Si vous saisissez votre mot de passe PUIS votre e-mail, vous aurez la confirmation que ça n'a aucun effet particulier. Attention à ne pas confondre vos minuscules et vos majuscules.
Vous avez oublié votre mot de passe ?
Inscription
Vous avez oublié votre mot de passe ? Il reste un espoir ! Saisissez votre adresse e-mail ; nous vous enverrons un nouveau mot de passe. Cette procédure est quasiment gratuite : elle ne vous coûtera qu'un clic humiliant.
Nous vous avons envoyé un email sur votre adresse, merci d'y jeter un oeil !

CONDITIONS D'INSCRIPTION :

1. Vous devez nous adresser, via le formulaire ci-dessous, un texte (format .txt inférieur à 100 ko) en rapport avec le football, dont la forme est libre : explication de votre passion, anecdote, aventure, souvenir, essai, commentaire composé, portrait, autobiographie, apologie, réquisitoire, etc. Vous serez ensuite informés de la validation de votre inscription par mail. Les meilleurs textes seront mis en ligne sur le Forum.

2. Nous ne disposons pas d'assez de temps pour justifier les retards d'inscription ou les non-inscriptions, et ne pouvons pas nous engager à suivre une éventuelle correspondance à ce sujet. Merci de votre compréhension.

Nous avons bien reçu votre candidature, on y jette un oeil dès que possible. Merci !

Partager :

Fermez vos gueules en chantant

Ce week-end, les supporters ont usé du silence pour faire entendre leur voix. Les médias spécialisés et les acteurs du football y sont restés sourds… Qui a peur des ultras?

Auteur : Étienne Melvec et Jamel Attal le 10 Dec 2003

 

 

Ce week-end, on aurait légitimement pu considérer que l'événement de la dix-septième journée du championnat serait, quoi qu'il arrive sur les terrains, la mobilisation massive des associations de supporters, à l'appel de leur Coordination nationale, qui en réunit quarante-huit dans une trentaine de clubs et souhaite qu'une "large réflexion soit engagée concernant le rôle et la place des supporters dans le football français". Le communiqué souligne que "la pression des enjeux financiers a relégué les spectateurs et supporters au second plan dans les priorités des clubs et des instances dirigeantes. Les attentes des supporters sont trop souvent occultées au profit des exigences des gros financeurs du football français: actionnaires, télévisions, sponsors…" Le mot d'ordre d'une "grève" de vingt minutes à l'entame des matches a été remarquablement bien suivi aussi bien en L1 qu'en L2 et le téléspectateur lambda aura pu s'étonner de retrouver les mêmes banderoles d'un stade à l'autre: "Union des ultras pour un football populaire" et "Avec ou sans passion, appréciez la différence".


Le moins que l'on puisse dire est que la différence a été sensible lors des rencontres. Quand les latérales assurent seules l'ambiance, on entendrait voler une touche à l'Abbé-Deschamps. Cela n'a cependant pas suffi pour que cette action soit médiatisée autrement qu'à la marge de l'actu de la pelouse et du tableau d'affichage. Des mentions vagues intégrées aux résumés des matches sur Canal+, une brève et une photo dans L'Équipe, rien dans France Football (qui a un "Spécial transferts" à préparer, on ne peut pas tout faire). La palme revient à Téléfoot qui a fait croire que la banderole à Strasbourg remerciait le président Gindorf pour la soupe offerte aux supporters avant le match (Praud et Hardy préférant sonner la charge de la brigade lourde contre l'arbitrage, un sujet plus consensuel).


Effervescence

À ce niveau, ce n'est plus de la négligence, mais soit un choix délibéré de passer sous silence une initiative pourtant significative par son ampleur et son contenu, soit un embarras total devant des supporters dont on découvre qu'ils peuvent aussi articuler des revendications. Rien n'a changé depuis l'automne 2002 et l'opération "Union contre la répression", qui avait également été placée sous l'étouffoir (voir Ultras, moderne solitude et Nettoyage à sec). Il s'était alors s'agit de protester contre l'application abusive de la loi Alliot-Marie, transformant les stades en zones d'exception d'où la liberté d'expression est bannie et soumettant le jet de rouleaux de papier toilette à une répression absurde, au travers notamment de l'article 357 du règlement de la Ligue (voir Des stades plus propres et notre détournement en plein vol 357 Magnum).


Autre objet de discorde moins "politique" mais récurrent: l'usage des fumigènes, qui fait l'objet d'une prohibition accrue depuis le début de la saison, avec une pluie d'amendes très lourdes infligées par la LFP pour inciter les clubs à agir (1). Depuis quelques mois, les revendications d'une fraction importante des associations de supporters se sont étoffées, incluant la remise en cause du pouvoir des actionnaires et des diffuseurs, du mercantilisme ambiant, de l'inflation des prix des places ou des politiques sécuritaires mentionnées ci-dessus. Certains groupes ont ainsi organisé des mobilisations contre le racisme et des rencontres nationales (à Clermont-Ferrand en juillet, à Lyon en octobre). En début de saison, la programmation par Eurosport d'un match de L2 le lundi a suscité la colère des groupes de nombreux clubs, faisant écho à l'irritation des supporters de L1 contre le décalage des rencontres. L'action menée ce week-end achève de prouver que les ultras peuvent s'unir au-delà des rivalités sportives pour défendre des intérêts communs.


Figuration ou folklore, faites votre choix

Si l'esprit vient aux supporters, s'ils quittent la panoplie des gentils animateurs de stades ou s'ils sortent de leur rôle de consommateurs de produits dérivés, et même s'ils refusent de souscrire aux stéréotypes du hooliganisme, ils s'exposent au mieux au mépris, au pire à un rejet général. On est en effet frappé, à l'inverse, par la sur-médiatisation des incidents violents, qui pour être insupportables, constituent tout de même des épiphénomènes relativement aux centaines de milliers de personnes qui se rendent dans les stades (voir l'interview de Christian Authier dans le N°1 du journal).


Pourtant, ce sont parfois les supporters qui sont victimes de violence, comme à Brest où le service de sécurité (privé) du Stade Francis-Le Blé a eu recours à des méthodes pour le moins brutales (voir sur Foot National) Pour ne prendre qu'un exemple, dans la semaine ayant précédé la "manifestation silencieuse" des ultras, L'Équipe a rendu compte des procédures impliquant des membres des Winners marseillais et des Magic Fans stéphanois, et consacré un article aux rapports compliqués entre les directions du PSG et de l'OM et leurs supporters. Des sujets intéressants et légitimes, mais qui soulignent par contraste la place ridicule accordée au mouvement du week-end dernier. Encore une fois (voir la chronique bolchevique du N°2), il faut se tourner vers la presse généraliste pour être informé correctement (voir notamment l'article de Libération)…


Qui a peur des supporters ?

La tirade de Jacques Crevoisier, nouveau consultant de Canal+ (2) qui a été un des rares à s'exprimer directement sur le sujet (avant Lens-Sochaux), résume certainement le sentiment des acteurs du milieu: "Il y a des supporters qui sont des groupes constitués et qui, là, ont une démarche qui s'apparente à une démarche syndicale. Alors ils ont sûrement de bonnes raisons d'avoir fait tout ça, mais ce serait mieux si les problèmes pouvaient s'arranger et que le football soit ce qu'il doit être, c'est-à-dire une un spectacle avec un public qui participe au spectacle et qui encourage son équipe". En clair les mecs, vous avez de bonnes raisons, mais priez pour que les problèmes s'arrangent par l'opération du Saint-esprit et contentez-vous de chanter en fermant vos gueules, parce que sinon, vous emmerdez tout le monde.


On ne se lassera pas de souligner ici le décalage incroyable entre le mépris dont font l'objet les supporters, spectateurs ou téléspectateurs, et leur importance réelle dans l'économie du football. Marchandise principale du marché des audiences et de celui des droits de télévision, appelés à acheter des billets, des abonnements, des maillots, des journaux, à encourager aveuglément leur équipe, à s'identifier à la cause des actionnaires des clubs, on leur refuse pratiquement tout droit à la parole, ils n'ont aucune représentation significative dans les instances, leurs mobilisations sont délibérément ignorées par les médias, quand ceux-ci ne les stigmatisent pas allègrement… Une occultation qui témoigne paradoxalement des craintes que susciterait des formes d'opposition telles que celle qui s'ébauche aujourd'hui (en France ou en Italie ou au travers d'insubordinations comme celle des supporters de Wimbledon — 3).


On est certes encore loin d'une résistance organisée à l'instrumentalisation des supporters, ou d'un mouvement de fédération suffisamment mature pour constituer une force politique dans le monde du foot pro — notamment parce que le "mouvement ultra" est traversé de nombreuses contradictions. Mais si les supporters parvenaient à se faire progressivement reconnaître comme des acteurs à part entière, ils remettraient en cause un ordre établi qui a toutes les raisons de redouter cette intrusion. Il existe des syndicats de joueurs, d'entraîneurs, de dirigeants… Pourquoi ne pas imaginer un syndicat des spectateurs, téléspectateurs et supporters qui aurait voix au chapitre et siègerait dans les instances? En attendant, et en rêvant un peu, proposons-leur une action susceptible de faire trembler les présidents de club: le boycott des produits officiels!

 

(1) Les ultras revendiquent un usage maîtrisé et "festif" des fumigènes, en s'engageant par exemple à désigner des opérateurs responsables de la pyrotechnie. Une demande contestable dans la mesure où les risques persisteront malgré tout, sans parler des retards occasionnés (ou des buts annulés après l'irruption de Guy Roux).
(2) Ancien membre de la DTN et ancien adjoint de Gérard Houllier à Liverpool.
(3) Qui se sont opposés à la délocalisation de leur club en soutenant la création d'une nouvelle équipe sur les terres de l'ancienne.

 

Réactions

  • Loul le 13/12/2003 à 11h11
    "En revanche, les ultras imposent de rester debout ou assis (selon leur humeur), de chanter des chants à leur gloire unique (comme dans les plus belles heures de la démocratie allemande des années 30), de se taire quand ils ne sont pas content... si c'est pas de l'intolérance, c'est quoi ?"

    Des règles de savoir vivre ?
    Tu irais dans une mosquée avec tes pompes, dans une synagogue crâne nu ?

    Enfin j'ai comme pas mal d'autres du mal à comprendre certaines de tes remarques que je trouve caricaturales et pleines de mépris (tous des abrutis imbibés) sur les ultras (méconnaissance ou troll ?)

    D'une part dans pas un certain nombre de clubs les places où se situent les ultras sont toutes prises par des abonnés qui sont la plupart du temps regroupés en association de supporters reconnues par le club.
    D'autre part il y a à peu prs tout le temps la possibilité pour les quelques égarés dans une tribune de trouer un calme plus relatif sur les extrémités gauche ou droite ainsi que tout en haut.

    Enfin peut être feront ils encore trop de bruit pour toi mouhahaha.

    Loin de moi l'idée d'idéaliser les ultras
    Dans les différentes conceptions qui traverse CES mouvements il y a (à mon sens) du plus beau au plus bas.

    Comment ne pas être redevable, en tant que supporter, de l'animation qu'amène les ultras dans un stade ?
    L'énergie, le temps passé mais aussi les moyens consacrés pour cela sont importants.
    Cette passion on la ressent dans les tifos, dans les chants soutenus (on bien sûr discuter de ce qui est chanté).
    Un virage où toutes les écharpes sont levées, un virage avec une "grecque" (tout le monde se tient et saute de concert), un virage empli de 2-mâts, un virage avec des tifos immenses et des fumis, c'est BEAU, ça met même la larme à l'oeil.
    Ceux qui ont déjà assisté à une grève des encouragements peuvent mesurer leur apport au plaisir d'un match.
    Cela amène de la vie. Le match médiocre ou nullissime devient même soutenable.
    Sans eux il n'y aurait quasiment pas de supporters qui accompagnent une équipe en déplacement (et donc aussi parfois pas d'à côtés violents), cela serait triste.

    De fait les ultras sont l'âme de nos stades. Tenter de les étouffer (ce qu'essaye de faire la ligue depuis quelques temps) c'est tuer la passion qui ne s'exprime pas en étant assis et en ne disant rien.

    Il est clair que cette voix dissidente qui se permet de critiquer tout et n'importe quoi (au 1er rang la ligue elle même ^^) dérange. Mais les libertés individuelles ne s'arrêtent pas à l'entrée du stade et ils ont légitimement le droit de s'exprimer au travers de leurs animations et banderoles.

    Leur message peut déranger mais tant qu'il reste dans certaines limites (racisme, incitation à la violence etc.) il n'y a rien à y redire sur leur droit à s'exprimer de ces gens.

    Cela ne signifie pas pour autant que" tous les groupes soient des modèles !!
    Car chez les ultras on voit aussi parfois de la violence (hooliganisme et mouvement ultras peuvent se superposer à l'occasion), de l'imbécilité ou de l'inconscience crasse (le kapo qui lance des "tuez les tuez les" dans un climat déjà haineux) et aussi parfois de la moutonnerie.

    Mais on ne pourra lutter contre les déviances les plus dangereuses qu'en responsabilisant les groupes de supporters et en les mettant face à leur ... responsabilités (ils ont effectivement tendance à couvrir les agissements des plus extrêmes d'entre eux).

    Bref il convient de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain.

  • NoNo93 le 13/12/2003 à 12h31
    Hé beh lien pour quelqu'un qui parle de savoir vivre et de respect je te trouve bien intolérant...
    Les ultras peuvent pas rester sagement dans leur coin?
    Beh j'espére que non pour PSG Strasbourg j'ai ramené un pote pour la premiére fois au stade (il y était jamais allé et il aime pas le foot) on était en H21 bleu prés d'auteuil donc, beh il a kiffé : pur tiffo, pur ambiance, et c'est bien les kops qui la donnent ils font partie du spectacle j'ajoute meme qu'ils le bonifient en créant un sympathique effet de foule (comme au cinéma, on rigole plus devant un flm à cause de l'ambiance et de tous les autres qui rigolent aussi, rires communicatifs etc.)
    Qu'on leur passe tout et leur débordement j'espére bien que non mais me semble quand meme qu'en effet en France on est loin d'une violence généralisée, meme les psg/om çà se calme...
    De là à dire qu'on commence à ressembler à l'Italie c'est déjà trés limite on en est loin, mais alors comparer à l'Argentine, je commence à croire que tu sais pas de quoi tu parles...
    Sinon je viens d'apprendre que les régles de sécurité d'un stade dépendaient du sport ou de l'activité qui y était pratiquée et là je suis bien étonné...
    C'est pas la peine de me répondre, ton paralléle entre les chants des supps à leur propre gloire (je sais pas lesquels à Paris en général c'est pour l'équipe Paris et magique tout çà et le fait qu'ils les supporteront toujours wouah le manque d'humilité!) et l'Allemagne nazie des années 30 est pas loin d'etre gerbante de mauvaise foi, çà ajouté à tes clichés et tes caricatures, te décrédibilise totalement à mes yeux...
    Et je suis loin d'etre un ultra et je pense bien amener mon fils au parc et vu la place je pense que je laisserais une partie du stade à ces ultras l'animant sympathiquement et sans leur excuser tout (en en tout cas excuser leur membres les plus atteints)

  • suppdebastille le 13/12/2003 à 12h40
    Nono93 et pas 118 , le tifo avec fumis rouge et bleu de PSG-Strasbourg a valu une amende de 20 000 € alors que les ultras d'Auteuil l'avaient lancé 5 minutes avant le coup d'envoi , bien avant l'entrée des joueurs sur le terrain pour que la fumée soit le plus dissipée possible au moment du coup d'envoi mais bon ce genre de subtilité a dû échapper au délégué de la LFP.

  • xav le 13/12/2003 à 15h13
    Loul, juste en passant, c'est le "capo" (à l'italienne) et pas le "kapo" (à l'allemande).

    Bon ça fait pas avancer le schmilblick, mais j'ai déjà dit ce que j'en pensais :)

  • Loul le 13/12/2003 à 15h36
    Arf oui désolé pour l'orthographe.
    Le monsieur en question tiens bien un micro et pas une kalachnikov ^^

  • madinmars le 13/12/2003 à 15h37
    loul : Une grecque, si je ne m'abuse, c'est dos tourné au terrain.

    suppdebastille : Les amendes ont s'en fout. Ce sont les clubs qui payent. Elles ont d'ailleurs été revues à la baisse car dès le début de l'année ça partait sur des bases astronomiques...

    C'est idiot mais les présidents de clubs vont devoir se ralier à la cause des supporters s'ils ne veulent pas se "ruiner".

    A noter que Guingamp, club cher à Le Graet (...), a payé 0 € d'amendes alors que sur des photos on voit clairement des fumigènes... Bizarre.

    Les sanctions sont d'autant plus bêtes qu'elles sanctionnent un jet de fumi. Hors dans une grosse partie des cas, ils sont simplement agités. C'est de la pure hypocrisie surtout quand les commentateurs, la ligue, etc s'extasie devant le spectacle des tribunes.

  • marshmalowmater le 13/12/2003 à 15h46
    Oups, la volée de boucliers vert :-) ça sent l'excommunication pour Nico 118. A nouveau, je constate qu'on peut dire pas mal de conneries sur ce site, mais surtout pas touche aux ultras, qui sont l'essence même de notre noble sport ;-))

    Sinon bof bof JPD le couplet sur le fait qu'on est soit un ultra (ou sympathisant) soit un footix sous popcorn et wanadoo. (surtout pour dénoncer la caricature d'un post précédent...)
    Bref, pour dépassioner le débat, faudrait ptet laisser plus de marge d'expression aux supporters que la dichotomie ultras / footix.
    Enfin j'dis ça...


  • Loul le 13/12/2003 à 15h52
    madinmars
    "Une grecque, si je ne m'abuse, c'est dos tourné au terrain."
    Nous sommes d'accord.

    marshmalowmater
    " faudrait ptet laisser plus de marge d'expression aux supporters que la dichotomie ultras / footix."
    Où ça ?
    Ici ou dans les stades ?

    Ici tout le monde peut s'exprimer. Si ce que dit Nico118 suscite des protestations c'est parce que son discour est incohérent (tolérance demandée/mépris affiché) et qu'il est ponctué de nombres de raccourcis et de trucs faux que l'on pointe.

    Dans les stades les seuls à s'organiser pour communiquer sont les associations de supporters et donc en majorité les ultras (les assos en latérales font généralement pas grand chose).

    Bon je vais voir PSG Bordeaux a+ :=)

  • TheFlyingMoustache le 13/12/2003 à 16h10
    Loin de moi l'idée de rouvrir un débat qui m'a déjà valu nombre de réponses du genre de celles que je viens de lire sur ce fil, mais je crois pouvoir dire que je comprends ce que Nico veut dire (du moins une partie), parce que je le ressens aussi.

    J'entends bien tous les arguments sur la vie que les Ultras mettent dans les stades, et je mesure leur apport en terme d'ambiance. N'empêche que la façon dont tout ça se passe me pose problème à moi aussi et que le parallèle avec l'Allemagne des années 30 ne me paraît pas être de mauvaise foi : si t'enlèves la bande son, les images de supporters dans les tribunes, bras tendus, bouche grande ouverte pour "chanter leur passion à leur club", ce sont les images des Allemands, bras tendus, bouche grande ouverte pour "chanter leur passion à Hitler" (ou des Soviétiques, bras tendus, bouche grande ouverte pour « chanter leur passion à Staline »).

    Que les enjeux ne soient pas de la même échelle du tout, j'en conviens aisément, mais encore une fois c'est la façon qui dérange. Et le facilité avec laquelle les "supporters" s'abandonnent à ces manifestations de joie m'embête, parce que je ne suis pas sûr du tout qu'il y en ait tant que ça parmi eux qui aient le nécessaire recul. En bref, la moutonnerie, pour reprendre l'expression de je ne sais plus qui, m'effraie.

    N'ya-t-il pas moyen d'exprimer son amour du football et de créer de l’ambiance autrement qu'à travers des mouvements de masse dans lesquels toute individualité, toute expression de la personnalité est reniée au profit d'une expression collective brute, répondant à une discipline para-militaire, et où l'avis de la base ne me semble pas pouvoir s'exprimer de manière audible ? (y'a des réunions de travail, des AG, des commissions, des consultations d'adhérents, des élections, des motions et des rapports d'activité dans les groupes Ultras, ou un petit noyau d'organisateurs - dirigeants - fréquenteurs de vestiaire et de terrains d'entraînement - côtoyeurs d’officiels - décideurs d’actions et de slogans ? Je tire de mon expérience personnelle du militantisme la leçon qu'il est (très) difficile de mobiliser activement les adhérents "de base" sur le moyen ou le long terme, et c'était dans des structures à vocation plus politique ou sociale, donc théoriquement bien plus sourcilleuses de ces choses : c'est peut-être un peu gratuit, mais j'ai donc une nette tendance à penser que ce phénomène est encore plus marqué dans les mouvements ultras. Les rares fois où j’ai pu lire ou entendre des déclarations de Présidents de mouvements ultras, j’ai d’ailleurs eu la même impression : ce n’était pas « je vais consulter mes adhérents pour savoir si… », mais c’était beaucoup plus « j’ai X adhérents derrière moi, et je n’ai qu’à lever le doigt pour qu’ils agissent » – entendre par exemple qu’ils se mettent en grève, pas d’autre sous-entendu).

    L'un des intérêts du sport-spectacle me semble être de sublimer les passions guerrières que l'homme (et la femme:-))) a besoin d'exprimer : les matches sont des affrontements codifiés, policés symbolisant les conflits guerriers et le soutien à une équipe, un camp, un pays se fait de manière elle aussi sublimée. Il serait bien sûr naïf de dire que le sport a pour objet ou vocation d’éviter les gueres, mais enfin je crois qu’il participe (ou devrait participer), à la manière du théâtre dans la conception Aristotélicienne, à purger les passions. Le recours (ou le retour) à tout ce qui a de tout temps accompagné les vrais conflits – uniformes, drapeaux, chants guerriers, gestuelle martiale et fusion de l’individuel dans le collectif – me paraît aller à l’encontre de la sublimation en question, en mettant en avant non pas des substituts mais des adjuvants de la rhétorique guerrière traditionnelle. Ce ne sont pas des images-représentations de l’affrontement qu’on met en scène, mais des éléments réels traditionnellement constitutifs de la situation de conflit elle-même
    Il faudrait prendre le temps d’examiner en détail tous les moyens par lesquels un spectateur lambda manifeste son attachement à une équipe plutôt qu’à une autre, on arriverait à une distinction nette entre ce qui est de l’ordre de la représentation et ce qui ne l’est pas, et je ne serais pas du tout surpris de constater que les ultras utilisent (très) majoritairement les éléments appartenant à la deuxième catégorie. En bref, faire l'ambiance et supporter l'équipe, okay, merci les ultras, mais ça n'autorise pas tout et y'aurait p'têt moyen de réfléchir sur les méthodes utilisées.

    J’avais déjà mentionné le fait que je m’expliquais mal ce qui poussait les supporters de base à adhérer à un groupe Ultra, en proposant l’idée qu’ils trouvaient (pas tous, mais un certain nombre quand même) dans une telle structure un « confort », une « facilité », un « soutien », l’impression d’appartenir à une espèce de famille d’autant plus effrayants qu’ils pourraient potentiellement les retrouver dans d’autres regroupements fonctionnant de la même manière mais ayant des objectifs beaucoup moins futiles. Je maintiens cette idée, et la crainte qu’elle suscite en moi. Goom (je crois, ou un autre Vert) m’avait alors répondu que pour lui, faire partie d’un groupe ça lui permettait de voir ses potes, de se faire un petit match, de boire un coup, d’aller au match ensemble, et de se faire une petite bouffe après.
    Ben moi qui ne suis pas membre d’un groupe de Supp, hier soir j’ai joué au foot avec mes potes, et ce soir je vais avec d’autres potes de Guingamp voir Guingamp-Nantes, ils auront sans doute une écharpe rouge, moi j’essaierai d’en trouver une jaune ou une verte, on va boire un coup avant, se chambrer pendant, se faire une bouffe après, et tout le monde sera content quel que soit le résultat. Pas besoin de jouer aux petits soldats pour ça.

    (ça aussi ç’aurait pu faire une tribune des lecteurs, non ?)


  • madinmars le 13/12/2003 à 16h20
    J'ai lu en diagonale, désolé.

    Je peux juste te dire qu'on peut être passionné pour un club, le soutenir de manière bruyante et être adhérent d'un groupe ultra sans pour autant ne pas apprécier des supporters des autres clubs.

    L'adhésion à un groupe revient aussi, si on cherche à l'expliquer, aux origines populaires (on y revient) du football. A Marseille (ce que je connais le mieux), c'est notamment une vitrine que les classes les plus faibles aiment voir briller pour oublier la difficulté (plus ou moins présente) du quotidien. Et forcément, ces personnes se regroupent dans des clubs.

La revue des Cahiers du football