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Marie-Antoinette Katoto, joueuse de grands matchs

Encore buteuse lors d’une victoire du PSG face à Lyon, Marie-Antoinette Katoto a pourtant la réputation de passer à côté des grands matchs. Bien pratique pour lui préférer des attaquantes qui ne finissent pas en tête du classement des buteuses, cette image ne résiste pourtant pas à l’épreuve des faits.

C’est un constat qui semble communément admis, Marie-Antoinette Katoto ne marque pas dans les grands matchs et ses deux titres de meilleure buteuse de D1 ne comptent que des buts marqués contre les petites équipes. C’est par un constat de ce type que la sélectionneuse de l’équipe de France Corinne Diacre avait commenté son absence de la liste des joueuses invitées à disputer la Coupe du monde en France : « Il m’a manqué de la performance dans les grands rendez-vous. C’est la raison pour laquelle je ne l’ai pas mise dans la liste. » Elle faisait en particulier référence à un quart de finale contre Chelsea où l’attaquante du PSG n’avait pas été à son avantage et n’avait pas marqué, finissant la compétition à 5 buts. Elle lui avait donc préféré la Montpelliéraine Valérie Gauvin dont le total de but reste à zéro en Coupe d’Europe, quart de finale contre Chelsea compris la saison précédente.

Au lendemain de la victoire du PSG sur Lyon grâce à un but de Katoto, L’Équipe a sous-titré l’article consacré à l’attaquante « la buteuse parisienne a enfin mis fin à sa disette contre Lyon, mais s’est blessée à la cheville droite ». Le concept de disette nécessite sans doute d’être précisé.

Il s’agissait du deuxième but marqué par la native de Colombes contre Lyon après celui qui avait donné la victoire à ses couleurs en finale de la Coupe de France 2018 à Strasbourg. Deux c’est peu et on peut envisager que doubler son score lui ait permis de passer de la disette à l’abondance. Mais il faut faire la part des choses quand on parle de Lyon, une équipe qui prend en moyenne un but tous les quatre matchs toutes compétitions confondues et qui n’encaisse plus d’un but dans un match que lors de larges victoires (la dernière défaite lyonnaise sur un autre score que 1-0 date de novembre 2014 contre Potsdam).

Personne ne marque régulièrement contre Lyon

Depuis que l’OL a succédé au FC Lyon en 2004, une vingtaine de joueuses a marqué plus d’un but contre Lyon, toutes compétitions confondues. Mais pour la plupart, cela remonte un peu. La plus prolifique a été Laetitia Tonazzi avec 8 buts mais tous marqués avec Juvisy, qu’elle a quitté en 2012. Vient ensuite Élodie Thomis, 7 buts dont un quadruplé face à Hope Solo et qui joué à l’OL de 2007 jusqu’à la fin de sa carrière. Julie Morel complète le podium avec 5 buts marqués entre 2006 et 2013 avec Condé, Saint-Brieuc et Saint-Étienne, à chaque fois pour sauver l’honneur lors de lourdes défaites.

Si l’on revient à Marie-Antoinette Katoto et que l’on restreint le champ d’observation à la période des quatre dernières saisons – soit depuis qu’elle est titulaire au PSG et qu’elle a eu l’occasion de rencontre Lyon – il ne reste guère qu’Ouleymata Sarr pour la concurrencer : l’attaquante de Bordeaux a marqué trois fois contre l’OL dont deux qui comptent : cette saison en championnat pour revenir à 2-1 et avec Lille lors de la finale de Coupe de France 2019, également pour revenir à 2-1. Le troisième but est plus anecdotique puisqu’il s’agissait de réduire le score à 4-1 dans un match finalement perdu par les Lilloises 10-1.

Il est certainement beaucoup plus significatif de marquer quand les matchs sont serrés : Naomie Feller a également inscrit deux buts contre Lyon, dans le même match qui s’est terminé sur le score de 8-3. Ceux de Marie-Antoinette Katoto ont abouti à deux victoires, qui sont d’ailleurs les deux seules défaites de l’OL depuis 2017, toutes compétitions confondues. Bref elle est la seule depuis près de quatre ans à marquer pour battre Lyon.

Buteuse utile…

Au-delà des deux buts marqués contre Lyon qui font un échantillon assez réduit, l’attaquante du PSG est l’une des joueuses en D1 qui marque le plus de buts « utiles », c’est-à-dire quand le score est encore serré. Elle a marqué par exemple près de 64% de ses 77 buts en D1 quand le score était à égalité ou favorable d’un but. De toutes les joueuses ayant marqué au moins 50 buts en D1 depuis 2003, seule Pauline Crammer (74% de ses 50 buts marqués avec Hénin-Beaumont entre 2006 et 2012) et Ludivine Diguelman (66% de ses 62 buts avec Montpellier et Nîmes de 2003 à 2016) ont un taux plus important, Gaëtane Thiney ayant un taux équivalent. Et avec 83% de buts marqués quand il n’y a pas plus de deux buts d’écart, la Parisienne possède le taux le plus élevé.

En particulier, les joueuses qui ont remporté avant elle le titre de meilleure buteuse ont le plus souvent profité d’une équipe très dominante pour améliorer leurs statistiques une fois le score acquis.

La joueuse du PSG marque 5% de ses buts quand son équipe a déjà au moins quatre buts d’avance. Pour sa triple prédecesseuse Ada Hegerberg, c’est 26%, 27% pour Eugénie Le Sommer, 32% pour Lotta Schelin et même 36% pour Sandrine Brétigny. Bien sûr cette proportion est majorée dans une équipe comme Lyon qui remporte – ou remportait – des victoires souvent très larges mais Marie-Antoinette Katoto a un nombre de buts marqué étonnamment faible quand le score est acquis, y compris en comparaison de joueuses appartenant à des clubs moins huppés et moins propices aux scores fleuves. Ses deux buts les plus inutiles ne le sont certainement pas aux yeux des supporters du PSG puisqu’ils sont les 7e et 9e de la victoire 11-0 face à Marseille la saison dernière. Sinon elle n’a marqué que deux buts avec un score déjà favorable de quatre buts : face à Rodez pour son premier match en D1 et face à Nîmes pour son troisième. Depuis, le PSG a remporté 25 matchs par cinq buts d’écarts ou plus mais trois fois seulement avec un but de Marie-Antoinette Katoto une fois le score acquis (contre Marseille donc, ainsi que contre Rennes en Coupe de France et Braga en Ligue des Championnes). Par contre elle a lancé huit des treize dernières larges victoires en marquant elle-même le premier but.

… et contre les adversaires directs

L’attaquante du PSG a marqué 17 de ses 77 buts en D1 face à une équipe du premier tiers du classement soit 22%1. Cette proportion est inférieure à ce qu’elle pourrait être2 mais parmi les 40 joueuses en activité ayant marqué au moins 20 buts en D1, seules Desire Oparanozie (13 buts sur 48), Dzsenifer Marozsan (9/34) et Sarah Cambot (5/20) marquent proportionnellement plus contre les équipes de haut de tableau sachant que la Nigériane et la Française affrontent une équipe de plus dans le premier tiers (leurs clubs n’en faisant pas partie).

Par comparaison, Ada Hegerberg a marqué 23 de ses 144 buts contre les équipes du haut de tableau (16%), autant que Gaëtane Thiney mais sur un total de 155 buts (15%)3 alors que pour Eugénie Le Sommer, c’est 28 buts sur 204 (14%). Quant à Valérie Gauvin, c’est 4 buts sur 52 (8%).

En Coupe d’Europe, le bilan est peut-être moins flatteur : l’avant-centre du PSG n’a marqué qu’un seul but en quart de finale et aucun en demi-finale ou en finale. Il faut dire qu’elle n’a joué aucune des deux finales du club parisien et qu’elle n’avait joué que quelques minutes en demi-finale avant cette saison. Évidemment, il y a une corrélation entre son absence de buts et l’élimination de son club. Lors de deux premiers tours en revanche, elle a une efficacité assez proche de celle – stratosphérique – d’Ada Hegerberg qui marque à peu près un but toutes les 45 minutes. En quart de finale, elle a été muette lors de ses trois premiers matchs, un contre le Bayern en 2017 et les deux contre Chelsea en 2019. Mais cet été elle a ouvert le score pour lancer la qualification face à Arsenal. Comme pour le récent but contre Lyon, cela peut signifier également qu’elle a passé un cap et se montre plus décisive qu’avant. Et même marqués dans les premiers tours, les 10 buts qu’elle a inscrits sont toujours 10 de plus que Valérie Gauvin ou Viviane Asseyi et 5 de plus que Kadidiatou Diani (dont un but en quart de finale et un but en demi-finale) et Delphine Cascarino.

Bien entendu, ces chiffres ne disent pas tout de son l’apport mais ils permettent de relativiser la prétendue absence d’efficacité d’une joueuse qui après trois saisons comme titulaire à 21 ans a fini deux fois meilleure buteuse de D1 et une fois seconde. Depuis le début de sa carrière elle marque à peu près un but par match en moyenne et donc pas seulement grâce à des octuplés en fin de matchs face aux relégables. Ses statistiques en équipe de France sont moins flatteuses mais elles seraient sans doute meilleures si elle était alignée systématiquement en attaque.

Le point à mi-saison de la D1 2019-2020 (4/4) – Le maintien

La moitié de la saison est passée et à quelque jour de la reprise, c’est l’occasion de faire un bilan d’étape de la D1 d’après Coupe du monde en quatre partie concernant la fréquentation des stades, le recrutement à l’étranger, le niveau général et la course au maintien.

Le maintien

Si le suspense semble absent pour le titre, il n’est sans doute pas beaucoup plus grand pour le maintien cette saison puisque Marseille et surtout Metz semblent irrémédiablement décrochés. Peut-on trouver des raisons d’espérer pour ces deux équipes ? L’étude des saisons passées peut-elle être source d’espoir ?

Avec un seul point glané à Charléty (après avoir mené 2-0), Metz est dans les temps pour égaler le record du plus petit nombre de points marqués. Muret en 2014, Caluire en 2002 et Marseille1 en 2001 en étaient restés à un nul durant toute la saison. La situation des Grenates semble désespérée.

Celle des Marseillaises n’est pas bien meilleure avec seulement six points et surtout cinq de retard sur Reims et Dijon.

Classement de la D1 2019-2020 après 12 journées
Rang Club [victoires / nuls / défaites / diff. de buts] Pts
1 Lyon [11/1/0/45] 34
    33
    32
    31
    30
2 PSG [9/2/1/32] 29
    28
3 Bordeaux [9/0/3/17] 27
    26
    25
4 Montpellier [7/3/2/18] 24
    23
    22
    21
    20
    19
    18
    17
5 Guingamp [4/4/4/-2] 16
    15
6 Paris FC [4/2/6/-11] Fleury [4/2/5/-7] 14
8 Soyaux [3/4/4/-9] 13
    12
9 Reims [3/2/7/-9] Dijon [2/5/5/-15] 11
    10
    9
    8
    7
11 Marseille [2/0/10/-28] 6
    5
    4
    3
    2
12 Metz [0/1/11/-31] 1

Depuis les débuts de la D1 à 12 équipes dans une poule unique en 1993, seules quatre équipes ont réussi à se maintenir avec 6 points ou moins à la 12e journée, et deux autres ont été reléguées mais à la 10e place à une époque où trois équipes descendaient. Le record appartient à Saint-Brieuc en 2003/2004 qui n’avait alors qu’une victoire contre La Roche-sur-Yon et un nul contre le PSG mais qui avait obtenu quatre victoires et deux nuls lors des dix dernières journées pour se maintenir assez confortablement.

Les trois autres cas de maintien avec 5 ou 6 points à la douzième journée se sont déroulées en deux saison. En 2010, La Roche-sur-Yon avait profité de trois matchs à domicile consécutifs pour prendre 7 points2 et doubler Soyaux à l’arrêt pendant toute la phase retour. La saison suivante, Saint-Brieuc et Yzeure ne comptaient qu’une victoire et respectivement trois et deux nuls mais quadruplaient leur nombre de succès dans les dix dernières journées. Les Auvergnates ne concédaient même que trois défaites sur cette période3. Elles profitaient également de l’écroulement de Toulouse pour finir par se maintenir alors même qu’il y avait trois descentes.

Plus petits nombres de points pour des équipes ayant échappé aux deux dernières places
Saison Équipe Pts Place
2003-2004 Saint-Brieuc 4 9
1994-1995 Orléans 5 10
2010-2011 Yzeure 5 9
2009-2010 La Roche-sur-Yon 6 10
2010-2011 Saint-Brieuc 6 8
1996-1997 Saint-Memmie 6 10
2003-2004 Saint-Memmie 7 10
2003-2004 PSG 7 8
1997-1998 Saint-Quentin 7 7
1997-1998 Saint-Maur 7 10
2016-2017 Albi 7 9
2011-2012 Hénin-Beaumont 7 10
2009-2010 Saint-Brieuc 7 9
2006-2007 Hénin-Beaumont 7 10

Enfin Orléans en 1995 et Saint-Memmie en 1997 avaient réussi à remonter à la dixième place mais lors de saisons où c’était aussi une place de relégable.

Le précédent stéphanois

Réciproquement, Reims et Dijon auraient tort de se croire sauvés. L’an dernier, Lille comptait aussi 11 points à ce moment de la saison, tout comme Albi la saison précédente. Et en 2017, Saint-Étienne en avait même deux de plus. Ces trois équipes sont actuellement en D2.

En 1997, le Caluire Saint-Clair Sporting Club de Sandrine Soubeyrand avait commencé par un bilan très équilibré, quatre victoires, quatre nuls et quatre défaites. Mais il avait terminé par dix défaites (et trois points de pénalité) qui l’avaient envoyé en D2.

Cet exemple confirme que chaque situation est un cas d’espèce. En général le classement du bas de tableau évolue peu en deuxième partie de saison parce que les équipes prennent tellement peu de points qu’une faible avance suffit. Mais si une équipe se débloque, cinq points ne sont finalement que deux victoires : c’est à la fois beaucoup, puisque c’est le total de Marseille jusque là, et c’est assez peu pour être envisageable.

Plus grands nombres de points pour des équipes ayant terminé à l’une des deux dernières places
Saison Équipe Pts Place
1996-1997 Caluire 16 11
2016-2017 Saint-Étienne 13 11
2006-2007 Compiègne 13 11
1995-1996 Hénin-Beaumont 13 11
2010-2011 Toulouse 12 11
2018-2019 Lille 11 11
2017-2018 Albi 11 11
1993-1994 Blanc-Mesnil 10 12
2008-2009 Condé 10 11
2007-2008 Evreux 10 12

Pour Dijon et Reims, tout comme Paris, Soyaux et Reims qui les précèdent, plus que le nombre de point déjà obtenu, c’est l’écart qui peut donner confiance. L’an dernier, Lille était déjà relégable avec ses onze points, et l’année précédente, Albi n’avait que deux points d’avance sur Guingamp. Mais en 2017, Saint-Étienne avait une marge de six points sur Albi et visait plutôt le haut du tableau (Marseille 4e n’était que quatre points devant) mais avait complètement explosé, d’autant qu’en réalité, les 12e et 13e journées avaient été jouées autour de la 19e et que les 13 points étaient déjà acquis à la mi-saison, les Vertes étant alors sixième, un point derrière Marseille (qui finira 4e) et trois derrière Guingamp. Mais le bilan de leur phase retour sera ensuite de 9 défaites et 2 nuls avec 3 buts marqués et 30 encaissés.

Une chose est sûre, les deux relégables actuelles ne peuvent s’en sortir qu’avec une deuxième partie de saison d’une toute autre teneur. Et rien ne le laisse présager jusque là. Metz semble simplement très loin du niveau requis. En dehors des deux Justine, Lerond et Rougemont, aucune joueuse n’a fait naître de promesse pour la suite. La perte de Simone n’a pas été compensée par l’arrivée de Charlotte Lorgeré, arrivée blessée et qui n’a disputé qu’une mi-temps jusque là. Léa Khelifi avait porté l’équipe l’an dernier : ses huit buts avaient été à l’origine de quasiment tous les points puisqu’elle avait marqué lors de cinq des six victoires (dont quatre par un seul but d’écart) et lors du seul match nul. Aucune des différentes recrues étrangères, de Sh’nia Gordon à Jassie Vasconcelos n’a apporté jusque là quelque chose d’approchant. Et pour couronner le tout, Melike Pekel devrait manquer toute la fin de saison sur blessure.

Justine Rougemont et Justine Lerond

Justine Rougemont et Justine Lerond

À Marseille, des joueuses comme Maéva Salomon, Éva Sumo ou Sarah Huchet avaient tiré leur épingle du jeu en D2 mais il n’est pas très étonnant qu’elles soient plus en difficulté dans l’élite comme lors de leurs précédents passages. De même des joueuses venues se relancer comme Candice Gherbi, Sarah Palacin ou Nadjma Ali Nadjim semblent encore en difficulté et tout a plutôt reposé sur la capitaine Caroline Pizzala et sur les jeunes joueuses. La première saison comme titulaire de Sarah Zahot est jusque là très réussie et Cindy Caputo, Mickaela Cardia ou Tess Laplacette tiennent leur place. Au total et en ajoutant les très jeunes Alaïs Lamarque ou Anna Conesa (plus jeune joueuse de la saison), Marseille dispose certainement du talent nécessaire pour prendre beaucoup plus de point en deuxième partie de saison.

Sarah Zahot et Nora Coton-Pélagie

Sarah Zahot et Nora Coton-Pélagie

Le point à mi-saison de la D1 2019-2020 (3/4) – L’homogénéité

La moitié de la saison est passée et à quelque jour de la reprise, c’est l’occasion de faire un bilan d’étape de la D1 d’après Coupe du monde en quatre partie concernant la fréquentation des stades, le recrutement à l’étranger, le niveau général et la course au maintien.

L’homogénéité

L’uniformité du palmarès en D1 depuis treize ans et la persistance longtemps observée d’un même quatuor de tête donne l’image d’une compétition très hétérogène. Mais la D1 l’est-elle pourtant plus que ses concurrentes étrangères et quelle est l’évolution de l’homogénéité du plateau ?

En début de saison comme tous les ans, les présentations du plateau en D1 pariaient sur le fait que le PSG s’était rapproché de l’OL et allait se battre sérieusement pour le titre. À la mi-saison, après une défaite dans la confrontation directe et des points perdus en route contre Guingamp ou Montpellier, la lutte pour le titre semble terminée.

Mais si le nom de la championne est évidemment important, il n’est pas tout dans un championnat (sinon il y a une dizaine d’équipes qui ne prendrait pas la peine de s’y inscrire). La lutte pour les places d’honneur plus ou moins honorifiques selon qu’elles qualifient ou non pour la Ligue des Championnes (où il y aura une place de plus à l’issue de la saison prochaine) et celle pour le maintien occupent aussi le quotidien d’une saison.

Les équipes n'ayant pas passé au moins deux saisons consécutives en D1 depuis 2009 ne sont pas représentées.

Les équipes n'ayant pas passé au moins deux saisons consécutives en D1 depuis 2009 ne sont pas représentées.

Si le PSG ne s’est sans doute pas rapproché de Lyon, Bordeaux s’est clairement rapproché du PSG, en passant sans doute au passage devant Montpellier. Il n’y a actuellement que deux points entre Parisiennes et Bordelaises ce qui peut laisser de l’espoir aux Girondines de découvrir l’Europe l’an prochain même si leur sévère défaite à Saint-Germain-en-Laye indique que la revanche devra être conquise de haute lutte.

L’ascension bordelaise semble partie pour rétablir la tradition du quatuor de tête mise à mal par les difficultés de Juvisy devenu Paris FC. Mais la stabilité est surtout valable en haut de tableau et elle ne suffit pas à établir le niveau d’homogénéité de la compétition : il est probable que des niveaux très différents entres les équipes favorisent la stabilité du classement d’une saison à l’autre mais c’est seulement un indice parmi d’autres.

Pas tellement de différence avec les voisins

Différents indicateurs permettent d’estimer l’homogénéité d’une compétition. Le plus simple est de comparer l’écart de point entre le premier et le dernier. Comme les championnats ne comptent pas tous douze équipes (l’Angleterre, l’Italie et l’Espagne ont eu une première division de taille variable), il est plus pertinent de comparer l’écart de la moyenne de point par match entre le premier et le dernier. Dans un système où la victoire vaut trois points et la défaite zéro1, l’écart maximal est de trois points (avec un champion qui gagne tous ses matchs et un dernier qui les perd tous).

La comparaison avec les championnats voisins2 montre que la variation d’une année sur l’autre est souvent plus importante que les différences entre pays. L’écart est généralement entre 2 et 2,5 points mais il monte à l’occasion au-delà. Il était particulièrement élevé en D1 dans la première moitié des années 2010 avec des lanternes rouges ayant ramené très peu de points et sa baisse ne vient que de l’amélioration de la moyenne de points des équipes de bas de tableau. A contrario, cette amplitude était particulièrement faible à la même période dans le championnat anglais. Il s’agissait des premières saison de la FAWSL.

Bien qu’assez facile à comprendre, cet indicateur a le défaut d’être très sensible aux valeurs extrêmes : un champion largement au-dessus ou une lanterne rouge qui passe à côté de saison n’expriment pas le niveau général d’un championnat.

Pour limiter ce phénomène, l’écart entre le second et l’avant-dernier donne une mesure d’amplitude légèrement plus robuste.

L’homogénéité des premières années de FAWSL est encore plus marqué (mais il s’agit peut-être d’un artefact lié au faible nombre d’équipes dans cette compétition démarrée à huit équipes). Depuis quelques saisons, il n’y a pas de différence significative de l’écart entre le second et l’avant-dernier entre les différents championnats avec un point de rencontre la saison dernière où cet écart était quasiment identique pour les cinq championnats étudiés.

Légèrement plus complexe, l’écart type de la moyenne de point par match mesure une distance entre la moyenne de point de chaque équipe et la moyenne globale du championnat. Là aussi, plus la valeur est élevée, plus le championnat est hétérogène.

Le bilan n’est pas très différent : les évolutions d’une année sur l’autre sont souvent plus importantes que les différences entre championnats. La D1 semble avoir été la plus hétérogène durant une période allant de 2010 à 2015 mais la Super League anglaise semble passée devant alors que son système quasiment à l’américaine est en théorie prévu pour homogénéiser le niveau. C’est en Espagne que les moyennes de points semblent réparties de la façon la plus homogène mais c’est là aussi sans doute en partie un effet du plus grand nombre d’équipes dans cette compétition (seize contre douze pour les autres championnats désormais).

Ces différents indicateurs semblent montrer qu’il n’y a pas de différence sensible d’hétérogénéité entre les différents championnats étudiés. Ce qui ne dit bien sûr rien sur leurs niveaux respectifs.

Le point à mi-saison de la D1 2019-2020 (2/4) – Les recrues

La moitié de la saison est passée et à quelque jour de la reprise, c’est l’occasion de faire un bilan d’étape de la D1 d’après Coupe du monde en quatre partie concernant la fréquentation des stades, le recrutement à l’étranger, le niveau général et la course au maintien.

Les recrues

La D1 fait désormais régulièrement son marché en dehors de France et pas seulement pour les équipes de tête. La moitié des joueuses qui ont débuté en D1 cette saison venait ainsi de l’étranger.

Est-ce que ces recrues barrent la route des jeunes joueuses et bloquent la progression des postulantes à l’équipe de France ou apportent-elles de l’expérience au première et un environnement de plus haut niveau aux secondes ?

Cinquante joueuses ont joué leur premier match de D1 cette saison. Parmi elles, la moitié est arrivée de l’étranger, quatorze sont des promues qui n’avaient jamais connu l’élite et dix sont de jeunes joueuses qui débutent leur carrière. Enfin la Sojaldicienne Sarah Magnier est un cas à part puisqu’elle est arrivée cette saison de Limoges à 29 ans pour faire ses débuts dans l’élite.

Sarah Magnier, ici face à Hanna Glas

Sarah Magnier, ici face à Hanna Glas

Les deux tiers des joueuses arrivées de l’étranger cet été sont globalement titulaire (ou font partie de la rotation d’un effectif qui compte nettement plus de onze titulaires comme les Anglaises de Lyon Nikita Parris et Alex Greenwood). Ce n’est pas une nouveauté (voir « La D1, le nouvel Eldorado » où on parlait déjà en 2013 de Megan Rapinoe, Luna Gevitz et Jeannette Yango et « Les étrangères en D1 » pour voir que la proportion de joueuses étrangères était de 12 % en 2015 alors qu’elle atteint désormais 30 %).

Les clubs du haut de tableau, Lyon, PSG, Montpellier et Bordeaux sont allés chercher des internationales reconnues ou de solides espoirs et si les Parisiennes Jordyn Huitema et Karina Sævik sont plutôt remplaçantes, elles le doivent plus à la concurrence à qu’à un échec de recrutement et aucune des deux n’a passé plus de trois match sans entrer en jeu.

Khadija Shaw à Bordeaux tout comme Lisa Schmitz, Iva Landeka et Lena Petermann à Montpellier sont tout de suite devenues des pièces maîtresses de leur équipe.

Khadija Shaw

Khadija Shaw

Dans les équipes du reste du plateau, le bilan est plus nuancé. Fleury a parfaitement réussi sa greffe danoise même si Cecilie Sandvej joue peu. Rikke Sevecke est capitaine, Stine Larsen joue tous les matchs et l’équipe semble en route pour un maintien tranquille malgré un renouvellement très important de son effectif et sans l’appui d’un club professionnel masculin (l’interaction avec l’équipe masculine cette saison a été le passage de l’entraîneur Habib Boumezoued chez les garçons).

De même à Guingamp, l’arrivée de Carlin Hudson a stabilisé la défense avec Luna Gevitz qui n’est pas débutante en D1 puisqu’elle était passée par Montpellier en 2012-2013 mais c’est tout comme. À Reims, Darya Kravetz et Grace Rapp sont venues compléter un effectif qui comptait déjà Tanya Romanenko et Melissa Herrera et qui assume son rôle de promu.

Carlin Hudson au duel avec Stine Larsen sous l'œil de Luna Gevitz et Marina Makanza

Carlin Hudson au duel avec Stine Larsen sous l'œil de Luna Gevitz et Marina Makanza

Le recrutement de Metz explique sans doute en partie la position de lanterne rouge des grenates. Kristen Ricks et Jassie Vasconcelos ne jouent presque jamais alors que Christy Grimshaw et Sh’nia Gordon n’apportent pas grand-chose qui justifie d’être allé les chercher à l’étranger. Dans une mission comme celle du maintien qui a des chances de ne pas se jouer tellement sur le talent mais plus sur l’envie et l’esprit de corps, il est sans doute plus facile de faire bloc avec des joueuses du cru qui savent qu’une descente signifie qu’elles seront elles-mêmes en D2 qu’avec d’autres qui sont ici cette année et qui seront ailleurs l’an prochain.

La problématique est légèrement différente pour le Paris FC qui n’en est pas à risquer la descente en D2. Mais après avoir longtemps limité son contingent étranger à de rares exceptions, l’ex club juvisien doit désormais compenser avec les nombreux départs de titulaires. Et bien que le club axe en grande partie sa communication sur sa formation et la jeunesse de son effectif, il va très largement chercher ses renforts à l’étranger, avec un succès contrasté. Marith Müller-Prießen s’est imposée en défense tout comme Claire Savin quand elle n’est pas blessée. Mais Coumba Sow joue les utilités alors que Natasha Honegger n’a joué que le dernier match de l’année.

Le Paris FC est derrière Lyon la deuxième équipe la plus âgée du championnat et c’est sans doute parce que ces recrues bloquent les jeunes joueuses du club. En dehors d’Oriane Jean-François qui a fait son trou, aucune joueuse née en 2000 ou après n’est entrée en jeu cette saison. Ainsi Caroline Pimentel et Mélanie Carvalho n’ont pas encore eu l’occasion d’enchaîner malgré des débuts plutôt réussis la saison dernière.

Proportions croisées du temps de jeu en D1 pour les joueuses non sélectionnables et formées au club

Proportions croisées du temps de jeu en D1 pour les joueuses non sélectionnables et formées au club

Pourtant la présence de joueuses étrangères n’est pas incompatible avec l’utilisation de joueuses formées au club1. Parmi les cinq équipes qui alignent le plus de joueuses qu’elles ont formé, on trouve trois des quatre qui font jouer le plus de non sélectionnables2 (et encore il faut descendre dans les décimales pour que Montpellier soit devancé par Reims).

Le cas de Guingamp ressemble à ce que le Paris FC annonce faire. L’équipe type ne compte plus que la seule Louise Fleury comme joueuse formée au club et elle s’est stabilisée avec des étrangères, soit venant de l’étranger comme Carlin Hudson et Luna Gevitz, soit connaissant déjà la D1 comme Ekaterina Tyryshkina arrivée l’an dernier de Rodez ou Jeannette Yango arrivée cet été et qui avait connu l’élite à Yzeure et qui est passée entre temps par la D2 avec Brest, Rouen et Saint-Malo. Mais le centre de formation apporte aussi son écot puisque derrière les onze titulaires, il fournit toutes les autres joueuses de l’équipe comme Ella Pallis, Adélie Fourré, Emmy Jézéquel ou Alison Peniguel.

Âge moyen des équipes de D1
Équipe Âge moyen
Reims 22,6
Metz 23,0
Marseille 23,4
Guingamp 23,5
PSG 24,9
Soyaux 25,3
Montpellier 25,5
Bordeaux 25,5
Dijon 26,1
Fleury 26,4
Paris FC 26,6
Lyon 27,4

Trois des quatre équipes les plus jeunes de D1 (Reims, Metz et Guingamp) sont aussi trois des quatre qui alignent le plus de joueuses non sélectionnables en dehors du trio Lyon-PSG-Montpellier.

« Jeunes » et « étrangères » ne sont pas par nature des catégories disjointes mais pour ces trois équipes, les joueuses étrangères sont plus âgées que les françaises, particulièrement à Reims. Les recrues étrangères semblent bien là pour encadrer et apporter de l’expérience à leurs coéquipières françaises.

En dehors du PSG, les joueuses sélectionnables dans les équipes de France occupent la majorité du temps de jeu.

Jordyn Huitema, jeune recrue étrangère du PSG.

Jordyn Huitema, jeune recrue étrangère du PSG.

Dans les trois clubs historiques du haut de tableau, les joueuses françaises régulièrement alignées sont appelées en équipe de France et réciproquement, toutes les internationales en exercice jouent régulièrement. Il y a bien sûr toujours des exceptions comme Selma Bacha, Sandy Baltimore, Morgane Nicoli, Aminata Diallo ou Sandie Toletti, pas encore ou plus appelées. Mais dans l’ensemble, il n’y a pas vraiment cette saison d’internationale en puissance cantonnée sur le banc dans ces clubs.

Ce n’est pas non plus le cas à Bordeaux où la présence de prétendantes à d’autres sélection est moindre et où il y a nettement plus de prétendantes à l’équipe de France que d’appelées. Ce sont même plutôt les étrangères Kathellen Sousa et Erin Nayler qui semblent avoir perdu leur place.

Comparaison de la moyenne d’âge des Françaises et étrangères dans les clubs de D1
Équipe Étrangères Françaises Écart
Soyaux // 25,0 //
Reims 24,6 20,5 4,1
PSG 26,1 22,5 3,6
Montpellier 26,9 23,6 3,3
Paris FC 28,1 25,7 2,3
Guingamp 24,6 22,4 2,3
Metz 23,8 22,1 1,6
Lyon 26,6 27,6 -1,0
Marseille 22,0 23,1 -1,1
Dijon 24,8 26,0 -1,2
Bordeaux 23,6 25,6 -1,9
Fleury 24,7 26,7 -2,0

Le recrutement à l’étranger ne semble donc pas (encore) de nature à bloquer massivement la progression des joueuses nationales. Il est parfois de qualité inégale mais cela se traduit surtout par une mise sur le banc des recrues.

Le point à mi-saison de la D1 2019-2020 (1/4) – Les affluences

La moitié de la saison est passée et à quelque jour de la reprise, c’est l’occasion de faire un bilan d’étape de la D1 d’après Coupe du monde en quatre partie concernant la fréquentation des stades, le recrutement à l’étranger, le niveau général et la course au maintien.

Les affluences

Après une Coupe du monde qui avait attiré beaucoup de spectateurs et de téléspectateurs, la D1 était attendue au tournant pour savoir s’il y aurait un « effet Coupe du monde ». Au bout d’une demi-saison, les affluences n’ont pas explosé ce qui était prévisible et qui n’est sans doute pas vraiment grave.

Il fallait vraiment n’avoir jamais regardé la D1 et avoir découvert la discipline lors de la Coupe du monde pour penser que le championnat de France reprendrait dans les stades des garçons pleins. Et à vrai dire, presque aucun des clubs de D1 n’aurait eu les infrastructures pour l’assumer.

À la mi-saison, la moyenne de spectateurs dépasse les 1200, soit près de deux fois que ce qu’elle était il y a seulement deux ans et six fois plus qu’avant 2011 et la première vague de médiatisation.

Affluence moyenne à domicile des clubs de D1 2019-2020
Équipe Moyenne Matchs
Lyon 5 470 7
Dijon 1 642 5
PSG 1 462 6
Reims 1 150 5
Paris FC 834 6
Bordeaux 819 6
Guingamp 759 7
Soyaux 577 5
Metz 466 6
Montpellier 436 5
Fleury 340 6
Marseille 304 7

L’an dernier, la moyenne tournait autour de 900 et il faut se méfier du chiffre actuel puisqu’il est tiré vers le haut par le Lyon-PSG qui a attiré 30 661 spectateurs, soit le tiers de l’affluence totale et qui n’aura lieu qu’une fois. Mais en ignorant ce match (et le match homologue de la saison précédente qui s’était joué devant 25 907 spectateurs), la moyenne passe de 713 à 822 par rapport à la saison dernière soit une augmentation d’environ 15 %.

Un effet Canal +

Plus qu’un « effet Coupe du monde » proprement dit, on peut voir dans cette augmentation le résultat de la médiatisation croissante. Il y a sans doute autant un « effet Canal+ » puisque la progression était déjà de +50 % la saison dernière (+30 % sans le Lyon-PSG dont le succès croissant a vraisemblablement les mêmes causes) pour la première année où la chaîne a diffusé la quasi intégralité du championnat et lui a fait une importante promotion dans ses différentes émissions.

Le stade Jean-Bouin est le plus fréquenté des résidences habituelles des clubs de D1.

Le stade Jean-Bouin est le plus fréquenté des résidences habituelles des clubs de D1.

En 2011, lors du précédent saut d’affluence (triplement en une saison), la Coupe du monde avait été précédée par la diffusion des matchs qualificatifs des Bleues sur D8 en clair, et par la victoire de l’OL en Coupe d’Europe diffusée sur la même chaîne, record d’audience à la clé.

Les affluences n’ont pour autant pas explosé, l’augmentation se fait par dizaine et un seul match par an dépasse les 20 000 spectateurs. Mais ce chiffre était jusqu’à très récemment à peu près le record sur le sol français.

Les chiffres de la D1 n’ont jamais approché ceux des Bleues : le rapport entre les moyennes de spectateurs varie d’une saison à l’autre mais globalement les courbes d’évolution sont comparables depuis quinze ans, avec des chiffres 20 fois supérieurs pour l’équipe de France.

Évolution des affluences moyennes en D1 et en équipe de France (les échelles ne sont pas les mêmes pour les deux courbes)

Évolution des affluences moyennes en D1 et en équipe de France (les échelles ne sont pas les mêmes pour les deux courbes)

La comparaison avec la Coupe du monde, fortement événementielle et concernant les Bleues ne serait donc pas pertinente. Celle avec les championnats étrangers équivalents peut l’être avec toutes les précautions d’usages. Pour la saison 2018-2019, la D1 (911 spectateurs de moyenne) se trouvait bien calée entre la FAWSL anglaise (1010) et la Bundesliga allemande (8331). Cette saison l’Angeterre semble décoller avec plus de 4000 spectateurs de moyenne dans le cadre d’un championnat médiatisé comme la FA sait le faire : tous les matchs sont par exemple diffusés gratuitement en ligne.

La comparaison avec l’Espagne et l’Italie est difficile faute de chiffre fiables mais la structure semble proche de celle de la D1 avec une grande majorité de matchs joués devant des affluences limitées et quelques affiches événementielles réunissant d’importantes foules comme l’Atletico-Barcelone joué devant 60 739 spectateurs et le Juventus-Fiorentina devant 39 027, dans les deux cas dans le stade où joue habituellement l’équipe masculine.

La comparaison internationale nécessite aussi de prendre en compte les habitudes nationales. La Bundesliga masculine attire deux fois plus de spectateurs par match que la Ligue 1 et la Premier League une fois et demi (et l’EFL Championship, la D2 anglaise à peu près autant que la L1). Bref les habitudes de fréquentation des stades varient beaucoup selon les pays et la D1 est plutôt plus proche de la Ligue 1 que les autres championnats féminins de leurs homologues masculins.

Cohabiter avec les garçons

Cinq des six stades ayant les meilleures affluences (certes le plus souvent pour un seul match) sont ceux où évolue habituellement l’équipe masculine. Seul le stade Jean-Bouin parvient à devancer l’autre stade parisien Sébastien-Charléty. Le petit frère du Parc-des-Princes est un cas à part parmi ces stades puisqu’il est la résidence habituelle du PSG qui ne lui a fait qu’une infidélité contre Bordeaux pour cause de match de rugby.

Affluence moyenne par stade lors de la première partie de saison de D1 2019-2020
Stade Moyenne Matchs
Décines-Charpieu (Parc OL) 30 661 1
Dijon (Stade Gaston-Gérard) 5 064 1
Guingamp (Stade du Roudourou) 3 166 1
Reims (Stade Auguste-Delaune) 2 578 2
Longeville-Les-Metz (Stade Saint-Symphorien) 1 913 1
Paris (Stade Jean-Bouin) 1 634 5
Paris (Stade Sébastien-Charléty) 1 543 2
Décines-Charpieu (OL Training Center) 1 272 6
Le Bouscat (Stade Sainte-Germaine) 819 6
Dijon (Stade des Poussots) 786 4
Saint-Germain-en-Laye (Stade Georges-Lefèvre) 600 1
Angoulême (Stade Camille-Lebon) 577 5
Bondoufle (Stade Robert-Bobin) 479 4
Montpellier (Stade Bernard Gasset n°7-Mama Ouattara) 436 5
Pabu (Stade du Centre de Formation « Akademi ») 357 6
Fleury-Mérogis (Stade Auguste-Gentelet) 340 6
Marseille (Stade Paul-Le-Cesne) 304 7
Bétheny (Stade Louis-Blériot) 197 3
Longeville-Les-Metz (Stade Dezavelle) 176 5

Bien entendu ce phénomène tient surtout aux affiches puisqu’en dehors du PSG lui-même, tous les matchs sont des réceptions de l’OL ou du PSG (et celle de Metz par le Paris FC à Charléty), soit les matchs qui sont de toute façon les plus plus grosses affluences de la saison pour leurs hôtes. Mais l’expérience montre que l’affluence est plus importante pour une même affiche dans ce type de stade. Ainsi cette saison, Metz à reçu le PSG à Saint-Symphorien devant 1913 spectateurs. Ils n’étaient que 667 l’an dernier au stade Dezavelle pour la même affiche, et 493 en 2017 à Amnéville. Mais pour la première saison de Metz en D1, le match s’était déjà déroulé à Saint-Symphorien en 2014 et il y avait 1893 spectateurs.

À l'ombre de Saint-Symphorien, le stade Dezavelle de Metz connaît la plus faible affluence de D1 cette saison.

À l'ombre de Saint-Symphorien, le stade Dezavelle de Metz connaît la plus faible affluence de D1 cette saison.

Guingamp à recu Lyon au Roudourou devant 3 166 personnes, loin du record de 2011 où elles étaient 12 263, mais il n’y en avait que 735 l’an dernier à Pabu pour la même affiche.

Il est sans doute encore un peu tôt pour faire jouer les équipes de D1 dans des stades de Ligue 1 de façon systématique, d’autant que la convivialité en souffrirait. Mais l’exemple du Havre est parlant même s’il n’est pas unifactoriel : l’équipe de D2 du club normand joue comme celle de Ligue 2 tous ses matchs au stade Océane et avec une moyenne 729 spectateurs, elle possède de loin la meilleure affluence de D2 et ne déparerait pas en D1 où elle ne serait déjà pas loin de la première moitié de tableau alors qu’elle n’est pas dopée par une ou plusieurs grosses affiches.

Direction Paris, via l’Angleterre

L’équipe de France de Corinne Diacre retrouve la compétition officielle avec la campagne de qualification pour l’Euro 2021 en Angleterre.

Pour l’instant, la sélection est dans la continuité de celle qui a disputé la Coupe du monde mais l’équipe va sans doute évoluer dans les deux ans à venir et plus encore d’ici les Jeux Olympiques 2024 qui auront lieu à domicile. La plupart des joueuses qui y participeront jouent déjà en D1 ou dans les sélections de jeunes

Après une reprise contre l’Espagne qui a servi à faire le deuil d’une coupe du monde au bilan indéchiffrable, l’équipe de France démarre une nouvelle aventure avec deux objectifs en ligne de mire. Le premier est bien sûr l’Euro 2021 en Angleterre pour lequel la qualification ne fait que peu de doute. Le second est plus lointain. Il s’agit des Jeux Olympiques de 2024 pour lesquelles les Bleues sont déjà qualifiées depuis que Paris en a obtenu l’organisation. Bien sûr il y aura une Coupe du monde entre temps mais elle ne se fera pas indépendamment des jeux à domicile.

C’est la norme, Corinne Diacre va axer son travail et son discours sur le premier objectif, et même sur la phase de qualification. C’est une précaution habituelle dans ce métier où les objectifs se vivent à court terme et l’actuelle sélectionneuse a particulièrement peu été dans l’anticipation durant deux ans où elle n’a appelé presque aucune joueuse en prévision de campagnes futures – quasiment toutes ses nouvelles étant des joueuses expérimentées.

Cela n’empêche pas pour autant d’essayer de décrire les contours de l’équipe de France pour les deux échéances, dans la mesure où l’Euro commence mardi contre le Kazakhstan et où l’expérience prouve que les joueuses qui participent à une compétition internationale ne sont déjà plus des inconnues quatre ou cinq ans avant1, soit qu’elles soient déjà internationales, soit au moins qu’elles jouent en D1 ou dans des sélections de jeunes.

Autant dire que la liste des joueuses qui iront en Angleterre en 2021 ne comportera que des noms connus et qu’il ne devrait pas y avoir plus d’une ou deux jeunes joueuses encore non identifiées2 à Paris 2024.

Dans la continuité

Les deux premières listes de joueuses appelées depuis la Coupe du monde sont globalement dans sa continuité puisque quasiment toutes les joueuses aptes ont été rappelées. Seule la benjamine Émelyne Laurent a laissé la place pour les matchs contre l’Islande et le Kazahkstan. Mais les blessures ont permis un peu de nouveauté avec les entrées de Justine Lerond et Elisa De Almeida, deux nouvelles représentantes de la génération demi-finaliste mondiale chez les moins de 20 ans en 2018 (la première ayant depuis remporté l’Euro des moins de 19 ans) et le retour de Perle Morroni et surtout Marie-Antoinette Katoto pour qui il est temps d’arrêter le psychodrame monté de toute pièce par la fédération et la sélectionneuse alors qu’il est clair depuis au moins trois ans qu’elle devrait être un choix prioritaire en attaque.

Pour l’instant, la révolution n’est pas encore en route et l’équipe de 2021 s’apprête à être une légère évolution de celle de 2019. La raison principale est sans doute l’écart de niveau important entre le niveau international d’un côté et la masse de la D1 et les sélections de jeune de l’autre. Seules les internationales actuelles et les joueuses de l’OL et du PSG (qui sont souvent les mêmes) ont l’occasion de se frotter au plus haut niveau. Ainsi peu d’autres joueuses n’arrivent à bousculer la hiérarchie établie.

Les deux clubs en questions ne semblent pas partis pour donner leur chance à de futures internationales. Le champion de France alimente les autres clubs de D1 plus qu’il n’y recrute des joueuses puisqu’il va plutôt chercher ses titulaires à l’étranger. Et au-delà de sa jeune garde formée au club qui est déjà en sélection, son dauphin tente bien des coups comme avec Annahita Zamanian ou Léa Khelifi mais les aligne avec une extrême parcimonie.

Bordeaux, nouveau vivier d’internationales

Deux pistes permettent d’envisager la progression d’éventuelles futures internationales. La première est bien sûr l’augmentation du niveau de la D1 et sa professionnalisation. La stratégie de Montpellier cette saison avec le retour de Morgane Nicoli et de Marie-Charlotte Léger ainsi que l’arrivée d’Elisa De Almeida pour remplacer l’escouade suédoise permet à ces joueuses ainsi qu’à d’autres comme Maëlle Lakrar de jouer le haut de tableau. L’équipe héraultaise compte ainsi une dizaine de postulantes à l’équipe de France (dont près de la moitié sont effectivement appelées).

Club plus jeune en D1, Bordeaux s’appuie beaucoup moins sur la jeunesse mais pratique également une politique basée sur l’arrivée de solides joueuses de D1 comme les Parisiennes Estelle Cascarino, Inès Jaurena et Charlotte Bilbault, la Lilloise Ouleymata Sarr et la Lyonnaises Émelyne Laurent, cinq recrues qui ont été appelées plus ou moins régulièrement par Corinne Diacre depuis deux ans et qui s’ajoutent à Julie Thibaud, Ghoutia Karchouni ou Maëlle Garbino pour viser le haut du tableau et fournir à la sélectionneuse un panel de joueuses qui passent plus de temps sur le terrain que sur le banc.

Enfin le Paris FC, ancien gros pourvoyeur d’international quand il s’appelait Juvisy, semble au contraire se tourner plutôt vers l’étranger pour compenser les départs. Mais le jeu de la promotion interne peut toujours permettre l’émergence de l’une ou l’autre, comme la titularisation actuelle de Camille Pécharman ou l’entrée dans l’équipe d’Oriane Jean-François.

La piste étrangère

L’autre piste pour les aspirantes internationales est d’aller jouer à l’étranger pour trouver un niveau plus homogène et se frotter à d’autres cultures footballistiques. Idéalement, il faudrait que de jeunes internationales aillent renforcer des équipes de haut de tableau des championnats voisins (Angleterre, Allemagne, Espagne) ou plus lointains (États-Unis).

En pratique, ce sont pour le moment plutôt des joueuses expérimentées – souvent déjà passées par les Bleues – qui rejoignent des équipes de milieu de tableau. En dehors d’Aïssatou Tounkara à l’Atlético Madrid, Kheira Hamraoui à Barcelone, Pauline Peyraud-Magnin à Arsenal qui étaient déjà parties la saison dernière et de Karima Benameur à Manchester City qui ne devrait pas jouer beaucoup, la vague d’expatriation de l’été s’est plutôt faite vers le ventre mou des championnats espagnols et anglais : Méline Gérard au Betis Séville, Marie-Laure Delie au CFF Madrid (rien à voir avec le Real), Aurélie Kaci passée de l’Atlético au CD Tacon (futur Real Madrid), Maéva Clémaron à Everton, Léa Le Garrec à Brighton, Kenza Dali à West Ham. De plus en signant à l’Inter, Julie Debever a rejoint en Italie Laura Agard, à la Fiorentina depuis la saison précédente.

Les onze joueuses citées ont toutes été internationales A (sauf Laura Agard, appelée sans jouer) et en dehors d’Aïssatou Tounkara (24 ans) et Léa Le Garrec (26 ans), elles ont toutes plus de 27 ans et ne représentent donc sans doute pas tellement le futur des Bleues.

Le principal intérêt pour l’équipe de France de cette vague de départ est qu’elle peut être un jalon pour l’avenir. D’une part en montrant aux joueuses que c’est une option envisageable et d’autre part en obligeant un peu le staff de l’équipe de France à regarder ce qui se passe dans les autres championnats, ce qu’il ne faisait pas vraiment ces dernières saisons.

France B devient France M-23

Autre changement intéressant dans la perspective de l’arrivée de jeunes joueuses chez les Bleues, l’équipe de France B est désormais officiellement devenue l’équipe de France des moins de 23 ans, comme elle l’était déjà officieusement au tournoi de La Manga en avril dernier.

Elle offre un terrain d’expression aux joueuses qui ne peuvent plus être appelées dans aucune sélection de jeunes mais qui sont encore un peu tendre pour l’équipe de France A. Ce qui marque aussi une nette inflexion : désormais la sélectionneuse ne devrait plus chercher à faire évoluer son groupe avec des joueuses expérimentées miraculeusement passées inaperçues jusque là.

La liste des joueuses rassemblées en stage en même temps que les A permet de se faire une idées de celles qui sont suivies par le staff de l’équipe de France. On y retrouve des noms passés par les Bleues plus ou moins récemment comme Estelle Cascarino, Marie-Charlotte Léger, Hawa Cissoko, Théa Gréboval, Clara Matéo et Marion Romanelli mais aussi Émelyne Laurent et Léa Khelifi sur le banc contre l’Espagne.

Les sélections A, M-23, M-20 et M-19 étaient en stage à peu près au même moment fin septembre début octobre (et même en éliminatoires du prochain Euro pour les plus jeunes). Cela donne une liste de 92 joueuses parmi lesquelles on devrait trouver presque une vingtaine des noms de la future liste de 2024 (principale et complémentaire puisque les Jeux Olympiques se jouent à 18+4). Et en ajoutant quelques absentes sur blessure comme Ève Périsset et Amandine Henry, on pourrait arriver à un centaine de joueuses parmi lesquelles on aurait quasiment à coup sûr les listes pour les prochaines échéances d’ici 2024.

Liste de l’équipe de France A pour les matchs contre l’Islande et le Kazakhstan

Gardiennes : Sarah Bouhaddi (Lyon), Solène Durand (Guingamp), Pauline Peyraud-Magnin (Arsenal, ENG)

Défenseuses : Elisa De Almeida (Montpellier), Julie Debever (Inter Milan, ITA), Sakina Karchaoui (Montpellier), Griedge Mbock Bathy Nka (Lyon), Perle Morroni (PSG), Wendie Renard (Lyon), Marion Torrent (Montpellier), Aïssatou Tounkara (Atlético Madrid, ESP)

Milieux : Charlotte Bilbault (Bordeaux), Maéva Clémaron (Everton, ENG), Kenza Dali (West Ham, ENG), Grace Geyoro (PSG), Amel Majri (Lyon), Gaëtane Thiney (Paris FC)

Attaquantes : Viviane Asseyi (Bordeaux), Delphine Cascarino (Lyon), Kadidiatou Diani (PSG), Valérie Gauvin (Montpellier), Marie-Antoinette Katoto (PSG), Eugénie Le Sommer (Lyon)

Liste de l’équipe de France M-23 en stage du 1er au 4 octobre

Gardiennes : Mylène Chavas (Dijon), Blandine Joly (Marseille)

Défenseuses : Noémie Carage (Dijon), Hawa Cissoko (Soyaux), Pauline Dhaeyer (Issy, D2), Théa Gréboval (Paris FC), Héloïse Mansuy (Guingamp), Morgane Nicoli (Montpellier), Marion Romanelli (Montpellier), Julie Thibaud (Bordeaux)

Milieux : Maureen Bigot (Metz), Lina Boussaha (PSG), Anna Clérac (Soyaux), Salomé Élisor (Lille, D2), Maëlle Garbino (Bordeaux), Anissa Lahmari (Soyaux), Justine Rougemont (Metz), Annahita Zamanian (PSG)

Attaquantes : Mathilde Bourdieu (Paris FC), Louise Fleury (Guingamp), Adélie Fourré (Guingamp), Léa Khelifi (PSG), Émelyne Laurent (Bordeaux), Marie-Charlotte Léger (Montpellier)

Melvine Malard, Léna Goetsch, Christy Gavory, Maëlle Lakrar, Julie Thibaud, Justine Lerond ; Annahita Zamanian, Sana Daoudi, Selma Bacha, Sandy Baltimore, Émelyne Laurent

Melvine Malard, Léna Goetsch, Christy Gavory, Maëlle Lakrar, Julie Thibaud, Justine Lerond ; Annahita Zamanian, Sana Daoudi, Selma Bacha, Sandy Baltimore, Émelyne Laurent

Liste de l’équipe de France M-20 en stage du 30 septembre au 4 octobre

Gardiennes : Mary Innebeer (Lille, D2), Justine Lerond (Metz), Marie-Morgane Sieber (Vendenheim, D2)

Défenseuses : Selma Bacha (Lyon), Magou Doucouré (Reims), Éva Frémaux (Lille, D2), Maëlle Lakrar (Montpellier), Lisa Martinez (Glasgow Rangers, SCT), Manon Revelli (Lyon), Émeline Saint-Georges (Lille, D2)

Milieux : Chaïma Badr Bassem (Toulouse, D2), Julie Dufour (Lille, D2), Oriane Jean-François (Paris FC), Éva Kouache (Lyon), Margaux Le Mouël (Guingamp), Chloé Philippe (Reims), Carla Polito (Lille, D2)

Attaquantes : Lorena Azzaro (Lyon), Sandy Baltimore (PSG), Vicky Becho (PSG), Kessya Bussy (Orléans, D2), Naomie Feller (Reims), Mélody Lapierre (Saint-Étienne, D2), Melvine Malard (Fleury), Coline Stephen (Dijon)

Liste de l’équipe de France M-19 pour le tournoi qualificatif de l’Euro 2020 en Macédoine du Nord

Gardiennes : Marie Petiteau (Bordeaux), Alice Pinguet (PSG)

Défenseuses : Inès Belloumou (Montpellier), Emmy Jézéquel (Guingamp), Jade Le Guilly (PSG), Assimina Maoulida (Orléans, D2), Clara Moreira (Lyon), Kate Nado (Saint-Maur, D2), Célina Ould Hocine (PSG)

Milieux : Adeline Coquard (Saint-Étienne, D2), Thelma Eninger (PSG), Jamila Hamidou (Marseille), Grace Kazadi (Lyon), Leïla Peneau (Nantes, D2), Océane Picard (Vendenheim, D2), Sarah Zahot (Marseille)

Attaquantes : Kenza Chapelle (Saint-Maur, D2), Dialamba Diaby (Guingamp), Esther Mbakem Niaro (Montpellier), Naomie Vagre (PSG)

L’équipe de France du futur

Gardiennes

Sauf surprise, Sarah Bouhaddi sera à l’Euro et elle sera titulaire parce qu’aucune concurrente ne semble actuellement en mesure de lui disputer la place. Au bout de quinze ans, il faut se faire une raison que personne n’y arrivera.

Pauline Peyraud-Magnin et Solène Durand tiennent la corde pour enchaîner le mondial et l’Euro bien que la seconde ne compte toujours aucune sélection. Pour la suite, ce sont les gardiennes du mondial M-20 en Bretagne qui sont favorites. Justine Lerond a déjà été appelée, Mylène Chavas va finir par reprendre le cours de sa progression quand elle sera titulaire à Dijon comme l’est Camille Pécharman au Paris FC.

Méline Gérard et Laetitia Philippe semblent avoir laissé passer leur chance et risque d’avoir du mal à repasser devant les plus jeunes.

Euro 2021 : Sarah Bouhaddi, Pauline Peyraud-Magnin, Solène Durand

JO 2024 : Sarah Bouhaddi, Mylène Chavas + Justine Lerond

Arrières centrales

En 2024, Wendie Renard aura 34 ans et Griedge Mbock 29. Elles pourraient donc encore être présentes et elles formeront encore à coup sûr la charnière des Bleues à l’Euro. Aïssatou Tounkara est dans le même cas si ce n’est qu’elle n’est pas titulaire.

La relève pointe déjà le bout de son nez. Elisa De Almeida est désormais appelée et les performances de Maëlle Lakrar et Julie Thibaud pourrait leur valoir des convocations prochainement. Comme dans d’autres secteurs de jeu, les générations précédentes qui ne sont pas déjà chez les Bleues ont sans doute laissé passer leur chance (même si la répétition des convocations de Julie Debever montre que rien n’est impossible). Mais si d’autre noms doivent apparaître, il est probable que cela sera plutôt des joueuses comme Lisa Martinez ou Émmeline Saint-Georges.

Euro 2021 : Wendie Renard, Griedge Mbock, Aïssatou Tounkara, Elisa De Almeida

JO 2024 : Griedge Mbock, Maëlle Lakrar, Aïssatou Tounkara + Elisa De Almeida

Arrières droites

Comme toujours, il est difficile d’anticiper qui seront les latérales du futur, surtout à droite. En général, les meilleures ne sont pas positionnées comme latérales dans les catégories de jeunes. Depuis vingt ans (et sans doute plus), les arrières droites de l’équipe de France ont soit été des arrières centrales décalées (Sandrine Dusang, Marion Torrent), soit des milieux replacées (Ève Périsset, Corine Petit), soit des ailières reculées (Jessica Houara).

Les occupantes actuelles du poste, Marion Torrent et Ève Périsset visent certainement l’Euro et peuvent durer jusqu’aux Jeux Olympiques. Leur niveau ne les met pas à l’abri d’un phénomène qui apparaîtrait mais il est difficile à prévoir puisque qu’il joue sans doute à un autre poste. Les Françaises les plus utilisées à ce poste en D1 depuis deux ans sont Charlotte Fernandes à Fleury, Andréa Lardez à Bordeaux et Hawa Cissoko à Soyaux (soit deux attaquantes et une arrière centrale).

Dans les sélections de jeunes, les arrières latérales droites ont souvent été des défenseuses centrales lors des dernières compétitions comme Elisa De Almeida au mondial M-20 breton. La joueuse qui monte est la Stéphanoise de Lyon Manon Revelli. Mais elle aura fort à faire pour avoir du temps de jeu derrière l’indestructible Lucy Bronze et en concurrence avec Janice Cayman.

Euro 2021 : Marion Torrent, Ève Périsset

JO 2024 : Ève Périsset, Charlotte Fernandes

Arrières gauches

Contrairement aux droitières qui sont volontiers placées dans l’axe, les gauchères sont presqu’à coup sûr cantonnée au côté gauche. Les arrières gauches sont donc en général d’anciennes ailières gauches.

Amel Majri ne fait plus partie de la catégorie, elle a finalement réussi à convaincre aussi bien son club que sa sélectionneuse que sa place était devant ou à la rigueur au milieu. La place est sans doute libre pour Sakina Karchaoui même si Ève Périsset peut jouer des deux côtés. Perle Morroni, titulaire au PSG vient d’être rappelée et elle a toutes les qualités pour postuler durablement. La Lyonnaise Selma Bacha est programmée pour bousculer la hiérarchie même si les blessures ont freiné sa progression au mauvais moment la saison dernière puisque la concurrence de Carolin Simon aurait plus facile à écarter que celle d’Alex Greenwood. Mais son arrivée en équipe de France n’est qu’une question de temps.

Enfin parmi les gauchères qui courent le risque de reculer et de postuler, Sandy Baltimore a une bonne figure d’outsider. D’ailleurs c’est au poste d’arrière gauche qu’elle avait connu ses premières entrées en jeu au PSG.

Euro 2021 : Sakina Karchaoui, Perle Morroni

JO 2024 : Selma Bacha, Sandy Baltimore

Milieux défensives et relayeuses

Le secteur est là aussi assez imprédictible. Il est suffisamment sensible pour que les clubs hésitent à y placer de jeunes joueuses et que les débutantes commencent donc à des postes moins exposés, souvent sur un côté. Ainsi la Lyonnaise Éva Kouache n’est apparue la saison dernière que comme latérale droite.

Amandine Henry devrait aller jusqu’à l’Euro mais sa présence aux Jeux reste peu probable à 35 ans (la tentative de faire durer les milieux défensives à des âges avancés n’a pas toujours été un franc succès en équipe de France). Grace Geyoro en revanche devrait être encore de la partie.

Derrière ces deux joueuses, il y a sans doute des places à prendre. Si Élise Bussaglia a laissé la place, Charlotte Bilault et Maéva Clémaron sont toujours là mais elles ne semblent pas avoir une avance invraisemblable sur des joueuses comme Inès Jaurena, Aminata Diallo ou Sandie Toletti, sans même parler de Kheira Hamraoui ou Aurélie Kaci qui semblent hors du périmètre de l’équipe de France.

Mais en dehors de ces joueuses, déjà testées chez les Bleues, les Christy Gavory, Hélène Fercocq, Carla Polito, Chloé Philippe ou Margaux Le Mouël qui ont peuplé le milieu des Bleuettes lors des dernières compétitions ne semblent pas encore en mesure de frapper à la porte.

Les joueuses qui sont sans doute les plus proches sont la Guingampaise Ella Palis et la Parisienne Oriane Jean-François voire les Sojaldiciennes Anna Clérac et Anissa Lahmari dans des options un peu plus offensives.

Euro 2021 : Amandine Henry, Grace Geyoro, Charlotte Bilbault, Ella Palis

JO 2024 : Grace Geyoro, Sandie Toletti + Ella Palis

Joueuses offensives

Les joueuses sont souvent interchangeables entre des postes d’avant-centre, d’ailières, de milieux offensives ou de meneuses et tout dépend tellement du système choisi qu’il est difficile d’anticiper beaucoup que d’imaginer qu’il faudra à peu près quatre « joueuses offensives » dans un onze titulaire.

Eugénie Le Sommer sera en Angleterre en 2021 mais sans doute pas à Paris en 2024 contrairement à Kadidiatou Diani, Delphine Cascarino et espérons-le Marie-Antoinette Katoto. Amel Majri postule actuellement non seulement pour le côté gauche mais aussi pour un éventuel poste plus axial. Elle aussi peut envisager de continuer jusqu’en 2024.

La présence de Gaëtane Thiney, Viviane Asseyi et de Valérie Gauvin à l’Euro est probable mais elles sont en première ligne face à la concurrence qui arrive. Celle d’Émelyne Laurent bien sûr qui était au mondial mais visera à monter dans la hiérarchie mais aussi celle de la jeunesse qui monte menée par Melvine Malard, Naomie Feller et plus tard par Vicky Becho qui n’aura pas 21 ans aux Jeux Olympiques.

Mais la porte semble fermée pour Clarisse Le Bihan qui plane avec Montpellier mais dont la carrière en bleu n’aura pas coïncidé avec son meilleur niveau. Des joueuses déjà appelées comme Clara Matéo ou Ouleymata Sarr pourraient aussi revenir.

Euro 2021 : Eugénie Le Sommer, Amel Majri, Kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto, Delphine Cascarino, Valérie Gauvin, Viviane Asseyi, Clara Matéo

JO 2024 : Amel Majri, Kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto, Delphine Cascarino, Clara Matéo, Vicky Becho + Naomie Feller

Justine Lerond

Justine Lerond

La saison d’après

La D1 reprend après les fastes de la Coupe du monde. L’influence de celle-ci sur celle-là se mesurera avec le temps.

Lyon sera champion devant le PSG, Bordeaux se mêlera à la lutte pour le podium avec Montpellier et le Paris FC et les sept autres équipes tenteront de garder leur place dans l’élite.

Même si cela va décevoir ceux qui pensaient que les 50 000 spectateurs du Parc OL pour la finale de la Coupe du monde allaient se retrouver autour des terrains de D11, le championnat se jouera encore cette saison devant des affluences beaucoup plus confidentielles. L’évolution se comptera dans le meilleur des cas en centaines de spectateurs. De toutes façons, les clubs n’ont pour la plupart pas les infrastructures adaptées à des affluences nettement supérieures.

Les évolutions se font donc petit à petit et le chemin parcouru depuis une dizaine d’année est déjà important et l’été dernier n’est qu’un pas de plus, certes important. Désormais tous les matchs sont télévisés2 là où il y a trois ans la FFF en était presque à chercher si quelqu’un dans le public avait filmé les buts avec son téléphone pour fabriquer les résumés de certains matchs. Cette saison, le diffuseur annonce un plus grand nombre d’affiche sur sa chaîne premium (quand le Top 14 de rugby fera relâche) mais sacrifie le multiplexe de D1 sur l’autel du retour de la Premier League.

Morgane Nicoli

Morgane Nicoli

Le lancement de la D1 a fait l’objet de deux doubles pages consécutives dans L’Équipe et de quatre pages dans France Football là où il fallait une loupe il y a quelques saisons pour trouver les résultats de la D1 entre ceux des U19 régionaux et ceux du championnat du Kazakhstan.

Bref si la médiatisation de la D1 est encore loin de celle de la L1 masculine, elle semble désormais équivalente ou supérieure aux championnats d’autres sports comme le basket ou le handball, masculins ou féminins3.

L’affluence moyenne était de 900 la saison dernière, l’objectif de dépasser les mille spectateurs par match semble réalisable même s’il cachera une grande disparité entre des clubs comme Lyon et le PSG capable de dépasser systématiquement ce seuil et ponctuellement de le multiplier par dix ou vingt pour de grosses affiches et d’autres qui peineront toute la saison à attirer plus de 300 spectateurs. Mais il y a moins de dix ans, ce millier de spectateurs était un maximum atteint une fois tous les trois ou quatre ans.

À moitié synthétique

Au rayon des infrastructures, dix équipes sur douze étant affiliées à des clubs professionnels masculins, elles bénéficient de leurs installations et jouent souvent sur la même pelouse que le centre de formation des garçons.

Le terme pelouse est d’ailleurs légèrement impropre. Ironiquement, quatre ans après le tollé de la Coupe du monde au Canada et juste après l’édition française jouée intégralement sur herbe, la moitié des équipes de D1 recevra cette saison sur un terrain synthétique : à Dijon, Guingamp et Metz viennent s’ajouter les deux promus, Marseille et Reims ainsi que le PSG puisque la pelouse du stade Jean-Bouin est désormais synthétique.

Jessy Danielle Roux

Jessy Danielle Roux

Parmi les évolutions de l’année, la D1 est désormais sponsorisée par une entreprise chimique, ce qui va permettre à chaque club de toucher 80 000 euros. Cette somme sera assez dérisoire pour les plus gros clubs comme le PSG ou Lyon mais sera importante pour les autres, particulièrement pour Soyaux et Fleury qui ne peuvent s’appuyer sur un club professionnel.

Autre changement, les feuilles de matchs peuvent désormais contenir 18 noms, donc sept remplaçantes. Cela va certainement aider les clubs les plus riches qui auront deux joueuses de moins à laisser en tribune mais cela va accentuer l’écart avec les autres qui avaient quelque fois déjà du mal à aligner 16 noms. Lors de la première journée, Metz est la seule équipe en déplacement à avoir réussi à remplir sa feuille. Soyaux est venu à Paris avec 16 joueuses et Fleury à Bordeaux avec 15. Le club floriacumois ne dispose de toute façon pour le moment que de 17 joueuses dans son effectif.

À moitié en lutte pour le maintien

Le plateau réunit désormais 10 clubs professionnels, Rodez4 et Lille ayant été remplacés par Reims et Marseille, deux clubs ayant participé aux débuts de la D1 dans les années 70 avant d’abandonner leur équipe féminine et de la recréer il y a moins de dix ans.

Comme d’habitude, le suspense se situera plutôt en bas de classement où la moitié des équipes cherchera principalement à éviter la relégation. Devant, Lyon sera champion sauf cataclysme et le PSG prendra la deuxième place qualificative pour l’Europe. Le discours sur le resserrement en haut n’est qu’une fable marketing, la structure du championnat fait qu’une équipe comme le PSG gagne en général à peu près tout sauf ses matchs contre Lyon et reste donc mathématiquement dans la course jusqu’au match retour.

Sara Däbritz

Sara Däbritz

Le PSG ne se rapproche pas parce qu’en 2015, il avait déjà dû attendre l’antépénultième journée pour être décroché (certes c’était en février à cause d’un calendrier baroque). Peut-être que cette année, les Parisiennes arriveront à accrocher les Lyonnaises sur l’ensemble de la confrontation aller-retour, comme elles l’avaient fait en Coupe d’Europe en 2014 mais elles ne semblent pas particulièrement plus proche qu’avant de le faire.

Déjà quatrième l’an dernier, Bordeaux semble faire le nécessaire pour transformer durablement le quatuor de tête en quintet et la troisième place sur le podium sera disputée avec Montpellier et le Paris FC.

La lutte pour le maintien est beaucoup plus indécise entre Metz et Dijon qui étaient en difficulté la saison dernière, Soyaux et Fleury qui n’ont pas le soutien d’un club professionnel, Reims et Marseille qui (re)découvrent la D1 et Guingamp qui doit reconstruire toute sa défense et qui repart avec une équipe très jeune. Sur le papier, personne ne part perdant à coup sûr. La progression de la D1 se fait par le bas.

Les équipes

Bordeaux

Quatrième la saison dernière, les Girondines de Bordeaux n’entendent pas se reposer sur leurs lauriers. L’entraîneur Jérôme Daubat, deux fois désigné meilleur entraîneur de D1 n’a pas été conservé au terme de son contrat et il est remplacé par l’Espagnol Pedro Martinez Losa, trois fois champion d’Espagne avec le Rayo Vallecano et vainqueur d’un FA Cup et d’une Coupe de la Ligue anglaise avec Arsenal.

Le club a envoyé Solène Barbance, Rose Lavaud et Carol Rodrigues à Dijon et fait venir Estelle Cascarino, Charlotte Bilbault et Inès Jaurena du Paris FC. Mais il a surtout conservé Claire Lavogez et recruté la Jamaïcaine Khadija Shaw.

Il ne reste plus grand-chose de Blanquefort et à peine plus de la première saison des Girondines en D1 : si les recrues de l’époque Ghoutia Karchouni et Delphine Chatelin devraient se faire une place, la saison pourrait être plus difficile pour les historiques Andrea Lardez et Sophie Istillart qui ont toutefois prolongé leur contrat cet été.

Bordeaux vise ouvertement le podium, sans doute pour se mêler à court terme à la lutte pour l’Europe.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : entre 3e et 5e

Dijon

Pour sa deuxième saison dans l’élite, Dijon a globalement conservé son équipe type et laissé partir des remplaçantes pour attirer des titulaires en puissance.
Kenza Dali est partie à West Ham et Lindsey Thomas est retournée à Montpellier d’où elle a été transférée à l’AS Rome. Coline Gouineau et Lalia Dali-Storti qui avaient beaucoup joué en début de saison mais avaient perdu leur place ont également quitté le club tout comme Allison Blais, Fatoumata Baldé, Agathe Maetz et Laura Magnin-Feysot qui avaient assez peu joué.

Afin de se stabiliser en D1, Dijon a établi un pont avec Bordeaux et fait venir Rose Lavaud, Solène Barbance et Carol Rodrigues. Lena Goetsch, Pauline Dechilly et Océane Daniel arrivent pour densifier le secteur défensif, seule la première n’ayant pas d’expérience de la D1.

Mais la question de l’expérience ne se pose pas à Dijon dont tout l’effectif est rompu aux joutes de l’élite et qui compte dans ses rangs Élise Bussaglia pour la dernière saison de sa carrière. Sur le papier, Dijon est sans doute l’équipe qui a le plus d’atout parmi celles qui joueront le championnat du bas.

L’équipe de la première journée :

Pronostic: entre 6e et 12e

Fleury

Fleury est avec Soyaux l’une des deux équipes de D1 qui n’est pas adossée à un club professionnel, les masculins évoluant en National 2. Mais il procède comme les clubs professionnels avec des recrutements de haut niveau. Attendu que Julie Rabanne et Céline Chatelain sont parties pour faire de la figuration cette saison, il ne reste guère que Charlotte Fernandes de l’équipe montée en D1 sous le nom de Val-d’Orge.

Comme c’est souvent le cas avec les Nord-Américaines qui viennent faire un passage en D1 mais restent rarement très longtemps, les Canadiennes Mélissa Roy, Alexandria Lamontagne et Madeline Bauer sont reparties. La capitaine et internationale Maéva Clémaron est allée tenter sa chance outre-Manche à Everton et Marie-Charlotte Léger est retournée à Montpellier. Les autres départs concernent des joueuses en manque de temps de jeu.

Avec onze départs, il était nécessaire de recruter pour pouvoir aligner onze noms sur une feuille de match. Le FCF91 a pioché chez la concurrence : Falonne Tchéno arrive de Guingamp, Hannah Diaz et Marine Dafeur de Lille, Laetitia Philippe de Rodez et Marina Makanza du Paris FC. Et il a activé une filière danoise en engageant les trois internationales Rikke Sevecke, Cecilie Sandvej et Stine Larsen.

Mais cela ne fait encore que 17 joueuses sous contrat, ce qui ne suffit même plus à remplir une feuille de match, d’autant que le club ne semble pas avoir de jeune joueuse qui frappe à la porte. Il pourrait toutefois y avoir d’autres arrivées.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : entre 6e et 12e

Guingamp

Guingamp était – derrière Lyon et à égalité avec le PSG et Montpellier – l’équipe la plus représentée parmi les 23 Bleues lors de la Coupe du monde même si aucune de ses trois joueuses n’a foulé la pelouse durant la compétition. À la reprise, seule Solène Durand est encore au club, Julie Debever est partie à l’Inter Milan et Émelyne Laurent est retournée à Lyon. L’EAG a également perdu plusieurs de ses internationales. Léa Le Garrec a signé à Brighton, Charlotte Lorgeré à Metz et Falonne Tchéno à Fleury.

En ajoutant les départs d’Élodie Dinglor et de Maëvanne Drozo, c’est toute la défense qui est à reconstruire. Et la nouvelle capitaine Desire Opranozie restait la seule joueuse de l’effectif âgée de plus de 25 ans5.

Comme d’habitude, Guingamp va promouvoir ses jeunes joueuses comme Nolwenn Cheval, Emmy Jézéquel, Margaux Le Mouël, Juliette Merle ou Dialamba Diaby dans un effectif où Ella Palis et Adélie Fourré font déjà figure de cadre.

Et pour éviter une défense où seule Fanny Hoarau aurait plus de vingt ans, l’EAG a recruté la Lilloise Héloïse Mansuy et la Danoise Luna Gevitz en provenance du Fortuna Hjørring mais passée brièvement par Montpellier en 2013.

La Camerounaise Jeannette Yango, titulaire lors de tous les matchs de la Coupe du monde arrive également en provenance des voisines de Saint-Malo. Mais elle a surtout baroudé depuis dix ans en passant par la Serbie et la Pologne, par Potsdam avec qui elle a été vice-championne d’Allemagne puis par toute une série de club française, Rouen, Brest et Yzeure avec qui elle a joué une saison complète de D1 en 2013-2014.

Au total, Guingamp possède un effectif jeune et talentueux mais dont on ne sait pas encore comme il résistera dans les moments difficiles.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : entre 6e et 12e

Lyon

Difficile d’imaginer que cette saison sera celle de la chute de l’OL en D1. La plus grosse évolution concerne le staff qui a été totalement renouvelé, Jean-Luc Vasseur succédant à Reynald Pedros avec l’étiquette « d’ancien entraîneur de Ligue 1 ». La plus-value de l’ancien joueur de Nantes durant deux ans ne semble pas justifier qu’on s’inquiète pour son successeur.

D’autant que l’effectif lyonnais ne semble pas avoir jamais été aussi riche. La seule perte est celle de Jessica Fishlock, retournée à Seattle puisque Carolin Simon n’a jamais convaincu et a été remplacée par l’internationale anglaise Alex Greenwood et que personne ne sait au juste ce qu’était venue faire Sole Jaimes qui aurait sans doute eu du mal à être titulaire dans n’importe quel club de D1. Enfin, Jessy Danielle Roux a été prêtée à Reims où elle pourra engranger nettement plus d’expérience qu’à Lyon où elle était le cinquième choix sur l’aile droite.

Mais non content d’avoir conservé tout son effectif, l’OL a recruté cinq joueuses, presque toutes internationales, en plus du retour de prêt d’Émelyne Laurent. Nikita Parris a été la première recrue à un poste où jouent déjà Delphine Cascarino et Shanice van de Sanden. Elle complète la colonie anglaise avec Alex Greenwood arrivée cet été et Lucy Bronze et Izzy Christiansen déjà au club.

La Belge Janice Cayman, passée par Juvisy et Montpellier arrive comme doublure de Lucy Bronze alors que la Portugaise de Levante Jéssica Silva vient gonfler un secteur offensif où il n’y avait déjà pas de place pour tout le monde. Enfin la jeune gardienne finlandaise Katriina Talaslahti a été chipée au Bayern mais son heure n’est sans doute pas pour cette saison.

Lyon possède donc vingt internationales A en activité6 soit de quoi aligner deux équipes. Mais il compte aussi dans ses rangs quatre joueuses championnes d’Europe M-19 cet été, Selma Bacha, Manon Revelli, Lorena Azzaro et Melvine Malard, mais aussi Éva Kouache et Grace Kazadi qui ne faisaient pas parti du groupe lors de la phase finale en Écosse mais qui avaient participé au tour précédent au pays basque. Une telle escouade d’internationales des moins de 19 ans ferait rêver à peu près tous les clubs de D1 mais il est à craindre que seule Selma Bacha puisse jouer un peu cette saison.

Comme d’habitude, l’enjeu de la saison lyonnaise se résumera à quelques matchs contre le PSG et à la Coupe d’Europe. Et pour Jean-Luc Vasseur, la question principale sera l’utilisation optimale de l’ensemble de ses troupes, qui pose souvent problème aux entraîneurs lyonnais lors de leur première saison, le temps de comprendre qu’une rotation importante n’empêche pas de remporter largement la plupart des matchs.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : 1er

Marseille

Difficile de savoir quel Marseille on verra en D1 cette saison. Cela fait trois saisons que cette équipe déjoue tous les pronostics. Après une brillante quatrième place pour sa première année dans l’élite, elle avait ensuite fini bonne dernière quand on pensait qu’elle allait capitaliser sur ses succès. Et l’an dernier avec un effectif amputé de la plupart de ses titulaires (Kelly Gadéa, Maëlle Lakrar, Anaïs M’Bassidjé, Viviane Asseyi, Fanndís Friðriksdóttir, Hawa Cissoko, Marie-Yasmine Alidou) et seulement renforcé par Marine Coudon, Éva Sumo et Maéva Salomon, l’équipe de Christophe Parra a réussi à remporter le groupe B de D2 en remportant de haute lutte son duel contre Saint-Étienne.

Désormais pensionnaire d’installations de qualité au stade Paul-Le-Cesne, Marseille s’est mis dans les conditions pour viser le maintien. Avec Blandine Joly, Sarah Palacin et Nadjma Ali Nadjim, il a recruté des joueuses revanchardes après une saison passée en grande partie sur le banc de Fleury. Enfin Candice Gherbi, devancée pour la montée dans le Forez retrouve la D1 au bord de la Méditerranée.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : entre 6e et 12e

Metz

Sauvées sur le fil la saison dernière après un départ catastrophique, les Messines vont jouer une deuxième saison de rang en D1 à leur troisième tentative. Elles abordent cette année privée de leurs deux joueuses les plus expérimentées. La Brésilienne Simone Jatoba et la Française Marie-Laure Delie ont quitté le club, l’une pour la retraite et l’autre pour Madrid. Pour les remplacer, le club a misé sur la Guingampaise Charlotte Lorgeré, brièvement appelée par Corinne Diacre et actuellement blessée et sur l’internationale turque d’origine allemande Melike Pekel qui avait suffisamment brillé lors de son premier passage par la Lorraine pour être recrutée par le PSG.

Une page se tourne également avec les départs d’Adeline Janela, Pauline Dechilly, Selen Altunkulak et surtout de Léa Khelifi, partie au PSG juste avant d’être appelée en équipe de France.

Ce qui n’empêche pas le FC Metz de miser sur sa jeunesse avec au premier rang la gardienne Justine Lerond, championne d’Europe M-19 cet été et elle aussi appelée par Corinne Diacre, mais aussi avec Hélène Fercocq, Christy Gavory et Amélie Delabre, remarquées l’an dernier à la Coupe du monde M-20 et qui restent à Metz cette saison.

Pour compenser la petite dizaine de départs, le club a activé la filière universitaire nord-américaine en attirant deux Américaines Sh’Nia Gordon et Kristen Ricks ainsi que l’Écossaise Christy Grimshaw.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : entre 6e et 12e

Montpellier

Changement d’époque à Montpellier : Frédéric Mendy succède à Jean-Louis Saez sur le banc et la colonie suédoise a quitté le club marquant symboliquement ce changement de génération.

Stina Blackstenius était partie dès le mois de janvier, et cet été Linda Sembrant a rejoint la Juventus alors que Sofia Jakobsson est allé renforcer le futur Real Madrid. En ajoutant le départ cet hiver de la Danoise Katrine Veje et à l’intersaison de l’Américaine Casey Murphy, de l’Espagnole Virginia Torrecilla et de la Belge Janice Cayman, Montpellier repart principalement avec ses joueuses françaises et la vice-championne du monde Anouk Dekker.

Pour compléter son effectif, l’équipe héraultaise est allé chercher de l’expérience en Bundesliga avec deux internationales allemandes, la gardienne Lisa Schmitz et l’attaquante Lena Petermann, ainsi que la milieu croate Iva Landeka, passée par l’Allemagne mais qui arrive de Rosengård. Mais il a surtout rajeuni son effectif avec des espoirs françaises, en commençant par le retour de Morgane Nicoli et Marie-Charlotte Léger respectivement prêtées à Lille et Fleury l’an dernier et par le recrutement de la défenseuse Élisa De Almeida du Paris FC, nouvellement appelée chez les Bleues.

La composition alignée lors de la première journée ne comptait ainsi que trois joueuses étrangères au coup d’envoi, loin des standards des dernières années. La défense était composée de Marion Torrent, Élisa De Almeida, Morgane Nicoli et Sakina Karchaoui alors que les championnes d’Europe M-19 Maëlle Lakrar et Lisa Martinez ainsi que Marion Romanelli postuleront pour les prochaines journées.

Au milieu, Sandie Toletti va tenter de reprendre le fil de sa progression et devant outre Valérie Gauvin, Clarisse Le Bihan semble partie pour être la patronne de la division offensive. Sur le papier, l’escouade composée de jeunes françaises épaulées par quelques internationales étrangères est séduisante. Cela sera sans doute un peu léger pour rivaliser avec Lyon ou le PSG mais la troisième marche du podium sera comme d’habitude dans le viseur.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : entre 3e et 5e

Paris FC

Traditionnelle place forte de la D1 à l’époque de Juvisy, le Paris FC semble rétrograder un peu plus chaque année. Devancé par Monptellier et Bordeaux l’an dernier, le club a aussi vu trois de ses titulaires rejoindre la Gironde, et sa jeune défenseuse Élisa De Almeida rejoindre l’Hérault, renforçant ainsi ses deux principaux concurrents.

Deux des étrangères recrutées la saison dernière, Rebecca Quinn et Michaela Abam sont aussi reparties sans avoir vraiment convaincu. Avec les départs de la gardienne Karima Benameur et de l’attaquante Marina Makanza, c’est quasiment une moitié d’effectif qu’il a fallu reconstruire.

Le PFC a comme souvent regardé dans les autres clubs de banlieue en attirant Celya Barclais et Cindy Ferreira de la VGA Saint-Maur mais il a aussi cherché à l’étranger en recrutant les Suissesses Natascha Honegger et Coumba Sow et les Allemandes Marith Müller-Prießen et Claire Savin.

Ce recrutement semble taillé pour les joutes de la D1 mais sera sans doute un peu limité qualitativement pour viser le podium sans une grande force collective. Mais il devrait permettre de laisser de la place à la jeune garde déjà aperçue l’an dernier avec la championne d’Europe M-19 Oriane Jean-François mais aussi Caroline Pimentel et Mélanie Carvalho.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : entre 3e et 5e

PSG

Comme chaque année, on annonce que l’écart se réduit entre le PSG et l’OL même si cela ne semble pas fondé sur grand-chose. L’an dernier, l’équipe parisienne a été dans le coup jusqu’à trois journées de la fin mais cela n’a tenu qu’à la date du match retour entre les deux équipes.

En annonçant qu’il veut remporter des titres, Olivier Echouafni est bien conscient de l’avance de ses concurrentes mais il sait aussi que son équipe est capable de remporter à peu près tous les autres matchs en France et que tout devrait se jouer comme d’habitude lors des confrontations directes donc sur un match ou deux, circonstances où les Parisiennes ont déjà battu les Lyonnaises.

Pour arriver à ses fins, le PSG reste sur sa stratégie de bâtir sur un noyau de jeunes joueuses françaises dont beaucoup sont formées au club comme Marie-Antoinette Katoto, Grace Geyoro et Perle Morroni et qu’il entoure d’internationales venues d’horizons variés avec une grande stabilité des titulaires et une forte rotation des remplaçantes.

Les gardiennes Christiane Endler et Katarzyna Kiedrzynek, la nouvelle capitaine Irene Paredes, la légende brésilienne Formiga et l’attaquante danoise Nadia Nadim sont toujours là mais le club a laissé partir la Chinoise Wang Shuang qui avait plafonné après des débuts convaincants, ainsi que les joueuses de complément qu’étaient Charlotte Voll, Davinia Vanmechelen, Dainane, Emma Berglund et Andrine Hegerberg7.

Tout comme Kadidiatou Diani et Aminata Diallo étaient arrivées pour compléter la partie « jeunes françaises » de l’effectif, c’est cette année la Messine Léa Khelifi qui est arrivée, avec comme résultat immédiat d’être appelée par Corinne Diacre. Lina Boussaha, prêtée l’an dernier à Lille revient dans l’effectif contrairement à Anissa Lahmari qui reste à Soyaux.

La partie internationale du recrutement est de haut niveau avec l’arrivée d’une des meilleures joueuses allemandes Sara Däbritz, de la Norvégienne Karina Sævik et de la star annoncée du football canadien Jordyn Huitema qui aura fort à faire pour déloger Marie-Antoinette Katoto si Olivier Echouafni ne trouve pas un système pour les faire cohabiter.

Ainsi bâti, le PSG est prêt à affronter toutes les compétitions avec un espoir raisonnable de les remporter même s’il faudra pour cela réaliser un ou deux exploits.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : 2e

Reims

Vainqueur des trois premiers championnats de D1 de 1975 à 1977 et toujours finaliste jusqu’en 1982, le temps d’ajouter deux autres titres, le Stade de Reims reste le quatrième club le plus titré, devancé dans les années 80 par la VGA Saint-Maur et plus récemment dans les années 2000 par Juvisy et Lyon. Mais victime du déclin de l’équipe masculine, elle disparaît lors de la liquidation judiciaire du club en 1992 pour ne réapparaître qu’en 2014 et monter les marches quatre à quatre pour accéder à l’élite cette saison.

L’entraîneuse rémoise Amandine Miquel dispose d’un effectif assez jeune et globalement peu expérimenté : au coup d’envoi du premier match de la saison, seule Rachel Corboz arrivée cet été de Fleury connaissait la D1 (19 matchs dont 10 comme titulaire l’an dernier), même si Giorgia Spinelli a aussi joué dans l’élite italienne avec l’Atalanta et l’Inter et Melissa Herrera est internationale costaricienne.

Toutefois, d’autres joueuses du club ont une expérience de la D1, Charlotte Blanchard et Gwenaëlle Devleesschauer avec Hénin-Beaumont, Lisa Fragoli avec Arras et La Roche-sur-Yon, Mélissa Gomes avec Juvisy et surtout Saint-Maur, voire Chloé Pierel pour un match avec Juvisy.

Globalement, c’est l’équipe championne de D2 qui a commencé la saison, renforcée seulement par Rachel Corboz et Jessy Danielle Roux, prêtée par Lyon. Ce que l’équipe y perd en expérience, elle le gagne en cohésion. Les Rémoises comptent s’en sortir en jouant, le projet est ambitieux.

L’attaque peut être explosive avec Noémie Feller (championne d’Europe M-19 cet été avec Chloé Philippe), Melissa Herrera et Jessy Danielle Roux.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : entre 6e et 12e

Soyaux

L’ASJ Soyaux reste un club singulier dans cette D1 même s’il cherche à se normaliser puisqu’il ne compte à peu près plus que des joueuses professionnelles. La grande affaire annoncée de l’intersaison était la fusion avec le club masculin d’Angoulême-Charente FC mais elle a capoté au dernier moment. Soyaux reste donc Soyaux même s’il devrait jouer cette saison au stade Camille-Lebon d’Angoulême plutôt que dans son stade Léo-Lagrange.

Face à l’armada des clubs professionnels, l’équipe charentaise ne peut opposer que la qualité de son travail et profitera encore cette saison de disposer avec Sébastien Joseph sans doute du meilleur entraîneur du plateau. Il n’y a pas de star à Soyaux et à part un bref rappel d’Hawa Cissoko en février, aucune joueuse sojaldicienne n’est dans le viseur de Corinne Diacre qui est pourtant bien placée pour les connaître.

L’évolution de l’effectif à l’intersaison a été réduite au plus strict minimum : Pamela Babinga est partie à Saint-Malo, remplacée par Kimberley Cazeau qui va tenter d’éviter une troisième relégation consécutive après celles d’Albi et de Rodez. Sinon le principal recrutement est sans doute d’avoir réussi à conserver Anissa Lahmari, prêtée par le PSG l’an dernier. Et signe que le club ne peut pas s’aligner avec la force de frappes des clubs professionnels et doit regarder ailleurs, il a fait signer Sarah Magnier, longuement passée par les divisions inférieures et qui arrive de Limoges.

L’équipe de la première journée :

Pronostic : entre 6e et 12e

Kimberley Cazeau

Kimberley Cazeau

Les championnes d’Europe à l’assaut du monde

La finale de la Coupe du monde opposera les tenantes du titre aux championnes d’Europe. Les Néerlandaises continuent de repousser les limites depuis leur Euro 2017 remporté à domicile avec une manière de fonctionner en effectif réduit très atypique.

Toutefois, il reste probable qu’elles finissent par se heurter comme toutes les autres avant elles à une équipe américaine qui semble avoir géré la compétition à sa main.

Parmi les sept équipes européennes qualifiées pour les quarts de finale, ce sont les championnes en titre qui affronteront les États-Unis en finale de la Coupe du monde. Championnes du monde contre championnes d’Europe, l’affiche est alléchante.

Les demi-finales ont été très dissemblables. Même s’il restait quelques places libres, la première s’est jouée dans une ambiance survoltée : une grande partie des billets avaient été achetés depuis les États-Unis dès l’ouverture de la billetterie, avant même le tirage au sort. Ce qui explique peut-être aussi un peu la faible affluence (48 000 pour 60 000 places) de la seconde demi-finales, la plupart de ces achats s’étant fait sur des packs comprenant les deux matchs et quelques supporters américains ont pu passer leur tour pour le second. L’ambiance était donc beaucoup moins orange qu’elle avait pu l’être lors de matchs précédents.

Dans le jeu, le contraste a été aussi important. La première demi-finale s’est jouée sur un rythme très élevée alors que la seconde a été abordée avec beaucoup plus de prudence.

L’Angleterre et la Suède se disputeront la troisième place de la compétition. Elles connaissent déjà le contexte particulier de cette finale entre équipes déçues et qui souvent auraient préféré ne pas avoir à disputer ce match supplémentaire : il s’agit des équipes qui ont remporté les dux dernières finales pour la troisième place, la Suède face à la France en 2011 et l’Angleterre contre l’Allemagne en 2015.

Quinze pour une coupe

Un but de Jackie Groenen durant la prolongation a permis aux Pays-Bas de se qualifier pour leur seconde finale consécutive en compétition internationale. Il a évidemment fallu un peu de chance pour cela entre le pénalty de Saki Kumagai en huitièmes de finale et l’Italie plutôt que les États-Unis ou l’Allemagne en quarts par exemple, mais la chance ne fait pas tout et la méthode de Sarina Wiegman mérite d’être étudiée de près par ses concurrentes tant elle semble à l’opposée des habitudes.

L’effectif des Pays-Bas n’est pas le plus clinquant du plateau. En dehors de Vivianne Miedema et peut-être de Danielle van de Donk, il compte peu de prétendante au Ballon d’Or et de joueuses ayant un rôle majeur dans les grands clubs européens. Lieke Martens n’a jamais montré son niveau de l’Euro 2017 en deux ans à Barcelone où Stefanie van der Gragt a souvent été sur le banc. La gardienne et capitaine Sari van Veenendaal était cette saison la remplaçante de Pauline Peyraud-Magnin à Arsenal alors que Shanice van de Sanden était celle de Delphine Cascarino à Lyon.

Jackie Groenen à Francfort, Desiree van Lunteren à Fribourg ou Merel van Dongen au Betis sont des joueuses importantes mais dans des équipes de milieu de tableau. Mais cet ensemble de bonnes joueuses sans vraiment de stars est persuadé de sa force et maîtrise assez ses automatismes pour tout renverser sur son passage depuis la nomination de Sarina Wiegman qui a remplacé Arjan van der Laan six mois seulement avant l’Euro, montrant au passage qu’il n’est pas nécessaire de faire deux ans d’essais pour bâtir une équipe compétitive.

Les remplaçantes néerlandaises ne foulent la pelouse que pour les échauffements

Les remplaçantes néerlandaises ne foulent la pelouse que pour les échauffements

La principale caractéristique de l’équipe des Pays-Bas est de faire appel à un groupe très resserré. Après avoir remporté l’Euro à treize (voir « Rêve orange »), elle est arrivée en finale avec quinze joueuses seulement. En demi-finale, Lineth Beerensteyn a débuté à la place de Shanice van de Sanden et c’est l’intégralité du turn-over réalisé dans la phase à élimination directe. Sarina Wiegman est la sélectionneuse qui a utilisé le moins de joueuses dans cette compétition alors que les trois autres demi-finalistes sont celles qui en ont employé le plus, faisant entrer au moins une fois toutes leurs joueuses de champ (en dehors de la Suédoise Julia Roddar). Et malgré la prolongation (et la possibilité qu’elle induit de faire quatre changements), elle n’a utilisé que treize joueuses contre la Suède en remplaçant sur blessure Lieke Martens par Jill Roord à la mi-temps puis en faisant entrer sa titulaire habituelle Shanice van de Sanden.

Cette réussite est à mettre en perspective avec les critiques adressées à Corinne Diacre pour avoir construit son équipe autour d’un noyau d’une quinzaine de joueuses seulement et pour ne pas avoir utilisé ou presque huit de ses joueuses.

On sait donc déjà assez précisément comment l’équipes des Pays-Bas abordera la finale. Shanice van de Sanden pourrait bien reprendre sa place alors que Kika van Es et Anouk Dekker semblent avoir définitivement perdu la leur. L’incertitude demeure sur l’état de santé de Lieke Martens qui joue mais ne s’entraîne plus depuis le huitième de finale. Elle pourrait être remplacée par Jill Roord.

La France, 51e état des États-Unis

Comme prévu, les Américaines sont en finale, quasiment à domicile comme c’est le cas dans tous les stades où elles sont passées, sauf lors du quart de finale contre la France où le soutien était partagé. Avec deux matchs joués à Lyon quasiment à guichet fermé, elles vont dépasser les Bleues à la moyenne de spectateur par match.

Contre une Angleterre en formation défensive avec Fran Kirby et Toni Duggan sur le banc, les joueuses de Jill Ellis ont employé leur méthode habituelle en ouvrant la marque durant le premier quart d’heure comme lors de tous les matchs de cette Coupe du monde.

Mais après qu’on leur a reproché un excès de zèle lors du premier match contre la Thaïlande, elles ont semblé gérer leurs efforts sans jamais chercher à enfoncer le clou. Leurs trois matchs à élimination directe se sont achevés sur le score de 2-1 et contre l’Angleterre comme cela avait été le cas contre l’Espagne, elles ont semblé se contenter d’attendre après leur ouverture du score ce qui leur a coûté l’égalisation. Elles sont alors reparties de l’avant pour reprendre l’avantage et se remettre à attendre. Contre les Bleues, le schéma a été le même mais le scénario différent puisqu’une de leurs contre-attaques leur a permis de prendre deux buts d’avance.

Alyssa Naeher s'apprête à arrêter le pénalty de Steph Houghton

Alyssa Naeher s'apprête à arrêter le pénalty de Steph Houghton

Il est toujours difficile de savoir si l’impression de contrôle est conforme à la réalité ou si elle n’est due qu’à la victoire mais après un premier tour où on a pu penser que leur domination tenait essentiellement à la faiblesse de l’opposition, les coéquipières d’Alex Morgan traversent la phase à élimination directe en accélérant tant qu’elles ne mènent pas et en semblant dominées dès qu’elles sont devant au score.

La composition que choisira Jill Ellis dépendra de l’état de santé de Megan Rapinoe et Rose Lavelle. La première a laissé sa place à Christen Press lors de la demi-finale dont la seconde est sortie en cours de jeu. Mais elles devraient être rétablies pour la finale. La seconde est en concurrence avec Lindsey Horan et Sam Mewis dans le milieu à trois où Julie Ertz semble ne pas être remise en cause par sa sélectionneuse.

Tableau prévisionnel suivant le classement Fifa
NOR 1 NOR 0 ENG 1 USA 68,4%
AUS 1
ENG 3 ENG 3
CMR 0
FRA 2 FRA 1 USA 2
BRA 1
ESP 1 USA 2
USA 2
ITA 2 ITA 0 NLD 1 NLD 31,6%
CHN 0
NLD 2 NLD 2
JPN 1
DEU 3 DEU 1 SWE 0
NGA 0
SWE 1 SWE 2
CAN 0

Coupe du monde 2019 – Quarts de finale – Les Bleues hors course

L’équipe de France ne sera pas dans le dernier carré de sa Coupe du monde à domicile, victime des États-Unis, du comité d’organisation et de ses propres insuffisances. Comme prévu, les tenantes du titre américaines affronteront en demi-finale l’Angleterre qui a vaincu sans coup férir la Norvège.

L’affiche de l’autre demi-finale sera plus inattendue. Elle opposera les championnes d’Europe néerlandaises à la Suède qui a pris une revanche sur l’Allemagne qui lui a si souvent barré la route du titre en compétition internationale.

Comme c’était redouté depuis le tirage au sort, l’équipe de France a eu affaire à trop forte partie contre les Américaines, numéro 1 mondiales et tenantes du titre. Le match a été enlevé et les Bleues auraient pu obtenir mieux mais dans l’ensemble la qualification des coéquipières de Megan Rapinoe est simplement conforme au rapport de force entre les deux équipes.

Maintenant que le match est joué, l’interrogation subsiste : comment le comité d’organisation a pu mettre en place un tableau qui permette ce genre d’opposition en quart de finale ? C’est un privilège classique du pays organisateur, il est dispensé de tirage au sort et se retrouve judicieusement placé dans le tableau. Cela permet en particulier de s’assurer qu’il jouera autant que possible dans des stades adaptés.

La formule à 24 équipes réparties en 6 groupes fait que mathématiquement, si les vainqueurs du premier tour passent le cap du huitième de finale1, deux seront opposés en quart de finale à une équipe ayant fini à un moins bon rang.

Cette fois, ce sont les vainqueurs des groupes B et D, respectivement l’Angleterre et l’Allemagne qui avaient cet avantage, le cas de la Mannschaft rappelant qu’il n’est pas absolu et qu’il ne dispense pas de gagner les matchs.

Amandine Henry et Samantha Mewis

Amandine Henry et Samantha Mewis

La France a été placée d’office dans le groupe A qui ne bénéficiait pas de ce chemin jonché de roses. Ou plutôt qui n’en a plus bénéficié après une correction du tableau intervenue la veille du tirage au sort. Cette correction – l’interversion des deux premiers du groupe F, donc finalement les États-Unis et la Suède – est tout à fait rationnelle puisque sans elle, le tableau était totalement déséquilibré avec quatre vainqueurs de groupe d’un côté et seulement deux de l’autre, côté France.

La question qui se pose est de savoir si l’organisation française a simplement complètement ignoré le problème, si « l’erreur » n’en était pas une et visait à faciliter le parcours des Bleues mais a été éventée ou s’il s’agissait réellement d’une erreur qui a fait croire que le tableau de l’équipe de France était idéal.

Dans tous les cas, la responsabilité de l’organisation est patente, soit par ignorance, soit pour ne pas avoir su faire un tableau raisonnable pour l’équipe à domicile, ce qui était faisable très simplement en reproduisant celui de l’édition précédente.

A posteriori, on mesure le poids de ce défaut d’organisation. Non seulement cette défaite en quart de finale accrédite l’idée d’une stagnation et d’un plafond de verre alors que la même défaite un ou deux tours plus tard n’aurait pas eu cette image, mais elle barre aussi aux Bleues la route vers les Jeux Olympiques de Tokyo.

Bien sûr, le tableau ne fait pas tout et les Bleues ont déjà eu l’occasion (souvent à l’Euro) de disposer de tableaux favorables et se sont pris les pieds dans le tapis. La défaite contre les Américaines est comparable avec celles de 2015 contre les Allemandes, elle ne l’est certainement pas avec celle du dernier Euro où les Françaises n’arrivaient pas lestées de quatre victoires lors des matchs précédents.

Les demi-finales à Lyon

L’affiche des demi-finales opposera donc l’Angleterre aux États-Unis et les Pays-Bas à la Suède. La première était attendue2, la seconde beaucoup moins : les Pays-Bas sont champions d’Europe et leur présence dans le dernier carré n’est pas une vraie surprise mais il s’agit de leur première apparition à ce niveau. Au contraire, la Suède est habitué des derniers tours mais a fini deuxième de son groupe – derrière les États-Unis – et a dû ensuite éliminer deux équipes mieux classées, le Canada et surtout l’Allemagne.

Les demi-finales et la finale auront pour cadre le Stade de Lyon, nom donné au stade de l’Olympique lyonnais durant la Coupe du monde, la Fifa n’acceptant pas que les enceintes de sa compétition portent des noms de marques commerciales, surtout s’il ne s’agit pas de ses propres sponsors.

Lucy Bronze et Shanice van de Sanden y seront évidemment en terrain de connaissance comme joueuses lyonnaises. D’anciennes lyonnaises passées suffisamment récemment ont aussi pu jouer à Décines, Alex Morgan et Caroline Seger. En revanche, Morgan Brian n’a fait que s’asseoir sur le banc une fois lors d’un quart de finale contre Barcelone.

Mais beaucoup d’autres joueuses connaissent aussi ce terrain pour l’avoir fréquenté comme visiteuses. Lucy Bronze et Caroline Seger sont d’abord venu avec un maillot adverse, respectivement celui de Manchester City et du PSG.

Avec les affrontements récents entre Lyon et des équipes anglaises, Manchester City et Chelsea, plus de la moitié de la sélection de Phil Neville est déjà venue : Millie Bright, Karen Carney et Fran Kirby cette saison avec Chelsea, Karen Bardsley, Abbie McManus, Steph Houghton, Demi Stokes, Keira Walsh, Jill Scott, Nikita Parris, Georgia Stanway et Toni Duggan avec Manchester City. Cette dernière est ensuite revenue avec Barcelone. Ainsi dix des onze titulaires du quart de finale contre la Norvège ont déjà joué au Stade de Lyon, seule Ellen White ne le connaissant pas encore.

On peut également ajouter à liste Mary Earps venue comme gardienne remplaçante de Wolfsbourg et qui est la seule anglaise qui n’a pas joué lors de cette Coupe du monde.

La Suède pourrait être presque autant en terrain de connaissance mais Montpellier n’ayant pas le lustre du PSG, Linda Sembrant, Sofia Jakobsson et Stina Blackstenius n’ont jamais eu les honneurs du grand stade et ont dû se contenter du centre d’entraînement tout à côté pour affronter l’OL. Néanmoins six de leurs compatriotes sont déjà venues. Caroline Seger donc comme adversaire puis comme hôte, Nilla Fischer avec Wolfsbourg, Kosovare Asllani avec Manchester City (elle avait quitté le PSG avant l’ouverture du stade), Magdalena Eriksson, Jonna Andersson et Hedvig Lindahl avec Chelsea – la gardienne étant restée sur le banc – et Hanna Glas avec le PSG sans entrer en jeu non plus.

Enfin les deux autres équipes ont seulement eu quelques ambassadrices. Alex Morgan a affronté sa compatriote Carli Lloyd qui faisait de son côté un court passage à Manchester City, et Shanice van de Sanden a joué contre Lieke Martens et Barcelone. Loes Geurts est aussi venue avec le PSG mais elle était restée sur le banc comme elle le fera sans doute encore cette fois.

Tableau prévisionnel suivant le classement Fifa
NOR 1 NOR 0 ENG 42,6% USA 68,4%
AUS 1
ENG 3 ENG 3
CMR 0
FRA 2 FRA 1 USA 57,4%
BRA 1
ESP 1 USA 2
USA 2
ITA 2 ITA 0 NLD 50,7% NLD 31,6%
CHN 0
NLD 2 NLD 2
JPN 1
DEU 3 DEU 1 SWE 49,3%
NGA 0
SWE 1 SWE 2
CAN 0

Le dernier carré

Angleterre- États-Unis

La première demi-finale oppose les deux équipes qui ont le plus fait participer l’ensemble de leur banc. Toutes les Anglaises sauf la troisième gardienne Mary Earps ont joué, tout comme l’intégralité des joueuses de champ américaines. Dix-neuf Anglaises ont déjà été titularisées et dix-huit Américaines. Mais si Phil Neville a vraiment fait tourner durant toute la phase de groupe avec trois compositions assez différentes, Jill Ellis a plutôt aligné son équipe type contre la Thaïlande et la Suède et fait jouer une équipe bis contre le Chili. Six joueuses n’ont débuté que ce match alors que les cinq Anglaises qui n’ont commencé qu’un seul match sont réparties trois contre l’Argentine et deux contre le Japon.

Kelley O'Harra, Lindsey Horan, Julie Ertz, Becky Sauerbrunn

Kelley O'Harra, Lindsey Horan, Julie Ertz, Becky Sauerbrunn

Toutefois depuis le début de la phase éliminatoire, l’Anglais et l’Américaine ont resserré leur composition sur une équipe type. Le premier n’hésite qu’entre Demi Stokes et Alex Greenwood pour le poste d’arrière gauche et la seconde a reconduit contre la France les onze mêmes que contre l’Espagne même si on peut imaginer que Lindsey Horan qui avait débuté tous les matchs de poule pourrait frapper à la porte pour remplacer Julie Ertz (ou la pousser à l’arrière).

Après la France, l’Angleterre est la deuxième dernière équipe à avoir battu les États-Unis. On a vu quel profit cela avait fait aux Bleues. Les Anglaises semblent avoir nettement moins de talent dans les pieds mais en faire nettement meilleur usage que leurs voisines d’outre-Manche, ce qui pourrait leur permettre de déranger les championnes du monde. Mais les Américaines restent clairement favorites.

Pays-Bas- Suède

La Suède est le troisième pays à avoir utilisé le plus de joueuses alors que les Pays-Bas sont celui qui en a utilisé le moins. Pourtant la différence d’utilisation de l’effectif n’est pas aussi grande qu’elle en a l’air. Peter Gerhardsson a utilisé vingt joueuses et en a titularisé 18 mais ces chiffres sont biaisés par le match contre les États-Unis que les Suédoises ne voulaient pas vraiment gagner et où cinq joueuses ont connu leur seule titularisation. Neuf joueuses ont débuté tous les matchs sauf celui là et les deux autres joueuses de l’équipe-type ont démarré à chaque fois sauf contre la Thaïlande. Si le banc est impliqué, le onze-type est solidement installé.

Mais la suspension de Fridolina Rolfö pour deux cartons jaunes reçus contre le Canada et l’Allemagne va obliger son sélectionneur à trouver une autre solution. Cela devrait être Olivia Schough qui avait déjà occupé l’aile gauche lors du match contre l’Allemagne.

Elin Rubensson

Elin Rubensson

Sarina Wiegman n’a pas fait tourner son effectif, comme elle ne l’avait pas fait lors de l’Euro avec une certaine réussite. Neuf joueuses ont débuté à chaque match, Stefanie van der Gragt et Anouk Dekker se sont partagée un poste en défense centrale alors que Merel van Dongel a succédé à Kika van Es à gauche. En dehors de ces treize joueuses, les deux Bavaroises Jill Roord et Lineth Beerensteyn sont entrées à chaque match. Les autres regardent. Seule Renate Jansen a joué trois minutes contre le Canada.

Cette demi-finale pourrait être la revanche du quart de finale du dernier Euro où Lieke Martens et Vivianne Miedema avaient éliminé les partenaires de Caroline Seger.

[Édition du 30/6/2019 : ajout d’une précision concernant la suspension de Fridolina Rolfö]

Coupe du monde 2019 – Huitièmes de finale – Les états unis d’Europe

Les quarts de finales de la Coupe du monde opposeront sept équipes européennes et les États-Unis. Ce sont les Bleues qui auront la lourde tâche d’affronter les championnes du monde pour le match au sommet annoncé depuis le tirage au sort.

Au-delà de la poursuite de leur parcours en Coupe du monde, les joueuses de Corinne Diacre joueront aussi leur qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo puisqu’il est désormais établi qu’il faudra au moins être demi-finaliste pour faire partie des trois meilleures équipes européennes.

Tous les huitièmes de finale de la Coupe du monde 2019 opposaient une équipe européenne à une équipe d’un autre continent et en dehors de ceux concernant les deux équipes africaines, le Nigeria et le Cameroun, qui n’ont jamais semblé en mesure d’inquiéter l’Allemagne et l’Angleterre, aucun autre match ne s’est achevé avec plus d’un but d’écart.

Mais en dehors des États-Unis, grandissimes favoris et qui ont eu besoin de deux pénalties pour venir à bout de l’Espagne, c’est à chaque fois l’équipe européenne qui a passé le tour ce qui donnera aux quarts de finales un petit air d’Euro amélioré.

Il y a deux ans lors du vrai Euro, l’Italie et la Norvège n’avaient pas passé le premier tour mais les cinq autres équipes étaient également en quart de finale. Toutefois, l’Autriche et le Danemark, absents cette année, avaient passé le tour et s’étaient disputé une place en finale.

La présence d’une très grande majorité d’équipes européenne n’est pas inhabituelle dans les Coupes du monde masculines où elles étaient également sept en 1994 et où elles ont été quatre fois six depuis 1990. Mais cela correspond à un football masculin bipolaire où les demi-finalistes qui ne viennent ni d’Europe ni d’Amérique du Sud sont au nombre de deux en 21 éditions1, aucune n’ayant atteint la finale. Chez les femmes, trois continents ont déjà emporté l’épreuve et quatre sont arrivés au moins en demi-finale. Et ce constat reste le même si l’on ignore les États-Unis, sorte de point aberrant toujours présent en demi-finale mais qui n’est la pas la seule équipe Nord-Américaine à avoir atteint ce stade puisqu’elle était accompagnée du Canada en 2003.

L’image courante est donc celle d’une compétition féminine beaucoup plus ouverte à tous les continents que son homologue masculine. D’ailleurs il y a quatre ans, seules l’Angleterre, l’Allemagne et la France avaient atteint les quarts de finale et le record du genre date des deux premières éditions où cinq représentants du vieux continent étaient représentés.

Mais à y regarder de plus près, c’est sans doute plutôt le millésime 2015 qui était le moins représentatif avec à peine plus d’un tiers des équipes de la zone UEFA qualifiées à ce stade. Lors de toutes les autres éditions, ce taux est d’au moins deux tiers et atteint souvent les 80 % (voir 100 % en 1991 et 1995). Avant l’élargissement à 24 équipes en 2015, il n’y avait que cinq représentants européens (6 en 1999), difficile donc de faire quasi carton plein.

Ainsi si la répartition entre les différentes confédération n’a pas sensiblement évolué, l’augmentation du nombre d’équipe semble bénéficier à l’Europe, plus à même de présenter un grand nombre d’équipes compétitives.

Le mode de qualification de la zone UEFA pour les Jeux Olympiques est lié au même constat : avec un grand nombre d’équipes concernées pour un très petit nombre de places, il est difficile de fabriquer des éliminatoires spécifiquement olympiques. La phase finale de l’Euro se disputant trois ans avant les Jeux Olympiques, elle ne serait pas très pertinente comme tournoi qualificatif. C’est pourquoi c’est la Coupe du monde qui en tient lieu2. Mais avec sept équipes encore en lice pour trois places seulement, les quarts de finales de la Coupe du monde deviennent des matchs de barrages olympiques. En cas de victoire des États-Unis sur la France, les trois autres demi-finalistes iront à Tokyo. Dans le cas contraire, le match pour la troisième place, habituelle aimable partie de campagne entre équipes démotivées deviendra lui aussi un barrage à la mort subite.

Pour les Bleues, le match de vendredi aura des conséquences lourdes pour les deux prochaines années : en cas de victoire sur l’ogre américain, la compétition sera réussie et la qualification olympique restera possible. En cas de défaite, l’objectif minimal de rejoindre les demi-finales ne sera pas atteint, les interrogations sur la manière ressortiront et il faudra se concentrer pendant deux ans sur les éliminatoires de l’Euro 2010 face à l’Autriche, la Serbie, le Kazakhstan et la Macédoine du Nord.

Après avoir plusieurs fois échoué à ce stade contre des adversaires largement à sa portée, cela serait un beau pied de nez de cette équipe de France de passer à nouveau le cap face à la meilleure équipe du monde. Il y a quatre ans, ça n’était pas passé loin.

Tableau prévisionnel suivant le classement Fifa
NOR 1 NOR 31,6% ENG 36,8% FRA 60,1%
AUS 1
ENG 3 ENG 68,4%
CMR 0
FRA 2 FRA 56,0% FRA 63,2%
BRA 1
ESP 1 USA 44,0%
USA 2
ITA 2 ITA 36,1% NLD 35,3% DEU 39,9%
CHN 0
NLD 2 NLD 63,9%
JPN 1
DEU 3 DEU 65,3% DEU 64,7%
NGA 0
SWE 1 SWE 34,7%
CAN 0

Les quatre quarts

Norvège- Angleterre

C’est la revanche du huitième de finale de l’édition précédente où Steph Houghton et Lucy Bronze avaient permis à l’Angleterre de passer en quarts de finales. Depuis la hiérarchie ne s’est pas inversée, la Norvège a manqué son Euro 2017 dans les grandes largeurs pendant que l’Angleterre se hissait en demi-finale, ce qui reste finalement une déception.

L’Angleterre a remporté tous ses matchs sans trembler, faisant participer toutes ses joueuses sauf la gardienne Mary Earps alors que la Norvège dispute sa compétition à 16 et a eu besoin des tirs aux buts à 11 contre 10 venir à bout de l’Australie. Sur le papier, l’Angleterre est nettement favorite mais cette Norvège semble capable de faire déjouer tout le monde, les Bleues peuvent en témoigner.

France- États-Unis

C’est le match qui était annoncé le jour du tirage au sort. L’épine dans le pied dès deux équipes, le point sur lequel elles se sont focalisées depuis le début. Car si on a bien en tête que vu du côté Bleu, c’est un mauvais tirage que de devoir affronter la meilleure équipe mondiale dès le quart de finale, vu d’en face, on ne pouvait pas non plus imaginer bien pire que de rencontrer le pays organisateur, l’équipe qui a infligé aux Américaines leur seule défaite en 2019 (3-1 au Havre le 19 janvier), qui est aussi l’autrice de leur avant dernière défaite (3-0 le 7 mars 2017 lors de la SheBelieves Cup) et qu’elles n’ont pas battu entre temps (un nul 1-1 le 4 mars 2018, à nouveau pour la SheBelieves Cup).

À la fin, le tirage n’aura évidemment été mauvais que pour une seule des deux équipes et cela a toutes les chances d’être la France : si elle a réussi ses trois dernières rencontres face aux États-Unis, c’était à chaque fois en match amical. La confrontation précédente avait eu lieu aux Jeux Olympiques de Rio et les Américaines s’étaient imposées 1-0, tout comme lors des Jeux précédents (4-2) et lors de la Coupe du monde 2011 (3-1 en demi-finale). Après avoir mis 27 ans à remporter enfin un match face aux États-Unis, la France attend encore de le faire dans un match officiel.

Kadidiatou Diani face à Tamires sous les yeux de Marta et Delphine Cascarino

Kadidiatou Diani face à Tamires sous les yeux de Marta et Delphine Cascarino

Au bout de deux matchs, Jill Ellis avait fait jouer toutes ses joueuses de champ et la victoire contre le Chili avait permis à Ali Krieger d’affirmer que les États-Unis avaient les deux meilleures équipes de la compétition. Mais les remplaçantes américaines ont bien fait de profiter de ce match parce que pour la plupart, elles n’ont plus eu l’occasion de s’exprimer : six joueuses n’ont foulé la pelouse que lors de ce deuxième match. En huitième de finale, les trois remplaçantes se sont partagées 7 minutes de jeu3. Même Corinne Diacre qui rechigne en général à employer son banc ne va pas jusque là.

Outsider mais à domicile, l’équipe de France possède en théorie toutes les armes pour gêner une équipe américaine qui a peiné contre l’Espagne face à sa première vraie adversité dans cette compétition (une seule frappe cadrée en dehors des deux pénalties de Megan Rapinoe), la Thaïlande et le Chili n’étant pas vraiment au niveau et la Suède ayant – sans doute avec raison – choisi de ne pas se disperser dans une bataille qu’elle n’avait pas besoin de gagner en alignant une moitié de remplaçantes.

La qualité des prestations de l’équipe de France jusque là n’encourage pas à l’optimisme en dehors de la première mi-temps du match d’ouverture mais même dans la difficulté, elle a remporté tous ses matchs et si elle arrive à lâcher les chevaux, elle ne sera pas une victime expiatoire. Le fait de ne pas être favorite et d’affronter une équipe qui ne lui laissera pas toute la responsabilité du jeu pourrait l’aider à y parvenir.

Italie- Pays-Bas

L’Italie a été une nation forte durant les années 80 et 90, participant à peu près à toutes les éditions de l’Euro ce qui lui avait valu de participer à la première édition de la Coupe du monde en 1991 où elle avait poussée la Norvège à la prolongation. Mais malgré des participations encourageantes à l’Euro où elle n’avait dû s’incliner que face à l’Allemagne en 2009 et 2013, elle n’était plus revenue en Coupe du monde depuis 1999. Entre temps, la fédération italienne avait laissé partir le train et le reste de l’Europe l’avait distancée. Mais depuis deux ans, avec l’arrivée de Milena Bertolini à la tête de la Squadra Azzura à la place d’Antonio Cabrini et avec l’arrivée concomitante des clubs professionnels masculins, les choses ont changé.

Les Pays-Bas ne faisaient pas du tout partie des nations historiques. Les Néerlandaises avaient profité des élargissements des phases finales pour participer à l’Euro depuis 2009 (passage à 12 équipes) et à la Coupe du monde depuis 2015 (passage à 24 équipes) mais c’est l’arrivée de Sarina Wiegman à six mois de l’Euro à domicile qui a transformé l’équipe des Pays-Bas qui a surfé sur le succès populaire jusqu’à la victoire finale.

Mais au contraire des italiennes, la progression ne passe pas par l’amélioration du championnat mais par l’exode des joueuses dans les championnats les plus huppés. Dans les 23 Italiennes, seule Elena Linari joue à l’étrange à l’Atlético Madrid. A contrario, six Néerlandaises seulement jouent aux Pays-Bas, donc quatre à l’Ajax Amsterdam, mais pami elles, seule Kika van Es joue réellement cette Coupe du monde, Renate Jansen n’est entrée que trois minutes contre le Canada et les autres ne sont pas entrées en jeu.

Allemagne- Suède

Si Italie-Pays-Bas est un duel de nations montantes, Allemagne-Suède est un classique éprouvé : cela a déjà été l’affiche d’une finale de Coupe du monde, de deux finales d’Euro et de la dernière finale olympique. Avec à chaque fois la victoire de l’Allemagne. Car si les deux équipes font depuis longtemps partie des favorites des compétitions, le palmarès de la Suède se limite à la victoire dans le premier Euro de l’histoire en 1984 là où l’Allemagne a remporté une médaille d’or olympique, deux Coupes du monde et huit Euros.

Les deux équipes sont annoncées en reconstruction après le départ de leurs sélectionneuses emblématiques Silvia Neid et Pia Sundhage mais si l’Allemagne présente toujours une des équipes les plus jeunes du plateau – signe à la fois de la richesse du vivier et de la difficulté à faire durer et à stabiliser l’équipe – la Suède tente de se renouveler avec les mêmes joueuses sauf Lotta Schelin, ce qui est certes une perte d’importance. Les jeunes Stina Blackstenius et Fridolina Rolfö tentent de combler le vide laissé par l’ancienne joueuse de l’OL mais le costume semble encore un peu grand pour elles.

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