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Habitus baballe

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  • Red Tsar le 07/02/2022 à 18h11
    Merci Edji, je vais lire ça avec intérêt demain. Il me semble que cependant sur cette question des inégalités la réponse à la question "est-ce que ça augmente ou pas ?" dépend en grande partie du Motus : _CH_LL_S.

    ps : merci aussi à OLPeth pour l'article du Monde et les liens en fin qui sont fascinants.

  • Red Tsar le 08/02/2022 à 18h18
    Petit retour sur l'intéressant article partagé hier par Edji : lien

    Ce n'est pas forcément facile de synthétiser, parce que l'auteur aborde des sujets qui sont liés, mais différents : pauvreté, inégalités, revenus, mobilités sociales… C'est pour moi une qualité, mais du coup on ne sait pas forcément par quel bout le prendre. On peut aussi noter au passage que l'auteur s'intéresse exclusivement au cas français et qu'en arrière fond son interrogation est surtout celle de l'évolution des classes moyennes.
    Aucun de ces éléments n'est un reproche, mais c'est pour donner le contexte. De même, au final je n'ai pas d'opposition au propos de l'auteur, plutôt des compléments. Là encore, ce n'est pas un reproche. Il a évidemment dû composer avec le cadre.

    Voici donc un retour un cinq points. Le dernier va vous surprendre.

  • Red Tsar le 08/02/2022 à 18h19
    1. La question cruciale des échelles

    - L'auteur choisit de prendre les trente dernières années comme périodes d'étude. Effectivement, les écarts y évoluent peu. Mais si on choisit d'autres échelles temporelles, on a d'autres perspectives.
    Sur le long terme, on a les travaux de François Bourguignon (basés sur l'indice de Theil), loin d'être un ''gauchiste'' (il a été économiste en chef et vice-président de la Banque mondiale) : lien
    Je t'en fais une citation : ''après pratiquement deux siècles de hausse continue des inégalités entre les citoyens du monde, à la suite de la révolution industrielle, ce processus s'est ralenti, puis renversé depuis une vingtaine d'années. Cette rupture de tendance est le résultat d'une forte baisse des inégalités économiques entre pays, notamment entre pays développés et pays en développement, depuis les années 1990. Mais, dans le même temps, un autre renversement s'est produit : après plusieurs décennies de stabilité, les inégalités à l'intérieur d'un grand nombre de pays, développés ou en développement, tendent à augmenter à nouveau.''

    - Si on centre sur la France, on a les mêmes tendances, mais atténuées. En amont, on a les statistiques de la Banque Mondiale. Cet indice a varié de quelques unités sur cinq décennies, atteignant son niveau le plus bas en 2006 avec 29,7 points après une forte diminution depuis la fin des années 70. Plusieurs pics ont été atteints depuis, notamment en 2011 et 2012. En aval, on a la note de l'INSEE qui révèle une hausse des inégalités en France de 2017 à 2018 (après, on passe aux GJ et au Covid) : lien

    > Donc oui, il y a un plateau de trente ans. Mais :
    1. ne faut-il pas aussi voir les pentes avant et après (celle d'après, je concède qu'on ne sait pas si elle va se confirmer ou non) ?
    2. l'article est justement intéressant, car si on a eu trente années de réduction des inégalités, il peut être intéressant de comprendre pourquoi, de savoir ce qu'il n'y avait pas avant et qu'on a peut-être de moins en moins.

    - De même, si on s'intéresse à l'impact de la mondialisation sur les inégalités, le consensus est aujourd'hui que l'impact diffère selon les échelles géographiques (cf les travaux de Laurent Davezies, très riches). Les inégalités auraient tendance à s'atténuer à l'échelle des États, mais à s'accroître aux échelles infra. Les écarts, par exemple, de revenus entre un Français et un Sénégalais (je suis encore sous le coup de la CAN) sont aujourd'hui moins importants qu'en 1920. Mais ils sont plus forts entre ceux d'un Parisien et d'un Dionysien. Par ailleurs, la mondialisation n'est évidemment pas un phénomène physique ou divin, mais le fruit de jeux d'acteurs et ses effets varient selon les territoires et les groupes sociaux. Certains gagnent, d'autres perdent. Cf la fameuse courbe de l'éléphant, dont parle d'ailleurs Bazot : lien

  • Red Tsar le 08/02/2022 à 18h19
    2. Des choix méthodologiques (toujours) discutables

    - Je ne dis pas que les choix de Bazot sont mauvais, loin de là. Mais ce sont des choix, des ''hypothèses'' (dixit Bazot). Les données économiques ne sont pas naturelles. Elles sont toujours construites. D'ailleurs, je trouve très bien qu'il explicite ses choix. Si on le faisait quand on parle du PIB, ça amènerait à penser les choses différemment. Kuznets lui-même le dit, donc...

    - Ceci étant, d'autres données tout aussi incontestables peuvent amener à d'autres résultats. Quelques exemples. Selon la Banque Mondiale, l'indice de Gini (par ailleurs fort discutable, car lissant les inégalités) de la France depuis 2000 est passé de 30 à 33. Sur l'actualité, on apprend par BFMTV que les profits cumulés des entreprises du CAC 40 ont atteint 140 milliards d'euros en 2021, la moitié étant reversé aux actionnaires, sous la forme de dividendes ou de rachat d'actions. C'est une hausse de 15% par rapport au précédent record historique de 2007 (57 milliards d'euros). En sachant qu'en 2021, c'est le bénéfice de l'année 2020 qui est versé et qu'il était en partie dû aux aides publiques. Toujours selon BFMTV, la hausse des salaires en 2021 a été de 1,4 % et celle de l'inflation (source INSEE cette fois) de 2,8 %. Donc ?

    - Ces réalités ne s'annulent pas l'une l'autre, car je veux croire que toutes sont le produit de personnes compétentes et honnêtes. Mais il faut bien les mettre en tension et pas oublier un aspect des choses.

  • Red Tsar le 08/02/2022 à 18h19
    3. Expertise et société

    - Son dernier paragraphe est fort bienvenu et qui irait dire l'inverse ? Mais il faut quand même faire attention à ne pas confondre expertise et politique. Le rôle des experts est de donner des informations ou des concepts. Ce n'est pas à eux de décider. C'est parfait qu'ils incitent à mieux prendre en compte certaines situations (familles monoparentales, questions du logement…).

    - Mais décider ce qu'est la pauvreté, ce qu'est une inégalité ne lui revient pas. C'est un choix de société (ou disons qu'il peut bien sûr proposer sa définition, mais rien n'oblige à l'accepter). De même, décider à quel moment une inégalité devient intolérable ou pas.

    - Pour l'anecdote, l'organisme canadien de la statistique a longtemps refusé de mesurer la pauvreté au Canada, tant que le politique ne lui en donnerait pas une définition. Il estimait que ce n'était pas à lui de définir la pauvreté. Le Canada n'a donc des statistiques officielles sur la pauvreté que depuis 2003 (à vérifier).

  • Red Tsar le 08/02/2022 à 18h20
    4. Une approche économétrique

    - L'article se fonde quasi exclusivement sur des données économétriques. On peut quand même s'étonner qu'on en soit encore à parler du PIB comme d'un texte religieux qui dirait la vérité. On peut aussi se poser la question de savoir si les revenus indiquent vraiment la qualité de vie. Enfin, on peut mettre en avant le fait que bien des éléments qui ne paraissent pas purement économiques jouent sur les inégalités. Je ne reviens pas aux charges de Bourdieu (il en parle un peu, soyons honnête), mais il se trouve qu'en ce moment on a de plus en plus d'ouvrages qui dénoncent la méritocratie et le poids des diplômes, y compris chez des classiques sociaux-démocrates :
    Monde Diplo : lien
    Monde Diplo : lien
    PhiloMag : lien
    Héritocratie : lien

    Car les inégalités ne tiennent pas qu'aux revenus et au patrimoine, mais aussi au capital culturel, par exemple, ou au capital spatial.

    - Au-delà, cette vision économétrique induit une vision de la société productiviste et consumériste. Le passage sur le téléphone portable (un classique du genre dans ces débats) m'a bien fait marrer.

    - Enfin, il me semble assez discutable de refuser de prendre en compte les représentations des acteurs, qui sont elles-mêmes des faits sociaux. Un exemple intéressant en la matière sur le déclin des classes moyennes : lien (globalement, Chauvel est aussi quelqu'un d'intéressant sur les inégalités, j'aime bien son côté très concret, même si je ne partage pas toutes ses analyses).

  • Red Tsar le 08/02/2022 à 18h22
    5. Un discours de fond loin d'être dérangeant pour les « anti » (puisqu'on nous appelle comme ça...)

    Bazot apporte peut-être des nuances (et encore) au discours des « anti », mais sur les grandes lignes je me retrouve tout à fait en phase avec lui. Il écrit :

    - « les individus compris entre les 1 % et les 0,01 % les plus aisés ont vu leur revenu s'accroître plus fortement que les plus pauvres entre 1990 et 2017 » : ça valide donc autant « we are 99 percent », que les travaux sur les ultra-riches qui montrent qu'aujourd'hui c'est là que ça se joue. Je pourrais même dire que ça valide la théorie du « peuple » de Mélenchon, « transclasse », avec laquelle pourtant j'ai quelques gênes. Bazot va-t-il me convaincre de voter JLM ?

    - Bazot invalide les thèses de Guilluy : ce n'est pas une révélation, mais ça fait toujours plaisir.

    - Bazot invalide le mythe des Trente glorieuses : idem.

    - Il valide plutôt celles de Piketty. Il le nuance, mais il ne remet pas en cause la base de son travail, qui prouve que les inégalités ne sont plus tant dues aux revenus qu'au patrimoine.

    - Bazot montre que les inégalités sont moins fortes en France qu'ailleurs. Il rappelle le rôle important de l'impôt pour la redistribution et la justice, ainsi que la hausse des dépenses sociales (il cite notamment la hausse du PIB pour les retraites et la santé). Voilà donc une belle indication pour les politiques publiques : ne surtout pas baisser les impôts et les dépenses sociales, voire les augmenter. Bref, un modèle « français » à protéger et renforcer plutôt qu'à vouloir « normaliser ».

    - Bazot note « une certaine régression en la matière à partir de 2017 » (une date qui me dit vaguement quelque chose :) )

    - Tout son propos légitime l'idée que les inégalités sociales ne sont ni naturelles ni bénéfiques, ce qui peut nous sembler ici évident, mais est loin de l'être pour tout le monde,

    - Son propos légitime le modèle français (forte fiscalité, forte redistribution) par rapport à d'autres. Là aussi, si j'étais taquin, je dirais que ça ressemble à une validation du modèle ''populiste-patriotique''. Il veut que je prenne ma carte à LFI ou quoi ce Bazot ? J'espère qu'OLPeth ne me lit pas et qu'il ne va pas venir me faire son témoin de Jéhovah pour m'enrôler.


    > Au final, l'article de Bazot me semble légitimer une régulation politique forte et remettre en cause d'éventuels désengagements, dérégulations, privatisations totales ou partielles, déremboursements, etc.

  • Red Tsar le 08/02/2022 à 18h22
    Voilà professeur Edji. J'espère que ça ira pour la fiche de lecture. J'ai fait ce que je pouvais dans le temps imparti et en plus mon petit frère a tapé le chien qui a mangé mon devoir.

  • OLpeth le 08/02/2022 à 21h29
    Rejoins le côté obscur, on a des cookies.

  • Pascal Amateur le 09/02/2022 à 22h01
    Et France Cu qui évoque la supercherie : lien