Alain Boghossian
Le compagnon de route
Il n’y a pas plus atypique que le parcours d’Alain Boghossian. Formé à l’OM, il n’a quasiment jamais joué en D1 française, mais se fait repérer par Naples, dans lequel il fait ses gammes et devient un spécialiste de la Série A. Il quitte le club du Sud de l’Italie pour Parme quelques années plus tard et c’est dans le club de la petite ville qu’il atteint la consécration. Arrivé chez les A après ce tortueux parcours, Boghossian doit affronter une concurrence féroce au poste de milieu défensif, entre les indéboulonnables (Deschamps), les revenants (Petit), les habitués (Karembeu), les espoirs (Vieira, Djétou) et les émergeants (Lamouchi) de la sélection. Mais finalement, il supplante les deux derniers pour participer à la formidable épopée de 98, bien que son rôle se soit de plus en plus limité à la portion congrue au fil des matches, Petit s'imposant comme titulaire lors d'un France-Danemark qui lui était initialement laissé comme une consolation.
Si la place de Boghossian était logique il y a quatre ans, le voir figurer aujourd’hui dans le groupe est nettement plus surprenant. Longtemps blessé à Parme, il a peu joué cette saison et ne brille plus sous le feu des projecteurs. C’est un peu le Youri des récupérateurs, à la différence près qu’il n’a pas pour habitude des déclarations tapageuses. Boghossian, c’est le mec sympa qui ne la ramène pas, le gars heureux d’être là où il est car il n’en demandait pas tant.
Son point fort
Il fait plus vieux que son âge, juste pour tromper l’adversaire.
Son point faible
Il est mou.
Son geste technique
Vu le temps de jeu d’Alain Boghossian cette année, il n’a pas été possible de terminer son geste technique.
Son objectif personnel
Devenir le double champion du monde le plus anonyme de l’histoire.
Le point de vue de Jean-Patrick Sacdefiel (1)
En ayant sélectionné à nouveau l’un des joueurs les plus inélégants du football mondial, Lemerre a prouvé qu’il est le digne héritier de son triste prédécesseur. Et encore, l’ex-bidasse en chef du bataillon de Joinville a encore franchi un cap. Car Jacquet avait au moins l’excuse d’avoir choisi un joueur physiquement apte. Quand on voit l’allure sur un terrain d’un Boghossian à 100% de ses capacités, il y a de quoi s’inquiéter de le voir fouler le terrain sur une jambe et un poumon.
Concernant ce choix, on ne voit vraiment pas où Lemerre veut en venir: le record du duo de milieu de terrains le plus disgracieux a été battu par Jacquet en 98, quand il avait associé Didier Deschamps au Parmesan. Le Stéphanois a en effet placé la barre très haut, puisque, un peu à l’image de la performance de Just Fontaine en 58, il est peu probable que la prouesse soit battue un jour.
Bref, pour être là où il est, Boghossian doit avoir quelques ressources insoupçonnées. Encore un effet de la puissante diplomatie arménienne.
(1) La rédaction des Cahiers du football décline toute responsabilité envers les propos de notre atrabilaire consultant, qui souffre d'un aigrissement général l'ayant conduit à une haine maladive envers les Bleus (voir sa légendaire première contribution).