La vile croisade de Patrick Proisy
Contrairement à l'impression que les Cahiers du foot peuvent parfois donner, Jean-Michel Aulas n'est pas le seul dirigeant hautement insupportable. Patrick Proisy peut légitimement prétendre à un tel titre (voir Ça m'énerve. Aujourd’hui: Patrick Proisy 18/01), d'autant plus que si le président lyonnais peut se targuer d'avoir amené son club à un certain standing, son homologue alsacien a accumulé le plus ridicule palmarès de choix sportifs foireux et de déroutes en tous genres. Notre fournisseur de brèves, plutôt que de se réfugier dans un silence prudent, n'hésite pas à monter au créneau, quitte à plonger dans le grotesque (épisode Chilavert) ou le honteux (affaire Strasbourg-Metz).
C'est sur cette dernière affaire qu'il s'est à nouveau illustré, après avoir revendiqué sa totale irresponsabilité à l'égard des exactions commises par les supporters et La faillite disciplinaire du foot français 23/01). À l'annonce de la sanction de la Commission d'appel annulant la rencontre sus-mentionnée (à la suite du jet de pétard sur Nelly Viennot), il avait aussi accusé le corps arbitral d'avoir déclenché un scandale ayant entraîné la subite sévérité des instances disciplinaires. On ne reviendra pas sur le débat de la responsabilité des clubs, qui nous semble aussi évidente qu'est insupportable le refus des dirigeants de l'assumer (désolés pour GMAN sur le Forum).
Proisy a jugé utile de franchir une nouvelle étape, en produisant un "certificat médical" signé du médecin officiel du RCS qui avait examiné Mme Viennot lors de l'interruption. Ce qui est en fait une déclaration d'un officiel du club, effectuée bien après les faits (rappelons que les faits datent du 22 décembre!) suggère que la juge de ligne ne souffrait d'aucune lésion à la suite de l'accident, et rapporte que M. Poulat (l'arbitre central) aurait annoncé la reprise imminente du match. La conférence de presse qui organisait ces "révélations", jeudi 8, a aussi permis à P. Proisy de livrer d'autres insinuations, en évoquant une conversation téléphonique qu'il aurait eue avec Michel Vautrot, en laquelle il entend rétrospectivement des menaces. Bref, un salmigondis de sous-entendus aussi "douteux" que les faits qu'il prétend dénoncer, qui accusent la victime de simulation et les arbitres de complot.
Le médecin en question ne va pas recevoir le grand prix de l'éthique médicale pour sa lettre, ni même celui de la compétence pour son diagnostic a posteriori. Il n'a pas peur de contredire les spécialistes qui ont pu examiner le problème avec vraisemblablement moins de désinvolture que notre ami, pour lequel une oreille qui ne saigne pas est une oreille intacte. En toute logique, son employeur considère donc que comme Mme Viennot n'était pas morte, le match aurait dû se poursuivre. Ou alors qu'elle est une simulatrice. Et au mieux, une bonne femme incapable de tenir ses nerfs.
Proisy devient presque drôle lorsqu'il dénonce la clémence des sanctions à l'encontre de Bastia (Antonetti appréciera) et clame que "Strasbourg ne portera pas le chapeau pour tout le monde". Pourtant, ça ne le dérange pas que Saint-Étienne porte le chapeau pour tout le monde dans l'affaire des faux passeports. Une affaire que le RCS avait pourtant inaugurée avec les papiers falsifiés de Garay, qui n'ont pas valu la moindre poursuite ni la moindre sanction à l'égard de Strasbourg (qui avait pourtant aligné l'Argentin durant toute la saison 99/2000).
"D'abord, je défends mon club. Ma fonction de secrétaire de la LNF passe ensuite mais je ne démissionnerai pas de ce poste" répond Proisy lorsqu'il est interrogé sur sa fonction de secrétaire de la LNF. Et dans un registre toujours aussi détestable, il préconise de "toiletter (sic) certains responsables de commissions qui sont là depuis l'ère Le Graët". Bien sûr, une bonne épuration, ça a toujours raffermi les régimes autoritaires.
À entendre nos dirigeants, on se demande pourtant si les bureaux de la Ligue sont devenus une salle de négociation des sanctions, de gré à gré. Dans cette même affaire, le FC Metz y réfléchit à deux fois avant de lancer les mêmes procédures d'appel que le Racing (qui a saisi la Commission fédérale d'appel et la CNOSF -—Comité national olympique et sportif français— dont les éventuels verdicts ne seront pas connus avant plusieurs semaines). Il faut dire que les Lorrains, qui pourraient se sentir lésés par ce jugement, n'ont pas trop à se plaindre des décisions concernant le faux passeport de Mondragon. Molinari faisait partie des pro-Le Graët, et ses sentiments doivent être très partagés".
L'ex-tennisman, qui reste en poste en dépit de toute logique et d'un bilan pourtant explicite, ne tient pas à abandonner à certains de ses collègues le terrain fertile des petites manœuvres. Les deux pieds dans le lisier qui a envahi la Ligue depuis sept mois, il méprise aussi bien les arbitres que la justice sportive. Il est dans le ton.