La Gazette, numéro 65
Abolition du hasard
Le tirage au sort de la Ligue des champions a donc réservé à Nantes une poule "impossible", de l'avis général. On peut s'attarder sur l'impression qu'il faudrait un miracle, parce qu'elle résulte directement de la dénaturation de la principale compétition européenne. Sur une rencontre par aller-retour, le FC Nantes pourrait raisonnablement espérer sortir Manchester, en faisant évidemment figure d'outsider. Il pourrait de même espérer sortir le Bayern et Boavista s'il lui était donné de les jouer par élimination directe. Mais personne ne lui donne une chance sérieuse de s'extirper de ce groupe. Dans ce paradoxe réside tout le vice de la Ligue des champions, insulte permanente à la logique sportive dont on se consolera d'autant moins que la Coupe de l'UEFA va suivre le même chemin. L'exploit sportif n'est plus permis, ou plus exactement, il ne sert plus à grand chose puisqu'il ne permet plus de se qualifier, ou alors seulement pour une nouvelle phase de filtrage. Dans le modèle originel de la Coupe d'Europe, si un outsider alignait des performances de ce genre en sortant successivement quelques moyens ou gros calibres, il était récompensé d'une finale. Aujourd'hui, après l'équivalent de trois tours, il est reparti pour six nouveaux matches et s'il s'en sort encore, il arrive… en quart de finales.
Pubalgie
La gangrène publicitaire franchit donc une nouvelle frontière, avec de la publicité sur le maillot des arbitres, un an après notre Gazette 18 qui évoquait l'application d'une telle mesure en Espagne. Nos hommes en noir devenus multicolores vont donc avoir le privilège de se transformer en hommes-sandwiches, comme les joueurs. La motivation évoquée est empreinte de bons sentiments. Il s'agit en effet de financer le recrutement et la formation de nouveaux arbitres à tous les échelons du football, et cet objectif est parfaitement louable. Le problème c'est qu'il faut que cette mission soit assumée par un tel moyen, alors qu'elle devrait être financée avec les richesses qui circulent déjà dans le milieu. Le football professionnel en a parfaitement les moyens, il devrait même logiquement en avoir l'obligation, mais il n'y voit pas son intérêt. Le statut précaire des arbitres sur les terrains est en grande partie le résultat d'une véritable politique de leur part. Il est ironique de voir la LNF s'associer à une opération qui fait le constat d'un manque de 75.000 arbitres. Il ne faut pourtant pas trop s'étonner que les vocations ne soient pas spécialement encouragées par les insultes des joueurs, les accusations des entraîneurs et la démagogie des dirigeants….
Alors que les arbitres avaient vocation à incarner une certaine neutralité, les voilà réduits à faire le trottoir sur le marché du marketing sportif. Et pour couronner le tout, le premier sponsor trouvé l'est par l'effet d'un jeu de mot de mot super foireux qui souligne la lourdeur du procédé. La FFF, qui est décidément prête à tous les compromis pour racler un peu d'argent en ce moment, n'attend que l'autorisation de la FIFA pour programmer ce nouveau flocage dès janvier 2002. Le montant n'a pas été révélé. Parce qu'en plus, il est infime?
Ameublement
Sur TF1, tout est ridicule, même les tables. |