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La peau de l'arbitre

Tribune des lecteurs - "J'en ai assez". Ainsi Anders Frisk a-t-il commenté sa retraite, après avoir subi les pressions de José Mourinho et les menaces de "supporters". Un épisode éclairant sur les mœurs du foot...
Auteur : Bastien Landerakis le 16 Mars 2005

 

Anders Frisk est reconnu de tous comme l'un des plus grands arbitres de son époque, comptant à son palmarès trois Championnats d'Europe (dont une finale), une Coupe du monde et de nombreux matches européens. Pourtant, quelques mots du "sage" Mourinho auront suffi à faire de lui le souffre-douleur de certains supporters anglais. Seize jours plus tard, accablé par des courriers, des e-mails et des coups de téléphone, Anders Frisk décide de raccrocher son sifflet pour protéger sa vie et celle de sa famille. Des menaces émanant, peut-être, des mêmes supporters britanniques qui étaient allés planter leur drapeau dans le jardin d'Urs Meier — une autre figure de l'arbitrage international, après qu'il eut osé refuser le but de Sol Campbell contre le Portugal, en quarts de finale de l'Euro 2004 —, avant de menacer de mort l'arbitre Suisse et sa famille... Cette fois, ils ont eu gain de cause: à quarante-deux ans, Frisk, déjà blessé par un projectile reçu en plein visage lors du match de Ligue des champions entre l'AS Rome et le Dynamo de Kiev, le 14 septembre dernier, a décidé de tourner la page de l'arbitrage, définitivement. Est-il normal qu'un homme dont la vie a été dédiée au football professionnel doive s'en aller sous la pression de quelques irresponsables? Est-il tolérable, surtout, que le "Grand sorcier" José Mourinho ait le pouvoir de décider de l'intégrité d'un arbitre par des allusions totalement infondées et ainsi déclencher un processus le poussant vers la sortie? Petit rappel des faits - 23 février 2005 : Barcelone reçoit Chelsea en huitième de finale aller de la Ligue des Champions: Didier Drogba est expulsé pour un deuxième carton jaune et Barcelone l'emporte 2-1. Après le match, Mourinho ne se présente pas à la conférence de presse et se contente de déclarer au journal Portugais Recoa: "Quand j'ai vu Rijkaard entrer dans le vestiaire de l'arbitre, je n'ai pas pu y croire. Mais quand j'ai vu Drogba se faire expulser, je n'ai pas été surpris". Des assertions formellement démenties par M. Frisk: "J'ai tellement d'expérience que tout le monde devrait comprendre que je ne laisserai jamais un entraîneur entrer dans mon vestiaire pendant un match". Mourinho surenchérit cependant et émet le souhait de voir le match retour arbitré par M. Collina, "Un arbitre parfait, de qualité, avec une grande personnalité". L'UEFA aurait pu réagir sur les propos, mais se contente de condamner à demi-mot ("Une enquête à été ouverte") l'attitude de Mourinho a la mi-temps et a la fin du match (Retard des joueurs sur la pelouse et absence du Portugais à la conférence de presse d'après match), et désigne... Pierluigi Collina pour arbitrer le match, conformément aux souhaits du technicien [NDLR : l'UEFA a argué que l'Italien ayant été désigné avant les déclarations de Mourinho, il n'était pas question pour elle de changer cette assignation sous la pression du contexte]. Entre-temps, les supporters britanniques envahissent la vie de l'arbitre suédois. - 9 Mars 2005 : Chelsea se qualifie au bout d'un match de rêve, Mourinho peut exulter, les joueurs noirs de Barcelone se font molester dans les vestiaires par les stadiers de Chelsea, Samuel Eto'o se serait fait traiter de "singe", Frank Rijkaard et Ronaldinho sont bousculés sans ménagement devant les caméras — sans même avoir le temps d'aller serrer la main de leurs adversaires ou de parler à qui que ce soit. - 12 Mars 2005, Anders Frisk, écœuré, décide de raccrocher pour protéger sa vie et celle de sa famille... - 14 Mars 2005, L'Allemand Volker Roth, responsable de la Commission d'arbitrage de l'UEFA, traite José Mourinho d'"ennemi du football", l'accusant d'être directement responsable de la démission de l'arbitre suédois. L'entraîneur répondra le lendemain par des menaces de poursuites judiciaires contre ce malandrin qui ose mettre sa dignité en doute! Victime expiatoire Si à ce jour la crédibilité d'un arbitre est tributaire de la déception d'un entraîneur, si la pression est telle que l'homme en noir doit rentrer sur la pelouse sans savoir où regarder pour sauver sa peau, que reste-t-il de la fragile morale de notre sport? Nous avons encore eu un exemple pesant dans notre championnat, le week-end dernier. Il semble que l'arbitre ait laissé jouer dix secondes de trop en première mi-temps, ayant permis à Monaco d'ouvrir le score contre Auxerre. Et Guy Roux de se fâcher tout rouge contre Monsieur Vileo pour ce non-respect des règlements. Mais il n'a pas vu la vraie erreur à l'avantage de son équipe, un penalty sifflé légèrement en dehors de la surface de réparation qui a amené l'égalisation de son équipe. Et à chaque journée de championnat, de coupe d'Europe, les entraîneurs, joueurs et supporters se permettent d'arbitrer à la place de l'arbitre et de fustiger la moindre erreur d'appréciation de celui-ci, oubliant qu'il est bien souvent bénévole, sinon rémunéré par de simples primes de match... Bien loin de ce qu'un joueur comme Didier Drogba peut toucher pour le moindre contrôle réussi dans un match de Premier League. Nous avons été habitués à toutes sortes de comportements irresponsables à l'intérieur et à l'extérieur des stades : - Se battre entre hooligans consentants? Ce n'est pas de notre ressort, s'ils aiment ça! - Savater les innocents? Tradition populaire, peut-être... - Humilier les joueurs de couleur par des cris de singes, bannières racistes, agressions physiques et verbales? Vous voyez bien que ce n'est rien, le salut nazi de Di Canio n'était que "politique" et ne lui a pas valu la moindre suspension. Quant à Luis Aragonès — le sélectionneur de l'équipe d'Espagne qui a rappelé à Reyes, le joueur d'Arsenal, qu'il valait bien mieux que l'autre "Noir de merde" (Thierry Henry) — on lui a infligé 325€ d'amende pour la forme, finalement rehaussés à 3000€... - Envahir les terrains, siffler les hymnes, jeter divers projectiles des tribunes (Des scooters a Rome, des buvettes à Paris, des boulons, des pétards et des piles électriques aux quatre coins d'Europe)... De toute façon, tant qu'il n'y a pas de fumigènes ou de blessures sérieuses, cela n'atteint pas la liberté télévisuelle. Tout cela n'était visiblement pas assez, voici qu'une nouvelle mode consiste à traquer les arbitres jusque dans leurs derniers retranchements, à les pousser au craquage nerveux afin de s'en débarrasser — c'est-à-dire à fédérer les entraîneurs en colère et les hooligans sans cerveau pour libérer le football de ses arbitres. Et après? On souhaiterait que demain, l'ensemble des arbitres de la Coupe de l'UEFA siffle le coup de sifflet final des huitièmes de finale dès le coup d'envoi, que ce week-end soit placé partout en Europe sous le signe de l'arbitrage, et que, si l'on doit passer par là, grève des arbitres il y ait à travers tous les terrains du continent. Pour qu'enfin, les pseudos supporters et tous ceux qui se croient au-dessus des lois du sport comprennent que sans arbitres, le jeu n'est plus. Qui arbitrera ce football de demain? José Mourinho?

Réactions

  • Jean-Luc Skywalker le 16/03/2005 à 09h43
    Cet article mériterait d'être placardé sur tous les murs des bureaux de l'UEFA, police 14. Cafét comprise, même si les décideurs n'y ont jamais mis les pieds (rhô le cliché).

  • hobbes le 16/03/2005 à 09h45
    @ mollows

    Mon intention n'est absoluement pas de defendre mourinho, qui n'as pas eu une reaction tres intelligente, et donc je ne voulait pas revenir sur ses declarations.

    Mais je pense que l'auteur de l'article en passant sous silence un aspect des faits, pour se concentrer sur un autre perd en credibilitee, ce qui est dommage...

  • Gusiño le 16/03/2005 à 10h11
    Au risque de paraître prétentieux, à mon humble avis autant l'article que les réactions tournent autour du pot, sans nommer clairement le problème.

    LE prolème, c'est que le foot est le SEUL sport ou les joueurs se permettent à chaque match de gueuler sur l'arbitre, à tort ou à raison d'ailleurs.
    Le foot c'est la république des joueurs, le pouvoir aux stars. Peu importe que ces stars soient restées, au fond, des petites frappes de banlieue pour une bonne part.

    Tant que Thierry Henry, au hasard, se permettra impunément d'aller vomir des insultes à 10 cm du visage de l'arbitre parce qu'il ne lui accorde pas la touche, quel respect peut-on attendre de la part du public ? Surtout que ces images passent à l'écran sans que même le commentateur n'ose critiquer le gentleman buteur des bleus.

    Ces comportements scandaleux se retrouvent aujourd'hui bien évidemment sur tous les terrains de foot amateurs, où les joueurs poussent le mimétisme avec leurs idoles jusqu'à ce que je ne pourrai qualifier de "détail".

    Maintenant que la ligue descende un peu les starlettes de leur pied d'estale, et qu'on rapelle un peu à nos millionnaires en short quelques règles élémentaires de savoir vivire et de respect de l'autorité. Si au plus haut niveau, qui est le plus regardé, on rétablit l'autorité de l'arbitre, on pourra amorcer un changement dans les stades, sur les bancs de touche et les salles de presse.


  • CoinCoin le 16/03/2005 à 10h47
    LMD - mercredi 16 mars 2005 - 09h39
    "[Mourinho] fait un souhait pour le choix de l'arbitre du match retour, ce qui n'est de sa compétence (donc il n'a qu'a fermer sa gueule non?) et inhabituel. Et pourquoi préciser un nom?"
    ---------------------


    Oui, pourquoi ?

    Et si [je vous préviens, ce "et si" annonce quelques lignes de folles hypothèses, de la pure science fiction] l'UEFA ne mentait pas [je vous avais prévenu, pour la science fiction] lorsqu'elle argue [je cite la NDLR de l'article] "que l'Italien ayant été désigné [avait] les déclarations de Mourinho" ? [vous noterez mon usage immodéré des crochets, n'y voyez qu'un hommage prosterné au Darky side of the Meinau]

    Et si [c'est reparti pour le fantastique, trop le délire dans ma teutê] Mourinho, averti préalablement de cette désignation [c'est pas secret, que je sache] et mu par une fourberie digne d'un modérateur de site concurrent et néanmoins ami, l'avait appelée de ses voeux [la désignation] juste pour donner l'impression à la foule de ses supporters que l'UEFA lui donnait au moins en partie raison en les exauçant [ses voeux, faites des efforts pour suivre, merde, je sais que je ne vous aide pas tellement mais quand même] ?

    Bigre, voilà qui serait fichtrement machiavélique, heureusement que ce n'est que du roman, toute ressemblance avec des personnages ayant existé et toute cette sorte de choses, parce que ça ferait froid dans le dos.

  • thibs le 16/03/2005 à 11h19
    Rétablir l'autorité ?
    Ah mais non, il est interdit d'interdire ! C'est Cohn Bendit qui l'a dit ! ;-)

    Tout ceci sert entre autres à mettre une fois de plus en lumière la mollesse légendaire de Blatter qui, tel un premier ministre"incitant les entreprises à partager leurs bénéfices", se contente de "demander un peu plus de respect non-mais-dites-donc-qu'est-ce-que-c'est-que-ce-foutoir-que-vous-m'avez-mis-là".

    Autant pisser dans un stradivarius, on va attendre sagement les quarts de finale pour que les supporters outrés que nous sommes puissent penser à autre chose. Sérieusement, à quoi sert Sepp ??

    Mourinho n'est pas seul responsable de ce qui se passe, mais il fait partie d'une confrérie de frustrés qui inclut Guy Roux, Aulas, Clemente (en fait, la quasi-totalité des entraineurs et présidents espagnols), voire même Courbis. Une bande de chercheurs en excuses qui n'ont aucun respect pour le football.

    J'aurais plutôt envie de parler de Rijkaard, qui s'est fait voler la qualif a Stamford Bridge sur un but non valable, et qui, à ma connaissance, à su fermer sa gueule.


    Bon, sinon, évidemment, peloton d'execution à mettre en place pour toute personne osant parler de l'arbitre après un match. Après, que ça soit une guillotine, une piqure létale, une fusillade ou une pendaison, je suis sur que Platoche saura trancher

  • Asa le 16/03/2005 à 11h25
    J'ai entendu hier le début de l'entretien avec Bruno Derrien sur SportFM. Celui-ci a souligné l'effet de résonance sur l'ensemble du monde du football lorsque ce genre de comportements vis-à-vis de l'arbitre est observé au plus haut niveau.
    Quand M. Frisk est blessé par un projectile, quand il est conspué par des joueurs et sa probité remise en doute par un entraîneur de premier plan, quand il est menacé par des supporters jusque chez lui... Bruno Derrien prétend - et probablement à juste titre - que cela a des répercussions inquiétantes sur l'ensemble du football toutes catégories confondues. En 2004, le syndicat des arbitres a du se porter partie civile dans 102 procédures pour menaces, agressions, etc. sur la personne d'un arbitre.

    Comme partout, il y a des incompétents et des malhonnêtes dans le monde arbitral, mais l'effondrement du respect de la fonction arbitrale pose un problème grave pour l'avenir du football à tous les niveaux.

  • JihaiR le 16/03/2005 à 11h32
    Ceci est une version light du post de coincoin que j'ai du me concocter pour comprendre après avoir vu 2 de mes neurones se barrer en courant. Je vous en fais part car j'ai trouvé ca, bigrement, donc, intéressant comme hypothèse, mais sans mes 2 neurones, (qui n'étaient pas là pour faire le nombre), j'ai du mal à pousser les conclusions (hypothétiques, donc) qui s'ensuivent.

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    coincoin

    Et si l'UEFA ne mentait pas lorsqu'elle argue "que l'Italien ayant été désigné [avait] les déclarations de Mourinho" ?

    Et si Mourinho, averti préalablement de cette désignation et mu par une fourberie digne d'un modérateur de site concurrent et néanmoins ami, l'avait appelée de ses voeux juste pour donner l'impression à la foule de ses supporters que l'UEFA lui donnait au moins en partie raison en les exauçant.

    Bigre, voilà qui serait fichtrement machiavélique, heureusement que ce n'est que du roman, toute ressemblance avec des personnages ayant existé et toute cette sorte de choses, parce que ça ferait froid dans le dos.

  • JihaiR le 16/03/2005 à 11h32
    ps : désolé coincoin de casser tes effets darky style, c'est moche, je le referais plus.

  • Zinédine Météconté le 16/03/2005 à 12h41
    Je suis tout à fait d'accord avec l'article. Ceci dit, pourquoi cette haine des supporters, joueurs et entraîneurs envers l'arbitre ? On dit souvent qu'ils sont "mauvais joueurs" ou "mauvais perdants", mais c'est un peu court. Personnellement, je vois deux raisons.

    La première, c'est la conviction de plus en plus répandue que la victoire ou la défaite ne se décident pas uniquement sur le terrain, mais que tout ce qui se passe en dehors du jeu a également une influence sur le résultat final. Dans cette optique, la "préparation psychologique" des matches prend une très grande importance : il s'agit de conditionner autant que possible l'arbitre et l'équipe adverse. Vous aurez d'ailleurs sans doute observé comme moi que, autant Mourinho est truqueur et manipulateur, autant ses joueurs (ceux de Porto comme aujourd'hui ceux de Chelsea) sont en général d'une correction impeccable sur le terrain ; c'est une simple question d'utilité -contester une décision d'arbitrage après la fin d'un match peut comporter des bénéfices à terme, alors qu'aller postilloner à la face de l'arbitre dans le feu de l'action ne peut que vous rapporter un carton jaune.

    Je me souviens très bien du débat qui avait eu lieu dans l'émission de L'Equipe TV, "Enfin du foot", après le match France-Portugal Espoirs de 2004. Les Bleuets avaient perdu et manqué leur qualification olympique suite à quelques décisions pour le moins étranges de l'arbitre anglais, M. Stiles ; et le contexte général du match (expulsion de Cissé qui loupe l'Euro, dévastation du vestiaire par les Portugais, fortes suspicions de dopage) avait rendu la défaite encore plus amère. Roustan, Ménès and Co, une fois avalée la pilule, avaient été à peu près unanimes sur les enseignements à tirer de cette soirée pénible : si nous avions perdu, c'est parce que nous ne savions pas truander -du moins pas aussi bien que les maudits Portos. Mexès aurait pu obtenir l'expulsion d'un de ses adversaires, il lui aurait suffi de se jeter par terre et de faire un peu de cinéma après un tacle appuyé. Sinama-Pongolle aurait pu obtenir la validation d'un but finalement refusé s'il avait sauté à la gorge de Stiles en temps opportun. Avec notre fair-play de tapettes, il était prévisible qu'on se fasse avoir par cette bande de mafieux en short. Et le calme de Domenech sur son banc ne nous avait pas aidé non plus. Dès la désignation d'un arbitre anglais, il aurait fallu commencer à préparer le terrain, des décisions biaisées étant parfaitement prévisibles. Etc, etc.
    Au bout du compte, on était d'accord pour dire que le résultat s'était joué en amont de la partie, et que nous avions été victimes de notre candeur. La bonne éducation de nos joueurs était aussi en cause, puisque ceux-ci passent par un système d'éducation où on leur apprend une sportivité désuète et la grandeur d'âme à la française, alors que les footballeurs portugais, c'est bien connu, sont pour la plupart issus des bidonvilles de Lisbonne (on rejoint là le débat initié par l'article "Le football s'ennuie").

    Dans cette perspective, Mourinho n'est pas un petit salopard, mais simplement un manipulateur plus habile (et plus puissant) que la plupart de ses homologues. Il a intégré le bluff et l'intimidation à ses techniques managériales : c'est moderne, c'est efficace. Le petit José est particulièrement odieux parce qu'il dirige une équipe cousue d'or, qu'il a tué Frisk comme arbitre et qu'il a sorti de la Ligue des Champions la plus belle équipe européenne, mais il faudrait chercher longtemps pour trouver des formations qui n'utilisent jamais ses méthodes. En France, c'est ou c'était le cas de Vahid, de Perrin, de Luis, de Courbis, etc ; Le Guen pourrait passer pour un joli contre-exemple, mais il n'a de toute façon aucun besoin de se salir puisqu'Aulas assume pour lui tout le sale boulot. En Italie, les trois-quarts de l'espace médiatique consacré au foot -et Dieu sait qu'il est vaste- est occupé par la polémique anti-arbitrale. En Angleterre, on ne peut pas vraiment dire que Ferguson soit en retard par rapport à Mourinho dans les techniques de manipulation psychologique.

    Bref et pour me résumer, le foot c'est la guerre, et la guerre ça se gagne aussi à travers une propagande bien menée.

    L'autre raison pour laquelle les contestations de décisions arbitrales sont de plus en plus fréquentes est que le foot n'est pas isolé de la société occidentale et qu'au sein de cette dernière, la contestation de la règle est devenue une activité universellement pratiquée. On ne veut plus admettre que ce qui est légal soit toujours légitime, et inversement ; la loi, votée par une représentation nationale de plus en plus éloignée du pays réel, n'est plus reconnue comme le langage commun aux citoyens mais comme une contrainte difficilement supportable ; les bobos rêvassent sur la notion de "désobéissance civile", tandis que les sauvageons banlieusards arrêtés pour vol ou violences ne se perçoivent plus que comme les victimes d'une société inégalitaire et raciste. Cet effacement graduel de la loi juridique dégage un espace considérable où la loi économique (celle du libéralisme) prend le relais.
    Placé au milieu de cette société par son exposition médiatique, comment le foot échapperait-il à cette espèce de dérégulation implicite ? Les fautes commises par les joueurs ne sont que le témoignage de leur rage de vaincre ; l'application de règles pourtant connues de tous passe pour des entraves à la créativité (ainsi du carton jaune qui sanctionne la célébration trop enthousiaste d'un but marqué) ; enfin, les présidents de clubs se plaignent amèrement des erreurs d'arbitrage dont ils pourraient être les victimes -et non de celles, tout aussi nombreuses, dont ils bénéficient- en invoquant les "enjeux économiques" qui rendent ces approximations intolérables.

    Pour résumer ce second point, le foot, c'est du business, et le comportement de certains magnats de ce sport, quand ils hurlent sur les arbitres, fait étrangement penser aux cris des ultra-libéraux qui voudraient que l'Etat se retire complètement de "leur" économie (sans penser que ce retrait engendrerait une anarchie assassine).

    Il y a bien entendu un contre-exemple, le rugby. Là, même dans un match du Tournoi des VI Nations, il est rarissime qu'un arbitre soit molesté ou qu'une décision arbitrale soit contestée autrement que dans un style poli, par le capitaine de l'équipe lésée, qui retire préalablement son casque comme un garçon bien élevé qu'il est. Les motifs qui rendent compte de cette différence de comportement sont évidemment multiples : moindre importance d'éventuelles erreurs du "référé" sur un résultat final où le score se chiffre en dizaines de points, différence sociologique dans le recrutement des joueurs, etc.
    Mais la différence essentielle, me semble-t-il, elle est tout simplement dans l'arbitrage lui-même. Je siffle pénalité, t'es pas content ? Tu recules de dix mètres. Tu commets une faute qui n'est pas repérée par l'arbitre ? Tu passes en commission de discipline et tu peux être suspendu un an. Tu te bats avec un adversaire ? Tu vas te calmer dix minutes sur la touche. Tu empêches l'adversaire de marquer un essai en commettant un acte d'anti-jeu ? Essai de pénalité, et tu paies 7 points au lieu de 5.
    Quand est-ce que l'UEFA se décidera à prendre des décisions inspirées de la même philosophie ? Je fais ici quelques propositions :
    -mise en cause publique de l'intégrité d'un arbitre par un dirigeant, un entraîneur ou un joueur : bannissement de son équipe de toute compétition européenne pour une durée d'un an.
    -insultes ou menaces à l'arbitre pendant la durée d'un match : carton rouge immédiat et suspension avec un minimum de trois mois. Si l'arbitre le juge utile, interruption immédiate de la partie avec victoire 3-0 sur tapis vert pour les adversaires du contrevenant.

    A vous d'ajouter vos idées.

  • ravio le 16/03/2005 à 12h43
    Et si le Mourinho il le savait que Collina il allait être désigné pour le match retour et qu'il avait rien fait qu'exprès de dire que Collina il était trop bien et beau et que son crâne prend bien la lumière avec toute la brosse à reluire qu'il a passée dessus pour que Collina il soit sympa avec lui au retour, hein ?

    Et si Roman Abramovitch, il était mille fois plus riche que Tapie et presque aussi honnête ?

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