6% Foot
Étude: en pleine Coupe du monde, une infime partie de Téléfoot a été consacrée au jeu. À croire que le Mondial est fini... ou que les télés aiment de moins en moins le football.
Dimanche 4 juillet, au lendemain de quarts de finales spectaculaires ou dramatiques, Téléfoot a consacré deux minutes trente à Argentine-Allemagne et trois minutes quinze aux trois autres matches, expédiés dans un "best of de la Coupe du monde". On n'atteint donc pas les six minutes de football, sur une émission de trois quarts d'heure de temps effectif (déduction faite des deux interruptions publicitaires).
Six minutes de football? Même pas: sur ce total, on ne compte que deux minutes trente-cinq d'images de jeu, le reste consistant en scènes de célébrations de but, plans sur l'entraîneur ou les tribunes, déclarations d'après-match et autres interviewes de journalistes... Soit moins de 6% de football.
Salut
Le reste? Un sujet sur Thierry Henry, "Une star à New York?", deux minutes quarante. Trois minutes trente d'interview de Didier Deschamps. Et puis un morceau de bravoure: douze minutes sur "Le foot français dans la tourmente". En résumé: le 8.298e reportage en dix ans sur Thierry Henry, un repli stratégique sur le club national phare (l'OM reprend, les affaires aussi), et des efforts un peu désespérés pour étirer indéfiniment les polémiques sur l'équipe de France et la Fédération.
Le solde, c'est-à-dire environ vingt-et-une minutes et près de la moitié de l'émission, correspond aux interventions des personnes présentes en plateau ou en duplex: d'interminables échanges de vue entre gens généralement d'accord: Bixente Lizarazu, Franck Lebœuf et Robert Pires – aréopage estampillé "France 98" et interrogé par Denis Brogniart. Comme pour mieux signifier que le spectacle vivant n'est décidément pas la priorité, ce sont d'anciens footballeurs qui trustent l'image et le son.
Conclusion : alors que se déroule le principal événement du football mondial, Téléfoot donne l'impression d'avoir déjà quitté l'Afrique du Sud. Une Coupe du monde sans équipe de France ni starlettes internationales prématurément éliminées, ça n'intéresse plus TF1. Avec Canal Footbal Club, son émission dominicale de variétés aussi audacieuse que Vivement Dimanche, Canal+ avait déjà inventé l'émission de football sans football.
La Une peaufine le concept et confirme que des chaînes disposant pourtant des droits sur les images des compétitions préfèrent se soumettre au standard indépassable des programmes sportifs: le talk-show durant lequel des experts patentés vont s'écouter parler et aligner les opinions sans jamais que cela "fasse débat", au propre comme au figuré.