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Des louves contre les lionnes

La finale de la Ligue des Championnes opposera Lyon à une équipe allemande comme tous les ans depuis quatre ans. Cette année, c’est Wolfsbourg, novice en la matière qui représente la Bundesliga en finale.

L’affiche de la finale de Ligue des Championnes était envisageable dès le début de la saison, entre un Olympique Lyonnais double tenant du titre et et un VfL Wolfsbourg en pleine progression et très renforcé, au contraire de Potsdam qui venait de perdre en particulier Babett Peter et Bianca Schmidt parties à Francfort et Viola Odebrecht arrivée justement à Wolfsbourg.

Arsenal et les clubs suédois ne semblant pas vraiment en mesure de remettre en cause la désormais traditionnelle mainmise de Lyon et des clubs allemands sur la compétition européenne, le pronostic se portait naturellement sur Potsdam et sur les deux clubs que l’on retrouve finalement.

La surprise Arsenal

Pourtant les Anglaises ont quelque peu fait mentir le pronostic : dans l’élan de la création de la Women’Premier League, championnat professionnel, Arsenal a éliminé Potsdam en huitièmes de finales en l’emportant à l’aller comme au retour, ce qui reste un événement, les éliminations avant la finale d’équipes allemandes hors des duels germano-allemands se comptant sur les doigts d’une main1.

Mais en demi-finale, Arsenal a buté sur Wolfsbourg en perdant tous ses espoirs dès le match aller perdu 2-0 à domicile. Même si Kim Little entretenait un petit espoir en égalisant à 1-1 en début de deuxième mi-temps au retour, la capitaine Nadine Keßler remettait les choses à plat en transformant un pénalty en deux temps.

La Suède battue par la France

Les équipes suédoises ont par contre confirmé qu’avec le déclin d’Umeå et en attendant l’arrivée du Tyresö de Marta, Christen Press et Verónica Boquete, elles n’étaient plus en mesure de jouer le titre. Malmö, qualifié comme champion et entre temps vice-champion à la différence de but avec Tyresö a explosé face à Lyon en quart de finale (0-5 et 0-3) et Göteborg a concédé deux défaites à Juvisy au même stade confirmant que la Division 1 n’a pas grand chose à envier au Damallsvenskan.

Avant de rencontrer Arsenal, Wolfsbourg avait eu un parcours relativement facile d’abord face aux Polonaise de l’Unia Racibórz puis au Norvégiennes de Røa qui ont toutefois réussi à arracher le nul au retour. En quart, ce sont les Russes de Rossiyanka qui se dressaient face aux Allemandes qui se faisaient une légère frayeur à l’aller dans la Volkswagen Arena : menant 2-0 et à 11 contre 10 après l’expulsion d’Olesya Mashina, elles avaient concédé un but dès le début de deuxième mi-temps et restaient à portée avant le match retour malgré une importante domination (19 tirs à 5). Au stade Luzhniki, il leur fallait plus d’une heure avant de se mettre à l’abri.

Le parcours lyonnais a été nettement plus linéaire face à des adversaires du même calibre : les Finlandaise du PK-35 Vantaa ont été avalées 7-0 et 5-0, l’autre équipe russe du Zorkiy Krasnogorsk n’a pas mieux résisté (0-9 et 0-2) et Malmö a donc également été balayé. La demi-finales franco-française contre Juvisy a connu à peu près aussi peu de suspense et Lyon arrive en finale avec des statistiques impressionnantes (8 matchs, 8 victoires, 40 buts marqués, 1 but encaissé).

La même réussite domestique

Lyon et Wolfsbourg arrivent à Stamford Bridge après une saison déjà réussie sur le plan national. Les deux équipes ont été sacrées en championnat au mois d’avril avant la fin de la compétition. Là aussi, le parcours diffère un peu : Lyon a remporté tous ses matchs alors que Wolfsbourg a laissé quelques points en routes : un 0-0 contre Essen lors de la 6e journée et un 2-2 contre Bad-Neuenahr lors de la 11e trois jours avant une lourde défaite 3-0 contre le Bayern avec un milieu remanié privé de Nadine Keßler et de Zsanett Jakabfi. Les louves avaient donc remporté 26 de leurs 30 premiers matchs de la saison, toutes compétitions confondues.

Elles ont en particulier affirmé leurs prétentions sur le titre au mois de novembre en battant Francfort et Potsdam à 15 jours d’intervalle. Contre les championnes en titre, c’est la capitaine Nadine Keßler qui renversait la situation alors que son équipe était menée 1-0, but de Lisa Evans mais jouait en supériorité numérique après l’expulsion de Jeannette Yango. Elle égalisait d’abord à dix minutes de la fin avant de marquer le but de la victoires dans les arrêts de jeu2

Wolfsbourg a certes perdu les deux matchs retours ces dernières semaines mais le match contre Potsdam n’a aucune signification pour une équipe qui avait déjà le titre en poche3 et les yeux tournés vers ses deux finales du mois de mai et qui est arrivée avec une composition très fantaisiste et 7 titulaires au repos (sans compter les blessées). Le match contre Francfort est plus intéressant même s’il n’était pas vraiment décisif non plus puisqu’une victoire dans les quatre derniers matchs suffisait4. Face à une équipe de Francfort remise en selle par son deuxième changement d’entraîneurs de la saison et son recrutement hivernal, elles étaient logiquement battues.

Des histoires parallèles

L’Olympique Lyonnais et le VfL Wolfsbourg sont tous les deux des clubs professionnels avec une équipe masculine dans le championnat d’élite et tous deux ont remporté un ou plusieurs titres dans les années récentes, en 2009 pour le club allemand. L’intégration de l’équipe féminine date de 2003 pour Wolfsbourg et de 2004 pour Lyon.

Si l’OL a succédé au FC Lyon qui venait de passer à quelque minutes du titre, Le VfL Wolfsbourg a pris la relève du Wendschotter SV Wolfsbourg de Claudia Müller qui venait de finir 9e, 33 points derrière Francfort. Le Wendschotter avait lui-même pris la suite du VfR Eintracht Wolfsbourg en 1996 et évoluait en Bundesliga depuis 1998 après avoir manqué la qualification pour la saison initiale de la poule unique.

Tout comme la section féminine du FC Lyon datait du début des années 1970, l’Eintracht avait été créé en 1973 et avait régulièrement évolué au plus haut niveau, atteignant la finale de la Coupe en 1984 et faisant partie des 20 équipes participant à la première Bundesliga en 1990.

Le virage vers le professionnalisme

Ne partant pas du même point, les deux clubs n’ont pas mis le même temps pour arriver au sommet : l’OL a remporté son premier titre sous ce nom dès 2007 et atteint sa première demi-finale européenne la saison suivante et a récidivé tous les ans depuis. Le VfL Wolfsbourg a eu plus de difficultés. Reléguées en 2005 après deux saisons dans la deuxième moitié de classement, les louves remontent immédiatement, en particulier grâce aux 36 buts de Martina Müller.

Jusqu’en 2011, Wolfsbourg navigue entre la 5e et la 8e place de la Bundesliga, assez bien pour ne pas se faire de frayeur, pas assez pour se mêler à la lutte pour le titre ou la qualification européenne. Mais cela est sans doute insuffisant pour un club soutenu par une multinationale comme Volkswagen5. Le tournant intervient à l’été 2011 avec l’arrivée des finalistes de la Ligue des Championnes (et vainqueurs la saison précédentes) Josephine Henning et Nadine Keßler de Potsdam, ainsi que celle de Conny Pohlers qui arrive de Francort et de Lena Goeßling de Bad Neuenahr. Toutes quatre sont déjà internationales, comme le sont aussi Verena Faißt, Navina Omilade et Martina Müller déjà présentes.

Martina Müller

Martina Müller

Le résultat ne se fait pas attendre et Wolfsbourg finit la saison à la seconde place, trois points derrière Potsdam mais sept devant Francfort, favori de la compétition et finaliste de la Ligue des Championnes. Le moteur de l’équipe est le duo du milieu constitué de Nadine Keßler et Lena Goeßling et son arme fatale celui d’attaque Martina Müller-Conny Pohlers. Alisa Vetterlein est déjà titulaire dans le but, Verena Faißt arpente déjà son côté gauche et Zsanett Jakabfi alimente déjà le duo d’attaque. En défense centrale, Josephine Henning est d’abord associée à l’expérimentée Navina Omilade (championne d’Europe 2001 et 2005 avec la Mannschaft) puis à Maren Tetzlaff et enfin à la néo-zélandaise Rebecca Smith. Ralf Kellermann fait jouer son équipe en 4-4-2 mais alterne à l’occasion avec le 3-5-2 allemand traditionnel.

Les Vertes concèdent trois défaites dont deux contre Potsdam qui coûtent cher au décompte final, mais battent deux fois Francfort, ce qui est aussi important. Conny Pohlers finit deuxième buteuse avec 19 buts derrière Genoveva Añonma 20, aucune autre joueuse ne dépassant les 10 buts.

La troisième défaite a lieu lors du match aller contre Duisbourg, autre cador de Bundesliga : il s’agit du dernier champion (en 2000) avant l’oligopole de Francfort et Potsdam. Wolfsbourg est le premier depuis.

En quasi faillite le club de la Ruhr a sans doute passé le témoin à Wolfsbourg comme troisième larron du trio de tête et pour marquer le coup, a vu partir Luisa Wensing et Alexandra Popp vers la Basse-Saxe. La dernière pierre à l’édifice est l’arrivée de Viola Odebrecht en provenance de Potsdam.

L’expérience européenne

Wolfsbourg s’apprête alors à disputer pour la première fois une Coupe d’Europe. Il est le cinquième club allemand à le faire. Les trois premiers, Francfort, Potsdam et Duisbourg ont remporté la compétition pour leur première participation. Seul le Bayern n’a pas réussi, éliminé par Montpellier. Wolfsbourg cherchera à faire aussi bien en s’appuyant donc sur un effectif expérimenté comptant plusieurs joueuse déjà titrées : Josephine Henning, Viola Odebrecht et Nadine Keßler en 2010 avec Potsdam, Alexandra Popp en 2009 avec Duisbourg (après avoir infligé à Lyon sa seule vraie défaite en Coupe d’Europe, 3-1 en demi-finale retour6), Conny Pohlers en 2008 avec Francfort, Navina Omilade avec déjà Viola Odebrecht et Conny Pohlers en 2005 avec Potsdam. Six joueuses dont trois devraient être sur la pelouse connaissent déjà l’événement pour l’avoir remporté (et la plupart ont eu l’occasion en plus de perdre une finale).

Conny Pohlers et Zsanett Jakabfi

Conny Pohlers et Zsanett Jakabfi

Conny Pohlers a non seulement gagné deux finales et perdu une (avec Potsdam contre Francfort en 2006) mais elle a marqué 8 buts en finales, en 6 matchs puisque cela se jouait à l’époque en match aller et retour. Si elle l’emporte cette année, elle deviendra la seule joueuse à avoir remporté la Coupe d’Europe pour trois clubs différents.

En outre, l’effectif compte 10 internationales allemandes dont 7 en activité mais seules Viola Odebrecht (Coupe du monde 2003), Navina Omilade (Euro 2001 et 2005), Martina Müller (Coupe du monde 2003 et 2007, Euro 2001 et 2009) et Conny Pohlers (Coupe du monde 2005 et Euro 2005) ont remporté un titre avec l’Allemagne, soit les trois qui ont pris leur retraite internationale (récemment pour Martina Müller puisque c’était contre la France en novembre pour sa 101e sélection) et Viola Odebrecht.

Cela peut sembler étonnant dans la mesure où la Mannschaft a trusté les titres, remportant toutes les éditions de l’Euro depuis 19957 et les Coupes du monde 2003 et 2007. Mais elle n’a plus rien remporté depuis 2009 et les autres internationales ne le sont que depuis 2010. Il faut d’ailleurs noter que contrairement à ses rivaux de Francfort et de Potsdam, l’effectif de Wolfsbourg n’est à peu près composé que de joueuses allemandes, en dehors de la Hongroise Zsanett Jakabfi et de la Néo-Zélandaise Rebecca Smith (qui n’a pas encore joué cette saison et qui quittera le club en fin de saison).

La plupart des joueuses sont passées par les sélections de jeunes et a eu l’occasion de remporter des titres et de disputer des finales. Il faut dire que Wolfsbourg est une équipe jeune. Sa moyenne d’âge pondérée par le temps de jeu8 est de 24,5 ans et elle est nettement augmentée par Viola Odebrecht (30 ans), Martina Müller (33 ans) et Conny Pohlers (34 ans). Parmi les autres joueuses qui ont joué plus de l’équivalent de 5 matchs, seule Ivonne Hartmann (31 ans) et Anna Blässe (26 ans) ont plus de 25 ans.

La stabilité lyonnaise

En comparaison, la moyenne d’âge pondérée des Lyonnaises est de 26,8 ans et le gros de l’effectif lyonnais a entre 26 et 29 ans, en dehors de Wendie Renard (22 ans) et d’Eugénie Le Sommer (23 ans) d’un côté et de Sonia Bompastor, Laetitia Tonazzi et Sabrina Viguier (32 ans) de l’autre côté.

Doubles championnes en titre, les Lyonnaises ont bien entendu l’expérience des finales de Coupe d’Europe en dehors des joueuses arrivées cette saison, Élise Bussaglia, Laura Agard et Laetitia Tonazzi, le cas des deux recrues hivernales Megan Rapinoe et Shinobu Ohno étant particulier puisque si elles n’ont pas d’expérience en Ligue des Championnes, elles en ont sur leur continent respectif et qu’elles ont surtout joué les deux dernières finales mondiales avec leurs sélections. Et de toute façon, parmi ces recrues, seule Megan Rapinoe peut envisager d’être titularisée pour cette finale.

Face à une équipe de Wolfsbourg qui compte essentiellement des joueuses arrivées depuis 2009 (dont 7 titulaires arrivées ces deux dernières saisons), l’OL frappe par sa stabilité : 9 des titulaires de la demi-finale aller contre Juvisy l’étaient déjà lors de la finale de Craven Cottage il y a deux ans, et Lara Dickenmann titulaire cette fois était alors entrée en jeu, tout comme Eugénie Le Sommer, remplaçante et entrée les deux fois. Les chiffres sont équivalents au retour (si ce n’est qu’Élodie Thomis et Eugénie Le Sommer ont échangé leur places). À ces joueuses, on peut ajouter Amel Majri qui était déjà dans le groupe et Corine Franco qui était blessée les deux fois.

Treize joueuse sont donc encore présentes deux ans après et parmi les joueuses qui avaient eu un temps de jeu conséquent dans la campagne 2011, seule Shirley Cruz est partie. Et a contrario, parmi les arrivantes, seule Megan Rapinoe semble pouvoir être titulaire, et Élise Bussaglia ou Laetitia Tonazzi9 pourraient entrer en jeu.

En remontant plus loin, 7 joueuses10 étaient de la demi-finale perdue contre Duisbourg en 2009 et 5 de la précédente contre Umeå en 2008 (mais pas les mêmes)11.

Louisa Necib et Corine Franco

Louisa Necib et Corine Franco

Mécaniquement, l’effectif est très expérimentée avec près d’une dizaine de joueuses ayant participé au moins à 6 demi-finales et 3 finales, six joueuses devraient même participer à leur quatrième finale de rang et en comptant la demi-finale de Montpellier en 2006, Élodie Thomis a joué 7 demi-finales.

Du côté des sélections même, l’expérience n’est pas non plus tellement à l’avantage des Allemandes dans la mesure lors des deux dernières compétitions, les Bleues ont réussi un meilleur parcours que les Allemandes. Douze joueuses ont participé aux demi-finales mondiales et Olympiques des Bleues, sans compter Lotta Schelin, troisième de la Coupe du monde avec la Suède et bien sûr Megan Rapinoe championne Olympique et vice-championne du monde et Shinobu Ohno championne du monde et vice-championne Olympique.

Au delà du niveau individuel, cette stabilité et cette expérience expliquent sans doute la facilité pour se hisser en finale. Un bon exemple est donné par le match aller face à Zorkiy, prétendante au titre en Russie, donc un peu plus qu’un faire valoir. La météo était neigeuse et le terrain peu praticable et les dirigeants du club russe tentaient de faire reporter le match au lendemain. Après divers atermoiements, le coup d’envoi était finalement donné avec une quarantaine de minutes de retard. Ces conditions auraient pu décontenancer une équipe novice et le match aurait pu se transformer en traquenard. Mais pas pour cette équipe là qui en avait vu suffisamment d’autres et qui mettait vite les choses au point en menant 3-0 au bout d’une demi-heure et 9-0 à la fin. On était assez loin de l’équipe de 2008 qui ne savait pas si elle devait attaquer ou attendre à 1-1 contre Umeå à Gerland.

Revue d’effectif(s)

Il est difficile de dégager une équipe type pour Lyon lors de cette saison, surtout en Coupe d’Europe : l’effectif compte 23 joueuses professionnelles, un vingtaine a joué plus de 450 minutes (l’équivalent de 5 matchs) toutes compétitions confondues et la rotation a été importante dans les matchs plus facile, ce qui a en particulier été le cas de matchs retour des deux premiers tours de Coupe d’Europe. Ainsi Amel Majri, Laura Agard, Makan Traoré et Céline Deville ont été titulaires dans ces conditions. Aucune joueuse n’a participé à l’intégralité de la campagne, chacune ayant eu au moins un match complet de repos.

Toutefois, on peut dégager des grandes tendances. Le poste de gardienne ne fait pas débat : Sarah Bouhaddi est titulaire. Céline Deville a joué un peu dans toutes les compétitions et Pauline Peyraud-Magnin a récemment été titularisée contre Arras mais il ne s’agit que de gestion de l’effectif et la hiérarchie est claire.

L’axe de la défense est plus épineux. Wendie Renard est indiscutable hors blessure et mise au repos. Laura Georges est celle qui a joué le plus à ses côté, mais Sabrina Viguier n’est pas très loin. Toutefois, pour les matchs au sommet et hors blessure ou suspension, c’est en général la première qui est alignée cette saison.

Lara Dickenmann

Lara Dickenmann

Les postes de latérales possèdent une titulaire et une remplaçante (la même pour les deux) qui a impressionné. Corine Franco à droite et encore plus Sonia Bompastor à gauche sont titulaires indiscutables. Mais au fil de leurs blessures et en l’absence de vraie spécialiste, c’est Lara Dickenmann qui est devenue la première solution de remplacement, voire un peu mieux.

L’empire du milieu

Depuis le départ de Shirley Cruz et avec les nombreuses blessures d’Élise Bussaglia, le milieu de terrain ne fait pas débat : Amandine Henry, Camille Abily et Louisa Necib sont indiscutables et sont les trois joueuses de champ les plus utilisées. La Nordiste tient le poste sentinelle et les deux autres alternent entre celui de relayeuse et celui de meneuse, en général au sein même d’un match. En l’absence de l’une d’entre elles, c’est normalement Élise Bussaglia qui joue soit comme sentinelle soit comme relayeuse. On a vu également Sonia Bompastor monter et bien sûr Lara Dickenmann dépanner puisqu’elle peut jouer avec bonheur à peu près à tous les postes.

Lotta Schelin

Lotta Schelin

Devant, Lotta Schelin est bien sûr indiscutable comme avant-centre, même si en raison de blessures et de mises au repos, elle a joué moins que Laetitia Tonazzi. Mais elle a été titularisée pour tous les matchs importants, avec succès puisqu’elle marque à peu près à chaque fois et souvent des doublés. Elle talonne Conny Pohlers (et Patrizia Panico) pour le titre de meilleure buteuse de la phase finale12 de la Ligue des Championnes avec 7 buts tous marqués en quart et en demi-finales, alors qu’elle n’avait à peu près pas joué les tours précédents.

Quatre joueuses se disputent les deux places d’ailières dans le système en 4-3-3 le plus fréquent à Lyon. Les plus utilisées ont été Lara Dickenmann et Eugénie Le Sommer mais les chiffres sont trompeurs. La Suissesse a été largement utilisée à tous les autres postes et la Bretonne est rarement titulaire lors des gros matchs, seulement au match aller contre le PSG en championnat, contre Juvisy à Gerland en Coupe d’Europe, plus le match retour contre Malmö. Dans les grandes occasions, c’est plutôt Élodie Thomis qui est alignée d’entrée, et depuis son arrivée Megan Rapinoe.

Ces postes d’attaque sont aussi ceux où se font les remplacements en cours de match. Au-delà de la question des titulaires, il est courant que les 6 joueuses d’attaque participent au match.

Sarah Bouhaddi - Sonia Bompastor, Laura Georges, Wendie Renard, Corine Franco - Amandine Henry, Louisa Necib, Camille Abily - Megan Rapinoe, Élodie Thomis, Lotta Schelin

La recherche d’équilibre

Des trois principales recrues du début de saison à Wolfsbourg, seule Luisa Wensing arrivait sur un poste où elle pouvait prendre la place de la titulaire. L’arrière droite titulaire de la saison précédente était Stephanie Bunte qui n’est pas internationale et assez naturellement, l’ancienne joueuses de Duisbourg s’est emparée de la place. En dehors du premier tour de Coupe d’Allemagne (« DFB-Pokal der Frauen ») contre l’équipe de deuxième division de Berlin-Lübars et du récent match contre Potsdam où Ralf Kellermann avait fait tourner, elle a été titularisée à chaque match. Elle est la joueuse la plus utilisée, aussi bien en temps de jeu qu’en nombre de matchs.

La situation était différente pour Viola Odebrecht et Alexandra Popp qui venaient en concurrence des deux principaux duos de la saison précédente. Au milieu, Nadine Keßler et Lena Goeßling avaient été titulaires à chaque match et devant Conny Pohlers et Martina Müller étaient aussi une des forces de l’équipe. L’arrivée d’Alexandra Popp, 22 ans, est sans doute lié à l’âge des deux titulaires (34 et 33 ans) et à la nécessité de préparer l’avenir. Celle de Viola Odebrecht, de 5 ans plus âgée que ses concurrentes répondait sans doute à un besoin plus immédiat.

Comme souvent dans ces cas là, la solution aura finalement été une réorganisation pour permettre de faire jouer tout ce beau monde ensemble.

Devant Alisa Vetterlein, indiscutable dans le but, même si elle a laissé quelques matchs à Jana Burmeister, la charnière devait être constituée de Josephine Henning et de Maren Tetzlaff. Mais cette dernière s’est rompu les ligaments croisés en mai dernier et vient seulement de faire son retour. Pour la remplacer, Wolsbourg a fait signer Carolin Simon en provenance d’Hambourg. Mais dès le début de saison, c’est en fait Lena Goeßling qui a pris place en défense pour constituer un quatuor international avec Josephine Henning, Luisa Wensing et Verena Faißt. Elles ont été titularisées ensemble en défense 17 fois sur la trentaine de matchs de cette saison.

Nadine Keßler

Nadine Keßler

Ce replacement résolvait le problème du milieu où Viola Odebrecht a pris simplement la place libérée par Lena Goeßling à côté de Nadine Keßler, reformant un duo déjà vu à Potsdam.

La rotation est plus importante aux postes offensifs et le système de jeu plus variable mais dans l’ensemble Wolfsbourg joue plutôt en 4-4-2 avec des milieux excentrées ou des ailières suivant l’interprétation que l’on en a. La Hongroise Zsanett Jakabfi était indiscutable jusqu’à sa blessure fin mars. L’autre côté devait plutôt être occupée par Anna Blässe, mais assez tôt dans la saison, l’alternance entre les trois attaquantes s’est transformée en un replacement de Martina Müller sur le côté et un duo d’attaque Conny Pohlers-Alexandra Popp. Anna Blässe a continué à avoir du temps de jeu entre les blessures et les mises au repos des autres, surtout depuis fin mars donc mais le schéma des matchs à enjeu était bien celui permettant de faire jouer les trois attaquantes.

Alisa Vetterlein - Verena Faißt, Josephine Henning, Lena Goeßling, Luisa Wensing - Nadine Keßler, Viola Odebrecht - Martina Müller, Zsanett Jakabfi - Conny Pohlers, Alexandra Popp

Le casse tête de Ralf Kellermann

Une feuille de match de finale n’est pas une opposition d’équipes type. Le contexte, l’état de forme, les blessures et l’opposition jouent un rôle. Même si Wolfsbourg est novice à ce niveau de compétition, ses joueuses ne le sont pas et il ne devrait pas y avoir de révolution tactique en finale : il est probable que Lyon emploie son habituel 4-3-3 et Wolfsbourg son 4-4-2.

Du côté de Patrice Lair, il n’y a des (petites) incertitudes sur trois postes, la défenseuse centrale à côté de Wendie Renard et les deux ailières. Si l’on s’en tient à ce qui a été fait cette saison on devrait avoir Laura Georges, Élodie Thomis et Megan Rapinoe, qui seraient d’ailleurs les trois seules entrantes par rapport aux titulaires de la finale de Münich13 (et ce qui ferait neuf titulaires en commun avec celle de Craven Cottage, quand on parle de stabilité…).

Patrice Lair

Patrice Lair

Pour l’instant, la seule joueuse qui risque d’être indisponible est Laetitia Tonazzi, ce qui ne changerait pas l’équipe de départ mais modifierait la stratégie de coaching puisqu’elle entre assez systématiquement.

Ralf Kellermann va avoir plus de difficultés à bâtir son équipe avec trois titulaires indiscutables absentes, dont deux dans son milieu de terrain absente. Viola Odebrecht est suspendue pour avoir reçu un second carton jaune au match retour contre Arsenal alors que la qualification était déjà en poche, Zsanett Jakabfi est blessée à la cheville et absente jusqu’à la fin de la saison, et Alexandra Popp s’est blessée lors du dernier match de championnat contre Bad Neuenahr. Comble de malchance, la jeune espoir Selina Wagner qui avait un profil intéressant pour remplacer l’ancienne joueuse du MTK Budapest et qui revenait d’une rupture des ligaments croisés s’est à nouveau blessée au genou lors de sa deuxième titularisation après une saison et demi blanche.

L’ancienne joueuse de Potsdam pourrait être remplacée poste pour poste par Ivonne Hartmann, mais avec l’absence de la Zsanett Jakabfi, il est probable que Ralf Kellermann va remonter Lena Goeßling au milieu comme il l’a régulièrement fait, en particulier en Coupe d’Europe en l’absence de Viola Odebrecht ou de Nadine Keßler. Il reformerait ainsi le duo de la saison dernière.

Ralf Kellermann

Ralf Kellermann

Il est peu probable par contre que le duo d’attaque soit reformé en l’absence d’Alexandra Popp, à cause du manque de solution sur les côtés avec les blessures de Zsanette Jakabfi et Selina Wagner. Martina Müller devrait rester côté gauche et Lina Magull entrer à la place d’Alexandra Popp. Zsanett Jakabfi serait elle remplacée par Anna Blässe.

Il resterait alors à trouver qui accompagnera Josephine Henning dans l’axe de la défense. Maren Tetzlaff vient seulement de reprendre et Carolin Simon est partie cet hiver. Les deux joueuses qui ont occupé le poste, en particulier quand Lena Goeßling montait au milieu sont Ivonne Hartmann et Laura Vetterlein (jeune sœur de la gardienne). Elles étaient titulaires lors de la récente défaite contre Potsdam et on ne peut pas dire qu’elles ont marqué des points dans une équipe très remaniée cependant. Laura Vetterlein a commencé arrière gauche derrière une Verena Faißt ailière avant de permuter pour la fin de la première mi-temps et de sortir à la pause. Ivonne Hartmann s’en est plutôt mieux tiré mais sans plus. Elle part sans doute favorite pour être titulaire.

Feuille de match probable :

VfL Wolfsbourg : 1-Alisa Vetterlein – 22-Verena Faißt, 18-Ivonne Hartmann, 27-Josephine Henning, 2-Luisa Wensing – 13-Nadine Keßler (cap.), 28-Lena Goeßling – 9-Anna Blässe, 25-Martina Müller – 14-Lina Magull, 26-Conny Pohlers

Olympique Lyonnais : 26-Sarah Bouhaddi – 18-Sonia Bompastor (cap.), 3-Wendie Renard, 5-Laura Georges, 17-Corine Franco – 6-Amandine Henry, 10-Louisa Necib, 23-Camille Abily – 7-Megan Rapinoe, 12-Élodie Thomis, 8-Lotta Schelin

Les joueuses

Nom Prénom Nat. Nais. Taille Matchs Temps Buts
1 Vetterlein Alisa 22/10/1988 1,69 29 2610 0
12 Burmeister Jana 06/03/1989 1,80 4 360 0
29 Frohms Merle 28/01/1995 1,73 1 90 0
2 Wensing Luisa 08/02/1993 1,73 33 2859 2
22 Faißt Verena 22/05/1989 1,73 32 2724 4
28 Goeßling Lena 08/03/1989 1,71 32 2487 5
27 Henning Josephine 08/08/1989 1,75 31 2755 0
17 Vetterlein Laura 07/04/1992 1,71 8 438 1
7 Odebrecht Viola 11/02/1983 1,75 30 2512 5
13 Keßler Nadine 04/04/1988 1,69 28 2314 12
9 Blässe Anna 27/02/1987 1,66 28 1759 2
3 Jakabfi Zsanett 18/02/1990 1,72 22 1687 10
18 Hartmann Ivonne 15/09/1981 1,72 21 1295 0
10 Wagner Selina 06/10/1990 1,70 10 205 1
23 Omilade-Keller Navina 03/11/1981 1,75 11 412 1
15 Jäger Annabel 06/01/1994 1,70 4 190 0
26 Pohlers Conny 16/11/1978 1,64 33 2372 32
25 Müller Martina 18/04/1980 1,61 33 2319 19
11 Popp Alexandra 06/04/1991 1,74 31 2306 16
14 Magull Lina 15/08/1994 1,66 26 749 4
20 Bunte Stephanie 14/02/1989 1,62 18 993 0
5 Tietge Johanna 16/04/1996 1,67 1 90 0
6 Tetzlaff Maren 03/08/1988 1,64 1 28 0
8 Chandraratne Eve 20/06/1989 1,57 0 0 0
16 Smith Rebecca 17/08/1981 1,74 0 0 0
Nom Prénom Nat. Nais. Taille Matchs Temps Buts
26 Bouhaddi Sarah 17/10/1986 1,75 26 2385 0
1 Deville Céline 24/01/1982 1,73 6 495 0
16 Peyraud-Magnin Pauline 17/03/1992 1,73 1 90 0
18 Bompastor Sonia 08/06/1980 1,62 27 2155 2
5 Georges Laura 20/08/1984 1,72 23 1912 2
3 Renard Wendie 20/07/1990 1,87 22 1767 7
20 Viguier Sabrina 04/01/1981 1,69 24 1841 2
17 Petit-Franco Corine 05/10/1983 1,78 22 1679 5
11 Agard Laura 26/07/1989 1,75 14 1152 1
19 Perisset Eve 24/12/1994 1,57 1 13 0
6 Henry Amandine 28/09/1989 1,71 30 2527 11
10 Necib Louisa 23/01/1987 1,68 30 2194 8
23 Abily Camille 05/12/1984 1,68 30 2382 29
15 Bussaglia Elise 24/09/1985 1,63 12 687 3
25 Majri Amel 25/01/1993 1,68 13 801 3
4 Traoré Makan 27/06/1993 1,67 5 203 0
21 Dickenmann Lara 27/11/1985 1,65 27 1842 8
9 Le Sommer Eugénie 18/05/1989 1,61 31 1867 24
12 Thomis Elodie 13/08/1986 1,68 27 1619 14
8 Schelin Lotta 27/02/1984 1,79 23 1575 34
24 Tonazzi Laetitia 31/01/1981 1,72 29 1703 33
7 Rapinoe Megan 05/07/1985 1,70 13 778 4
22 Otaki Ami 28/07/1989 1,72 15 646 12
29 Ohno Shinobu 23/01/1984 1,55 7 387 1
  1. Potsdam par Brøndby et Francfort par Kolbotn en 2007, le Bayern par Montpellier en 2010, Potsdam par Lyon en 2012. Jusque là, la main de Mickey suffisait.
  2. Arrêts de jeu qui auront peut-être coûté le titre à Potsdam qui avait été défait dans les mêmes conditions par Francfort sur un but de Fatmire Bajramaj. Deux points de plus pour Potsdam, 2 de moins pour Wolfsbourg et Francfort, le titre ne serait pas encore joué. Mais c’est du football fiction.
  3. Pas tout à fait mathématiquement, mais presque avec 6 points d’avance à 2 journées de la fin et une avance de 27 à la différence de buts.
  4. Qui sera obtenue trois jours plus tard à Leverkusen.
  5. Le club du VfL Wolfsbourg dépend de la société VfL Wolfsburg-Fußball GmbH qui une filiale de Volkswagen. La ville même de Wolfsbourg s’est développée autour de l’usine Volkswagen et n’était qu’un village à l’ouverture de celle-ci en 1938.
  6. Le seul autre match perdu par les Lyonnaises en Coupe d’Europe a eu lieu l’année suivante à Torres en quart de finale retour, sans conséquence pour la qualification.
  7. Entre 1987 et 1997, l’Euro avait lieu tous les deux ans.
  8. Concept certes fumeux mais très opérationnel qui consiste à calculer la moyenne d’âge en pondérant par le nombre de minute passées sur le terrain.
  9. Si elle est remise de sa blessure
  10. Wendie Renard, Lara Dickenmann, Laura Georges, Louisa Necib, Élodie Thomis, Corine Franco et Lotta Schelin.
  11. Wendie Renard, Laura Georges, Louisa Necib, Élodie Thomis, Camille Abily et Sonia Bompastor, les deux dernières ayant fait un tour aux Amériques entre temps.
  12. En comptant la phase de qualification, c’est la Roumaine Laura Rus de l’Apollon Limassol qui est meilleure buteuse avec 11 buts dont 5 lors de la victoire 21-0 contre les Albanaises de l’Ada Velipoje.
  13. Même si le système était un peu différent avec Louisa Necib sur le côté et Shirley Cruz au milieu


11 commentaires pour “Des louves contre les lionnes”

  1. Bravo pour cet article très complet

  2. Comme d’hab, la qualité et la compétence rares des articles de CHR$…

  3. Merci, Toujours aussi intéressant.

  4. Excellent article, très complet et pro. Un régal à lire.
    Merci et bravo à l’auteur.

  5. Quel article !! Bravo ! ça fait plaisir de voir un article aussi complet et documenté.. Vous faites honneur au foot féminin !

  6. tu t’es surpassé dollarman! merci!

  7. Très bien écrit mais il manque l’essentiel : quand aura lieu la finale ?

  8. Message à l’ animateur de ce blog : pouvez-vous me contacter par mail, j’ aimerai vous faire part d’ une page totalement inédite de l’ histoire du Football Féminin des années 70/80, qui a une nouvelle résonnance aujourd’hui au regard d’ évènement en EdF.

  9. La finale c’est le 23 mai à 20h30

    Diffusée sur eurosport

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