L'appel des transferts
Une balle dans le pied – Le mercato, saison des fantasmes et du journalisme approximatif...
Auteur : Jérôme Latta
le 15 Juin 2011
La saison des clubs terminée, le temps additionnel de l'équipe de France consommé, voici la trêve estivale, une période redoutable pour les médias sportifs, sevrés de compétition et privés de joueurs partis aux Seychelles, mais auxquels il reste tout de même une actualité providentielle: celle du marché des transferts – rebaptisé "mercato" il y a quelques années, pour une raison qui nous échappe, mais qui tient probablement du marketing.
FICTIONS DE L'ÉTÉ
Il est en effet bien besoin d'habiller ladite actualité, qui ne s'apparente que de loin avec la notion d'information, tant elle brasse une majorité de spéculations et de rumeurs. S'il ne fallait conserver que l'annonce des transferts réalisés, c'est l'essentiel de la matière première qui disparaîtrait. Et le fait est que des journalistes se permettent de relayer allègrement des allégations non vérifiées, dont une bonne partie émanent des acteurs du mercato – agents de joueurs en particulier, qui font monter les enchères en inventant "l'intérêt" d'un club pour tel de leurs poulains. Le simple fait qu'une allégation circule devient une information en soi, qu'il est alors légitime de reprendre, illustrant avec une acuité particulière la circulation circulaire de l'information.
Anecdote éclairante: en juillet 2006, deux membres d'un forum de supporters inventent Borisio Ferrara, "jeune milieu de terrain de vingt ans appartenant à Livourne, un numéro 6 connu pour être un aboyeur", qui intéresserait l'AS Saint-Étienne. Ils voient leur canular repris par France Football. Une fois la mystification (qui aura entre-temps été reprise par d'autres médias) révélée, le bihebdomadaire fait disparaître Ferrara de son tableau des transferts... sans publier d'erratum (lire "Entre ici, Borisio Ferrara" et voir le "site officiel" de Borisio).
(...)
La suite sur