Téléfoot en papier, l'astrologue des Bleus, les gros titres du Sun, un Norvégien fou, Aulas sur le dancefloor… Ils sont tous dans cette édition spéciale de la Revue de stress.
Téléfoot Magazine, les Bleus et l'astrologue
Cette fois c'est bon, tous les numéros spéciaux et guides de l'Euro sont parus, rivalisant de beauté graphique dans leurs listes et leurs équipes-types. L'un d'eux vous a peut-être échappé: il s'agit du numéro 1 d'un nouveau mensuel, "Téléfoot Magazine". Après la télévision et le web, c'est donc la presse écrite qui a les honneurs de ce label prestigieux, et tous ceux qui rêvaient d'un journal de foot dont le premier texte serait un édito de Charles Villeneuve y trouveront leur bonheur. Le directeur des sports de TF1 assure ainsi qu'il a
"voulu moderniser l'émission dominicale en offrant aux téléspectateurs de TF1 un contenu éditorial enrichi, plus fédérateur et plus "technique' (…) La création d'une version écrite de Téléfoot permet d'appuyer ce nouvel élan et de prolonger le plaisir des téléspectateurs du dimanche". On ne sait pas si le "téléspectateur du dimanche" est l'équivalent cathodique du footballeur du dimanche, mais le magazine qui lui est destiné est imprimé en assez gros caractères, des fois que sa vue ait été altérée par l'excès de consommation télévisuelle.
La continuité éditoriale avec l'émission est clairement assumée, comme en atteste la place accordée à l'équipe de France (plus de la moitié du rédactionnel). Chaque Bleu est présenté sous une déclinaison de superlatifs ("Thierry Henry, le plus insatiable", "Sylvain Wiltord, le plus décisif", "Sidney Govou, le plus surpris", etc). Jean-Luc Arribart intervient aussi comme consultant, mais sans palette graphique, et il est épaulé par l'astrologue Kazuko, qui nous confie que "le début sera un peu difficile". Ainsi pour France-Angleterre,
"Il faudra aller chercher le pouvoir de la force. Le contact des pieds avec la terre sera nécessaire". C'est compris Patrick? Pas de tacles à la carotide! Son conseil:
"Avant le match, les regards devront se croiser l'un après l'autre dans un silence qui en dit long". Ah d'accord.
Here Comes The Sun
Comme à la veille d'un bon France-Angleterre de rugby, on s'est épié des deux côtés de la Manche, notamment en épluchant les déclarations des joueurs ou les articles de la presse. Ici, on a ainsi fait des gorges chaudes des couvertures tapageuses des tabloïds britanniques, comme celle du Sun bardée du titre
"Our boys are gonna give you one hell of a beating", suivant une liste (à la Prévert) d'incarnations de la France:
"Thierry Henry, Napoléon Bonaparte, Jeanne d'Arc, l'inspecteur Clouseau, Patrick Vieira, Charles de Gaulle, la Renault 5, Jacques Chirac — tu nous entends Jacques Chirac?". On a voulu voir dans ce titre ("Nos garçons vont vous flanquer une sacrée raclée") une nouvelle preuve du chauvinisme agressif de la perfide Albion. Il aurait toutefois fallu préciser qu'il s'agissait de l'adaptation d'une phrase devenue légendaire en Angleterre, dont l'auteur est un commentateur de la télévision norvégienne, Bjørge Lillelien, qui péta un câble au terme d'une victoire de son équipe nationale (2-1 en septembre 1981, lors des éliminatoires du Mundial espagnol), en s'exclamant:
"Lord Nelson! Lord Beaverbrook! Sir Winston Churchill! Sir Anthony Eden! Clement Attlee! Henry Cooper! Lady Diana! Maggie Thatcher! Can you hear me, Maggie Thatcher? Your boys took one hell of a beating!" La phrase avait fait le tour des médias britanniques, et elle y revient fréquemment.
Le Sun n'est pas pour autant une référence culturelle de premier choix et son humour peut laisser perplexe. Il titrait ainsi, hier samedi derrière une couverture figurant trois modèles portant autant de lionceaux,
"Balls vs Gauls – and ours are bigger than theirs says Becks" (traduction libre: "Burnes contre gaules – et les nôtres sont plus grosses que les leurs selon Beckham"). On pourra tout de même avantageusement consulter en ligne les conseils que le quotidien prodigue au téléspectateur désireux d'éviter les blessures lors des retransmissions (on se rappelle que Rio Ferdinand s'était assez gravement lésé le genou en restant trop longtemps la jambe allongée devant son poste):
Don't get stretchered off. Ceux qui préfèrent la finesse fréquenteront plutôt les pages spéciales du site de l'excellent
Guardian.
L'esprit Stade 2
Bon, à part ça, l'Euro a véritablement commencé, avec une cérémonie d'ouverture de neuf minutes et un match de cauchemar pour les Portugais. Quoique eux n'ont pas eu à subir deux heures de Charles Biétry — lequel a une nouvelle fois démontré son flair en rabaissant préalablement l'équipe nationale grecque. Les Lusitaniens ont parfois fait penser à leurs cousins de Saint-Maur en paraissant vouloir confirmer le "scénario catastrophe" de notre numéro 7, pas si loin du compte. Cette fidélité à leur légende ravira Jean-Patrick Sacdefiel dont on connaît le goût pour les losers, à moins qu'il ne s'agisse d'une ruse pour revenir en force dans la suite de la compétition, à l'italienne.
Il ne fallait pas compter sur le "Mag de l'Euro" de France 3 pour nous livrer les clés tactiques et techniques de cette défaite inaugurale. Cette autre première ne laisse pas augurer grand chose de bon pour la suite. La petite bande est bien gentille, mais elle n'est pas partie pour révolutionner le genre. On est certes loin du calamiteux "Tous ensemble" de TF1 en 2002, mais l'émission est fortement imprégnée de l'esprit Stade 2 / Tour de France dont France Télévisions s'est fait une spécialité. Sympa mais niais. Laurent Blanc est en tout cas bien lancé pour battre le record du monde du nombre de "à partir de là" (on notera aussi les approximations linguistiques de Christophe Josse qui a tenté un hybride "Agua per tutti" à la fin de Portugal-Grèce en s'imaginant parler espagnol).
Aulas all night long
Il ne s'agit pas de l'Euro, pas vraiment de l'Europe, mais rappelons que l'OL a décroché son troisième titre en championnat de France. Si cette performance n'a probablement pas été saluée comme elle le méritait — en raison notamment d'une actualité trustée par les parcours européens de Marseille et Monaco — le staff lyonnais a su dignement fêter l'événement. Grâce au site
lyonpeople.com qui a filmé la fête, vous pouvez pénétrer dans leur intimité et voir Jean-Michel Aulas interpréter les tubes de Claude François. On vous prévient, c'est énorme:
Le film d'une nuit de folie (document Windows Media Player – merci à Laurent qui nous a signalé ce morceau de bravoure).