Episode XX: Où c’est la débandade de la Gaule

(Si vous n’avez pas lu les épisodes précédents, c’est mal, allez les lire… Oui oui, maintenant.)

Est-il seulement besoin de narrer la suite? La seconde partie de la joute fut marquée par des événements étranges. L’arbitrum, arguant d’une loi du jeu inconnue de tous mais qu’il disait parfaitement valable, se mit à estimer que tout contact un peu viril à l’approche du rétiaire adverse, du type crochet dans les dents ou morsure à l’oreille, devait être sanctionné d’un coup de pied de réparation. Il en siffla exactement dix-sept, tous contre les Parisii. Les attaquants de l’Olympus, peu habitués à ce genre d’exercice, n’en marquèrent que deux, mais c’était suffisant : ils l’emportaient trois têtes à zéro et, selon la règle des têtes marquées à l’extérieur, ils devenaient champions de Gaule de Calcium.

Ainsi fut-il. Le druide Penaltix s’était fait un nom et put retourner à ses fornications lolitesques. Caudillus Francus avait assis la supériorité de sa capitale sur les séditieux bleus et rouges. Aulix triomphait, sautant encore comme un fou au milieu des Arènes alors même que ses joueurs les avaient désertées depuis bien longtemps. Les Parisii reprirent la rage au ventre le chemin de Lutèce, maudissant le sort de les avoir fait naître dans un trou paumé condamné à subir à jamais l’arrogance castratrice de la capitale.

De fait, durant tout l’Empire romain, Lugdunum régna sans partage sur le Calcium gaulois, remportant 526 titres d’affilée (paraît-il un record en Europe, quoique des peuples celtes contestent cette version), jusqu’à ce que les hordes barbares balaient les fils de la louve et que ce jeu jugé trop efféminé par les nouveaux maîtres soit remplacé par un autre où l’on constituait deux lignes de quinze mastodontes qui se télescopaient brutalement.

C’en était fini du Calcium, et le nom même des Parisii Sauveurs de la Gaule tomba bientôt dans l’oubli.