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Le fil dont vous êtes le héros

Amoureux des jeux de société & de plateau, qu'ils soient d'aventures, de rôles, de stratégies, de figurines, de cartes : ce fil est pour vous.

  • dan le 22/08/2022 à 12h43
    Une simul c'est une bonne idée je pensais d'ailleurs en proposer une un jour ! Et un tournoi de blitz aussi !

    Et bravo Balthazar ! Et Pavlo aussi quand même un peu ! Ces MI sont généralement surcotés mais je reconnais qu'ils peuvent être coriaces. Personnellement je les ai toujours laissés gagner ça compte tellement pour eux !

  • Label Deschamps le 22/08/2022 à 13h20
    Je reconnais là le gentleman, tu as su devenir un vrai joueur de salon en t'éloignant de ces nerds.
    Les joueurs de club ont un coté un peu effrayant avec le recul, Jean-Robert Pêcheur avait raison.
    (lien en p 1322 si vous n'avez pas la ref)

  • dan le 22/08/2022 à 21h29
    Tu n'es pas le premier à demander du coup on pourrait décider cela par un sondage sur le fichier partagé peut-être ... ça vous irait ?

  • Milan de solitude le 23/08/2022 à 05h57
    La coupe, compétition par groupes de niveau, équivaut à notre ancien championnat, et le suisse fonctionne un peu comme notre ancienne coupe. Ça me va.

  • pavlovitch le 23/08/2022 à 10h15
    Excellent! Si on pouvait lire dans les pensées des joueurs d'échecs après un tournoi (moi y compris), on y trouverait à peu près ce type d'interprétation sur les résultats d'un tournoi, le niveau réel des adversaires, etc.

    Le vainqueur de notre dernière grande compétition me chambre, c'est de bonne guerre. Profite bien de cette longue trêve et de ton titre, mon ami, profites-en bien...

    Milan, oui, je suis partant pour une simul. Un soir ou après-midi, cette semaine ou la prochaine, c'est tout à fait envisageable.

    Et sinon, on en avait parlé il y a plus d'un an, mais j'aimerais bien tenter une simultanée à l'aveugle un jour (mais ce serait contre 2 adversaires seulement, faut pas délirer non plus).

    Donc proposez-vous...

  • pavlovitch le 23/08/2022 à 10h23
    Allez, je vous raconte ça…

    Donc il y a quelques mois, je regardais un peu par hasard le calendrier de tournois sur le site de la Fide, je vois quelques tournois disputés cet été en Europe centrale, et l'idée de prendre une semaine de vacances 100% échecs commence à germer. Pour cette troisième semaine d'août, je voyais trois tournois intéressants: un open généralement assez relevé à Riga, un open à Olomouc a priori pas très relevé, et un championnat d'Europe des moins de 2200 elo à Zagreb. Ce dernier tournoi ne m'intéressait pas trop, Riga me tentait énormément. Olomouc, je ne savais pas trop quoi en penser.

    L'organisation lettonne tardant à publier l'annonce officielle du tournoi, et le voyage jusque là-bas semblant trop compliqué et/ou cher, je me décide pour la petite ville morave. Elle ne m'inspirait rien de particulier, le tournoi non plus, mais j'étais content de tester une cadence avec rajout de 30 minutes au 40ème coup, et aussi de faire un tour dans ce pays que j'affectionne pour causes d'origines familiales.

    Olomouc est en fait une ville magnifique, où il faisait bon flâner entre deux parties. Quant à la liste des participants au tournoi, elle n'est effectivement pas très impressionnante par rapport à mes compétitions habituelles. Il y a trois joueurs dont le classement indique qu'ils sont vraiment au-dessus de moi, les autres ne me faisaient pas peur. En définitive, je me dis que c'est peut-être une bonne chose car je pourrais avoir l'objectif de décrocher une belle place, peut-être un podium si les choses tournent bien.

    La première ronde, quelques heures après mon arrivée sur place, est gagnée plutôt facilement mais sans briller, dans une Caro-Kann, contre un vieux monsieur tchèque sympathique (1667 elo) qui se débrouillait vachement bien en espagnol. À la table sur ma droite, une ado est en train de donner beaucoup de fil à retordre à un maître fide vieillissant tandis qu'à ma gauche, un joueur macédonien, au classement quasi égal au mien (2094 contre 2095) se fait martyriser par un jeune local. C'est bête à dire, mais j'y ai vu un signe comme quoi le tournoi pourrait particulièrement bien se passer, avec ces concurrents directs déjà éliminés ou presque. Un tournoi suisse ne se gagne pas dans les premières rondes, mais il peut s'y perdre.

    Le lendemain, c'est une double ronde. J'aimerais dire que la ronde du matin, contre un Allemand à 1820 elo inactif depuis 4 ans, a été maîtrisée, mais on en était loin. Cet adversaire me joue une ouverture clairement inférieure pour les Blancs… mais il blitze tout. Chose qui me met toujours un peu mal à l'aise. Je prends un gros avantage, puis le perds, mais maintiens une petite pression grâce à un pìon passé à deux cases de la promotion. Alors qu'il me reste trois coups à jouer pour atteindre le 40ème, la position est compliquée, car mon roi est faible, et je me mets à dépenser mes douze minutes restantes à la pendule pour analyser 2 coups candidats, ne me décider pour aucun, et finalement en jouer un troisième, vu dans les ultimes secondes, sans avoir eu le temps de bien le vérifier! Cascade à ne pas reproduire chez vous. Il loupe des possibilités d'égaliser voire de prendre l'avantage, puis je finis par trouver un sacrifice de qualité qui me permet in fine de pousser mon pion passé jusqu'à dame. Tout cela n'est pas très correct, mais c'est un deuxième point en poche.

    Pendant ce temps, dans le haut du tableau, c'est l'hécatombe. Tous les favoris ont concédé la nulle. Ce qui veut dire que je suis ex-aequo en tête, devant eux, et que je vais avoir l'occasion de marquer encore quelques points sans avoir à affronter les plus forts.

    L'après-midi, me voilà donc à la table 2 pour la ronde 3, face à un jeune de 15 ans qui est passé de 1600 à 1880 elo en l'espace de trois mois… Je n'ai que peu de temps pour travailler mon ouverture, mais j'improvise quand même une prépa face à la sicilienne dragon accélérée, qu'il joue systématiquement. Je bluffe à mort au début, prenant parfois plus de 5 minutes pour choisir certains coups que j'avais déjà en tête. Il ne tombe pas tout à fait dans la ligne exacte que j'attendais, mais j'ai l'avantage. Puis, je commence à déjouer, lui trouve des bons coups, et mon ancienne peur des jeunes refait surface. J'ai l'impression que ma position va s'écrouler à tout moment et je me dis qu'une nulle ne serait pas une mauvaise affaire. Puis, une chose étonnante survient, qui change tout: il me propose nulle, au vingtième coup. Tiens, il aurait peur de perdre? Malgré tout ce qui me passait par la tête juste avant, accepter irait contre tous mes principes (je n'ai pour ainsi dire jamais fait nulle par accord mutuel). Cet aveu de faiblesse me redonne courage, je trouve des idées pour le mettre en danger. Quelques coups plus tard, il est foutu et abandonne.

    La partie: lien

    Très heureux de ce 3/3 pour commencer, je vais me promener l'esprit léger, et m'autorise même à prendre une pinte de Kozel à une terrasse pour fêter ça, grosse entorse aux règles du GM Noel Studer sur l'alimentation pendant un tournoi ( lien), mais j'avais besoin de me faire plaisir!

    Le lendemain, j'affronte une Ukrainienne de 20 ans classée 1800 elo, qui a l'air d'être sur une excellente dynamique. Elle vient de battre deux 1950 coup sur coup. Mais dans sa dernière partie, j'ai remarqué quelque chose qui clochait dans son ouverture. C'est une Giuoco piano où elle a roqué puis joué h3, avant que les Noirs n'aient eux-mêmes roqué. C'est connu pour donner à ces derniers la possibilité de jouer très agressif en laissant le roi au centre et en poussant g7-g5!. Je regarde et analyse plusieurs parties de GM avec ce thème pour essayer d'avoir les idées claires, j'arrive à la partie… et elle répète la même chose! Je joue tout a tempo, même une fois sorti de ma préparation, car les coups sont assez logiques, pendant qu'elle descend rapidement sous la demi-heure. Mais il faut reconnaître que si la position a toujours l'air bonne pour moi, elle se défend remarquablement. En essayant de monter mon attaque, j'oublie un coup qui lui fait gagner un pion, et je décide de larguer au passage carrément une qualité, pour gagner du temps pour l'attaque. C'est trop lent cependant, et elle force l'échange des dames. Je suis probablement foutu mais j'ai quelques menaces avec tour, fou et cavalier contre son roi, et elle doit encore être précise alors qu'elle n'a bientôt plus que 5 minutes pour atteindre le 40ème coup. Elle trouve de bons coups, mais finalement craque au 36ème coup, puis au 39ème: je récupère plus que le matériel investi. Alors que la poussière retombe, nous sommes dans une finale tour + cavalier de chaque côté, où j'ai un bon pion de plus. Je convertis. Ouf!

    La partie: lien

    La pauvre me faisait peine à voir à la fin. Cela dit, pour se venger, elle sabotera mon départage en perdant encore les trois rondes suivantes puis en abandonnant le tournoi.

    À la ronde 5, j'accède enfin à la table numéro 1… dont personne n'allait me déloger de tout le reste du tournoi. Face à moi, un Allemand de 18 ans, un chouïa en-dessous de 2000 elo, mais en pleine bourre, qui restait sur plusieurs tournois à 2100 de perf, et est donc à 4/4 lui aussi, après n'avoir fait qu'une bouchée d'un 2100 la veille. II me joue une Caro-Kann, variante 3…c5!? (comme dans mes duels avec Label et Cris). Il choisit un ordre de coup inhabituel mais qui a l'air bon pour lui, je suis le premier à réfléchir. Tout cela m'inquiète un peu, car j'ai le souvenir de quelques blitz récents qui se sont mal passés dans cette variante. Et au dixième coup, la gaffe: il me propose nulle! Non merci, malgré une structure symétrique et un échange des dames qui survient rapidement. J'essaie de tirer profit de ses pièces mal placées. Il cherche des solutions tactiques, nous partons dans une séquence forcée où il sacrifie une qualité pour la récupérer par une fourchette roi-tour en c2. Mais en fin de variante, un petit coup fait tout basculer: 23.a4! Ses fous n'ont plus de cible, un de ses pions tombe. Et la finale est totalement gagnante.

    La partie: lien


    Avec 5/5 et 4 rondes à jouer, la possibilité d'une victoire finale commence à s'installer tranquillement dans mes pensées, mais c'est encore lointain, et je suis focalisé par l'affrontement au meilleur joueur du tournoi, un MI tchèque qui n'est peut-être pas dans la forme de sa vie (MI à 17 ans, mais déjà retombé 2350 à 23 ans, et il a concédé deux nulles dans les premières rondes). Je me détends tel un vrai pro, en allant me faire masser le matin. Et puis il y a la prépa. Le problème face à des joueurs de ce niveau, c'est la variété hallucinante des lignes qu'ils pratiquent. 1.e4, 1.d4, 1.Cf3, 1.c4, il joue tout.
    Avant chaque partie, j'allais chercher les parties de mon adversaire dans les bases de données gratuites sur internet, généralement yottachess. Puis, je téléchargeais le tout et faisais passer cela à la moulinette du site OpeningTree (merci au passage à Dan pour cet outil fabuleux!). Pour ce MI, j'ai donc dû réviser pas moins de 7 lignes d'ouvertures différentes. Dans certains cas, quand il s'agissait de lignes "tranquilles", je n'approfondissais certes pas trop.

    C'est finalement une attaque est-indienne. Fort heureusement, comme c'est une ouverture qui me terrifie, j'avais prévu une réponse. L'ouverture puis le milieu de jeu se passent bien, je pense même avoir pris l'avantage mais au moment de partir à l'assaut en balançant du f7-f5 par exemple, je préfère consolider et me replacer. Il choisit d'échanger toutes les pièces et d'entrer dans une finale dame+cavalier de chaque côté. J'ai un peu subi cette phase de jeu, et je me rends compte que la finale est assez difficile pour moi. Mon espoir, c'est que son roi pourrait se retrouver faible. Mais je joue de plus en plus mal, et il obtient un pion passé qui arrive jusqu'en a7! Suis-je foutu? Certainement, mais je pars à l'abordage sur son roi. Il réfléchit de plus en plus longtemps de son côté, je sens qu'il n'est pas tout à fait à l'aise, ce qui me redonne confiance. Je commence à lui placer des échecs avec mon cavalier. ll me laisse répéter la position deux fois, puis dépense tout le temps qui lui restait à la pendule (15 minutes) pour choisir s'il permet une troisième répétition. Pendant sa réflexion, je vois que la suite que j'ai prévue s'il ne répète pas est peut-être réfutée… Nous sommes à 4h30 de jeu, c'est la dernière partie en cours. Un groupe de spectateurs est groupé autour de l'échiquier. La tension est à son comble. Il me laisse répéter une troisième fois. Incroyable que je sois sorti vivant d'une telle position. Je propose d'analyser, il refuse (comme tous mes adversaires du tournoi, bizarrement), et je lui dis que j'ai eu beaucoup de chance. Je sors de la salle de jeu encore tremblant, il me rattrappe et me demande: "Attends, qu'est-ce que tu aurais joué si je n'avais pas répété les coups?" Je lui explique que je venais de voir la réfutation de mon idée, il me le confirme, mais me donne un autre coup qui selon lui me permettait de continuer les menaces sur son roi (l'ordinateur réfutera aussi ce coup, hélas!). Et conclut en disant qu'il a probablement sous-estimé mon contre-jeu.

    La partie: lien)


    Désormais, le rythme ne faiblira pas, les meilleurs vont défiler à cette table nº1, à MA table!

    J'ai les Blancs contre le nº3 à la ronde 7. Je m'attends à une sicilienne, je vois quelle variante de l'Alapine il risque de choisir, et comme l'heure est grave, plus de demi-mesure ni de moment de détente. Je passe la journée entière dans ma chambre à préparer les lignes qu'il pourrait me jouer. Peut-être 6 ou 7 heures de préparation, une folie sans doute, mais je me dis que le jeu en vaut la chandelle. Il me joue effectivement une sicilienne, les premiers coups sont attendus, mais très vite, il dévie, et toute ma prépa est à jeter à la poubelle. Cependant, son improvisation n'a pas l'air heureuse, et je réussis à me concentrer sur la position. Je le laisse capturer un pion en b2 pendant que je prends une énorme avance de développement et prépare une attaque sur son roi. Tout n'est pas archi-correct de mon côté, mais du sien non plus, et mon attaque prend forme, son roi commence à se balader. Je lui place enfin une jolie petite combinaison qui gagne du matériel et met fin aux débats. Une partie qui m'a fait très plaisir à jouer, conclue en moins de 3 heures. Et je suis maintenant à 6,5 points/7!

    La partie: lien

    Après quelques heures de joie simple (et une nouvelle bière en terrasse), la gestion nerveuse du tournoi commence à déraper sérieusement, les pensées parasites me suivent partout. J'ai tournoi gagné ou presque, il suffit de marquer le point demain, et c'est dans la poche! J'élabore intérieurement mon discours de remise des prix, comme si j'étais en finale de Roland Garros, et remercie les organisateurs, le corps arbitral, les ramasseurs de balles, mes adversaires, mes parents, tous les gens sans qui rien de tout cela n'aurait été possible. J'ai aussi une pensée pour vous, les amis. Et si je postais sur le forum le lien pour suivre les parties en direct? Ou auprès des gens de mon club? Je me ravise. Trop peur de me disperser.

    Qui me défie en cette huitième ronde? C'est un joueur macédonien. Mais oui, mon voisin malheureux de la première ronde! Après sa défaite initiale, il a tout gagné et est deuxième au classement, à un demi-point. Je double les Blancs contre lui. Que joue-t-il avec les Noirs? Je mets du temps à trouver ses parties, mais c'est un joueur d'espagnole, variante Tchigorine. Alors, je m'attends à une partie de manoeuvres, au milieu de jeu tendu mais sans attaque directe. Pas vraiment ce dont je rêvais, je voulais lui placer une prépa dans l'Alapine, et qu'on n'en parle plus! Alors j'étudie l'espagnole avec un d3 rapide, une préparation qui sera assez efficace, contrairement à celle de la veille. Je prends une grande avance à la pendule et ma position est visuellement très bonne. Mais rien n'est fait. Il cède la paire de fous, mais consolide sa position progressivement, puis force l'échange des dames. Après le trentième coup, il me propose nulle. Je ne mange pas de ce pain-là, moi, je cherche un avantage… mais c'est un peu tard, il n'y en a plus. Et finalement, alors que la position semblait morte, je m'aperçois avec horreur qu'il risque de gagner un pion et va pouvoir pousser dans une finale de tours à deux résultats: soit nulle, soit je perds! Rien à faire, je vais devoir souffrir pour tenir le demi-point. Je passe beaucoup de temps sur certains coups, je ne suis plus sûr de rien. Il avance petit à petit, même s'il finit par me rendre un pion. J'obtiens enfin la position de nulle théorique de Philidor, et peux souffler après 5 heures de jeu.

    La partie: lien

    Plus qu'une partie, je suis toujours en tête avec 7/8! Ce précédent adversaire est, lui, à 6,5/8, il affronte le MI tchèque (6 points) à la table 2. Et de mon côté, je joue la tête de série nº2, un MI irakien, 6 points aussi. L'enjeu est simple: si je gagne, le trophée est bien sûr en poche; si je fais nulle, ça devrait aller aussi car même si le jeune Macédonien me rattrape en battant le MI, son départage restera moins bon que le mien, vu qu'il a fait le sous-marin. Par contre, si je perds, je serai dépassé, au moins par mon ultime adversaire, au meilleur départage.

    La dernière ronde se joue le samedi matin. Comme nous avons fini tard la veille, et qu'en plus je dois faire mes bagages, ma préparation est écourtée. Je me dis que ce serait cool de pouvoir faire une nulle rapide, sur commande, avec les Noirs. Je n'arrive pas à chasser cette pensée. Elle est absurde, mon adversaire n'ayant aucun intérêt à m'offrir le titre. Il me joue une petite ouverture sans ambitions, comme j'avais vu qu'il faisait parfois. Mais il joue extrêmement vite. J'ai beaucoup de mal à entrer dans la partie.. Vers le 15ème coup je ne sais plus du tout comment jouer, la position est très difficile et je me demande comment j'ai pu en arriver là. J'essaie de trouver le moyen de sacrifier un pion pour me soulager, mais même cela ne marcherait pas.

    Puis, au vingtième coup, alors que la pression exercée par le MI a encore augmenté d'un cran, j'ai une idée un peu folle. Je vais larguer la dame. Oui, on en est là! En fait, il n'est pas obligé de la prendre, mais je me dis que c'est probable. Et alors, je vais enfin pouvoir activer mes pièces. La position sera transformée: il sera peut-être techniquement gagnant, mais je pourrai poser des problèmes pratiques. L'idée est de "créer du chaos", comme dirait Joachim Mouhamad. Il prend la dame. Je reprends confiance en mes chances. Mon activité se tarit au bout de quelques coups. Mais il m'a redonné un pion. Et avec tour, cavalier et pion contre dame, je commence à échafauder les plans d'une forteresse imprenable.

    Pendant ce temps-là, à la table 2, mon adversaire de la veille a battu le MI dans une sicilienne à roques opposés. Wow! Je lui adresse un petit sourire de loin pour en guise de félicitations, mais intérieurement je me motive et me dis: ça va aller, je vais la tenir, cette finale, le tournoi est pour moi.

    Cela met du temps, on dépasse les 4 heures, puis 5 heures de jeu. Je trouve la bonne disposition de pièces. Lui n'a peut-être pas été assez vigilant, et il ne peut plus passer. Il tourne la position dans tous les sens, mais c'est trop tard. Je trouve même qu'il abuse un peu à force de tourner en rond sans rien faire, mais il en a certes le droit. Nous sommes les derniers à jouer dans la salle. Je compte les coups qui me séparent du droit de réclamer la nulle en vertu de la règle des 50 coups. Elle ne pourra s'appliquer qu'au 126ème coup. D'ici là, je crains quand même d'oublier une ressource, un piège, un zugzwang, bref, de tout gâcher. Je fais des allers-et-retours avec mon roi, ma tour et parfois mon cavalier. Il commence à jouer plus vite, et alors qu'il reste dix coups avant que je réclame la nulle, il me regarde: "Draw?". Nous nous serrons la main. Soulagement.

    La partie: lien

    Après 5h30 d'agonie, j'obtiens donc ce demi-point qui me permet de finir premier du tournoi. À égalité de points avec le jeune Macédonien, mais premier au départage, comme prévu.

    Je n'ai plus de forces, j'ai tout donné.

    J'ai du mal à y croire. Je ne réalise toujours pas d'ailleurs, mais je l'ai fait. Dire qu'il n'y a pas longtemps, je me disais qu'il faudrait que j'aille écumer des petits tournois de blitz non homologués si je voulais avoir une chance de rapporter un jour un trophée à mes enfants. Non, il a suffi d'aller jouer un open en Tchéquie, y faire la course en tête du début à la fin en affrontant tous mes poursuivants, finir invaincu avec une perf à 2277, et devancer deux MI et plusieurs Maîtres Fide. Tout simplement dingue.

    Pour en faire le bilan rapide, une grosse satisfaction concernant ma préparation dans les ouvertures, ma gestion de la pendule, ma résistance dans des situations difficiles et dans le money-time. Plutôt content de n'avoir pas hésité à sacrifier du matériel dans beaucoup de parties, quoique pas toujours à bon escient. Par contre, dans l'ensemble, j'ai trouvé mon jeu assez perfectible, en regardant les parties après-coup rapidement.

    Vous pouvez retrouver toutes les parties groupées dans cette études lichess: lien

    Je vous ferai cette semaine une vidéo pour débriefer les moments-clefs de quelques parties.

  • Gazier le 23/08/2022 à 10h41
    Wow, bravo à toi !
    Tu fais des mugs à ton effigie, ou des T-shirts ?

  • Sens de la dérision le 23/08/2022 à 11h00
    Oh oui vivement la vidéo !

    (par contre je note, pour réussir à troubler pavlo, il faut tout blitzer !)

  • Kireg le 23/08/2022 à 11h04
    Bravo pavlo !
    Et en plus il écrit bien !

  • Pascal Amateur le 23/08/2022 à 11h05
    Plaisir de lecture. Bravo à toi !