Lundi 18 Septembre 2006

Cher Journal,

Hier, on a été à Monaco. Bon, on y est allé pour le boulot, mais surtout pour le plaisir. Parce que, question déplacements sympas, Monaco, ça en jette quand même plus que Troyes, Sochaux ou Sedan. Les boites à Sochaux, je te raconte même pas. Et les nanas, c’est juste pire. Une sorte de croisement entre un barbare goth pour le look, et une femelle puma à jeun pour le caractère. En plus, avec leur accent, tu ne comprends rien. C’est peut être mieux d’ailleurs. Tandis qu’à Monaco, c’est exactement l’inverse. Sauf pour l’accent. L’année dernière, ils avaient pécho comme des dingues avec Sergueï qui faisait la traduction. Faut dire que Monaco se serait plus logique qu’ils soient rattachés au championnat russe.

Surtout vu leurs niveaux, y compris capillaire. Non, franchement, quelle équipe peut s’affirmer clairement candidate à la Champions League avec un coach roumain qui flotte dans sa veste, un avant centre tchèque chauve de deux mètres, et un caniche royal comme défenseur central ? Faut être sérieux là, déjà que la L1 a un sérieux handicap côté sex appeal avec les maillots de Troyes et de Lyon, si c’est en plus pour pourrir une des rares équipes ayant un équipement acceptable avec des types aux looks improbables, on est pas sortis des ronces.

En plus, ils sont mauvais Monaco. On les a battus. Depuis 1983 que c’était pas arrivé. La préhistoire. A cette époque, Artur Jorge il était encore coach de Portimonense, c’est te dire si c’est vieux.

Alors, là, c’est un événement. Remarque, même si on avait perdu, on aurait fêté ça. Parce que là on avait vraiment un truc à fêter. Tu me croiras si tu veux, mais si t’as la cassette du match, c’est collector. Bernard a réussi 4 centres dans le même match. Et des beaux, hein, des décisifs. Un truc de fou. Alors, moi, évidemment, j’ai un petit doute, surtout en rapport avec ce que je te disais samedi, mais les copains ils étaient fous de joie. Bernard, il était complètement extatique. Le truc à espérer, c’est qu’avec 4 centres, il n’ait pas grillé son quota pour l’année.

Bon, moi, j’ai fait mon match, bien collé au fond du banc. J’ai encouragé quand il fallait, j’ai rigolé avec les copains, j’ai fait la gueule quand il fallait, quand Monaco menait au score et dominait. Non, vraiment, je crois avoir réussi mon match. C’est pas évident le banc, faut toujours être vigilant de faire la bonne tronche de circonstance, un gros plan de la télé est vite arrivé. Et là, si tu te marre quand l’équipe perd 3-0, je te raconte pas l’affiche, les supp qui te détestent et tout. Ceux qui ont raté leurs matches par exemple, c’est Mario et Bright Eyes –Cristian, en fait, c’est Vikash qui l’appelle comme ça, va comprendre pourquoi-. Ils avaient clairement l’air de s’emmerder et de vouloir aller sur le terrain. D’un autre côté, ils étaient cernés entre Doud et Bona qui avaient du mal à digérer leur couscous de la veille et te lâchaient des caisses que ça devait être contraire aux accords de Genève. Moi, ça allait, j’avais pris un tajine. Faut être pro dans la préparation des matches. D’ailleurs si tu revois le match, Bona, il a le ventre tout gonflé. Et quand il entre sur le terrain il ne court absolument pas. Je pense que Moustache il voulait un peu utiliser l’arme chimique autrement que pour asphyxier son banc.Moustache, il était ravi après le match. Il nous a même fait des compliments. Presque à tout le monde, hein, pas seulement à Pedro et Rozie comme d’habitude. C’est Hellebuyck qui était comme fou, il a dit qu’il savait depuis le début qu’il pouvait piquer la place de Rothen, et que l’équipe de France lui tendait les bras. Moi, je crois qu’elle lui tend surtout le majeur, que c’est déjà un bon début, mais j’ai préféré rien dire. Après, Moustache, il a dit qu’on allait fêter ça au resto et en boite. Nous, on était à la fois soulagés et embêtés. Soulagés parce que comme ça on n’était pas obligés de sécher l’avion du retour pour faire la bringue, mais embêtés parce qu’on allait devoir se farcir Moustache et Pedro en boite. Et qu’avec le look du premier et la joie de vivre du second, on allait en repousser un max des mannequins russes…

Bon, on y est allé quand même, hein, on sait jamais. On s’est fait un petit restau, tranquille tous ensemble. C’était bien pour l’esprit de corps, ça, Pedro était ravi. Bona et Doud un peu moins. T’aurais vu leurs têtes quand leurs pizza sont arrivées… Ils étaient verts fluo. Pour des Blacks, je croyais pas que c’était possible.

Après, on est partis en boite. Pas évident de draguer en boite à Monaco sans Sergueï. Il y en a même qui ont profité du fait que Moustache était complètement bourré pour lui proposer des noms de joueurs russes pour le mercato. Smirnoff et Eristoff, je suis pas sûr qu’ils soient très forts au foot, mais on s’en fout un peu, nous. Le recrutement, c’est avant tout avoir un copain de plus, après s’il peut éventuellement être moins fort que nous au foot, c’est tant mieux. Tu crois qu’il est arrivé comment Diané ? C’est Pancrate qui l’a chaudement recommandé à Alain Roche.

N’empêche que la soirée était super. Même Pedro a fait la fête. Enfin, sa fête à lui, il a discuté tactique avec Micka toute la soirée. A un moment, ils se sont levés et sont allé danser 5 minutes et sont revenus avec deux nanas chacun et ils ont continué à bavarder. Tu parles. Ca vaut même pas quand t’es international et que tu passes tout le temps à la télé. A la rigueur, les internationaux slovènes, ils font pas trop d’ombre.

Moi, pour le moment j’apprend le métier. J’ai encore un peu de mal, je ne suis pas très connu. Alors quand j’attaque en disant « Je suis Clément Chantôme » et que t’as Doud et Sammy qui passent derrière en faisant « Huhuhuhu, Salut Casper ! », ca casse tout de suite mon coup. Ah, les salauds. Une sorte de bizutage à la parisienne. Malgré tout, à la fin, j’ai réussi à dégoter une minette. C’est déjà ca de pris. Elle était mignonne en plus. Enfin, surtout si elle avait eu toutes ses dents et si celles qui lui restaient n’avaient pas été baguées. Mais bon, elle était gentille, même si les gars se foutaient un peu de moi. Sauf Hellebuyck qui était tout seul.

Mais j’ai un doute là. Est-ce que j’ai vraiment bien fait de lui laisser mon numéro de portable ? Elle avait l’air tellement désespérée ce matin, j’ai craqué. J’ai bien tenté une feinte, mais je ne me souvenais plus du numéro de Moutier…

Bon, faut que j’y aille, journal, j’ai mon téléphone qui sonne…

Clément