique du maillot) sur l’influence de certains sponsors dans le design maillot.

  15. Tich dit :

    En fait le mikan, le fruit local, aurait carrément défini la couleur du club, depuis sa création en 1992. Bon après à l’époque j’étais gamin, sans internet, impossible de savoir si c’est bien ça ou si, comme tu dis, la référence n’a été faite qu’en 1999.

    JAL aurait en effet proposé le globe, aujourd’hui justifié par « le reflet des ambitions du club d’obtenir une renommée mondiale ». Bon, même supporter du club, j’attends de voir ça, mais il fallait bien trouver une raison maintenant que JAL se fait la malle.

    La liaison a été renforcée par le fait que JAL a disparu du devant du maillot en 2006, pour être relégué au fil des saisons suivantes d’abord sur la manche, puis sur le short, tandis que dès 2007 le globe, lui aussi, disparaissait du design, laissant Puma fournir au club ses modèles standards en orange et noir (abandon également du bleu et du jaune donc, mais ce depuis 2005 en fait, et abandon des modèles de maillots uniques, on passe aux modèles que Puma fournit à tous ses clubs par delà le monde. Avant 2007, les S-Pulse pouvaient se targuer d’avoir des uniformes taillés spécialement pour eux, c’est-à-dire pas seulement en termes de motifs, mais aussi de coutures etc. Mais pas grand chose à voir avec JAL de ce côté, à priori).

    Toutefois, le globe réapparaît sur les maillots de la saison 2012 à venir, non pas parce que JAL redevient le sponsor principal du club, mais parce que c’est le 20ème anniversaire des S-Pulse et que leur emblème est pour le coup à l’honneur. Je dois avouer que je suis surpris de voir Puma sortir de sa flemme devenue habituelle depuis 2007 et nous concocter à nouveau un design unique. Je pense que dès 2013, on reviendra aux maillots oranges unis sans globes, vu qu’aucune célébration particulière ne sera de mise. En attendant, la mouture 2012 est déjà pré-commandée de mon côté (mais pas floquée Ljungberg, désolé :p).

  16. Tich dit :

    Au passage, je me permets de vous mettre des liens montrant le modèle 2012, de façon encore suggérée mais tout de même :

    http://www.s-pulse.co.jp/uploads/news_columns_img/news_column_images144828.jpeg
    http://www.s-pulse.co.jp/uploads/news_columns_img/news_column_images144829.jpeg
    http://www.jsgoal.jp/photo/00085600/00085639-B.jpg

    Ainsi qu’un historique que j’avais fait, mais qui s’arrête en 2009. On y voit tout de même bien le lien entre l’absence de JAL sur le devant et le retrait quasi immédiat du globe :

    http://paumwal.free.fr/osga/images/j_mini_09/shimizu_all.png

  17. Kevin Quigagne dit :

    Merci Tich pour ce complément d’infos, intéressant, encore une fois, on voit la patte du sponsor sur le design… et son lent exode vers d’autres parties du maillot.
    Le fait que le design du maillot Shimizu se soit simplifié (globe dégagé) est en conformité avec la tendance de la deuxième partie des « Noughties » (années 2000).

    Pour ce qui est du design Shimizu de 2012-13 (20è anniversaire création du club), ça rejoint ce que j’explique dans mon message du 18 novembre (21 h 39) sur les maillots « Special » ou commémoratifs conçus spécialement pour célébrer un évènement. Parfois en Angleterre, l’argent généré par ce maillot est reversé à des oeuvres caritatives, l’asso des supporters, ou autre.

    Bien souvent, ils ne sont portés qu’une fois cependant (peut-être pas le cas de ton Shimizu 2012-13 – un domicile ?).

  18. Tich dit :

    Non, c’est le maillot domicile pour toute la saison 2012 (en Asie les saisons débutent en Mars et se terminent en Décembre, donc on parle de la saison 2012, pas 2012/2013. 😉 )

    Il me semble que depuis quelques années, la Premier League se spécialise dans les maillots qui œuvrent contre le cancer du sein. Je crois que Everton est coutumière du fait (maillot spécial rose, puis violet).

  19. Kevin Quigagne dit :

    Ah oui, que suis-je bête, votre calendrier est celui de l’année civile, avec la Coupe d’Asie des Nations en janvier. Comment vous faites au moment de la coupe du monde pour vos championnats respectifs, ils s’arrêtent en juin/juillet ?

    Pour les maillots dont tu parles, effectivement, pas que la Premier League d’ailleurs, mais la Football League aussi, récemment Huddersfield, Oldham et d’autres clubs. Parfois ce maillot n’est porté que 2 ou 3 fois, avec les bénéfices reversés à des oeuvres caritatives.

    Everton, c’était aussi un retour aux sources le rose, et oui ! Couleur prisée des Victoriens mais qui tomba en désuétude une fois l’ère victorienne terminée, j’en parle ici :

    http://www.cahiersdufootball.net/article.php?id=4299&titre=old-couture

    Ce n’est que vers les années 1895-1900 que les Toffees adoptèrent définitivement le bleu.

  20. Tich dit :

    Ah d’accord. Everton a tout de même ré-adopté le rose l’an passé comme maillot régulier à l’extérieur, petit clin d’œil au passé donc.

    En Asie les championnats font une pause pendant la Coupe du Monde oui. Du moins c’est le cas de la J.League, je n’ai jamais vraiment regardé les calendriers des voisins en pareil cas, mais j’imagine qu’ils dont la même chose.

  21. Kevin Quigagne dit :

    Merci pour ta réponse Tich.

  22. Jeronimo KKO dit :

    Et pour compléter ces débats fort riches sur l’histoire graphique (je n’ose écrire « artistique ») des maillots du Shimizu FC, une précision qui donne du poids à cet ignoble edit away 1993/1994 : il fut bel et bien porté au moins une fois, en atteste cette vidéo :

    http://www.youtube.com/watch?v=Ggw4jTEvnzM

    , découverte par Fred (dans les commentaires), sur le quel on aperçoit distinctement ledit maillot, notamment à 1:11, 1:17 et 1:20.
    Cette unique archive suffit à trancher sur la légitimité de cette horreur, telles les 4 secondes qui ont fait de Frank Jurietti un international.

  23. Fou du foot dit :

    Merci pour ce billet très intéressant, j’adore le foot

  24. flocage dit :

    Sympa la lecture de cette article, je suis curieux de voir les commentaires de nos petits enfants sur les maillot d’aujourd’hui…

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