Ni buts ni soumises » Allemagne-Norvège, la revanche

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Allemagne-Norvège, la revanche

La finale de l’Euro 2013 opposera l’Allemagne à la Norvège, réussissant à être à la fois une affiche surprise et du plus grand classicisme possible.

Les Allemandes ont battu le pays organisateur qui sort de son Euro sans avoir vraiment semblé y entrer, remportant facilement les matchs faciles mais laissant toujours planer un doute sur leur capacité à hausser le ton.

Le Danemark a été écarté à l’issue d’un match qui est la copie inversée de celui qu’il avait fait en quart et n’aura pas gagné un match dans cet Euro.

Finale avant la lettre opposant les deux rescapées du trio de favorites, le match entre l’Allemagne et la Suède a été un match à la fois enlevé et fermé. Dans une composition classique avec Antonia Göransson à gauche, la Suède a joué un jeu direct vers ses deux attaquantes Lotta Schelin et Kosovare Asllani qui ont été muselée tout le match par la paire défensive formée de Saskia Bartusiak et d’Annike Krahn. À tel point que l’attaquante de l’OL en était réduite à faire faute sur la défenseuse du PSG pour enfin trouver l’ouverture à l’heure de jeu. Mais l’arbitre étant vigilante, le but était refusé.

La force de l’Allemagne est collective. Le moteur de cette équipe est constitué du duo de récupératrices de Wolfsbourg Nadine Keßler et Lena Goeßling1. Mais la blessure de Célia Okoyino Da Mbabi semble paradoxalement avoir permis à la Mannschaft de trouver enfin un équilibre offensif. Ou alors, c’est le parfum des matchs décisifs. Avec Anja Mittag à sa place en pointe et Dzsenifer Marozsán en meneuse. Avec Simone Laudehr à gauche et Lena Lotzen à droite, cela fait un habile mélange de jeunesse et d’expérience. L’attaquante de Malmö a fait son meilleur match de la compétition à un poste qui lui convient mieux.

Toutefois, comme contre l’Italie, il a fallu un peu de réussite pour marquer : à l’issue d’un pressing de Simone Laudehr sur Jessica Samuelsson, Nadine Keßler récupérait le ballon et retrouvait son ailière en profondeur. Le ballon parvenait alors à Dzsenifer Marozsán à la lutte avec Charlotte Rohlin. L’attaquante glissait subtilement la balle hors de porte de Kristin Hammarström sortie imprudemment et ne couvrant pas son but. Le ballon roulait doucement dans les filets sous yeux de Sara Thunebro impuissante à le rattraper.

Pia Sundhage

Pia Sundhage

C’est la première défaite pour la Suède dans la compétition après trois matchs remportés largement et un nul initial contre le Danemark. Le pays hôte a semblé peiner se construire un vrai jeu collectif. En particulier, la paire de milieu constituée de Marie Hammarström et de Caroline Seger n’a jamais complètement convaincu, souffrant cette fois de la comparaison avec la paire allemande. Toutefois, tout comme il ne fallait pas porter la Suède aux nues après les trois victoires, il ne faut pas la mettre plus bas que terre pour une défaite serrée contre une équipe d’Allemagne certes remaniée, mais toujours compétitive.

Le pays organisateur ne remportera pas la compétition, mais il ne faut pas vraiment y voir une malédiction : en dix éditions, 4 fois le pays hôte a remporté le titre ; bien entendu trois fois il s’agissait de l’Allemagne (en 1989, 1995 et 2001), et une fois de la Norvège (en 1987)2.

Qui a vécu par les tirs aux buts…

La présence de la Norvège dans le dernier carré n’était pas vraiment une surprise, mais sa présence dans cette demi finale en était une puisqu’elle faisait suite à sa victoire sur l’Allemagne. La voir confrontée au Danemark était par contre à peu près imprévisible, avant la compétition et encore plus après les trois premiers matchs des Danoises. Le premier avait certes été prometteur contre la Suède, mais ceux contre l’Italie et surtout la Finlande avaient nettement moins convaincu.

Cette demi-finale s’est jouée sur le même scénario que le quart de finale, mais le Danemark est passé du rôle de l’équipe qui marque vite et qui résiste héroïquement, concède l’égalisation mais remporte la séance de tirs aux buts à celui de l’équipe qui rate sa première mi-temps, domine la seconde, égalise et manque de l’emporter avant de se faire éliminer.

Trois des quatre tireuses danoises avaient déjà tiré contre la France, et exactement de la même manière. Cela n’a rien changé pour Nadia Nadim qui a marqué les deux ni pour Theresa Nielsen dont les deux tirs ont été arrêtés, alors qu’Ingrid Hjelmseth a arrêté celui de Line Røddik contrairement à Sarah Bouhaddi. La gardienne norvégienne est d’ailleurs partie du bon côté les trois fois (et pas face à Mia Brogaard qui n’avait pas tiré contre la France). Le fait d’enchaîner deux séances de tirs aux buts permet sans doute à l’adversaire de bénéficier d’informations sur les tireuses3.

Stina Petersen

Stina Petersen

Contre toute attente, Kenneth Heiner-Møller a utilisé ses remplacements pour infléchir le cours du match4, revenant d’abord à son système des deuxièmes mi-temps des deux premiers matchs, avec Mia Brogaard arrière gauche et en redescendant Mariann Knudsen aux côtés de Katrine Søndergaard Pedersen pour permettre de faire entrer une quatrième attaquante, en mettant Pernille Harder en position de meneuse ou d’attaquante de soutien. Il finissait même le match en sortant la défenseuse centrale Christina Ørntoft pour faire entrer l’attaquante Emma Madsen, en faisant redescendre sa capitaine et jouant dans une sorte de 4-1-5.

La Norvège atteint la finale invaincue, ce qui n’était pas facile à prévoir après les deux premiers matchs, un nul concédé face à l’Islande et une victoire difficile contre une faible équipe des Pays-Bas. Mais la victoire face à l’Allemagne avec un moitié de remplaçantes a transformé cette équipe qui a accédé au statut de favorites. On nuancera en remarquant que le quart a été remporté face à une équipe d’Espagne qui avait déjà fait son tournoi en sortant de poules et face à un Danemark fatigué par une prolongation trois jours avant et qui a pourtant fait trembler la Norvège.

Comme l’Allemagne, la Norvège est un habile équilibre entre la jeunesse, en attaque, et l’expérience. Les trois attaquantes Ada Hegerberg, Caroline Hansen et Kristine Hegland ont entre 18 et 20 ans, et en dehors de Leni Kaurin qui a 32 ans mais n’a joué que 7 minutes, leurs remplaçantes ne sont guère plus âgées5. Par contre, les deux meneuses Ingvild Stensland et Solveig Gulbrandsen et les défenseuses centrales Trine Rønning et de Marit Christensen ont plus de 30 ans, et si la dernière n’a « que » 80 sélections, les autres en ont plus de 120. Solveig Gulbrandsen est même la dernière rescapée de l’équipe championne olympique en 2000.

La finale la plus classique

Même si elle n’avait sans doute pas la faveur des pronostics avant le début de la compétition, l’affiche de la finale rassemble deux équipes qui ont été régulières dans leur Euro, rarement flamboyantes mais jamais dépassées. Mais surtout, elle constitue un classique.

Avec trois précédents, c’était déjà la finale la plus fréquente (en 1989, 1991 et 2005). Il faut dire que l’Allemagne jouera sa 8e finale (toutes remportées jusque là) et la Norvège sa 6e (dont deux victoires). En dehors de l’édition 1984, il y a toujours eu au moins l’une de ces équipes en finale.

Finale ou pas, cette opposition est un classique de l’Euro : il faut remonter à 2001 pour trouver une édition où les deux équipes ne se rencontrent qu’une seule fois, et à 1995 pour les voir s’éviter. Il y a 4 ans, l’Allemagne avait largement battu la Norvège au premier tour, 4-0 avec un doublé de Fatmire Bajramaj et un but d’Anja Mittag dans les arrêts de jeu, puis avait récidivé en demi-finale, renversant le score en deuxième mi-temps pour s’imposer 3-1.

En 2005, les deux équipes étaient déjà dans le même groupe, l’Allemagne avait remporté le match du premier tour sur un but de Connie Pohlers, puis la finale. En 2001, c’est Sandra Smicek qui avait donné la victoire aux Allemandes en demi-finale. Enfin, la série avait commencé en 1997 où les deux équipes s’étaient séparées au premier tour sur un score nul de 0-0, la dernières « non victoire » à l’Euro de l’Allemagne jusqu’à cette année.

Le bilan est bien sûr très favorable à l’Allemagne à l’Euro, avec 7 victoire, 1 nul et 1 défaite contre la Norvège. Mais les deux équipes se sont aussi rencontrées à la Coupe du monde et aux Jeux Olympiques, moins souvent.

En 1995, la finale de la Coupe du monde avait lieu à Stockholm et opposait les deux équipes. Hege Riise et Mariann Pettersen permettaient à l’équipe norvégienne déjà entraînée par Even Pellerud de battre l’Allemagne dont la meneuse s’appelait Silvia Neid. Un an plus tard à Atlanta6, la Norvège l’emportait de nouveau au premier tour du tournoi olympique.

Enfin, les deux équipes se sont de nouveau affrontées en demi-finales de la Coupe du monde 2007 en Chine, et l’Allemagne l’avait emporté largement 3-0. On note ainsi que même si l’Allemagne a remporté contre la Norvège les Euro 1989 et 1991, les années 90 ont été celles des Norvégiennes (aussi bien dans les confrontations directes qu’en général) et les années 2000 celles des Allemandes.

Trine Rønning portée par Ingrid Hjelmseth

Trine Rønning portée par Ingrid Hjelmseth



2 commentaires pour “Allemagne-Norvège, la revanche”

  1. La question se pose d’ une défaite « volontaire », en tout cas envisagée par l’ Allemagne en poule face à la Norvège pour avoir un jour de repos en plus entre la demi et la finale.
    Une Allemagne en finale avec la meilleure joueuse d’ Europe sur le banc.

  2. Voir la norvege en finale est sacrement etonnant, on dira que c’est la moins mauvaises de la deuxieme partie de tableau qui est la vu que la france est eliminée

    Apres vision du match norvege danemark cetait vraiment mauvais des deux cotés !

    L’allemagne semble promise au titre, les norvegiennes n’auront pas de chance deux fois de suite !

    Par contre vous etes difficiles avec les suedoises et leur fond de jeu, deja le but de schelin est valable, kranh est tombée toute seule, elle meme l’a dit ( au passage l’arbitrage dans le foot feminin est une calamité … )

    Si la premiere mi temps etait equilibrée, la deuxieme etait vraiment a l’avantage des suedoises

    Bref a mon avis finale promise aux allemandes

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