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Feuilles de match et feuilles de maîtres

Qui a dit que football et littérature étaient incompatibles ? Voici le forum où vous pourrez parler de vos lectures récentes et anciennes, liées ou non avec le ballon rond.

Un conseil de lecture ? Une bonne librairie ? =>> "You'll never read alone", le Gogol Doc: http://bit.ly/11R7xEJ.

  • Mitch le 07/10/2022 à 11h23
    Peut-être qu'Ernaux m'est plus sympathique parce que je pressens que je n'aurai jamais de style, de belle langue comme Michon même si j'écris pendant cinquante ans sans m'arrêter. Peut-être qu'elle rend la littérature espérable pour le commun des mortels

  • Milan de solitude le 07/10/2022 à 12h39
    Dommage, ce "surchauffé". Il y a une forme de médiocrité à faire une pause dans ses pleurs, dans ses pensées à Marianne, pour noter, au prix d'un adjectif prolongeant une phrase déjà copieuse, que le wagon est surchauffé, à la seule fin d'exprimer la bascule depuis le froid matin, bascule qui devrait se jouer dans le cœur et non sur la peau.
    Sinon, c'est bien.

  • Raspou le 07/10/2022 à 15h03
    J'adore ce passage sur "la Belle Langue":

    "Ma grand-mère, qui s'est mariée en 1910, était encore fille. Elle s'attacha à l'enfant, qu'elle entoura assurément de cette fine gentillesse que je lui ai connue, et dont elle tempéra la bonhomie brutale des hommes qu'il accompagnait aux champs. Il ne connaissait ni ne connut jamais l'école. Elle lui apprit à lire, à écrire. (J'imagine un soir d'hiver ; une paysanne jeunette en robe noire fait grincer la porte du buffet, en sort un petit cahier perché tout en haut, « le cahier d'André », s'assied près de l'enfant qui s'est lavé les mains. Parmi les palabres patoises, une voix s'anoblit, se pose un ton plus haut, s'efforce en des sonorités plus riches d'épouser la langue aux plus riches mots. L'enfant écoute, répète craintivement d'abord, puis avec complaisance. Il ne sait pas encore qu'à ceux de sa classe ou de son espèce, nés plus près de la terre et plus prompts à y basculer derechef, la Belle Langue ne donne pas la grandeur, mais la nostalgie et le désir de la grandeur.)"

    Je trouve qu'il reflète bien la musique des trois premières "vies", plus sobre que les suivantes. Le passage cité par Balth est très beau, bien sûr, mais il y a une emphase accrue, souvent d'ailleurs lorsque l'auteur parle de lui-même avec une sorte de jouissance dans l'autodénigrement. Je préfère cette musique-là:

    "Que dire d'une enfance au Châtain ? Genoux écorchés, baguette de coudre pour tromper les jours et courber les herbes, "habits puant la foire" et vieillots, monologues patois sous les ombres luxueuses, galops sur les javelles chiches, puits ; les troupeaux ne varient pas, les horizons persistent. L'été, l'après-midi se tient dans l'œil d'or des poules, les tombereaux encalminés lèvent le cadran solaire de leur timon ; l'hiver, le ban des corbeaux tient le pays, règne sur les soirs rouges et le vent : l'enfant nourrit sa torpeur d'âtres et de gels sonores, fait s'envoler les oiseaux lourds, s'étonne que ses cris s'embuent dans l'air glacé ; puis un autre été vient."

  • Milan de solitude le 07/10/2022 à 15h30
    Ce dernier passage est splendide et donne envie de lecture.

  • Balthazar le 07/10/2022 à 17h15
    Procédons avec ordre.

    - Pascal, Red Tsar parlait d'influence, alors j'ai parlé d'influence ; je n'ai pas dit que Michon avait « inventé » quoi que ce soit. (Et surtout pas une « poésie minuscule », quelle horreur, tout est au contraire grandiose chez Michon (oui, bon, hormis son patronyme, d'accord).)

    - Mitch, en effet je n'ai pas tout à fait choisi cet extrait au hasard, j'ai parcouru le texte quelques instants avant de me décider, mais mon intention ne fut pas celle que tu me prêtes. J'avais d'abord pensé à un autre passage ; et c'est parce que je craignais qu'il ne passe pour un exercice de style aux yeux des [censuré] d'ici que j'en ai finalement retenu un autre.
    Au sujet de ton autre message : « Peut-être qu'Ernaux m'est plus sympathique parce que je pressens que je n'aurai jamais de style, de belle langue comme Michon même si j'écris pendant cinquante ans sans m'arrêter », je comprends ça, mais à un certain degré d'admiration toute jalousie s'évanouit, non ? Donc c'est encore affaire de goût... (J'ajoute que Michon m'a tout l'air d'être l'homme le plus sympathique du monde.)

    - John, comme tu dois t'en douter, j'ai du mal avec tout ça. Si je ne savais pas que de telles opinions circulent (et personne pour les arrêter, mon Dieu), je serais, je le répète, aussi étonné que si des gens comparaient sérieusement Réveillère à Messi. « Oui, bon, d'accord, c'est un besogneux, on n'admire pas ses dribbles, il a dû marquer moins de dix buts dans toute sa carrière, mais tu comprends, c'est une autre idée du football, on peut vraiment s'identifier à lui, et puis il a inspiré beaucoup de latéraux. Alors que Messi, tu peux juste l'admirer, y a rien d'autre à faire. Etc. »
    J'ai l'impression, à te lire, que tous les styles se valent. Lui il a choisi la « belle langue », et elle l'« écriture plate », c'est comme ça, c'est leurs choix. Pas de hiérarchie. Voire une hiérarchie inversée, où Michon ne serait sauvé qu'en vertu de la conscience qu'il a des faux prestiges du grand style.
    Et personne pour dire que si Michon et Ernaux écrivent comme ils écrivent, c'est d'abord parce que l'un a du génie (oui, je sais, je parle comme au XIXe) et que l'autre, quelles que soient ses qualités, n'en a pas une goutte.
    Bien sûr je devrais tempérer mon jugement, ne pas oublier de dire que je peux me tromper, etc., mais franchement ce serait de la pure et fausse politesse, il n'y a rien au monde dont je sois plus sûr que de cela.
    Raspou l'a dit pour moi, j'ai bien aimé « Les Années » ; je trouve que c'est un bon livre. Si on était en train de comparer Annie Ernaux et Christine Angot, je vous dirais avec plaisir le plus grand bien de la première. (Réveillère fut un excellent footballeur.) Mais là on la compare à Pierre Michon. Rien que de l'écrire, ma vue se brouille.

    - Milan : si tu veux. C'est la 10 053e chose que j'aurais pensé à dire de ce texte, mais si tu veux.

    - Raspou : le passage que tu cites m'émeut moins, mais moi aussi je le préfère.

  • Pascal Amateur le 07/10/2022 à 17h19
    N'empêche, si on jour un cofilaire a pour nouveau pseudonyme Mitchon, c'est qu'il aura atteint son ambition.

  • Mitch le 07/10/2022 à 17h25
    Cet échange me laisse sur ma faim, parce que j'ai pas réussi à formuler ce que je voulais, parce que je me suis aventuré à tâtonner trois mots maladroits sur mon téléphone, parce que j'ai pas été au bout de ma pensée. Mais passons, c'est le lot des échanges sur ce genre de sujets dans ce format. Juste un truc: je ne jalouse pas Michon ni Ernaux puisque je suis sans illusion sur mon absence de génie et sur la mince quantité de mon talent. Je lirai les deux et je reviendrai moins sot.

  • Pascal Amateur le 07/10/2022 à 17h36
    Jalouser un auteur, c'est globalement jalouser la folie que son écriture a contenue. Difficile à envisager à mon sens.

  • inamoto le 07/10/2022 à 17h40
    Je propose de lancer une troisième saison du concours de nouvelles. Il y aurait deux équipes : une qui décrit des situations où il ne se passe rien, mais avec style, et une autre qui, avec les pieds, raconterait des histoires extraordinaires.

  • Balthazar le 07/10/2022 à 17h46
    Oui, en relisant, je crois comprendre que Mitch ne parlait pas d'envie mais d'affinités rendant possible une forme d'identification (et que "sympathique" était à prendre dans cette perspective). Parce qu'en effet la jalousie est difficile à concevoir : soit tu admires vraiment, et l'envie qui pourrait naître est aussitôt neutralisée, soit tu n'admires pas vraiment, et c'est la jalousie qui n'a plus lieu d'être. Bref, comme souvent, j'ai projeté mes propres obsessions sur la prose des autres, et j'en ai foutu partout, pardon.