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Feuilles de match et feuilles de maîtres

Qui a dit que football et littérature étaient incompatibles ? Voici le forum où vous pourrez parler de vos lectures récentes et anciennes, liées ou non avec le ballon rond.

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  • Mitch le 03/10/2022 à 10h11
    Pascal, tu vas me faire rougir.
    Toujours très intéressant d'avoir un retour de lecture aussi détaillé avec un oeil que je suspecte extérieur à ce petit monde-là. Je retiens ce que tu y as lu et que je voulais au départ de ce projet: il fallait que ce soit triste. Il fallait une forme de désespoir. Tu es pour ainsi dire le premier à la relever comme cela, dans cette ampleur.
    La résolution de l'intrigue est effectivement anecdotique. Elle donne une raison au reste mais c'est tout. Merci d'avoir été au-delà dans ta lecture.

    Et merci Tes Fessées! J'ai toujours un peu la pression au moment de poster des trucs sur le fil littérature des Cahiers qui est d'une érudition collective folle. Ce genre de message me rassure, j'ai le sentiment de ne pas être passé à côté de mon sujet.

  • inamoto le 04/10/2022 à 21h45
    (Anne Karénine] [Spoiler Inside]

    A la fin de ma lecture enthousiaste de "La Guerre et la Paix" vous aviez été plusieurs à me conseiller de me tourner vers son roman cousin "Anna Karénine".

    Du coup il fallait bien que j'en dise deux mots, même si je n'excelle pas particulièrement dans l'exercice de la critique et que Tolstoï, disons-le tout net, m'intimide drôlement. Presque autant que vous.

    Alors si l'on veut commencer par le commencement : c'est un livre superbe, merci pour la recommandation. Tolstoï, de toute façon, c'est superbe, top 3 ou 4 des auteurs qui m'auront le plus marqué so far. Je suis vraiment heureux de l'avoir découvert. Il fait partie de ceux qui changent une vie de lecteur (une vie tout court, donc ?). Il y a tant de choses qui ont dû être dites et écrites mille fois : l'ampleur de ces romans si denses, si vastes, si profonds en même temps. Ce style, si fluide qu'il en parait simple. Les personnages, souvent très denses, très fouillés, très complexes, avec ceux du premier rang, ceux du second rang, et puis ceux qu'on voit à peine et dont, pourtant on se souvient après, parfois très nettement. Non, vraiment, Tolstoï, grande classe fréro.

    Donc au moment de juger, si on avait pris ça uniquement en termes absolus, j'aurais sans doute dit : magnifique, allez-me lire ça tout de suite, et à-bas les pisse-froids. Le problème c'est qu'en littérature, comme en toute chose, on juge souvent en termes relatifs, et, comme je l'ai dit il y a deux paragraphes de cela, la lecture d'Anna Karénine a suivi de quelques mois seulement celle de "La Guerre et la Paix". Donc toutes les caractéristiques de Tolstoï décrites plus haut sont communes à ces deux romans, qui sont pourtant bien différents, et voilà je le dis aussi brut que ça me vient : Anna Karénine, c'est quand même vachement moins bien.

    Je serais bien incapable de le justifier dans le détail, donc je vais en donner quelques raisons, trois en fait, je n'ai pas fouillé plus pour en trouver d'autres : tout d'abord j'avais été extrêmement admiratif dans La Guerre et la Paix du mélange entre histoire et Histoire, et même entre histoire, Histoire et réflexion sur le sens de l'histoire. Le roman, le récit historique et une forme de réflexion sur l'écriture historiographique se mélangeaient sans que ça me paraisse jamais lourd ni artificiel. Anna Karénine est débarrassé de ce mélange des genres : seul le romanesque demeure, dans sa pureté absolue. Je pense qu'il y a des gens qui pourront considérer que ça ramène l'oeuvre à son essentiel - pour moi, ça la diminue - mais est-il pertinent de comparer ? Tant pis, je continue.

    La seconde chose qui m'a fait un peu tiquer est toute bête : il y un artifice romanesque assez important (bon je spoile, mais j'ai prévenu au début j'ai le droit), qui est que le roman se termine comme il commence par un suicide de femme sur une voie ferrée. Franchement. Quand on se fade 1000 pages de sentiments aussi riches que ceux que vivent tous ces personnages, à quoi bon en arriver là ? Je me suis demandé s'il n'y en avait pas d'autres, des trucs comme ça, qui ressemblent à des fausses bonnes idées de novellistes branquignols en mal d'inspiration. Et puis je m'en suis voulu d'oser penser ça, mais je ne sais pas pourquoi j'ai refermé le livre un peu chiffonné.

    Et puis la troisième raison est la plus essentielle : j'ai été moins marqué par les personnages, sans que je sache pourquoi. C'est ainsi. Kitty est déjà sortie de mon esprit depuis longtemps, tout comme ce gros balourd de mari trompé. Anna Karénine est complexe et admirable, de tous points de vue, mais à la longue je me suis demandé ce qu'elle avait trouvé de si incroyable à ce Vronski de malheur. Il y a des moments, je me suis dit si ce n'était pas un jeu littéraire : "raconte un scénario de Dallas mais à la manière de Tolstoï", avec une succession de tableaux sentimentaux dont la force n'était pas toujours à la hauteur de l'effort de description apporté par Tolstoï. Je force le trait, évidemment, mais c'est pour expliquer cette petite déception relative. Quelques mois après avoir refermé le livre, j'ai l'impression d'avoir des souvenirs plus précis d'André Bolkonsky, de Pierre Bezhoukov, Natacha Rostov, ou son frère Nicolas, que j'aimais tant (anecdote : récemment pour un truc au boulot il fallait dire "à quel personnage de roman vous identifiez vous le plus ?", et j'ai répondu Nicolas Rostov. Avez vous déjà vu un truc plus incroyablement prétentieux ?), et de toute la clique.

    Cela dit, il y a quand même des moments de grâce, comme dirait Nathalie Kosciucko-Morizet. Par exemple la scènes de courses avec la chute d'Alexis Vronski. Ou encore - je ne sais pas pourquoi cette scène m'a tant émue - le moment où Constantin Levine va faucher avec ses paysans, là où n'est pas sa place, mais qu'il y trouve un bonheur si intense. J'arrête, ça paraît complètement idiot dit comme ça, mais ceux qui ont lu partageront peut-être. Et les autres, je vous encourage à le lire.

    Enfin bref, c'était malgré tout ce que je viens de dire un très grand roman, et je crois que je vais continuer avec d'autres. A vous la régie.

  • Pascal Amateur le 04/10/2022 à 22h06
    [Anna Karenine] Merci beaucoup inamoto pour ton partage, c'est ce qui fait la richesse de ce fil. Je voulais dire qu'à mon sens le dénouement n'a rien d'un lapin sorti du chapeau d'un auteur mal inspiré : il est logique. Et moi, c'est ce qui m'avait bien embêté, car il venait mettre la dernière pierre à un personnage féminin proprement insupportable, écrasé par sa névrose dont son mari puis son fils sont les jouets, les objets, finalement hors de sa portée. Anna n'est pas touchante, n'est pas attendrissante : elle repousse ; démunie, elle retourne la violence contre elle-même, sans doute pour punir les autres, aigre jusqu'au bout. J'ai toujours préféré Clawdia Chauchat et ses "pommettes placées très haut".

  • Manx Martin le 05/10/2022 à 00h01
    "Manx Martin le 25/07/2022 à 17h06
    Tolstoï est le champion du monde du récit toutes catégories, de 2000 à 25 pages.

    Dans Anna Karénine, un des passages que je trouve le plus émouvant c'est quand Koznytchev va se promener dans les bois avec Mlle Varenka. Tout le monde sait qu'ils s'aiment et que c'est le parfait moment pour - enfin ! - lui dire. Mais ils sont gênés tous les deux, et Koznytchev fait ce qu'il sait faire, il raconte des trucs savants sur les arbres et les champignons, et elle l'écoute, elle ne sait pas quoi dire, lui non plus, et puis voilà qu'ils ont fait leur petit tour, ils sortent de la forêt, il faut rejoindre les autres. Le moment est passé, pour toujours. Ça fait 10 pages.

    Et aussi quand Lévine se met en tête de faire la moisson avec ses paysans. Qui le regardent avec amusement et pleine conscience qu'ils appartiennent à deux humanités différentes. Lévine lui ne le sait pas.

    -----------------------

    On n'a pas le même maillot mais on a la même passion.

  • Raspou le 06/10/2022 à 14h47
    C'est fou, quand même: je mentionne en passant qu'il faut que je vous parle d'Annie Ernaux, et paf ils lui filent le Nobel... Je n'ai rien contre être un influenceur, mais là ça va trop loin...

  • Pascal Amateur le 06/10/2022 à 14h49
    Bon, bon, d'Ernaux alors on lit quoi ? J'ai pas de livre de ladite chez moi, et il faudrait que je dépense de l'argent pour que mes filles n'aient rien.

  • Raspou le 06/10/2022 à 15h02
    Je voulais attendre d'avoir lu "Les années" avant de vous en parler (même Balthazar a aimé), mais j'ai découvert son oeuvre avec "Mémoire de fille", qui est vraiment bien, surtout en cette période où l'on s'interroge sur le consentement - c'est très à rebours de certaines simplifications actuelles.

  • Mitch le 06/10/2022 à 15h06
    Les réseaux me parlent de La Place et je crois que je vais commencer par là.

  • inamoto le 06/10/2022 à 15h14
    J'ai lu deux livres d'elle, un qui m'a énormément plu dans ma vingtaine, "Les Années", et un autre mais je n'arrive plus à me souvenir lequel c'était. Du coup ça me met un doute, alors que je suis sûr d'en avoir lu deux, ce qui me conduit à plutôt te recommander "Les Années".

    J'en ai le souvenir d'une lecture très fluide et agréable, presque légère, mais mise au service de choses aussi graves que le passage du temps et la vie qui s'écoule. Ce n'est pas du tout le même registre, mais j'ai dû les lire à peu de temps d'écart, et du coup j'associe ce livre à "Tigre de Papier", de Olivier Rolin, dans la description de cette génération qui a cru en quelque chose, et qui en est revenue. Beaucoup de réflexions de nature politique sur les rapports de classe et de genre, ça me donne envie de relire tiens.

    ---

    [Anna Karénine]

    Tout d'abord excellent Manx que tu aies pensé au même passage. Je me souviens aussi très bien de l'autre scène que tu évoques. Comme quoi nous ne sommes pas d'accord que sur les élucubrations géopolitiques de notre lider maximo à nous qu'on a (nul doute qu'il trouverait dans l'attitude de Constantin Levine toutes les caractéristiques de ce paternalisme de façade qui permet d'assumer moralement la violence des rapports de domination propres au servage d'ailleurs).

    J'ai repensé à tout ceci en lisant vos retours (merci!) et je me représente ce livre comme une intrigue tournée autour de deux pôles, celui de Levine, donc, la plupart du temps à Pokrovoskoié, et celui du couple Vronski-Karénine, essentiellement à St Petersbourg. Et alors que les mois ont passé depuis la fin de ma lecture, je me rends compte que ce sont presque uniquement les souvenirs de la campagne qui me restent. Je n'ai pas parlé des scènes de chasse, mais elles aussi m'ont marqué. A contrario, de la vie en ville de ces amants si passionnés mais au fond... si égoïstes, indifférent à leur entourage comme aux mouvements de la société, il ne me reste presque rien, sauf presque un sentiment d'agacement devant le côté un peu sitcom de certaines scènes. Encore une fois je force le trait, mais c'est juste pour dire qu'il y a quand même un très grande partie du roman qui est superbe - je propose donc de le rebaptister "Constantin Levine".

  • Pascal Amateur le 06/10/2022 à 15h15
    Ah, ah, j'aime beaucoup ce texte de 2021 : "Mélenchon a un regard juste, d'historien, et reste fidèle à ce qu'il dit. Il a des coups de colère, mais il est entouré de gens comme Adrien Quatennens ou Clémentine Autain, que je trouve formidable depuis longtemps. L'autre possibilité, ce serait les écologistes. Mais disons que ce n'est pas mon coup de cœur qui a remporté la primaire. Pour moi, c'était Sandrine Rousseau."
    #unjoursansfin