Etoiles et toiles

Non, ce n’est pas un forum sur le PSG, même si le titre aurait sans doute convenu, mais bien sur le cinéma, pour parler de tout ce qui touche de près ou de loin au septième art.

Maniche Nails le 24/08/2022 à 10h11

Ça m'a laissé sur la touche je t'avoue ce besoin de rendre tout confus jusqu'au moindre dialogue au supermarché ou au snack.
Quitte à voir un couple défendre son pré carré je conseillerais plutôt As Bestas. On veut plus de Marina Fois dans des rôles dramatiques ! (Et Denis Menochet, dans la foulée du Ozon, gros candidat au MIP de l'année, et qu'on donne d'office le César du meilleur second rôle aux deux frères espagnols)
Bale de jour le 24/08/2022 à 10h29

En réponse à Sens de la dérision le 21/08/2022 à 18h35
(voir le message)

Je n'ai pas encore vu Nope, mais suite à Get Out et Us, il me semblait que le message de Jordan Peele était plutôt clair, et que les deux films proposaient en filigrane une critique assez dure de la société américaine, notamment au regard des sujets de race (même si Us était encore plus global), sans aucun message d'espoir. A tel point que certains théorisaient que les deux titres mis bout à bout constituaient le message de Peele, i.e. "get out of the US".
Vel Coyote le 24/08/2022 à 10h43

Denis Ménochet n'est plus éligible au trophée de MIP, il était déjà mémorable dans Jusqu'à la garde. Et bon dans Grand Central il y a plus longtemps, aussi.
Sens de la dérision le 24/08/2022 à 10h44

En réponse à Bale de jour le 24/08/2022 à 10h29
(voir le message)

Dans ce cas-là, la réponse à Get out of the US serait Nope. Dans ce cadre-là, ça pourrait satisfaire mon voisin de derrière qui voulait à tout prix voir un message dans le film : les Noirs sont là, aux USA, et sont prêts à défendre leur terre.

(mais comme je disais, le message est moins évident dans Nope, ou alors je suis trop bête pour l'avoir vu)
J'ai remis tout l'allant le 24/08/2022 à 10h45

Les thèmes et sous-thèmes abordés dans les films de Peele sont, je pense, assez clairs, mais c'est la manière dont ils sont traités et abordés dans 'Us' et 'Nope' qui est déroutante : ça tire un peu dans tous les sens niveau thématique, et ajouté à cela, j'ai parfois du mal à m'identifier aux personnages, tant leurs réactions, dialogues et comportements sont trop tordus -alors que je m'identifiais totalement au personnage principal de 'Get out'.

Alors je ne sais pas si je suis matrixé (héhé double sens avec le film et l'utilisation qu'en font les djeuns) par le rythme et les évolutions des personnages du cinéma "récent", qui font que je n'arrive pas/plus à apprécier à 100% lorsqu'il y a clairement une ambition d'innovation et de réflexion, ou bien si "cinématographiquement" parlant, trop de choses se mélangent trop confusément (comme le disait Maniche, cette scène du snack en est un bon exemple) et finalement, la sauce ne prend pas.
Tonton Danijel le 24/08/2022 à 10h55

En réponse à Vel Coyote le 24/08/2022 à 10h43
(voir le message)

C'est d'ailleurs assez bizarre ces films où tout le monde est récompensé aux Césars sauf l'acteur/l'actrice qui le porte (Valable aussi pour "The artist", "Venus Beauté Institut" ou, surtout, "De battre mon coeur s'est arrêté").
JauneLierre le 24/08/2022 à 11h50

As bestas : vu vendredi dernier et je confirme les retours faits précédemment. J'ai aussi été happé par le film, sa tension et une musique qui appuie l'ambiance sans souligner les moments de manière exagérée. J'ai aussi retenu deux scènes longues en plan-séquence : celle où Ménochet retourne à la buvette et paie un coup aux voisins et celle où Foïs et sa fille se font réciproquement la leçon. De très bon numéros d'acteurs-ices, comme presque toujours avec Foïs (jamais vue en Sophie Pétoncule, ça doit être un avantage). A l'instar d'Haneke, Sorogoyen nous laisse parfois dans le flou, ce qui ajoute à la tension mais procure aussi une certaine frustration.

######DIVULGACHAGE######
Exemples :
Lorsqu'elle retrouve la caméra, la carte s'avère finalement être illisible. A moins que les flics ne soient (encore) complices... Sorogoyen nous mets aussi sur une fausse piste juste avant avec les randonneurs qui ne font que passer et ne découvriront pas fortuitement la caméra, comme on pourrait s'y attendre.
Je trouve la fin également elliptique : même si ça paraît peu probable, on se demande, à travers son regard et le plan à l'intérieur de la voiture, si Foïs ne sera pas elle-même accusée puis condamnée pour le meurtre.
Maniche Nails le 25/08/2022 à 13h15

En réponse à JauneLierre le 24/08/2022 à 11h50
(voir le message)

######DIVULGACHAGE######
Exemples :
Lorsqu'elle retrouve la caméra, la carte s'avère finalement être illisible. A moins que les flics ne soient (encore) complices... Sorogoyen nous mets aussi sur une fausse piste juste avant avec les randonneurs qui ne font que passer et ne découvriront pas fortuitement la caméra, comme on pourrait s'y attendre.

Perso j'ai trouvé ça remarquable qu'il arrive comme ça à créer une attente (déçue donc) à partir d'un pur effet de réel (le dispositif est beaucoup plus sadique dans "Funny games" où il n'y a pas d'autre intention que de nous manipuler et de nous faire rager. Là on se sent presque confus après coup d'avoir cru à un début de piste).

Les 2 interrogations qui m'ont traversé l'esprit pendant le film :
- pourquoi une telle opposition aux éoliennes, sinon de principe, quand on voit le parc déjà existant à quelques hectomètres de là ? On se dit que ce n'est pas une de plus ou de moins qui va foncièrement changer le paysage. (D'ailleurs j'ai mis un certain temps pour être sûr de bien comprendre qui était pour et contre le projet. D'ordinaire, j'ai l'impression que ce sont plutôt les "progressistes" issus de la ville les plus favorables*, et les riverains de longue de longue date qui déploient des banderoles hostiles) *d'autant que le cliché du bobo donneur de leçons "faites ce que je dis mais pas devant chez moi" ne semble clairement pas pertinent ici
- il n'y a pas un léger contraste, sans que cela remette en cause la cohérence de l'histoire, entre la position sociale dominante du frère aîné, bellâtre gouailleur qui écrase tout le monde au café (présenté comme le lieu symbolique du pouvoir au village), et sa situation professionnelle d'ouvrier agricole soumis et crotté jusqu'au coup (on a l'impression que le réalisateur force le trait sur les deux frères tandis que les quelques autres éleveurs/bergers/paysans présentés semblent avoir déjà plus d'aise matérielle).
Jah fête et aime dorer Anne le 25/08/2022 à 13h57

En réponse à JauneLierre le 24/08/2022 à 11h50
(voir le message)

###Divulgâchages AS BESTAS###
###Divulgâchages AS BESTAS###
###Divulgâchages AS BESTAS###
###Divulgâchages AS BESTAS###
Je ne suis pas du même avis concernant le flou du film.

Sur la fin, une fois le corps retrouvé, il est évident que les différentes preuves obtenues dessus (adn, empreintes digitales, etc.) permettront de faire condamner les coupables, Foïs étant simplement convoquée pour identifier le cadavre.
Sur les randonneurs, je n'ai absolument pas perçu cela comme une fausse piste : il aurait été bien improbable que des clampins trouvent par hasard sur un si grand terrain fouillé méthodiquement depuis plusieurs mois quoique ce soit. J'ai vu cela comme un signe de temps qui passe, de tourisme qui évolue dans le coin, de relation non-conflictuelle entre une Foïs qui ne gâche pas ses forces et ceux qui ne sont pas ses adversaires.

Parler de policiers complices me semble être une erreur aussi. Déjà parce que grâce à la caméra ils arrivent à retrouver le corps. Mais surtout parce qu'ils ont fait leur boulot : une personne disparait, ils ont fait des fouilles, ils n'ont rien trouvé, rien ne permet de savoir s'il y a vraiment eu un meurtre. Après tout, la fille de Foïs ne dit-elle pas que ses amis pensent que Ménochet s'est tout simplement barré ? On peut raisonnablement penser que les policiers ont eu la même idée.
Certes, il y a un côté "tout le monde sait", mais "tout le monde sait" n'est pas une preuve et "tout le monde" peut se tromper. Sur le conflit entre les voisins, les policiers mettent un peu trop à égalité les deux, mais ils sont dans une logique d'apaisement en mode "chacun reconnait ses torts et ça ira mieux". Et effectivement, ils en ont un peu marre aussi du Français donneur de leçons, mais cela n'ira pas jusqu'à la complicité : ils veulent faire leur boulot quand même.
La vidéo est une fausse piste, certes, mais permet d'appuyer l'idée que la méthode de Ménochet (filmer) était erronée jusqu'au bout. La caméra sert certes in fine à retrouver le corps et à condamner les gens, mais ça aurait pu être n'importe quel objet résistant planqué.

@Maniche Nails : le projet éolien implique l'expropriation des habitants, non ?
Pour la position sociale dominante du frère, on peut voir dans la première scène qu'elle a été obtenue par la force, la menace sous-jacente. Y'en a un qui commence à s'opposer à ce frère dans cette scène, mais le ton menaçant du frère le remet à sa place.
Sens de la dérision le 25/08/2022 à 14h12

###Divulgâchages AS BESTAS###
###Divulgâchages AS BESTAS###
###Divulgâchages AS BESTAS###
###Divulgâchages AS BESTAS###

J'ai lu une interview du réalisateur qui disait clairement que personne n'avait raison, personne n'avait tort dans cette histoire. C'étaient juste deux "mondes" qui s'affrontaient, deux visions de la vie. C'est pour ça, selon moi, que le film est intelligent : on peut à la fois comprendre les deux frères pour qui les éoliennes sont une façon de se tirer de la misère et le Français qui pense que la société d'éolienne ne vient que pour exploiter les paysans en faisant du profit sur leur dos. C'est aussi le monde des instruits contre celui des non-instruits, le monde des sachants (ou soi-disant sachants) contre celui de la tradition, le monde des pro-migrations contre les anti-migrations (avec en fond l'attachement à la terre, séculaire ou nouveau-venu), le monde de l'agriculture classique contre l'agriculture biologique. J'irai même jusqu'à dire qu'il y a l'affrontement d'une violence symbolique (car le changement peut être violent s'il n'est pas voulu) et une violence plus classique.

Les randonneurs peuvent à la fois un élément de suspense (vont-ils découvrir la caméra ?) mais aussi un élément montrant l'évolution d'une société. On ne sait pas franchement si le terrain a été aussi bien fouillé (puisque la caméra donne l'indice qui permet de refaire des fouilles). Dans ce cas les randonneurs peuvent avoir autant de chance de trouver la caméra qu'une Marina Foïs, c'est le coup de bol.

Je suis d'accord avec JauneLierre : les gendarmes sont à classer plutôt dans la case "locaux de l'étape". En ce sens, ils vont faire le boulot mais sans plus : ils ne font d'ailleurs pas grand chose du reste du film se contentant d'avertir à petits frais les deux frères.

En tout cas, ça fait du bien de voir un film comme celui-ci.