La Gazette du Mondial, numéro 1
On a presque de la peine à se convaincre que la Coupe du monde débutera dans 17 jours, sans même laisser vraiment le temps de se préparer à l'entrée en lice des Bleus, puisqu'ils joueront le rôle d'inaugurateurs. Jusqu'à présent, les nouvelles sur l'organisation du Mondial ont essentiellement tenu aux mesures de sécurité et aux démonstrations des force armées coréennes et japonaises… Mais à mesure que les coupes nationales concluent les saisons et que tombent les listes des sélections, les choses se précisent sérieusement.
Cissé à l'épreuve du feu (des projecteurs)
Sevrés de spectaculaire avec la non-annonce de la liste des 23 et un mini-stage à Tignes, les journalistes se sont jetés sur le phénomène français du moment, photographié, filmé et interviewé plus de fois en trois jours que toute la saison à Auxerre, où comme il l'a dit lui-même, "les journalistes n'ont pas trop le droit de venir". On s'étonne de l'absence de cordon sanitaire établi autour du joueur, qui risque d'y perdre sa concentration et sa spontanéité. A moins que l'apprentissage de l'esprit des Bleus consiste-t essentiellement à s'habituer à la starification…
Mais c'est probablement l'appréhension qui nous fait ainsi trembler à la manière de Jean-Michel Larqué, car à l'inverse, on peut voir dans ce ballet médiatique le signe d'une intégration réussie, chacun des autres stagiaires s'étant attaché à montrer sa confiance dans le nouvel arrivant. Djibril passe donc en deuxième semaine, qui consiste en un séjour à Clairefontaine, où le groupe va s'étoffer et lui amener de nouveaux partenaires.
You'll always walk alone
Pendant ce temps, Nicolas Anelka anime le marché des transferts en suscitant les pronostics sur l'ampleur de la baisse de sa cote et sur l'impasse éventuelle de ses négociations avec Liverpool. Le fait que Westham propose Kanouté à Houllier pour le même montant (20M€) que celui agréé par le PSG et Liverpool, est un indicateur intéressant, surtout que l'ancien Lyonnais accepterait des conditions salariales plus modestes.
Surtout, Anelka n'en finit pas de nous plonger dans des abîmes de perplexité. Même si son apparente insensibilité à sa non-sélection n'est pas une surprise puisqu'il avait eu la même attitude en 1998, il est plus que jamais permis de douter qu'avec un fonctionnement aussi singulier Anelka puisse réussir au plus haut niveau — c'est-à-dire à la hauteur de son potentiel. Ce dernier est difficilement contestable, mais il est notoirement insuffisant si d'autres qualités ne viennent le cultiver, à choisir parmi la rigueur, le travail, la volonté, la communication avec les autres, la capacité à apprendre etc.
Anelka a suffisamment d'années de carrière devant lui pour détromper les pronostics, mais on a l'impression tenace qu'il a déjà grillé tous ses jokers et qu'il n'a décidément pas l'étoffe pour se faire violence et relever les épreuves qui se présentent à lui. L'absence d'envie — voire de sentiments — le caractérise tellement qu'on se demande ce que fait là un joueur qui refuse également de comprendre les pressions inhérentes à un statut (et à un salaire) de star.
Statistiques et martingales
Restons dans les buteurs aléatoires. Youri Djorkaeff a marqué son deuxième coup franc détourné sur quatre buts marqués au profit de Bolton. Arrête Youri, tu es sélectionné, n'en rajoute pas. Plus probant est ce constat: l'équipe de France va se présenter à la Coupe du monde avec les meilleurs buteurs des championnats d'Italie, d'Angleterre et de France… Qui dit mieux?
C'est logiquement dans ce domaine que les Bleus impressionnent le plus les parieurs anglais, qui placent Thierry Henry en tête des pronostics sur le meilleur marqueur du tournoi, à 8 contre 1. Suivent immédiatement Trezeguet, Vieri, Crespo et Raul (10/1), talonnés par Michael Owen (12/1). Viennent encore Ronaldo et Rivaldo (16/1), Del Piero et Claudio Lopez (20/1), puis seulement Morientes, Inzaghi, Batistuta, Totti, Ronaldinho et… Zidane. Pauleta est à 40/1, cela vaudrait une petite prise de risque.
Pour le vainqueur final, avec 3,5/1 c'est l'Argentine qui est en tête (voilà qui est dit long sur l'appréhension des Anglais à se retrouver une nouvelle fois dans le groupe de leur bête noire) et devance légèrement la France (4/1). Le Brésil et l'Italie sont en deuxième ligne sur cette grille (6/1), l'Angleterre et l'Espagne sur la troisième (9/1). Le Portugal (12/1) et l'Allemagne (14/1) sont les seuls challengers à trouver ensuite grâce, puisque les équipes suivantes sont au mieux à 40/1 (Cameroun, Russie, Croatie, Paraguay, Irlande, Uruguay…).
A l'autre bout du classement, c'est la Chine qui suscite le plus d'incrédulité, à 350/1! Le Costa Rica, l'Afrique du Sud, la Tunisie et l'Arabie Saoudite ne font guère mieux. A 100/1, le Sénégal pourra attirer les capital-risqueurs.
Signalons enfin que l'équipe de France est donnée favorite de l'Euro 2004 à 3 contre 1, devant l'Italie, le Portugal, l'Espagne et l'Angleterre. On ne pourra décidément pas dire qu'elle est sous-estimée…
(source : Ladbrokes)
Vidéo sur le web : une première inattendue, mais payante
Un accord a été conclu entre KirchMedia et Yahoo!, afin que le site officiel de la FIFA, géré par le groupe américain puisse diffuser des résumés des matches dès 17h30 heure française. Pour la somme de 22,5€, il sera possible de visionner les premières images des rencontres, dans un format de quatre minutes. C'est un assez joli coup pour Yahoo!, même si le montant de la transaction n'a pas été révélé, car Kirch s'était refusé jusqu'alors à négocier les droits pour des opérateurs sur le web afin de préserver l'exclusivité des diffuseurs télévisuels. Les graves difficultés rencontrées par le groupe allemand l'ont apparemment incité à composer avec ce principe. Détenteur exclusif aves ses filiales LCI et Eurosport des droits télé de la Coupe du monde pour la France, le groupe TF1 se voit ainsi privé de la synergie possible avec les sites du groupe.
Le poids dérisoire du Net dans les flux d'images sur le Mondial explique peut-être que les enjeux ne sont pas si importants. Cet accès sera en effet réservé à ceux qui ont un accès à haut débit et qui pourront se payer le luxe de ne pas attendre la fantastique émission de Pernaut et Flament. Rappelons que les "Direct" des Cahiers du football seront gratuits.