Djibril de mille feux
Si la présence du buteur auxerrois chez les Bleus est surprenante, c’est plus en considération du conservatisme habituel de Roger Lemerre qu’au regard de ses performances sur le terrain. Meilleur buteur du championnat de France, Cissé ne s’est pas contenté cette année de beaucoup marquer, il a aussi bien marqué: on se souvient de son retourné acrobatique contre le PSG ou de sa frappe de mule face à Rennes en clôture du championnat, sans oublier quelques volées de haut niveau et de multiples enchaînements plus classiques mais non moins somptueux. gé de 20 ans à peine, ce jeune attaquant possède déjà une maîtrise technique hors du commun, même si Guy Roux prétend que son jeu de tête et son pied gauche sont dignes d’un amateur ou d’un joueur de D2 (tout ça pour inciter les grands clubs étrangers à attendre encore un peu avant de le lui piquer).

Chez les Bleus, Cissé semble prendre la place laissé vacante par un Nicolas Anelka à la dérive depuis trois ans. On comprend en tout cas beaucoup mieux, aujourd’hui, le “ Aide-toi le ciel t’aidera ” lancé par Lemerre il y a quelques semaines. Pour ses débuts en Bleu contre la Belgique, Cissé a touché du bois sur une belle tête, fait jouer sa vivacité et sa disponibilité. Il a également évolué quelques minutes contre la Corée du Sud, ce qui est trop peu pour juger de ses capacités au niveau international. Cela dit, le garçon semble satisfait de l’accueil qui lui a été réservé, et il a la panoplie du joueur surprise qui, sans pression, casse la baraque…

Son point fort
L'effet de stupeur ("c'est qui cet inconnu qui joue aussi bien que Thierry Henry?").

Son point faible
S’il se laisse pousser les cheveux et le bouc, il risque de ressembler un jour à Abel Xavier.

Son geste technique
Celui qu’il inventera contre l’Italie, dans le temps additionnel de la finale.

Son objectif personnel
Se débarrasser de Guy Roux pendant un mois, en attendant de s’en débarrasser définitivement.

Notre objectif commun
Qu’il achève de nous faire oublier Nicolas Anelka.

Le point de vue de Jean-Patrick Sacdefiel (1)
Quelle bonne idée d’avoir recruté Djibril Cissé. Guy Roux a manifestement intrigué, une nouvelle fois, pour placer ses billes en équipe de France. En 98 il avait poussé trois laborieux et inesthétiques poulains, cette fois, après avoir effectué un stage en marketing, il sort un mannequin peroxydé en maillot moulant. Cela dit, l'intendant Henri Emile, plutôt que l'entraîneur Roger Lemerre, se félicitera de l’arrivée d’un portemanteaux en Equipe de France…
Depuis David Ginola, la sélection nationale n’avait plus connu ce gibier de défilés de mode et de campagnes de pub, moins efficaces pour transpirer dans un short trop grand avec des bas montés jusqu’au genou. Enfin, il y a bien Franck Lebœuf, dont la veste en peau de chèvre est aussi célèbre que ses relances du gauche, mais il ne viendrait à l’idée de personne de lui reprocher de faire autre chose que d’évoluer sur un carré de pelouse. Bref, un accessoire tout neuf, ça ne se refuse pas…

(1) La rédaction des Cahiers du football décline toute responsabilité envers les propos de notre atrabilaire consultant, qui souffre d'un aigrissement général l'ayant conduit à une haine maladive envers les Bleus (voir sa légendaire première contribution).