Marque attaque
La magie de la publicité permet de transformer les stars du foot en aimables gamins et de faire prendre les vessies pour des ballons… L'Euro sert aussi à ça.
Auteur : Euroniouzes, le journal de l'Euro
le 11 Juin 2004
Ah, si la vie ressemblait vraiment au monde merveilleux de la publicité… Nous nagerions dans le bonheur (dans les piscines qui borderaient nos maisons d'architecte de 1500 mètres carrés), toutes les femmes seraient jeunes et belles, elles tomberaient amoureuses à la seule vue de notre dernier téléphone Motorola, tous les hommes seraient terriblement sexistes, mais musclés et riches, le nucléaire serait vraiment un truc aussi cool que dans un spot pour Areva, les produits Kinder seraient vraiment des armes de lutte contre l'obésité infantile, les multinationales seraient vraiment des organisations philanthropiques acharnées à faire le bonheur de l'humanité, les fromages industriels seraient vraiment fabriqués dans des bergeries bucoliques et les Opel seraient vraiment de bonnes voitures, etc. Et dans ce monde-là, il n'y aurait pas d'Arabes (ça fait pas vendre, à part des programmes politiques sécuritaires). Sauf Zidane, évidemment (qui préfère Ford). Un jeu d'enfants Depuis plusieurs années maintenant, Nike et Adidas se livrent à une surenchère vedettariale dans les spots publicitaires précédant les grandes compétitions. À quelques jours de l'Euro 2004, les deux géants mondiaux de l'équipement sportif ont donc récidivé en sortant l'artillerie lourde. Chez Nike, on a retenu pour têtes d'affiche les sélections portugaise et brésilienne: on voit ainsi sur les écrans Ronaldo, Figo, Nuno Gomes ou Ronaldinho commencer dans les couloirs du stade le match qui doit les opposer quelques minutes plus tard, et se chambrer à tour de rôle en poussant des "Ole" narquois à chaque passement de jambes ou petit-pont. Du côté d'Adidas, Zidane, Beckham ou Vieri sont présentés en bikers cheap, partant pour Lisbonne en scooter et agrémentant leur voyage par des matches de foot improvisés sur des aires d'autoroute ou des terrains vagues, disputés avec des vrais gens. Délibérément léger, donc — en tout cas plus léger que les campagnes Nike qui avaient accompagné le Mondial 98 avec une esthétique douteuse (voir Fascisme light et marketing lourd).
|
|