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Premier League et foot anglais

Le rendez-vous des amateurs du foot venu d'Angleterre, qui sent la sueur de pub et la bière chaude.

  • Mangeur Vasqué le 27/07/2022 à 14h43
    Part III

    La ligne directrice stratégique des Conservateurs, depuis leur arrivée en 2010, a été d'emblée la division. Une simple application de leur devise, qui est (officieusement) "Divide and conquer/rule", ça vient principalement de Thatcher, voir lien.

    Plus on divise les gens et les fait se dresser les uns contre les autres, plus on exacerbe les inégalités et nivelle par le bas, plus on déclasse et "disenfranchise", surtout dans un contexte socio-économique (période de coupes budgétaires, faible croissance, nombre grandissant de zones en déprise), plus la société perd ses repères et le sens des perspectives et plus elle se vulnérabilise et se cherche des boucs émissaires. Cette vulnérabilité rend les gens plus sensibles à l'argumentation extrêmiste, elle normalise et banalise les thèses de l'ED, l'exaltation de la fibre nationaliste, etc. Les sociologues appellent ce phénomène la "fenêtre d'Overton" lien, fenêtre que les Conservateurs ont pris le soin d'ouvrir bien grand.

    Cet état de flux et porosité, dans notre système bipartite, profite davantage aux Conservateurs, passés maîtres dans l'art de désigner des coupables divers et variés, avec le soutien appuyé des puissants médias de droite souvent radicalisés. Lesquels ont érigé les "culture wars" en doctrine et ne cessent d'agiter deux types de spectres, ceux dans l'air du temps (wokisme, cancel culture, grand remplacement) et les épouvantails plus intemporels, ceux de "l'immigration incontrôlée", "du marxisme" ou socialisme dur et d'une "taxation écrasante" (en cas d'élection d'un premier ministre travailliste). Impôts/taxes/prélèvements qui, soit dit en passant, était bien plus doux pour la grande majorité des travailleurs sous les Travaillistes (1997-2010, avec en plus une forte croissance des salaires, surtout approx. 1997-2003) que sous les Conservateurs depuis 2010. Sauf pour Shell, BP & co bien sûr lien, qui en plus reçoivent des milliards de l'État).

    N'oublions pas non plus que les Conservateurs (qui bénéficient d'une carte électorale favorable, cf les résultats aux GE de 2017 : seulement 2 % d'écart entre les Conservateurs de Theresa May et les Travaillistes de Jeremy Corbyn mais 55 sièges de différence en faveur des Tories) n'ont besoin généralement que d'environ 38 % pour avoir la majorité à la Chambre des Communes (la House of Lords, 800 parlementaires non élus, faisant surtout de la figuration) et 42-44 %+ pour obtenir une solide majorité, style celles de Thatcher en 1983 & 1987 ou Boris Johnson en 2019.

    En greffant là-dessus des politiques de forte austérité, dans tous les domaines, comme l'ont fait les Conservateurs dès leur arrivée, on obtient un cocktail explosif qui favorise l'idéologie d'ED et facilite grandement sa diffusion. Les tumeurs deviennent alors impossibles à exciser, et provoquent des métastases cancéreuses qui prolifèrent.

    Cette politique d'austérité XXL d'ensemble des Conservateurs – énormes coupes budgétaires + ajouts de multiples barrières, combiné à une diabolisation des défavorisés et "assistés" par les médias de droite –, ainsi que la perméabilité aux idées d'ED de beaucoup de députés et politiciens conservateurs, ont fait des ravages. Sans parler de leurs politiques ultralibérales (le Labour de Blair n'était pas non plus en reste là-dessus), qui ont accru et installé durablement la colère.

    Mais ici, contrairement à la France, pas de soupape. Pas de grèves (hors secteur transport, cf Mike Lynch en ce moment, le leader du syndicat des transports RMT, le "nouveau Arthur Scargill" lien), pas de manifestations, pas de mouvement sociaux, pas de Nuit Debout, pas de Gilets Jaunes et pas de syndicats & syndicalisés militants (hors transport ; on se syndicalise surtout par protection ici, nos syndicats sont essentiellement des "syndicats d'accompagnement", qui assurent s'ils le peuvent un service assistance en cas de problème). Et pas de Rassemblement National aux General Elections (voir part II) pour évacuer sa colère.

  • Mangeur Vasqué le 27/07/2022 à 15h47
    Part IV

    Cette colère s'exprime et se canalise différemment donc au Royaume-Uni, au travers d'évènements comme le Brexit par exemple, un acte d'auto-mutilation sans pareil qui, inter alia, pénalise l'économie et l'immense majorité des gens, affaiblit le R-U et menace l'architecture structurelle même de ce pays morcellé (désunion et risques sécessionnistes), pays aux quatre nations fréquemment en conflit avec Londres – y compris les régions anglaises, le fossé Nord-Sud étant très marqué en Angleterre (d'où la création d'un "ministère du rééquilibrage" régional en 2001, le fameux "Levelling Up" réapproprié par Boris Johnson en 2019 pour conquérir des terres de gauche - stratégie réussie -, ainsi que la création de diverses taskforces de cette nature).

    Elle s'exprime aussi partiellement, et ironiquement, via le vote pour le Parti conservateur, comme dans l'exemple donné hier sur l'ancienne collègue de ma femme (voir Part II) et comme expliqué dans les parties précédentes : impossibilité ou inutilité de voter pour UKIP aux General Elections. Cet acculement entraîne un regain de vote pour les Tories et leur rhétorique dure (quand ça vote, car l'abstention est forte aux GE, en moyenne ~35 % sur les quatre dernières).

    Avec une certitude et une constante : le Parti conservateur nourrit et attise cette colère, et en profite pour s'extrême-droitiser.

    L'arrivée de dizaines de députés et politiciens conservateurs très sensibles aux idées ED, des SDF de la politique sans habitat électoral naturel (contrairement aux extrêmes-droitistes français), a totalement changé la donne et considérablement boosté ces idées chez les Conservateurs.

    Ces politiciens sont parfois surnommés "ToryKippers" ou "ConKippers", en référence à UKIP, et appartenant souvent au groupe ERG lien, un courant alt-rightiste du Parti conservateur et les instigateurs du Brexit, menés alors par Jacob Rees-Mogg, lequel a profité à fond du Brexit pour se faire connaître et fructifier sa "brand" (avant c'était un député lambda inconnu du grand public, dans une circo du sud-ouest progressivement devenue très Tory. On le retrouvera bientôt régulièrement sans doute sur GBNews, TalkTV, le Daily Telegraph – gros salaires –, Daily Mail, Daily Express, etc. ou même la station de radio LBC où il a déjà fait des piges – station plutôt à droite également produit médiatique du Brexit et très "broad church", large, dans l'emploi de ses présentateurs. Certains salaires y dépassent les 500 000 £/an, tels celui du célèbre journaliste conservateur Andrew Marr et transfuge de la BBC, laquelle mène une politique de réduction des salaires depuis une dizaine d'années, d'où un solide exode vers les médias privés).

    Les idées de Nigel Farage et la personne même de Nigel Farage, brillant populiste (grosse différence sur la forme avec son prédécesseur Robert Kilroy-Silk, un ex présentateur de talk-shows TV, bien trop guindé et courtois et pour galvaniser les foules, considéré par certains comme "le parrain" du Brexit lien) avaient dès lors abondamment infiltré le Parti conservateur. Une grosse vingtaine de députés au départ dans l'ERG, une centaine au plus fort du Brexit, sans compter les sympathisants. Dès 2010, ils avaient infiltré le gouvernement et l'entourage de David Cameron et façonnaient les politiques à venir.

  • Mangeur Vasqué le 27/07/2022 à 16h31
    Part V

    L'influence des libertariens extrême-droitistes de l'ERG a été immense. L'intro du wiki sur eux dit par exemple : […] The journalist Sebastian Payne described it in the Financial Times as "the most influential [research group] in recent political history".

    Et cette influence a été grandissante à mesure que leurs idées, entrées au gouvernement dès 2010, ont été banalisées. Par exemple envoyer les réfugiés sur des îles désertes au milieu du Pacifique – (idée finalement abandonnée car trop compliquée – remplacée par le Rwanda), comme je l'écrivais hier ou avant-hier, ce programme "d'éloignement" est une mesure plébiscitée par l'opinion publique dans les sondages.

    Comme je l'ai évoqué ici par le passé, ce sont des membres de l'ERG qui firent chanter David Cameron de 2010 à 2013, sur l'air du "Organise un référendum sur la sortie de l'UE ou on te pourrit la vie au sein du parti et pendant la campagne des General Elections de 2015". Cameron, pour avoir la paix et sauver sa peau aux GE de 2015, promit un référendum dès 2013 et l'annonça officiellement début 2015 (cet engagement faisait partie de son manifeste de réélection).

    L'ED britannique a bien plus influencé la marche des évènements depuis 2010 que le RN/FN en France.

    Brexit ou le Home Office (services d'immigration, surnommé "Go Home Office") et sa "hostile environment policy" depuis 2012 (terme officiel, voir wiki lien.) en sont deux exemples. J'ai posté en ces lieux sur les horreurs du Home Office depuis 2012 (pas plus tard qu'hier), un ministère dirigé principalement depuis 2010 par Theresa May et ensuite par la sociopathe Priti Patel (en tant que ministres de l'Intérieur).

    Sur ce dernier (Home Office), entre autre, tu as peut-être entendu parler, Red Tsar, du scandale du Windrush, révélé dans toute son horreur depuis cinq ans mais qui débuta en 2012 : des dizaines de milliers de citoyens britanniques qui se sont retrouvés… menacés d'éloignement du territoire britannique.

    En résumé, la "Windrush generation" ce sont des Caribéens (surtout de Jamaïque), environ 600 000 au cours des décennies, "invités" à partir de la fin des années 1940 pour reconstruire le pays et faire fonctionner les services, transports, le nouvellement créé NHS (santé), etc. Le deal à l'époque était : "Venez nous aider et on vous donnera automatiquement la nationalité britannique". (ce qu'ils eurent jusqu'au début des années 1970, après durcissement, législation de 1971, etc. et perte de cet arrangement, mais ce ne fut pas annoncé). Tous les membres de la Windrush generation devenaient donc, pensaient-ils, automatiquement des citoyens britanniques.

    Mais à partir de 2012, changements radicaux donc au Home Office comme évoqué. Theresa May met en place sa politique du "hostile environment policy" (voir parties précédentes) et là gros problème pour prouver leur citoyenneté pour pas mal d'entre eux quand il s'est agi de faire (ou refaire) des papiers, tels passeport ou permis de conduire.

    Parallèlement, au fil des décennies, la législation sur la citoyenneté britannique s'est considèrement durcie et ces gens, qui pour beaucoup n'avait pas de papier, documents/pièces justificatives prouvant leur citoyenneté british, ont été considérés comme clandestins, dans leur propre pays… (on parle officiellement d'environ 60 000 personnes mais sans doute beaucoup plus.)

    S'en suivirent, à partir de 2012 et le gros durcissement de la politique du Home Office, un tas de scénarios cauchemardesques pour eux. La liste, non exhaustive, est aussi longue que déprimante : procédures d'expulsion du territoire, suicides et tentatives, dépression, envois en centre de détention, perte d'emplois, perte du logement, impossibilité de retrouver légalement du travail, blocage des retraites, de l'accès aux soins, aux services sociaux, aux comptes bancaires, perte des prestations sociales et allocations, etc.

    Le Home Office a mis la barre à 1973 (changement de loi à cette date, voir lien), c'est à dire qu'il leur fallut prouver qu'ils vivaient légalement au R-U à partir de cette date, un comble pour des citoyens (censés être) britanniques. Donc ils durent fournir au moins deux documents par année pour prouver leur légitimité sur le territoire. Va prouver un truc pareil quand t'es arrivé dans un pays à 5 ans avec tes parents et que bcp de documents ont été détruits par les autorités successives (comme les "landing cards" d'arrivée sur le sol britannique).

    Je développerai plus tard un poil là-dessus peut-être mais en attendant, pour plus d'infos, voir ce court clip en français lien et cet article synthèse bien fait lien (et qui explique aussi un peu la politique du "hostile environnement" au Home Office, mise en place en 2012 par Theresa May, alors ministre de l'Intérieur).

  • San-Antonio le 27/07/2022 à 17h13
    Mais le "hostile environment policy" de 2012 n'était-il déjà pas une resucée d'une mesure mise en place sous Churchill au moment du Windrush justement ?
    Il me semble avoir vu ça ici: lien

  • San-Antonio le 27/07/2022 à 17h21
    Et pour donner mon impression au doigt mouillé à Red Tsar, vivant au UK depuis 5 ans, je dirais que la population et la classe politique sont plus proches d'un courant Droite Ultra libérale + Droite dure (avec les idées du FN concernant l'immigration) à la française donc les idées d'extreme-droite sont bien représentées par ici, t'inquiète...
    Mais MV explique tout ça bien mieux que moi.

  • Mangeur Vasqué le 28/07/2022 à 09h33
    C'est clair qu'ils n'étaient pas les bienvenus et que le racisme était endémique et intense, comme dans beaucoup d'autres pays.

    Rejetés par les Conservateurs et par les Travaillistes, cf les basses manoeuvres de Clement Attlee (premier ministre travailliste de 1945 à 1951) qui ne les voulait absolument pas sur le sol britannique au départ. Mais "needs must" comme on dit, il n'avait pas le choix. Attlee certes sous la pression de députés travaillistes, une douzaine seulement ai-je lu – protestations, lettres, lobbying... – mais tout de même (Attlee est vénéré ici au Royaume-Uni car il a créé le NHS mais c'était par ailleurs un beau salaud, même dans le contexte raciste de l'époque).

    Création du NHS sous Attlee mais généralement attribuée à Aneurin Bevan, son ministre de la santé et le Corbyn de l'époque (il représentait l'aile gauche du parti), qui poussa pour la création d'un service de santé national de santé gratuit, ou "free at the point of source/use" comme on dit, car évidemment faut le financer via les impôts donc pas foncièrement gratuit. Bevan est très connu au Royaume-Uni pour le NHS mais aussi pour sa fameuse saillie sur les Conservateurs, sans cesse ressortie aujourd'hui : "So far as I am concerned they [les Conservateurs] are lower than vermin", voir lien et
    lien.

    Mais les véritables horreurs (expulsions et menaces, détention, expulsion du logement, refus d'accès aux soins NHS, etc.) ont débuté en 2012 sous les Conservateurs, quand Theresa May a lancé en fanfare la "hostile environnement policy" du Home Office.

    Cf les émeutes raciales de Notting Hill en 1958 lien (qui enfanteront par réaction le célèbre carnaval, en 1959), émeutes similaires à Nottingham aussi juste avant Notting Hill lien. Et en 1976, rebelote à Notting Hill, émeutes anti-Caribéens, le premier morceau des Clash, "White Riot" (1977).

    Émeutes aussi dans les années 1980 (surtout 1981) mais on s'éloigne un peu du sujet. Ça débuta à Bristol en 1980 suivie par des dizaines d'émeutes en 1981 un peu partout dans le pays, sous fond de tension raciale, social, économique, etc. (quartiers laissés à l'abandon, 80 % de chômage chez les Noirs à Toxteth, Brixton, etc.). Certaines de ses émeutes ou grosses échauffourées disons, se déroulèrent dans des stations balnéaires de bord de mer et étaient le fait de Mods et Skinheads (les fameuses "Seaside rampages" d'avril 1981), voir cette liste ("loin d'être exhaustive" précise l'auteur) : lien

    Ou le discours "des fleuves de sang" d'Enoch Powell en 1968 que je mentionne ici lien, un speech approuvé par 74 % des gens dans un sondage.

    Y'avait même des formes d'apartheid dans certaines villes, comme Bristol, et le fameux "colour bar" appliqué par la Bristol Omnibus Company. Cette société de transport (disparue en 1987), nationalisée après WWII et reprivatisée sous Thatcher, refusait d'employer des Noirs. David Olusoga, que tu mets en lien San Antonio, a fait des émissions là-dessus. (Pour ceux qui ne le connaissent pas, Olusoga, dont je parle dans le dernier paragraphe de ce post lien, est l'historien qui a le plus examiné ces questions, en tout cas le plus connu, celui qui a vulgarisé ces sujets à partir du début des années 2010 mais surtout ces 5 dernieres années – émissions BBC, radio, livres, etc.)

    Ça déclencha un boycott des bus en 1963, voir article du Guardian lien "Guy Reid-Bailey: the man who sparked the Bristol bus boycott and then fought to desegregate housing . When he arrived in the UK in 1961, the teenager was shocked by the injustice – and violence – of the racism he faced. So he decided to take some action".

    Ou Leeds, cf mon double article sur Albert Johanesson lien, joueur de Leeds, son témoignage sur son après carrière (passée à Leeds, dans la pauvreté) est édifiant. Je ne veux pas pousser à la consommation mais à lire si on s'intéresse à ces sujets, ainsi bien sûr que l'excellente biographie de Paul Harrison, "The Black Flash", 2012, que je cite (et mets en renvoi #1), par exemple dans cet extrait :

    "Hors du terrain, malgré sa liaison avec une Anglo-Jamaïcaine du coin suivi d'un mariage en 1963 (ci-contre), Johanneson peine à s'acclimater à la vie anglaise et son racisme omniprésent. Nombreux sont les commerces, restaurants, cafétérias et même bureaux de tabac de Leeds (cf pages 173, 182 & 183 de l'excellent The Black Flash [1]) qui lui font comprendre que sa présence est indésirable, refusent de le servir ou même l'éjectent manu militari des lieux."

    Etc. etc.

  • Tricky le 28/07/2022 à 09h53
    (MV, tu nous as manqué)

  • Mangeur Vasqué le 28/07/2022 à 11h03
    (Correction : Albert Johanneson ; pour la première mention, incorrectement orthographiée)

    @ Tricky : Thanks for these kind words.

    D'ailleurs S-A un truc cocasse sur David Olusoga que tu mets en lien. Je savais qu'il avait grandi à Gateshead, en banlieue de Newcastle, mais j'ignorais qu'il avait fréquenté la même école primaire que Paul Gascoigne (2-3 ans plus âgé que lui), et que ce dernier le défendait contre les racistes dans la cour de récré !

    A lire : lien

    "Paul Gascoigne: TV historian David Olusoga thanks Gazza for helping out after racist attack at school"

    TV historian David Olusoga has thanked former England footballer and schoolmate "tough kid" Paul Gascoigne for stepping in to help when he was subjected to racist abuse as a child.

    Born in his father's home country of Nigeria, Olusoga moved to his mother's home of Gateshead, in Tyne and Wear, when he was a young boy.

    His family was targeted by the National Front, who subjected them to horrific abuse and, in one terrifying incident, drove them from their home after smashing the windows with bricks in the middle of the night.

    […]

    Et ce passage, putain…

    "One of his teachers had a coffee mug bearing a National Front slogan and another attacked him during a school trip, he said."

  • Mangeur Vasqué le 28/07/2022 à 13h09
    Winston Churchill (1874-1965) était par ailleurs un suprémaciste blanc notoire (certes, courant à l'époque, mais on le sait moins à propos de Churchill, pas depuis bien longtemps en tout cas hors "academia"). Il a su émerger à un moment bien particulier de l'histoire comme sauveur de la nation, et c'est donc ce qu'on retient, mais le reste n'est pas jojo.

    Et d'ailleurs San-Antonio, tu fais référence à la période de Churchill post-WWII (premier ministre de 1951 à 1955) et sa responsabilité dans ce climat raciste. Je viens de lire ici lien qu'il envisagea d'adopter dans son programme à la General Election de 1951 (remportée par le Parti conservateur donc ; enfin, remportée en sièges mais pas en voix lien) le slogan suivant :

    "Keep England White".

    Il y avait alors que 50 000 Caribéens au Royaume-Uni...

    L'article nous dit qu'une fois élu Churchill fut "determined to find evidence that the influx was causing "social problems." Civil servants were ordered to carry out a secret "race survey" in an attempt to smear Caribbean immigrants as "dole scroungers" – but there was no evidence."

    Donc, en résumé, il demanda aux hauts fonctionnaires de Whitehall (quartier de Westminster-Trafalgar Square et métonyme pour les ministères et le gouvernement) de bidonner une "étude raciale" pour "prouver" que ces Caribéens était un fardeau pour le pays et les faire passer pour des parasites vivant des allocs (qui ne devaient pas être bien généreuses à l'époque). Mais faute de preuves tangibles, l'étude fit chou blanc.

    J'ai déjà mentionné ici je crois bien, sur le forum ou sous article je ne sais plus, la superbe bio sur Churchill de l'historien Richard Toye, "Churchill's Empire" (2010). C'est la première bio de Churchill à oser aborder clairement les "deux Churchill", ses deux facettes bien distinctes, de manière équilibrée.

    Après, Boris Johnson a aussi écrit une bio sur lui, en 2014 … ("The Churchill Factor: How One Man Made History"). Oh dear... OK, je suis de mauvaise foi car je ne l'ai jamais lue et cette bio était dans le "Top 10 Bestseller du Sunday Times", une référence donc (yes, I'm being ironic). Mais j'en ai lu des extraits, et ça n'a pas l'air d'être du même acabit que Richard Toye… Johnson flingue totalement l'armée française, qualifiée "d'armée origami" :

    "The French were possessed of an origami army: they just kept folding with almost magical speed."

    Une armée de lâches en gros, qui n'offrit aucune résistance. Une armée de "Cheese-eating surrender monkeys" donc, selon l'insultante caricature inventée par les créateurs des Simpsons, au moment du refus de la France d'aller en Iraq, et joyeusement reprise par tous les ignares francophobes de la terre (médias, population) ces 20 dernières années. Va dire ça aux descendants des 250 000 morts et blessés et presque 2 millions de prisonniers de la Bataille de France…
    Mais il est vrai que la France porte une certaine responsabilité dans le traitement de "l'étrange défaite" lien. Une relecture tente depuis peu de rétablir la vérité lien.

    Sur la bio de Richard Toye, voir cette bonne critique du New York Times : lien
    et surtout cet excellent papier (sur ce bouquin) de The Independent datant du 27 octobre 2010 intitulé "Not his finest hour: the dark side of Winston Churchill" est par ailleurs fortement d'avoir causé la grande famine de (malheureusement derrière un paywall mais qu'on peut trouver des extraits sur Internet. J'ai l'article en entier chez moi, il est très éclairant. Article évidemment très controversé, la fascination Churchill dans ce pays empêchant tout débat serein et objectif sur la question).

    On ne commence à parler de la "face sombre" de Churchill que depuis une grosse dizaine d'années seulement (articles, livres, un peu TV aussi) car c'est bien sûr tabou, un peu comme la thématique des îles anglo-normandes sous l'occupation allemande (et la collaboration qu'on y observa. La règle des 50 ans de l'Home Office fait que les archives ne furent, partiellement, déclassifiées qu'en 1995 et fallut attendre encore 15-20 ans pour qu'en commence à en parler ici, et encore, c'est toujours sensible.

    Ça s'agite et vocifère pas mal dans les rangs de la droite quand on mentionne la face (très) sombre de Churchill, surtout depuis qu'il est instrumentalisé, symbole d'unité nationale, de liberté, etc. et ça touche au colonialisme et à la puissance impériale. Tout ça reste très sensible, y'a les "culture wars", l'obstacle de la repentance, etc. et ça
    On parle un peu plus ouvertement depuis peu du (terrible) rôle de Churchill notamment dans la famine du Bengale en 1943 lien, qui a causé jusqu'à 4 millions de morts
    lien,

    "Churchill has been quoted as blaming the famine on the fact Indians were "breeding like rabbits", and asking how, if the shortages were so bad, Mahatma Gandhi was still alive."

    :

    "The Bengal famine of 1943 was the only one in modern Indian history not to occur as a result of serious drought, according to a study that provides scientific backing for arguments that Churchill-era British policies were a significant factor contributing to the catastrophe.
    […] More recent studies, including those by the journalist Madhushree Mukerjee, have argued the famine was exacerbated by the decisions of Winston Churchill's wartime cabinet in London. Mukerjee has presented evidence the cabinet was warned repeatedly that the exhaustive use of Indian resources for the war effort could result in famine, but it opted to continue exporting rice from India to elsewhere in the empire. Rice stocks continued to leave India even as London was denying urgent requests from India's viceroy for more than 1m tonnes of emergency wheat supplies in 1942-43. Churchill has been quoted as blaming the famine on the fact Indians were "breeding like rabbits", and asking how, if the shortages were so bad, Mahatma Gandhi was still alive."

  • magnus le 28/07/2022 à 13h29
    Ou alors "Keep England White" c'est parce qu'il était fan de Tottenham?

    J'en profite pour demander des infos sur un joueur que les rumeurs envoient en prêt à l'OM: Nuno Tavares d'Arsenal.
    Plutôt une bonne pioche pour jouer latéral en 3-5-2 et autres variantes?