Episode XVIII: Où l’on se prend les pieds dans le Tapus

(Si vous n’avez pas lu les épisodes précédents, c’est mal, allez les lire… Oui oui, maintenant.)

Parmi les cinq cents spectateurs, parmi les quatre-vingt dignitaires romains, aux places d’honneur, il y avait deux personnes: Caudillus Francus, Préfet des Gaules, et Ges Tapus, Préfet de Polix, qui depuis la fin des guerres gauloises avait son siège à Lugdunum. Le coup d’envoi de la joute donné, les deux hommes échangèrent leurs impressions:

– Trois têtes à remonter, c’est beaucoup, Caudillus… Tes favoris ne risquent-ils pas de mordre la poussière?

– Non, Ges… Regarde l’état dans lequel sont les Parisii: Aulix a bien fait les choses, ils ne résisteront jamais à nos assauts.

Et comme pour donner raison à Francus, l’O-Lix profita de ce que le rétiaire parisi était pris d’une crise de spasmes intestinaux pour inscrire une première tête.

– Ne sois pas si sûr de ton fait, Caudillus… Les Parisii sont des pitres mal dégrossis, mais ils sont vaillants et savent se sublimer… Tes joueurs de Lugdunum sont de gentils garçons qui jamais ne se transcenderont.

– Je ne te savais pas versé dans le Calcium…

– Oh si, Caudillus… Je ne m’en suis pas vanté depuis que je suis en Gaule, mais j’ai consacré mes années romaines à ce jeu, répondit Tapus. Ton parvenu d’Aulix, je pourrais tout lui apprendre… Il y a des choses à comprendre si l’on veut gagner un grand tournoi de Calcium… Moi, je les ai comprises… Lui, je n’en suis pas sûr.

Les minutes passaient et corroboraient les dires de Ges Tapus: les joueurs de l’O-Lix se montraient incapables de marquer une seconde tête. Leurs attaques étaient brouillonnes, leurs tirs médiocres, quand, à l’inverse, les Parisii sortaient de leurs vapeurs alcooliques pour retrouver leur vivacité. La pause fut atteinte sur un score inchangé. Tapus se tourna vers Francus:

– Caudillus, si tu ne fais rien, cette joute est perdue… Tu veux que je m’en occupe?

– Oui Ges, s’il te plaît… Occupe-t’en.