Les enfants de la bulle

Tout le 9ème art, de Winsor Mc Kay à l'OuBaPo, des écoles franco-belges à l'émancipation de la BD des années 70, des comics et strips US aux mangas du soleil levant...

Red Tsar le 06/04/2023 à 18h30

Merci, Blafafoire. J'avais vu ce truc en rayons à la médiathèque. Il m'avait intrigué, mais sans plus et j'allais passer à côté.
Au passage, appel au peuple : curieux d'avoir des retours sur Les Pizzlys, notamment vos recommandations concernant le bon mélange de mescaline à ingurgiter pour en profiter. Hoka Hey ! me fait aussi un énorme rentre-dedans.

En retour, je viens partager une lecture qui est mon premier gros choc de l'année : Contrition. Les auteurs, que je ne connaissais pas, en sont en fait à leur quatrième œuvre qui traite d'un même thème : notre rapport au mal. Il faut les avoir bien accrochées (les amygdales) pour les suivre dans cette descente dans nos enfers intérieurs.
Une présentation ici, par Le Figaro : lien

> Autres gros coups de cœur d'albums parus en 2023 et fin 2022 :
- Terror-Island (Mickey Mouse) : un petit chef-d'œuvre. Beaucoup de tendresse et de malice. L'auteur recycle plein de références et de trucs de mises en scène du cinéma et de jeux vidéos, de manière très intelligente. La conception des planches est très inventive, parfois très audacieuse, mais ça reste toujours lisible.
- Not All Robots : une dystopie glaçante, dans laquelle chaque famille dispose d'un robot qui travaille et assure ses revenus. L'histoire brasse assez finement beaucoup de thématiques actuelles, bien servies par la plume de Mike Deodato Jr. et le boulot du coloriste.
- The Nice House on the Lake : des amis sont invités à un séjour dans une villa. Et voilà que l'Apocalypse déferle sur Terre et que ceux de la villa sont préservés. Je sais pas comment présenter le truc. Je sais pas si c'est brillant ou du pur bling bling bullshit (il est vrai que j'ai pas encore fini le tome 2). Mais ça interpelle !
- Adieu Eri : ça commence avec une mère qui demande à son fils de la filmer jusqu'à sa mort avec son téléphone portable et qui présente un film à partir des vidéos à la fête de son lycée. Il va ensuite faire une rencontre qui l'amènera à réfléchir sur le cinéma, l'image, le rapport réel/fiction, etc. Je n'en dis pas plus. Une des originalités : toutes les cases sont au format d'un écran de téléphone portable, ce qui fait de ce manga une sorte de court-métrage dessiné.

> Pas des chefs d'œuvre, mais ça satisfera les amateurs du genre ou de la série :
- Les Vieux Fourneaux (t.7) : ça commence sur du très actuel, avec une manif du 1er mai un peu animée (« les flics sont devenus trop violents ! La manif est un territoire perdu de la République »). Du classique de classique pour la série. Ces vieux tiennent bien la forme. À croire que, finalement, ce sont eux qui vont nous enterrer...
- Légendes de la Garde : Bastian, loup solitaire et autres contes : graphiquement très réussi. Ça lorgne vers Mucha et le Art and Crafts. Mais trois historiettes assez simplistes. Fans only.
- Ed Gein. Autopsie d'un tueur en série : un beau boulot d'artisans, mais très peu d'imagination dans la manière de présenter l'histoire de ce tueur en série et dépeceur de cadavres qui a hanté l'Amérique des années 50/60. Warning : quelques planches assez rudes.
- Superino : un super-héros gaffeur qui protège New Napoli. Une sorte de Batman (beaucoup de référence : le manoir...) maladroit et immature (Superino ne vit pas avec un domestique, mais sa maman). Trondheim est à la baguette. C'est présenté comme la reprise d'un classique italien des années 50 et suivantes, mais je n'ai pas été vérifier si c'est vrai ou mis en scène.
- Newburn : un ancien flic qui est payé en commun par toutes les mafias de New York pour enquêter sur des crimes qui pourraient mener à des guerres de gangs et menacer le business. Des histoires parfois classiques assez courtes (format comics), mais efficaces.
- Adieu Aaricia : il y a longtemps que j'ai décroché de Thorgal et de ses séries dérivées. J'ai bouquiné celui-là un peu par hasard. Surpris positivement du contenu.
Julow le 06/04/2023 à 18h58

En réponse à Red Tsar le 06/04/2023 à 18h30
(voir le message)

Pour une fois que je peux répondre à un truc sur ce fil !
Hoka hey, donc, je l'ai offert à ma fille (faut quand même pas déconner, je vais pas acheter des trucs pareils pour moi). Eh bien, c'est très bien. Graphiquement, d'abord, on prend l'air, y a de l'espace, c'est fou ce qu'y a comme espace (questions pour les bons yeux : j'ai l'impression que c'est fait à la palette graphique, non ?). Le scénario a des faiblesses (des Deus ex machina, en gros), mais il est sans concession. Rarement lu un truc aussi radicalement sans concession. D'où le grand intérêt, donc.

Faudra que je revienne pour vous dire pourquoi si From Hell, lu grâce à ce fil, est effectivement magnifique, ça n'est pas un chef d'oeuvre, faut pas déconner (trop d'imperfections, disons, de petites facilités).
Danishos Dynamitos le 06/04/2023 à 22h27

J'ai découvert « De cape et de crocs » à la médiathèque.
C'était du petit lait, génialissime vraiment !
Özil paradisiaque le 07/04/2023 à 00h19

En réponse à Danishos Dynamitos le 06/04/2023 à 22h27
(voir le message)

Ah oui De Cape et de crocs : c'est d'une richesse infinie.
Un peu déçu des derniers tomes (histoire principale et le dérivé Eusèbe) mais les premiers, l'ambition dans l'intégration de scène au second plan est immense.

Serie Découverte au CDI via un pote a qui j'ai montré Thorgal pour compenser.
Zigmunt l empereur le 07/04/2023 à 02h49

En réponse à Özil paradisiaque le 07/04/2023 à 00h19
(voir le message)

Ayroles fait de bonnes bds en général, j'aime beaucoup garulfo, il y a D, le château des étoiles et les Indes fourbes dans un format différent. Toutes très très recommandables.
Danishos Dynamitos le 07/04/2023 à 10h29

Les Indes Fourbes je l'ai.
Je vais tenter Garulfo.

La fin de Capes et de Crocs ne m'a pas déçu outre mesure. J'aime beaucoup le personnage d'Eusèbe et les multiples références à déceler cà ou là sont toujours un régal.
Pascal Amateur le 17/04/2023 à 14h19

Lu sur Le Monde, j'aime bien :

Prix de la BD du ministère des armées : l'auteur Nicolas Juncker refuse ses « Galons »
Le scénariste d'« Un général, des généraux » a annoncé qu'il verserait la somme de 3 000 euros associée à la récompense à des caisses de solidarité avec les grévistes contre la réforme des retraites et aux « victimes des violences militaires » à Sainte-Soline.
Red Tsar le 17/04/2023 à 14h29

Très chouette BD, au passage. De bonnes poilades avec les dialogues et certaines situations et le trait de Boucq est parfait pour rendre l'ambiance vaudevillesque voulue.
Tiens, ça me fait penser que Julow nous avait fait des promesses. Tous les mêmes...
suppdebastille le 17/04/2023 à 14h39

Je confirme, délicieuse bd décrivant les manigances d'une bande de pieds nickelés à Alger pour faire revenir le Général au pouvoir.
Julow le 17/04/2023 à 15h19

En réponse à Red Tsar le 17/04/2023 à 14h29
(voir le message)

Pourquoi From Hell, graphiquement magnifique, noir et dense comme on aime, n'est pas un chef d'oeuvre, en trois points argumentés et illustrés, avant que j'oublie, c'était il y a longtemps, DIVULGÂCHAGE sans doute :

- les avancées vers le futur n'on aucun intérêt… Que les réflexions mystiques bouillasseuses du personnage soient exposées, soit, c'est le personnage, mais que la narration les reprenne à son compte avec ces « voyages » et « correspondances », je veux bien qu'on m'explique ce que ça a d'intéressant
- les notes… sont une espèce de coup d'oeil dans les cuisines de la création. Bon. Coup d'oeil plein de clins d'oeil et de coups de coude complices avec le lecteur, comme s'il fallait, pour se reposer un peu, (faire semblant d') abolir la distance entre le narrateur et le lecteur, lui parler au premier degré, avec des vannes faciles, pour… pour quoi ? Parce que c'est sympa ? Ou est-ce pour remédier à la trop grande difficulté qu'il y a, au début, à suivre l'intrigue ? Ou pour nous dire : attention, en fait, c'est de la fiction ? Merci…
- un truc scénaristique (mais quelque chose m'a peut-être échappé) : donc, dans cette version, toutes les victimes se connaissent, et se retrouvent régulièrement à une table, au café. Et, alors que tout Londres ne parle que de l'affaire, ça (le lien direct entre ces femmes) ne vient jamais aux oreilles des enquêteurs ?

Et je dois en oublier.
Mais c'est très beau, hein, je recommande !