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Feuilles de match et feuilles de maîtres

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  • Pascal Amateur le 12/11/2022 à 13h36
    [Annie Ernaux]
    Je tenais, tardivement, à me joindre à la conversation, parce que j'aime beaucoup donner mon avis, surtout lorsqu'il ne repose que sur une vision partielle de l'œuvre — j'ai en effet découvert cette auteuse via le « Quarto » Gallimard, qui permet d'embrasser un pan de la dame.
    Et je dois avouer ressortir, disons pas très convaincu. Ledit « Quarto » permet d'embrasser une bonne quarantaine d'années de création, et dans un certain tour de force s'ouvre et se ferme avec deux beaux textes : « Les Armoires vides » et « Les Années ».
    « Les Armoires vides » sont sans doute un beau texte, parce que Ernaux tente alors la fiction, et cette fiction la met à distance de tout le contenu autobiographique qui nourrit ses textes. Or cette distance est le garde-fou, le garde-folie où elle finira par barboter avec un délice quasi impartageable. De même « Les Années » – qui (Ernaux y fait elle-même référence) a quelque chose d'« Une vie » de Maupassant – force l'auteuse à admettre que sa parole, son « soi », sont bien plus vains qu'elle n'a jamais pu l'accepter ; la vie la met à son tour trop loin du monde contemporain, et elle n'a d'autre choix que de prendre du recul – ce qu'est l'écriture. Dans ces deux textes, cette distance lui permet de poétiser la vie, sa vie, et nous y loge, nous y donne une place à nous, lecteurs.
    D'autres textes (« La Honte », « L'Événement », « La Place ») ont des fulgurances – mais alors elles sont rares. Le titre du « Quarto » devient juste : il s'agit pour Ernaux d'« écrire la vie », non de la poétiser. Et cette écriture n'est plus au service du lecteur mais au sien propre : Ernaux ne nous est pas très sympathique car elle cherche à connaître la vérité sur elle-même, sans rechigner à creuser l'abject pour se découvrir, elle. Nous sommes globalement exclus. Sans doute, désireux d'universalité, nous lisons parfois dans sa sexualité, ses interrogations sur la féminité et ses descriptions nostalgiques, ce qui est le lot de chacun – et nous trouvons de-ci de-là de quoi nous satisfaire. Mais cette écriture, enfermée, nous laisse derrière son mur.
    Si tous ces textes disent admirablement l'aliénation (que l'autre est omniprésent ! qu'il faut y ressembler, le séduire, le compléter, se définir par rapport à lui !), cette aliénation, Ernaux y est tant captive qu'elle ne peut se détacher de ce qu'elle vit ; ses analyses « sociologiques » sont elles-mêmes, lorsqu'elle ne s'y intègre plus comme témoin intime, des constats d'une grande banalité – dans lequel on peut bien sûr se retrouver, mais qui semble dire la nécessité d'Annie Ernaux de donner un sens aisé, malléable, à ce qu'est sa place dans le monde. Pis, il me semble que, ne pouvant se détacher d'une certaine abjection (ou jugée telle, par la société), elle y barbote disais-je avec un plaisir qui n'est que le sien. Alors j'ai, moi, pensé, à Ionesco, aux derniers écrits de Louis-René des Forêts, où l'écriture n'est qu'un marmonnement où les auteurs se traquent eux-mêmes, une répétition semblable au ruminement final de Jack Nicholson dans « The Pledge », livrant tout en pâture dans le but qu'un indice nouveau en émerge ; dans un de ses passages, Ernaux se défend de voyeurisme, ce qui est pourtant l'essence même de ce qu'elle nous livre, cherchant peut-être notre assentiment ou notre écœurement, se cherchant plus probablement dans cet étalage brutal.
    Il y a des fulgurances, c'est évident, et la lecture en est le plus souvent possible ; mais elles ne sont que la surface poétique d'un monde dont Ernaux nous déballe tout pour y trouver son propre mystère, jouissant par trop de cette profondeur.
    Mon avis.

  • Pascal Amateur le 12/11/2022 à 15h13
    @ Flo Riant Sans Son — lectures 6 ans
    Salut Flo, petite réponse ici — petite, car dans la vraie vie je bosse pour les 7-11 ans, donc je rate un peu l'actu des plus petits. D'autant que 6 ans est un âge pas évident pour la lecture : à mi-chemin entre les albums longs et les premiers romans courts. Et mes "conseils" seront davantage tournés vers la fiction et l'imaginaire – même si pour le côté "doc", la revue "Youpi !" est plutôt bien faite par exemple.
    J'ai le sentiment qu'un classique Roald Dahl est sans doute une lecture une lecture chouette à partir de 7 ans, mais tu veux en feuilleter quelques-uns, peut-être certains sont-ils un peu plus courts ? J'ai récemment lu le tome 3 d'une trilogie très sympa qui pourrait convenir : "Après Minuit", à l'École des Loisirs, environ 80 pages, simple et plein d'humour, avec des monstres fun. Je pensais aussi au court roman "Surtout n'ouvre pas la porte" (éd. Bayard Jeunesse), très chouette ; c'est une ancienne histoire tirée du magazine "Mes premiers J'aime lire", mag' que je ne pourrais pour ma part plus trop conseiller, en raison du côté "moralo" très (trop) présent depuis quelques années, et qui se poursuit dans "J'aime lire" ; il y a toujours de belles histoires, mais elles sont un peu trop épisodiques, à mon avis.
    À l'école des loisirs, il y a un auteur sympa : Christian Oster ; son "Chevalier qui cherchait ses chaussettes" est à tenter, et ses autres livres.
    Si ta fillette aimait Claude Ponti, certains albums s'adressent aux plus grands, mais je ne les ai pas tous en tête – et il faut aimer ce délire d'autant (moi j'adore, et mon aînée en a écumé une bonne dizaine avec moi).
    Si ta fille est lectrice de BD malignes, tu trouveras de bien chouettes héros, en particulier dans la collection "BD Kids" (Bayard/Milan). Pour les 6 ans, "Émile et Margot" est vraiment plaisant, et l'année suivante (voire d'ores et déjà) tu enchaînes sur "Anatole Latuile", qui est au poil, plein de tendresse et de gags. Dans les mangas, peut-être "Chi, une vie de chat", mais là encore c'est sûrement un peu tôt pour une lecture qui demande une certaine habitude.
    D'autres pourront compléter ! Je sais aussi que certains bons vieux titres ont été repris sous forme numérique, mais pas en édition, ce qui est dommage. On dit à suivre ?

  • pipige le 12/11/2022 à 15h50
    (J'avais raté les 2 premiers, mais pas le 3ème)

    Merci Milan !

  • Flo Riant Sans Son le 12/11/2022 à 15h55
    Mille mercis! J'ai copié/coller ton message dans mes notes !

  • Milan de solitude le 13/11/2022 à 15h33
    [Bluffer littéraire]

    Même ceux qui n'ont pas joué à la première phase peuvent se confronter à la seconde. Vous avez le temps, néanmoins, une bonne dizaine de jours encore. Dix-huit réponses déjà mais pas de Manx malgré Tolstoï ni de Franco Bas Résilles malgré Catulle. Tout se perd.

    lien

  • Red Tsar le 16/11/2022 à 08h10
    Ah, tiens, Franco Breizh des Îles, je n'avais pas le temps la dernière fois, mais là oui, et je viens de t'apercevoir sur un autre fil, donc interpellation.

    Dans le texte de Lucien de Samosate qui présente Alexandre d'Abonotique, il y a cette phrase (trad. Longton, 1998, en effet) : « On pouvait repérer la formule inscrite sur le portail de toutes les habitations, qu'elle devait théoriquement préserver du fléau à l'instar d'un gri-gri. »
    Le mot gri-gri me casse l'ambiance. Ça me fait penser au Gri-gri du Niokolo-Koba (désolé, ça vole pas haut…). En tout cas, j'ai l'impression d'une double distorsion, géographique et temporelle (je suis pas spécialiste, mais « gri-gri » renvoie aux cultes vaudous, me semble-t-il, et pas sûr qu'ils existaient à l'époque de Marc-Aurèle). Bref, je ne trouve pas ce choix très élégant.

    Petites questions :
    1- quel est le terme dans le texte d'origine ?
    2- quelles autres traductions possibles ?
    3- pourquoi le choix de « gri-gri » ? Est-ce que l'objet en question pouvait provenir d'Afrique subsaharienne (après tout, des marchandises transitaient) ? Est-ce qu'il s'agit d'une volonté (maladroite) de faire ressortir le côté exotique de l'objet, hors monde romain quant à son origine, sachant qu'Alexandre d'Abonotique est Paphlagonien, non ? Autre ?

  • Franco Bas résilles le 16/11/2022 à 13h52
    L'expression dans le texte grec original est : "ôs tou loimou alexipharmakon" (le grec ancien bloque ici, je recours à une translittération forcément approximative). C'est le dernier terme qui est concerné. Le premier est un comparatif, le 2e (article défini) et le 3e (nom commun) sont au génitif et désignent la peste (terme ambigu, il s'agissait probablement d'une épidémie de variole). "Alexi-pharmakon" est un mot composé dont le début présente le radical du verbe "alexô", repousser (spécialement un malheur, d'où l'idée de secourir, protéger), et que l'on retrouve dans "Alexandre", d'ailleurs ; la fin (pense à "pharmacie", etc.) a pour sens le remède, le médicament. C'est un mot assez peu connoté... Donc pas d'allusion à l'orient décadent ou arriéré ici. Au total, on obtient un adjectif signifiant "qui agit comme un antidote / un contrepoison".
    Talbot en 1912 traduit par "comme un préservatif du fléau" (oui, bon, 1912, hein...). Dans un premier temps, on peut donc traduire par : "en guise d'antidote contre l'épidémie". Toutefois, préférer "amulette", terme dérivé du latin qui désigne exactement l'objet qui protège passivement par ses vertus magiques, me semble le plus approprié.
    Quant à la traduction par "gri-gri", elle peut passer si tu considères l'ensemble du travail de Longton et sa démarche, car il a pour parti pris de transposer le ton de Lucien, qui est particulièrement acerbe et agacé par les escroqueries d'Alexandre ; il émaille donc sa version de termes en argot ou familier, etc., de façon à traduire comme en réponse à la question : et si Lucien écrivait maintenant, quel serait son lexique ? C'est une approche similaire qui a été adoptée par Debidour pour produire une traduction d'Aristophane lisible avec un minimum de notes.
    Je suppose donc que "gri-gri", terme qui au passage vient de la Guinée ou du Sénégal, répond à son intention d'utiliser un élément de lexique à valeur dépréciative pour le lecteur contemporain (de 1998 du moins), rationaliste et centré sur la culture des Lumières. Autrement dit, l'anachronisme n'est pas dérangeant en soi, car il s'inscrit dans une conception de la traduction qui a sa cohérence et son mérite. En revanche, pour éviter d'être taxé de néo-colonialiste méprisant, Longton de nos jours préfèrerait peut-être "amulette"...

  • Franco Bas résilles le 16/11/2022 à 13h56
    Ah ben oui, mais agenda chargé - tu me diras que j'ai pris le temps de répondre à Red Tsar ci-dessus, mais l'appeau était assez efficace pour que j'y consacre quelques minutes sur le temps du repas !
    Mais ce sera pour une autre fois, merci en tout cas, Milan, sincèrement.

  • Pascal Amateur le 16/11/2022 à 14h05
    Mais peut-on dès lors poser que "alexipharmakon" vient ôter l'ambiguïté du terme "pharmakon" qui, lui, est susceptible de posséder un double sens poison/remède ?

  • Franco Bas résilles le 16/11/2022 à 14h13
    "Pharmakon" est encore plus polysémique que cela, il désigne aussi un charme, un envoûtement, soit une préparation magique et une opération magique, par extension. Le mot composé désigne donc bien une amulette, me semble-t-il.
    Édit : je le comprends plus comme "qui repousse le poison" que comme "remède qui repousse (le mal)".