Lilian Thuram
Bloqué au sommet
Disons-le, Lilian Thuram est providentiel. Il est celui auquel on voudrait identifier l'équipe de France tant il rassemble de qualités sportives et humaines. Malgré sa préférence affichée pour la défense centrale, où une place lui semblait offerte avec la retraite de Laurent Blanc, il a "sacrifié" toute sa carrière internationale en occupant le couloir droit. Il a fait même bien mieux, puisqu'il est devenu un des meilleurs du monde à ce poste, au risque de s'y voir à nouveau confiné au sein de la Juve. Dans les deux cas, les lignes ajoutées à son palmarès ne peuvent lui donner de regrets trop profonds.
Sa légende personnelle restera toujours liée à son exploit en demi-finale de la Coupe du monde, récompense improbable et providentielle, et l'on gardera l'image de sa rage de gagner, notamment en quart de finale 1998 contre l'Italie. Sa relation intime avec le Calcio, dont il a enfin remporté le championnat en quittant Parme, semble destinée à se prolonger. Espérons qu'il en ira de même pour son histoire avec les Bleus.
Son point fort
Le passage du couloir droit au rouleau compresseur.
Son point faible
L'absence de point faible.
Son geste technique
Le ratissage du ballon simultanément à l'impact avec l'adversaire.
Son objectif personnel
Faire un doublé en finale.
Le point de vue de Jean-Patrick Sacdefiel (1)
Le statut (la statue) de Lilian Thuram est une preuve éclatante du gigantesque malentendu engendré par cette équipe de France qui se voudrait la plus grande de l'histoire. Comment un joueur qui a la technique de Basile Boli (contrôle de trois mètres minimum), l'élégance d'un hockeyeur et qui est incapable de centrer pourrait-il faire partie des meilleurs défenseurs du monde, qu'il soit latéral ou stoppeur? Sans ses deux buts totalement miraculeux contre la Croatie, le tournant de sa carrière aurait été son apparition dénudée dans "Les yeux dans les Bleus". Et avec des dreadlocks, il aurait été impossible de le distinguer de Christian Karembeu sur le terrain.
(1) La rédaction des Cahiers du football décline toute responsabilité envers les propos de notre atrabilaire consultant, qui souffre d'un aigrissement général l'ayant conduit à une haine maladive envers les Bleus (voir sa légendaire première contribution)