Les enfants de la bulle
Tout le 9ème art, de Winsor Mc Kay à l'OuBaPo, des écoles franco-belges à l'émancipation de la BD des années 70, des comics et strips US aux mangas du soleil levant...
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sansai le 03/02/2023 à 10h59Ton message tombe bien, désolé je suis vraiment quelqu'un de contrariant, mais je vais en profiter pour rebondir dessus pour dire un truc un peu important.
On a pas besoin que vous menaciez les pédophiles et les incesteurs.
Ni de les tuer, ni de les émasculer, ni même de leur casser la gueule, ou comme certains vont jusqu'à le proposer, d'aller se faire violer en prison (parce que ce dont on a besoin, c'est vraiment qu'un violeur prenne son pied à violer un autre violeur, c'est vraiment qu'un autre viol, encore un autre viol, ait lieu).
Surtout les incesteurs. C'est vraiment important, vraiment, d'arrêter de faire ça. Et je vais pouvoir vous expliquer par la même occasion pourquoi je suis pas fan de la prison non plus.
Quand un enfant se fait violer (que ce soit de l'inceste ou, plus généralement, un viol, souvent par un proche), il y a déjà un phénomène de conflit de loyauté envers le père, le frère, l'oncle, l'ami de la famille qui l'a agressé. C'est pas parce qu'il est incesté, qu'il est violé, qu'il n'aime pas le proche qu'il l'a agressé. Bien au contraire. C'est souvent tout le contraire.
Qu'est-ce que vous pensez qu'il se passe dans la tête d'une petite victime quand elle a entendu que de toutes façons, le jour où on fait ça à son enfant, attention, je vais lui casser la gueule, je vais le tuer (donc que papa va aller en prison en plus du reste, parce que c'est généralement ce qui arrive quand on tue). Quand la police lui demande si attention, t'es sûr de dire la vérité, parce que si non, attention, il va aller en prison. A quel point pensez-vous que ça favorise la libération de la parole et la dénonciation par l'enfant de ce qu'il a vécu quand les conséquences sont si terribles ? A quel point pensez-vous que les victimes ont besoin de ça ?
Bon puis accessoirement ça donne des portes de sortie à Bastien Vivès et au festival d'Angoulême pour évacuer le sujet et retirer l'expo de Vivès au prétexte de menaces de mort sans vraiment adresser le sujet. On n'avait pas besoin de ça non plus.
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Danishos Dynamitos le 03/02/2023 à 11h01Par ailleurs, j'insiste d'autant plus que je déteste le mec et ses actes: l'œuvre de Vivès est globalement plutôt intéressante.
Si on enlève ses albums problématiques (j'en compte 4 ou 5), il faut reconnaître qu'il est bon dans ce qu'il fait.
Voilà j'ai séparé l'homme de l'artiste le temps d'un paragraphe.
Maintenant, l'un ayant trop influencé l'autre, ils resteront associés à tout jamais dans mon esprit.
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Pascal Amateur le 03/02/2023 à 11h02Un truc me taraude quand même : comment peut-on être directeur de salon, être alerté des déclarations dudit SàM (pour reprendre sans le dire une expression forte à propos) par tout un tas de personnes aux idées et aux combats fort différents en temps normal, et quand même envisager de le mettre en avant. Si ça c'est pas un fail systémique, moi qui ne suis pas fan de ce terme et de ses applications un peu partout, alors c'est que le concept n'existe vraiment pas.
> Sauf à poser l'hypothèse inverse : qu'il y a une fascination contemporaine de plus en plus marquée – comme pour le racisme, je dirais "décomplexée" – face à tout ce qui est hors-la-loi, limite, sinon franchement dégueulasse. Crest en ce sens que j'indiquais qu'à mon sens cette question du créateur/création irait en s'accentuant, car le dégueulasse, le transgressif (mais dans un sens de méchanceté, de cruauté, d'irrespect de l'autre, qui est davantage dans la haine-destruction que la provocation) ne peuvent qu'aller en se déchaînant. Je crois sincèrement que la déshumanisation est de plus en plus jouissive, et qu'on peut applaudir un dessinateur écœurant en raison même de cet écœurement. Pour ma part, il me semble que ce qui pourrait être implicitement dénoncé dans la tribune du Monde, c'est justement que tout soit noyé, amalgamé – alors qu'il y a de la transgression saine, souhaitable même : ce n'est pas le cas de Vivès. Corrélativement, dans ce système, les types dégueus doivent être protégés, car ils sont capables de créer des œuvres dégueues dont on se gausse en se tapant les cuisses. C'est ce que Charlotte Lacoste développait en 2010 dans son ouvrage "Séductions du bourreau. Négation des victimes" — et il me semble à moi, aujourd'hui, que c'est cette figure du bourreau fascinant qui voit son champ d'action élargi. Vivès fascine car il y a du bourreau chez lui, celui qui rit pour soi, et veut propager un fantasme qui peut-être le dépasse, mais trouve d'affreux échos en beaucoup. Il écrase tout dans sa saloperie – jusqu'aux créateurs qui voudraient provoquer décemment.
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Easy Sider le 03/02/2023 à 11h08Merci pour ta réponse, et je sais bien que je ne réponds pas à la moindre revendication des victimes, mais effectivement j'imagine tout à fait possible d'avoir un réflexe viscéral et non contrôlé si je me retrouvais dans ce cas. Je sais même que ce serait pas bien du tout.
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sansai le 03/02/2023 à 11h12Nous tout ce qu'on demande aux hommes en la matière, c'est de se décentrer un peu, de contrôler ses émotions, et de penser aux victimes d'abord, et à ce qui est important pour elles. Ça fait partie des axes de progression un peu importants en matière de VSS.
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Aulas tique le 03/02/2023 à 11h13Suite à la discussion, par prévention, je vous déconseille de visionner Alexis Tramoni sur youtube, par hasard dans des Reels de FB ou sur TikTok car les blagues pédophiles sont une base récurrente (y compris dans des visuels de promo).
Elaborer ces blagues dans sa tête fait-il de lui un pédophile? Les écrire constitue-t-il un passage à l'acte? Faire ces blagues en public fait-il de lui un incitateur pédophile? Venir les écouter, est-ce de la complicité ou assister à un groupe de travail préparatoire?
Les dessinerait-il qu'il en serait encore plus coupable? C'est une mine de débat que ce statut d'artiste et ces sujets défendus.
Pour public averti et donc coupable.
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sansai le 03/02/2023 à 11h17Je veux bien m'intéresser à Alexis Tramoni (en fait je veux pas, j'ai pas envie là tout de suite maintenant), mais c'est pas d'Alexis Tramoni dont il était question là. Il est question de cas particuliers bien identifiés et qui posent des problèmes bien identifiés. Peut-être qu'un autre auteur fait régulièrement des blagues traitant de pédophilie sans que ça pose de réel problème. Je vois pas bien quel espèce d'argument ça peut être pour la conversation qui nous occupe, c'est-à-dire des artistes qui eux, posent réellement problème.
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Aulas tique le 03/02/2023 à 11h19Je ne vois pas ce que Gainsbourg faisait dans votre discussion non plus.
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Easy Sider le 03/02/2023 à 11h19Je suis complètement d'accord.
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Le Zouav le 03/02/2023 à 11h21On dirait que tu fais exprès de pas comprendre ou de détourner le propos AT.
C'est fascinant sociologiquement, en terme d'œillères sur les tenants et aboutissants d'une discussion, d'un échange.