Master Of Puppets
Rock Around The World Cup – Acte IX. 1986, c’est l’année où tout explose: la centrale de Tchernobyl, la navette Challenger, le thrash metal et l’Argentine de Maradona…
Auteur : Brice Tollemer
le 26 Mars 2010
Initialement, la Colombie était censée organiser la treizième édition de la Coupe du monde. Mais des difficultés économiques ont contraint le pays à déclarer forfait. Le Mexique devient ainsi la première nation à recevoir deux fois le tournoi, seize années après le fabuleux Mundial de 1970. Néanmoins, le chiffre 13 semble fidèle à sa réputation puisqu’un tremblement de terre touche Mexico quelques mois avant le début de la compétition et provoque la mort de dix mille personnes. Le Stade Azteca et ses 115.000 places ayant résisté au séisme, la Coupe du monde est maintenue.
La France avec son carré magique (Platini, Giresse, Tigana, Fernandez), championne d’Europe en titre, débute doucement sa phase de poules en battant timidement le Canada 1-0 (grâce à Jean-Pierre Papin), arrache le match nul contre l’Union soviétique d’Igor Belanov et dispose aisément de la Hongrie trois buts à rien. En huitièmes de finale, les hommes d’Henri Michel (qui a succédé à Michel Hidalgo) deviennent réellement favoris en éliminant les champions du monde italiens. Dans les autres rencontres, l’Argentine remporte son derby face à l’Uruguay, le Brésil et l’Angleterre se débarrassent facilement de la Pologne et du Paraguay et l’Allemagne bataille pour venir à bout du Maroc. Mais la sensation vient de la Belgique, qui défait l’URSS après prolongation, quatre buts à trois au cours d’un match complètement fou…
La mort au tournant
À la même période, d’autres diables rouges font parler la poudre. C’est véritablement en 1986 que le thrash metal fait une entrée fracassante dans le monde du rock: Slayer livre son plus grand album avec Reign In Blood tandis que Metallica n’est pas en reste, en proposant Master Of Puppets. C’est déjà le troisième disque des Four Horsemen, après Kill’ Em All et Ride The Lightning. Si James Hetfield et Lars Ulrich sont encore de la partie pour ce disque, il n’en est pas de même pour d’autres membres. Le guitariste Dave Mustaine fut ainsi mis à l’écart du groupe en 1983, officiellement pour des problèmes d’alcool, et remplacé par Kirk Hammet. Mustaine s’en alla alors fonder Megadeth, mais d’après le documentaire Some Kind Of Monster, il ne s’est toujours pas remis de son éviction.
Reign In Blood est également le troisième album de Tom Araya, Jeff Haneman, Kerry King et Dave Lombardo. Produit par Rick Rubin (Run-DMC, Beastie Boys), il porte le titre officieux du meilleur album de thrash metal de tous les temps, avec notamment une chanson comme Angel Of Death, qui évoque le médecin nazi d’Auschwitz, Joseph Mengele. Si les thèmes de Master Of Puppets tendent plutôt vers l’aliénation, la drogue et la folie, le succès et l’impact du disque sont tout aussi grands. Un retentissement dont ne pourra profiter Cliff Burton: au cours de la tournée européenne qui suit la sortie de l’album, le bassiste de Metallica décède, lors de l’accident du tour-bus du groupe en Suède…
Dieu, Maradona et Platini
On ne sait pas trop qui est ce maître des marionnettes, peut-être Dieu. En tout cas, en football, il doit être Argentin pour tirer les ficelles de cette façon. En quarts de finale, Diego Maradona élimine en trois minutes l’Angleterre de Gary Lineker, meilleur réalisateur du tournoi. Premier acte, il inscrit son premier but de la main en trompant le pauvre Peter Shilton. Second acte, il réalise le doublé en parcourant plus de cinquante mètres avec le ballon et en dribblant tous les sujets de Sa Majesté. Les trois autres quarts de finale se concluent à l’issue des tirs au but. Après 1982, la France accomplit un autre match de légende, cette fois-ci face au Brésil de Telê Santana. Guadalajara succède à Séville dans le Hall Of Fame du football tricolore.
Le champion d’Europe face au vainqueur de la Copa America. Le coup d’envoi est donné aux alentours de midi et il fait une chaleur accablante au cœur du stade Jalisco. Et le Brésil est en folie. Careca ouvre le score après dix-sept minutes de jeu et Muller tire sur le poteau une minute après. Les Bleus parviennent à égaliser juste avant la mi-temps par l’intermédiaire de Michel Platini. À la reprise, ce sont les Auriverde qui repartent à l’assaut mais Careca trouve la barre transversale et Zico se heurte à Joël Bats sur penalty. La prolongation est dans cette même veine d’occasions insensées, mais ne se révèle pas décisive. Lors de la séance des tirs au but, Bats est héroïque, Platini envoie son ballon dans le désert mexicain et Luis Fernandez emmène toute la France en demi-finale contre la RFA Malheureusement, comme en 1982, l’Allemagne brise les rêves tricolores de finale. Une finale que Lothar Matthaus et les siens perdent pour la seconde fois consécutive, cette fois-ci face au Pibe del Oro, qui sera rattrapé quelques années plus tard par le véritable master of puppets de la chanson…
Pour les puristes : une version de 1986 avec Cliff Burton et une prise de son rustique.
Rock Around the Worldcup - 1954 : That's Alright Mama
Rock Around the Worldcup - 1958 : Johnny B. Goode
Rock Around the Worldcup - 1962 : A Hard Rain’s a-Gonna Fall
Rock Around the Worldcup - 1966 : My Generation
Rock Around the Worldcup - 1970 : With A Little Help From My Friend
Rock Around the Worldcup - 1974 : Wish You Were Here
Rock Around the Worldcup - 1978 : White Riot
Rock Around the Worldcup - 1982 : The Number of The Beast
Rock Around the Worldcup - 1990 : Here Comes Your Man
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L'auteur de la série Rock Around the World Cup l'est également de deux ouvrages hautement recommandables, parus en 2009: Rage Against The Machine - Ennemis Publics, une biographie aux éditions Camion Blanc et Vitalogy - Pearl Jam, un petit essai sur l'album, chez Le Mot Et Le Reste.