Petit 1998, millénaire nuit
Un jour, un but – Au bout de la Coupe du monde 1998, Emmanuel Petit traverse tout le terrain pour inscrire le dernier but de la compétition. Le millième de l’histoire d’une équipe de France qui décroche alors sa première étoile.
Christophe Dugarry n’avait de cesse de clamer qu’il serait le premier et le dernier buteur de la France lors de cette Coupe du monde 1998. Il a en effet inscrit le pion initial face à l’Afrique du Sud, puis une blessure musculaire contractée contre l’Arabie Saoudite l’a tenu éloigné des terrains jusqu’à la finale du 12 juillet. Il a même raté une belle occasion, lancé parfaitement par Zinédine Zidane, mais croisant trop sa frappe devant Claudio Taffarel.
La douleur ne s’est jamais vraiment estompée [1], mais cela ne l’empêche pas, en cette troisième minute du temps additionnel, de remonter le terrain balle au pied plein axe depuis l’entrée de sa surface de réparation. Il tarde un peu à donner “à gauche, à gauche, à gauche” à Patrick Vieira qui, lui, transmet directement du plat du pied droit à Emmanuel Petit. La passe est d’une précision clinique et échappe à Cafu. Le numéro 17 français vient alors de traverser tout le terrain et croise sa frappe du gauche.
« Tu as été le meilleur »
Le ballon a un peu d’effet et Taffarel ne plonge pas. Il est battu sur sa gauche et le cuir termine dans le petit filet. La France mène alors 3-0 et Petit s’écroule de joie. Il est très vite rejoint par Vieira et un Bixente Lizarazu hilare. La fête est totale et scelle la victoire française. Elle ponctue également le parcours individuel exceptionnel de Petit lors ce Mondial. Comme le lui confie Aimé Jacquet à l’issue du match: “Tu as été le meilleur, mon grand.” Et à bien regarder le tournoi du joueur d’Arsenal, ce n’est peut-être pas faux.
Retenu dans les vingt-deux pour son pied gauche et l’équilibre qu’il pourrait apporter à l’équipe en couvrant et complétant Lizarazu, Petit est titulaire à tous les matches hormis celui face à l’Arabie Saoudite. Surtout, il accomplit des performances pleines, à défaut de savoir de quel côté de sa poitrine son cœur est placé. Que ce soit dans un milieu à deux ou trois récupérateurs, sa présence physique, son abattage et ses gestes justifient le choix de Jacquet.
« Faire quelque chose de bien
Il a déjà été récompensé par un but victorieux lors du dernier match de poules contre le Danemark. Et là, en ce 12 juillet, il termine le match en défense centrale aux côtés de Franck Lebœuf, palliant l’expulsion de Marcel Desailly. Il a aussi eu une belle occasion en première période et, surtout, il a déposé le ballon sur la tête de Zidane pour l’ouverture du score.
Lors de cet ultime corner brésilien, le public du Stade de France chante déjà “Champions du monde! Champions du monde!” et Petit voit que les joueurs de la Seleçao ne se replacent pas. Alors, il part de sa surface et suit la contre-attaque. Au bout de sa course folle, la récompense. La conclusion d’une magnifique Coupe du monde pour lui et son pays. Le millième but de l’histoire de l’équipe de France. Petit a récemment témoigné à propos de ce moment: "J’ai alors eu le sentiment d'être vraiment utile, de faire quelque chose de bien." En effet... Merci, Manu.
[1] Dugarry a déclaré récemment avoir alors menti sur son état de santé et qu’il n’était en fait pas du tout en mesure de jouer la finale dans de bonnes conditions physiques.