Ni buts ni soumises » Mauvaise suprise colombienne

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Mauvaise suprise colombienne

Les Bleues ont perdu contre la Colombie à l’issue d’un match qu’elles auraient pu remporter avec un peu de réussite mais où elles n’ont rien fait pour. Toutefois cela ne compromet pas fondamentalement la qualification.

Mais si le résultat en lui-même n’est pas très gênant, la manière est nettement plus inquiétante.

La troisième équipe mondiale a perdu contre la 28e. Dans un football féminin où les positions sont en général bien établies, c’est une très grosse surprise. Depuis la création du classement Fifa en 2003, jamais la France n’avait perdu contre une équipe hors du top 201. Malgré les avis des cassandres de tout poil, cette défaite était difficilement prévisible : comment une équipe qui n’avait perdu que deux matchs en deux ans, contre les États-Unis, et qui avait battu à peu près toutes les meilleures équipes du monde peut se retrouver battue logiquement par la Colombie ?

Premier élément à prendre en compte, l’évolution de la discipline provoque quelques distorsions du classement. La Colombie joue très peu en dehors de la Copa America et cela se ressent sur son classement, basé en partie sur le nombre de victoires.

Autre pièce au dossier, les Bleues ont manqué dans ce match d’un brin de réussite qu’elles ont pu avoir contre l’Écosse ou la Russie en préparation, deux équipes battues mais pas écrasées.

On peut aussi se demander si, fidèle à la réputation de championne du monde des matchs amicaux de la France, les Bleues n’ont pas été prêtes trop tôt, alignant les bonnes prestations pendant la saison qui précède la Coupe du monde là où les autres n’étaient qu’en préparation et ont haussé leur niveau de jeu depuis.

Mais on peut aussi au contraire imaginer que les Bleues ne sont pas très loin d’être prêtes trop tard, qu’elles ont fait une préparation destinée à le amener à leur meilleur niveau à peu près au moment des quarts de finales. Il faudrait pour cela atteindre les quarts de finales pour que la préparation ne serve pas uniquement à la plage.

Rien n’est perdu pour la qualification

Le résultat lui-même n’est pas inquiétant pour l’avenir de la France dans la compétition. Une victoire contre le Mexique assure la qualification et un nul à peu près aussi (sauf scénario très improbable incluant que l’Allemagne ne batte pas la Thaïlande ni les États-Unis le Nigeria). Et côté positif du résultat, la France peut même finir deuxième de ce groupe et basculer dans la moitié de tableau du bas, celui où ne devraient se trouver ni l’Allemagne, ni les États-Unis.

Mais l’intérêt d’éviter ces équipes est lié à l’ambition de remporter la compétition. Après une prestation comme celle contre la Colombie, la question va déjà être de remporter le match contre le Mexique. Puis un éventuel huitième de finale contre l’Espagne, la Norvège, le Costa Rica ou qui que ce soit d’autre. Le troisième mondial, finaliste de l’Algarve et vainqueur des États-Unis, de l’Allemagne, du Japon, de la Suède et du Brésil n’aurait pas eu de doute. L’équipe battue par la Colombie n’a aucune certitude.

Lady Andrade ouvre le score.

Lady Andrade ouvre le score.

Dans sa composition d’équipe, Philippe Bergerôo n’avait fait que deux changements, réservant la rotation pour un éventuel troisième match sans enjeu. Kenza Dali remplaçait Élodie Thomis et Élise Bussaglia entrait à la place d’Amandine Henry. A posteriori, on trouvera bien sûr que le sélectionneur a été présomptueux de faire ainsi tourner son effectif. En réalité, c’était plutôt une marque d’extrême prudence de ne faire que deux changements après la victoire contre l’équipe a priori la plus forte du groupe2. Kenza Dali n’est d’Élodie Thomis dans la hiérarchie et Élise Bussaglia n’est pas une débutante à ce niveau de la compétition, loin de là. Au delà des prestations individuelles, c’est toute l’équipe qui a semblée empruntée. On n’ira pas jusqu’à dire qu’elle a été surclassée dans le jeu : avec 21 tirs à 3 (mais seulement 6 cadrés à 2), 6 arrêts de Sandra Sepulveda contre aucun de Sarah Bouhaddi, la France eu le contrôle du ballon. Mais elle n’a pas vraiment su quoi en faire dans les zones décisives, battue sur un contre d’école et une relance ratée d’un côté, obligée de déclencher des frappes de trop loin dans de trop mauvaises positions de l’autre.

Diverses causes peuvent expliquer cette mauvaise prestation : suffisance, pression, fatigue. Dans tous les cas, elle ne reflète pas ce qu’est capable de faire cette équipe. Avec un peu de chance, ce résultat agira comme un coup de fouet salutaire ou les joueuses seront en meilleure condition mercredi. Et dans ce cas il y a encore la possibilité de réussir la Coupe du monde. Sinon, ce sera un rude coup porté à la discipline en France.



Un commentaire pour “Mauvaise suprise colombienne”

  1. Il manque dynamisme et inspiration dans l’animation du jeu: apparemment les cadres sont fatiguées sinon pas prêtes physiquement (Thiney, Necib, Abily, Henry…). De plus les latérales sont aux abonnées absents et de ce fait le milieu français s’empêtre dans la ligne d’arrières adverses qui connaît le jeu français par coeur. Bouleau est-elle vraiment au niveau ? Souvent au lieu de jouer court sur la largeur et de provoquer des décalages, les ballons sont balancés devant et rendu à l’équipe adverse. Il y a une immaturité tactique au niveau du staff. Patrice Lair de rien ?

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