Yohan Step Beyond
Ballon de plomb 2010 – Les résultats. Après 2003 et 2006, un troisième arrière latéral remporte le trophée. Chiffres, analyse et palmarès.
Auteur : Thibault Lécuyer
le 10 Jan 2011
Depuis sa création, chaque lauréat du Ballon de Plomb raconte sa propre histoire. Et année après année, c'est un portrait robot qui s'ébauche sans dessinateur. Le portrait d'un footballeur maladroit, peu respectueux des supporters, ponctuellement brutal, parfois sans grande considération pour son club. Et surtout, burlesque au point d'en être comique. De Piquionne à Moussilou en passant par Kezman ou Mendy, jusqu'à Zubar (deuxième), Déhu (troisième) ou Rool (deuxième), la capacité à faire rire malgré soi est une composante essentielle du trophée. Un élément qui contribue à le maintenir au rang de blague potache dont il ne devrait jamais se départir.
Arriérés latéraux
A ce titre, Yohan Demont est le lauréat le plus légitime depuis longtemps. Il est le plus semblable à Francis Llacer, figure de proue du canal historique du Ballon de Plomb. Que le premier se soit cassé la main en frappant une porte répond à l'épisode au cours duquel le second a présenté son postérieur nu à ses supporters. Cousins dans l'humour, frères dans l'impulsivité maladroite, Yohan et Francis se répondent à sept ans d'intervalle. Le producteur qui leur proposera un buddy movie fera fortune, c'est certain.
Le plomb échappe au Big 3
Le Lensois a, de plus, le mérite de briser enfin l'hégémonie du triumvirat Paris-Lyon-Marseille sur la récompense. Un exploit remarquable après sept élections remportées par le trio. Les deux lauréats les mieux élus furent d'ailleurs Pedretti (34%) et Fiorèse (27%), seuls à avoir joué dans deux des trois clubs l'année de leur élection. Demont, a su imposer une évidence et mettre le coup de rein nécessaire dans la dernière ligne droite. Avec son menton carré et son sens très personnel de la communication, il est le Lance Armstrong de cette élection.
La victoire des têtes de lard
On ne pourra cependant ignorer que décerner le Ballon de Plomb à Yohan Demont aujourd'hui, c'est tirer sur une ambulance en flammes qui s'apprête à rejouer la fin de Thelma et Louise. Ses compagnons sur le podium ne vont pas mieux en ce moment. Souhaitons leur à chacun le destin de Benoît Pedretti et Frédéric Piquionne, épanouis depuis leur consécration (et que Demont gagne un jour le Ballon d'eau fraîche, que nous puissions titrer "Démont, le diable par l'aqueux"). Et plus que la panade sportive dans laquelle se sont englués les trois joueurs en tête de l'élection 2010, il semble que le mauvais caractère attire les faveurs du public avec plus d'efficacité qu'une déclaration populiste de Georges Frêche. Après Kezman et Piquionne, la tête de lard se taille la part du lion.
En tout cas, il sait comment porter un trophée.
Ballon de Plomb 2010, les résultats
(en pourcentage des points obtenus)
Le scrutin s'est déroulé du 13 au 31 décembre. 3848 votants ont désigné trois choix. Les résultats ont été établis à raison de trois points pour le premier choix, deux pour le deuxième et un pour le troisième.
Les 11% obtenus par Feghouli, malgré une notoriété digne d'un porte-parole des Verts, sonnent comme une victoire. Au pied du podium, Grégory Coupet pourra se plaindre du manque de respect des deux gamins qui le précèdent. Il double deux autres anciens excellents joueurs.
La chute de ces trois-là ne fut pas assez vertigineuse pour prétendre à mieux. Ils devancent cependant les grognards de l'élection. Ceux qui ont subi la nomination de trop (Dieuze, Grégorini) et ceux dont le potentiel de plomb n'a pas rencontré d'écho médiatique suffisant pour emporter plus de suffrages (Coutadeur, Kazim Kazim, et surtout Geder).
Quant à Ben Arfa, cas particulier et cas de conscience de cette élection, espérons qu'il sera le premier de sa catégorie à passer du podium du Ballon de Plomb à celui de n'importe quelle autre récompense positive. Jusqu'ici, les grands talents ou supposés comme tels qui se sont distingué lors de l'élection ont surtout donné raison aux électeurs (Keita, Kalou, voire Lucas et Christanval).
Le palmarès
2003 : Francis Llacer
2004 : Fabrice Fiorèse
2005 : Benoît Pedretti
2006 : Bernard Mendy
2007 : Matt Moussilou
2008 : Frédéric Piquionne
2009 : Mateja Kezman
2010 : Yohan Demont