PSG – DNCG : l’œil de Jérôme Kerviel

Alors que le PSG annonce des pertes inattendues sur le dernier exercice, Jérôme Kerviel nous explique les dessous de ces chiffres, ou comment un club lambada peut se laisser entraîner dans une course sans fin à la Mendy et une spéculation Aulassienne sur des titres inaccessibles.

En 15 jours, le PSG nous annonce à la fois deux recrutements et un nouveau déficit : comment peut-on recruter un joueur sans argent ?

Il suffit de ne pas en avoir l’ « r ». Pour recruter sans argent, on passe par un agent. C’est une sorte de courtier dépendant spécialisé dans les opérations à haut risque. Dans ce genre d’affaire, c’est toujours le courtier qui est gagnant. Le risque reste assumé par le commanditaire. L’exemple des introductions en bourses d’Anigo permet de comprendre le décalage entre la valeur marchande et la valeur spéculative de ces opérations.

Comment ces opérations peuvent-elles passer à travers les systèmes de contrôle ?

Prenez les contrôles de Mendy d’un côté, et ceux Zidane de l’autre. Dans un cas vous avez des contrôles systématiquement inefficaces, voire dangereux, dans l’autre vous avez des contrôles orientés imprévisibles, donc adaptés au résultat visé et beaucoup plus efficaces. Le style Mendy a permis à des génies comme Luis Fernandez (mon maître) de masquer certaines opérations : Vous spéculez sur des marchés portugais à haut risque sur des small caps (NDR «petites capacités»), avec des produits dérivants comme Hugo Léal ou Kennedy, et vous couvrez le tout avec un Gaby. Le problème survient à la publication des résultats dans les journaux spécialisés qui testent l’un en novembre, et spéculent sur l’autre en juillet.

Et en interne, personne n’était au courant ?

Au PSG, le seul moment où on parle de Back Office, c’est quand Alain Cayzac retourne à son bureau, après sa pause-déjeuner, vers 17h30, pour prendre sa sacoche et rentrer chez lui. Autant dire que la finance au PSG c’est comme le fond de jeu, tout le monde en parle, personne n’y connait rien, on vire l’entraineur et tout va bien. Au middle y’a bien des stagiaires à temps partiel comme Bernard Mendy ou Jean-Hugues Ateba qui ont tenté de donner un coup de pied amical, mais pour eux, la comptabilité en partie double, c’est une prime sur match retour. Et au desk, c’est pire : s’il reste encore un spécialiste du Front carré comme Sylvain Armand, il n’arrive pas à la cheville du plus Grand Front que le club ait jamais connu : Reinaldo. Non, la seule possibilité de déceler cette fraude massive aurait été de recourir à l’arbitrage vidéo : ce sont de tout petits écarts constatés sur les marchés auxquels on greffe une webcam. Mais l’autorité de tutelle européenne, Platoche, qui pèse encore plus lourd qu’une Banque Centrale, reste résolument contre.

Voici en exclusivité le système ultraperfectionné ayant permis au PSG de creuser son déficit, grâce à sa phénoménale puissance de calcul (jusqu’à 8 chiffres en même temps!)

Comment les traders peuvent-ils résister à de telles pressions ?

Régulièrement, il faut l’avouer, ils s’accordent un Raï. C’est inefficace à long terme mais ça fait rêver. Après, le football est un marché où la pression est omniprésente. Concernant le PSG, la technique a souvent été de se replier sur le second marché avec un programme de coupes sèches. Comptablement, on peut affirmer que le PSG joue le hors jeu très régulièrement.

Le PSG a-t-il une chance de gagner ce match contre la DNCG ?

Malheureusement, certaines opérations fictives ont été mises au grand jour, comme le terrain d’entraînement. On découvre peu à peu que les joueurs émettent des actions fictives chaque semaine. Ceci dit, ça fait longtemps qu’on n’a pas vu un krach à Paris et on devrait être à l’abri à ce niveau là. On va assister à un repli sur des valeurs défensives comme Yepès, Landreau ou Armand. Mais comme le club autorise les découverts en défense, ça devrait permettre aux concurrents d’investir en masse. Le PSG devrait pouvoir l’emporter encore une fois, si les actionnaires couvrent les pertes.

« Avec Souza, Paris tient peut-être son krach »

Quels sont les points positifs à retenir dans cette publication ?

J’en relèverai 4 :
– On a assisté au gonflement de la bulle spéculative Gallardo. Le club a réussi à vendre ses actions avant qu’elle n’éclate définitivement.
– Le retour à certaines valeurs sûres brésiliennes et le désengagement sur des positions prises à l’Est.
– La spéculation à la baisse, qui pourrait permettre à des joueurs comme Cissé de reprendre des positions stables.
– Les puts et les calls restent rentables du côté du bois de Boulogne, et les supporters continuent d’injecter des liquidités régulièrement.

A titre personnel, sur quelles valeurs auriez-vous investi ?

Je ne peux pas tout dévoiler, mais des produits comme Pauleta ont de l’avenir. J’ai lu dans la presse qu’il allait prendre sa retraite, je miserais donc sur la poursuite de sa carrière. Ensuite je couvrirais cette position par des valeurs montantes comme Ceará, avec la quasi certitude qu’il ne descendra jamais. J’ai envoyé cette proposition par fax au PSG, j’attends un retour de leur part.