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Observatoire du journalisme sportif

Le défouloir pour les "frustrés" de la plume et du micro.

  • fabraf le 07/09/2022 à 17h43
    Pas vraiment d'accord car, en basket, les stats avancés permettent d'évaluer avec une très grande précision l'attaque : nombre de shoots non contestés à tant de cm, pris dans les corners, etc.
    Mais je m'interroge si cela est duplicable au foot (hors le dernier Bayern - Gladbach évidemment) car je reste surpris de voir le nombre de personnes qui parlent des matchs rapportés à leur audience, même multipliée par 3.

    @jeannolfanclub
    J'ai toujours pensé que la rareté serait bénéfique au foot MAIS si on ne va pas dans cette direction, c'est que mon idée est nulle : même le foot US a rajouté un match supplémentaire.

  • leo le 07/09/2022 à 17h47
    Déjà, tu parles de stats beaucoup plus complètes que le nombre de 3 points et leur réussite, mais surtout, si les stats te disent combien de shoots ouverts/contestés l'équipe a pris, elles ne te disent toujours pas comment l'équipe s'est procurée ces shoots ouverts ou a du se contenter de shoots contestés.

    Concernant ton autre question, c'est beaucoup plus difficile au foot qu'au basket d'avoir des stats avancées pertinentes, les actions sont plus continues, l'importance du placement et des déplacements sans ballon est plus difficile à évaluer et le faible score fait que le résultat est beaucoup plus aléatoire. Radek en parlera beaucoup mieux (et me contredira peut-être).

  • magnus le 07/09/2022 à 17h50
    fabraf aujourd'hui à 17h20
    "2) est-ce que regarder un match de sports n'est-il pas passé de mode ? J'ai l'impression (mauvaise ?) que le décorum autour des matchs : transferts (mercatos et trade), tirages au sort, pronostics et paris, "drama" autour des "stars", highlights... intéressent davantage que ce qui se passe sur le terrain. Ou alors est-ce dû qu'il devient difficile d'accéder à un match / de rester concentré pendant 2h ?"

    Tu réponds toi-même à la question: le temps d'antenne radio/télé n'a cessé d'augmenter pour parler de foot plus ou moins sérieusement, sur la base des images ou non (beaucoup de monde a entendu parler de l'émission italienne "Quelli che il calcio" sur la Rai qui depuis quelques dizaines d'années commente en direct les matchs le week-end sans les images - l'Equipe 21 a adapté le concept avec Yoann Riou notamment), tandis que les matchs en eux-mêmes devenaient moins accessibles - une proportion de matchs est diffusée en clair mais ce sont ceux qui font discuter le moins, comme les matchs de qualification des équipes nationales étrangères là encore sur la chaîne l'Equipe.
    Et en plus de la télé et la radio, internet a fait exploser le débat sur le foot, mais là aussi c'est du texte, des infographies, des extraits de matchs. J'imagine que plein de passionnés ici ou ailleurs arrive à s'intéresser à des analyses, avec images fixe bardées d'infographies pour décrypter une action, un mouvement collectif, etc.
    Le rapport au match a changé car on peut se faire un avis dessus sans l'avoir regardé, de manière plus ou moins volontaire (pas les moyens/l'envie de payer).
    Une question simple, pourquoi je paierais pour regarder un match de foot un samedi ou dimanche après-midi, alors que je pourrais occuper mon temps avec une autre activité et en quelques clics avoir accès au moment où je le voudrais aux highlights + plusieurs analyses plus ou moins poussées du match que j'ai loupé?

  • leo le 07/09/2022 à 17h54
    Je pense que ça contribue à expliquer la VAR et sa popularité. Les gens ne voient plus les matchs, ils s'en foutent que le match soit haché, de ne pas pouvoir exulter car tu dois attendre que le notair... euh la VAR valide le but... Ils ne subissent quasiment pas ses inconvénients. Et leur équipe n'est plus "volée" par un arbitre incompétent (en fait, ça, si, ils continuent à s'en plaindre).

  • fabraf le 07/09/2022 à 17h56
    "Le rapport au match a changé car on peut se faire un avis dessus sans l'avoir regardé, de manière plus ou moins volontaire (pas les moyens/l'envie de payer)."

    >>> Que vaut cet avis si on n'a pas vu le match ? C'était plutôt ça le sens de mon propos (et leo y a apporté une première réponse). Peut-on parler d'un plat qu'on n'a pas gouté ? D'un film qu'on n'a pas vu ?

    Moins de matchs de foot sont regardés et plus de monde en parlent, je trouve cela bizarre.

  • leo le 07/09/2022 à 18h12
    fabraf aujourd'hui à 17h56
    >>> Que vaut cet avis si on n'a pas vu le match ? C'était plutôt ça le sens de mon propos (et leo y a apporté une première réponse). Peut-on parler d'un plat qu'on n'a pas gouté ? D'un film qu'on n'a pas vu ?
    ---

    Pour les plats, je ne sais pas, mais ne pas voir un film/lire un bouquin n'a jamais empêché certains d'en parler, cf les "polémiques" sur telle ou telle adaptation trop woke ou sur le casting de tel ou tel film.

  • Red Tsar le 07/09/2022 à 18h32
    Loin des dernières réflexions de fond, dans la suite des échanges sur le sujet streaming/MyCanal/bars, je vous relaie ce simple témoignage d'un supporter du PSG, rapidement retranscrit. Pardon d'avance pour les coquilles. Bien évidemment, toute ressemblance avec des faits réels serait totalement...

    « Hier soir, c'était donc le lancement de notre saison. Les matchs amicaux de préparation allaient-ils porter leur fruit ? Allaient-ils se révéler utiles, mes entraînements contre ces sympathiques équipes de Clermont, de Montpellier, de Lille, de Toulouse, de Nantes et, plus redoutable il est vrai, contre la meilleure équipe d'un pays voisin, la principauté de Monaco ?

    Au domicile, la tension est à son comble. Je sens derrière moi l'attente d'une foule compacte de trois fans survoltés et, pire encore à assumer comme pression, le regard narquois de l'observatrice en bord terrain, qui ne se privera pas de phrases assassines en plateau si je n'assume pas mon statut. Je suis celui qui doit ramener le stream (avant, c'était le steak) à la maison. Saleté de patriarcat.

    Le match est dans quinze minutes, mais je préfère anticiper. Je ne voudrais pas rater le but le plus rapide de l'histoire de la Champions League (il faut dire que nos jets euh, nos joueurs, sont sacrément véloces). Fébrile, je lance donc le navigateur. Je pars sur un schéma classique, un site bien connu que je pratique depuis des années. Cette organisation a longtemps fait ses preuves, mais hélas, les adversaires semblent avoir trouvé la parade contre elle depuis quelques mois et il faudra peut-être adapter le système de jeu en cours de match. Une page s'affiche néanmoins à l'écran. Il est 20h48. On me propose de participer à une partie de poker en ligne. Je ne comprends pas. Neymar est pourtant censé jouer un match de foot ce soir. Je décline poliment. Une deuxième page s'ouvre. Une jeune femme très légèrement vêtue apparaît. « Non, les garçons, je ne vais pas échanger votre maman contre cette jeune créature. Oui, c'est vrai qu'elle ne porte pas beaucoup de vêtements. Elle est probablement décroissante. » La sylphide m'envoie un message, juste pour moi, oui. Elle me demande si je vais bien, clin d'œil à l'appui. On verra ça dans 90 minutes, t'es [insulte viriliste] ou quoi ? Excédé, je clique sur oui, histoire de passer à la suite.

    Enfin, j'accède à la liste des matchs. Je lance. Bizarrement, la rencontre semble avoir déjà commencé. Je plisse les yeux pour essayer de discerner quelque chose. Les commentaires, en polonais, n'aident pas à comprendre ce qu'il se passe. Après quelques minutes, un gros plan sur un joueur me fait comprendre que ce n'est pas le PSG. En fait, ce n'est même pas du foot. D'ailleurs, est-ce un match ? Les participants à la rencontre semblent vraiment chercher le contact. Je clique rapidement sur un autre lien. Messi apparaît. Ouf, on est au bon endroit. Mais Messi paraît bien lent ce soir, très lent. Je veux dire, plus lent que d'habitude (si, si). Lent comme immobile. Du coup, c'est peut-être pas Messi le problème. Faudra peut-être qu'un jour je finisse pas céder aux aspirations de la jeunesse ultra du domicile et que je fasse installer la fibre.

    Je change rapidement de site pour un autre, découvert il y a peu, espérant qu'il fonctionnera mieux. Ce changement de plan de jeu va-t-il dérouter l'opposition ? Merde, sur ce site, il faut renseigner son identifiant et son mot de passe. C'était quoi déjà ? *Verratti92* ? Non. Ah, oui, bien sûr : Choupomoting2020+++ ! L'anti-virus s'affole : « Menace détectée. Voulez-vous continuer ? » La Juventus, une menace ? N'importe quoi. Oui, je veux continuer. « Menace majeure potentielle. Voulez-vous vraiment continuer ? » Oui, je te dis. « Système infecté. Vous êtes vraiment trop con, cliquez ici pour assumer ».

    Malgré mes clics répétés, rien ne vient. Pourtant, j'essaie tout, jusqu'aux chaînes de télévision ouzbekes. Bien sûr, Edji doit être au Parc, lui, à se rincer avec ses amis millionnaires [2] et tous ces salauds de riches [1]. En plus, en loge, il doit être entouré de mannequins bulgares [2]. « Hein, chérie ? Qu'est-ce que je dis ? Je parlais à voix haute ? Je disais juste que je t'aime, mon amour [3?] ».

    Un des garçons coupe l'élan romantique qui était en train de naître, ce feu de l'ancien volcan qui s'apprêtait à rejaillir, et réclame, acrimonieusement (sans savoir ce que ce mot veut dire) : « Pourquoi nous on s'abonne pas aux chaînes ? Au moins Amazon Prime pour le championnat, c'est pas cher. » « Amazon ? Mais c'est le démon. Tu sais pas que ses employés sont géolocalisés. Que s'ils vont aux toilettes en dehors de leurs pauses, ils reçoivent des décharges électriques. Espèce d'égoïste, tu veux engraisser ces tortionnaires ? Tu penses qu'à toi, en fait. Sale petit… Non, mais arrête de pleurer. Chut, attends. Non, ne va pas voir ta mère pour lui répéter ça. Tiens, si tu lui dis rien, je te commande tout de suite le maillot de Mbappé. Oui, sur Amazon. Avec l'option Prime pour qu'il arrive demain. »

    Bon, j'arrive à une liste de serveurs. Je choisis lequel ? Va pour l'Albanie. Tout en devant gérer les états d'âme de l'effectif, je garde un œil sur le chrono. Plus que quelques minutes avant le coup d'envoi et voilà que je reçois un mail d'alerte de ma banque qui m'annonce avoir refusé un achat en ligne de 72 kg de farine en Albanie. Il faut dire que suite à une partie de strip poker en ligne (partie de ce jour, 20h48), notre compte a été vidé intégralement.

    Il va falloir se résoudre à utiliser une arme interdite par la Convention parentale : que le grand aille sur Twitter trouver un live. Mais comment lui demander ça, après toutes les fois où je lui ai fait la morale parce qu'il passait trop de temps sur ses « réseaux asociaux » ? J'en viens à espérer une coupure d'électricité généralisée pour sortir de ce dilemme infernal. Mais les centrales nucléaires tiennent bon. Chienne de vie.

    Bon, plus le choix : on passe au plan Urgence Absolue. J'attrape la caisse de secours, la renverse et ramasse les pièces : « Les garçons, ça vous dirait d'aller voir le match au bar portugais en bas ? »

    Voilà. C'est ainsi qu'une fois de plus j'ai réussi à sauver ma planète. Quoi qu'il arrive sur la pelouse maintenant, j'aurais eu ma victoire ce soir. Mais rien n'est jamais acquis à l'homme. Parce que pour PSG-Benfica, va falloir trouver autre chose. Ce bar pour une rencontre franco-portugaise, j'ai déjà donné, pour la finale de l'Euro 2016, ça ira, merci. Enfin, on va pas se plaindre. C'est ça les compétitions européennes. Une adversité de haut niveau, des embûches et une intensité maximale dès la première minute.

    Hasta la victoria, siempre. »

  • magnus le 07/09/2022 à 19h05
    Quand j'étais gamin on parlait bien des matchs sur la foi des résumés de Téléfoot même sans avoir Canal + pour la D1, et on s'ammourachait de certaines européennes en ayant vu juste le résumé dans Formule Foot sur TF1.
    Il ne s'agit pas d'avoir forcément un avis pertinent, mais le passionné de foot veut quand même se faire son avis, sans pour autant avoir les moyens de se payer les abonnements (oui, le pluriel est devenu important) pour cette passion. Ou alors on peut avoir envie de rejeter ces chaises musicales de droits télé saucissonnés en un nombre d'ayant-droits qui n'ont jamais été aussi nombreux (et particulièrement en France il me semble), et trouver que ce n'est pas raisonnable de payer un abonnement quand 1 seul match par semaine, parfois moins, va nous intéresser chez cet ayant-droit.

  • Hannibal le 07/09/2022 à 19h33
    Hey, un certain J. Latta parle dans le poste! Sur France Inter (cette radio de droiiiiiiiite)

  • Radek Bejbl le 07/09/2022 à 19h44
    Il y a entretenir une conversation autour du foot et en parler en détail. Il n'a jamais fallu regarder des matches pour les analyser sommairement, même dans les médias (la moitié des consultants font des débriefs alors qu'ils regardaient leur portable pendant 90 min, et on ne parle ici que de ceux "obligés" d'être devant donc si on élargit à la radio etc...). Et effectivement, historiquement le dialogue footballistique repose beaucoup sur le remplissage autour des rares moments vus. Si on veut proposer un discours intéressant, on ne peut pas se faire l'économie de regarder... mais quasiment personne ne comprend vraiment ce qui se joue. En tout cas au-delà de la partie émergée, le gros match individuel ou le nombre d'actions.

    Du coup, il y a une certaine logique à vouloir construire son avis sur l'écoute de spécialistes et gérer son temps autrement. Je le fais moi-même et je peux tenir un discours analytique très long sur un match dont je n'ai pas vu une seconde sans que ça ne se voie si je connais bien l'équipe (je l'ai parfois fait par défaut sur des émissions hebdos que je fais sur une télé du coin, sans aucune fierté je vous rassure). Mais tout dépend ce qu'on va chercher : si le plaisir est de voir du foot, autant en regarder ; si c'est de voir des buts, il y a les résumés ; si c'est d'être au courant, alors on peut écouter ceux qui savent. Là où c'est problématique à mon sens, c'est qu'il n'y a que quelques personnes en France dont l'avis mérite à mon sens d'être écouté, que les autres sont partout, qu'elles ont une vraie influence, et qu'elles entretiennent l'idée que tout peut être sujet à débat (alors que ce n'est pas du cinéma qui fait appel à la sensibilité, un rapport de force n'a rien de subjectif).