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Les enfants de la bulle

Tout le 9ème art, de Winsor Mc Kay à l'OuBaPo, des écoles franco-belges à l'émancipation de la BD des années 70, des comics et strips US aux mangas du soleil levant...

  • Pascal Amateur le 27/01/2022 à 15h40
    En réponse à DansonsLaBostella le 27/01/2022 à 15h13
    (voir le message)
    L'article du Guardian :
    lien
    Je serais pourtant surpris qu'il s'agisse du premier "ban" de cette œuvre, l'antisémitisme n'est pas né en 2022. Effet des réseaux sociaux, une fois encore ?
  • theviking le 27/01/2022 à 15h51
    Maus n'était pas très populaire en Pologne non plus, ils n'ont pas trop aimé leur association avec les cochons.
  • Red Tsar le 27/01/2022 à 15h55
    C'est vraiment pour Maus que Spiegelman est censuré ? Je suis peut-être trop naïf, mais je ne vois vraiment pas ce que cette œuvre pourrait poser comme problème, surtout pour un Américain. C'est pas pour autre chose (À l'ombre des tours mortes) ? Ça ne justifierait pas, bien sûr, mais c'est pour comprendre, parce que Maus me semble juste incontestable et sans polémique possible.
  • Pascal Amateur le 27/01/2022 à 15h58
    En réponse à Red Tsar le 27/01/2022 à 15h55
    (voir le message)
    Robert le faux hérisson doesn't approve this message.
  • Red Tsar le 27/01/2022 à 16h30
    J'ai la vivacité d'un Thilo Kehrer. Il m'a fallu une bonne minute à me dire : c'est un personnage de Spiegelman ? Ou de Crumb peut-être ? C'est le nom du hérisson dans Mini-Loup ? Ou alors... Ah, mais oui, je l'ai !
  • Doc Martins le 27/01/2022 à 17h11
    Ce serait plutôt un message pour le filpol mais ils ont déjà changé de sujet là-bas donc je le laisse ici.

    Oui, c'est Maus (que je ne connaissais pas, vive l'effet Streisand) qui est visé. Non, le livre n'est pas retiré des bibliothèques du Tennessee. Ce qui serait d'ailleurs compliqué à réaliser puisque chaque ville, comté et école gère sa propre bibliothèque et qu'une telle mesure serait contraire au premier amendement de la constitution américaine.

    On parle ici du programme du cours de littérature de 4ème des collèges du comté de McMinn dans l'est du Tennessee, 54 000 habitants. Vu de France, on se ne rend pas toujours compte à quel point l'éducation est décentralisée aux Etats-Unis. (Mais ne le dites pas à Jean-Michel Blanquer, je ne sais pas si son coeur pourrait résister.) Il n'y a aucun programme national, seuls de vagues objectifs d'apprentissage par classe d'âge auxquels chaque état est libre d'adhérer ou non. L'état du Tennessee applique ses propres "standards" ou niveaux que chaque élève doit atteindre après chaque année. Pour la littérature cela comprend lecture, compréhension, écriture... Mais il n'y a pas de "programme" à proprement parler.

    Les écoles américaines sont dirigées par les "school boards" à l'échelle de la ville ou du comté. Ce sont des comités d'une dizaine de personnes qui sont élues lors des élections locales et peuvent faire quasiment tout ce qu'elles veulent dans le cadre défini ci-dessus bien qu'elles n'ont pour la plupart d'entre elles aucune qualification académique.
    Comme les school boards n'ont ni les ressources ni les compétences pour créer l'ensemble des programmes scolaires de la grande section à la terminale, elles se reposent sur des groupes d'experts et de professeurs (le processus est expliqué dans le compte-rendu de la réunion, c'est assez intéressant) et validés le plus souvent sans discussion, ce qui fut le cas ici.
    Alors que s'est-il passé ? On ne le sait pas dans cet exemple mais c'est quasiment toujours la même histoire : un parent d'élève voit quelque chose qui ne lui plaît pas dans un livre ou un cours, se plaint au school board et une réunion est organisée pour en discuter.

    Ce qui ne plaît pas ici, ce sont neuf gros mots (comme "god damn" et "bitch") et une image d'une personne nue. La conversation est lunaire : ces mots n'ont pas leur place à l'école donc il faut les effacer ("comme on a déjà mis du scotch sur une image de fesses", il est précisé), mais ça pose un problème de droits d'auteur donc on enlève tout le livre du programme. Les gamins de 14 ans concernés doivent bien en rigoler.

    Là où beaucoup se trompent (Pascal ici notamment), c'est que ce n'est pas de l'antisémitisme. Cela pourrait être un livre sur les chatons, ça serait la même chose. Maus est banni car il compte neuf gros mots, pas parce qu'il raconte l'Holocauste. C'est tellement idiot pour nous que c'est impossible à imaginer. Mais je connais un peu le coin et je peux vous assurer que c'est vrai.

    C'est aussi pour ça que parler de "cancel culture" me paraît erroné. Je comprends l'idée de récupérer un concept fumeux pour le mettre sur le dos de ceux qui l'ont inventé. Mais il n'y a rien de nouveau dans tout ça. C'est un exemple parmi d'autres mais je rappelle que la loi du Tennessee oblige toujours ses écoles à enseigner l'abstinence avant le mariage comme "éducation sexuelle". Ce n'est pas pour laisser passer un livre qui comprendrait le mot "b-i-t-c-h", comme le disait de façon hilarante un des membres du school board.
  • Pascal Amateur le 27/01/2022 à 17h20
    En réponse à Doc Martins le 27/01/2022 à 17h11
    (voir le message)
    Merci beaucoup. Dès lors, je n'ai pu m'empêcher de penser à cette scène :
    lien
  • betomar le 27/01/2022 à 17h36
    Merci doc, je suis surpris que tu ne connaisses pas Maus, ici il fait partie des listes de lecture (au lycée ou même au collège, ce qui d'ailleurs peut se discuter). Je te le conseille évidemment, mais attention, il m'a valu une nuit blanche.
    Est ce que ton interprétation ne serait pas un peu naïve? Je ne peux pas imaginer qu'un être humain traite ce livre comme un vulgaire manga ou une BD érotique avec des fesses et des gros mots dedans...
  • Doc Martins le 27/01/2022 à 17h47
    Mais on ne parle pas d'êtres humains là, on parle du Tennessee !

    Comme je le disais on ne connait pas la requête initiale qui a provoqué cette réunion, peut-être qu'il y avait de l'antisémitisme chez le parent qui s'est (sans doute) plaint. Mais pour moi ce n'est pas la raison du vote unanime du board. La population locale est raciste, sexiste, homophobe (rayez la mention inutile), ça oui. Mais à ce point là, je ne pense vraiment pas.
  • Danishos Dynamitos le 27/01/2022 à 17h52
    Ah Maus.
    Je n'ai jamais lu un truc qui m'a fait autant froid dans le dos.
    Tu peux évoquer tous les films qui parle de l'holocauste, celui qui illustre le mieux ce qu'a été la Shoah, c'est bien Maus.
    Et sans aucun millilitre de moralisme ou de bons sentiment.