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Dimanche 24 février, se disputera la plus improbable des finales de coupe : Bradford (D4) contre Swansea (Premier League). Mieux. Cette finale de League Cup, entre deux clubs aux parcours furieusement inverses depuis 2000, tient du miracle. Et avec la succession de glauqueries qui polluent le football britannique depuis plusieurs saisons, cette grosse bouffée d’air frais arrive à point nommé.

C’est Michael Laudrup, le manager de Swansea, qui a le mieux résumé cette finale au lendemain de la qualification des Swans pour Wembley : « Ce match opposera le petit conte de fée au grand conte de fée. »

Conte de fée. Si ce terme taillé pour la coupe est souvent galvaudé, il prend ici tout son sens. Deux fairytales aux trames diamétralement contraires et hors normes, et bien malin qui pourrait désigner avec certitude le minot de ce conte enchanté.

Aujourd’hui, deuxième partie : Swansea City. Pour en connaître un rayon sur les Swans sans se fatiguer, lire cet article TK d’août 2012.

[tous chiffres en £]

Swansea, l’anti Bradford

3 mai 2003, dernière journée de D4. Stade déglingué de Vetch Field (aka The Vetch), Swansea. Le club joue sa survie et affronte Hull City, 13è. La mission est claire : gagner, sinon  descente en non-League et quasi certitude d’un deuxième redressement judiciaire en trois ans.

Il faudra un miracle pour que les Jacks (leur autre surnom) restent en Football League : un hat-trick de leur avant-centre James Thomas (admirez le travail, à la Messi : 9’30 sur ce clip). Victoire 4-2 et maintien arraché d’un petit point. Ironie de l’histoire, ce Thomas qui joua les urgentistes ce jour-là était ambulancier dans le civil ! (plusieurs joueurs étaient semi-pros).

A noter que Leon Britton, l’actuel brillant milieu de terrain Swan (il vient de prolonger), était déjà là ainsi que le défenseur Alan Tate. On retrouve aussi dans cette équipe… Roberto Martinez, le sorcier de Wigan.

Car ce Swansea version 2012-13, classieux et dominateur, revient de loin, de très loin.

Janvier 2002, les supporters se révoltent et reprennent Swansea City pour de bon, las de voir leur club dirigé par des propriétaires incompétents et absents. Quelques mois auparavant, 600 d’entre eux avaient créé le Swans Trust et racheté une partie du club après les difficultés financières du début des Noughties (années 2000) quand Swansea fut reprit à la hussarde par un consortium anglo-australien qui se débarrassa de 15 joueurs dès son arrivée, provoquant l’ire des instances et des fans.

L’experience aussie tourna court avant que les supporters, assisté de Huw Jenkins (ci-dessus), l’actuel président Swan, ne prennent le contrôle des opérations (détails dans cet article). Ces mêmes supporters qui se cotiseront pour payer une partie des salaires de l’effectif, régler les factures du club et feront appel aux bonnes volontés (artisans bénévoles) pour rendre le vétuste Vetch plus présentable (peinture, remplacement des sièges abîmés, etc.).

En 2004, Swansea est toujours en D4 quand survient le premier véritable tournant sportif du club depuis belle lurette : l’arrivée du manager Kenny Jackett (aujourd’hui à Millwall où il fait du bon travail depuis 2007). Jackett imprime patiemment son style, celui voulu par le board : une équipe organisée pratiquant un football de possession et le plus près possible du sol. Un pari qui s’avère payant. Les Swans montent en D3 en mai 2005 et déménage dans la foulée au Liberty Stadium (20 750 places), élément vital de leur réussite.

Le déclic arrive en 2007

Février 2007, no Jackett required, Kenny est limogé. Arrive Roberto Martinez (ci-contre), l’ex capitaine des Swans (2003-06) joue désormais à feu Chester City (D4). L’Espagnol a 33 ans et c’est son premier poste d’entraîneur.

Débute ce que les médias appelleront « The Swansea Revolution » (puis Swanselona). Roberto confère au club une aura supplémentaire et surtout fait monter les Jacks en D2. Ce faisant, il établit les bases de la success story dont l’apothéose sera la montée en Premier League en 2011.

L’Espagnol sert aussi de mentor à quelques entraîneurs locaux, dont Ian Holloway, l’actuel manager de Crystal Palace (le Bristolien, pendant sa saison sabbatique en 2008-09, l’observera de près et a souvent dit depuis s’être largement inspiré de son style offensif). Sous sa direction, et avec une masse salariale de seulement 6M en 2009, Swansea rate de peu les play-offs d’accession à la PL (8è).

Eté 2009, Martinez cède aux sirènes de Premier League et part à Wigan. Arrive le Portugais Paulo Sousa (1er ci-dessous), qui continue l’oeuvre commencée en 2004 par Kenny Jackett. De nouveau, Swansea échoue de peu aux portes des barrages (7è).

Eté 2010, c’est au tour de Brendan Rodgers de s’essayer à la montée. On connaît la suite, le Nord-Irlandais hissera les Swans en PL au deuxième essai.

Laudrup débarque l’été dernier. A l’instar de ses prédécesseurs, il prône un football offensif en 4-3-3, un jeu en triangle basé sur la possession, le pressing et le contre. Le style est plus direct et tranchant que sous Rodgers. Assurément, le Danois était le candidat idéal pour faire fructifier le précieux héritage légué par le trio Martinez-Sousa-Rodgers et s’inscrire dans ce continuum, cette « philosophie » tant recherchée par le président Huw Jenkins et le board dès 2002.

Une volonté de beau football qui trouve ses racines dans le jeu pratiqué par Swansea… il y a soixante ans. Comme l’explique l’attachant Jenkins (lifelong fan du club) qui parle souvent de « vision », dans le Times du 10 janvier dernier :

« J’ai fait des recherches sur le jeu de Swansea dans les années 50, en D2. On avait des gars comme les frères Ivor et Len Allchurch [Ivor est le meilleur buteur du club, 164 buts], Cliff Jones, Harry Griffiths et ça jouait au ballon, croyez-moi ! »

Plan à long terme, philosophie de jeu, stabilité, tradition… Ce club a tout pour réussir et s’installer durablement en Premier League. Et l’avenir s’annonce radieux : un permis d’agrandissement du stade (à 32 000 places) vient d’être deposé pour satisfaire la forte demande. Les finances sont également au beau fixe, avec des derniers comptes (exercice 2011-12) qui feraient pâlir d’envie tous les chairmen du foot anglais : presque 15M de bénéfices (pour un  chiffre d’affaires de 65M).

Le parcours des deux finalistes

Pour plus de détails, voir tableau de la League Cup 2012-13.

Bradford (les joueurs Bantams seront présentés dans la dernière partie)

Premier tour (70 clubs) : Notts County (D3) 0 – Bradford 1

11 août 2012, tour de chauffe de la coupe maudite. Quiconque aurait dit ce jour-là que Bradford, qui a fini 18è de D4 trois mois auparavant, sortirait 3 Premier League – dont Arsenal – et jouerait la finale à Wembley le 24 février 2013 serait passé pour un fou. Bradford est coté 2 000 contre 1 pour décrocher la League Cup.

Victoire à l’arrache après prolongations, alors qu’un joueur de Notts County rate un immanquable (et donc la qualification) à trois mètres du but à la 91è… James Hanson marque d’un brossé en lucarne dans la prolongation.

2è tour (50 clubs) : Watford (D2) 1 – Bradford 2

Mené 1-0 à la 84è par la bande à Gianfranco Zola, Bradford égalise à la 85è. Puis Garry Thompson marque le but victorieux, à la 93è !

16è de finale : Bradford 3 – Burton Albion 2 (D4)

Bradford se retrouve une nouvelle fois mené et sévèrement : 2-0 à sept minutes de la fin… Avant que l’avant-centre Nakhi Wells ne plante un doublé aux 83è et 90è ! Extra-time. A la 115è, l’ex latéral de Liverpool, Stephen Darby, inscrit le but des huitièmes d’un tir sec.

Trois tours et autant de qualifications in extremis… On commence à se dire que ce Bradford en état de grâce permanent peut surprendre.

8è de finale : Wigan (PL) 0 – Bradford 0

(vainqueur 4-2 aux tirs aux buts, après prolongations)

Quart de finale : Bradford 1 – Arsenal 1

(vainqueur 3-2 aux tirs aux buts, après prol.). Gary Jones, capitaine des Bantams, déclare :

« On a joué Torquay récemment et ça a été plus dur de les battre qu’Arsenal ! »

(les Bantams aiment chambrer… – dans la dernière partie)

Demi-finale (match aller-retour, 8 et 22 janvier)

Bradford 3 – Aston Villa 1

Superbe match des Yorkshiremen qui asphyxient un piètre Villa dominé dans tous les compartiments du jeu (certes, Bentenke, N’Zogbia et Agbonlahor ont copieusement vendangé). Et les spectateurs (22 300, dont 4 000 Villans) de chanter : « Are you Arsenal in disguise ? » et « Can we play you every week ? »

Aston Villa 2 – Bradford 1

Les Bantams restent sur une mauvaise série en championnat : 1 seul point de pris sur les 4 derniers matchs. On se dit que Villa va faire au moins aussi bien que les trois clubs de D4 qui ont dernièrement battu Bradford, dont le minuscule Barnet d’Edgar Davids (entraîneur-joueur) qui vient de corriger les Yorkshiremen 2-0 à Valley Parade.

Parkinson aligne le même XI qu’à l’aller. Inaugurant une nouvelle stratégie de combat, Aston Villa donne un petit drapeau à chacun de ses supporters (40 000 – moins les 6 500 Bantams). Ils l’agitent beaucoup mais ça ne suffit pas, malgré la forte domination Villan (60 % de possession et 21 tentatives de but – mais 6 cadrées seulement) et un dispositif ultra offensif – sorte de 3-1-2-4 – dans la dernière demi-heure.

Scènes de liesse Bantams sous la neige de Birmingham, les supporters entonnent un triomphal « Que sera, sera, we’re going to Wem-ber-ley, que sera sera ». Première finale de coupe depuis… 1911 ! (FA Cup remportée sur Newcastle). La dernière visite des Bantams à Wembley remontait à 1996 (finale des play-offs de D3, Bradford était alors managé par Chris Kamara – si, si, Chris Kamara a bien été manager ! Cette saison-là, Swansea descendait en D4…).

Bradford a déjà engrangé 1,3M £ lors de cette campagne League Cup (surtout en billetterie) et recevra 1M supplémentaire après la finale, principalement en billetterie (45 % des recettes Wembley) et droits télé – les sommes versées au vainqueur / finaliste sont négligeables, respectivement 100 000 et 50 000 £. Les joueurs toucheront eux un pactole de 250 000 £.

Comme le révèlait le site Sporting Intelligence le 23 janvier (ici), si Bradford décrochait la timbale, il deviendrait le seul club de D4 à avoir remporté une coupe nationale dans les 100 premiers pays au classement Fifa. Seul le Sri Lanka Navy a réalisé cette prouesse (le Sri Lanka n’est cependant que 190è à  la Fifa). Toutefois, Navy était un club de D1 relégué en D4 pour des raisons bien particulières Et si Bradford City triomphait, cela transporterait de bonheur Bradford-ville, une cité multiculturelle de 500 000 habitants qui a souvent mauvaise presse.

Le parcours de Swansea

2è tour : Swansea 3 – Barnsley (D2) 1

16è : Crawley (D3) 2 – Swansea 3

8è : Liverpool 1 – Swansea 3

Quart de finale : Swansea 1 – Middlesbrough (D2) 0

Demi-finale :

Chelsea 0 – Swansea 2
Swansea 0 – Chelsea 0

Quelques chiffres

Bradford

Swansea

Budget

4M

65M

Coût total de l’effectif

7 500

26M

Masse salariale (2011/12)

1,3M

35M

Prix (plancher) abonnement adulte

299*

449

Prix billet adulte

20**

35**

Affluence moyenne (2012/13)

10 044

20 329

(*199 £ en early bird, acheté à l’avance ; **Prix unique stade)

Kevin Quigagne.

C’est reparti pour la troisième saison Teenage Kicks, The blog du foot anglais. Ça tombe bien, la Premier League a redémarré le 18 août, 114è édition du football professionnel anglais d’élite depuis 1888-89 et la vision divine de William McGregor, Créateur de toute chose. Pour se remettre finement dans l’ambiance, les indispensables fiches TK club par club en 10 questions-réponses pertinentes saupoudrées d’une saveur toute olympique of course.

En anglais, on appelle ça le low-down : ce qu’il faut savoir. Voici donc le low-down sur ce début de saison de Premier League 2012-13. Aujourd’hui, avant-dernière partie :

Swansea City et Tottenham.

Pour le reste de l’intro et les indispensables précisions d’avant-lecture, voir ici.

[Cliquer sur les photos facilite la lecture]

Swansea City

Brendan who ?

Brendan who ?

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? (11è, 47 points, – 7) Jouissivement, avec de gros scalps et quelques performances barçaesques qui firent baver les puristes. Citons les victoires de « Swanselona » contre Aston Villa à l’extérieur (2-0) et les beaux succès à domicile contre Arsenal (3-2), Manchester City (1-0) ainsi que le nul contre Tottenham (1-1) qui aurait dû faire victoire. Et tout ça avec une masse salariale d’environ 25M seulement ! [cf footnote 1]

Le Swansea-West Ham d’hier : un choc des cultures big-banguesque entre des Hammers empruntés et recourant quasi systématiquement au kick and rush et des Swans élégants, impressionnants de maîtrise. Cygnes v Marteaux. Michu v Carlton Cole. Laudrup v Allardyce. Rarement une opposition de style n’avait été aussi flagrante cette année.

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? Si elles étaient incertaines avant le démarrage de la saison (Brendan Rodgers parti, avec dans ses bagages l’iniestien Joe Allen, clé de voute du système Swan), les démonstrations 5-0 contre QPR et 3-0 sur West Ham ont rassuré tout le monde. Bien plus que ça : elles ont enchanté et fait rêver, tant le jeu proposé par les Jacks (leur autre surnom) fut de toute beauté. Du mouvement perpétuel, des combinaisons ingénieuses, de la vivacité, une fluidité éclatante et du football à une touche de balle. Et des buts.

Contre West Ham hier, on assista à un choc des cultures big-banquesque entre des Hammers empruntés, bouletteux et recourant quasi systématiquement au hoofball (kick and rush) et un majestueux Swansea, impressionnant d’efficacité et de maîtrise. Les élégants Cygnes contre les Marteaux cognant sur leur enclume. Michu v Carlton Cole. Sentiment identique au moment de la poignée de main entre Laudrup et Allardyce.

Le supporter est une bête cruelle et, à dire vrai, on a déjà oublié Brendan Rodgers et son Total Football. Déjà 8 buts pour, 0 contre : il fallut attendre fin octobre l’an dernier pour que les Swans en inscrivent autant !

La sérénité règne donc désormais et l’arrivée de Brian Laudrup y est évidemment aussi pour beaucoup. Du coup, d’aucuns dans les médias anglais pensent que Swansea pourrait être le surprise package de la saison. Il y a huit jours, ce paquet surprise devait être QPR…

L’incertitude de pré-saison venait du recrutement : que des inconnus au bataillon (en Angleterre), surtout des Espagnols. Mais quand on a vu que Michu (ci-dessous à gauche) avait claqué 15 buts en Liga l’an dernier (du milieu), ça a tranquillisé le peuple Swans ; car des buts, c’est justement ce qui avait fait défaut en 2011-12. Et quelle affaire à 2M ! Merci Laudrup et ses connections espagnoles.

Joe Allen est parti mais les orfèvres Espagnols ont débarqué. Et en matière de tiki-taka, mieux vaut s’adresser au joueur d’orgue de barbarie qu’à son singe (expression zoologique anglaise). Laudrup connaît bien de Guzmán et l’arrière central JM Florés (dit Chico, photo de droite) qu’il a eu sous sa coupe à Mallorque.

Un Chico artiste à ses heures perdues. Le beau pêcheur de thon tatoué qui joue le galant dans ce clip de zique espagnole, c‘est lui ! Bon, y’a du thon aussi à Swansea mais faut faire gaffe, elles sont bien plus alcoolisées.

Côté coulisses, ça décolle enfin. Un nouveau centre d’entraînement devrait être prêt l’an prochain, l’actuel étant probablement le plus pouilleux de premier League. Mais au moins, c’est le seul club de PL à autoriser les supporters à assister aux entraînements ! (plus pour très longtemps alors profitez-en si vous passez dans le coin).

Dernière vibe pour la route : l’ailier Scott Sinclair gauche a déjà neuf doigts de pied à Man City (pour 6M), il ne figurait pas hier dans les 18 contre West Ham et City veut compenser le départ d’Adam Johnson pour Sunderland. Ce qui ravira sa petite amie mancunienne Helen Flanagan, ex vedette du soap Coronation Street, qui a twitté qu’elle n’en pouvait plus de vivre à Swansea « tant elle s’ennuyait à mourir ». Que l’existence de ces Wags est torturante.

Qui est arrivé cette saison ? Kyle Bartley (Arsenal, 1M), José Manuel Flores (Genoa, 2M), Jonathan de Guzmán (Villarreal, prêt), Michu (Rayo Vallecano, 2M), Jamie Proctor (Preston, montant non communiqué), Itay Shechter (Kaiserslautern, prêt – indisponible jusqu’à délivrance du permis de travail), Ki Sung-yeung (Celtic, 6M – record du club – photo ci-dessous)

Qui s’est éclipsé ? Joe Allen (Liverpool, 15M) et les libérés : Ferrie Bodde, Scott Donnelly, Casey Thomas et Joe Walsh.

L’équipe en photos et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Hormis Ki Sung-yeung (23 ans), un en particulier : Curtis Obeng, 23 ans, véloce latéral droit acheté à Wrexham pour 200 000 £ en janvier 2012 comme doublure d’Angel Rangel. Ex international U19 anglais et ex stagiaire à Man City jusqu’en 2009, il n’a pas encore joué avec les Grands, seulement en réserve où il a impressionné.

On pourrait également les voir (au moins en coupes) :

– le Nord-Irlandais Rory Donnelly, 20 ans, attaquant acheté à Cliftonville en janvier dernier (D1 nord-irlandaise). Etait notamment convoité par Everton et Liverpool.

– le Français Darnel Situ, 20 ans (Lens, 250 000 £), recruté au dernier mercato hivernal au terme d’un prêt Swan.

Si Swansea était un sport olympique, ça serait quoi ? Le VTT. Entré récemment par la petite porte, maintenant très suivi et apprécié.

… un sélectionné/objet olympique ? Oscar Pistorius. Quasi inconnu il y a quelques années, célèbre et admiré aujourd’hui.

les supporters possèdent 20 % du club

Un club à part : les supporters en possèdent 20 %

C’est qui le big boss au fait ? Depuis fin 2001, les supporters ! Enfin, à 20 % seulement, mais fait assez rare pour le signaler : seuls quatre autres clubs professionnels anglais peuvent revendiquer ce noble statut. Swansea est en effet le chef de file de cette minuscule tribu des fan-owned clubs (ownership pris ici au sens large du terme) qui compte dans ses rangs Exeter, D3 ; AFC Wimbledon, D4 ; Ebbsfleet et Wrexham, D5.

Le reste du club appartient à quatre hommes d’affaires plus ou moins locaux qui  possèdent chacun entre 10 et 22,5 % des actions (voir répartition du gâteau). Huw Jenkins (54 ans), l’actuel président Swan et principal sauveur aux heures sombres du club en 2001-02, est celui qui fait tourner la boutique. Ce financier et ex chief executive de banques d’investissement internationales pèse 125M.

Le Swans Trust racheta une partie du club après les graves difficultés financières du début des Noughties quand le club était au fond du trou (mal classé de D4, révolte contre les nouveaux propriétaires australiens, etc.).

Chaque abonné du club (16 000) devient automatiquement membre du Trust qui compte un représentant au directoire (sur onze sièges), officiellement appelé supporter director. Le vote a lieu tous les deux ans et Huw Cooze, supp de toujours et actuelle voix du peuple Swan, est en place depuis 2006. Huw, graphiste de son état, n’est pas tout à fait l’archétype du director classique (sa page Facebook). Il déclarait en 2010 être sur un pied d’égalité avec les dix autres directors et affirmait avoir eu plus que son mot à dire sur les nominations des trois managers qui se sont succédés depuis son arrivée au board (Roberto Ramirez, Paulo Sousa et Brendan Rodgers).

Swansea, c’est un vrai conte de fée. Il y a dix ans seulement, saison 2002-2003, ce club était à deux doigts de disparaître en non-league (divisions inférieures à la Football League) et il fallut un miracle pour qu’il reste en Football League : un hat-trick de leur avant-centre James Thomas contre Hull City lors de la dernière journée de D4 le 3 mai 2003. Maintien en FL arraché d’un petit point !
Ironie de l’histoire, ce Thomas qui joua les urgentistes ce jour-là était ambulancier dans le civil… (plusieurs joueurs étaient semi-pros). Ce fut Exeter City qui descendit à leur place (cette fameuse saison d’anthologie des Grecians, avec Uri Geller, Michael Jackson, Lee Sharpe and co). Le milieu Leon Britton et le défenseur Alan Tate faisaient déja partie de l’effectif.

Et le manager ? Michael Laudrup, 48 ans. Si vous aviez dit ça aux supporters Swans il y a dix ans, quand le club était financièrement exsangue en D4 avec des affluences moyennes d’à peine 3 000 spectateurs dans un stade déglingué, des hommes en blanc seraient venus vous chercher, direction la pièce capitonnée de la nuthouse la plus proche.

Michael Laudrup, ex Juventus, Lazio, Barça, Real Madrid, Ajax… L’un des plus sublimes milieux de terrain des Nineties. Gardiola dit lui devoir beaucoup. Embaucher un manager avec ce palmarès aurait été impensable il y a peu. Tout comme fournir à Liverpool un manager ! (B. Rodgers).

Huw Jenkins, président et actionnaire du club, sut le convaincre en juin dernier et il signa pour deux ans. Ça tombait bien, le Danois recherchait de nouveaux frissons et la Premier League le tentait. Laudrup était professionnellement oisif après sa démission de Majorque en septembre 2011, pour incompatibilité d’humeur avec l’omnipotent et multi-casquetté Llorenç Serra Ferrer, le manager-directeur sportif-vice-président et enfin co-propriétaire du club (!) ; le genre de gars qui aime encore plus s’impliquer qu’un ex scout à Koh-Lanta pendant la construction de la cabane (en gros, Serra Ferrer voulait faire l’équipe).

Laudrup était le candidat idéal pour faire fructifier le précieux héritage tiki-taka laissé par le trio Martinez-Sousa-Rodgers et s’inscrire dans ce continuum. Swansea de Mar pourrait d’ailleurs (rumeurs) récupérer l’international espagnol de Valence, Pablo Hernández (qui eut Laudrup comme boss à Getafe), ce qui porterait à cinq le nombre d’Espagnols au club.

Prône un football offensif en 4-3-3, moins basé sur la possession que ses prédécesseurs, plus direct, plus vif et piégeux pour l’adversaire (même si une ou deux phases de préparation dépassaient les 40 passes hier ! mais une fois le score assuré). Laudrup aime ses latéraux hyper offensifs et déclarait récemment sur la BBC :

« J’aime voir mes joueurs conserver le ballon, mais seulement si c’est pour attirer l’adversaire et contre-attaquer. On essaie de garder le ballon, de frustrer l’adversaire et de créer des espaces pour placer une attaque rapide. »

Laudrup s’inspirera aussi de ses prouesses à Getafe (notamment une victoire sur Barça), un minot comme Swansea, pour bien figurer en Premier League. Et bien plus si affinités.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 750/1 (4 000/1 il y a une semaine). Relégation : 5/1

Tottenham Hotspur

Comment s’est passée la saison dernière déjà ? (4è, 69 pts, + 25). Une saison mouvementée et presque tragique, même si une quatrième place est un beau résultat au demeurant pour un exercice qui s’inscrit dans une période 2006-2012 faste, la plus brillante depuis le début des Sixties (4è en 2010 et 5è en 2011, 2007 et 2006).

Mais voilà, si on fait la fine bouche à Tottenham c’est qu’on a le sentiment d’être passer à côté d’un mini exploit. Après une grosse première partie de rêve, Spurs craque : 6 misérables points pris entre la fin février et la fin avril (1 seule victoire sur 9 matchs).

Tous les grands esprits du football anglais (dont nos deux Alan préférés, Shearer et Hansen) se sont longuement penchés sur les causes possibles de cette liquéfaction et ont évoqué pêle-mêle :

– les pourparlers Harry-FA pour le poste de sélectionneur. Ils auraient engendré incertitude et fébrilité, une sorte d’insoutenable légéreté de l’être sauce Harry

– la méforme de joueurs clés, dont J. Defoe et R. van der Vaart

– un mental trop léger

– une infirmerie bien garnie

–  une densité d’effectif insuffisante

– certains joueurs très fatigués dès mars, ce qui fut confirmé à demi-mots par Ledley King qui parla plusieurs fois de « tired legs » à propos de ses coéquipiers (il peut causer lui, il ne fout pas grand chose la semaine – deux entraînements max – et joue un match sur trois !)

– le procès d’Harry en janvier dernier (fraude fiscale via sa chienne Rosie – Harry relaxé; Rosie également innocentée, la vénale encaissait en douce les primes non déclarées; Harry n’en savait évidemment rien, il a déclaré au tribunal « être très désorganisé ». Ce qu’ont dû confirmer les joueurs on presume ; aucune séance tactique sur le terrain, pas de tableau noir, etc. Tout se tient a conclu le juge).

Ce bon Harry a été limogé fin juin, ses relations avec Daniel Levy n’ayant jamais été simples. Le club cherchait un manager « moderne ». Donc, pas Harry évidemment. De fait, André Villas-Boas est l’exact opposé d’Harry. Cela ne veut pas dire qu’il fera mieux…

Le miracle de l’Allianz Arena le 19 mai (Chelsea vainqueur de la Ligue des Champions) priva injustement Spurs de Champions League. Harry n’a vraiment pas eu de bol.

Une semaine avant, Harry avait également joué d’une terrible scoumoune, lors du West Bromwich Albion-Arsenal de la dernière journée (2-3). Si le gardien hongrois de WBA, Márton Fülöp, n’avait pas ce jour-là realisé la pire prestation de portier des 380 matchs de la saison PL, Tottenham aurait fini 3è devant Arsenal ! Fülöp faisait là sa première apparition en PL depuis deux ans (en remplacement de Ben Foster, blessé) et commit deux boulettes d’anthologie, dont un dégagement aux poings dans son propre but… Plus une erreur non brevetée boulette (clip malheureusement introuvable – noté de 1 à 3/10 dans la presse sportive anglaise. S’est exilé en Grèce).

Bon, et comment sont les vibes en ce moment ? On est tendus, pour deux raisons :

a) L’interminable saga Modric intrigue autant qu’elle saoûle tout le monde. Tottenham est vendeur, Modric irait en Espagne en rampant et Madrid est plus qu’acheteur. Malgré tout ça, on ergote pour quelques millions et ça n’avance guère depuis trois mois. Modric a pourtant tout essayé pour partir. Une conclusion serait cependant imminente (à 33M). 33 millions, c’est le prix d’un Moutinho ça… Il va y avoir du sport cette semaine avant la clôture du mercato estival !

tire-toi

Enfin une consigne claire de Harry

b) Le président Levy a la fâcheuse habitude de régler ses transferts à la dernière minute (on le surnomme parfois « The deadline day Master ») et ça rend tout le monde nerveux. Sa démarche en matière de recrutement ressemble quelquefois à du Fantasy Football… Toutefois, Adebayor reste et c’est un vrai plus pour le club en déficit d’attaquants de classe internationale.

Scott Parker (Player of the Year l’an dernier) qui avait fini l’Euro sur les rotules après des problèmes semi-chroniques au tendon d’Achille a été opéré du genou le 8 août et sera indisponible jusqu’en octobre.

Ledley King, 31 ans (ci-dessous), a dû raccrocher les crampons lui, son genou ne tenait plus et il s’entraînait à l’écart du groupe depuis belle lurette (et souvent une fois par semaine seulement). Il était au club depuis seize ans, 315 matchs Spurs.

Rayon bonnes nouvelles, Tottenham vient enfin de quitter son centre d’entraînement dépassé (Spurs Lodge) pour un complexe hi-tech à Enfield, tout au nord du Grand Londres (déménagement en cours. Coût : environ 35M).

Et enfin, si Rolls-Royce carbure en ce moment (merci les Chinois), Bentley tourne sur une cylindre. Mais le beau David est toujours là, garé au sous-sol (acheté quand même 15M en 2008). Les possibles prêts évoqués – MK Dons et San José, club US partenaire des Spurs – n’ont pas abouti.

Qui est arrivé cette saison ? Emmanuel Adebayor (Man City, 5M), Gylfi Sigurdsson (Hoffenheim, 8M), Jan Vertonghen (Ajax, 9M)

Qui s’est éclipsé ? Ben Alnwick (Barnsley, gratuit), Sébastien Bassong (Norwich, 5M), Vedran Corluka (Lokomotiv Moscow, 5,5M), Ryan Fredericks (Brentford, prêt), Bongani Khumalo (PAOK, prêt), Ledley King (retraite), Nico Kranjcar (Dynamo Kiev, 5,5M), Ryan Nelsen (QPR, gratuit), Steven Pienaar (Everton, 4,5M), Louis Saha (libéré, puis Sunderland)

L’effectif en photos et les fiches Wiki.

Un p’tit jeune à surveiller (ou plusieurs) ? Oui, pas mal. Certains connus comme Steven Caulker, excellent en prêt à Swansea et Jake Livermore ; d’autres moins, comme les attaquants Harry Kane, 19 ans (deja expérimenté en Football league) et l’Ivoirien Souleymane Coulibaly, 17 ans ½.

Si Tottenham était un sport olympique, ça serait quoi ? Sur la dernière saison, le water-polo. Au début, c’est sympa, on s’y prend pis ça devient vite répétitif et lassant.

… un sélectionné/objet olympique ? Un lieu en fait : le stade olympique. Ils l’ont avidement désiré pendant un an (campagne de presse, poursuites judiciaires, etc.) avant de jeter l’éponge en novembre 2011 pour se rabattre sur leur Northumberland Development Project à minimum 400M (voir dossiers Teenage Kicks là-dessus : ici et ici).

Mi octobre en principe, deux ans après le début de ce long et épuisant feuilleton du stade olympique, les membres de la London Legacy Development Corporation désigneront l’occupant final (West Ham est grandissime favori parmi les quatre dossiers en compétition).

C’est qui le big boss au fait ? ENIC, société anglaise d’investissements (sports, divertissements/pubs et médias surtout), depuis 2001 et la fin de l’ère Alan Sugar (1991-2001). Elle détient 85 % du capital, plusieurs petits investisseurs se partageant le reste. A la tête d’ENIC, deux lifelong fans du club : Joe Lewis et Daniel Levy, respectivement 75 et 50 ans.

Joe Lewis, financier autodidacte né dans l’East End londonien ouvrier et fiscalement installé aux Caraïbes depuis 1980, contrôle 70,6 % d’ENIC et Daniel Lévy, président du club, 29,4 %.
Lewis démarra comme aide-cuisinier dans l’affaire familiale, puis se lança dans l’achat-vente de devises. Allié à George Soros, il empocha le gros lot lors du fameux Black Wednesday du 16 septembre 1992. Lewis est aujourd’hui financier-spéculateur et businessman multicartes avec des billes dans plus de deux cents sociétés. Son confortable bas de laine, évalué à 3 milliards de £, lui permet de collectionner les belles croûtes (Picasso, Matisse, etc.) et partager son temps entre les Bahamas, la Floride, l’Argentine et l’Europe (à Londres, il vit parfois dans son modeste yacht de 75 mètres amarré près de Tower Bridge).

Joe Lewis et Daniel Levy

Joe Lewis et Daniel Levy

Citons également le richissime (Lord) Michael Ashcroft, 66 ans, 4 % des actions. Cet ancien chômeur et manager de groupe rock a bâti sa considérable fortune d’1,2 milliards dans le nettoyage-gardiennage d’abord puis dans les services aux entreprises. Il est Lord depuis 2001, anobli sous Tony Blair (dans des circonstances très controversées, à cause principalement de son statut de non-dom – non fiscalement imposé sur revenus générés au Royaume-Uni – et plus tard ses dons au parti Conservateur… La polémique Ashcroft fait encore rage aujourd’hui ! ici et ici).

En attendant, Ashcroft avait eu le nez creux en mettant ses billes dans la Priory Clinic (ici) un établissement médical londonien pour les rich and famous : la célèbre résidence secondaire de nombreux people a été revendue en 2011 pour 925M (Priory Group).

Avec tous ces milliardaires (défiscalisés) au sein du club et qui n’hésitent pas à claquer 70M (!) pour une petite redécoration du yacht (Joe Lewis), il paraît irréel que le club ait quémandé avec tant de véhémence et d’artifice (confinant parfois au chantage) quelques millions £ d’aides publiques au Conseil Municipal d’arrondissement (défavorisé) lors des longues et tortueuses tractations qui l’ont opposé aux acteurs publics du compliqué dossier Nouveau stade.

Et le manager ? Luís André de Pina Cabral e Villas-Boas, André Villas-Boas ou AVB pour les intimes, plus jeune entraîneur de PL (34 ans) et limogé de Chelsea début mars 2012. Le Portugais est ambitieux et a même parlé de titre à l’intersaison (maintenant de Top 4), tout en envoyant des piques à Roman qui « n’aurait pas respecté ses engagements ». Le Spurs-Chelsea du 20 octobre promet.

Dans le programme du match d’hier contre WBA, il évoquait une « ère nouvelle prometteuse ». Le changement, c’est donc maintenant pour le Spurs version AVB. Mais lui, il ne bluffe pas. Et les joueurs l’ont vite constaté car entre Harry et André, c’est le jour et la nuit, à tous les niveaux. Fini les séances d’entraînement à la coolle et le tableau noir en guise de penderie pour les blousons…

Il est bien plus détendu que l'an dernier, c'est déjà ça

Cette fois, s'agit pas de se rater

Si AVB a échoué chez les Blues avec les circonstances atténuantes (voir la première partie de cette série), il n’aura pas le droit à l’erreur à Spurs. Il prône un football offensif, tout en mouvement et passes rapides avec pressing haut (Kyle Walker et Benoît Assou-Ekotto positionnés presque comme ailiers hier).
Tottenham est probablement l’équipe la plus rapide de PL (Bale, Walker, Lennon) et ce système devrait lui convenir. Toutefois, il faudra qu’AVB se montre plus flexible qu’à Chelsea s’il veut réussir, on est pas non plus à Porto avec des Hulk et Moutinho à tous les coins de terrain. AVB courrait d’ailleurs toujours après ce dernier, mais ça chiffre (30M). Qui sait, avec la vente imminente de Modric au Read Madrid… Improbable. La venue du milieu offensif brésilien Willian est plus plausible (20M). Leandro Damiao pourrait le suivre.

Match nul 1-1 hier contre un WBA coriace (symbolisé par le pugnace Argentin Claudio Yacob) et qui pilonna le but de Friedel en fin de match. Défense Spurs un peu tendre ? L’athlétique Belge Romelu Lukaku, acheté 18M par Chelsea en 2011 et prêté à WBA, fit en tous cas passer un après-midi musclé à Gallas et consorts.

Spurs, aligné en 4-2-3-1, domina largement la première période, mais sans faire trembler les Baggies. Il leur manquait un finisseur-tueur et le retour d’Adebayor sera le bienvenu (seulement 30 minutes hier). ABV déclara que son équipe méritait mieux que le nul. C’est de bonne guerre, il faut positiver. Espérons seulement que son analyse intérieure soit plus approfondie, car au vu de la fin de match les Lilywhites furent chanceux de partager les points. Spurs donne l’impression de ne pas avoir encore démarré sa saison. Les trois prochains adversaires devraient leur donner l’occasion d’engranger du point : Norwich, Reading, QPR. Espérons-le pour AVB en tous cas.

Et les cotes, ça donne quoi ? Titre : 45/1. Relégation : 200/1

Kevin Quigagne.

[1] Estimation basée sur la masse salariale 2010-11 de D2 : 17M £, y compris les fortes primes de montée Premier League (chiffres 2011-2012 indisponibles). Par comparaison, 2010-11 : Chelsea : 190M, Man City : 174, Man United : 153, Liverpool : 135, Arsenal : 124, Tottenham : 91, Aston Villa : 83.