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Habitus baballe

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  • L'homme bus le 13/01/2022 à 19h28
    "- Foucault sait assez bien ce qu'il fait a priori : quand il invente le syntagme "fonction-auteur", il montre bien qu'il se désolidarise (peut-être à bon compte) de l'usage habituel des textes. C'est évidemment trompeur pour la plupart d'entre nous, mais de son côté, il a annoncé la couleur, ou du moins l'a pensée."

    Certes, mais si par "usage habituel des textes" on entend "leur faire dire ce qu'ils ont dit", je suis dubitatif sur l'intérêt et l'honnêteté qu'il y a à s'en détacher.

    - - pour ce qui est du devoir professionnel du "professeur de philosophie", j'ai le sentiment sans doute naïf que tu le définis davantage comme celui d'un "historien de la philosophie" que comme celui d'un "philosophe". Oui, en effet, on doit attendre un minimum d'exactitude d'un professeur de philosophie qui doit transmettre des connaissances fiables ; mais, j'ai le souvenir d'un autre enseignement de philosophie, qui prétendait d'abord apprendre à penser (note que je suis le dernier à penser que connaître la pensée des grands philosophes s'oppose à ce projet ; et en revanche, je vois bien que le projet "apprendre à penser" était bien souvent un simple prétexte pour ne pas travailler) et pour lesquels les auteurs étaient justement un appel à la pensée, plutôt que le support principal de leur enseignement (c'était dans le prolongement des grandes synthèses partiales de Deleuze)."

    Non, je ne pense pas du tout que la philosophie s'identifie à l'histoire de la philosophie. Cependant, je dis simplement que quand un philosophe cherche à faire un travail d'historien de la philosophie, on doit s'attendre à ce que ce qu'il dise ne trahisse pas la pensée qu'il cherche à expliquer ; et que quand il se sert de ce qu'a dit un philosophe, même sans prétendre faire un travail d'historien, il ne doit au moins pas lui faire dire autre chose que ce qu'il a dit.

    L'idée de "apprendre à penser", c'est ce qui est dit dans le programme de terminale. Et oui, la philosophie n'étant pas l'histoire de la philosophie, il ne s'agit pas d'apprendre aux élèves simplement ce qu'on dit truc ou bidule, mais d'apprendre à répondre à des questions philosophiques, sans réciter les arguments de truc ou bidule.
    Mais à partir du moment où on utilise l'argument d'un auteur on doit bien comprendre ce qu'il a voulu dire. Si je dit que Mill ou Hume a dit X ou Y, il faut bien que cela corresponde à ce qu'il a dit. Donc oui, le cours de philosophie n'est pas un cours d'histoire de la philosophie ; mais quand on utilise un auteur, il s'agit quand même de ne pas lui faire dire n'importe quoi! Un élève qui, en dissertation, attribue un argument au mauvais auteur, on va bien lui corriger cette fausse attribution ; maintenant, si l'argument en lui-même est valide et pertinent, ce ne sera pas rédhibitoire.

    " En lettres, on a connu quelque chose de vaguement similaire avec l'imposition des méthodes "narratologiques" et "rhétoriques" : du coup, les "lettres" devenaient enseignables et étudiables de manière normée (c'est très rassurant pour tout le monde : élèves que l'on nourrit, professeurs qui peuvent se reposer, inspecteur qui ont enfin des normes un peu plus objectives, etc.), on disait adieu à l'impressionnisme, mais... on y a souvent perdu les textes."

    Ok! J'avoue que je ne connais pas du tout cette disctinction, et si tu veux expliquer, cela m'intéresse toujours de savoir comment sont enseignés d'autres disciplines. En philo, c'est simple, il n'y a pas de programme. Enfin, il y a une liste de 20 notions, à partir desquelles on peut faire ce qu'on veut (et grosso modo c'est dur de trouver une question qu'on ne peut pas traiter). La liste d'auteurs (ils sont bien 70) n'est qu'indicative. La dissertation ou l'explication ne requiert officiellement aucune méthode particulière. Le prof est "l'auteur de son cours". Si cela peut paraître par moment enviable, j'avoue que c'est au fond peu appréciable, sachant qu'il ya une épreuve finale au bac, et que bien souvent les sujets qui y tombent ne peuvent pas être bien traités par les élèves, car ils nécessiteraient des connaissances qu'ils n'ont pas nécessairement.

  • John Six-Voeux-Berk le 13/01/2022 à 19h43
    "Certes, mais si par "usage habituel des textes" on entend "leur faire dire ce qu'ils ont dit", je suis dubitatif sur l'intérêt et l'honnêteté qu'il y a à s'en détacher."
    -----
    J'imagine bien Foucault s'étouffer dans sa fumée de cigarette, et partir d'un petit rire méprisant et haut perché : "Mais mon cher, vous voyez bien, que votre réduction de la productivité du texte... à un sens prétendument évident... sens dont le nom d'auteur serait le garant... n'est qu'un produit banal et autoritaire du romantisme bourgeois le plus réactionnaire." (j'ai essayé de respecter le phrasé du divin chauve).
    Dit plus simplement, Foucault a bien entendu préparé le terrain et remis en question l'autorité de l'auteur sur son propre texte, autorité qui n'est là que pour contraindre le lecteur, le menotter à une instance extérieure.

    Foucault résume tout cela dans une formule frappante : "L'auteur est(...) la figure idéologique par laquelle on conjure la prolifération du sens"

    Pour le reste, je suis sincèrement heureux d'apprendre que le professeur de philosophie reste "l'auteur de son cours" ; mais je n'ai guère de doute sur l'évidement fatal de cette formule.

  • John Six-Voeux-Berk le 13/01/2022 à 20h28
    Précision, s'il en est besoin : je ne partage pas le mépris dont j'affublais Foucault.

    Disons que la réflexion de Foucault est une des vieilles lunes de la théorie littéraire, et que, même vieille, cette lune éclaire aussi une partie de nos pratiques (le texte "ne dit pas quelque chose", il fonctionne, il suggère, il propose mais il sert aussi d'écran à nos projections ; Foucault fait partie des personnes qui ont justement essayé de montrer que notre conception habituelle du texte (et donc nos manières de lire) est elle-même tributaire d'une conception du sujet ; cela peut paraître une invitation au n'importe quoi, mais son idée est difficile à rejeter comme une pure bêtise incohérente. Foucault ne peut pas s'ouvrir à de nouvelles conceptions du sujet et conserver une conception du texte comme unité et expression d'un sujet-auteur d'un type passé.

    Foucault pourrait donc toujours se réfugier derrière un "quand je dis Nietzsche, je parle du texte-Nietzsche tel que je le recompose". A ce titre, sa lecture ne se place plus, en effet, sur le plan du "qu'ont dit les textes".

  • Red Tsar le 18/01/2022 à 19h44
    Amis linguistes, comment se démerder avec "emmerder" ?
    lien

  • Julow le 19/01/2022 à 00h17
    Joli article, merdci.

  • Classico le 26/01/2022 à 15h11
    @Julow, concernant Todd. Tu trouves que c'est équivalent à l'interview du Figaro ? J'avais trouvé ce dernier assez terne, et la vidéo vraiment beaucoup plus sympa. Sinon je ne pense pas que la question des éventuelles conneries factuelles soit centrale. Pour deux raisons :

    - premièrement, ce type de travail, qui croise des déterminations très hétérogènes (des analyses économiques, des travaux archéologiques, des théories de sciences sociales, etc.), ne peut tout simplement jamais se prémunir des erreurs ou des approximations factuelles, par construction même. Il faut en accepter une certaine proportion structurelle. Pour toucher à l'exactitude, la méthode scientifique réduit au maximum son objet et économise un maximum de déterminations, ce qui est absolument incompatible avec un super-objet du type « les relations hommes-femmes ». Tout est bien sûr ensuite une affaire de degré et de confiance en l'auteur … Mais des énormes conneries, des approximations, des interprétations arbitraires, des simplifications d'événements complexes, les travaux sur le genre qui sortent des départements de sociologie en sont truffés.

    - Deuxièmement, je crois que les erreurs factuelles sont effectivement inévitables, mais que chez un type comme Todd elles ne sont pas intentionnelles, et procèdent encore moins d'une idéologie. Là, je l'admets, c'est un acte de foi (mais en réalité, lorsqu'on accepte de suivre un auteur, on a toujours décidé implicitement et plus ou moins arbitrairement de lui faire confiance). Je crois que cet auteur se respecte suffisamment pour vérifier ses sources avec une quantité de sérieux acceptable, et je ne crois pas qu'il ait une camelote à nous vendre. La seconde partie de cette assertion ne me semble majoritairement pas vérifiée dans les travaux universitaires sur le genre, qui entretiennent complaisamment un état de confusion avec le militantisme politique les disqualifiant profondément à mes yeux.

    Pour revenir au premier point, la finalité de ce type de réflexion n'est pas de déplier l'impossible vérité factuelle totale sur un objet (ici l'évolution sur temps long des relations entre les hommes et les femmes), mais de construire un modèle de compréhension/explication possible de cet objet, modèle certes excessivement simplificateur (vu l'objet dont on parle !) mais qui se satisfera d'être rationnel, raisonnable, le moins possible idéologique, et intellectuellement fécond. Et ce sera déjà énorme pour un tel objet d'étude. Je l'ai déjà dit mille fois ici, mais les prétentions à la « scientificité » (au sens de la vérité factuelle de l'objet) des travaux autorisés sur le genre sont à mourir de rire. De même, la majorité des commentaires sur ce livre de Todd sont consternants d'ingénuité épistémologique.

    Il faut enfin se rappeler qui est l'auteur. C'est un homme qui n'a jamais su résister au plaisir de cabotiner et qui a un goût très … disons … chestertonien ? et sans doute assez mondain pour les surprises choquantes, les paradoxes dérangeants, les renversements funs de perspective, goût qui déborde régulièrement sur le simple exercice de sa rationalité de chercheur. Il faut aussi avoir ça en tête, et lui passer certaines choses en ce sens. On le fait avec tous les auteurs (et là j'en reviens au second point), en réalité. On le fait avec Balthachou quand on est au milieu de son beau livre et qu'on a intégré quelques-unes de ses névroses et de ses obsessions formelles. Parce qu'on a compris aussi que sans ces éléments subjectifs, il n'y aurait pas d'auteur du tout. On le fera évidemment beaucoup moins spontanément avec un auteur qui se plait à bousculer des éléments de dogme de la religion contemporaine.

    Bon, je voulais parler des thèses du livre et je suis parti sur des mises en garde herméneutiques assez ennuyeuses, dont je suis sûr que tu as déjà parfaitement conscience. Je laisse le post néanmoins, il servira peut-être. Je dirai quand même quelque chose du contenu quand j'aurai le temps, parce qu'il y a deux ou trois choses précieuses dans cette réflexion.

  • Balthazar le 26/01/2022 à 21h53
    Eh, mais qu'est-ce que je fais là, moi ?
    (Névrosé toi-même, en plus.)

  • Classico le 27/01/2022 à 09h01
    Je t'ai exploité comme argument d'autorité, et je recommencerai !

  • Utaka Souley le 27/01/2022 à 10h25
    Obsessions formelles dont on avait discuté, qui m'avaient dérangé dans un premier temps, puis auxquelles je me suis habitué jusqu'à les trouver intéressantes, puis belles voire essentielles.

    Pour en revenir à ton point principal, je suis toujours halluciné par le procès en absence de rigueur intenté à Todd par des sociologues spécialistes de l'argument d'autorité.

  • Red Tsar le 27/01/2022 à 13h04
    [Ce qui suit ne concerne que le Todd des structures familiales : je n'ai jamais rien lu d'autre de lui ni ne l'ai entendu dans une quelconque émission. Je n'ai pas lu non plus son dernier ouvrage au titre maladroit, je trouve. Mais pourquoi je viens là, en fait, du coup ?]

    Le travail de Todd me paraît avoir deux grandes qualités :
    1- il propose une grille de lecture globale. Je sais qu'aujourd'hui c'est souvent considéré comme suspect par défaut, qu'il faudrait jeter toutes les grandes idéologies à la poubelle, mais pour ma part j'apprécie cette audace et cette ambition.
    2- c'est un vrai gros travail. Ses bouquins sont consistants et denses, assis sur une énorme bibliographie et il défriche le champ depuis une quarantaine d'années. Chez moi, ça ne va pas susciter une adhésion automatique au propos, mais ça force quand même le respect.

    Est-ce que pour autant le travail de Todd est sans reproche ? Non, évidemment. Plusieurs choses m'ont gêné à sa lecture, dont :
    1- une surdétermination explicative par les structures familiales (rapport d'autorité ou de liberté des enfants aux parents, égalité ou inégalité entre les enfants sur l'héritage, endogamie ou exogamie...) : les valeurs politiques, le rapport au monde, etc. découlent trop directement et de cela. Pour ma part, Todd est un idéaliste et il prend tout son intérêt quand on le renverse pour le remettre sur ses pieds.
    2- supposons que son schéma fonctionne jusqu'au XIXème : est-il toujours pertinent à partir de là, avec les multiples mobilités, la diffusion de normes culturelles par les mass medias, etc. ? Est-ce qu'on peut encore opposer un modèle démographique francilien et un modèle démographique breton, par exemple, quand on voit l'invasion migratoire bretonne sur Paris ?
    3- j'en ai déjà parlé dans le FilPol, mais sa bibliographie est quand même parfois très datée, comportant beaucoup de travaux d'anthropologie d'époque coloniale ou quasi.

    Du coup, que faire de Todd ?
    Je ne le place pas dans la catégorie des grands maîtres, qu'on feuillette avec un respect tremblant et auxquels on revient sans cesse comme à une source fraîche. Mais je trouve utile d'avoir des auteurs qui nous stimulent, même si on n'est pas en totale harmonie avec eux (autre exemple de grille de lecture du monde discutable, mais intéressante : Goodhart : lien). Des auteurs qui ne pensent pas nécessairement pour nous, mais qui nous obligent à penser. Doit-on toujours aborder un livre comme si on cherchait un guide qu'il suffirait de lire pour avoir le mode d'emploi parfait pour vivre et comprendre le monde ? D'ailleurs, à nos âges, est-ce seulement possible ? Ne sommes-nous pas d'irrémédiables cyniques désabusés habités par un doute sisyphien et incapables de nous rallier complètement à quelque théorie que ce soit ?
    Bref, oui Todd ce n'est pas du niveau des ontologies de Descola, mais c'est pas non plus du niveau du fantaisiste Clash of Civilization, par exemple.

    @Classico : par contre, je pourrais de même, humblement, t'inviter à ne pas être aussi définitif sur les travaux portant sur le genre. Il y en a des très solides et intéressants et à mon sens c'est très loin d'être la religion contemporaine aujourd'hui. Sors dans la rue et interroge cent personnes au hasard pour voir si les théories du genre sont aussi dominatrices... Ou alors dis-moi où t'habite, je penserai à y déménager.