Ballon d'Eau fraîche 2012, les candidats: Costil et Nkoulou
Un gardien revenu de loin, un défenseur central qui pourrait y aller. Le BdEF s'offre deux beaux prétendants.
Costil, le sens du rebond
On a beaucoup glosé sur la génération 1987, son potentiel, son éclosion, ses travers. Peu s’en souviennent peut-être, mais Benoît Costil en fait partie. Derrière les Ben Arfa, Benzema, Ménez et autres Nasri, le Normand était un prometteur titulaire dans les cages des Bleuets. Couvé par son club formateur, Caen, il n’y a pourtant pas réussi. Des débuts difficiles en Ligue 1 l’ont obligé à emprunter des chemins bien plus tortueux que ceux de ses anciens coéquipiers du championnat d’Europe U17.
"Prié de partir" par le Stade Malherbe en 2009, Alexis Thébaux ayant alors les faveurs du staff technique normand, Costil n’en veut cependant pas à celui qu’il considère comme son "club de cœur", et il n’est pas rare aujourd'hui de le voir discuter autour des terrains de Venoix. "C'est moi le premier responsable: je l'ai toujours dit, je ne l'ai jamais nié. J'ai joué à la suite de suspensions ou de blessures, mais je n'étais pas du tout prêt à évoluer à ce niveau-là" (5 matches de L1 en 2007/08). Le gardien conserve donc un amour profond de son club formateur, ancré sa propre histoire: "Mes idoles de jeunesse, ce n'étaient pas les grands joueurs. C'étaient ceux du Stade Malherbe, que j'allais voir quasiment tous les jours à l'entraînement. Je regardais l'effectif pro caennais avec de grands yeux, j'idolâtrais Jérôme Rothen".
Pour accéder au haut niveau, le jeune gardien de but doit faire ses armes à l’étage inférieur. Prêté à Vannes lors de la saison 2008/09, il goûte aux précaires conditions d’entraînement d’un club semi-pro. Il y rencontre aussi Christophe Revel, son suppléant dans les cages qui, devenu entraîneur des gardiens du Stade rennais, sera l’instigateur de son arrivée chez les Rouge et noir. Mais entre-temps, le Stade Malherbe décide de se séparer de lui, et Costil trouve refuge à Sedan, loin de ses ambitions de Ligue 1. Il trouve des ressources dans son entourage: "Je suis issu d'une famille très simple, qui vivait dans une campagne à côté de Caen, avec une maman qui était femme de ménage au CHU. Ce sont eux qui m'ont permis de relever la tête, en me disant à un moment donné: 'Écoute Benoît, il va falloir que tu ailles jouer bien plus bas pour te refaire la cerise, et montrer ce dont tu es capable'. Il a fallu que je repasse par des étapes plus basses que prévu mais, au final, j'en garde un grand souvenir. J'ai galéré mais, aujourd'hui, j'en suis d'autant plus fier."
En trois ans, il s’impose comme l’un des meilleurs portiers de Ligue 2, ce qui lui ouvre les portes de l’élite. Mis davantage en lumière aujourd'hui, il repousse les éloges avec constance. Un état d'esprit peut-être propre à son poste de gardien de but. "Que tu joues en Ligue 1 ou en division d'honneur, quand tu passes à travers, quand tu laisses filer le ballon, tu ressens la même solitude", note-t-il ainsi (lire ici). Et ajoute: "Mais pour rien au monde, je n'échangerais mon poste avec un autre, que ce soit attaquant, meilleur buteur, etc. Moi, c'est gardien ou rien".
Point fort
Sosie officiel d'Olivier Giroud, il devrait obtenir quelques votes dans la région de Montpellier.
Point faible
Il a déjà obtenu un titre cette année, celui de joueur le plus sexy de Ligue 1, décerné par Têtu.
Le slogan de campagne
"Votez utile, votez Costil."
Nkoulou, la classe supérieure
Nicolas Nkoulou n’est pas seulement beau, il est également cool. Même son patronyme le dit. Le défenseur camerounais de l’OM est aussi un sacré bon joueur de football. Arrivé à l’été 2011, il a tout de suite conquis le public par son style fait de discrétion, de calme et de force tranquille. Fort et intelligent dans le duel, précis dans les relances – même les plus compliquées, il dégage toujours un calme absolu. Nkoulou, c’est la classe.
Depuis le début de la saison, il est un titulaire indiscutable qui finit tous les matches (il n’a jamais été ni suspendu ni remplacé) et qui affiche une assurance croissante – devenant même pour la première fois, le 29 février dernier, capitaine de l’équipe nationale du Cameroun à la suite de la suspension de Samuel Eto’o de à la blessure d’Enoh. À vingt-deux ans, il émane déjà de lui une certaine sagesse, l'esquisse d'un leadership. Jusque dans le choix de ses mots, comme lorsqu'il évoquait l'explication du vestiaire après un cuisant OM-Lorient: "Nous sommes des hommes, des êtres humains. Par moments, ça pique un peu… On a essayé de se donner du courage, de repenser aux bons moments qu’on a connus (...), on a essayé de se retrouver."
Nkoulou observe le même flegme envers les arbitres: "Nous les joueurs, il faut qu’on essaie de moins leur mettre la pression, ça joue aussi beaucoup", disait-il sur RMC après OM-Lille.
Être un bon et beau joueur, ça ne suffit peut-être pas pour être Ballon d'Eau fraîche. Il s'agirait par exemple de voir s'il peut remplir le critère de fidélité à son club, en confirmant ses déclarations de l'été dernier: "Moi, je suis très attaché à l'OM, je ne me vois pas quitter le club cette saison. Connaissant son histoire et son palmarès, il est important pour moi de m'inscrire dans la durée." Mais dégager si jeune de telles impressions positives, pour un footballeur aussi prometteur, ça donne envie de voir la suite. Et ça justifie une nomination.
Le point fort
Son rythme cardiaque.
Le point faible
Il ne fait pas bon s’appeler Nicolas pour être élu cette année.
Le slogan
“Je suis gentil, mais tu passeras pas.”