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Il est parfaitement possible de parler football anglais sans jamais évoquer les Wags et les Wagabees. Mais cela serait terriblement injuste, tant elles divertissent et prennent des risques insoupçonnés. Il était temps que Teenage Kicks leur rende un vibrant hommage.

[Warning : si vous trouvez la première partie trop intello ou insoutenable, passez illico au jeu plus bas en rouge, c’est bien plus écervelé]

La saison 2010-2011 et la deuxième partie de l’année 2011 furent incontestablement celles de la consécration pour les Wags et Wagabees (apprentie Wag – fusion de Wag et Wannabe). Impossible de les rater. On les vit dans les stades sud-africains, visitant les Townships en talons aiguille, sur les plateaux télé ou même devisant des émeutes d’août sur R4 – non, pas dans une 4L mais sur Radio 4, la station über-intello de la BBC qui ferait passer France Inter pour une FM de province.

Les déboires de vedettes de Premier League et leurs démêlés judiciairo-libidineux (les fameuses superinjonctions) furent abondamment disséqués par tous, du red top (degré zéro du tabloïd) le plus charognard au broadsheet (presse de qualité) le plus sérieux, en passant par When Saturday Comes. Même le parlement (ici et ici) en débattit en mai et juin 2011. C’est un fait, les Wags sont devenues incontournables. Quand le Sun sort un lexique de la Wagabee (ici), le tandem Guardian-Observer consacre plusieurs articles au phénomène dans ses pages Life & Style, Fashion, Celebrity ou même… Football.

Dans ce tourbillon wagueux, le 31 août 2010 fait figure de date séminale : le site www.becomeawag.com jaillit, telle la lumière dans une cervelle de Wag pour l’ouverture des soldes à Harvey Nichols. Un site où « toute fille ordinaire peut devenir Wag ». Faire Wag devient un choix de carrière, comme opticienne ou bibliothécaire. Les universités britanniques, en phase active de dumbing down de cursus, proposeront-elles bientôt des filières Wags ? Verra-t-on, dans quelques années sur les campus anglais, pousser des IUT de Wagologie Appliquée entre la faculté de droit et celle de médecine ?

Bien déterminer sa zone de chasse

En attendant ces formations universitaires que l’on ira marketer aux quatre coins de la planête (« Be a winner, do a Master’s in Wag Studies at Bolton University, UK »), le ticket d’entrée dans le Wagdom est modique. Pour une cotisation annuelle de 20 £, la Wagabee reçoit une liste de lieux à fréquenter ainsi que quelques conseils pratiques pour réussir dans la carrière, sans forcément coucher dès le premier soir. En contrepartie, la postulante doit remplir un questionnaire ardu sur ses hobbies et télécharger quelques photos, lesquelles sont ensuite envoyées aux footballeurs inscrits sur le site.

Pour faire mouche, c’est comme dans les trente derniers mètres : tout est dans la précision et le timing. Il s’agit surtout de faire preuve de plus de jugeote que Fernando Torres dans la surface. La recette est simple : ne pas se tromper de cible ou de lieu à fréquenter et ne pas s’emmêler les crayons à maquillage avec le calendrier.

En effet, rien ne sert de passer dix soirées au Ringard’s Club de Dagenham parce qu’on y aurait vu l’ex espoir de Chelsea Leon Knight et sa posse y jouer les gangsta. Non seulement «  Neon Light » est en phase terminale de has-beenerie mais c’est pas sur Dagenham qu’on aura des chances de décrocher le jackpot. Dans la même logique, inutile également de fréquenter le dernier endroit londonien à la mode au mois de juin quand les footeux sont en vacances, on risque de tomber sur un Kieron Dyer (convalescent) en déserrance ou un chômeur de la PFA (équivalent de l’UNFP).

Comme dans la jungle (lire le poignant témoignage ci-dessous), la connaissance intime du terrain est donc primordiale. Deux impératifs : soigner la phase d’identification et connaître exactement la position de la proie dans la hiérarchie animale. Seul un rigoureux travail d’approche peut s’avérer fructueux et une Wagabee digne de ce nom suit à la loupe les cours du footballeur prometteur. Aussi, si vous voulez connaître le potentiel et la progression de carrière de tel ou tel joueur, mieux vaut demander à une apprentie Wag qu’à Alan Shearer (qui ne connaissait pas Ben Arfa quand le new philosophe rejoignit NUFC, ici). L’objectif suprême pour toute aspirante Wag est de vivre dans ce genre de coin (ici), mais la concurrence est féroce et le chemin parsemé de dangers.

L’enfer du décor

A écouter Leigh Marlee (photo de droite), ex Wagabee revenue in extremis du front, cette vie de prédatrice ferait passer un long trek en string à travers l’Amazonie pour une gentille flânerie. Extraits de son récit bouleversant :

« […] Une fois, on a versé une substance toxique dans ma boisson, car je représentais une concurrence sérieuse pour les autres filles. Mon rythme cardiaque s’est mis à doubler, j’ai vomi violemment et ai dû rentrer chez moi. Ce genre de chose arrive constamment, j’ai souvent vu des filles verser des trucs dans les boissons de rivales. C’est comme dans la jungle, c’est la loi du plus fort.

[…] Les toilettes des clubs sont très dangereuses. J’ai vu des filles qui étaient sur le même footballeur se crêper le chignon, se mettre des claques, se griffer et s’arracher les extensions de cheveux… Moi-même, on m’a frappée et griffée dans les toilettes, des filles qui voulaient monopoliser la glace. C’est un vrai carnage dans ces toilettes.

[…] En coiffures, soins de beauté, fringues classes, etc. j’avais accumulé 10 000 £ de dettes en 18 mois, et tout ça pour deux aventures avec des footballeurs ! L’un jouait à Bournemouth mais était déjà dans une relation sérieuse  – je ne l’ai appris que bien après – et l’autre était à Manchester City.  Une fois, ce joueur de City m’a emmenée à l’hôtel mais il était tellement ivre qu’il m’a vomie dessus. Quand je lui ai dit que je partais, il a aussitôt appelé une autre Wagabee pour me remplacer. C’est là que j’ai compris qu’il fallait que j’arrête. Etre Wagabee est vraiment un style de vie horrible et dégradant. »

Wayne Rooney a été vu pissant sur un mur du Panacea à 5h30 du matin. C’est très bon signe.

A Manchester, le club in est Panacea. D’ailleurs, nous apprend un article de l’Observer de septembre 2010, Wayne Rooney y a été vu pissant contre un mur à 5h30 du matin. C’est bon signe, très bon signe.

A Newcastle, The Appartment est un must-visit. Titus (Bramble) ne le fréquente plus mais d’autres l’ont remplacé. Si vous habitez Blackpool, en revanche, n’insistez pas : prenez le premier train pour Liverpool.

Un entretien d’embauche un peu particulier

Comme l’écrit l’Observer, se trémousser dans un club fréquenté par les footballeurs revient à passer un entretien d’embauche. Ce que confirme une Wagabee dans l’article, « Devenir Wag est une ambition que l’on prend très au sérieux, comme par exemple faire des études d’économie. » La mode est à l’inclusion tous azimuts et le site www.becomeawag.com suit le mouvement. Tout le monde a sa chance, même les moches intelligentes, « Les footballeurs ne veulent pas tous la même chose. » rassure son fondateur, Daniel Hall, un étudiant de 22 ans (titulaire d’une maîtrise en management, voir article du Guardian).

En théorie, une fois la cotisation payée, il n’y a donc plus qu’à se détendre et attendre que les Jermain(e) ou les Wayne décrochent le téléphone. Deux semaines après la mise en ligne, le site comptait déjà 15 footballeurs inscrits (dont 9 de Premier League), selon Hall. Pour lui, « avant, les jeunes filles voulaient devenir princesse ou vedette de cinéma. Aujourd’hui, elles veulent faire Wag. » Las ! Tout cela est du passé, Les Jermain(e) et autres usual suspects n’ont jamais décroché le téléphone et le site est fermé depuis plusieurs mois. On soupçonne aujourd’hui que sur neuf inscriptions, huit appartenaient à des Jermain(e).

Notre grand jeu : associez ces déclarations de wags aux queutards

Dans un ouvrage d’une grande finesse sorti en novembre 2010 (« The stupidest football book ever », préface de Robbie Savage), le Daily Mirror publie une section ludique sur les frasques des Wags & Wagabees. Le jeu consiste à associer des déclarations de ces jeunes femmes aux footballeurs qu’elles décrivent.

Tentant désespérément depuis des mois de relever le niveau intellectuel de ce blog, j’ai repris ce jeu hautement cérébral en laissant traîner quelques indices et photos par-ci par-là pour vous aider ou vous feinter, c’est selon. Vous avez cinq jours pour associer ces 14 perles à leurs destinataires. Réponses vendredi soir (liste des queutards en bas d’article).

De quel footballeur s’agit-il ?

Déclaration # 1 :

« On avait passé toute la soirée en boîte et, une fois chez moi, il n’en pouvait plus, il était aussi excité qu’un chien en chaleur. On s’est mutuellement arrachés les vêtements mais il m’a supplié de garder mon corset pendant notre rapport sur le sofa, avec moi à cheval sur lui, position Andromaque. C’est un footballeur et comme on peut aisément imaginer, son endurance était sidérante. »

Une midfield dynamo qui manque à son club cette année.

Déclaration # 2 :

« Il parlait très peu anglais mais pas besoin de sortir de Saint-Cyr pour comprendre ce qu’il avait derrière la tête ce soir-là. On s’est dirigés vers le lit en se déshabillant mutuellement. Il a alors examiné mes cuisses bien fermes et, visiblement scotché, m’a demandé : « You, footballer ? «  J’ai alors mimé un cheval pour lui faire comprendre que je faisais beaucoup d’équitation. Ça a eu l’air de le surexciter encore plus. »

Déclaration # 3 :

« Sa maison était un immense palais du plaisir. Son matelas à eau était couvert de draps en soie, et le lit trônait surélevé au milieu de sa chambre. En rigolant, il l’appelait son autel de l’amour. Il y avait même une barre verticale en chrome dans la pièce ; il m’a affirmé qu’elle servait juste à y accrocher sa télévision mais c’était plutôt le genre de barre qu’on voit dans les clubs de pole-dancing. »

Une barre coquine dans sa piaule qu’il tente de faire passer pour un simple support TV, hmm… ce ladies’ man a encore plus de culot que dans la surface (et il prend bien les Wagabees pour des demeurées).

Déclaration # 4 :

« Il m’embrassait passionnément sur tout le corps et n’arrêtait pas de jouer avec mes seins, du 95D. L’une des rares expressions d’anglais qu’il connaissait était « J’adore tes gros nibards« . Il n’arrêtait pas de répéter ça. Niveau sexe, c’était très ‘fast and furious’. Il était tellement excité en fait que ça n’a pas duré longtemps. »

Encore un étranger, on comprend mieux pourquoi ils prolifèrent en Premier League. On espère que le gouvernement, dans son nouveau test d’anglais pour les immigrants, a eu la bonne idée d’inclure ces phrases-clés, assurément plus utiles que de savoir dire que Tonton Paul est dans la cuisine.

Déclaration # 5 :

« Il était tellement impatient qu’il ne m’a enlevé que le bas. J’ai donc gardé le haut et mon soutien-gorge, une expérience étrange pour moi. Il n’y eut aucun préliminaire, il voulait attaquer le plus rapidement possible et le rapport fut mené tambour battant. Une demi-heure frénétique, style marteau-piqueur. J’en revenais pas, il a mené son affaire à fond les ballons, un peu dans le style d’un adolescent. »

Encore un pressé qui confond vitesse et précipitation. Ça ne serait pas étonnant qu’il passe son temps à l’infirmerie. D’ailleurs, il est out pour la saison depuis début décembre.

Déclaration # 6 :

« J’ai été soufflée par la taille de son membre. X est assez petit mais il a un superbe corps. Je pensais qu’il serait super endurant… En fait, il était très ennuyeux et, à mon avis, un peu inexpérimenté. Je voulais vraiment qu’il se décoince et qu’il soit audacieux mais ce fut tout le contraire. Il m’a vraiment laissée sur ma faim et s’est montré très égoïste. J’ai été un peu gênée pour lui car il a vraiment été nul. »

Petit gabarit, puissant, barbant et perso. Ça ressemble à de l’ailier mobylette traceur qui ne se pose pas trop de questions existentielles.

Déclaration # 7 :

« Il m’a saisi les fesses et a commencé à me fouetter gentiment le postérieur avec ses mains. Plus on accélérait le rapport sexuel, plus il me giflait l’arrière-train. Il ne pouvait pas s’empêcher de me toucher les fesses, il faisait une fixation totale sur mon popotin. Et ça continua longtemps, plus ça durait, plus il me fessait. C’était une expérience incroyable. »

Un tough cookie élevé et managé à la dure.

Déclaration # 8 :

« Avec lui, ce fut de la pure passion, physiquement fallait suivre. Ses jambes étaient énormes et il était très bien monté. Il n’avait aucun poil sur le corps, nulle part. Il était obsédé par mes seins. Peut-être parce que les Brésiliennes ont des poitrines artificielles et la mienne est 100 % authentique. Ça l’a dépaysé. »

Inclure un indice serait insultant.

Déclaration # 9 :

« Il m’a arraché un baiser sur les lèvres et m’a laissé un goût d’oignon… J’ai bu quelque chose pour faire disparaître l’arrière-goût mais impossible, c’était tellement fort. Ça a continué comme ça un petit moment puis, soudain, j’ai entendu un gros bruit, j’ai pensé que la chaise avait craqué. Et bien non, il avait pété. »

La classe mondiale. Il terrorise (aujourd’hui) le mobilier.

Déclaration # 10 :

« Il m’a giflé le postérieur tellement fort que la marque de son alliance de mariage est restée imprimée sur ma peau. On a commencé à faire l’amour mais il a tout de suite eu envie de vomir. Là, il s’est tourné et a vomi par terre, sur la moquette couleur crème. C’était dégoûtant ! Il a alors pris un rince-bouche, puis est remonté illico dans le lit. »

Comme le précédent, ce joueur n’est guère réputé pour sa classe.

Déclaration #  11 :

« Je pense que la sensation des cheveux mouillés contre son corps l’excitait vraiment car il voulait constamment faire l’amour sous la douche. Problème : il n’arrivait pas à garder l’équilibre. On était sur le point de commencer, quand, paf, il glissait. Alors, on se  rabattait sur la baignoire. Au bout d’un moment, il y avait de l’eau absolument partout ! Essai non concluant, alors ça se finissait au lit. »

Inutile de se demander plus longtemps pourquoi les ventes de tapis de baignoire antidérapants explosèrent sur Manchester il y a quelques années.

Déclaration # 12 :

« Nos rapports sexuels furent très décevants. Il avait alors des gros problèmes de cheville et passait son temps à l’hôpital. Par exemple, il était sur moi mais au bout de trente secondes, il devait s’arrêter pour réajuster sa jambe. C’était vraiment très rebutant. Je mettrais ses contre-performances sur le compte des médicaments qu’il prenait. Les comprimés devaient avoir un effet sur son membre car, bon, c’était pas vraiment le plus gros qu’il m’ait été donné de voir. »

Déclaration # 13 :

« Je me déplaçais avec des béquilles et je peinais. Il m’a soulevé au pied des escaliers et m’a porté tout en haut. On a trouvé des toilettes vides, on est entré en douce et on s’est enfermés. Il a commencé à m’embrasser, il a fait le premier pas et s’est débraguetté. Il était sacrément bien monté. »

Ce joueur ne fait pas de quartier, dans la vie comme sur le terrain.

Déclaration # 14 :

« On se rencontrait pour boire un verre, discuter et faire l’amour. On se voyait à mi-chemin entre Leeds et Manchester. On avait un nid d’amour secret, près de Rochdale. En général, on faisait ça après avoir passé un moment dans un pub. C’était chouette, ça n’avait rien de glauque ou quoi que ce soit. »

Voici les noms à associer aux 14 déclarations (attention, cette liste comporte seize noms au lieu de treize – Ronaldo ayant deux déclarations à son nom. A vous donc de démasquer ces trois queutards-imposteurs) :

Ashley Cole. Jermain Defoe. El Hadji Diouf. Michael Essien. Rio Ferdinand. Kieron Dyer. Jermaine Jenas. Diego Maradona. Jermaine Pennant. Nigel Quashie. Ronaldinho. Cristiano Ronaldo (deux fois). Lee Sharpe. John Terry. Shaun Wright-Phillips. Dwight Yorke.

La liste ci-dessous vous facilitera le copié-collé du bulletin réponse (à mettre dans les commentaires).

Déclaration # 1 :
Déclaration # 2 :
Déclaration # 3 :
Déclaration # 4 :
Déclaration # 5 :
Déclaration # 6 :
Déclaration # 7 :
Déclaration # 8 :
Déclaration # 9 :
Déclaration # 10 :
Déclaration # 11 :
Déclaration # 12 :
Déclaration # 13 :
Déclaration # 14 :

Kevin Quigagne.