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La D1, le nouvel Eldorado

Le championnat de France de première division féminine a repris ce week-end. L’intersaison a été marquée par l’arrivée de plusieurs joueuses internationales renommées et par la confirmation de l’avancée de la professionnalisation, symbolisée par Juvisy qui a désormais un fonctionnement semi-professionnel.

Avec une première place au classement UEFA et deux demi-finalistes de la dernière Ligue des Championnes, le championnat de France de Division 1 féminine se pose comme l’un des meilleurs d’Europe. Bien sûr le classement UEFA doit une bonne partie de ses points aux résultats de Lyon qui survolait jusque là la D1, et évidemment, le championnat allemand reste sans doute d’un niveau supérieur, autant dans la densité des équipes de têtes que dans le niveau moyen.

Mais Juvisy, 3e l’an dernier était aussi demi-finaliste de la Ligue des Championnes en ayant assez facilement disposé de Göteborg, et le PSG devrait en être l’un des 5 ou 6 favoris cette saison, donc tout ne se résume pas aux campagnes de l’OL.

Il y a trois causes à cette progression, qui s’entretiennent les unes les autres. La première tient à l’amélioration de la formation française, liée la création du CNFE puis des pôles espoirs. Les résultats des équipes de France de jeunes (championne du monde M-17 en 2012, championne d’Europe M-19 en 2010 et 2013 par exemple) en sont une bonne illustration.

La deuxième cause est la médiatisation croissante du football féminin en général, et de la D1 en particulier : le nombre de matchs diffusés entre Eurosport et France 4 ne cesse d’augmenter, la couverture du championnat dans les médias s’améliore.

Enfin, la troisième cause est la professionnalisation croissante de la discipline. Lyon a lancé le mouvement il y a quelques années, le PSG était entièrement professionnel dès l’an dernier. Montpellier, Saint-Étienne et Guingamp qui sont aussi adossés à des clubs professionnels masculins comptent de plus en plus de contrat fédéraux et se dotent de fonctionnement quasi professionnels. Et maintenant Juvisy, le chantre des valeurs de l’amateurisme, se dote d’une organisation semi-professionnelle. Outre ce qu’elle apporte sur le niveau de jeu général, cette professionnalisation rend aussi les clubs français attirants pour des joueuses de tous horizons.

L’ensemble est accompagné par le plan de féminisation du football lancée il y a un peu plus d’un an par la FFF1.

Plus d’arrivées que de départs

Le bilan des transferts de cet été entre les clubs français et étrangers est de 11 entrantes pour 10 sortantes. Trois joueuses rejoignent des universités américaines : Sarah Huchet quitte Guingamp pour les Racers de l’université Northwestern Ohio, Aurélie Gagnet laisse Montpellier et rejoint les Jayhawks de l’université du Kansas et Ophélie Brevet abandonne Saint-Étienne et joue pour les Lady Lakers de l’université de Clayton State.

De toutes les autres partantes, seule la gardienne d’Yzeure Libby Stout aurait volontiers été conservée par son club. Elle part en Allemagne pour jouer à Cloppenbourg, promu en Bundesliga. Pour les autres, Juvisy se sépare d’Yryna Zvaritch, Lyon d’Ami Otaki (qui rejoint Urawa Red Diamonds) et de Shinobu Ohno (vers Sayama), Montpellier de Luna Gevitz (Fortuna Hjörring) et Saint-Étienne de Megan Manthey (qui jouera à Stjarnan en Islande) et de Tseng Chu O. Toutes avaient déjà perdu leur place dans le courant de la saison dernière. Pourtant dehors de la Danoise de Montpellier Luna Gevitz et dans une moindre mesure d’Ami Otaki à Lyon, il s’agissait de joueuses attendues comme des leaders et qui n’ont pas confirmé les attentes.

Dans l’autre sens, trois Françaises reviennent : Solène Barbance arrive d’Irlande où elle a été titulaire et vice-championne avec Peamount pour jouer chez les promues de Muret. Sandrine Brétigny quitte Francfort où elle a connu une saison difficile pour se relancer à Juvisy en manque d’avant centre la saison dernière. Et Marina Makanza quitte Fribourg après trois bonnes saisons et vient renforcer l’attaque de Montpellier.

Comme l’an dernier, Yzeure est allé chercher une gardienne aux États-Unis, Catherine Fitzsimmons aux Houston Aces en WPSL, sorte de D2 américaine. Guingamp et Paris ont joué la carte de l’exotisme pour recruter une gardienne remplaçante, l’Estonienne Getter Laar à l’EAG et la Polonaise Katarzyna Kiedrzynek au PSG.

Quatre internationales de premier plan arrivent cette saison en D1 et cette fois, c’est Montpellier qui frappe le plus fort en recrutant l’Écossaise d’Arsenal Jennifer Beattie et surtout l’internationale Suédoise Josephine Öqvist, en provenance de Kristianstadt où elle jouait depuis le début de saison, après un an d’arrêt pour faire un enfant, ce qui avait été moyennement apprécié par son ancien club de Tyresö.

Lyon a changé de Japonaise en recrutant la défenseuse de Francfort Saki Kumagai, titulaire indiscutable en Allemagne et pilier de la sélection nippone. Le PSG a été moins actif à l’étranger pour le moment2 mais a fait venir la défenseuse italienne Sara Gama, meilleure joueuse de l’Euro M-19 en 2008 et solide internationale même si elle n’est presque pas joué lors de l’Euro.

Symboliquement, on notera aussi qu’Yzeure a fait son marché à Potsdam en recrutant la Camerounaise Jeannette Yango. Bien sûr, elle n’était pas une pièce maîtresse des vice championnes d’Allemagne, même si elle avait participé à la Ligue des Championnes (une minute lors du match contre Arsenal) et qu’elle poursuit un parcours atypique débuté au Cameroun, poursuivi en Thaïlande puis en Serbie et en Pologne, en Allemagne donc et maintenant en Auvergne.

Avec Josephine Öqvist, Lotta Schelin et Kosovare Asllani, la D1 regroupe donc maintenant les trois principales joueuses offensives de l’équipe de Suède. Saki Kumagai rejoint Rumi Utsugi qui n’est certes plus convoquée en équipe du Japon, et succède à Shinobu Ohno, Ami Otaki et Aya Sameshima pour représenter le pays du soleil levant en D1. Les deux internationales Américaines Tobin Heath et Megan Rapinoe qui étaient rentrées disputer la saison de NWSL (remportée par les Portland Thorns de Tobin Heath qui a marqué le premier but de la finale) reviendront disputer le championnat de France cette saison. On ajoutera que les Allemandes Annike Krahn et Linda Bresonik restent au PSG et on voit que les meilleures sélections sont bien représentées en D1.

Il n’y a au contraire plus de joueuse française de premier plan ni en NWSL, ni en Bundesliga, ni en Damallsvenskan (pas plus qu’en WSL anglaise ou en Série A italienne). Ce qui signifie que les conditions en D1 sont assez bonnes pour que les joueuses Françaises n’aient pas envie d’aller voir ailleurs et que les clubs de haut de tableau arrivent à attirer de grandes joueuses.

Les forces en présence

Comme tous les ans, Lyon est favori en début de saison : 22 victoires en 22 matchs la saison dernière, plus une Coupe de France et une finale de Ligue des Championnes, la marge semble assez importante que pour l’OL garde la faveur des pronostics. Mais l’écart devrait nettement se resserrer. En premier lieu parce que la situation financière du club lyonnais oblige à quelques économies. Parmi les titulaires, Sonia Bompastor a pris sa retraite et Laura Georges a été laissée libre de s’engager au PSG. Elles seront remplacées plus ou moins poste pour poste par Melissa Plaza3 et Saki Kumagai.

Les autres départs ne devraient pas changer les compositions alignées lors des gros matchs : Céline Deville, Ami Otaki, Shinobu Ohno et Laura Agard avaient un faible temps de jeu l’an dernier mais elles permettaient la rotation et l’enchaînement des matchs. L’effectif compte désormais 18 joueuses expérimentées et le centre de formation sera mis plus mis à contribution.

Le PSG, favori bis

Le PSG n’est pas concerné par ces restrictions. Contrairement à l’année dernière, Farid Benstiti n’est pas allé chercher de star internationale, Katarzyna Kiedrzynek et Sara Gama étant plutôt destinées à garnir le banc. Il a habilement privilégié un recrutement plus parisien avec deux internationales nées en Île-de-France et déjà passées par le club, Laura Georges et Marie-Laure Delie. Pour le reste, l’équipe ayant été plutôt satisfaisante l’an dernier une fois la cohésion acquise, il a misé sur la jeunesse pour apporter de la profondeur à son effectif avec l’arrivée de deux championnes du monde M-17 (devenues depuis championnes d’Europe M-19) Léa Declerq en provenance d’Hénin-Beaumont et Ghoutia Karchouni de Lyon.

Le PSG avance caché derrière le statut de favori de Lyon mais semble armé pour remporter éventuellement toutes les compétitions.

Juvisy et Montpellier ne s’avouent pas vaincus

Seule équipe de première moitié de classement qui n’est pas soutenue par un club professionnel masculin4, Juvisy a au moins autant changé que le PSG lors des deux dernières saisons. Sur le plan de l’effectif d’abord, si le club a perdu seulement Laetitia Tonazzi et Audrey Malet parmi ses titulaires de la saison 20125, et a recruté pendant ce temps Céline Deville, Sandrine Dusang, Laure Lepailleur, Julie Soyer, Camille Catala, Sandrine Brétigny et Lilas Traïkia6, soit 7 internationales A françaises.

Du coup, l’effectif Juvisien compte 22 joueuses rompues à la D1 plus des joueuses de son centre de formation, parmi lesquelles trois récentes championnes d’Europe M-197, ce qui lui permet de doubler vraiment tous les postes.

Pour utiliser au mieux l’effectif le plus riche de la D1, le club de Marie-Christine Terroni a fait sa révolution cet été : Sandrine Mathivet est devenue directrice technique générale du club et laisse la place d’entraîneur à Pascal Gouzenes, mais surtout le fonctionnement devient semi professionnel avec un plus grand nombre de contrats fédéraux et des aménagements des horaires pour les joueuses qui travaillent afin de faciliter les entraînements et la récupération. Si Lyon et le PSG gardent la faveur des pronostics, l’ambition affichée par Juvisy de reconquérir le titre semble s’appuyer aussi sur de solides arguments.

Éric Baledent

Sandrine Brétigny. Photo: Éric Baledent

Depuis quatre ans, Montpellier avait fait le choix de miser sur sa jeunesse. Avec une certaine réussite dans les catégories de jeunes puisque les héraultaises ont remporté les trois éditions du Challenge National Féminin U19 et sont en général les plus représentées dans les équipes de France de jeunes. Mais soit que les résultats en D1 se soient trop fait attendre, soit qu’il était temps de passer à une nouvelle phase, Montpellier a aussi beaucoup changé cet été.

Sarah M’Barek est partie à Guingamp, remplacée par Jean-Louis Saez et Marie-Laure Delie, seule titulaire montpelliéraine chez les Bleues, est repartie pour le PSG. Mais contrairement aux saisons précédentes où les départs de titulaires étaient compensés par la promotion de jeunes joueuses, c’est plutôt le contraire qui est arrivé. Outre Marie-Laure Delie et Melissa Plaza, partie à Lyon, ce sont des espoirs qui sont parties, Luna Gevitz au Danemark et Aurélie Gagnet aux États-Unis tandis que Faustine Robert et Margaux Bueno suivaient leur entraîneur en Bretagne.

Montpellier a recruté des joueuses plus expérimentées, dont les deux recrues phares de la saison en D18 : Jennifer Beattie arrive d’Arsenal. Internationale écossaise, elle devrait occuper un poste plutôt défensif mais elle est à peu près capable de jouer partout. Josephine Öqvist est une joueuse majeure de la sélection suédoise depuis qu’elle a marqué le but envoyant son équipe en finale de la Coupe du monde 2003. Avant-centre de formation et de préférence, elle joue pourtant le plus souvent à droite. Marina Makanza revient en France après trois saison à Fribourg, dont les deux dernières en Bundesliga. Enfin, Fanny Tenret revient au club après un long périple (Saint-Étienne, Toulouse, Rodez et Muret) et un deuxième titre de meilleure buteuse de D2 l’an dernier avec 34 buts.

L’effectif semble donc nettement renforcé, d’autant plus que Marie-Laure Delie n’a jamais eu avec Montpellier les statistiques extraordinaires qu’elle a chez les Bleues. Et Hoda Lattaf est toujours là.

Montpellier semble un peu moins armé que Juvisy pour prendre l’une des deux premières places, mais on ne jurerait de rien dans ce championnat où il suffirait de faire quelque coups dans les matchs au sommet et d’assurer contre les autres équipes.

Saint-Étienne et Guingamp, les outsiders

Comme d’habitude, le classement devrait être coupé en deux entre le quatuor de tête et les autres. Deux clubs semblent toutefois se détacher, à défaut de s’approcher du premier carré.

Après deux 5e places, donc après avoir remporté deux fois le « championnat des autres », Saint-Étienne a été dépassé l’an dernier par Yzeure après une première moitié de saison ratée : les Vertes étaient 9e à la mi-saison.

La faute à un recrutement raté : les attaquantes Tseng Chu O, Megan Manthey et Anaïs Ribeyra n’ont jamais été dans le rythme et n’ont marqué que 2 buts par l’Américaine. C’est finalement après leur mise à l’écart et avec les jeunes Candice Gherbi et Audrey Chaumette que Saint-Étienne est remonté et a atteint la finale la Coupe de France.

Les jeunes sont toujours là, ainsi que les cadres du club comme Méline Gérard, Julie Debever, Amandine Soulard ou Rose Lavaud, mais le recrutement semble avoir été particulièrement astucieux de joueuses jeunes mais déjà expérimentées : Julie Morel, Alexandra Atamaniuk, Saïda Akherraze et Nora Coton-Pélagie. Et pour couronner le tout, Saint-Étienne a profité de la situation à Yzeure pour attirer Laura Bouillot, la meilleure buteuse hors du top 4. Sur le papier, l’effectif est vraiment prometteur et devrait regarder plus vers le haut que vers le bas.

Nora Coton-Pélagie

Nora Coton-Pélagie

Autre club professionnel, Guingamp cherche la bonne méthode. Un an après son arrivée, Olivier Moullac a été débarqué. Sa mise à l’écart de joueuses importantes comme Julie Morel ou Marion Boishardy a sans doute compté au bilan d’une saison terminée assez loin de la 5e place attendue. Il est remplacé par Sara M’Barek qui arrive de Montpellier avec un projet de formation et quelque jeunes joueuses. Et surtout, Guingamp a prolongé le contrat de Griedge Mbock qui l’on annonçait pourtant à très court terme dans un club plus fortuné. Il faudra que la mayonnaise prenne mais Guingamp a de l’avenir.

Six pour quatre places

Quatre favoris et deux outsiders, le reste du plateau va comme d’habitude lutter pour le maintien. Yzeure sort d’une très grande saison finie à la 5e place, mais l’intersaison a été un modèle d’opération suicide alors que le club semblait parti pour grandir avec le soutien des collectivités locales prêt à soutenir l’une des seules équipes d’élite du département. Tout à commencé par la mise à l’écart de l’entraîneur Patrice Degironde pour des divergences de vues avec le président9. Puis les joueuses ont été priées de baisser leurs primes pour permettre au club de payer les indemnités de licenciement de l’entraîneur. Certaines ne l’ont pas accepté et ont été purement et simplement priées d’aller voir ailleurs. Yzeure va donc se passer de Laura Bouillot (22 matchs, 18 buts la saison dernière), Stéphanie Maître (22 matchs), Émilie Gonssollin (19), Caroline Dolo (18) et Faustine Roux (16). Si l’on ajoute que la gardienne Libby Stout a quitté le club, ainsi que Lalia Dali et Charlène Gorce (toutes deux vers Guingamp), 8 des 12 joueuses les plus utilisées l’an dernier ont quitté le club. Autant dire qu’Yzeure repart de zéro.

Pour cela il va compter sur son nouvel entraîneur Xavier Aubert arrive du Mans avec trois joueuses, Mélodie Carré, Sylia Koui et Amelia Koutoupot, et sur quelques joueuses revanchardes comme Cloé Faillant, Alisson Blais et Mégane Catalano qui chercheront à se relancer à Yzeure après une saison passée à se chercher suite à un transfert. Mais s’il y a certainement du talent dans cet effectif, il faudra vite trouver de la cohésion et compter sur les quelques joueuses expérimentées comme Candice Pognat, Alexia Trévisan ou Coralie Belin pour s’en tirer. Et bien sûr sur Tatiana Solanet qui devrait être la patronne de cette équipe. Cette équipe qui doit entièrement se reconstruire avec des jeunes joueuse assez inexpérimentées fait figure de candidate idéale à la relégation.

Calme à Arras et Rodez

Les deux autres « maintenus » ont passé une intersaison beaucoup plus tranquille. Arras a perdu deux joueuses Mathilde Decool et Perrine Tentelier (qui ne jouait déjà plus en fin de saison dernière) et a recruté malin avec l’internationale M-19 de Claix Aminata Diallo et a profité de l’arrivée dans la région pour ses études de la meilleure buteuse du groupe B de D2 avec Soyaux Lauren Elwis.

Anne-Sophie Ginestet

Anne-Sophie Ginestet

Rodez a connu à peine plus de mouvement. L’entraîneuse Élodie Woock a dû renoncer pour raison professionnelle et sera remplacée par Nicolas Bach en provenance de Claix. Il perd ses deux gardiennes, Amélie Fabries qui arrête et Dina Jeanjean qui rejoint Aurillac-Arpajon, remplacées par Julie Niphon de Montigny et Déborah Garcia de Toulouse, ce qui devrait être globalement équivalent. Sabbah Meftah Saoues arrêt également et Charlène Farrugia repart au bout de six mois pour Guingamp alors que la seule Anne-Marie Banuta arrive de Saint-Étienne. Bref, comme Arras, Rodez devrait travailler dans la continuité de la saison dernière, ce qui signifie lutter pour le maintien mais avec une ligne de conduite cohérente.

Des promues expérimentées

Les trois équipes promues ont une expérience récente de l’élite puisqu’elles étaient toutes présentes il y a deux ans. Ce qui veut dire aussi qu’elles avaient toutes été reléguées. Mais si Muret et Soyaux avaient été totalement décroché, Hénin-Beaumont n’avait échoué que pour un point après un début de saison totalement raté (6 défaites et 39 buts encaissés lors des 7 premières journées) et une belle remontée.

Le club du Pas-de-Calais a gardé la même ossature pour remonter immédiatement à l’issue d’une saison quasi parfaite (19 victoires, 1 nul10). Et c’est encore à peu près le même effectif qui va affronter la D1 cette saison. Le seul départ notable est celui de Léa Declerq (encore une championne du monde M-17) pour le PSG. Mais si elle était un espoir important du club, le vrai duo d’attaque était constitué d’Aurélie Desmaretz (8e saison au club) et de Pauline Cousin (autre championne du monde M-17) qui avaient marqué 36 buts, soit quasiment la moitié du total héninois l’an dernier. Et si Léa Declerq est partie, derrière arrive Marie-Charlotte Léger, d’un an sa cadette et déjà auteuse de 9 buts l’an dernier. Autant dire qu’on ne misera pas en priorité sur Hénin-Beaumont pour la relégation.

Soyaux avait connu une saison 2011 catastrophique malgré un mercato désespéré qui avait vu arriver en Charente plusieurs internationales anglo-saxonnes, reparties sans avoir vraiment convaincu, puis a largement dominé son groupe de D2 l’an dernier pour remonter aussi vite. À l’intersaison, l’emblématique Corinne Diacre a quitté le club où elle était depuis 1988, comme joueuse puis comme entraîneuse. Jean-Claude Barrault lui succède à la tête d’un effectif seulement privé de sa meilleure buteuse Lauren Elwis, partie à Arras pour ses études. Pour se renforcer, Soyaux a profité des soldes mancelles en attirant Lydia Belkacemi, Laura Bourgouin et Léa Vaucelle, et a recruté des joueuses titulaires en D2 comme Gwendoline Djebbar (Nîmes), Annabelle Faure (Poitiers), Alice Benoît (La Roche) et même Viviane Boudaud titulaire à Vendenheim l’an dernier en D1. Et bien sûr, le club sojaldicien comptera sur Siga Tandia, toujours présente. L’équipe étant largement renouvelé, il faudra que la mayonnaise prenne.

Siga Tandia au marquage d'Eugénie Le Sommer

Siga Tandia au marquage d'Eugénie Le Sommer

Muret enfin avait aussi largement raté sa dernière saison de D1 et a légèrement moins dominé son groupe l’an dernier, mais sa montée n’a souffert d’aucune discussion. Là aussi, l’entraîneur a changé, Salim Belhamel succède à Sylvain Blaise. La meilleure buteuse Fanny Tenret a quitté le club pour retourner à Montpellier, Marine Coudon est partie à Juvisy et Aurore Gastal à Montigny. Dans l’autre sens, Muret enregistre l’arrivée de la Ruthénoise Solène Barbance, vice-championne d’Irlande la saison dernière avec Peamount United, ainsi que celles de Laurianne Cervera en provenance de Toulouse et de Camille Duval de Gravelines. L’ASM semble promis à un retour en D2 et il faudra beaucoup de cohésion et de réussite pour faire mentir ce pronostic.

Qui entraîne ?

Le plan de féminisation du football de la FFF a pour premier axe de « valoriser la place des femmes dans le football ». Visiblement, ce n’est pas encore gagné sur les bancs de touches de la première division féminine. Quatre des 12 pensionnaires de l’élite étaient entraînés l’an dernier par des femmes11. Cette saison, il n’en reste qu’une, Sarah M’Barek passée de Montpellier à Guingamp. Les trois autres ont choisi de prendre du recul et ont été remplacées par des hommes, et aucune autre n’a trouvé de place dans les clubs qui ont changé d’entraîneurs.

Nicolas Bach œuvrait déjà à Claix en D2 féminine tout comme Xavier Aubert au Mans et si Pascal Gouzenes en tant que CTD de l’Essonne suivait le football aussi bien masculin que féminin, Jean-Claude Barrault, Salim Belhamel et Jean-Louis Saez découvrent pour l’occasion le football féminin.

Individuellement, chacun de ces choix est sans doute pertinent mais l’impression d’ensemble ne va pas exactement dans le sens du plan de féminisation. Et à vrai dire, la nomination de Philippe Bergeroo à la tête des Bleues confirme cette impression12.

Les pronostics ni buts ni soumis

Le principe d’un pronostic efficace est de ne pas chercher la surprise.

Lyon devrait être champion devant le PSG, Juvisy et Montpellier mais cela sera plus serré que l’an dernier. Saint-Étienne finira 5e, Guingamp et Hénin-Beaumont devraient assurer tranquillement une place dans le ventre mou. Yzeure et sans doute Muret seront relégués, tandis qu’Arras, Rodez et Soyaux tenteront d’éviter le troisième ticket vers la D2.

La meilleure buteuse sera Sandrine Brétigny et la meilleure joueuse Lotta Schelin. Le Challenge FFF de la joueuse qui est plus forte que ses partenaires pourrait revenir à Siga Tandia.

  1. Ce plan s’appuie sur quatre axes : « Valoriser la place des femmes dans le football », « Devenir une nation référence en terme de licenciées », « Jouer les premiers rôles au niveau européen et mondial » et « Innover en matière de formation ».
  2. Le recrutement du PSG pourrait ne pas être tout à fait achevé.
  3. Même si on peut imaginer que ce sera plutôt Lara Dickenmann qui sera la vraie titulaire du poste d’arrière gauche.
  4. Yzeure était dans la première moitié de tableau, mais ne devrait pas le rester cette saison…
  5. Julie Debever, Adeline Rousseau et Virginie Mendes sont aussi parties entre temps, mais seule la dernière avait du temps de jeu à Juvisy.
  6. Sans compter Janice Cayman arrivée en cours de saison 2012, Yryna Zvaritch repartie depuis, ni Inès Jaurena et Alexandra Guinée arrivée ou revenue cet été.
  7. Kadidiatou Diani, Aïssatou Tounkara et Tanya De Souza
  8. Avec Saki Kumagai
  9. On a pu lire à droite ou à gauche que l’origine du différent serait le départ de la fille du président, jusque là joueuse du club.
  10. Le groupe A de D2 s’est joué à 11 l’an dernier suite au forfait général d’Herblay.
  11. Sandrine Mathivet à Juvisy, Sarah M’Barek à Guingamp, Élodie Woock à Rodez et Corinne Diacre à Soyaux, et elles étaient même 5 sur 12 en D1 en fin de saison puisque si Corine Diacre était en D2, Soraya Belkadi entraînait Toulouse et Stéphanie Trognon Vendenheim.
  12. Malgré tout le bien que l’on peut penser de lui. Il y avait certainement d’anciennes internationales ou au moins des coachs déjà dans le football féminin qui auraient pu avoir leur place.


2 commentaires pour “La D1, le nouvel Eldorado”

  1. Bonjour,
    combien y-a-t-il de joueuses avec un contrat fédéral à l’ AS Saint-Etienne?

  2. […] les Anglaises de Lyon Nikita Parris et Alex Greenwood). Ce n’est pas une nouveauté (voir « La D1, le nouvel Eldorado » où on parlait déjà en 2013 de Megan Rapinoe, Luna Gevitz et Jeannette Yango et « Les […]

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