Posts tagged ‘Tony Fernandes’

Youpi, c’est reparti pour la troisième saison Teenage Kicks, The blog du foot anglais. Ça tombe bien, la Premier League a redémarré il y a trois jours, 114è édition du football professionnel anglais d’élite depuis 1888-89 et la vision divine de William McGregor, Créateur de toute chose. Pour se remettre dans l’ambiance, les indispensables fiches TK club par club en 10 questions-réponses pertinentes saupoudrées d’une saveur toute olympique of course.

En anglais, on appelle ça le low-down : ce qu’il faut savoir. Voici donc le low-down sur l’avant-saison de Premier League 2012-13. Aujourd’hui, les numéros 10, 11 et 12 de l’alphabet :

Norwich City, Queens Park Rangers et Reading.

Pour le reste de l’intro et les indispensables précisions d’avant-lecture, voir ici.

[Cliquer sur les photos facilite la lecture]

Norwich City

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? (12è, 47 pts, – 14) Merveilleusement bien, ce fut un rêve éveillé pour tout le Norfolk et les sept (!) joueurs de l’effectif qui ont connu la non-league (D5 et en dessous). Dont Grant Holt, 31 ans, qui changeait encore les pneus crevés et batteries mortes au Kwik Fit de Carlisle – le Norauto anglais – il y a dix ans tout en étant amateur à Barrow, alors en DH anglaise.

Le départ de Paul Lambert, après une 12è place et deux promotions successives (D3 > PL), a été compris mais mal vécu.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Hmm, un brin bilieuses, après la première journée (raclée 5-0 infligée par Fulham). Soudain, on prête attention à ce bon vieux marronnier-cliché cher aux médias anglais : le Second Season Syndrome. Le SSS est une bestiole qui fait peur. Crainte justifiée ou irrationnelle ?

En examinant les stats depuis le démarrage de la PL en 1992, le SSS apparaît plus comme un mythe qu’une réalité : sur les 60 clubs promus en PL depuis 1992, seuls 7 ont été relégués au terme de la deuxième saison (par comparaison, 24 sont redescendus illico). Mathématiquement donc, rien à craindre de spécial, ni malédiction ni fatalisme, mais ce foutu SSS en fait quand même flipper pas mal.

Atout capital : les Canaries ont conservé leur joueur clé, Grant Holt (15 buts PL la saison passée). Contrat de trois ans et salaire mensuel doublé (environ 140 000 £). Non, Grant Holt n’a pas signé à Ipswich, comme malicieusement affiché début août sur le site de l’ennemi Tractor Boys, ici. Dream on Ipswich !

La défense sera la priorité du nouveau manager, Chris Hughton because 66 buts encaissés l’an dernier, ça fait pas sérieux. On n’est pas à Blackpool ici. Hughton a la réputation de pratiquer un football plus défensif que Lambert et la venue du défenseur central Michael Turner est une bonne nouvelle (Sunderland voulait alléger sa masse salariale). Evidemment, après le 5-0 encaissé à Craven Cottage, cette « priorité » défensive peut faire sourire (enfin, pas les Canaries).

Les moyens sont limités à Norwich (prêts à rembourser après de sérieuses restructurations en 2009) et il faudra acheter malin au mercato d’hiver en cas de problèmes. Contrairement à tant d’autres clubs, il sera difficile de sortir le chéquier si ça va mal à Noël.

A noter la colonie d’ex joueurs de Leeds United qui se reconstitue à Norwich (après B. Johnson et J. Howson, voilà R. Snodgrass).

Qui est arrivé cette saison ? Jacob Butterfield (Barnsley, gratuit – mais une compensation sera versée aux Tykes, ici), Javier Garrido (Lazio, prêt), Robert Snodgrass (Leeds, 3M), Michael Turner (Sunderland, 1,5M), Steven Whittaker (Rangers, gratuit).

Qui s’est éclipsé ? Daniel Ayala (Nottingham Forest, prêt), Andrew Crofts (Brighton, montant non communiqué), Josh Dawkin (Braintree Town, gratuit), Adam Drury (Leeds, gratuit), Aaron Wilbraham (Crystal Palace, gratuit), Zak Whitbread (Leicester, gratuit).

L’effectif en photos et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Plusieurs oui, en particulier Ryan Bennett et Jacob Butterfield, tous deux 22 ans. Bennett est un Espoir anglais recruté à Peterborough au mercato d’hiver pour 3M. Huit titularisations remarquées la saison passée, à confirmer.

Le milieu Butterfield était convoité et a été comparé à Paul Gascoigne (ici) pour sa technique. Espérons surtout pour les Canaries qu’il picole moins que lui.

Si Norwich était un sport olympique, ça serait quoi ? Le plongeon. Attention à la chute libre cette année, surtout éviter un atterrissage à la Stephan Feck.

… un sélectionné/objet olympique ? Un lieu plutôt, la cantine du site olympique londonien, le plus grand réfectoire au monde. Ça irait bien à la patronne de Norwich, cuisinière mondialement connue (pour la perfection de ses oeufs durs).

C’est qui le big boss au fait ? LA boss vous voulez dire… Delia Smith et son mari Michael Wynn-Jones (businessman, journaliste, éditeur) qui détiennent 53 % des actions (d’autres actionnaires mineurs ont le reste, dont Michael Foulger, 15 %).

On ne présente plus Delia, grande ambassadrice de l’art culinaire anglais (si si, ça existe). Vedette TV depuis les Eighties avec des émissions très suivies (dont Delia’s How to Cook) et aux antipodes du « gastro-porn » de la plantureuse Nigella Lawson ou du style branché londonien de Jamie Oliver. Si Jamie aimait enfourcher sa Vespa pour acheter son piment de Cayenne au marché ethnique du coin et jouer au basket dans son studio tout en cuisinant, Delia, elle, faisait dans le conversatisme. Comparez : Delia. Maintenant : Jamie.

Une émission en particulier est restée dans toutes les mémoires : quand elle montra en 1998 à sept millions de Britanniques… comment faire un oeuf dur ! Résultat : une augmentation des ventes d’oeufs de 10 % selon son wiki (due aussi aux leçons suivantes : le cake). Alléluia, grâce à Delia, les British savaient enfin se faire cuire un oeuf. A vendu des dizaines de millions de livres et DVD et aidé le club lors des turbulences financières de 2009 (voir plus haut).

Il lui est arrivé de prendre le micro à Carrow Road pour exhorter les supporters à mettre le feu (voir clip – bien pompette ce jour-là Delia, elle prononce football « fuzzball »). Delia is mythique.

Signalons aussi la présence de l’immense Stephen Fry au directoire, l’une des personnalités préférées des Britanniques (un vrai touche à tout, son wiki nous le résume : actor, screenwriter, author, playwright, journalist, poet, comedian, television presenter, film director, and a director of Norwich City FC).

Et le manager ? Chris Hughton (ci-dessus), ex Spurs et international irlandais dans les Eighties (latéral gauche, 53 capes). A fait ses classes à Tottenham où il fut l’adjoint de dix entraîneurs (!) entre 1998 et 2008. Fila ensuite à Newcastle, d’abord comme Number 2, puis comme manager été 2009 (saison passée en D2). Limogé en décembre 2010, il rebondit à Birmingham City l’an dernier.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 5 000/1. Relégation : 2/1

Queens Park Rangers

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? (17è, 37 pts, – 23) Tumultueusement, on se serait cru sur un rollercoaster, émotions et haut-le-coeur à gogo. On plaint leurs supporters cardiaques. Pour leur grand retour parmi l’élite (depuis 1996), les Hoops se sont sauvés à l’arrache et on ne s’est pas ennuyés ! Un grand merci à Djibril Cissé et Joey Barton pour avoir assuré le divertissement en fin de saison.

Inutile de s’éterniser sur l’affaire Anton Ferdinand-John Terry et le cas Joey Barton, tout a été dit et redit (clip de son coup de sang mythique). Le philosophe-psychopathe liverpudlien n’a pas fait partie de la tournée asiatique. Décidément… Déjà, l’été dernier, l’immigration US lui avait refusé un visa de travail à cause de son casier judiciaire, incompatible avec une tournée de club, considérée comme activité professionnelle. Sauf énorme surprise, il ne figurera pas dans la liste des 25 à remettre à la Premier League au 1er septembre, on ne le reverra donc pas en PL avant 2013.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Jusqu’à samedi dernier 15 heures, elles étaient excellentes. Deux heures plus tard, grosse déprime : défaite 5-0 contre Swansea à domicile. Du coup, on se contenterait d’une 15è place avec un peu d’avance arrivé mi avril, histoire de ne pas revivre l’insoutenable fin de saison dernière.

Le recrutement n’est peut-être pas aussi judicieux qu’on a bien voulu le dire, l’effectif semble un brin vieillissant (une douzaine de joueurs ont la trentaine passée).

Côté coulisses, ça bouge et sur deux fronts :

1)   Le nouveau stade. Le club révèlera bientôt les plans d’une enceinte de 45 000 qui condamnera le sympathique mais dépassé Loftus Road (18 360 places). Trois sites sont à l’étude, tous dans l’ouest londonien. 45 000 places,  ça paraît sacrément ambitieux quand même (Loftus Road n’a pas toujours fait le plein l’année dernière). Fernandes a souvent dit vouloir transformer le club en une global brand et à l’évidence, il ne bluffait pas. La venue de Park, adulé en Asie du Sud-Est (marché cible de QPR), s’inscrit dans le projet d’internationalisation du club. Le grand déménagement n’est pas prévu avant 2017. Ce sera le dix-huitième stade/site du club depuis sa création en 1882 ! (record britannique, ici). QPR est à Loftus Road depuis 1917.

2)   Le nouveau training ground, centre d’entraînement et de formation, trente hectares de verdure dans l’ouest londonien (Warren Farm Sports Centre). Selon le club, tout sera prêt pour le début de la saison 2013-14. Le site compte déjà vingt terrains de football ainsi que bâtiments et équipements mais beaucoup sera à refaire ou rénover et le timescale annoncé par le club semble très ambitieux. Un centre ultra-moderne avec terrains artificiels, domes, unité médicale, etc. qui sera le bienvenu : l’actuel Harlington Sports Ground tout près d’Heathrow est probablement le moins fonctionnel (et le plus bruyant) de PL, d’où l’absence d’Academy à QPR, le club n’ayant reçu d’accréditation que pour un Centre of Excellence, le niveau inférieur (tous les centres de formation anglais seront catégorisés du maximum 1 à 4 courant de la saison actuelle dans le cadre de la refonte du système de formation décidée par la Premier League – le controversé Elite Player Performance Plan – dont Teenage Kicks vous parlait en février 2011, ici – QPR devrait être classé 3).
Le propriétaire, Tony Fernandes, restructure actuellement le club pour rattraper le retard perdu. Le dossier de Warren Farm est entre les mains de l’arrondissement d’Ealing qui devrait bientôt donner son feu vert.

C'est plus du pay-as-you-play à ce niveau, plutôt du pray-as-you-play

Ce n'est plus un contrat pay-as-you-play à son niveau, mais du pray-as-you-play

Oh, et QPR a cocassement refilé un an de contrat pay-as-you-play à Kieron Dyer, 33 ans, en permanence blessé depuis des années, un perma-crock dans le jargon (seulement 7 minutes de jeu la saison dernière – les premières de la 1ère journée, 0-4 contre Bolton ; pied, cheville, ligaments, etc.). 
Fait assez incroyable : en 4 saisons à West Ham (
360 000 £/mois, en incluant les droits d’image de 424 000 l’an et une scotchante « prime de fidélité »), il ne disputa que 34 bouts de match toutes compétitions confondues (pratiquement aucun en entier), marqua zéro but et coûta la bagatelle de 30M !

Last but not least, le DVD The Four Year Plan sorti cette année est un formidable documentaire de football, que l’on s’intéresse ou pas à QPR. Procurez-le vous, c’est un must-watch.

Qui est arrivé cette saison ? Jose Bosingwa (Chelsea, gratuit), Fábio da Silva (Man United, prêt), Samba Diakité (Nancy, 3,5M), Robert Green (West Ham, gratuit), Junior Hoilett (Blackburn, un montant compensatoire sera décidé par un tribunal), Andrew Johnson (Fulham, gratuit), Ryan Nelsen (Spurs, gratuit), Park Ji-sung (Man United, 2M)

Qui s’est éclipsé ? Patrick Agyemang (libéré), Akos Buzsaky (libéré), Danny Gabbidon (libéré), Fitz Hall (libéré puis Watford), Heidar Helguson (Cardiff, montant non communiqué), Paddy Kenny (Leeds, 400 000), Peter Ramage (Crystal Palace, gratuit), Danny Shittu (libéré, puis Millwall), Rowan Vine (St Johnstone, gratuit)

L’effectif en photos et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Pas des masses, non. Peut-être le Malien et ex Nancéen Samba Diakité, 23 ans, milieu défensif. Prêté à QPR en janvier dernier, il s’est bien débrouillé depuis (d’où les 3,5M déboursés pour s’attacher ses services).

Si QPR était un sport olympique, ça serait quoi ? Au vu de la saison passée, un truc bien risqué, style VTT ou cyclisme sur piste.

… un sélectionné olympique ? Peut-être l’haltérophile Matthias Steiner aux derniers J.O : attention de ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Clip de ce pauvre Matthias (ouch).

Après avoir viré Neil Warnock, Tony se marre en lisant son autobiographie de Neil Warnock

Après avoir viré Neil Warnock, Tony s'est franchement poilé en lisant son autobiographie

C’est qui le big boss au fait ? Tony Fernandes. Cet homme d’affaires malaisien de 48 ans (Air Asia, Caterham F1) scolarisé en Angleterre, voulut racheter son club de coeur West Ham en 2009-10 mais le duo Gold-Sullivan le coiffa sur le poteau. Il se rabattit sur QPR en août 2011 et racheta 66 % des actions à Bernie Ecclestone (les Mittal détiennent le reste).

Tony en a eu pour son argent la saison dernière ! C’est sûr qu’une saison de PL à QPR, c’est un peu plus excitant que d’entr’apercevoir des fusées sur roues faire 60 fois le tour d’un circuit et à la fin ce sont toujours les Allemands qui gagnent (Schumacher et Vettel).

Et le manager ? Le Gallois Mark Hughes, a remplacé Neil Warnock limogé en janvier dernier. L’ex Manchester United Legend a fait ses classes avec le Pays de Galles qu’il reprit en 1999 et emmena aux play-offs 2004 (défaite contre la Russie), avant de partir manager Blackburn jusqu’en 2008 (remarquables 6è, 10è et 7è places en 2006, 2007 et 2008). Puis Man City en 2009 et enfin Fulham en 2010-11.

Après toutes ces dépenses, pas question de se refaire peur en championnat. Tony Fernandes veut assurer le maintien le plus tôt possible (certes, objectif de la plupart des clubs mais encore plus à QPR !). Tony n’est pas un sentimental et le Gallois pourrait gicler assez pronto si les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre :  2 000/1. Relégation : 5/1

Reading

Comment s’est passée la saison dernière ? 1er de D2, avec un finish de folie : 15 victoires sur 17 matchs ! (de la 28è à la 44è journée). Les Royals peuvent remercier Jason Roberts et Adam le Fondre, le vétéran reject de Blackburn et l’ex joueur de D4 sorti de nulle part ont planté les buts cruciaux dans l’emballage final.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Bonnes, surtout que le club vient d’être racheté à 51 % par le Russe Anton Zingarevich (voir plus bas). On attend beaucoup d’un autre Russe, le puissant avant-centre Pavel Pogrebnyak. Ce quasi nouveau venu en PL cartonna à Fulham en fin de saison dernière.

On retrouvera un ancien du grand Leeds des années 1997-2002 : le latéral gauche Ian Harte, 35 ans, pas le plus rapide des défenseurs mais toujours là. Excellent tireur de coups francs.

Et après la grosse boulette du (normalement fiable) gardien australien Federici contre Stoke lors de la première journée, Reading a recruté Stuart Taylor, 31 ans, 3è ou 4è portier de Man City.

On le surnomme Po

Selon son wiki, on le surnomme Pogreb (la cave en russe). Espérons pour lui qu'il n'y finisse pas.

Oh, et les Royals ont le nom le plus cool de PL dans leur effectif : Hal Robson-Kanu.

Qui est arrivé cette saison ? Chris Gunter (Nottingham Forest, 2,5M), Adrian Mariappa (Watford, 2,5M), Pavel Pogrebnyak (Fulham, gratuit), Danny Guthrie (Newcastle, gratuit), Garath McCleary (Nottingham Forest, gratuit), Nicky Shorey (West Brom, gratuit), Pierce Sweeney (Bray Wanderers, montant non communiqué), (Stuart Taylor (Manchester City, gratuit).

Qui s’est éclipsé ? Michail Antonio (Sheffield Wednesday, 900 000), Tomasz Cywka (libéré puis Barnsley), Mathieu Manset (Sion, montant non communiqué), Joseph Mills (Burnley, prêt), Karl Sheppard (Accrington Stanley, prêt) et les libérés : Cedric Baseya, Brian Howard, Andy Griffin, Jack Mills.

L’effectif en photos et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Deux. Lawson D’ath, milieu offensif de 19 ans, un crack. A impressionné lors de son passage à Yeovil en D3 l’an passé.

Et le petit nouveau, Pierce Sweeney, défenseur de 17 ans, international U18 irlandais qui vient de la D1 irlandaise. La filière irish a réussi au club par le passé (Kevin Doyle et Shane Long – acquis pour une bouchée de pain, revendus une fortune ; Long ne coûta d’ailleurs rien et rapporta 6,5M en 2011 et sympathique plus-value de x 85 sur Doyle).

Si Reading était un sport olympique, ça serait quoi ? Aviron, cheval ou rugby (le rugby à VII sera introduit à Rio). Pourquoi ? Parce qu’on est près d’Eton et Windsor, d’où le surnom du club et du comté, Royal County of Berkshire. Le coin est bourré d’aristos. Attendez-vous à voir Pippa Middleton poser son fessier royal dans les travées VIP du Madjeski Stadium.

Et le sponsor du club n’est pas n’importe qui : Waitrose, chaîne  de supermarchés upmarket. C’est sûr que Waitrose, ça en jette plus sur le maillot que Ramsdens à Middlesbrough (chaîne de prêteurs sur gages).
Il fallait donc un sport très pratiqué dans les Public Schools du coin à minimum 20 000 £ l’année (et Oxford tout proche). Ça aurait pu aussi être le hockey sur gazon, ça tâte pas mal de la crosse dans les écoles privées anglaises (surtout de filles).

… un sélectionné/objet olympique ? Jo-Wilfried Tsonga. Il raffole des Kinder – l’ancien surnom du club est les Biscuitmen (voir ci-dessus).

C’est qui le big boss au fait ? Anton Zingarevitch, un jeune Russe de 30 ans  (sa Wag est déjà fichée) qui cherchait un club dans cette région d’Angleterre où il a été scolarisé. Il supportait Reading quand il étudiait dans le coin. Son pater avait failli racheter Everton en 2004. Les Zingarevich pèseraient autour de 450M (media, édition, production TV, immobilier, hotellerie, etc.) mais on n’en sait pas beaucoup plus, la transparence n’étant pas le fort de ces Russes.

Une opacité qui a fait tiquer la Premier League et le rachat du club à John Madjeski (pour 40M), propriétaire « historique », n’a pas été des plus smooth. Depuis 2004 et une série de scandales retentissants, tout candidat propriétaire doit satisfaire aux exigences du « Fit and proper person test », sorte d’examen de probité basé sur un audit financier, en théorie approfondi. Cette procédure a été établie pour ne plus revivre les heures sombres des Nineties et Noughties où des dizaines de clubs furent placés en redressement judiciaire (propriétaires incompétents ou véreux – souvent les deux).

Ce test est régulièrement critiqué pour son manque de rigueur supposé ; pour ses détracteurs, il ne serait en fait qu’une formalité. Le Thaïlandais Thaksin Shinawatra l’avait par exemple réussi haut la main en juin 2007 lors de son rachat de Manchester City… alors qu’il était recherché pour des détournements de fonds et autres malversations dépassant le milliard de £ !

Reading FC  appartient à la société Thames Sports Investment, dont la structure semble particulièrement nébuleuse : les investigations de la Premier League ont duré quatre mois et n’auraient pas réellement permis d’en savoir plus sur TSI et la réelle solidité financière de l’édifice (de fait, certains montages sont tellement impénétrables – Leeds United ou Portsmouth pour ne citer qu’eux – que la Premier League plc emploie des cabinets spécialisés dans le détricotage financier pour savoir qui se cache derrière tout ça, comment et où ça se cache – souvent aux Caraïbes). Le deal, annoncé par John Madjeski mi janvier, a tout de même été finalisé le 29 mai dernier. John Madejski, propriétaire depuis 1990 (celui qui a fait décoller le club), conserve 49 % des Royals.

Une page se tourne donc pour ceux que l’ont surnomma longtemps les Biscuitmen*. John Madjeski, businessman local et philanthrope – mécène bien connu en Angleterre (éducation, art, communauté, etc.) n’avait plus, de son propre aveu, les poches assez profondes pour continuer l’aventure. « Avoir quelques centaines de millions ne suffit plus aujourd’hui » a-t-il déclaré au moment du passage de témoin. Et ouais, même avec 175M en poche, on n’est qu’un indigent dans le football anglais.

[*à cause de la firme Huntley & Palmers, autrefois basée localement et plus grande usine de biscuits au monde au début du siècle dernier – plus de 5 000 employés. En 1976, l’usine ferma et les supporters qui n’avaient pas trop envie de continuer à se faire traiter de noms de biscuits, organisèrent un vote via le Reading Chronicle pour changer de surnom. Les propositions affluèrent et mi juin 76, le manager Charlie Hurley (le mentor de Robin Friday) choisit The Royals. Ce moment historique vous été offert, dans les grandes lignes, par l’excellent livre Football: Terms and Teams de Ken Ferris, historien du football et membre éminent du mythique 92 Club – il battit même un record de vitesse]

Et le manager ? Brian McDermott, 51 ans, un manager au parcours atypique nommé à ce poste en 2009 après le limogeage de Brendan Rodgers. Cet ancien Gunner (ci-dessous) de 1978 à 1984 qui, de son propre aveumanquait de confiance pour réussir dans un groupe riche en fortes personnalités (voir photo de groupe), a commencé au bas de l’échelle à Slough en D7 et a déclaré avoir souvent failli tout arrêter, tant il tira la langue financièrement pendant des années.

Il persévéra et fit son trou dans le milieu en devenant chef scout puis entraîneur de la réserve de Reading en 2000, jusqu’en décembre 2009, où il fut promu manager. Il emmena les Royals en finale des play-offs en mai 2011, battus 4-2 par Swansea. A une réputation à la Brian Clough, fin psychologue et excellent man-manager qui sait tirer le maximum de ses joueurs. Dit adorer manager des joueurs réputés « difficiles » (on devrait lui envoyer Barton, tiens).

Et s’il quittait Reading, on pourrait peut-être un jour le voir diriger la sélection irlandaise, son rêve (parents natifs de l’île d’émeraude). Ou, qui sait, si Reading fait des miracles, peut-être le retrouvera-t-on un jour à Arsenal. Il a une revanche à prendre sur lui-même.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 5 000/1. Relégation : 5/4

Kevin Quigagne.