Téléfootloose
Privée d'images de football et en perte d'audience, l'émission dominicale de TF1 ne sait plus trop à quoi elle sert. Bonus: publicité pour Téléfoot, la relecture.
Téléfoot a été à l'avant-garde du concept d'émission de football sans football: lors de la Coupe du monde 2010, une émission n'avait ainsi pas dépassé les 13% d'images de football (lire notre comparatif Téléfoot / Jour de Foot).
Cette saison, il a encore fallu pousser l'exercice encore plus loin puisque TF1 a perdu le droit d'utiliser les images des principaux championnats européens. Perdu de l'audience aussi, descendue à 1,7 millions de téléspectateurs en moyenne contre deux millions la saison précédente.
Nouvelle moquette
La chaîne avait pourtant senti venir le coup et, avec son nouveau rédacteur en chef Marc Ambrosiano, tenté le lifting d'un programme créé en 1977. "On a changé la lumière, ce sera plus chaleureux, on passe du sol noir à une moquette grise", déclarait le directeur des sports François Pélissier en août dernier (L'Équipe).
D'autres évolutions à peine moins formelles étaient prévues, comme l'intronisation de Bixente Lizarazu comme "véritable éditorialiste" (Pélissier encore, France Football). Le remodelage de la sempiternelle séquence zapping, rebaptisée Fast Foot, n'a pas été d'un grand secours: on y voit ce qu'on a vu ailleurs, en particulier les séquences vidéo qui ont transité sur le Net – et arrivent sur votre écran dans une qualité déplorable.
Enfin, le recours à des extraits de conférences d'après-match, dans le décor sinistre des panneaux de sponsors, n'a pas rendu l'ensemble plus sexy.
Avec la Ligue des champions et l'équipe de France comme principaux contenus, l'émission traverse des anticyclones d'actualité et cette saison, les sommaires ont semblé plus que jamais rebattre des sujets rituels: le prodige Messi, Drogba et la Côte-d'Ivoire, le prodige Cristiano Ronaldo, les Français d'Arsenal, l'incroyable Samuel Eto'o, etc. La volonté de se recentrer sur la Ligue 1 a renforcé l'étrangeté de sujets sur une compétition dont on ne montre aucune image de jeu.
Garder la vitrine ?
Le souhait d'introduire un peu "d'humeur et d'opinion" est évidemment resté lettre morte: Bixente Lizarazu n'a pas suffisamment d'épaisseur, le duo Jeanpierre-Calenge est d'une parfaite insipidité et la recherche d'un chroniqueur n'a pas encore abouti. Après des années d'anesthésie éditoriale, TF1 va peiner à s'inventer un ton et pour l'heure, Téléfoot n'a ni style ni consistance.
Non pas que ces cinquante minutes dominicales soient foncièrement déplaisantes: on y trouve quelques moments réussis, comme le sujet dans la famille d'Adil Rami il y a quelques semaines, CJP est infiniment moins crispant qu'au commentaire et ce n'est pas là qu'on va passer du temps à pourrir les arbitres.
La question est plutôt celle de l'utilité de l'émission, et donc de sa pérennité. TF1 a perdu la Ligue des champions, son lot ayant été récupéré par Canal+, et donne les signes d'un désengagement – contraint ou délibéré – du marché des droits du football... L'option de conserver une vitrine dominicale sur le football aura-t-elle une pertinence stratégique?
En attendant une éventuelle issue fatale pour Téléfoot, Bixente Lizarazu et Christian Jeanpierre peuvent se féliciter des "Mag d'Or" que L'Équipe Mag vient de leur décerner au titre "d'expert football le plus incisif" et de meilleur duo de commentateurs de football (par la grâce d'un sondage auprès des amateurs de sport télévisé).
Les puristes réunis du rugby et du football ont eu beau s'agiter contre CJP sur les réseaux sociaux en 2011, on ne défait pas aussi facilement la vraie notoriété télévisuelle.
Publicité pour Téléfoot : la relecture
En fin d'année dernière, TF1 a lancé une campagne de publicité en presse afin de promouvoir Téléfoot et son équipe. Nous sommes repassés par là.
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